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Raymond Macherot, Sibylline et Elixir le Maléfique, planche n° 6, 468 x 384 mm, 1977, (Liège, Musée des Beaux-Arts / La Boverie, BD 78/3A).

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près des débuts comme dessinateur de presse dans le périodique Pan, sous le pseudonyme de Zara, Raymond Macherot (Verviers, 1924-2008) entre au journal Tintin, édité par Le Lombard, en 1953. Rapidement, il y publie de courtes histoires complètes, dont plusieurs prennent déjà la forme de fables animalières. C’est pour

Tintin qu’il écrit et dessine la série Chlorophylle et Minimum, narrant les aventures d’un lérot et d’un mulot harcelés par le chef d’une bande de rats noirs, Anthracite.

L’année 1964 marque un premier tournant dans la carrière de Macherot. Abandonnant au Lombard ses droits sur Chlorophylle, il quitte Tintin

pour Spirou, au sein de la maison Dupuis, qu’il ne quittera plus. C’est là qu’il créera les héros animaliers

Chaminou, Pantoufle, Mirliton, mais surtout Sibylline, dont les aventures sont considérées comme un classique du neuvième art en Belgique. Les bandes dessinées de Macherot sont reconnaissables à leur dessin, dont le trait de pinceau est ample et précis, mais également à leur contenu, traduisant une vision acerbe du monde moderne, urbain.

Les aventures de Sibylline débutent en 1965. Souris au caractère bien trempé, Sibylline est l’héroïne centrale du petit monde campagnard et intemporel dans lequel elle évolue. Caricature poétique du monde des hommes, le Bosquet Joyeux est le lieu de vie de personnages animaliers auxquels Macherot a donné des personnalités humaines : Sibylline et son fiancé Taboum (gaffeur invétéré) luttent contre le bandit Anathème (version burlesque d’Anthracite), aidés dans leurs aventures par le corbeau Flouzemaker (rusé financier) et le hérisson Verboten (agent de police).

Malheureusement, la vie de Macherot est également mar-quée par la dépression, maladie qui retentira sur son œuvre. Suite à un épisode sévère vers 1967-1968, la bande dessi-née de Macherot change brutalement : le graphisme devient brouillon, perdant le souci du détail qui le caractérisait. Après un arrêt momentané de la série, Macherot reprend mais sans l’inventivité d’antan. Il s’adjoint les services de scénaristes : Yvan Delporte pour une histoire, Paul Deliège pour quatre.

Cette période dépressive marque un second tournant dans l’œuvre de Macherot. Sibylline bascule dans un monde fantastique, d’abord par notes dans les épisodes scénarisés

par Deliège, puis de manière plus marquée, lorsque Macherot reprend seul les rênes de la série en 1977. Le Bosquet Joyeux devient Gutaperka, une lande où les personnages de la série deviennent les victimes d’événements surnaturels, à l’issue parfois noire pour les personnages secondaires.

Sibylline et élixir le Maléfique est le premier récit de cette période qui sera baptisée par certains le « Grand Récit Fan-tastique ». Sibylline et Taboum doivent y faire face à élixir, voleur de bijoux qui enlèvera Taboum de façon à le faire accuser du larcin. Ils seront aidés d’un curieux martien rose qui se révèlera être, à la fin, tante Hortense ayant fait croire en son décès de manière à mener l’enquête

incognito.

L’œuvre de Macherot ne peut se résumer à de poétiques et amusantes histoires animalières. Le monde auquel il donne vie dans Sibylline est une société structurée, sans gouvernement mais peuplée de membres égaux, aux fortes personnalités, qui s’associent dans leur lutte contre un danger venant systématiquement de l’extérieur. L’argent y est inconnu, mais le troc existe. Féministe, Macherot est l’un des premiers auteurs à créer une série dotée d’une héroïne. Au travers des récits, s’affirment éga-lement des revendications pacifistes et éco-logistes. Les Aventures de Sibylline sont da-vantage des fables que de simples histoires, les métaphores de l’auteur induisant une satire parfois violente. Macherot lui-même inclut d’ailleurs quelques clins d’œil à Jean de la Fontaine, comme une planche d’élixir le Maléfique où Sibylline échappe à un renard, grâce à l’aide d’un corbeau qui l’attirera à l’aide d’un camembert.

S. Simon

turgeoN David, « La nuit fantastique de Macherot », in

Du9, l’autre bande dessinée, 2009, disponible à l’adresse suivante : https://www.du9.org/dossier/sibylline-retrouvee/ (consultée le 11 mars 2018).

tCharNy Jacques, « Raymond Macherot, un grand poète belge

de la BD », in Wukali, 2016, disponible à l’adresse suivante : http://www.wukali.com/Raymond-Macherot-un-grand-poete-belge-de-la-BD-2659 (consultée le 11 mars 2018).

maCherot Raymond, Intégrale Sibylline, t. 3 : 1975-1982,

Paris, Casterman, 2012, 216 p.

Raymond Macherot, Sibylline et Elixir le Maléfique,

planche n° 6, 468 x 384 mm, 1977, (Liège, Musée des Beaux-Arts / La Boverie, BD 78/3A).

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