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L'engagement des jeunes volontaires en service civique dans les associations sportives : entre motivations, usages et dérives

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Academic year: 2021

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Université Haute Bretagne Rennes 2

Sous le sceau de l’université Européenne de Bretagne Pour obtenir le diplôme de :

Master Sport Sciences Sociales Administration Territoires Intégration HAUTE BRETAGNE RENNES 2

Présenté par

Adrien Brucker

Préparé au VIPS2

Laboratoire de Recherche : Violences, Innovations, Politiques, Socialisations et Sports

https://www.univ-rennes2.fr/vips2

L’engagement des jeunes volontaires en

service civique dans les associations

sportives

Entre motivations, usages et dérives

Mémoire soutenu le 30 mai 2017

Sous la direction scientifique de :

Yohann Rech (Maître de conférences à l'UFR APS de l'Université Rennes 2)

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Remerciements

Université Haute Bretagne Rennes 2

Sous le sceau de l’université Européenne de Bretagne Pour obtenir le diplôme de :

Master Sport Sciences Sociales Administration Territoires Intégration HAUTE BRETAGNE RENNES 2

Présenté par

Adrien Brucker

Préparé au VIPS2

Laboratoire de Recherche : Violences, Innovations, Politiques, Socialisations et Sports

https://www.univ-rennes2.fr/vips2

L’engagement des jeunes volontaires en

service civique dans les associations

sportives

Entre motivations, usages et dérives

Mémoire soutenu le 30 mai 2017 Sous la direction scientifique de :

Yohann Rech (Maître de conférences à l'UFR APS

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Remerciements

Remerciements

Avant tout, je tiens à adresser mes remerciements à toutes les personnes qui m’ont aidé dans la réalisation de ce mémoire. Notamment, Coralie Sérot qui m’a accordé un soutien sans faille tout au long de cette aventure.

Je remercie Madame Gaborel Anne-Sophie, attachée temporaire d'enseignement et de recherche à l’université de Rennes 2. Elle a su m’accompagner et me guider en me distillant des conseils précieux. Les différents échanges que nous avons pu avoir ont été de qualité et m’ont permis d’avancer sereinement sur ce projet.

Je remercie également tous les jeunes volontaires en services civiques et les différents enquêtés pour le temps qu’ils m’ont accordé ainsi que les données qu’ils m’ont transmises. Leur énergie et leur enthousiasme m’ont permis de m’immerger pleinement dans la rédaction de ce mémoire de recherche.

J’en profite également pour dire merci à l’ensemble des personnes qui ont répondu à mes questions avec franchise. Le soutien de ma structure de stage lors de cette expérience a également été précieux et je les en remercie.

En dernier lieu, je tiens à remercier mon entourage qui a parfois pu se montrer critique à l’égard de mon travail et de cette rédaction, à savoir Coralie Sérot, Isabelle Brucker, Sophie Sérot, Charlotte Nocitau et Geoffrey Chiricot et tous ceux qui, de près ou de loin par des échanges informels, ont pu y contribuer.

Enfin, je remercie ma cafetière qui m’a accordé un soutien caféiné indéfectible et sans relâche.

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Sommaire

Sommaire

Remerciements ... 2

Introduction ... 4

PARTIE 1 : Recherche théorique ... 9

I. Le service civique : présentation historique et technique ... 9

II. Les concepts et les enjeux phares du service civique ... 17

III. Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil ... 26

IV. La sphère associative ... 36

V. Sport et service civique ... 45

VI. Problématique ... 49

VII. Choix du cadre de l’étude ... 52

VIII. Hypothèses ... 54

PARTIE 2 : Recherche empirique ... 56

I. Méthodologie ... 56

II. Préambule ... Erreur ! Signet non défini. III. Rôle et missions de l’Etat ... 73

IV. Le service civique : Du recrutement à l’accompagnement du jeune ... 75

V. L’engagement des jeunes volontaires en service civique dans les associations sportives ... 87

VI. Le jeune volontaire : un positionnement particulier ... 99

VII. Un dispositif marqué par les dérives ... 110

Conclusion ... 126

Bibliographie ... 130

Webographie ... 137

Table des abréviations ... 138

Table des tableaux ... 139

Table des notions et concepts principaux ... 140

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Introduction

Introduction

Aujourd’hui, une question se pose concernant l’engagement de la jeunesse française et de l’exercice de sa citoyenneté dans le milieu associatif sportif. En effet, on assiste à des changements sociétaux qui modifient les formes d’engagement de notre civilisation. On entend souvent dire que les jeunes ne s’engagent pas assez. D’autant que le monde associatif est aussi victime d’une professionnalisation accrue et d’une baisse du nombre de bénévoles. Dans ce contexte, de nombreuses politiques publiques ont tenté de mobiliser les jeunes en utilisant l’engagement comme fer de lance. Le service civique en est un exemple concret.

Cette politique publique mobilise environ 70 000 jeunes français âgés de 16 à 25 ans. Ces jeunes évoluent et s’engagent volontairement dans des associations, des collectivités territoriales ou dans des établissements publics. C’est donc une partie de la jeunesse française qui est touchée par ce dispositif créé par la loi du 10 mars 2010. Il est notamment apparu après de nombreuses réformes. Ainsi, il peut être perçu comme l’héritier des dispositifs tels que les volontariats civils puis le service civil volontaire. Il est, par conséquent, porteur « de valeurs symboliques

fortes qui s’apparentent aux anciennes fonctions sociales et politiques attribuées à la conscription » (Becquet, Boubal, 2013, 537).

Sa création et sa mise en place ont pour enjeux de mobiliser et favoriser l’engagement de la jeunesse française. L’ancien ministre de la Ville et de la Jeunesse, Patrick Kanner, avait déclaré à ce sujet que « le service civique n’est

pas un emploi, c’est une mission d’intérêt général […] le service civique est un outil d'insertion, non pas classique, mais par l'engagement1». L’engagement et

l’exercice de la citoyenneté des jeunes semblent être au cœur de cette politique publique, mais qu’en est-il réellement ?

Tel qu’il est décrit dans les textes, le service civique présente une double logique (Becquet, 2010). Une première logique avant tout citoyenne car la mission du volontaire doit servir l’intérêt général. L’ancien Président de la République

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Introduction

François Hollande disait à ce sujet, lors des vœux à la jeunesse et aux forces de l’engagement, que « s’engager, c’est être utile deux fois, pour soi et pour les

autres 2». Dans le Code du service national - Article L120-1, on peut également lire que le dispositif « offre à toute personne volontaire l'opportunité de servir les

valeurs de la République et de s'engager en faveur d'un projet collectif ». La

seconde logique est dite d’insertion car le service civique doit permettre aux jeunes de réfléchir à leur avenir et d’acquérir et développer des nouveaux savoir-faire. Cela traduit une volonté politique claire qui souhaite intégrer socialement, économiquement et politiquement les jeunes dans la société.

Les enjeux et les objectifs présentés par cette politique publique sont larges et il semble pertinent de voir si les usages du dispositif faits par les jeunes volontaires répondent aux enjeux énoncés par celui-ci. D’autant que ces jeunes qui s’y engagent ont tous des motivations et des intérêts personnels qui les ont conduits à opter et à s’investir en faveur d’un service civique. Par conséquent, selon Valérie Becquet (2011) leur usage du dispositif peut différer selon leurs intérêts initiaux et la place qu’occupe le service civique dans leur parcours.

