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Les services aux adolescents dans les bibliothèques publiques québécoises

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Academic year: 2021

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Jennifer Dion 1037358

Les services aux adolescents dans les bibliothèques

publiques québécoises

©2019 par Jennifer Dion. Ce travail a été réalisé à l’EBSI, Université de Montréal, dans le cadre du cours SCI6916 – Projet Dirigé donné au trimestre d’hiver 2019 par Marie Martel (remis le 15 mai 2019).

Conten

Introduction...2

Méthodologie...3

Les services aux adolescents en bibliothèque publique...3

Les employés...3 Le groupe conseil...6 Les collections...9 Les espaces...10 La programmation...13

Conclusion...16

Bibliographie...19

Annexe – Stratégies de recherche...22

Liste des sources consultées...22

Plan de concepts...22

Annexe – Questions posées en entrevue...23

Les services aux adolescents...23

Les employés...23

Les groupes conseil (« Teen Advisory Group »)...23

Les collections...23

Les espaces...23

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Introduction

La bibliothèque se dit être un endroit pour tous les publics. Tout le monde y serait le bienvenu, peu importe son genre, son âge, sa culture, sa religion ou ses capacités physiques et intellectuelles. Pourtant, il semble que cela ne s’applique pas aux adolescents, qu’on qualifie souvent de trop bruyants et de dérangeant. Les usagers qui utilisent la bibliothèque tendent à trouver que les adolescents ne respectent pas les « règles » du savoir-vivre en bibliothèque, et qu’ils n’ont aucun intérêt à s’y retrouver. De même, les employés se rangent parfois de leur côté, ne voyant aucun bienfait à accueillir les adolescents en bibliothèque. Et pourtant… Les adolescents sont les enfants d’hier et les adultes de demain. Ils possèdent des caractéristiques de ces deux populations, et devraient donc être à l’honneur dans des bibliothèques qui les servent. Voyons un peu plus en détails ce qui les qualifient.

Le terme « Young Adult » existe depuis 1944 dans la littérature de la bibliothéconomie. En 1957, l’ancêtre de YALSA, la Young Adult Services Division (YASD), l’a formalisé (Bernier, 2013, p.81). Depuis 1991, la plupart des sources s’entendent pour dire que le terme « Young Adult » décrit les adolescents entre 12 et 18 ans. Cette définition peut également inclure les préadolescents et les 18-25 ans (Chelton, 2010, p.5720), selon les endroits. En fait, Michael Cart, dans son chapitre du livre Transforming Young Adult Services, propose même d’englober les 12 à 25 ans dans la notion d’adolescents, puis de diviser le tout en trois sous-sections : Middle Grade pour les 10 à 14 ans, adolescents (teen) pour les 13 à 19 ans et jeunes adultes (Young Adult) pour les 19 à 25 ans (Bernier, 2013, p.78). Cette idée n’est pas folle du tout, même si la sous-section Middle Grade serait plutôt difficile à intégrer dans un milieu n’étant pas anglo-saxon. Pour certains bibliothécaires qui dédient leur travail aux adolescents, ceux-ci sont des citoyens comme les autres avant tout, qui doivent bénéficier de leurs pairs et de leur collectivité au même titre que les enfants ou les adultes.

Les adolescents forment donc un éventail très large d’individus qui vont de la sixième année du primaire jusqu’au cégep. En effet, bien qu’ils forment une catégorie d’usagers à part entière, ils ne sont pas un groupe homogène – comme la majorité des catégories d’usagers – et ont donc des besoins grandement changeants dépendant de leur âge, de leur genre, de leur culture, etc. Cela ne rend pas la tâche facile à ceux qui veulent créer des services pour eux,

particulièrement lorsqu’on considère qu’ils sont encore en plein développement. Selon l’Encyclopedia of Library and Information Sciences, les services aux adolescents devraient comprendre cinq aspects : des employés dédiés qui comprennent les jeunes et les apprécient; un groupe consultatif (advisory group) formé d’adolescents de la communauté; des collections de documents de fiction et de documentaires sur de multiples supports; des espaces où les jeunes peuvent manger, relaxer et socialiser en travaillant; et une programmation pour les groupes qui leur permette d’interagir entre eux et avec d’autres générations (Chelton, 2010, p.5722).

Il y a bon nombre de documents sur les services aux adolescents, bien qu’ils soient peu nombreux comparés aux autres publics. Tous les articles et les livres trouvés suivaient sommairement les cinq aspects relayés par Chelton, ce qui laisse à penser que c’est une définition plutôt réaliste des services aux adolescents. La documentation comprend très peu de titres francophones, et encore moins de sources québécoises. C’est pourquoi une simple revue de la

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littérature n’est pas suffisante pour avoir une bonne idée de l’ampleur du sujet au Québec.

Cette étude a pour but d’explorer les services pour les adolescents dans les bibliothèques publiques québécoises sous les cinq aspects énumérés ci-haut. Il ne s’agit pas d’un travail exhaustif, mais d’un échantillon pour développer les services aux adolescents – qui semblent encore naissants, si on en croit le peu d’écrits – dans les bibliothèques du Québec.

Méthodologie

Pour trouver l’information pertinente à cette recherche, certaines bases de données en science de l’information, disponibles via le site des bibliothèques de l’Université de Montréal, ont été interrogées entre janvier et avril 2019. Le catalogue des bibliothèques de l’Université de Montréal a également été interrogé. L’annexe – Stratégies de recherche présente la liste des sources consultées, ainsi que le plan de concepts utilisé.

La stratégie de recherche était simple : les concepts « bibliothèque », « services » et « adolescents », ainsi que leurs déclinaisons, ont servis à ouvrir la recherche. Les déclinaisons ont été déterminées grâce à l’Encyclopedia of Library and Information Science, 4th edition. Pour la recherche dans les bases de données, le thésaurus a été utilisé pour préciser la recherche.

Le catalogue des bibliothèques de l’Université de Montréal a été consulté pour retrouver des documents physiques pertinents sur le sujet. Le catalogue de Bibliothèques et Archives nationales du Québec a aussi été consulté, mettant en lumière certains documents intéressants n’étant pas détenus par l’Université de Montréal. Enfin, le catalogue de l’Enssib a été consulté pour compléter la documentation. À ces recherches documentaires s’est ajoutée la Super conférence de l’Ontario Library Association en janvier 2019.

Pour pallier le manque de documentation québécoise, une entrevue semi-dirigée dans une dynamique conversationnelle a été organisée le 10 mai 2019 à l’EBSI, réunissant Ismaël Bellil, chef de section du Créalab de la bibliothèque Robert-Lussier à Repentigny, et Benoît Desgreniers, bibliothécaire à

l’expérience-usager pour les bibliothèques de Laval. Les questions posées dans cette entrevue peuvent être trouvées dans l’annexe – Questions posées en entrevue.

Cette étude est divisée selon les cinq thèmes de Chelton dans les services aux adolescents; divisions que l’entrevue a également suivies. Les employés, leurs compétences et leurs relations avec les adolescents qui fréquentent la

bibliothèque seront d’abord abordés. Suivront le groupe conseil, ce qu’il inclut et les façons de l’instaurer et de le garder. Les collections passeront ensuite. Après quoi, l’information portera sur les espaces, ainsi que leur élaboration et comment les faire vivre. La programmation et ses diverses incarnations sera le dernier aspect abordé. Ce travail se terminera sur les conclusions levées lors de la recherche et les questions encore en suspens.

