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Integration et transnationalisme chez les Dominicains de Montreal

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Academic year: 2021

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(3)

INTÉGRATION ET TRANSNATIONALISME

CHEZ LES DOMINICAINS DE MONTRÉAL

Jacques-Luc Dancause

Department of Sociology

McGill University

Montreal

April 2001

A thesis submitted to the Faculty of Graduate Studies and Research in

partial fulfilment of the requirements of the degree of

Master of Arts (M.A.)

in

Sociology

(4)

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0-612-70277-4

(5)

The integration of immigrants into host societies has becn a topic of longstanding interest

in

the sociology of migration, whereas the study of transnationalism bas only emerged in the last few years. Globalization, fueled by the rapid development of transportation and communication technologies, has been one of the principal factors in the rise of transnationalism. The aim of this study is to clarify

the links between the immigrants' integration into the host society and the transnational activities in which they get involved.

The initial hypothesis of this study was that immigrants' involvement in narrow transnational activities is linked to their weaker integration into Quebec society. To test this hypothesis, a series of interviews was conducted with members of the Dominican community of Montreal. These Dominicans were involved in varying levels of transnational activities within political, economic, and cultural spheres. The interviews were aimed at determining the integration process experienced by the different interviewees.

The results of this study showed, in contrast to the hypothesized predictions, that involvement in transnational activities was not linked to lesser levels of integration. In fact, the Dominicans involved in the most intensive transnational activities revealed a capacity to integrate into the receiving society as easily as other Dominicans, often showing a greater dynamism in their integration. Involvement in intensive transnational activities seems to show a capacity on the part of some immigrants to grow and develop in two universes al the same time, that of the receiving and that of the sending society.

(6)

RÉsUMÉ

Alors que l'intégration des immigrants dans la société d'accueil es~ pour les sociologues, un sujet d'intérêt depuis de nombreuses années, le transnationalisme est, quant

à

lui, en émergence depuis quelques années dans la sociologie des migrations. Le contexte de globalisation et de mondialisation, soutenu par le rapide développement des technologies des transports et des communications est un des principaux facteurs à l'origine de ce courant. C'est dans cette nouvelle tendance que s'inscrit ce mémoire qui vise à préciser la nature du lien entre l'intégration des immigrants et les activités transnationales

dans

lesquelles ils sont impliqués.

L 'hypothèse de départ est que l'implication des immigrants dans les activités transnationales intensives est liée à une moindre intégration de ceux-ci àla société québécoise. Pour tester cette hypothèse, une série d'entrevues a été réalisée avec des membres de la communauté dominicaine de Montréal. Ces Dominicains étaient impliqués à divers degrés dans des activités transnationales, que ce soit sur le plan politique, économique, ou culturel. Les entrevues avaient pour but principal de cerner le processus d'intégration vécu par les répondants.

Contrairement à ce qui était énoncé dans l'hypothèse, les résultats de l'étude démontrent que l'implication dans des activités transnationales n'est pas liée à un faible degré d'intégration. En effet, les Dominicains impliqués dans les activités transnationales les plus intensives démontrent une aussi grande facilité d'intégration que les autres Dominicains et même, un plus grand dynamisme. L'implication dans les activités transnationales intensives semble en fait démontrer une capacité de certains immigrants d'évoluer dans les deux univers à la fois, celui de la société d'accueil et celui de la société d'origine.

(7)

Je tiens tout d'abordà remercier les membres de ma famille, Linda, Réjean et Philippe pour le soutien essentiel qu'ils m'ont apporté au cours de mon séjour à

McGill et tout au long du processus de conception et d'écriture de ce mémoire de maîtrise. Vous avez été présentsàchaque moment, surtout lorsque c'était difficile, et je vous en suis infiniment reconnaissant.

Je ne saurais oublier les amis qui m'ont entouré et fait part de leurs commentaires au cours de ma réflexion, depuis le moment ou j'ai décidé de passer de l'histoire àla sociologie jusqu'à l'écriture de la dernière ligne de ce mémoire. Leur support à été primordial et chacun a su jouer un rôle qui lui était propre et que personne d'autre n'aurait pu accomplir de la sorte. Je ne vous nomme pas de peur d'en oublier, mais vous savez qui vous êtes! Mille mercis.

Je tiens également à souligner l'apport de mon directeur de recherche, Uli Locher, qui a su me guider et m'encourager lors des moments où l'incertitude se faisait sentir.

r

ai grandement apprécié ces conseils pratiques ainsi que ceux concernant l'attitude àadopter face à la tâche que j'avais à accomplir. Je sors grandi de cette expérience.