Dans cette logique d’engagement et d’intégration sociale, l’espace associatif sportif apparaît comme un espace régulièrement plébiscité par les volontaires pour y effectuer leur six à douze mois de service civique. En 2015, 50% des organismes d’accueil des services civiques sont des associations et 13% des missions de service civique proposées par l’agence sont des missions s’inscrivant dans le champ sportif.

L’engagement et l’intégration des jeunes en service civique dans les associations sportives vont ainsi monopoliser notre attention. Pour cela, nous allons nous intéresser de plus près aux différentes formes que peut prendre l’engagement des jeunes selon leurs motivations et voir comment il peut se caractériser dans les associations sportives.

Afin de réaliser un focus, sur cette question, il est nécessaire de voir en quoi l’environnement sportif peut impacter l’engagement du volontaire dans sa structure. En d’autres termes, ce mémoire, placé sous l’angle de la sociologie,

2 Extrait du discours de François Hollande lors des vœux à la jeunesse et aux forces de l’engagement, Paris à Maison de la Radio, le lundi 11 janvier 2016.

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Introduction

tentera légitimement de s’interroger sur les réelles motivations des jeunes s’engageant en service civique dans les associations sportives ainsi que sur l’usage du dispositif fait par ces jeunes. Il permettra également de voir s’il existe des décalages ou des dérives par rapport aux objectifs énoncés par le dispositif. Que recherchent les volontaires dans les associations sportives à travers leurs expériences du service civique ? S’engagent-ils pour défendre une cause citoyenne, servir l’intérêt général ou bien pour tout autre motif ?

Pour répondre à la problématique de ce mémoire, il conviendra de discuter les hypothèses qui seront présentées au fil de la lecture. Le mémoire se divisera en deux grandes parties. Notre réflexion et notre argumentation s’appuieront sur des auteurs et des scientifiques qui ont déjà abordé cette thématique de façon à faire émerger des concepts et des théories sur lesquels nous pourrons nous appuyer lors de notre étude.

La première partie de ce mémoire sera d’ordre théorique. Tout d’abord, nous présenterons techniquement et historiquement le dispositif afin de bien s’imprégner de sa philosophie et de son esprit. Puis nous proposerons d’éclaircir des concepts phares liés au dispositif qu’est le service civique. Ainsi nous aborderons la question de l’engagement qui est au cœur de notre réflexion. Nous questionnerons et définirons le concept de citoyenneté et nous discuterons de l’intégration des jeunes en service civique. Dans un troisième temps, nous nous pencherons sur le statut et le profil du volontaire, afin de bien comprendre les caractéristiques potentielles des usagers du service civique. Par ailleurs, nous réaliserons un focus sur la sphère associative et sur les types d’associations dans lesquelles peuvent être accueillis les volontaires pour comprendre dans quel environnement ils évoluent. Enfin, nous ferons étape par l’étude des valeurs du sport et nous verrons que certaines peuvent être en lien avec cette politique publique.

Cette première partie, qui s’articule autour d’apports scientifiques et théoriques, a pour ambition de faire émerger un ensemble de questionnement en lien avec notre étude et finira par cibler une problématique. Celle-ci sera précisée par l’ajout d’éléments de contextualisation comme notre terrain d’enquête et notre public cible.

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Introduction

Le cadre de notre étude sera alors posé et le questionnement soulevé, nous pourrons donc énoncer nos hypothèses. Ces dernières seront en lien avec nos choix de terrain et seront au nombre de deux. Une enquête de terrain s’en suivra et pour terminer, l’analyse des résultats de l’enquête viendront vérifier ou non les hypothèses.

La deuxième partie de notre étude sera empirique et viendra illustrer tout le cheminement intellectuel de notre recherche. Pour commencer, nous expliquerons le choix de notre méthodologie d’enquête utilisée lors de notre étude. Il est important d’étayer nos choix méthodologiques afin de bien cerner la pertinence et la construction de nos différents outils mobilisés tout au long de notre réflexion.

Enfin, il sera temps de faire dialoguer nos concepts et théories avec nos résultats et analyses de terrain, pour affirmer ou infirmer nos hypothèses. Cette partie sera organisée par thèmes dans le but de présenter au mieux les résultats et les données de notre réflexion et constituera l’épicentre de notre sujet. La partie analytique des résultats se construira d’un préambule qui exposera les limites de notre terrain d’enquête et des démarches d’investigations. Cette première partie présentera également le contexte géographique de notre étude et exposera les conditions dans lesquelles l’enquête a été menée.

Ensuite, les résultats obtenus grâce à l’enquête et aux outils méthodologiques seront analysés afin d’apporter des réponses à nos questionnement. En dernier lieu, nous évoquerons les discussions qui ont émergé lors de cette recherche et nous répondrons à nos hypothèses de départ.

Nous conclurons en donnant une réponse à la problématique et aux hypothèses. Cette conclusion, clôturera cet écrit en apportant un regard critique sur ce travail et en évoquant les diverses perspectives de recherches.

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Introduction

Point Epistémologique

Le statut de recherche est important lorsque l’on mène une étude de ce type. En effet, le statut d’étudiant réalisant son mémoire de fin d’étude sera apprécié tout au long de l’enquête car il peut donner accès à beaucoup de ressources lors de celle-ci (Beaud ; Weber, 1998, 34). Les enquêtés sont souvent sensibles à la démarche de recherche d’un étudiant et veulent très souvent lui rendre service. Le fait d’être en service civique également peut nous accorder une posture privilégiée lors de l’enquête. En effet, nous serons plus proches des réalités des différents volontaires et seront déjà pleinement immergé dans le sujet de recherche. Il y a aura peut-être plus de confiance de la part des volontaires interrogés lorsqu’ils auront connaissance de ce double statut. Reste à déterminer si cela sera un avantage ou bien un inconvénient.

Cette posture est intéressante car nous avons déjà vécu cette expérience de volontaire en service civique et nous pourrons ainsi mieux comprendre le positionnement des jeunes et les motifs de leur engagement. En outre, la rencontre avec les enquêtés devra avoir lieu lorsqu’ils auront du temps à nous accorder. Nous devrons alors être très flexible avec nos propres horaires. Une flexibilité qui nous a été accordée afin de pouvoir mener à bien notre étude.

Enfin, le choix de ne pas faire de recherches en lien avec le stage de master 2 nous a permis d’être dans une posture neutre lors de l’enquête. Ce qui permet d’être plus objectif face aux discours des enquêtés. Cela met en avant la posture de recherche car l’investissement dans cette démarche, en dehors du stage, est total. Cela permet aussi d’élargir un réseau professionnel et de rencontrer des nouvelles personnes dans le milieu associatif sportif Loir-et-Chériens. Ce qui n’est pas négligeable pour une future insertion professionnelle.

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PARTIE 1 : Recherche théorique

PARTIE 1 : Recherche théorique

I.

Le service civique : présentation historique et technique

Pour comprendre l’émergence d’un dispositif comme le service civique, il est important de prendre en compte son évolution historique et politique. Le service civique est un dispositif récent (2010) mais qui, en réalité, a pour origine le service national ou militaire. Son étude, à la fois historique et politique, va nous permettre de mieux comprendre la dimension citoyenne qui peut exister autour de son application. De même, il sera également légitime d’aborder la notion d’engagement qui semble être le cœur d’un outil citoyen comme le service civique.

1. Approche historique : du service civil au service civique

L’apparition du service civique peut être abordée selon quatre grandes périodes qui caractérisent les principales évolutions liées à l’émergence de la loi 2010-241 du 10 mars 2010 relative au service civique.

