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ARTheque - STEF - ENS Cachan | La production de sens à travers l'imaginaire dans l'acquisition du savoir : analyse du discours public d'une exposition sur les nanotechnologies

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Academic year: 2021

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LA PRODUCTION DE SENS A TRAVERS L'IMAGINAIRE DANS

L'ACQUISITION DU SAVOIR : ANALYSE DU DISCOURS DU

PUBLIC D'UNE EXPOSITION SUR LES NANOTECHNOLOGIES

Émilie ROSSIGNOL

Université Pierre Mendès France, Grenoble II

MOTS-CLÉS : IMAGINAIRE – SAVOIR – SENS – MÉDIATION

RÉSUMÉ : La médiation que propose une exposition permet l'acquisition d'un savoir mais aussi de lui donner du sens tout en offrant une forme de pédagogie. Néanmoins, la production du sens s'insère à l'intérieur d'un large processus à l'intérieur duquel nous trouvons aussi le récit, la narration, et l'imaginaire.

ABSTRACT : The mediation which is purposes in an exhibition allows the acquisition of knowledge but also to give meaning while offering a shape of pedagogy. Nerveless, the production of sense fits into a large process inside which also find the narrative, the telling, and the "imaginaire".

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1. INTRODUCTION

Suite à l’ouverture en juin 2006 de MINATEC, pôle d'innovation en micro et nanotechnologie, une exposition intitulée « Nanotechnologies : infiniment petit, maxi défis ! » a été proposé par le CCSTI de Grenoble (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle), de septembre 2006 à février 2007. Elle avait pour visée de présenter au public les nanotechnologies et certaines de leurs applications. À ce titre, elle se présentait sous forme de quatre modules : le premier initiant à l’échelle nanométrique ; le second expliquant quels sont les nouveaux outils qui permettent aux chercheurs de voir et de manipuler l’infiniment petit ; le troisième présentant la diversité des applications existantes et envisageables ; le quatrième abordant les risques et les craintes qu’elles véhiculent. Dans le cadre de notre cursus de Master II en sociologie, nous avons réalisé avec Fiorina Vetuli (une étudiante du Master), sous la direction de Pascale Ancel et de Marie-Sylvie Poli un stage de recherche. À cette occasion, nous avons été accueillies par le CCSTI de Grenoble pour mener une investigation auprès des visiteurs de l’exposition. Ceci, au sein du laboratoire de recherche CSRPC-ROMA (Centre de Sociologie sur les Représentations et les Pratiques culturelles - Recherche sur les Œuvres et les Mondes de l'Art), rattaché à l'Université Pierre Mendès France, Grenoble. Cette investigation avait pour but de faire s'exprimer les visiteurs sur le dispositif de cette exposition et sur le rôle qu'elle a pu avoir dans leur perception des nanotechnologies. À cet égard, nous avons mené une enquête auprès des visiteurs de l'exposition sur les nanotechnologies. Afin de réaliser des entretiens semi-directifs, nous avons préalablement élaboré un guide d'entretien. Ces derniers ont été réalisés avec les visiteurs de l'exposition, à la sortie de leur visite. Sur l'ensemble des personnes interrogées, trente-huit au total, environ la moitié a une formation scientifique dans leur cursus scolaire.

2. INTERROGATIONS ET PRINCIPALES NOTIONS

2.1. Interrogations centrales

Après réalisation des entretiens, relecture et analyse, nous constatons que divers éléments ressortent de notre matériau. À ce titre, nous formulons deux interrogations principales qui nous permettront de conduire notre analyse. Ces interrogations sont les suivantes : Comment l'imaginaire permet-il de produire du sens dans l'acquisition de savoir ? Comment la médiation culturelle à travers la mise en place d'une exposition permet-elle d'acquérir un savoir, ici, relatif à la science et à la recherche

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2.2. Notions principales

Avant de procéder à notre analyse, il convient de définir certaines notions centrales qui nous permettront un premier éclairage.

Tout d'abord, nous définissons la notion d'imaginaire comme l'ensemble des images mentales que chacun se crée et produit. Celles-ci sont immatérielles mais pas irréelles puisque nous les percevons et pouvons les décrire. Nous faisons notamment référence aux images mentales que les visiteurs se créent autour de l'objet "nanotechnologie".

