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Hydrodynamique et mécanique des fluides

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Academic year: 2021

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To cite this version : Thual, Olivier Hydrodynamique et mecanique des

fluides. (2015) In: L'eau à découvert. CNRS Éditions, Paris, FR, pp.

30-31. ISBN 978-2-271-08829-1

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Hydrodynamique et mécanique des fluides | 31 Qu’il s’agisse du milliard de km3

de l’océan, du million de km3 dans le sous-sol ou des milliers de km3 dans les rivières, canaux ou canalisations, l’eau est en perpétuel mouvement. L’hydro-dynamique* étudie ces mouvements des échelles les plus grandes jusqu’à celles permettant encore de décrire la matière de manière continue (c'est-à-dire pour des échelles encore très largement supé-rieures à la taille des molécules).

Si l’utilisation du mouvement de l’eau était déjà bien maîtrisée dans l’an-tiquité pour l’irrigation des cultures ou l’adduction d’eau potable, des progrès significatifs en hydrodynamique ont été réalisés grâce à des scientifiques comme Blaise Pascal, Isaac Newton, Daniel Bernoulli, Leonhard Euler, Jean le Rond d’Alembert, George Stokes, Claude-Louis Navier ou Osborne Reynolds. Ces développements

scien-tifiques ont accompagné l’utilisation de l’eau comme source d’énergie (des moulins du Moyen Âge, aux usines hydroélectriques du début de l’ère industrielle). Les modélisations uti-lisées pour étudier le mouvement de l’eau se sont ensuite généralisées à un très grand nombre d’écoulements de liquides et même de gaz, et une nouvelle discipline est apparue : la « mécanique des fluides »*.

La compressibilité* des fluides peut être négligée pour un grand nombre d’écoulements, qu’il s’agisse de liquides mais aussi, de manière non intuitive, de gaz. Il suffit pour cela que la vitesse du fluide soit négligeable par rapport à la vitesse du son qui est de l’ordre de 340 m/s dans l’air et de 1 500 m/s dans l’eau. Dans ce qui suit, les écou-lements sont donc considérés comme incompressibles.

Fluide parfait

ou visqueux ?

L’énergie volumique d’une « particule fluide »* de masse volu-mique ρ, avec un mouvement de vitesse V, est la somme de sa pres-sion* p, de son énergie potentielle volumique ρgz (g est la gravité et

z l’altitude) et de son énergie

ciné-tique volumique ½ρV². Lorsque cette énergie est conservée, le fluide est dit « parfait »*(Bernoulli 1738) ce qui est le cas lorsque les frotte-ments visqueux sont négligeables. En aérodynamique, la conservation de l’énergie permet d’expliquer, par exemple, la portance d’une aile d’avion due au déficit de pression résultant d’une survitesse sur son extrados*. En hydrodynamique, cette énergie, souvent appelée

Hydrodynamique et mécanique

des fluides

Olivier Thual

« charge hydraulique », est une grandeur essentielle pour décrire les grandes lignes d’un écoulement dans un réseau de conduites ou dans des canaux ouverts.

Le fluide est dit « visqueux » lorsque les pertes de charge dues aux forces de frottement des particules fluides les unes contre les autres ne peuvent plus être négligées. Le com-portement rhéologique* d’un milieu continu décrit les relations entre les forces et les déformations qui s’y entremêlent. L’eau appartient à la classe des « fluides newtoniens »*, caractérisés par un comportement rhéologique isotrope*, pour lequel des forces de pression coexistent avec des forces visqueuses dépen-dant linéairement des vitesses de cisaillement* entre les particules de fluides. Les forces visqueuses dis-sipent l’énergie hydrodynamique du fluide pour la transformer en chaleur.

Fluide laminaire ou

turbulent ?

La viscosité cinématique ν, qui caractérise l’importance de ces forces pour un fluide donné, est res-ponsable de la régularité des écou-lements lents. En effectuant des expériences dans des conduites de diamètre D variable pour des écou-lements de vitesse V variable, Rey-nolds a montré que cette régularité, qualifiée de « laminaire* », était perturbée lorsque le nombre sans dimension V D ⁄ ν, qui porte désor-mais son nom, dépassait une valeur critique de l’ordre de quelques mil-liers. Lorsque le « nombre de Rey-nolds »* augmente au-delà de la valeur critique, l’écoulement devient turbulent*, ce qui se traduit par la coexistence de tourbillons de tailles

diverses allant des échelles auxquels l’énergie est injectée jusqu’à celles où l’énergie est dissipée sous forme de chaleur par les frottements vis-queux. Pour la plupart des écou-lements naturels, le nombre de Reynolds est de l’ordre du million ou du milliard et la turbulence* y est pleinement développée.