1960-1990 : le service national

La première période identifiée se situe entre les années 1960 et 1990. Le service militaire est en place depuis de longues années et notamment depuis la loi Berteaux du 21 mars 1905 qui stipule que tous les hommes sont maintenant appelables pour deux ans. Mais dans les années 1960, l’armée se heurte à de nombreuses résistances de la part de la jeunesse qui trouve cet engagement trop long et parfois inadapté à leur poursuite d’études. Certains refusent même de s’engager dans un service militaire et tentent de trouver des échappatoires. Après ces évènements, l’ordonnance du 7 janvier 1959 remplace alors le terme de service militaire par celui de service national. Cela marque le début d’une différenciation des modalités du service militaire. Le côté citoyen émerge et il y a une multiplication des formes civiles du service national. Trois formes de service civil apparaissent et sont inscrites dans le code du service national, notamment l’aide technique et la coopération. On parlera alors « d’institutionnalisation de

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Le service civique : présentation historique et technique

de remettre en cause progressivement l’utilité du service militaire car de nombreux jeunes effectuaient leur service national sous une forme civile et les protestations des milieux étudiants ont fini par se faire entendre. Le côté militaire laisse donc peu à peu place à un côté civil et davantage citoyen.

1996 – 2004 : la professionnalisation des armées et ses conséquences

La deuxième grande période que l’on peut identifier se situe entre les années 1996 et 2004. Le 22 février 1996, Jacques Chirac, Président de la République durant cette période, annonce lors d’une intervention télévisée que le service national va être suspendu pour permettre à l’armée de se professionnaliser. L’ambition est à ce moment d’avoir une défense plus moderne et professionnelle. Il veut par conséquent supprimer le service militaire obligatoire et le remplacer par une forme de volontariat (Becquet, 2011,15). A noter que cette évolution apparaît dans un contexte de restriction budgétaire (Colin, 2015, 8). La forme de volontariat dont parlait le Président de la République est à ce jour remplacée par la JAPD (Journée d’Appel de Préparation à la Défense) destinée à tous les jeunes Français à partir de dix-sept ans. A la suite de cette annonce, Jacques Chirac envisage alors la création d’un service civile volontaire mais sa mise en œuvre va se heurter à « la

complexité et à la lenteur de la réforme du service national» (Colin, 2015, 6). Ce n’est qu’en 2000, que le volontariat civil va apparaître. Il est défini par la loi N°2000-242 du 14 mars 2000, relative aux volontariats civils et s’adresse aux jeunes de dix-huit à sept ans. Sa durée peut être comprise entre six à vingt-quatre mois et il peut être effectué au sein d’une collectivité territoriale, d’une association ou d’une entreprise. De plus, le volontariat civil n’est pas compatible avec une activité rémunérée. Toutefois, son instauration sera peu soutenue par les différents gouvernements et sera concurrencée par la création des emplois jeunes (Becquet, 2011, 15). Son usage va être très limité d’autant que d’autres dispositifs, comme le service volontaire ou encore le volontariat de solidarité vont faire leur apparition. Enfin, d’après le bilan de la vie associative de 2000-2002, les associations, principaux lieux d’accueils de ces différents dispositifs, trouvent que ceux-ci ne sont pas adaptés aux pratiques associatives.

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Le service civique : présentation historique et technique En 2005 : l’épisode Ziad et Bouna

Le 27 septembre 2005, deux adolescents trouvent la mort à Clichy Sous-Bois. Alors qu’ils pensent être poursuivis par la police, ils se réfugient dans un transformateur EDF et y trouvent la mort. Cet évènement va être le point de départ d’une vague de violence et d’émeutes urbaines qui vont avoir lieu à Clichy Sous-Bois dans un premier temps. Puis les violences vont se répandre dans un grand nombre de banlieues touchées par le chômage et l’insécurité. A la suite de ces incidents, le Président de la République, Jacques Chirac, prend la parole lors d’un discours télévisé et annonce publiquement la création d’un service civil volontaire qui doit concerner 50 000 jeunes entre 2005 et 2007. Il déclarera publiquement que le service civil volontaire doit «mieux aider les jeunes en difficultés à aller vers

l’emploi » en « associant accompagnement et formation3 ». Il souhaite « donner aux jeunes les mêmes chances face à l’emploi 4». Cette mesure est une première

réponse politique aux problématiques de la jeunesse et notamment celle des banlieues touchées par les violences urbaines. Elle peut être perçue comme une mesure de fond pour les jeunes résidants dans les ZUS (Zone Urbaine Sensible.)

Ces évènements rappellent ceux des « Minguettes » de 1981 à 1983. Ce quartier avait été le lieu de nombreuses violences urbaines à la suite de violences policières envers des jeunes du quartier. Un acte pacifique « la marche des beurs » avait fini par émerger de ces violences mais sans réellement régler les problèmes de ces quartiers et de leur population. Ce premier soulèvement des banlieues en France correspond à l’apparition d’une nouvelle préoccupation politique. Il faut alors agir contre les effets de l’isolement et de la paupérisation des quartiers. Le public concerné est décrit comme ayant des déficits relationnels et de socialisation, limitant ainsi son intégration et son insertion. Le gouvernement avait alors décidé de créer la politique de la ville et de mettre en place un poste de ministre de la ville.

3 Déclaration aux Français de Monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République. Palais de

l'Elysée - lundi 14 novembre 2005. 4 /

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Le service civique : présentation historique et technique De 2006 à 2010 : vers un service civique

L’annonce télévisée du Président de la République (Jacques Chirac) aura pour effet de déclencher dans la caste politique, de nombreuses interrogations et des débats sur la nécessité de rétablir un service civil obligatoire. La majorité des candidats à l’élection présidentielle de 2007 inscrira cette mesure dans son programme. En effet, ce dispositif (service civil volontaire) mis en place en 2006 est peu utilisé et concerne un nombre insuffisant de jeunes. Cet échec serait dû

« au manque de communication et d'information sur le service civil volontaire, à l'insuffisance des subventions de l'État, aux difficultés des démarches, à la complexité et à l'opacité des procédures aussi bien pour les volontaires que pour les structures » (Schweyer, 2010, 29).En parallèle, le bénévolat dans les structures associatives se porte, lui, plutôt bien et de nombreux jeunes s’engagent en tant que bénévoles. Cependant, l’association Unis-cité est un des rares acteurs à utiliser le service civil volontaire et à se mobiliser avec ferveur pour le faire vivre. C’est même l’une des pionnières dans ce domaine, car son activité se résume à offrir aux jeunes la possibilité de s’engager en service civil volontaire.

En 2007, Nicolas Sarkozy est élu Président de la République et suite à la faible fréquentation du dispositif, il souhaite qu’une réflexion s’organise autour du thème de l’engagement et de la citoyenneté chez les jeunes. Il sollicite alors Luc Ferry qui rédigera un rapport « Pour un service civique, rapport au président de la

République, 2008 » et qui abordera la création du service civique. C’est alors les

prémices du service civique car ce n’est pas la priorité politique à ce moment-là. Par conséquent, sa mise en œuvre sera retardée. C’est donc en 2009, lorsque Martin Hirsch est nommé à la fonction de haut-commissaire à la Jeunesse que le processus de création du service civique va se poursuivre puisque Nicolas Sarkozy, le mandate spécialement pour réaliser cette tâche. Le projet est aussi inscrit dans les propositions du Livre Vert (Reconnaître la valeur de la jeunesse) paru en juin 2009 et rédigé suite aux travaux d’une commission de concertation sur la politique de jeunesse.