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Les services aux adolescents en bibliothèque publique

Les employés

Selon l’IFLA (2015, p.6), les employés qui travaillent avec les adolescents devraient présenter certaines aptitudes et compétences. Il devraient comprendre les besoins développementaux uniques aux adolescents, les respecter en tant qu’individus, connaître leur culture et leurs intérêts, être en mesure de créer des partenariats avec d’autres groupes dans la communauté qui adressent leurs besoins, être assez flexibles pour suivre les changements dans leurs besoins et leurs intérêts, être en mesure de préconiser les adolescents dans la bibliothèque et la communauté, pouvoir travailler en partenariat avec les adolescents eux-mêmes, connaître tous les médias – incluant les livres et ressources disponibles dans tous les formats –, et faire preuve de pensée créative. De même, YALSA compte onze compétences nécessaires pour servir les adolescents. Ces compétences ressemblent beaucoup à celles de l’IFLA, mais certaines sont toutefois plus précises, comme la nécessité de créer une atmosphère inclusive, accueillante, respectueuse et qui englobe la diversité des adolescents (Martel, 2018). À ces compétences d’ajoutent les valeurs fondamentales auxquelles devraient adhérer les bibliothécaires aux services aux adolescents : la responsabilité, la collaboration, la compassion, l’excellence, l’inclusion, l’innovation, l’intégrité, le devoir professionnel et la responsabilité sociale (Braun et Peterson, 2017, p.172-178). La tradition française, qui parle plutôt de médiateur du livre ou de passeur culturel, demande que les bibliothécaires soient en mesure de faire prendre conscience aux adolescents de leurs aptitudes de lecture et de leurs capacités à interpréter, d’éveiller leur esprit critique, et de nourrir leur intelligence (Moreau, 2009, p.25). Quant aux québécois, la plupart des qualités et compétences énumérées par les bibliothécaires interviewés suivent la littérature. Ismaël Bellil croit que les employés doivent intérioriser la mission des bibliothèques publiques pour en faire un milieu de vie pour les adolescents, qu’ils doivent devenir des ambassadeurs des adolescents et qu’ils ne doivent pas intérioriser les problèmes et les conflits – qui tendent à survenir fréquemment considérant leur développement hormonal et cognitif. Pour sa part, Benoît Desgreniers prône les compétences larges, comme l’expérience en travail social, communautaire, en camp de jour et dans les maisons des jeunes lors de l’embauche des employés.

Malheureusement, il n’y a pas de bibliothécaires dédiés aux services aux adolescents dans toutes les bibliothèques publiques. En 2016, seulement 60% des bibliothèques de l’Ontario avaient une personne en charge de ces services. De ce nombre, seulement 1,21% comptaient une personne à temps plein dans la section pour adolescents (OPLA Child and Youth Services Committee, 2018, p.18). Déjà, en 1987, la Canadian Library Association notait qu’il faudrait un employé formé pour comprendre les adolescents et ayant un intérêt et une connaissance de la littérature ados pour planifier, développer, renforcer et promouvoir ces services, lorsque possible, puisque les services aux adolescents devraient faire partie intégrale de la bibliothèque publique. Près de 30 ans plus tard, il y a encore du chemin à faire dans ce sens. Même au Québec, les postes spécifiquement dédiés aux adolescents se font encore rare, bien que certaines bibliothèques commencent à les afficher. D’après Mary K. Chelton (2005, p.4-5), le nom du poste du bibliothécaire qui sert les adolescents – lorsqu’il y en a un – dépend du degré d’attention qu’il porte à ce public, de la profondeur de ses connaissances sur les services aux ados et du temps alloué à d’autres publics. C’est ainsi que certains bibliothécaires en charge des adolescents font partie de la section des services jeunesse, que d’autres font partie de la section des services aux adultes, et que d’autres encore font partie d’une section

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complètement séparée. Chelton retient qu’il y a des bons et des mauvais côtés à chaque modèle de départementalisation. L’ALA (2009) dénote toutefois que les bibliothécaires dédiés aux services aux adolescents sont essentiels pour leur donner le meilleur service possible, et pour conserver des bibliothèques viables et à jour en traduisant les connaissances sur les tendances culturelles dans les programmes, les collections, l’engagement des employés envers les jeunes et les efforts collaboratifs de la communauté. Comme les bibliothécaires pour adolescents occupent un poste moins bien connu, ils devraient joindre certaines organisations qui servent leurs intérêts (ex. : YALSA). Cela leur permettrait de rester à jour et de rapporter de l’information au sein de leur bibliothèque, mais aussi de contribuer à la profession en partageant leurs propres expériences (Flowers, 2011, p.5-6). Il ne serait pas mauvais d’avoir aussi un réseau professionnel canadien, équivalent de YALSA (Andersen, 2008, p.268). Il est à noter que même l’OLA, la plus grande association de bibliothécaires au Canada, ne comporte pas de division pour les services aux adolescents (OLA, s.d.), les intégrant à ses comités jeunesse.

Malheureusement, dû au manque de ressources en bibliothèque, il va de soi qu’on parle alors d’employés qui travaillent avec les adolescents, plutôt que de bibliothécaires dédiés aux services aux adolescents. Lorsqu’un bibliothécaire est en charge d’une équipe de services aux adolescents, il peut faire du mentorat auprès des autres employés, et les inclure dans la programmation (Flowers, 2011, p.12). Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi (2014, p.16) affirment que les professionnels de bibliothèque possédant un diplôme devraient se concentrer sur le développement et la gestion des services et des programmes pour les adolescents, alors que les autres employés et bénévoles de la

bibliothèque devraient agir comme des mentors, des guides et des connecteurs à l’information et aux ressources. Ils croient que tous les employés devraient servir les adolescents, et qu’une approche globale est nécessaire dans la planification, la livraison et l’évaluation des services. Derr et Rhodes (2010, p.93) abondent dans le même sens, en soutenant que c’est le support, ou plutôt le manque de support, qui peut mener à un manque de confiance entre employés de la bibliothèque et adolescents. Tricia Suellentrop (2008, p.23) ajoute que tous les employés devraient traiter les adolescents avec respect, puisqu’ils représentent la bibliothèque. Même les agents de sécurité, lorsqu’il y en a, devraient recevoir une formation et être tenus responsables de leur attitude envers les adolescents. Pour sa part, Pip Williams (2011) note que les employés peuvent fournir un contact adulte positif aux adolescents, en-dehors de leur famille et de leurs enseignants. Ils devraient traiter les adolescents comme ils traitent les adultes, avec la même courtoisie et le même respect. Brigitte Moreau (2009, p.20) croit, quant à elle, que le premier contact est crucial avec les adolescents. Une attitude d’ouverture doit être adoptée, et elle doit se traduire même dans le regard et les non-dits. À la suite de ce premier contact, les employés pourront – à long terme – établir leur crédibilité auprès des adolescents, pour faciliter les échanges et la participation. Il faut laisser la parole aux adolescents et devenir un repère pour eux. Il faut également établir des limites, des règles et des attentes pour assurer un environnement sûr et constant pour les usagers de la bibliothèque (Middleton et Galindo, 2007, p.31). En général, il suffit de faire un virage du focus sur les collections vers un focus sur l’humain, en utilisant les ressources et les services pour supporter le développement des adolescents (Agosto, 2016, p.346). D’après Benoît Desgreniers, le meilleur scénario pour s’assurer que les employés sont en mesure de travailler avec les adolescents et de choisir des candidats à

l’embauche possédant ce type de qualification pour les divers postes en contact avec ce public. Outre l’embauche, il prône les formations tenues par des intervenants externes, par exemple des gens de Tel-Jeunes et des travailleurs de

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rue. Toutes ces approchent peuvent améliorer les relations entre adolescents et employés en bibliothèque publique.