Enfin, je m'en voudrais de ne pas remercier les membres (et amis) de la

Comunidad Dominicana Juan Pablo Duarte, le Consulat général de République dominicaine de Montréal et aussi tous les autres Dominicains de Montréal. Un remerciement tout spécial à ceux qui ont accepté de m'accorder une entrevue pour l'ouverture dont ils ont fait preuve face à mon projet. Le temps qu'ils m'ont accordé m'a été précieux. Sans eux cette étude aurait été littéralement impossible.

(8)

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION 1

1.1. La problématique 1

1.2. L'objectif et les questions de recherche 4 1.3. L'étude des migrations dominicaines 6

1.4. Organisation de l'étude 8

CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE 10

2.1. L'intégration sociale 10

2.1.1. Le choix d'un terme 10 2.1.2. Les définitions d'« intégration» 11 2.1.3. Les indicateurs de l'intégration 13

2.2. Le transnationalisme 15

2.2.1. Le transnationalisme comme thème d'étude 15 2.2.2. Les définitions de transnationalisme 16 2.2.3. Les fonnes du transnationalisme 19

2.3. Conclusion 21

CHAPITRE 3 : APPROCHE MÉmoDOLOGIQUE 23

CHAPITRE 4 : DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

À MONTRÉAL 29

4.1. Le contexte historique des migrations dominicaines 29 4.1.1. Les migrations antillaises 29 4.1.2. Les migrations dominicaines 31 4.1.3. La République dominicaine depuis 1985 32 4.2. Montréal, un espace multiculturel 34 4.3. La communauté dominicaine de Montréal 35

CHAPITRE S : L'INTÉGRAnON DE FONCTIONNEMENT

40

5.1 Les Dominicains impliqués dans des activités

transnationales intensives 41 5.2. Les Dominicains impliqués dans des activités

transnationales modérées 43

5.3. Les Dominicains n'ayant peu ou pas d'activités

transnationales 46

5.4.

Analyse comparative des modèles 49

(9)

6.1. Les Dominicains impliquésdansdes activités transnationales intensives

6.2. Les Dominicains impliqués dans des activités transnationales modérées

6.3. Les Dominicains n'ayant peu ou pas d'activités transnationales

6.4. Analyse comparative des modèles

6.5. Conclusion

CHAPITRE 7: L'INTÉGRATION D'ASPIRATION

7. 1. Les Dominicains impliqués dans des activités transnationales intensives

7.2. Les Dominicains impliqués dans des activités transnationales modérées

7.3. Les Dominicains n'ayant peu oupasd'activités transnationales

7.4. Analyse comparative des modèles 7.5. Conclusion

CHAPITRE 8: CONCLUSION

BmLIOGRAPHIE

ANNEXE: CITATIONS ORIGINALE EN ESPAGNOL

54 58 61

64

66 69 70 73 76 79 82 85 89 93

(10)

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1 : Dimension du transnationalisme au sens étroit et large 17

Tableau 4.1 : Immigrants dominicains légalement admis au Québec

depuis 1984 35

Tableau 4.2: Répartition des immigrants dominicains admis au

(11)

Avant de devenir un immigré, on est un émigré ; avant d'arriver dans

un

pays, on a dû en quitter un autre, et les sentiments d'une personne envers la terre qu'elle a quittée ne sont jamais simples. Si l'on est parti, c'est qu'il y a des choses que l'on a rejetées - la répression, l'insécurité, la pauvreté, l'absence d'horizon. Mais il est fréquent que ce rejet s'accompagne d'un sentiment de culpabilité. Il y a des proches que l'on s'en veut d'avoir abandonnés, une maison où l'on a grandi, tant et tant de souvenirs agréables. Il y a aussi des attaches qui persistent, celle de la langue ou de la religion, et aussi de la musique, les compagnons d'exil, les tètes, la cuisine. Amin Maalouf

(12)

CHAPITRE UN :

INTRODUCTION

1.1. La problématique

Au cours des années 1990, l'importance attachée par les gouvernements d'Amérique du Nord et d'Europe à l'immigration internationale, particulièrement en ce qui a trait aux questions de sécurité et de développement, connaît une recrudescence notable selon plusieurs observateurs (Labelle et Midy, 1999 : 213). Cela se produit au moment où la mondialisation économique est en voie de transformer de façon profonde les États ainsi que le système inter étatique. L'imponance que revêt l'immigration internationale dans le monde actuel est liée à sa nature multidimensionnelle. Comme Faist le souligne, il ne s'agit pas ici d'un simple événement constitué d'un début (le départ du migrant de son pays d'origine) et d'une fin (son arrivée dans le pays d'accueil). Il s'agit plutôt d'un processus continu et multidimensionnel qui touche autant réconomie et la politique que la culture et la démographie. Ce processus est constitué d'une quantité innombrable de liens entre les migrants et les non-migrants qui vivent tant dans la société d'origine que dans la société d'accueil (Faist, 2000 : 200).