Après diverses réflexions et débats, le texte de loi sera proposé à l’Assemblée nationale et dans un large consensus politique, il sera adopté. Le service civique est alors officiellement créé par la loi 2010-241 du 10 mars 2010. Il

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Le service civique : présentation historique et technique

réunit « les principaux dispositifs actuels de volontariats : volontariat associatif,

volontariat civil de cohésion sociale et de solidarité, volontariat civil à l'aide technique, volontariat de prévention, sécurité et défense civiles, service civil volontaire » (Schweyer, 2010, 30) en un seul et même dispositif. Enfin, le service

civique est géré par une nouvelle agence, l’Agence du service civique (ASC). Elle a à sa charge tout ce qui est en lien avec sa mise en œuvre et son fonctionnement.

Si l’on se réfère aux schémas de Becquet (2011, 18-19) (Voir annexe n°17) sur l’évolution du service civique, on peut aisément remarquer que l’apparition du service civique est le fruit d’un long processus et d’une succession de différents dispositifs. L’élément déclencheur reste cependant les incidents et émeutes de 2005. Ces dernières marquent sans aucun doute le début d’une prise de conscience de la part des classes politiques. Les jeunes deviennent alors un enjeu de société et l’outil du service civil, puis civique, doit en théorie répondre aux besoins et problématiques des jeunes et plus spécifiquement ceux habitant dans des quartiers d’habitat social. L’apparition du service civique mettra alors quelques années pour se structurer mais c’est sous l’impulsion de Luc Ferry puis de Martin Hirsh que le dispositif va réellement émerger. Il servira aussi de moyen d’apaisement des tensions naissantes dans les banlieues françaises. On peut observer que les différents dispositifs répondent tous par le biais de l’engagement. Pour l’Etat, ce dernier reste un levier important pour mobiliser les jeunes et un des moyens de réponse à leurs problématiques. Enfin, l’enjeu politique est de généraliser le service civique pour faire bénéficier un maximum de jeunes de cette expérience. L’objectif est d’attirer près de 350 000 jeunes par an, soit la moitié d’une classe d’âge. Tout cela avec la volonté de compter 25% de volontaires issus des quartiers de la politique de la ville. Pour cela, l’ancien chef de l’Etat François Hollande souhaitait faire passer le budget de 300 millions à plus d’un milliard en 2018.

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Le service civique : présentation historique et technique 2. Les caractéristiques du dispositif

Dans le cadre de notre étude, il me semble intéressant de définir clairement ce qu’est le service civique afin d’avoir un cadre d’investigation le plus précis possible.

Le service civique est présenté par la loi 2010-241 du 10 mars 2010 et sur le site officiel du service civique comme un « engagement volontaire au service de

l’intérêt général » qui s’adresse à tous les jeunes âgés de 16 à 25 ans qui

possèdent la nationalité française. Il n’y a pas de condition de diplôme pour s’engager dans ce dispositif. La durée de cet engagement peut s’étendre sur une période allant de six à douze mois en France ou à l’étranger. La mission du volontaire est également compatible avec une poursuite d’étude ou un emploi à temps partiel. L’indemnité de la mission du volontaire est quant à elle à hauteur de 573 euros net par mois. Enfin, il doit effectuer un minimum de vingt-quatre heures par semaine dans sa structure d’engagement. L’usager du service civique a aussi le droit à un régime de protection sociale ainsi qu’à deux jours de congés par mois de service effectué. Pour s’engager dans une mission de service civique, il faut postuler aux différentes annonces qui peuvent être proposées sur le site du service civique en renseignant ses informations personnelles ainsi que ses motivations. La structure fait ensuite elle-même son choix en convoquant les personnes ayant candidatées à l’annonce proposée.

Les lieux de service civique sont assez diversifiés. Les volontaires peuvent le réaliser dans des collectivités territoriales, des établissements publics ou encore des associations. Chaque structure qui peut accueillir des services civiques est agréée par l’agence du service civique qui gère l’attribution des agréments mais aussi la promotion et le développement du dispositif. En outre, selon le référentiel des missions de service civique, il peut être réalisé dans différents domaines ou champs d’intervention comme la « culture et loisirs, développement international

et action humanitaire, éducation pour tous, environnement, intervention d'urgence en cas de crise, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport5». Dans

5 Extrait du Référentiel des missions de Service Civique Guide à destination des structures souhaitant accueillir des volontaires en Service Civique, Septembre 2011.

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Le service civique : présentation historique et technique

le cadre de notre étude, nous nous concentrerons principalement sur le domaine sportif qui, nous le verrons par la suite, possède ses propres caractéristiques.

Enfin, l’objectif de ce dispositif, selon le référentiel des missions de service civique, est de mobiliser les jeunes en leur proposant des missions dans lesquelles ils puissent s’engager, « mûrir, gagner en confiance en eux, en compétence, et

prendre le temps de réfléchir à leur propre avenir, tant citoyen que professionnel6». Le service civique a pour ambition d’être une étape dans la vie des jeunes et celle-ci doit leur permettre d’avoir une prise de conscience sur la société et ce qui la compose. Au-delà de cette ouverture d’esprit, d’autres enjeux sont camouflés par la mise en place de ce dispositif.

6 Extrait du Référentiel des missions de Service Civique Guide à destination des structures souhaitant accueillir des volontaires en Service Civique, Septembre 2011.

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Le service civique : présentation historique et technique

Nouveautés apportées par la Loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l'égalité et à la citoyenneté

En outre, la Loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l'égalité et à la citoyenneté est venue apporter quelques précisions sur le cadre du service civique. Tout d’abord, de nouveaux organismes sont maintenant éligibles au service civique, notamment les : les organismes d’habitations à loyer modéré, les entreprises solidaires d’utilité sociale agrée, les sociétés d’économie mixte, les sociétés publiques locales, les sociétés dont l’état ou la Banque de France détient la totalité du capitale, les sociétés à laquelle le ministre chargé à la culture a attribué un label et enfin les organisations internationales dont le siège est implanté en France.

Désormais, les étudiants étrangers et les réfugiés peuvent réaliser une mission de service civique en France à la condition de séjourner en France depuis plus d’un an et sous réserve d’avoir un titre de séjour valable.

Elle renforce aussi les fondements du service civique, en réaffirmant plusieurs principes comme : la non-substitution et l’accessibilité. Les activités des volontaires ne doivent pas faire usage de stage ou d’emploi. Les organismes doivent aussi recruter les volontaires en fonction de leur motivation et accueillir des jeunes de tout niveau de formation initiale. Il est précisé que les contrats des jeunes ne peuvent pas être souscrits lorsque « les missions confiées à la personne

volontaire relèvent du fonctionnement général de l’organisme d’accueil. 7»

En ce qui concerne la formation des tuteurs, il est maintenant précisé que celui-ci doit être formé à cette fonction. Pour ce qui est de la formation des jeunes volontaires, celle-ci doit être effectuée dans les trois mois suivant le début de l’engagement. Enfin, l’indemnité versée aux volontaires a très légèrement augmenté.

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

II.

Les concepts et les enjeux phares du service civique

Le service civique est présenté politiquement comme un dispositif utilisant l’engagement comme clef de voute. On utilise ce terme à tout va sans jamais vraiment le définir et lui attacher un cadre précis. Dans notre étude, il me semble indispensable d’éclaircir cette notion qui est d’ailleurs très souvent associée à celle de citoyenneté. De plus, les textes législatifs (Loi N°2000-242), qui présentent le dispositif, utilisent régulièrement la formulation d’ « engagement

citoyen » comme si cela semblait être évident pour l’ensemble de la population. Il

sera donc aussi essentiel de définir le concept de citoyenneté pour comprendre ce qu’est réellement l’engagement citoyen. Le dispositif fait aussi apparaître un autre enjeu important pour la classe politique, celui d’insertion par le biais d’un engagement. Il sera alors pertinent de se questionner sur ce point et il faudra se demander s’il s’agit bien d’insertion ou bien d’intégration.