Plusieurs experts s’entendent pour dire que des opportunités de bénévolat et de travail rémunéré devraient être offertes aux adolescents (Andersen, 2008). Les adolescents bénévoles aident les employés dans les tâches rapides, offrent un moyen de connaître les jeunes de la communauté, deviennent des promoteurs pour la bibliothèque et la communauté, deviennent des modèles pour les enfants et restreignent les mauvais comportements de leurs pairs. Et cela, bien entendu, sans compter les nombreux bénéfices pour les adolescents eux-mêmes. Le bénévolat chez les adolescents demande cependant beaucoup de travail de recrutement, de sélection, de planification, de formation, de gestion et de supervision (Flowers, 2017, p.75-77). Quant aux employés adolescents, le fait de travailler à la bibliothèque leur offre une véritable expérience de travail, mais les incite aussi à aider l’institution (King, 2007, p.9). Ils devraient être

supervisés par la plupart des employés adultes, de façon proactive, ouverte, juste et constante (Bolan, 2006, p.34). Bien que ces opportunités puissent s’avérer extrêmement intéressantes pour les deux parties, Benoît Desgreniers rappelle que les structures administratives municipales parfois fortes peuvent sévèrement limiter ces options. Ismaël Bellil tente de naviguer au sein de la convention collective de sa municipalité pour créer des opportunités de bénévolat avec les adolescents, malgré les obstacles. Il choisit de les impliquer dans ses décisions et de leur faire créer des critiques littéraires et des capsules vidéo qu’il publie ensuite sur internet. Dans son cas, certains jeunes impliqués dans le Créalab sont éventuellement devenus des employés de la bibliothèque. Les deux s’entendent toutefois pour dire que l’intégration des jeunes dans la prise de décisions, qu’elle soit spontanée ou planifiée, peut les impliquer d’une toute autre façon et même remplacer le bénévolat traditionnel. Justement, qu’en est-il des groupes conseil ?

Le groupe conseil

Dans sa prise de position de 1987, la Canadian Library Association notait qu’il est important d’encourager la participation des usagers adolescents à travailler avec les employés de la bibliothèque pour définir et développer des services qui leurs plaisent, sont dynamiques et sont efficaces. En 2002, YALSA (p.3) suggérait que les adolescents soient inclus dans les décisions sur les collections, les services et les programmes de bibliothèque qui leur sont destinés. L’IFLA (2015, p.4) abonde dans le même sens, annonçant que les adolescents devraient être activement impliqués dans la planification, l’implantation et l’évaluation des ressources, des services et des programmes. De même, Derr et Rhodes écrivaient en 2010 (p.95) qu’il faut travailler avec les adolescents de façon à créer des opportunités qui les intéressent, et leur

permettre de se les approprier. D’autres auteurs suivent la vague, notamment Kristine Nowak (s.d., p.10), qui dit que l’implication des adolescents dans la planification et le fonctionnement de la bibliothèque les met au courant des services offerts et en fait de meilleurs défenseurs de leur bibliothèque, et Sondra Vandermark (2003, p.168), qui croit que des adolescents inclus dans la

planification seront plus enclins à participer. Sans compter que les adolescents sont experts pour déterminer les ressources et les services qui correspondent le mieux à leurs besoins et à leurs intérêts (Bernier, 2013, p.34). Eux-mêmes veulent s'engager au sein de la bibliothèque, comme le démontre une enquête française de 2009 : « certains adolescents rencontrés parmi ceux de 16-17 ans […] demandent à avoir des responsabilités dans l’organisation et le

fonctionnement des établissements, ainsi que dans le choix des documents » (Repaire et Touitou, 2010, p.29). C’est également ce que croient messieurs Bellil et Desgreniers, qui ont fait savoir en entrevue qu’il faut absolument

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demander aux jeunes ce qu’ils veulent dans leur bibliothèque, pour être en mesure de bien les servir.

L’inclusion des adolescents en bibliothèque peut passer par un groupe conseil. D’après le livre Teen Services 101, un groupe conseil donne à la bibliothèque une façon formelle d’engager les adolescents dans sa mission, en plus d’utiliser leurs opinions et leurs idées pour chapeauter la programmation pour adolescents de la bibliothèque. Il donne aux adolescents un intérêt pour la bibliothèque, ainsi qu’une voix dans la façon dont les services sont planifiés, implantés et évalués, mais il aide également la bibliothèque à être plus efficace et efficiente (Fink, 2015, p.91-92). Sarah Flowers (2011, p.12) ajoute aux bienfaits pour les deux parties ; un groupe conseil donne aux adolescents la reconnaissance, l’autonomie, le support, l’expérience et la validation dont ils ont besoin. De la même façon, ces jeunes pourraient éventuellement devenir des employés de la bibliothèque, comme ce fut le cas avec une adolescente bénévole du Créalab de Repentigny. En 2016, 45,5% des bibliothèques de l’Ontario avaient un groupe conseil spécifiquement pour les adolescents (OPLA Child and Youth Services Committee, 2018, p.29).

Un groupe conseil ne se crée pas du jour au lendemain. Il faut planifier, en commençant par trouver les besoins à combler avec le groupe conseil. Puis, on se fait une liste de tâches à faire, incluant le recrutement, l’horaire des

rencontres, les critères d’adhésion, les projets sur lesquels on veut travailler, les codes de conduite à respecter, la prise de présence et l’évaluation. Ce n’est qu’après toutes ces étapes qu’on peut penser au recrutement, qui peut se faire par l’école, la bibliothèque, le bouche-à-oreille, ou autres (Fink, 2015, p.95-97). Il faut plus que de simples feuilles d’application pour recruter des adolescents et s’assurer de leur présence. Ce sont les incitatifs qui permettront d’assurer leur retour. On peut utiliser des prix comme incitatifs, ou encore utiliser les médias sociaux pour faire la promotion du groupe. Comme les adolescents ne peuvent faire partie du groupe conseil que pendant 6 ans (12 à 18 ans) maximum, le processus de recrutement est toujours à recommencer (Booth et Jensen, 2014, p.162). Il faut aussi encourager tous les adolescents de la communauté à participer au groupe conseil, pas seulement les usagers physiques réguliers (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.16). Benoît Desgreniers met en garde contre ce qu’il appelle les « super utilisateurs », c’est-à-dire les adolescents qui utilisent la bibliothèque plus que les autres et tendent à participer à toutes les activités. Ces usagers ne sont pas représentatifs de la majorité, et ne peuvent donc pas former à eux-seuls un groupe conseil qui prendra des décisions favorables pour l’ensemble de la clientèle adolescente dans la communauté. La bibliothèque doit aussi chercher à obtenir l’opinion des adolescents qui n’utilisent pas les installations ou les services de la bibliothèque (IFLA, 2015, p.8), pour éventuellement mieux les servir.

Une fois le groupe conseil créé, la littérature suggère qu’il se rencontre de façon régulière, sans entrer en conflit avec les autres activités extra-scolaires auxquels les adolescents participent (Booth et Jensen, 2014, p.154). Le groupe floridien Teen Voice, par exemple, se réunit une fois par mois pour faire des suggestions sur les services et les programmes, ainsi que des recommandations de lecture (King, 2007, p.8). Benoît Desgreniers demande plutôt de la flexibilité, ce qu’approuve Ismaël Bellil. Ce dernier a introduit ses usagers aux réunions de type assemblée générale, telles que tenues dans les cégeps et universités. Il tient ces assemblées de façon spontanée, selon les besoins du milieu et l’intérêt des adolescents. Il est important que des adultes employés fassent partie du groupe conseil, sans toutefois le diriger complètement. Leur présence se traduit sous

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forme d’auditeurs (Flowers, 2017, p.18) qui supervisent et aident les adolescents du groupe à atteindre leurs buts (King, 2007, p.9).