Intimement liée à la question de l'immigration est celle de l'insertion des immigrants dans la société d'accueil. Il s'agit là d'une notion qui a été au centre des préoccupations de la sociologie, et ce, dès les débuts de la discipline au tournant des XIXe et XXe siècles. En effet, les pères fondateurs de la sociologie scientifique ont démontré un intérêt pour cette question. Autant Durkheim, bien qu'il ne l'ait pas indiqué de façon explicite, que les membres de l'École de Chicago (Thomas, Park, et Burgess) se sont attardés sur ce phénomènel (Beaud et Noiriel, 1989: 63-65). Les premiers concepts liés à ce champ d'étude sont d'ailleurs le fruit de [a réflexion de ces chercheurs. On retrouve entre autres les concepts d'assimilation, d'américanisation, de "melting-pot", d'adaptation, d'ajustement, d'accommodation, d'acculturation et de marginalité (Brédimas-Assimopoulos, 1975).

Au tournant du XXe et du XXIe siècle, la question de l'intégration des immigrants dans les sociétés d'accueil demeure une question d'actualité2. Comme l'indiquent Piché

(13)

leur mondialisation, la question de l'intégration se pose avec de plus en plus d'acuité» (1995 : 7). La double loyauté dont font preuve de nombreux immigrants dérange ceux qui n'acceptentpas que des immigrants continuent de porter un intérêt soutenu pour leur pays d'origine. Ce maintien de l'identification avec la culture d'origine est vu comme incongrue avec la bonne intégration des immigrants. Dans les pays plus industrialisés, on se montre de plus en plus concerné par«l'échec de l'intégration» des nouveaux venus d'autant plus que la rapidité de l'évolution technologique dans le domaine des communications et des transports ne cesse de croître (Weinfeld, 2000 : 289). Pourtant, comme Raymond Breton l'affirme:

L'intégration identitaÎre suppose une certaine acceptation de la possibilité de loyautés multiples. En effet, même s'ils embrassent progressivement une nouvelle identité (une identité de «destination»), les immigrants et leurs enfants ne peuvent abandonner entièrement leur identité d'origine. S'attendre à autre chose n'est pas réaliste. (Breton 1994 : 248)

Cela est d'autant plus vrai lorsque les immigrants arrivent à un âge avancé, puisque pour se débrouiller en terre d'accueil, ils puisent fréquemment dans leur «mode d'emploi de la vie», c'est-à-dire leur culture ancestrale, pour reprendre l'expression de Jean-Jacques Simard (Simard, 1988, tel que mentionné dans Pagé, 1991 : 126).

Une intégration trop hâtive des immigrants peut éventuellement mener à la désintégration de la personnalité. C'est ce qu'ont prouvé Thomas et Znaniecki (1927) dans leur étude sur les immigrants polonais aux États-Unis, un classique dans la littérature des migrations. En effet, un processus d'intégration trop accéléré peut engendrer un comportement anomique chez les immigrants. Cela est dû au sentiment de faiblesse ressenti par ceux-ci par rapport au reste de la population de la société d'accueil. Par ailleurs, comme l'a démontré Brédimas-Assimopoulos dans son étude sur les Grecs de Montréal (1975), l'intégration des immigrantsà leur nouveau milieu social ne signifie pas nécessairement l'abandon des éléments socio-culturels de la société d'origine. La dé-socialisation et la re-dé-socialisation peuvent se faire simultanément.

C'est souvent à travers des activités dites transnationales3 que les immigrants maintiennent des liens avec leur société d'origine. Ces activités incluent des activités tant économiques et politiques que sociales et culturelles. L'engagement dans de telles activités de la part des immigrants n'estpastoutàfait nouveau en soi. Effectivement, les études réalisées précédemment démontrent qu'au début du XXe siècle, aux États-Unis,

(14)

des groupes comme les Irlandais et les Italiens demeuraient impliqués dans les affaires de leur pays d'origine (Levitt, 1998 : 928). Néanmoins, ce qui constitue une nouveauté, c'est l'intensité et la durabilité de ces liens. Les facteurs qui influencent cet état de fait sont: 1) la facilité de voyager et de communiquer, comme il a déjà été mentionnét grâce aux importants progrès technologiques. Par exemple, les lettres ont maintenant cédé la place au téléphone et au courrier électronique qui sont plus instantanés. ; 2) L'importance du rôle des migrants dans les affaires de leur pays d'origine; 3) Les tentatives des pays d'origine d'offrir des services à leurs ressortissants et même à leurs enfants ; 4) L'importance accrue du pays d'accueil dans la destiné tant économique que politique du pays d'origine et 5) La marginalisation sociale et politique des immigrants dans le pays d'accueil(Ibid :928).