1. L’engagement au service d’un dispositif

Etymologiquement le terme d’engagement fait référence à la notion de gage. Selon le dictionnaire Larousse, le gage évoque la notion de contrat ou de convention mais fait aussi référence « à la question des valeurs et plus

précisément de l’honneur » (Cordelier, B. Gramaccia, G, 2012, 19). L’engagement

concerne donc deux personnes qui sont liées par un contrat ou une convention. La définition de ce mot renvoie également à des valeurs qui lui seraient liées, comme par exemple le respect de son engagement.

Tentons maintenant de définir sociologiquement le terme d’engagement. Certains sociologues utilisent ce concept pour décrire une « forme d'action

caractéristique de groupes ou de personnes spécifiques » (Becker, 2006,1).

L’engagement serait donc lié à une ou des actions réalisées par un individu ou un groupe. Le concept peut être perçu comme une « variable indépendante pour

rendre compte de certains types de comportements » (Becker, 2006,1). Ainsi,

l’engagement permet d’être mobilisé pour analyser beaucoup de phénomènes sociétaux. Mais cela reste encore très vague. Howard Becker (2006) précise alors

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

son propos en expliquant que les sociologues mobilisent ce concept lorsqu’ils essayent de comprendre le fait « que les individus s'engagent dans des trajectoires

d'activités cohérentes » (Foote, 1957, cité dans Becker, 2006, 2). La décision

d’engagement est, la plupart du temps, en cohérence avec le parcours de vie de l’individu et en lien avec son histoire personnelle. De plus, les engagements ne sont pas toujours pris de façon consciente et délibérée. « Certains engagements

résultent de décisions conscientes, mais d'autres surviennent progressivement ; la personne prend conscience qu'elle s'est engagée uniquement lors de certains changements et semble avoir pris l'engagement sans s'en rendre compte » (Becker,

2006, 7-8).

Suite à ce constat, on peut distinguer deux formes d’engagements. D’une part, celui qui est pris sans en avoir conscience ou « l’engagement par défaut » (Becker, 2006, 8). Ce dernier, « survient au travers d'une série d'actes dont aucun n'est

crucial mais qui, ensemble, constituent pour l'acteur une telle ampleur qu'il peut vouloir ne pas les perdre » (Becker, 2006, 8). D’autre part, l’engagement peut être

le résultat « de décisions conscientes » (Becker, 2006, 8), c’est-à-dire qu’il apparaît à la suite d’une ou plusieurs décisions qui vont produire « un

comportement cohérent » (Becker, 2006, 8), en lien avec l’engagement. Ce

concept décrit donc un groupe ou un individu, qui s’engage consciemment ou non dans une action, un projet, une activité, en respectant une logique de trajectoire ou de parcours. Enfin, Howard Becker (2006) explique que l’engagement est composé d’un aspect temporel. L’action d’engagement peut aussi être perçue comme une promesse et une épreuve pour l’individu et pour autrui (Thévenot, 1979, 2006). L’auteur fait donc référence au fait que l’engagement concerne majoritairement deux acteurs que nous pourrions définir dans notre cas comme le volontaire et sa structure associative.

Si l’on se réfère aux travaux de Routier et de Soulé (2010), on pourrait voir que l’engagement peut prendre plusieurs formes. En effet, « l’engagement

interindividuel » correspondrait à un engagement motivé par des facteurs d’ordre

social. C’est-à-dire que l’engagement ne serait pas seulement centré sur l’individu. Celui- ci aurait besoin de prendre forme dans un collectif et nécessiterait la création de lien entre les individus. Puis « l’engagement intra individuel », lui,

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

serait plus centré sur la maitrise de l’engagement et sur le fait que l’individu assume ses décisions. Néanmoins, les deux formes d’engagement peuvent être complémentaires et un individu peut se retrouver à la fois dans plusieurs formes d’engagement. Ces deux formes d’engagement peuvent être intéressantes dans l’analyse de nos résultats et elles nous éclaireront peut-être sur les motifs d’engagements de nos jeunes volontaires.

De plus, l’objet majeur de l’étude du concept d’engagement en sociologie tourne essentiellement autour de « la question de la cohérence dans un cours

d’action » (Cordelier, B,. Gramaccia, G. 2012,19). Cela vient alors confirmer les

propos de Foote (1957) puis de Howard Becker (2006) sur la notion de trajectoire d’engagement. Pour valider l’hypothèse qu’un individu s’engage de façon cohérente dans une activité, il est également important de s’intéresser à la notion de carrière qui est fortement liée à celle de trajectoire.

Pour Everett Hughes, le concept de carrière peut être défini comme le

« parcours ou progression d’une personne au cours de la vie » (Hughes, 1996 cité

dans Filieule, 2001, 200). Il est alors fortement lié à l’idée de trajectoire évoquée précédemment. La carrière permet « d’appréhender les étapes d’accès et d’exercice d’une profession comme une suite de changements objectifs de positions et la série des remaniements subjectifs qui y sont associé » (Fillieule,

2001, 200). Ce concept a tout d’abord été utilisé pour évoquer l’évolution professionnelle des individus mais il s’est peu à peu généralisé.

Everett Hughes généralise le concept de carrière en expliquant que celle-ci se composerait « d’une série de statuts et d’emplois clairement définis, de suites

typiques de positions, de réalisations, de responsabilités et même d’aventures »

(Hugues, 1937, 408-410). L’enchaînement de ces évènements constitue alors la carrière d’un individu. Dans ces conditions, l’individu se perçoit dans sa globalité et interprète tous ces actes et toutes ces caractéristiques pour définir sa carrière qui est faite de changements (Becker, 1985, 126). D’autant que la carrière est dans un rapport permanent « entre histoire individuelle et institution et, plus généralement, les contextes » (Fillieule, 2001, 200). La carrière peut être analysée comme un phénomène qui s’inscrit dans une durée et « qui évolue en fonction de

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

variables contextuelles et situationnelles, qu’elles soient d’ordre social ou individuel » (Fillieule, 2001, 199). Ce concept permet alors de comprendre

comment « les attitudes et comportements sont déterminés par les attitudes et

comportements passés et conditionnent à leur tour le champ des possibles à venir, resituant ainsi les périodes d’engagement dans l’ensemble du cycle de vie »

(Fillieule, 2001, 202).

A travers cette analyse, on peut constater que le concept de carrière permet d’observer comment les individus s’engagent dans des processus sociaux et construisent des carrières qui sont différenciées selon leur place dans la société, leurs caractéristiques sociales ou encore leur mode de vie. L’engagement peut donc être analysé en utilisant le concept de carrière qui est un perpétuel ajustement entre l’image de soi que l’on renvoie et les relations sociales qu’entretiens l’individu (Goffman, 1968, 179). Les carrières des volontaires en service civique pourront alors être un élément d’analyse très intéressant pour comprendre le processus social qui les a conduits à s’engager dans des associations sportives.

On pourra donc s’appuyer sur ce concept afin d’analyser l’engagement des volontaires en service civique dans leur structure associative sportive. D’autant que ce dispositif permet une multitude d’engagement de par ses « caractéristiques

sociales et techniques » (Becquet, Boubal, 2013, 539) et cela en fait « un objet frontière » (Star, Griesemer, 1989, cité dans Becquet, Boubal, 2013, 539). En

effet, le dispositif est « susceptible de s’adapter aux différents points de vue sans

pour autant remettre en cause son identité » (Star, Griesemer, 1989, cité dans

Becquet, Boubal, 2013, 539).