Lors de la première rencontre d’un groupe conseil formel, des présentations sont de mise pour casser la glace et empêcher la formation de cliques. Le bibliothécaire – ou l’employé qui s’occupe du groupe conseil – explique la vision qu’il a pour le groupe, ainsi que les attentes de la bibliothèque. Des règles de base peuvent être rédigées à l’avance ou créées avec les adolescents. La direction que prendra le groupe est ensuite choisie avec les idées que les participants apportent, ou on peut leur demander de voter sur des propositions des employés. La rencontre peut se terminer avec un projet rapide, comme la création d’une affiche (Fink, 2015, p.99-101). En général, les réunions devraient suivre une routine sommaire, mais être flexibles et amusantes. On sait qu’un groupe conseil fonctionne bien lorsque les adolescents ont hâte de revenir et qu’ils veulent s’impliquer (Booth et Jensen, 2014, p.154-155). Pour un groupe moins formel, il reste crucial de balancer des sujet plus ennuyants (ex. : mise à jour des règles ou du code de conduite) par d’autres qui « allument » les participants (ex. : ajout d’un nouvel outil technologique), suivant les conseils d’Ismaël Bellil. Benoît Desgreniers rappelle que la flexibilité est de mise, peu importe le type de groupe conseil.

Par la suite, plusieurs initiatives peuvent être entreprises avec un groupe conseil. On peut inclure des représentants dans des services généralement réservés aux adultes, comme les comités de projets et de planification, les amis de la bibliothèque ou même le conseil d’administration. On peut aussi établir des standards et des attentes pour que les participants du groupe atteignent de meilleurs résultats (Bolan, 2006, p.46). Les adolescents faisant partie du groupe peuvent donner une rétroaction sur les services à court et à long terme (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.16). Puisque leur opinion a une incidence sur tous ce qui les touche, on doit les informer de l’impact de ce qu’ils apportent (Flowers, 2017, p.18). Le chef de section du Créalab est tout à fait d’accord sur ce point, rappelant que les adolescents ont besoin de savoir ce qu’il advient des opinions qu’ils ont partagés et des demandes qu’ils ont faites. Ils doivent réaliser que leurs choix ont le pouvoir de changer la façon dont fonctionne la bibliothèque (Vandermark, 2003, p.162). Par exemple, la bibliothèque publique de San Antonio a demandé l’opinion des participants du groupe conseil lors de la planification du nouvel espace pour adolescents. Le fait de s’associer à des adolescents, de suivre leur exemple et d’encadrer leurs besoins a révélé un ensemble de fonctions universelles pour l’espace qui ont ensuite pu être explorées plus en détail (Velásquez, 2016a, p.31). Dans le même ordre d’idées, Ismaël Bellil a réuni de nombreux adolescents avant que le Créalab soit construit, pour s’assurer que ce lieu répondrait vraiment à leurs besoins. Il le fait encore régulièrement, lorsque l’espace doit être revitalisé ou que le budget permet l’ajout de nouvelles technologies.

Comme pour les employés, le manque de ressources peut être un frein à la formation d’un groupe conseil. Ce dernier n’est pas nécessaire pour améliorer les services aux adolescents. Si on a des adolescents bénévoles ou employés, on peut utiliser leurs connaissances. On peut aussi faire appel à un comité

adolescent déjà existant dans la communauté (Flowers, 2017, p.18). C’est le cas de la bibliothèque de Melbourne, où le partenariat avec des organisations pour les adolescents a permis de créer une programmation dynamique et pertinente, en plus d’améliorer le profil communautaire de la bibliothèque (Derr et Rhodes, 2010, p.94-95). En Ontario, 50,4% des bibliothèques demandaient aux

adolescents de les conseiller sur le développement de la collection en 2016 (OPLA Child and Youth Services Committee, 2018, p.29), sans toutefois avoir

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un groupe conseil leur étant spécifiquement dédié. Les bibliothèques de Laval n’ont pas de groupe conseil adolescent, mais les employés sondent les jeunes de certaines bibliothèques clés de temps à autre, selon les besoins et les ressources disponibles. Si les adolescents sont réceptifs, ces discussions peuvent mener à des changements, par exemple au niveau des collections.

Les collections

D’après les National Teen Space Guidelines de YALSA (2002, p.5), la bibliothèque publique doit fournir et faire la promotion de matériel qui supporte les besoins éducatifs et de loisir des adolescents. Cela est supporté par l’IFLA (2015, p.4), qui note que les bibliothèques doivent fournir une variété de ressources pour refléter leurs besoins, en plus de prêter une attention spéciale aux adolescents en situation de handicap et aux minorités sociales et

linguistiques. Des documents en langues étrangères qui reflètent la diversité culturelle de la communauté devraient être inclus dans les collections pour adolescents. En plus de la représentation, il faut toutefois aussi élargir les perspectives des adolescents vers de nouveaux horizons, à travers les collections disponibles (Flowers, 2017, p.25). Kirsten Andersen (2008, p.54) est d’accord, ajoutant que les collections devraient refléter aussi les goûts des adolescents. Elle propose que les collections incluent de la fiction, des romans graphiques, des magazines et des jeux vidéo, qui soient placés autant que possible dans les espaces pour adolescents. Quant à Sondra Vandermark (2003, p.163-164), elle croit que les collections audiovisuelles et les périodiques sont importants pour les lecteurs réticents et les non lecteurs, et qu’il faut donc les placer bien en vue dans l’espace, ce à quoi Megan P. Fink (2015, p.28) ajoute que les livres audio, les livres électroniques et les mangas sont également intéressant pour ce type de lecteurs. D’après Mònica Medina Blanes (2005, p.9), des collections attirantes avec un impact visuel initial puissant encouragent la lecture et supportent le développement de la bibliothèque. Celles-ci devraient être spécialisées,

attrayantes, à jour et assez développées pour couvrir de nombreux sujets, tout en étant disponible sur plusieurs supports et en plusieurs formats. Benoît

Desgreniers acquiesce, rappelant qu’une bonne collection doit avant tout être présentée aux usagers, et non laissée à l’abandon dans les rayons. Pour donner un exemple de collection bien pensée, Teen’Scape – à la bibliothèque publique de Los Angeles – comptait déjà en 2003 une collection multimédia de 30 000 titres, incluant des livres, des romans graphiques, des CD, des DVD, des vidéos et d’autres documents répondant aux besoins et aux intérêts de leur clientèle adolescente, en plus d’être abonnée à plus de 120 périodiques sur divers sujets qui touchent spécifiquement les jeunes (programmes universitaires et formations professionnelles, musique, problématiques, culture populaire, etc.) (Persic, 2003).

Les collections pour adolescents ne sont pas si différentes des collections pour adultes et pour enfants, mais elles ont leurs particularités. Comme le dit Flowers (2017, p.21-22), les adolescents possèdent des caractéristiques des enfants et des adultes. Ils tendent à lire des livres de ces deux sections, en plus de ceux qui leur sont destinés. Ismaël Bellil prône d’ailleurs l’accès à toute les collections (enfants, adolescents, adultes) dès 12 ans. Selon Mary K. Chelton (2005, p.6), intercaler les titres pour adolescents dans les collections pour adultes est mauvais, car cela peut les rendre invisible aux yeux du public et des employés. La façon de classer ces collections est aussi un enjeu, d’après Benoît Desgreniers, entre autres parce que les adolescents tendent à préférer le classement par genre de littérature à celui par type de documents. Ceux-ci semblent toutefois peu intéressés par l’emplacement de leurs collections, du

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moment qu’ils puissent trouver ce qu’ils cherchent. C’est plutôt la mise en valeur qui les intéressent.

Les collections pour adolescents devraient être placées sous la direction d’un bibliothécaire pour adolescents (Chelton, 2005, p.6), même si cela est peu réaliste dans plusieurs milieux. Le développement de collection devrait cependant être fait par des gens qui sont activement engagés dans la culture des adolescents. Ceux-ci peuvent utiliser des médias et réseaux sociaux populaires auprès des jeunes et faire attention aux statistiques de circulation pour les aider dans leurs choix (Derr et Rhodes, 2010, p.95). Pour identifier les besoins généraux de la communauté, les informations démographiques peuvent aider, tout comme les listes de lecture des écoles. Bien entendu, le site de YALSA est un incontournable pour le développement de collection (Flowers, 2017, p.26). D’autres ressources incluent les revues comprenant des critiques

professionnelles, la culture populaire (documents liés aux films, à la musique et aux émissions de télévision) et les tendances courantes en édition. Les

adolescents eux-mêmes, les employés de l’école et les professionnels du milieu peuvent également nous informer sur les ressources électroniques, les bases de données et les sites web utiles (Fink, 2015, p.26-27). Les blogues aussi peuvent servir pour développer les collections pour adolescents (Booth et Jensen, 2014, p.107). Il est néanmoins important que les adolescents soient inclus lors de décisions d’achat ou d’élagage, via un groupe conseil ou les usagers réguliers (Flowers, 2011, p.66), comme il a été discuté dans la section précédente.