Ensuite, le sens est la perception qu'une personne a d'une connaissance qu'elle soit particulière ou générale. Nous avons ici l'exemple des nanotechnologies, c'est-à-dire le contenu et le contenant que les visiteurs donnent à l'objet de l'exposition en relation avec leurs connaissances.

La situation de discours, selon Olivier Ducrot, est " l'ensemble des circonstances au milieu desquelles a lieu une énonciation (écrite ou orale). Il faut entendre par-là à la fois l'entourage physique et social ou elle prend place, l'image qu'en ont les interlocuteurs, l'identité de ceux-ci, l'idée que chacun se fait de l'autre, y compris la représentation que chacun possède de ce que l'autre pense de lui, les événements qui ont précédé l'énonciation ". Nous constatons ici que le discours des enquêtés est bien le produit d'un contexte, mais aussi d'une interaction avec autrui. Interviennent également les notions de représentation et d'image ; notions auxquelles nous aurons recours au cours de notre analyse.

Enfin, la médiation, selon Jean Caune (1999), se définit lorsque qu'il y a conjugaison de trois facteurs qui sont " l'intentionnalité d'une personne pour construire une relation intersubjective ; un support expressif ou symbolique (...) ; une situation d'énonciation ", c'est-à-dire un cadre permettant la production d'un énoncé susceptible d'être l'objet d'une réception et d'une interprétation.

3. IMAGINAIRE, SENS ET SAVOIR

3.1. Retour sur le discours des enquêtés

Au terme de l'analyse de nos entretiens, il s'avère que le discours des enquêtés est peu emprunt à un imaginaire mais plutôt à la technique et aux applications relatives aux nanotechnologies. Ajoutons à cela que deux types de récits se distinguent : celui du spécialiste, c'est-à-dire les personnes travaillant autour des nanotechnologies et/ou ayant une formation scientifique et le discours du non-spécialiste.

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3.2. Imaginaire et production de sens

C'est à la suite de ce constat que nous avons soulevé notre première interrogation. En effet, ce faible recours à l'imaginaire se retrouve majoritairement dans le discours du non-spécialiste. À ce titre, que soulève cette remarque ? Que signifie cette forme dans le discours des enquêtés ?

Remarquons tout d'abord, que les nanotechnologies font appel à des connaissances récentes qui font à leur tour appel à un savoir neuf dans notre société. Ce dernier n'est donc pas encore ancré dans les représentations individuelles et collectives. Mais, vous nous direz, dans quelle mesure l'imaginaire intervient dans nos représentations ? Représenter, c'est présenter à nouveau. Un objet représenté est donc déjà connu puisque présenté à nouveau. Par ailleurs, comment se représente-t-on ?

Nous nous représentons à partir de mots, à partir du langage. Le langage est une forme de symbole, donc, il signifie. L'acte de représenter est donc un acte de signification qui donne du sens. En outre, présenter, c'est montrer, donc, représenter, c'est montrer à nouveau. Notons que cette opération peut se faire à partir d'objet réel, mais également à partir d'images, qui peuvent être mentales. En cela la production d'images mentales relève de la représentation et permettent de donner du sens. Dans le cadre d'un savoir nouvellement acquis, ici, celui relatif aux nanotechnologies, nous avons affaire à un savoir plutôt présenté que représenté, c'est en cela que nous comprenons pourquoi le discours des non-spécialistes est peu emprunt à l'imaginaire. Par ailleurs, nous remarquons que l'imaginaire, comme appartenant aux représentations permet de donner du sens, de faire sens. Nous constatons que cette mise en sens est plus présente dans le discours du spécialiste, celui-ci ayant plus recours à l'imaginaire, notamment celui du légo. (Durand : 1964 ; Ricoeur : 1983 ; Sartre : 1940)