Enfin, nous aborderons plus loin les raisons de l’engagement des bénévoles associatifs puis des volontaires en service civique pour comprendre comment ils s’engagent dans des actions ou des projets. Cela nous permettra de procéder à une analyse détaillée de l’engagement des volontaires en service civique. Intéressons-nous désormais au concept de citoyenneté qui est très souvent associé à celui d’engagement dans le cadre du service civique. Ainsi, nous verrons que la dimension citoyenne d’un dispositif comme le service civique doit passer par l’engagement du volontaire.

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Les concepts et les enjeux phares du service civique 2. La citoyenneté un enjeu politique

Le service civique se présente de façon institutionnelle comme un engagement citoyen. De plus, le terme civique renvoie aussi, selon le dictionnaire Larousse, aux droits et devoirs d’un citoyen et à son rôle dans la vie politique. L’accomplissement de son rôle de citoyen par le biais du service civique apparaît alors comme un enjeu important du dispositif. Il convient donc de définir le concept de citoyenneté pour comprendre comment il peut être mobilisé dans le cadre de notre étude.

La citoyenneté, c’est selon Dominique Schnapper (2000) être avant tout un citoyen possédant des droits. Par conséquent, si le citoyen a des droits, il a aussi des devoirs. Par exemple, il a le droit de vote et le devoir de respecter les lois mais il a aussi des libertés comme la liberté d’expression ou la liberté d’aller et venir. Le citoyen a aussi un rôle politique car il « détient une part de souveraineté

politique » (Schnapper, 2000, 10) et l’ensemble des citoyens forme une « communauté de citoyens » (Schnapper, 2000, 11) qui élit notamment nos représentants politiques.

Jean Jacques Rousseau définira le citoyen comme « un être éminemment

politique qui exprime non pas son intérêt individuel mais l'intérêt général. Cet intérêt général ne se résume pas à la somme des volontés particulières mais la dépasse.» Dominique Schnapper (2000) rejoint alors Jean Jacques Rousseau sur le

fait qu’en France, la citoyenneté est souvent associée à l'idée d'intérêt général. C’est-à-dire que le citoyen se doit de servir les autres en agissant comme tel. Cette idée est aussi au cœur du service civique car l’action ou le projet du jeune volontaire doit servir l’intérêt général.

Le concept se fonde également sur « l’idée que, par-delà les différences et les

inégalités, tous les hommes sont égaux en dignité et qu’ils doivent être traités juridiquement et politiquement de la même manière » (Schnapper, 2000, 301). Ce principe apparaît toutefois comme naturel pour tous les citoyens car nous l’avons naturellement intériorisé. Mais la citoyenneté n’est pas pour autant « une essence

donnée une fois pour toutes, qu'il importerait de maintenir et de transmettre »

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

citoyenneté et faire preuve de sens critique vis-à-vis de ce concept. Cependant, notion fait face à de nombreuses réalités et évènements qui tendent à la remettre en cause. Les individus sont de plus en plus individualistes, revendiquent des droits parfois subjectifs et la multi-culturalité des populations tend également à remettre en cause ce concept. Enfin, la citoyenneté peut être perçue et analysée comme une « utopie créatrice » (Schnapper, 2000, 306) qui entend « dépasser les passions

ethniques et religieuses et qui entend résoudre par le droit les conflits sociaux »

(Schnapper, 2000, 306).

L’engagement citoyen pourrait alors être défini comme le fait qu’un individu, à un moment de sa trajectoire de vie, doit servir autrui et l’intérêt général. Cet engagement relèverait aussi du social car il devrait être la source, ou la création de lien social dans la communauté des citoyens. Enfin, même si le concept de citoyenneté est intériorisé par ces citoyens, il convient de s’y éduquer en réalisant ses droits et devoirs. L’engagement dans le service civique doit donc permettre à un individu de se socialiser à ce concept et à en appliquer ses principes pour accomplir son rôle. Par ailleurs, le volontaire en service civique doit participer à une formation. Lors de celle-ci, les volontaires sont dans un premier temps formés aux gestes de premier secours puis dans un second temps, ils échangent autour des questions de citoyenneté et d’engagement.

La définition de l’engagement citoyen fait apparaître de nombreux questionnements sur la réelle utilisation du service civique par les jeunes volontaires. Sont-ils dans une démarche citoyenne lorsqu’ils s’engagent dans ce type de dispositifs, et notamment dans les associations sportives ? Il conviendra de questionner les volontaires sur cet aspect de l’engagement pour vérifier si leur usage du dispositif est conforme à celui auquel il est préalablement destiné. On peut aussi se questionner sur le fait que le dispositif camoufle d’autres objectifs « derrière ceux de la stabilisation d'une jeunesse en situation de précarité par

l'apprentissage de valeurs citoyennes ? » (Schweyer, 2010, 32). Est-ce que les

politiques souhaitent mobiliser les jeunes pour éviter qu’ils mettent en œuvre des mouvements sociaux ?

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

3. Le service civique un dispositif d’intégration

Le dispositif a été créé, comme nous l’avons évoqué précédemment, dans un contexte politique particulier et il est prioritairement destiné à un public précis, celui des jeunes des quartiers sensibles. Malgré cela, ce public n’est pas majoritairement présent au sein du dispositif. Présenté de cette manière par l’institution, le service civique peut être perçu comme un dispositif d’intégration. En effet, il s’adresse avant tout à la jeunesse qui, selon le constat des politiciens, paraît en marge de la société ou plutôt à la recherche d’une intégration sociale mais aussi professionnelle. On cherche donc, via ce dispositif, à intégrer des jeunes en marge de la société. L’enjeu politique serait de faire du service civique un dispositif d’intégration sociale et professionnelle pour la jeunesse par le biais d’un engagement citoyen. Est-ce vraiment le cas dans la pratique ? Il sera peut-être légitime de s’interroger sur l’efficacité du service civique comme outil d’intégration. Néanmoins avant d’émettre une réflexion autour de cette question, il est important de définir le concept d’intégration.

Selon le haut comité à l’intégration, cette dernière « consiste à susciter la

participation à la société toute entière ». Patrick Mignon, sociologue du sport,

considère que l’intégration est « un processus continu pour lequel une société

transcende les différences entre les populations vivant sur son territoire. Elle désigne les formes de participation à la société globale par l’activité professionnelle, l’apprentissage des normes de consommation matérielle, l’adoption des comportements familiaux et culturels » (Mignon, 2000, 15). On peut

donc dire d’un individu qu’il est intégré s’il est en interaction avec les autres individus du groupe de sa société et qu’il en partage les normes et les valeurs. L’objectif du service civique va donc être d’intégrer socialement et professionnellement les jeunes dans la société. Leur intégration va donc varier selon la mission et la structure d’engagement du jeune volontaire. Pour autant, on parle parfois d’insertion dans le cadre du service civique. L’ancien ministre de la ville et de la jeunesse, Patrick Kanner avait déclaré que « le service civique est un

outil d'insertion, non pas classique, mais par l'engagement 8». Il ne faut donc pas confondre intégration et insertion dans le cadre de notre étude. L’intégration des

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

individus dans la société par le biais du service civique passe par des facteurs d’insertion qui sont par exemple le logement, le travail ou la participation sociale. L’intégration est davantage un thème général qui regroupe des facteurs et notamment celui de l’insertion. On dira d’un individu qu’il sera intégré lorsqu’il sera inséré dans différents domaines comme le travail par exemple. De plus, l’expérience d’un engagement volontaire en service civique est caractérisée par un « effet positif sur l’insertion professionnelle » des jeunes (Becquet, 2013,130).