Les collections pour adolescents ne sont par contre pas tout ce qu’ils utilisent. La Canadian Library Association annonçait déjà en 1987 que les adolescents doivent avoir un accès gratuit et équitable aux autres documents de la bibliothèque. Des politiques de circulation et un système flexible doivent permettre un accès à ce qui veulent, quand ils le veulent, et pour le temps dont ils en ont besoin (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.15). Pour les bibliothèques faisant partie d’un réseau, cela peut passer par la spécialisation des sujets, où différentes bibliothèques du même réseau peuvent se spécialiser dans différents sujets (Blanes, 2005, p.6). Même dans des bibliothèques hors-réseau, ce qui est inclus variera d’institution en institution (Flowers, 2011, p.57), selon les politiques de développement et les besoins de la communauté. En-dehors de ces questions, les bibliothèques publiques devraient évidemment promouvoir les ressources numériques et supporter l’attirance qu’on les adolescents pour ce type de plateformes (YALSA, 2002, p.10). Ismaël Bellil rappelle toutefois que la technologie n’est pas essentielle, bien qu’on l’associe souvent aux adolescents. Benoît Desgreniers est tout à fait d’accord, notant à quel point il devient rapidement ennuyant de regarder une imprimante 3D fonctionner. Comme exemple d’endroit où la technologie n’est pas nécessaire, monsieur Bellil nomme l’espace SODA, à Brossard, où les services présentés sont si bien que cet espace est devenu un milieu de vie pour les adolescents.

Les espaces

En 2008, Kirsten Andersen (p.266) annonçait que des espaces dédiés aux adolescents commençaient à apparaître dans les bibliothèques publiques canadiennes. À l’époque, on y retrouvait des ordinateurs, des jeux vidéo et des babillards. En 2016, c’est 71,3% des bibliothèques ontariennes qui possédaient un espace séparé pour les adolescents (OPLA Child and Youth Services Committee, 2018, p.16). Certaines bibliothèques de la ville de Laval ont des espaces pour adolescents, souvent adjacentes aux espaces jeunesse. Sarah Flowers (2017, 59-60) croit que ces espaces n’ont pas besoin d’être des salles complètes. On doit toutefois les limiter à ce public et s’assurer que c’est un

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environnement sécuritaire et positif pour eux. Un espace séparé reconnaît et célèbre les besoins et les comportements d’usagers uniques aux adolescents (Velásquez, 2016a, p.33). Megan P. Fink (2015, p.39) n’est pas tout à fait d’accord, croyant qu’on peut créer un décor et intégrer des sièges confortables sans avoir un espace complètement dédié aux adolescents. D’après elle, un espace pour adolescent peut par contre être seulement constitué de leurs collections organisées dans une section leur étant dédié, du moment qu’il est créé en partenariat et en collaboration avec eux en plus d’être accessible à tous. Les espaces pour adolescents ne doivent pas servir à les ségréger, mais plutôt à exposer leurs réalisations et à reconnaître leurs contributions (Velásquez, 2016b). Ces espaces sont importants, qu’ils soient petits ou grands, minimalistes ou élaborés, parce qu’ils offrent aux adolescents des espaces non-commerciaux pour un usage qui peut être individuel ou interactif, et ils permettent le

développement d’une voix et d’une participation fortes des adolescents dans la communauté (Agosto, 2016, p.345). Trois des 40 Acquis dont les jeunes ont besoin pour réussir, développés par le Search Institute, concernent les espaces pour adolescents en bibliothèque publique, soit la « valorisation des jeunes par la communauté », les « activités créatives » et les « programmes jeunesse » qui peuvent s’y tenir (Fink, 2015, p.40; Search Institute, 2002).

YALSA (2002, p.4) dénote qu’un espace pour adolescents doit être invitant, hautement intéressant et à utilités multiples. Il doit refléter la communauté adolescente de la bibliothèque, tout en fournissant un environnement qui encourage le développement émotif, social et intellectuel. L’approche HoMaGo, issue de recherches anthropologiques dirigées par Mizuko Ito au début du 21e

siècle, divise les adolescents selon leur utilisation des nouveaux médias : hanging out (participation sociale), messing around (bricolage) et geeking out (acquisition d’expertise sur un sujet). La partie hanging out se base sur la socialisation des jeunes entre eux dans des espaces physiques ou virtuels, comme la participation aux réseaux sociaux. Messing around demande que les jeunes utilisent les médias numériques pour atteindre un objectif précis, mais relativement rapide. On peut penser à la retouche d’images et à la participation aux jeux vidéo en ligne. Enfin, geeking out est un approfondissement des connaissances. Certains adolescents développent une expertise dans un domaine numérique, comme la programmation de sites Web, et peuvent ensuite devenir des mentors pour les autres (Bond, 2015, p.15-17). Un bon espace regroupe ces trois utilisations dans un même endroit. En sollicitant la rétroaction et les opinions des jeunes sur le design et la création, en plus de se baser sur l’avis d’experts des services aux adolescents, on s’assure de construire sur une culture existante et de faciliter l’engagement convivial souhaité pour ce type d’espace (YALSA, 2002, p.4). De même, la qualité et l’originalité de l’espace

déterminent si les adolescents croient que les employés se soucient d’eux (Nowak, s.d., p.9). Un espace bien conçu, selon Sondra Vandermark (2003, p.161), encourage les adolescents à développer l’habitude d’apprendre à travers la bibliothèque pour toute leur vie. Cela motive la lecture pour le plaisir ou en quête d’information, leur fournit des compétences en littératie de l’information et permet à la bibliothèque de fournir des collections et des services pour permettre de répondre aux besoins éducatifs, culturels, récréatifs, de loisir et de technologies de l’information de l’ensemble de la communauté adolescente.

Pour créer un espace entièrement dédié aux adolescents, il faut leur

demander ce qu’ils veulent, de façon à répondre à leurs besoins (Flowers, 2017, p.60). Cela leur permet d’explorer, de créer et de participer à la décoration de leur espace (Velásquez, 2016b) C’est ce qu’a fait la bibliothèque publique de Val d’Or, où La Bulle a été imaginée et aménagée par des élèves du secondaire. Ils ont choisi le nom, l’emplacement et le mobilier, en plus de participer à

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d’autres aspects de la création (ICI Radio-Canada, 2018). C’est aussi ce qu’Ismaël Bellil a fait avec le Créalab, incitant les adolescents à s’impliquer avant même que le projet ne soit inauguré.

Les adolescents ont besoin d’un espace pour traîner et « chiller » en bibliothèque publique. Ils ne veulent pas toujours avoir à participer à des activités structurées ou ayant un but précis. La bibliothèque doit leur offrir un espace pour interagir avec leurs pairs, les autres membres de la communauté et les employés (Williams, 2011). Si on revient à la bibliothèque de San Antonio, qui a été mentionnée dans la section des groupes conseil, les besoins généraux relevés par les adolescents ont permis de diviser l’espace en trois zones. Un espace participatif est utile pour la programmation, avec du mobilier flexible. L’espace de travail indépendant sert pour l’étude et la lecture, avec son mobilier favorisant l’intimité et minimisant les distractions. Enfin, l’espace d’engagement est confortable et flexible, de façon à laisser les adolescents choisir comment ils veulent se placer pour se rencontrer et discuter (Velásquez, 2016a, p.32). Il faut également permettre aux adolescents d’être autonomes dans l’espace et les ressources qui y sont disponibles (Williams, 2011), ce que fait la bibliothèque publique de San Antonio. Braun et ses collègues (2014, p.15) notent que le mobilier doit être flexible et que l’espace doit laisser les adolescents connecter avec les autres, ainsi qu’avec le matériel physique et électronique.