Outre la nécessité pour les immigrants de conserver un minimum de liens avec leur société dtorigine, plusieurs chercheurs s'entendent pour dire que le degré d'intégration des immigrants influence la tendance qu'ont ceux-ci à conserver des attaches avec leur pays d'origine et donc às'impliquer dans des activités transnationales. Selon Portes (1999), le lien entre ces activités et le processus d'intégration des immigrants nécessite des études plus poussées. Weinfeld croit de même que des études portant sur la connexion entre le transnationalisme et l'intégration des immigrants seraient pertinentes, spécialement dans le contexte de l'immigration à Montréal, puisque ce point a été largement ignoré jusqu'ici. Dans le passé, la littérature portant sur l'immigration tenait pour acquis que les nouveaux arrivants allaient inévitablement s'établir et être soumisàun processus d'assimilation (Gordon, 1964, Alba et Nee, 1997). Cela est dû au fait que les chercheurs ne prenaient pas en considération les mouvements de va-et-vient que les migrants d'aujourd'hui, à tout le moins certain d'entre eux, effectuent entre leur société d'origine et leur société d'accueil ainsi que les autres types de liens transnationaux qu'ils conservent.

D'autres facteurs doivent également être pris en considération pour expliquer le degré d'implication dans les activités transnationales. Il y a, entre autres, la situation économique et politique du pays d'origine et les raisons qui ont pousséàl'émigration.

n

a été démontré que les émigrants quittant un pays àcause de l'instabilité politique ont davantage tendance àdemeurer moralement lié â leurs compatriotes restés au pays. Le

(15)

cas des ressortissants salvadoriens est l'un des cas les plus probant. À l'inverse, lorsque les motivations de départ sont davantage personnelles, les immigrants se montrent plus sélectifs dans le choix d'implication dans des activités transnationales. En plus de ce facteur, il faut également considérer les politiques d'immigration et d'intégration, le degré d'ouverture de la société civile et enfin le marché de l'emploi (Lebelle et Midy, 1999: 219; Portes, 1999 : 464). Bien entendu, si le pays d'accueil est une démocratie libérale et qu'en plus, le muIticulturalisme y est prôné, comme c'est le cas au Canada, les immigrants auront d'autant plus tendance à maintenir des liens transnationaux avec leur pays d'origine. Comme Faist le fait observer:

We should not forget that many perceptions of discrimination need a c1imate of toleration to he expressed in the public realm. OnIyin liberal democracies tolerant towards cultural difference does discrimination become an issue that leads to successful transnational syncretism and transnational political organization. No multiculturalis~ nottansnationalism (Faist, 2000 : 216)

La discrimination et l' hostilité démontrées à l'égard des immigrants est un facteur non-négligeable pour expliquer le degré d'implication de ces nouveaux venus dans des activités à caractère transnational. Lorsqu'un groupe se voit continuellement rejeté et confiné à un statut inférieur dans la société d'accueil, à cause de ses caractéristiques raciales ou de sa culture, la tendance de ses membres à renforcer les liens transnationaux pour surmonter les difficultés s'accentue fortement (Portes, 1999: 465). À travers les activités transnationales, les immigrants trouvent un moyen alternatif pour combler leur besoin de se sentir utiles et valorisés, ce qui leur est partiellement nié dans la société d'accueil.

1.2~ L'objectif et les questions de recherche

Au cours de l'étude proposée ici, il sera essentiellement question du lien entre les activités transnationales et le processus d'intégration que vivent les immigrants. Pour réaliser ce projet, la communauté dominicaine de Montréal sera examinée.

L'objectif central de cette étude est de déterminer quelle est la relation entre l'intégration des immigrants dominicains de Montréal à la société québécoise et les Activités Transnationales Intensives (ATI) dans lesquelles ils sont impliqués. Ce questionnement découle d'une constatation faite à Montréal, à savoir que plusieurs Dominicains de Montréal sont activement impliqués dans un certain nombre d'activités

(16)

relativement élaborées qui ont comme point commun d'être directement liées à la République Dominicaine. De plus, un grand nombre de ces Dominicains est membre de l'association dominicaine de Montréal, la Comunidad Dominicana Juan Pablo Duarte

(COJPD). Le dynamisme de cette jeune communauté est indéniable, comme le démontre la récente fondation à Montréal d'une Maison de la culture dominicaine (Casa de la Cu/tura Dominicana), un organisme chapeauté par le gouvernement dominicain qui a pour but de renforcer les liens entre celui-ci et la communauté dominicaine présente à

Montréal. Dans le cas présent, les ATI sont définis comme la participation aux activités d'un des partis politiques dominicains établis à Montréal (Parlido de Liberacion Dominicana (PLO) ou le Partido de la Revolucion Dominicana (PRO», l'engagement dans certaines activités à caractère culturel(Casa de la Cultura Dominicana (CCD» ou encore la participation à des activités commerciales transnationales impliquant le Canada et la République Dominicaine. La question de recherche s'élabore donc comme suit:

Que/lien existe-t-i/ entre le degré d'intégration des immigrants dominicains de Montréal à /a société d'accueil et leur participation à des activités transnationales intensives?