Dans ce contexte, le service civique peut tout de même être une opportunité intéressante pour les jeunes volontaires. Ils peuvent se former et apprendre dans l’environnement associatif ce qui est un « bon tremplin vers la vie

professionnelle » (Schweyer, 2010, 32). Les jeunes trouvent dans le secteur

associatif un moyen d’acquérir et de développer des compétences qui leur serviront à s’insérer professionnellement. Ils s’investissent dans les associations pour acquérir une première expérience, on peut alors parler de « bagage

professionnel » (Peter, 2009, 35). Selon le profil des jeunes volontaires, on

utilisera donc globalement le terme d’intégration. Mais pour les usagers déjà bien intégrés socialement, on parlera davantage d’insertion professionnelle. Cela dépendra sans doute des différents usages du dispositif par les jeunes. Le sport par exemple, de par ses caractéristiques, prend place dans le processus d’intégration dans la mesure où la pratique sportive implique une participation sociale. Par conséquent, le sport est un outil qui participe à l’intégration des acteurs qui s’investissent dans ce secteur.

En outre, le service civique peut être perçu par les jeunes d’une autre façon que celle initialement prévue par la classe politique. En effet, pour la sociologue Valérie Becquet (2011), « le service civique est une opportunité pour les jeunes de

gérer et d’appréhender les incertitudes professionnelles et sociales de leur parcours qui s’inscrit dans un contexte socio-économique assez défavorable 9»

(Becquet, 2011). A condition que le jeune soit bien encadré et que ça ne soit pas un travail masqué. Les jeunes utilisent donc ce dispositif pour se rassurer socialement, ils sont à la recherche de lien et cela peut être interprété comme un

9 Extrait de : Salamon, L. (2011). Qui s'engage en service civique ?. Journal Réforme, L'hebdomadaire protestant d'actualité. (14 avril 2011).

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Les concepts et les enjeux phares du service civique

besoin d’intégration. Ils utilisent aussi le service civique pour gérer leurs questionnements professionnels. Certains chercheront à se rassurer ou à confirmer une vocation professionnelle, tandis que d’autres chercheront à réellement s’insérer professionnellement par le biais du service civique.

Enfin, l’engagement dans un milieu associatif peut aussi « être un tremplin

vers un autre engagement » (Hamidi, 2002, 159) qui répond à un besoin

d’intégration politique et sociale. L’engagement des jeunes volontaires dans le milieu associatif peut donc être pressenti comme un besoin d’intégration. Cet engagement et ce besoin d’intégration peut aussi être « interprété comme une

réponse au sentiment de marginalisation, de désaffiliation » (Hamidi, 2002,159).

Dans le cadre de notre étude, on pourra se demander si l’environnement sportif joue un rôle dans l’intégration professionnelle et sociale des individus en service civique, et s’il est facilitateur ou non ? Il est aussi légitime de se demander si le service civique n’a pas été mis en place pour « combler superficiellement le vide

dans le paysage asséché de la recherche d'emploi des jeunes » (Schweyer, 2010,

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Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil

III. Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil

Après avoir vu quels étaient les enjeux phares d’un dispositif comme le service civique, il paraît intéressant de se préoccuper de ses usagers. Pour cela, nous verrons d’abord à qui s’adresse réellement le service civique et s’il existe un ciblage politique particulier. Puis, il sera pertinent de clarifier le statut du volontaire en service civique car il fait l’objet de beaucoup de confusions. Enfin, nous verrons quels sont les profils des différents volontaires et les motifs de leur engagement.

1. Un dispositif ouvert à tous ?

Le dispositif s’adresse dans à tous les jeunes âgés de 16 à 25 ans possédant la nationalité Française. Il n’y a pas de condition de diplôme pour s’engager. La loi de 2010 relative au service civique s’est pourtant inscrite dans un cadre d’ « autonomisation des jeunes en général, et en particulier pour ceux qui sortent

du système scolaire sans qualification» (Schweyer, 2010, 30). La création de ce

dispositif est donc politiquement orientée. Il s’adresse, dans un premier temps, à toute la jeunesse française et dans un second temps, plus particulièrement à celle qui n’a pas de qualification. D’ailleurs, « un des objectifs visés par la création du

service civique volontaire est de prévenir l'errance dans les zones urbaines sensibles, peut-être dans le but d'éviter ce qui avait été qualifié d'émeutes en 2005 » (Schweyer, 2010, 30). Le dispositif s’adresse donc implicitement à une

certaine partie de la jeunesse, c’est-à-dire une jeunesse non qualifiée vivant dans des quartiers classé ZUS. Toutefois, dans les faits, on peut constater que ce n’est pas forcément le cas. Car dans un rapport de Luc Ferry de 200810, on peut observer que les volontaires du service civil viennent tous de milieux différents et « les

chiffres énoncent que 13,5% résident en zone urbaine sensible » (Schweyer, 2010,

30). Le dispositif cible de façon ambiguë les jeunes des quartiers. Ce ciblage n’est pas explicite mais en analysant, on comprend que le service civique s’adresse à un public qui n’a pas de qualification et de projet défini.

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Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil

L’apparition du dispositif dans un contexte de tensions avec la jeunesse des quartiers d’habitats social, nous renseigne également sur le fait que le service civique est un outil politique qui souhaite réinsérer les jeunes des quartiers prioritaires. Cependant, en réalité, comme expliqué auparavant, ce n’est pas exclusivement le cas et les jeunes des quartiers ne sont pas majoritairement présents au sein du dispositif. On peut alors s’interroger sur la pertinence d’un ciblage particulier pour ce genre de dispositif et sur l’efficacité de la réponse politique aux problématiques d’une jeunesse en marge.

2. Ambiguïté autour du statut de volontaire

Il est nécessaire de clarifier le statut du volontaire en service civique car il existe autour de ce statut une ambiguïté qui entraîne parfois des malentendus, autant pour le jeune que pour sa structure. En effet, le jeune volontaire en service civique peut parfois être considéré comme un bénévole, voire même comme un salarié dans certaines structures. Selon son implication dans ses missions, il peut aussi devenir indispensable au fonctionnement d’une association, ce qui expliquerait la confusion faite entre salarié et volontaire. Néanmoins, ce dernier peut aussi être peu investi, ce qui pousse le volontaire à glisser vers un statut de simple bénévole. Les structures elles-mêmes ne jouent pas forcément le jeu du volontariat et usent du service civique pour disposer d’une main-d’œuvre parfois très qualifiée et à très faible coût. Il faut donc être conscient qu’il existe des glissements de statut. Pour avoir un cadre d’étude clair, il est nécessaire de clarifier ce qu’est le volontariat. Pour cela, nous définirons en quoi cela consiste ainsi que ce qui différencie le bénévolat du salariat. Nous comprendrons mieux en quoi les frontières peuvent parfois être ambiguës et glissantes entre ces différents termes.