Tous les auteurs semblent s’accorder sur la flexibilité du lieu physique mais YALSA (2002, p.7) ajoute que la bibliothèque doit fournir des technologies pratiques et adaptables. La bibliothèque de la ville de Brossard a fait usage de ces diverses recommandations. Lors de son ouverture, en 2014, la configuration, les matériaux et le mobilier de l’espace SODA avaient été déterminés selon leur flexibilité, leur longévité et leur durabilité. Le mobilier était sur roulette, léger et empilable, un excellent exemple de flexibilité de l’espace. L’endroit était moderne, amovible, confortable, et présentait des couleurs vives (Payette, 2014). Par la suite, les ajouts dépendent des adolescents. Sondra Vandermark (2003, p.163) estime néanmoins que certaines composantes sont essentielles : la collection imprimée, le matériel audiovisuel (musique, périodiques et technologie) et le décor. Elle avance qu’une variété de technologies devraient être mises à la disposition des usagers adolescents et que le mobilier devrait refléter leurs préférences, être confortable, être solide et répondre à différents objectifs. Elle propose d’utiliser des canapés, des chaises longues, des tables à café et des poufs.

Récemment, ce sont les makerspace et les laboratoires de technologies

numérique – aussi connus sous le nom de « fablab » – qui ont fait leur apparition dans les bibliothèques publiques. Certains d’entre eux sont strictement dédiés aux adolescents, comme le Créalab de la bibliothèque de Repentigny

(https://crealab.ville.repentigny.qc.ca/). Parmi les pionniers de ce type d’espace pour adolescents se trouve le réseau des laboratoires d’apprentissage

YOUmedia, basé sur l’approche HoMaGo. Ouvert en 2009 dans les bibliothèques de Chicago, ce type de « fablab » consiste en un réseau de laboratoires d’apprentissage créatifs, transformatifs et dynamiques

(http://youmedia.org/about/). Dans les bibliothèques publiques de Chicago, cela se traduit par du contenu qui permet le design graphique, la photographie, le vidéo, la musique, le design 2D et 3D, les sciences et technologies, la création manuelle, etc. La ville compte aujourd’hui 19 laboratoires YOUmedia (Chicago Public Library, s.d.). Tout comme nous le verrons dans la section des

programmes, ces espaces sont conduits par les intérêts des jeunes qui y participent. En 2016, 21,3% des bibliothèques de l’Ontario possédaient un makerspace spécialement pour les adolescents, alors que 26,5% possédaient un

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« fablab » (OPLA Child and Youth Services Committee, 2018, p.27-28). D’ici quelques années, l’ancienne bibliothèque Saint-Sulpice, à Montréal, deviendra également un espace de création pour les adolescents sous la tutelle de BAnQ. Ce nouvel espace bibliothèque-laboratoire souhaite « [c]ontribuer au

développement de la collectivité montréalaise et québécoise en facilitant la création et le partage des connaissances, l’appropriation des technologies, le développement de nouvelles idées et la réalisation de projets individuels ou collectifs » (Chagnon, 2018, p.5). Il faut toutefois rappeler que, comme Ismaël Bellil l’annonçait dans la discussion sur les collections, la technologie n’est pas tout, et il faut faire vivre un tel espace. Un « fablab » ou un makerspace qui n’est pas animé par des employés dédiés aux adolescents ne sera jamais plus qu’un autre endroit pour « chiller », sans que les adolescents s’intéressent réellement à ce qui peut y être réalisé. Benoît Desgreniers renchérit en disant que les

makerspaces ne remplacent pas les espaces pour adolescents. Ces deux espaces peuvent donc coexister de façon séparée dans la bibliothèque.

Plus que seulement physiques, les bibliothèques publiques peuvent élargir les espaces pour adolescents au numérique (Agosto, 2016, p.348). À l’ère des médias sociaux, une bibliothèque devrait avoir des comptes sur les réseaux que les adolescents utilisent. De cette façon, elle peut faire la promotion des services (ex. : partage de bande-annonce de livres, tenue de chasses au trésor en ligne, partage de liens pertinents dans des magazines qu’on retrouve à la bibliothèque, création de concours simples et rapides, partage de critiques de livres,

recommandations de lecture, etc.) (Booth et Jensen, 2014, p.149-150). Dans ses National Teen Space Guidelines, YALSA (2002, p.9) décrit les espaces virtuels comme devant assurer du contenu, un accès et une utilisation flexibles et adaptatifs, tout en reflétant les standards d’apprentissage du 21e siècle. Les

outils, le support et les ressources devraient servir à exploiter l’information de façon significative pour les besoins des adolescents. La présence en ligne accessible aux adolescents dépasse le besoin de se rendre en bibliothèque directement, ce qu’ils apprécient (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.15), puisque les services en ligne éliminent les restrictions d’heures et de localisation physique pour l’utiliser (Nowak, s.d., p.9). Un espace pour les adolescents sur le site même de la bibliothèque en fait un troisième lieu au même titre que l’endroit physique (Fink, 2015, p.48). L’espace You(th), à la bibliothèque publique de Kitchener, en Ontario, en est un excellent exemple (http://youthkpl.weebly.com/). Les bibliothèques de Laval n’ont pas d’espaces pour les adolescents sur leur site, mais Benoît Desgreniers ne croit pas qu’ils en soient affaiblis. Il estime que les adolescents vont peu sur les sites internet, y préférant les réseaux sociaux comme Instagram et Snapchat. Le Créalab de Repentigny possède une page Facebook et un compte YouTube, en plus d’une page sur le site web de la ville. Ismaël Bellil ne croit pas que les adolescents fréquentent la page Facebook, mais que ce sont plutôt les parents qui font le message à leurs progénitures lorsqu’un événement est annoncé. Les deux s’entendent pour dire que la communication se fait mieux directement avec les jeunes pour annoncer la programmation ou un événement, que ce soit à travers de bons vieux dépliants ou des interventions dans les écoles.

La programmation

Il y a plusieurs raisons de créer des programmes : ils gardent la bibliothèque visible dans la communauté, ils apportent de nouveaux usagers et encouragent les gens à revenir, ils aident à créer des partenariats, ils augmentent la

circulation, ils font la promotion des collections et de la littératie, et ils aident à remplir la mission de la bibliothèque (Booth et Jensen, 2014, p.64-65). Ils servent également à disséminer la culture et à encourager la lecture pour faciliter

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la transformation de l’information en connaissance (Blanes, 2005, p.5). C’est ce qu’on peut voir avec le programme hors-les-murs d’une bibliothèque

scandinave, en 2007. Le but de l’activité était de faire connaître la bibliothèque à un large public en se positionnant stratégiquement dans un festival de musique rock. Les commentaires ont tous été positifs et plusieurs nouvelles personnes se sont abonnées (Solyland, 2007).

Chez les adolescents, la programmation doit être connectée à l’apprentissage de compétences personnelles, de compétences de travail ou de compétences académiques qui les intéressent (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.16), même si elle ne l’est pas toujours. Lorsque les adolescents participent à des programmes en bibliothèque, ils en bénéficient comme individus et cela renforce le bien-être de la communauté (Derr et Rhodes, 2010, p.92). Les programmes leur fournissent un espace sécuritaire et neutre où ils peuvent se rencontrer, socialiser et apprendre (Fink, 2015, p.53). Selon Sarah Flowers (2017, p.35), les programmes doivent fournir des opportunités

récréatives et éducatives aux adolescents, en plus de positionner la bibliothèque comme un lieu où ils peuvent se rencontrer, apprendre et grandir. Ils doivent aussi, bien entendu, encourager les adolescents à utiliser la bibliothèque (Blanes, 2005, p.8).