L thypothèse qui sera soutenue dans cette étude est que l'implication des Dominicains de Montréal, dans les ATI est liée à une moindre intégration de ces immigrants à la société québécoise. Les immigrants qui sont incapables de s'intégrer joignent des groupes sociaux basés sur l'identité nationale de leur pays d'origine avec pour dessein de retrouver un esprit de communauté et de se sentir valorisés. Les groupes formés

par

ces individus graviteront autour d'une activité qutils identifient avec leur société d'origine. En d'autres mots: Lorsque les immigrants sont faiblement intégrés et qu'ils sont en nombre suffisant, ils forment (ou adhèrent à) un groupe autour d'une activité basée sur leur identité nationale ou qui les lie directementàleur pays d'origine.

L'argument principal présenté ici est que l'intégration et la participation à ces activités sont reliées. Dans le cas présent, l'engagement dans des A

TI

est considéré plus

«nationaliste» que l'implication active dans la planification des activités de l'association dominicaine locale (la CDJPD) ou l'organisation d'autres activités culturelles àcaractère local et encore davantage que la simple participationàces activités.

(17)

Si cela peut être démontré au cours de cette étude, une seconde question (dans une étude future) pourrait avoir pour objectif de clarifier la relation entre l'intégration et les activités politiques transnationales en particulier puisqu'elles constituent la plus importante ATI parmi les Dominicains de Montréal comme cela sera expliqué plus loin. Une première possibilité est que l'aspect politique du groupe qui est formé dans le cas présent n'est qu'un sous-produit du besoin de partager un sentiment de communauté. L'argument soutenu est que cela est relié en quelque sorte à la structure du système politique dominicain qui permet de maintenir une implication politique pour les citoyens, même si ceux-ci vivent hors des frontières nationales et aussi au fait que les Dominicains ont un attachement particulier à l'engagement politique. Pour emprunter les mots de Samuel Clark, il s'agirait d'un «accident», c'est-à-dire que, pour d'autres groupes d'immigrants, la réponse à une faible intégration ne serait pas nécessairement liée à des activités politiques. La seconde possibilité est qu'il Ya bel et bien une relation inhérente entre l'intégration et les activités politiques transnationales. Cela pourrait être exploré par la comparaison des Dominicains avec d'autres groupes d'immigrants. Quelle que soit la réponse, cela implique une révision des notions d'État et de citoyenneté, ce qui ouvrirait la pone à une connexion entre deux imponants champs de la littérature sociologique : l'État et les migrations.

1.3. L'étude des migrations dominicaines

Les études qui ponent sur les migrations dominicaines ont principalement été réalisées au cours des trois dernières décennies. Selon Itzigsohn et ses collaborateurs (1999 : 319), elles peuvent être divisées en trois périodes successives lorsqu'on considère l'angle d'étude adopté par les chercheurs. La première de ces périodes se situe dans les années 1970 et au cours des premières années de la décennie suivante. Elle est caractérisée par l'étude de la migration dominicaine comme un flot de main d'œuvre. La seconde période, qui s'étend sur la décennie des années 1980, est davantage caractérisée par l'étude de la communauté dominicaine aux États-Unis, principalement à New York. L'étude de la communauté en tant qu'enclave ethnique et sa stratification sociale sont au centre des préoccupations. Enfin, au cours des années 1990, les auteurs intéressés à la

(18)

migration dominicaine se concentrent principalement sur l'étude de la question du transnationalisme. C'est dans cette dernière phase que

se

situe la présente étude.

Dans le cadre d'une étude portant sur le transnationalisme, le cas dominicain est particulièrement intéressant du fait qu'on pourrait le qualifier de cas paradigmatique (Itzigsohn et al, 1999). En eff~ l'ampleur du flot migratoire issu de la République dominicaine combinée avec la courte période de temps au cours duquel il s'est produit a provoqué des changements majeurs dans cette société antillaise. Ce bouleversement de la société dominicaine a mené ses ressortissants au développement d'une vaste gamme d'activités transnationales.

Plusieurs communautés dominicaines sont réparties à travers le monde, que ce soit en Espagne, au Venezuela ou en Suisse, mais la majorité des migrants dominicains se retrouvent àNew York. Non seulement est-elle la principale communauté dominicaine hors de République dominicaine, mais elle constitue aussi l'une des plus importante communauté latino-américaine des États-Unis outre la communauté cubaine de Miami. C'est pour cette raison qu'elle a reçu une telle attention de lapartdes chercheurs étudiant le transnationalisme.