Tout d’abord, l’association est le lieu d’exercice des bénévoles, des salariés et des volontaires. Selon la Loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association, « une

association est un groupement de personnes volontaires réunies autour d’un projet commun ou partageant des activités, mais sans chercher à réaliser de bénéfices. Elle peut avoir des buts très divers (sportif, défense des intérêts des membres, humanitaire, promotion d’idées ou d’œuvres…). » Alexis de Tocqueville parlera lui

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Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil

associations. Ce principe se définit par « cette propension des personnes à se

regrouper pour défendre leurs droits à pratiquer une activité de leur choix, diffuser des idées et des valeurs, et réaliser en commun un projet collectif» (Peter, 2009, 30). Le lieu du fait associatif et d’action des bénévoles est bien

entendu l’association qui peut être perçue comme l’explique Dan Ferrand Bechman (2008) comme une « scène sociale » avec des normes spécifiques qui sont créées par les membres des associations et notamment ceux qui ont d’importantes responsabilités. Elles sont reproduites par les autres associations et deviennent la norme à appliquer. Ces normes se diffusent grâce à un « zapping » (Ferrand-Bechmann, 2008, 3) des bénévoles qui passent d’une association à une autre. De ce fait, les bénévoles exportent avec eux les méthodes et les modes d’actions ce qui tend à les diffuser et à les faire devenir la norme (Ferrand-Bechmann, 2008, 3).

Le bénévolat lui se définit comme « une action libre sans rémunération » (Ferrand-Bechman, 2000, 13). Cette action est effectuée par des bénévoles qui peuvent être définis comme des « personnes qui s’engagent sous l’impulsion de

leur bonne volonté et qui ne perçoivent aucune rémunération financière en contrepartie » (Vermeersch, 2004, 682). Le bénévolat a été opposé au salariat pour

être clarifié. Le bénévole est donc « celui qui s’engage librement pour mener à

bien une action en direction d’autrui, action non salariée » (Cheroutre, 1993, cité

dans Demoustier, 2002, 102). On oppose alors ces deux termes qui vont tout de même finir par se rapprocher. En effet, l’organisation des structures associatives reprend les schèmes (pratiques, organisation, techniques) du monde du travail. Il est alors difficile de voir où se situe la frontière entre salariat et bénévolat.

Le bénévolat regroupe selon Maud Simonet (2010) certains critères et codes liés au monde du travail. La professionnalisation du milieu associatif a permis à certains bénévoles de changer de statut et de devenir salariés. Leurs engagements et compétences leur ont donc permis d’opérer un changement de statut au sein de la sphère associative. Ce phénomène tend alors à réduire les frontières entre bénévole et salarié.

Par conséquent, face à l’ampleur de ce phénomène, un nouveau concept est apparu, il s’agit du volontariat. Ce concept anglo-saxon a émergé suite au rapprochement entre salariat et bénévolat. Il était utilisé par les associations

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Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil

humanitaires et revendiqué par « les associations faisant travailler des jeunes (tels

les chantiers de jeunesse) » (Demoustier, 2002, 111). Le volontariat est aussi

présent au sein des associations mais il diffère cependant du bénévolat. Il peut être défini comme une « forme particulière de bénévolat, à temps plein, pour une durée déterminée et ouvrant droit à une couverture sociale et à une indemnité »

(Simonet, 2010, 11). Ce statut se situe donc entre le bénévolat et le salariat, car « par l’ouverture de droits sociaux, et par la légalisation d’une rémunération » (Demoustier, 2002, 111), on peut percevoir le volontariat soit comme du «

super-bénévolat » soit comme un « sous-salariat » (Demoustier, 2002, 111). Pour résumer, le volontaire se différencie du bénévole car il bénéficie d’une indemnité, d’une couverture sociale et parce qu’il est présent à temps plein.

Enfin, le service civique utilise ce statut de volontaire pour permettre aux jeunes d’acquérir une expérience dans un milieu associatif tout en bénéficiant d’une rémunération. Il sera alors judicieux de voir comment les jeunes volontaires perçoivent leur place au sein des structures et s’ils sont plus proches d’un salariat ou d’un bénévolat. Les structures qui accueillent des jeunes volontaires sont attirées par le service civique car « cela permet de faire avancer des projets et/ou

de lancer et fortifier certains projets » (Schweyer, 2010, 32).

3. Le profil des volontaires et leurs motifs d’engagement

On peut, si l’on se réfère aux travaux (2011) sur le service civique de la sociologue Valérie Becquet, distinguer différents groupes de jeunes ayant recours au service civique. Chaque groupe possède ses propres caractéristiques et qui permettent d’identifier, par la suite, des types ou des profils d’usagers du service civique.

Le premier groupe identifié est celui des jeunes étant en situation précaire et avec un faible niveau scolaire. Ces individus sont envoyés vers ce type de dispositif par les missions locales et sont le plus souvent des garçons qui habitent dans des dans des grands ensembles urbains. Ils sont à la recherche de leur identité et veulent découvrir de nouveaux secteurs d’activités. Le second groupe que la sociologue Valérie Becquet identifie, est composé de jeunes filles diplômées d’un

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Le jeune volontaire en service civique : statut, usage et profil

baccalauréat à un bac + 2. Elles ont souvent la volonté de travailler dans le secteur social ou dans l’éducation. Elles utilisent le service civique comme un test. En effet, elles vont chercher à se rassurer sur leur vocation et vont pour cela, utiliser le service civique pour acquérir de l’expérience qui leur servira dans la suite de leur formation. Le troisième groupe identifié est celui des jeunes titulaire d’un niveau Bac + 3 à Bac + 5. Ils utilisent le service civique pour s’insérer professionnellement ou pour confirmer leur orientation professionnelle. Par ailleurs, le second et troisième groupes identifiés sont composés de jeunes qui sont socialement bien intégrés mais qui, lors de leurs parcours scolaires, se retrouvent dans des situations d’interrogations ou d’incertitudes vis-à-vis de leur avenir professionnel et de leur scolarité.

Ces trois profils nous permettent de mieux identifier les publics qui s’engagent dans le service civique. Mais pour aller plus loin dans cette démarche, il est nécessaire de comprendre dans quelle logique ces jeunes s’engagent ? Qu’est-ce qui motive leur engagement ? Ou encore, comment appréhendent-ils le service civique ? Il sera également intéressant d’observer quelle est la proportion de ces différents profils dans le champ sportif.

La sociologue Valérie Becquet s’est intéressée à deux variables qu’elle décrit comme complémentaires pour comprendre comment les volontaires appréhendent le service civique. Dans un premier temps, elle utilise les motifs mobilisés par les jeunes pour légitimer leur engagement en s’appuyant notamment sur le sociologue Olivier Fillieule (2001) qui a traité la notion d’engagement. Puis dans un second temps, elle utilise la position ou place du service civique dans le parcours des jeunes (Becquet, 2013, 128). L’usage du service civique pour les jeunes se présente comme des « manières d’utiliser l’ordre contraignant » (Becquet, 2013, 129). C’est-à-dire qu’ils utilisent un dispositif établi pour y opérer « des

réappropriations » (De Certeau, 1980, cité dans Becquet, 2013, 129) qui peuvent

parfois être en accord avec les principes du dispositif. Les jeunes peuvent alors utiliser le service civique pour autre chose que son objectif initial.

Dans ce contexte, si l’on se réfère aux travaux de la sociologue Valérie Becquet (2011), on peut identifier différentes logiques d’engagement qui sont parfois complémentaires. La première logique que l’on peut identifier c’est la

Figure

Tableau n°1 : Les motivations des volontaires (Becquet, 2011, 34)
Tableau n°2 : Les profils ou groupes des volontaires en service civique inspiré de  (Becquet, 2011, 33-37)
Tableau n°3 : Logique d’engagement des jeunes en service civil inspiré de (Becquet,  2011, 33-37)
Tableau n°4 : Catégorie de motivation  (Halba, 2006 , 285).
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