4. COMMENT LA MÉDIATION CULTURELLE PERMET-ELLE D’ACQUÉRIR UN SAVOIR ET DE DONNER DU SENS ?

4.1. Médiation culturelle, sens et savoir

Comment le dispositif expographique est-il perçu par les enquêtés ? La volonté de cette exposition est de proposer une forme de médiation et de vulgarisation scientifique autour des nanotechnologies. À la vue du discours des enquêtés, nous constatons que cette exposition a permis d'acquérir des connaissances relatives aux nanotechnologies. Selon les enquêtés, l'exposition leur à permis d'avoir une présentation large de cet objet, dans le sens ou ils ont pu avoir une approche de la nanotechnologie, de ses applications, des risques et des craintes. Par ailleurs, les visiteurs soulèvent un besoin de recherche d'informations plus complète, en effet, plusieurs d'entre eux nous

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l'exposition, nous retrouvons la dichotomie du discours spécialiste/non-spécialiste. À cet égard, la visite de cette exposition à permis aux spécialistes d'avoir des précisions sur certains points concernant les nanotechnologies. Et elle a permis aux non-spécialistes d’acquérir des connaissances plus « générales ». De plus, nous constatons que le discours du non-spécialiste est plus "froid", dans le sens ou il a plus recours à la technique et moins à l'imaginaire, à l'inverse du discours du spécialiste. Bien souvent, le savoir relatif aux nanotechnologies, pour les non-spécialistes et plus récemment acquis, nous demandons alors si les représentations relatives à un savoir nouvellement acquis ne se forgeraient-elles pas dans le temps ? (Durand : 1964 ; Caune : 1999 ; Ricoeur 1983)

4.2. Médiation et pédagogie

L'acquisition du savoir suppose une "digestion" qui s'effectue dans le temps pour permettre une production de sens qui s'opère à travers la formation de représentation et d'imaginaire. Cette digestion s’exprime notamment dans la mise en narration, qu’elle soit écrite ou orale. À ce titre, nous avons constaté que le récit élaboré au cours des entretiens permettait lui aussi une forme de médiation et de pédagogie car permettant de produire du sens dans le "déroulement" de la parole. Nous avons pour exemple une enquêtée qui nous a remerciée à la fin de son entretien, car pour elle, le simple fait d'avoir parlé des nanotechnologies lui a permis de mieux les comprendre.

De plus, nous constatons que la mise en narration s’effectue sur un second plan, pour ce qui est du cadre de notre étude. En effet, l’exposition à travers les différents supports qu’elle propose (panneaux, vidéos, etc.) est une forme de narration. À cet égard, elle permet une forme de pédagogie, puisque qu’elle ouvre vers un savoir et des connaissances, ici à propos des nanotechnologies. Elle permet aussi une forme de médiation puisque qu’elle offre à travers son énonciation un support expressif qui permet aux visiteurs de recevoir une forme de connaissance élaborée ici, à partir de l’énoncé produit à partir de l’exposition. (Durand : 1964 ; Gras : 1989 ; Ricoeur 1983)

5. CONCLUSION

À la vue de nos entretiens et de notre analyse, nous pouvons affirmer que la production, la mise en sens d'un savoir nouvellement acquis, ici celui relatifs aux nanotechnologies, entre dans un processus conjuguant différents éléments dont le récit, le langage, le discours, le temps, la médiation, l'imaginaire et les représentations. Au sein de ce processus, le récit, l'imaginaire et la médiation que propose une exposition s'insèrent dans une dynamique qui s'inscrit dans un large

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édifice. Chaque personne, à travers ces différents médiateurs que sont l’exposition, imaginaire et le récit, peu ainsi élaborer une signification, produire du sens en relation à un objet, à un savoir.

BIBLIOGRAPHIE

CASTORIADIS Cornéluis, L’institution imaginaire de la société, 1975, éd. Seuil, coll. Point. CAUNE Jean, Pour une éthique de la médiation, le sens des pratiques culturelles, Grenoble, 1999, éd. PUG.

DURAND Gilbert, L’imagination symbolique, Paris, 1964, éd. PUF, coll. Quadrige. GRAS Alain (dir.), L’imaginaire des techniques de pointe, Paris, 1989, éd. L’Harmattan. LEVI-STRAUSS Claude, La pensée sauvage, Paris, 1962, éd. Plon.

RICOEUR Paul, Temps et récit, T1 et T2, Paris, 1983, éd. Seuil, coll. Point. SARTRE Jean-Paul, L’imaginaire, Paris, 1940, éd. Gallimard.

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