Les études effectuées au sein de cette communauté ont porté entre autres sur les causes des relations transnationales (Goldring, 1998) et aussi sur l'influence de celles-ci sur la communauté migrante dans la société d'accueil. Portes et Guamizo ont été des pionniers dans ce champ d'étude. Ils ont étudié l'émergence d'une classe entrepreneuriale qui vit entre les États-Unis et la République dominicaine. Duany (1994) a étudié l'aspect culturel du transnationalisme chez les migrants dominicains qui viventà

New York. Guarnizo, en 1998, a écrit sur la participation politique des transmigrants à

New York. Enfin, Peggy Levitt (1998) a analysé les changements organisationnels et les changements de valeurs dans les organisations et les institutions politiques et sociales dominicaines dans le cadre de leur expansion au-delà des frontières nationales. Les scientifiques ayant étudié les migrants dominicains et le transnationalisme ont porté leur attention principalement sur les causes de ces activités et aussi sur l'influence qu'elles ont sur la communauté immigrante dans la société d'accueil.

(19)

1.4. Organisation de l'étude

Pour tenter de répondreàla question qui sont au centre de cette étude, l'attitude de Bonhami (1993 : 239) sera adoptée. Celui-ci mentionne que: «S'il nous est impossible de faire le tour d'une question, d'en dénombrer les milles et un aspects, autant convenir d'une approche interprétative, pudique et non-exhaustive. La modestie fera aussi partie de la connaissance ). L'organisation de ce mémoire se divise en sept sections. En premier lieu, sera présenté le cadre théorique et conceptuel de l'étude, puisqu'il s'agit là du point d'encrage de toute l'argumentation. Par la suite, l'approche méthodologique sera exposée en détail. Suivent une présentation du contexte au cours duquel ont pris place les migrations provenant de République dominicaine, du contexte montréalais ainsi que des données démographiques concernant la communauté dominicaine de Montréal. Les chapitres cinq, six et sept, pour leur part, se réfèrent à l'analyse qualitative des entrevues effectuées dans le cadre de cette étude. Chacune de ces parties axées sur l'analyse qualitative traite d'un aspect de l'intégration. Enfin, la conclusion de l'étude sera constituée d'un retour sur les questionnements posés au départ

(20)

1Les deux mouvements apparaissent dansun environnement socio-politique relativement

similaire. Àcette époque, les États-Unis et la France sont touchés par un important courrant xénophobe, bien que l'immigration prenne des fonnes bien différentes dans lesdeux pays. Les États-Unis reçoivent des immigrants pour peupler d'importants espaces vides, alors que la France accueille des immigrants pour faire face à un déficit chroniquedela main d'œuvre

ZUn dossier spécial a été publié dansLe Monde diplomatiquedenovembre 2000 (Sassen,Saski~

"Mais pourquoi émigrent-ils?n, dans Le Monde diplomatique. Paris, 47(560), pp. 4-5 ; Moriee, AJain."Der"immigration zéro" aux quotas", dansLe Monde diplomatique, Paris, 47(56), pp.6-7.

3Une définition plus détaillée du concept d'activité transnational et de transnationaiisme sera

(21)

CHAPITRE DEUX :

CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

De manière générale, les études qui traitent de migrations et de migrants sont caractérisées

par

un manque flagrant de théorie et d'élaboration des concepts. Durkheim, dans son étude sur le suicide, sert une mise en garde contre les études souffrant d'un tel manque dans la définition des concepts utilisés. Celui-ci affinne que:

Les sociologues sont tellement habitués à employer les tennes sans les définir, c'est-à-dire àne pas déterminer, ni circonscrire méthodologiquement l'ordre des choses dont ils entendent parler, qu'il leur arrive sans cessedelaisser une même expression s'étendre à leur insu, du concept qu'eUe visait primitivement ou paraissait viser, à d'autres notions plus ou moins voisines. Dans ces conditions, ridée finit par devenir d'une ambiguïté qui défie la discussion car, n'ayant pas de contours définis, elle peut se transformer presque à volonté selon les besoins de la cause et sans qu'il soit possible à la critique de prévoir par avance tous les aspects divers qu'eUe est susceptible de prendre. (Durkheim, 1983 : 108)

C'est dans le but d'éviter ce piège que cette partie se concentre sur la présentation détaillée des deux concepts centraux de l'étude présentée, soit l'intégration et le transnationalisme.