Les équations de Navier-Stokes constituent le modèle mathéma-tique le plus détaillé pour décrire la mécanique des « fluides newto-niens »*. En modélisant sous forme de champs continus la masse volu-mique, la vitesse ou la pression, ils traduisent, en se limitant au cas des écoulements incompressibles, la conservation de la masse et le prin-cipe fondamental de la dynamique*. Si ces équations reproduisent fidè-lement les écoufidè-lements laminaires, à l’aide de solutions analytiques ou numériques, la coexistence de tourbillons sur des échelles cou-vrant plusieurs ordres de grandeurs empêche de les utiliser telles quelles pour décrire les écoulements tur-bulents. En effet, la puissance des ordinateurs ne permet la « simu-lation numérique directe »* de ces équations que pour des nombres de Reynolds ne dépassant pas quelques milliers (figure 1). Cette difficulté est contournée par le développement de « modèles de turbulence »*, qui s’efforcent de décrire le comporte-ment collectif des tourbillons aux échelles plus petites que celles que l’ordinateur est capable d’appré-hender. Il s’agit, par exemple, d’une résolution de l’ordre de quelques kilomètres dans un modèle de cir-culation atmosphérique pour la pré-vision du temps, du kilomètre dans un modèle de circulation océanique

et de quelques mètres pour l’écoule-ment d’une rivière.

Contrairement à la physique statistique, qui décrit de manière élégante le comportement macros-copique des phénomènes de petites échelles bien identifiées, le conti-nuum d’énergie occupant toutes les échelles du spectre d’énergie des écoulements fluides n’a pas permis, jusqu’à maintenant, le développe-ment d’une théorie aboutie de la turbulence. Il est donc nécessaire de recourir à des expériences en laboratoire ou sur le terrain (essais en soufflerie, campagnes en mer, données météorologiques, etc.) afin de documenter les comportements complexes et variés des écoulements fluides (figure 2). En dépit de son recours à des concepts mathéma-tiques avancés, l’hydrodynamique est donc une science où l’expérience demeure indispensable pour de nombreuses applications pratiques (hydraulique, aéronautique, océano-graphie, etc.).

Référence bibliographique

• O. THUAL – Hydrodynamique de l’environnement, Éditions de l’École

Polytechnique, 2010.

Fig. 1 – Simulation numérique du mélange de deux couches fluides de masse volumiques et de viscosités

diffé-rentes. L’instabilité due au cisaillement de vitesse génère une hiérarchie de tourbillons. Le « nombre de Reynolds »* est l’ordre du millier

Fig. 2 –

Visualisation expérimentale d’un dipôle tourbillonnaire dans une cuve peu profonde. Un éclairage laser et l'injection d'un colorant permettent de visualiser l'écoulement dans un plan hori-zontal. © IMFT. n

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30 | H2O : aspects fondamentaux Qu’il s’agisse du milliard de km3 de l’océan, du million de km3 dans le sous-sol ou des milliers de km3 dans les rivières, canaux ou canalisations, l’eau est en perpétuel mouvement. L’hydro-dynamique* étudie ces mouvements des échelles les plus grandes jusqu’à celles permettant encore de décrire la matière de manière continue (c'est-à-dire pour des échelles encore très largement supé-rieures à la taille des molécules).

Si l’utilisation du mouvement de l’eau était déjà bien maîtrisée dans l’an-tiquité pour l’irrigation des cultures ou l’adduction d’eau potable, des progrès significatifs en hydrodynamique ont été réalisés grâce à des scientifiques comme Blaise Pascal, Isaac Newton, Daniel Bernoulli, Leonhard Euler, Jean le Rond d’Alembert, George Stokes, Claude-Louis Navier ou Osborne Reynolds. Ces développements

scien-tifiques ont accompagné l’utilisation de l’eau comme source d’énergie (des moulins du Moyen Âge, aux usines hydroélectriques du début de l’ère industrielle). Les modélisations uti-lisées pour étudier le mouvement de l’eau se sont ensuite généralisées à un très grand nombre d’écoulements de liquides et même de gaz, et une nouvelle discipline est apparue : la « mécanique des fluides »*.

La compressibilité* des fluides peut être négligée pour un grand nombre d’écoulements, qu’il s’agisse de liquides mais aussi, de manière non intuitive, de gaz. Il suffit pour cela que la vitesse du fluide soit négligeable par rapport à la vitesse du son qui est de l’ordre de 340 m/s dans l’air et de 1 500 m/s dans l’eau. Dans ce qui suit, les écou-lements sont donc considérés comme incompressibles.

Fluide parfait ou

visqueux ?

L’énergie volumique d’une « particule fluide »* de masse volu-mique ρ, avec un mouvement de vitesse V, est la somme de sa pres-sion* p, de son énergie potentielle volumique ρgz (g est la gravité et

z l’altitude) et de son énergie

ciné-tique volumique ½ρV². Lorsque cette énergie est conservée, le fluide est dit « parfait »*(Bernoulli 1738) ce qui est le cas lorsque les frotte-ments visqueux sont négligeables. En aérodynamique, la conservation de l’énergie permet d’expliquer, par exemple, la portance d’une aile d’avion due au déficit de pression résultant d’une survitesse sur son extrados*. En hydrodynamique, cette énergie, souvent appelée

7. Hydrodynamique et mécanique

des fluides

Olivier Thual

« charge hydraulique », est une grandeur essentielle pour décrire les grandes lignes d’un écoulement dans un réseau de conduites ou dans des canaux ouverts.