L’IFLA (2015, p.5-6) note que les bibliothèques qui souhaitent offrir une programmation efficace et significative devraient rechercher la participation des adolescents à toutes les étapes du processus. Celle-ci doit être conduite par leurs passions et leurs intérêts (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.16), mais il faut également se concentrer sur les programmes les plus nécessaires aux adolescents de la communauté. Les programmes d’aide aux devoirs et de tutorat, les projets pour développer les habiletés de recherche et de littératie numérique, les programmes de lecture et d’apprentissage estivaux, les ateliers de compétence pratiques, les activités d’exploration de carrières et les programmes de préparation aux études supérieures en sont de bons exemples. Outre les adolescents, le site de YALSA et de Teen Librarian Toolbox (http://www.teenlibrariantoolbox.com/) sont d’excellents outils. On peut aussi trouver de l’information dans des livres sur la programmation pour les

adolescents, ou encore en demandant à d’autres bibliothécaires, au personnel de la bibliothèque et aux écoles du secteur (Fink, 2015, p.61-63).

Les adolescents tendent à rechercher des programmes qui leur offrent une chance d’exprimer leurs opinions et leur expertise, un endroit sécuritaire pour essayer quelque chose de nouveau, une façon de laisser leur trace et une expérience nouvelle ou différente (Flowers, 2017, p.36-37). Les bibliothèques ontariennes ont noté une hausse des programmes LGBT+ (17%), de l’aide aux devoirs (34%) et des programmes de leaderships (21%) depuis 2013, alors que les clubs de lecture (54%) et les clubs d’anime (15%) ont diminué (OPLA Child and Youth Services Committee, 2018, p.24). L’IFLA (2015, p.6) recommande certains programmes, comme les discussions sur des livres, les visites de célébrités, les performances culturelles, les productions d’adolescents, les ateliers d’apprentissage de compétences et les débats de lecture, parmi tant d’autres. Ismaël Bellil ne fait pas beaucoup de programmation, mais privilégie les activités comme les discussions avec des professionnels et les fêtes. Les bibliothèques de Laval font un travail semblable en mettant tout leur argent dans de gros projets, incluant leur plus récent jeu d’évasion.

Les différents types de programmes qu’une bibliothèque peut offrir dépendent de nombreux facteurs. On présentera plus de programmes structurés si on a un nombre restreint de participants, puisqu’ils demandent une

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configuration et un chemin clair. À l’inverse, on présentera un programme non-structuré si on a un grand nombre de participants, parce que les adolescents peuvent se guider eux-mêmes dans ce type de programme. Dans le même état d’esprit, les programmes passifs servent bien quand on a peu de ressources humaines et de temps, alors que les programmes actifs sont définis dans le temps et l’espace (Booth et Jensen, 2014, p.65-66). Le Kentucky Youth Film Festival, par exemple, est un programme actif non-structuré. Les adolescents soumettent leur film créé pendant l’année lors du festival et sont jugés par un groupe de bibliothécaires, d’enseignants et de professionnels de l’industrie

cinématographique. Des prix sont décernés pour les meilleurs films (Braun et Peterson, 2017, p.38-39). À Montréal, le programme « coup de poing » est actif et structuré, car il se fait sous forme de rencontres dirigées avec les adolescents, où des albums chocs sont lus, puis discutés en groupe (Moreau, 2009, p.26-27). Animanga Reality Contest, en Floride, faisait partie des programmes passifs non-structurés, étant un concours auquel les adolescents participaient à leur rythme (King, 2007, p.9). Au sein d’une programmation complète, on doit diversifier les types de programmes et les publics auxquels ils s’adressent. En effet, les adolescents de 13 ans n’aiment pas les mêmes choses que ceux de 17 ans, et les lecteurs n’apprécient pas les mêmes activités que les non-lecteurs (Booth et Jensen, 2014, p.66).

En plus d’aller vers les adolescents, il est essentiel de piger dans les ressources qu’offre la communauté pour aider à planifier, à implanter et à évaluer les programmes (Fink, 2015, p.64). Si on veut incorporer la technologie dans la programmation de la bibliothèque, cela demande de connaître les tendances courantes. On peut donc travailler avec des adolescents qui possèdent des aptitudes avec la technologie pour créer et aider à présenter les programmes (Booth et Jensen, 2014, p.68-69), ou encore leur faire créer et diriger ces programmes en collaboration avec des experts (Braun, Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.16). C’est ce qu’ont déjà fait plusieurs bibliothèques. Hennepin County, aux États-Unis, a sa Teen Tech Squad, qui comprend une trentaine d’adolescents travaillant dans sept bibliothèques du réseau. Ces derniers recherchent, créent et mènent des expériences interactives pour que les plus jeunes acquièrent des aptitudes dans les domaines STEAM (science, technologie, génie, arts technologiques créatifs et mathématiques) (Braun et Peterson, 2017, p.5). Plusieurs bibliothèques québécoises ont implanté le programme Générations@Branchées depuis sa création par la bibliothèque de Blainville, en 2009. Ce programme de jumelage informatique permet aux adolescents de transmettre aux adultes leurs connaissances en informatique, tout en favorisant les relations intergénérationnelles, le développement des

compétences numériques de la collectivité et le développement social et professionnel des adolescents (Générations@Branchées, s.d.).

Denise E. Agosto (2016, p.348) estime que les bibliothèques devraient incorporer les médias sociaux dans la programmation, citant l’aide aux devoirs, la discussion de livres en ligne et l’enseignement de la citoyenneté numérique comme des exemples de programmes à implanter. C’est le cas de la Teen Tech Week, organisée par YALSA, qui se donne comme mission de garantir que les adolescents soient des utilisateurs compétents et éthiques des médias

numériques (Teen Tech Week, 2018). La bibliothèque peut, plus simplement, créer des blogues, des pages wikis ou des groupes Facebook auxquels les adolescents peuvent contribuer (Nowak, s.d., p.9) C’est ce que fait la

bibliothèque de Québec, avec son club de lecture estival Chien de lisard. Le site web est central au programme, incluant des débats, des échanges et des activités en ligne (Bibliothèques de la Ville de Québec, s.d.; BAnQ et Grenier, 2011).

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Les gestionnaires et les instances chapeautant les bibliothèques demandent souvent des statistiques pour supporter la programmation et démontrer ses effets. En ce qui concerne les services aux adolescents, les programmes ne peuvent pas être évalués qu’en statistiques. Il faut plutôt évaluer selon les compétences YALSA, les 40 Acquis dont les jeunes ont besoins pour réussir et l’opinion des adolescents eux-mêmes – qu’on se doit d’inclure dans le rapport annuel (Booth et Jensen, 2014, p.51). Ismaël Bellil et Benoît Desgreniers croient tous deux que l’énergie est trop souvent dépensée pour soutenir les statistiques quantitatives, alors que c’est plutôt l’expérience – le côté qualitatif – qui devrait être mesurée. Les résultats des programmes peuvent être évalués en termes de compétences ou de connaissances acquises (Braun Hartman, Hughes-Hassell et Kumasi, 2014, p.16), comme le fait la bibliothèque de Johnson County, aux États-Unis, avec ses adolescents en milieu carcéral. Le programme Digital Storytelling leur apprend à s’exprimer et à comprendre la valeur de l’histoire et des mots, en plus de leur donner l’opportunité de devenir des agents de changement dans leur communauté (Braun et Peterson, 2017, p.64). De même, le programme de bénévolat de la bibliothèque publique de Chattanooga mène à la production d’une feuille de compétences acquises que les adolescents peuvent ensuite intégrer à leurs demandes d’emploi ou à leur inscription à l’université (Emery, 2016, p.32). Plus près de chez nous, la bibliothèque de Kitchener propose le programme Story Sheroes, présenté l’hiver dernier à la Superconférence de l’OLA, pour les préadolescentes. Ce programme leur permet de générer l’estime de soi, d’explorer la créativité, de créer des amitiés, d’apprendre l’amour-propre, de pratiquer la libre expression, de donner un endroit aux jeunes pour introduire de façon sécuritaire des sujets difficiles, d’aborder des questions importantes et de partager leurs voix et connecter avec leur communauté (Skeen, Burt et Gordon, 2019).