2.1. L'intégration sociale

2.1.1. Le choixd'UDterme

Le concept d'intégration des immigrants, malgré le nombre important d'études portant sur le sujet àtravers le monde, est relativement mal défini. Dans leur article sur rassimilation, Beaud et Noiriel (1989 : 64-65) mentionnent que, après avoir scruté des banques de données qui contenaient des références bibliographiques sur r'assimilation des immigrés, ils en sont venus à considérer une hypothèse. Selon ces deux chercheurs, les différents concepts utilisés dans ce champ d'étude sont liés aux frontières entre les disciplines. Ainsi, les chercheurs s'intéressant principalement au "problème d'intégration économique" d'un groupe utilisent presque invariablement le terme " insertion" ; les psychologues, quant à eux, utilisent davantage les tennes " acculturation" et " adaptation " ; les anthropologues utilisent aussi ces deux derniers termes, mais ils font aussi appel au tenne " assimilation " ~ enfin les sociologues et les

(22)

politologues tendentà utiliser le terme ~~intégration ". Dans l'ensemble, selon Beaud et Noiriel, ces différents tennes tendent à éclairer un aspect différent d'une même réalité. Un nombre infime d'études se montrent préoccupéespar la nécessité de définir le concept choisi.

Selon la recherche de Piché et Bélanger (1995: 10), le tenne «intégration» est généralement utilisé dans les études menées au Québec. Il est préféré à «acculturation» et

«

assimilation» parce qu'il implique non pas une adaptation de l'immigrant à une société statique, mais une influence réciproque entre l'immigrant qui n'abandonne pas entièrement sa culture et la société d'accueil.1

2.1.2. Lesdéfinitions d'« intégration»

Sa nature polysémique fait du concept d'intégration une notion très complexe. En effet, comme l'indiquent certains auteurs, « l'intégration désigne à la fois une doctrine politique et un ensemble de faits socioculturels interprétés à la lumière de cette philosophie» (Costa-Lascoux, 1994: 259). Également, lorsqu'il est question d'intégration, il est autant question deprocessUY que de résultats. L'intégration constitue une démarche évolutive plurielle et très complexe qui Pardéfinition n'est jamais achevée (Ibid). À ce propos, l'intégration comme processus social constitue l'ensemble des stratégies d'action et d'innovation dont font usage les immigrants dans leur tentative d'adaptation à la société d'accueil (Breton, 1994: 239). Différentes stratégies sont déployées en fonction des circonstances (favorables ou défavorables) auxquelles font face les nouveaux venus. Il s'agit également d'un «processus de négociation sociale et identitaire où se confrontent deux définitions de la réalité, deux modes de vie, deux univers socioculturels» (Breton, 1994 : 239). Comme résultat, l'auteur affirme qu'il s'agit plutôt d'un phénomène d'acculturation qui implique des modifications au niveau des valeurs et des modes de vie, mais aussi une transformation de l'identité et de l'identification.

Un autre élément ajoutant à la complexité de la notion d'intégration est le fait qu'elle est indissociable d'un contexte socio-historique qui est tout aussi fluide et soumis à de constantes et multiples transformations (Juteau et Gagné, 1994: Il), ce qui rend l'analyse d'autant plus délicate. En fait, le concept d'intégration est loin d'être dénué de

(23)

tout problème lorsque vient le temps d'en faire usage. Pichê et Bélanger soulignent un des principaux problèmes liés à ce concept :

Malgré tout, la question de la« réussite» de l'intégration pose d'énonnes problèmes de définition. Quels sont les critères de réussite et à qui s'appliquent-ils? Aux groupes immigrants ou à la société d'accueil? Par exemple, s'agissant de l'intégration économique, on peut penser que le but de bien performer sur le marché du travail est valable autant pour les membres de la société d'accueil que pour l'immigrant ou l'immigrante. Par contre, les modalités d'atteintedecet objectif de mieux-être économique peuvent prêter flanc à la controverse. C'est le cas notamment du phénomène de l'enclave ethnique qui pour certains permet à de nombreux groupes immigrants d'avoir rapidement accès à un emploi et à une formation sur le tas (aspect positif), alors que pour d'autres ce phénomène peut indiquer un repli sur soi et donc un certain refus d'intégration dans l'économie dominante qui elle serait non-ethnique (aspect négatif). (piché et Bélanger, 1995 :

Il)

Les limites de la notion d~intégration devront nécessairement être gardées en mémoire tout au long de l'étude. Costa-Lascoux (1994 :266)met bien en garde contre la valeur absolue des informations recueillies au cours d'une étude sur l'intégration. Elle appelle à un sens aigu de la relativité puisque les informations seront, de façon inéluctable, sensiblement dépendantes des instruments d'analyse, des catégories préformées, parles conditions d'enquête et par les présupposés idéologiques. Certaines réservent ont été émises quant à la valeur du concept d'intégration pour cette raison (Helly, 1997 ; Piché et Bélanger, (995), mais il semble que ce concept, malgré ses lacunes, détienne toujours un pouvoir explicatif dont les études sur l'adaptation des immigrants à la société d'accueil ne peuvent se passer dans les circonstances. Il n'estpas

dit néanmoins que des études théoriques plus poussées ne devront pasêtre réalisées pour raffiner davantage ce concept, bien que labile, centralà l'étude des migrations.