Le fluide est dit « visqueux » lorsque les pertes de charge dues aux forces de frottement des particules fluides les unes contre les autres ne peuvent plus être négligées. Le com-portement rhéologique* d’un milieu continu décrit les relations entre les forces et les déformations qui s’y entremêlent. L’eau appartient à la classe des « fluides newtoniens »*, caractérisés par un comportement rhéologique isotrope*, pour lequel des forces de pression coexistent avec des forces visqueuses dépen-dant linéairement des vitesses de cisaillement* entre les particules de fluides. Les forces visqueuses dis-sipent l’énergie hydrodynamique du fluide pour la transformer en chaleur.

Fluide laminaire

ou turbulent ?

La viscosité cinématique ν, qui caractérise l’importance de ces forces pour un fluide donné, est res-ponsable de la régularité des écou-lements lents. En effectuant des expériences dans des conduites de diamètre D variable pour des écou-lements de vitesse V variable, Rey-nolds a montré que cette régularité, qualifiée de « laminaire* », était perturbée lorsque le nombre sans dimension V D ⁄ ν, qui porte désor-mais son nom, dépassait une valeur critique de l’ordre de quelques mil-liers. Lorsque le « nombre de Rey-nolds »* augmente au-delà de la valeur critique, l’écoulement devient turbulent*, ce qui se traduit par la coexistence de tourbillons de tailles

diverses allant des échelles auxquels l’énergie est injectée jusqu’à celles où l’énergie est dissipée sous forme de chaleur par les frottements vis-queux. Pour la plupart des écou-lements naturels, le nombre de Reynolds est de l’ordre du million ou du milliard et la turbulence* y est pleinement développée.

Les équations de Navier-Stokes constituent le modèle mathéma-tique le plus détaillé pour décrire la mécanique des « fluides newto-niens »*. En modélisant sous forme de champs continus la masse volu-mique, la vitesse ou la pression, ils traduisent, en se limitant au cas des écoulements incompressibles, la conservation de la masse et le prin-cipe fondamental de la dynamique*. Si ces équations reproduisent fidè-lement les écoufidè-lements laminaires, à l’aide de solutions analytiques ou numériques, la coexistence de tourbillons sur des échelles cou-vrant plusieurs ordres de grandeurs empêche de les utiliser telles quelles pour décrire les écoulements tur-bulents. En effet, la puissance des ordinateurs ne permet la « simu-lation numérique directe »* de ces équations que pour des nombres de Reynolds ne dépassant pas quelques milliers (figure 1). Cette difficulté est contournée par le développement de « modèles de turbulence »*, qui s’efforcent de décrire le comporte-ment collectif des tourbillons aux échelles plus petites que celles que l’ordinateur est capable d’appré-hender. Il s’agit, par exemple, d’une résolution de l’ordre de quelques kilomètres dans un modèle de cir-culation atmosphérique pour la pré-vision du temps, du kilomètre dans un modèle de circulation océanique

et de quelques mètres pour l’écoule-ment d’une rivière.

Contrairement à la physique statistique, qui décrit de manière élégante le comportement macros-copique des phénomènes de petites échelles bien identifiées, le conti-nuum d’énergie occupant toutes les échelles du spectre d’énergie des écoulements fluides n’a pas permis, jusqu’à maintenant, le développe-ment d’une théorie aboutie de la turbulence. Il est donc nécessaire de recourir à des expériences en laboratoire ou sur le terrain (essais en soufflerie, campagnes en mer, données météorologiques, etc.) afin de documenter les comportements complexes et variés des écoulements fluides (figure 2). En dépit de son recours à des concepts mathéma-tiques avancés, l’hydrodynamique est donc une science où l’expérience demeure indispensable pour de nombreuses applications pratiques (hydraulique, aéronautique, océano-graphie, etc.).

Référence bibliographique

• O. THUAL – Hydrodynamique de l’environnement, Éditions de l’École

Polytechnique, 2010.

Fig. 1 –

Simulation numérique du mélange de deux couches fluides de masse volumiques et de viscosités diffé-rentes. L’instabilité due au cisaillement de vitesse génère une hiérarchie de tourbillons. Le « nombre de Reynolds »* est l’ordre du millier © IMFT. n

Fig. 2 –

Visualisation expérimentale d’un dipôle tourbillonnaire dans une cuve peu profonde. Un éclairage laser et l'injection d'un colorant permettent de visualiser l'écoulement dans un plan hori-zontal.

Figure

Fig. 1 –  Simulation numérique du mélange de deux couches fluides de masse volumiques et de viscosités diffé- diffé-rentes
Fig. 1 –  Simulation numérique du mélange de deux couches fluides de masse volumiques et de viscosités diffé- diffé-rentes

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