Conclusion

Cette étude portait sur les services aux adolescents en bibliothèque publique, avec une centralisation sur le Québec. La notion d’adolescent a d’abord été définie, pour mieux cerner le public de ces services. Puis, les cinq divisions notées par Chelton (2010) et retrouvées dans la majorité de la littérature ont été utilisées pour décrire leurs différents aspects : employés, groupe conseil, collections, espaces et programmation.

La section des employés portait sur les compétences requises pour travailler avec les adolescents, la notion de bibliothécaire pour ados, les relations des divers employés avec ces derniers et l’idée de bénévolat et d’adolescents employés en bibliothèque. Il en ressort que plusieurs compétences sont

souhaitables, mais qu’il faut d’abord écouter et comprendre les adolescents. Il y a très peu de bibliothécaires dédiés majoritairement aux services aux ados dû au manque de ressource dans la majorité des réseaux. Les relations peuvent par contre être améliorées avec les autres employés, même si ceux-ci ne se définissent pas comme faisant partie de la division adolescente (ou même jeunesse). Enfin, avoir des adolescents bénévoles ou employés à la bibliothèque peut être une bonne idée – souhaitable, même – si on peut naviguer les

conventions collectives et structures administratives qui régissent les bibliothèques publiques au Québec.

La section du groupe conseil apportait une définition au sujet et parlait de la création, du format, des rencontres et des initiatives possibles, avant de terminer par l’ouverture vers d’autres types d’inclusion des adolescents. Il est préférable d’inclure les adolescents à tous les niveaux de décision en ce qui les concerne, et cela peut passer par un groupe conseil formel, qui devra être créé, puis dirigé.

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Former un tel groupe demande beaucoup de travail et ne fonctionnera pas nécessairement. Il est également possible qu’un groupe conseil ne soit pas représentatif de l’ensemble des usagers (et non usagers) adolescents. Il est donc possible de faire des rencontres ou d’organiser des discussions plus spontanées, selon les besoins et les ressources disponibles.

La section des collections comportait une définition de celles-ci et des types de documents qu’on y trouve, des particularités par rapport aux collections pour adultes et pour enfants, des outils de développement et des informations supplémentaires sur ce que les adolescents utilisent en bibliothèque. Les collections pour adolescents devraient contenir plusieurs types, formats et genres littéraires pour répondre aux intérêts de tous. Une mise en valeur des documents doit être faîte, pour que les jeunes puissent savoir ce qui s’y trouve. Le

développement de collection doit se faire selon leurs besoins et leurs intérêts, ce que la personne responsable peut chercher de plusieurs façons, à travers des outils professionnels et les adolescents eux-mêmes. En plus des documents de leur section, les jeunes doivent avoir accès à l’ensemble des ressources de la bibliothèque, qu’elles soient physiques ou numériques.

La section sur les espaces définissait ce qu’étaient les espaces physiques, en plus d’informer sur leur raison d’être, les fondements derrière leur existence et leur constitution. On y trouvait aussi une définition des makerspaces et des « fablab », en plus des espaces numériques. Un espace physique en bibliothèque pour adolescent peut être une salle complètement fermée avec des stations, ou un simple coin de la bibliothèque regroupant leurs collections. C’est la présence de ce type d’espace qui importe, puisqu’il influence le développement des jeunes. Un espace bien conçu influencera favorablement leur développement et leur vision de la bibliothèque. Pour ce faire, ce sont les adolescents même qu’il faut impliquer dans la conception et la mise sur pied de l’espace, puisque ce sont eux qui connaissent le mieux leur besoins et leurs intérêts. Tout, jusqu’à la configuration et au type de mobilier utilisé, doit être pensé pour eux. Les makerspaces et « fablab » peuvent être des espaces intéressants pour les adolescents, s’ils sont bien soutenus par une programmation et des employés dédiés. Ce type d’endroit n’est toutefois pas synonyme d’espace pour adolescents. Plus que les espaces physiques, les espaces numériques sont également importants, à condition de savoir ce que les adolescents utilisent et comment les rejoindre.

La section sur la programmation citait les raisons pour créer des programmes en général, puis plus spécifiquement pour les adolescents. On y rapportait des outils pour développer la programmation, ainsi que des idées et des types de programmes existant. Enfin, on y parlait de l’évaluation quantitative et

qualitative de ces programmes. Les programmes présentent des bienfaits pour la bibliothèque et pour la communauté. Chez les adolescents, ces bienfaits peuvent compléter leur formation académique ou générale. Il existe plusieurs outils pour aider les bibliothécaires à développer une programmation, mais c’est avant tout la participation et les suggestions des adolescents qu’il faut rechercher. Le type de programmes offert diffèrera selon les besoins et les ressources disponibles. En variant les types et les sujets des programmes, la bibliothèque s’assurera de répondre à tous les besoins et les intérêts des adolescents qui la fréquente. Les jeunes eux-mêmes peuvent parfois implanter et animer des programmes qui mettent en valeur leurs compétences. Cela peut se faire physiquement ou à travers les espaces numériques de la bibliothèque. À la fin d’un programme pour adolescents, il est important de recueillir autant de données qualitatives que quantitatives, puisque les statistiques à elles seules peuvent donner l’impression

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d’un programme peu populaire, alors qu’il est très important pour les adolescents de la communauté.

Tous les aspects énumérés ci-hauts ont leur place dans les services aux adolescents, et il est primordial d’y réfléchir lorsqu’on sert ce public. Les services aux adolescents ne sont pas moins importants que les services jeunesse ou aux adultes. Ces jeunes sont une population à part entière que nous nous devons de servir adéquatement. Cela passe par la connexion avec ces jeunes. Il faut apprendre à les connaître et à comprendre leur réalité. On doit prendre leurs besoins et leurs intérêts au sérieux pour créer des collections, des espaces et des programmes qui leurs conviennent. Chaque communauté est différente, et chaque adolescent est unique. Il importe de définir quels adolescents fréquentent nos bibliothèques pour les inclure. Nous devons arrêter de traiter les adolescents comme une nuisance, et commencer à les voir comme un public comme les autres, qui mérite nos efforts et notre soutien. Apprendre à mieux les servir assurera une nouvelle génération d’ambassadeurs des bibliothèques publiques.

Au Québec, comme ailleurs, certaines tendances ont pu être remarquées dans les dernières années, soulignées par messieurs Bellil et Desgreniers. Une obsession pour l’architecture et les makerspaces et « fablab » s’est manifestée, allant souvent jusqu’à obscurcir les besoins et les intérêts de la population supposément desservie par ces constructions. Certaines administrations ont préféré tenter de copier d’autres bibliothèques, plutôt que d’apprendre à mieux servir leurs usagers en les consultant. Heureusement, il semble que le message commence à passer, et que les esprits s’ouvrent vers l’inclusion des adolescents dans les décisions sur les services qui les touchent. Dans la profession, chez les étudiants, même au niveau politique, il semble qu’on s’intéresse de plus en plus à ce que veulent et ce que pensent les adolescents. Si cette tendance se

maintient, il y a fort à parier qu’il sera plus facile de trouver des écrits et des exemples de projets documentés sur les services aux adolescents en

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