De façon plus précise, c'est la définition du concept d'intégration adoptée par Kastoryano qui sera utilisée au cours de l'étude. En restant large, cette définition ne se veut pas contraignante en plus de bien traduire l'emphase mise au cours de cette étude sur la notion d'intégration en tant que démarche évolutive. Pour ce chercheur, « l'intégration de l'immigrant constitue d'abord un cheminement personnel marqué par la volonté de se détacher un tant soit peu de sa communauté culturelle et par le désir de participer activementàla vie économique et sociale de son nouveau milieu) (1991 : 171).

(24)

2.1.3. Lesindicateun de l'intégration

Pour déterminer le niveau d'intégration des immigrants dominicains, ce sont les trois niveaux suggérés par Archambault et Corbeil (1982) qui seront employés comme base. Le premier de ces niveaux est «l'intégration de fonctionnement» où l'adulte est capable de communiquéet de gagner sa vie de façon autonome. Le deuxième niveau est celui de

«

l'intégration de participation» où l'adulte est actif dans la société (réceptrice) et il démontre la volonté de jouer un rôle dans un domaine d'activité quelconque (politique, syndicalisme, mouvements sociaux, etc.). Le troisième et dernier niveau est

«l'intégration d'aspiration» où l'adulte décide de lier son avenir et celui de ses enfants aux projets d'avenir du groupe comme membreàpartentière de la société.

Dans le but de ne pas limiter l'intégration à la simple atteinte de ces trois niveaux, d'autres indicateurs seront utilisés pour rendre le processus d'intégration avec plus d'acuité. En plus de ces indicateurs, Costa-Lascoux (1994 : 260) démontre l'importance de considérer ce qu'elle nomme les «silences de l'intégration» pour faire taire les critiques voulant que l'intégration ait un caractère «suspect», c'est-à-dire qu'elle se rapproche de façon trop marquée du concept d'assimilation. Le seul usage des indicateurs entérine de façon démesurée une sorte de confonnisme social ou culturel, pourtant la tentation est grande.

[Il faut accepter] que les indicateurs de l'intégration ne se réduisent pas à une liste préétablie de comportements prescrits ou de résultats obligés, autrementdit, [il faut admettre) que l'intégration se construise aussi avec des expressions non mesurables. Une anecdote traduira mieux que des mots abstraits l'importance des «silence de l'intégration».(Costa-Lasco~ 1994 : 260)

Un avantage supplémentaire de l'approche proposée ici est qu'elle permet de considérer la mise en garde faite par Weinfeld à savoir que plusieurs travaux qui portent sur l'intégration des immigrants tendentàassumer que l'immigrant atteindra nécessairement un haut degré d'intégration dans la société d'accueil. Selon lui, cela ne se produit pratiquement jamais. Parler d'immigrant et d'intégration est en quelque sorte un oxymoron. Il faut parfois attendre de deux à trois générations pour que des immigrants atteignent ce haut degré d'intégration. (Weinfeld, 2000: 285-86) De là l'intérêt de considérer la notion d'«intégration gigogne» (nested integration) proposée

par

Weinfeld

(25)

sous-•

communauté, puis à une communauté et enfin à la société d'accueil, et ce, en l'espace de deux à trois générations. Il est donc important, en étudiant le processus d'intégration des immigrants, de pouvoir percevoir non PaS seulement l'intégration complète à la société d'origine, mais aussi les premières phases du processus.

Parmi les différents indicateurs utilisés, il y aura les quatre qui sont proposés par

Brédimas-Assimopoulos (1975). Il s'agit de : la durée de séjour au Canada, l'acquisition de la nationalité canadienne, la décision de rester définitivement au Canada et le degré de compétence linguistique dans l'une ou l'autre des deux langues officielles du Canada (Brédimas-Assimopoulos, 1975 : 134). La décision d'inclure la durée de séjour panni les indicateurs d'intégration provient du fait que maintes études ont prouvé la relation entre l'influence de la culture de la société d'accueil et la durée pendant laquelle J'individuy est exposé. Il n'est PaS dit pour autant que l'intégration n'est qu'une question de temps et qu'elle est inévitable. Néanmoins, le temps passé dans la société d'accueil favorise chez l'immigrant l'établissement de liens d'amitié avec des individus ne faisant pas partie de son groupe ethnique, l'acquisition de compétences linguistiques ainsi que la familiarisation avec les médias écrits et électroniques de la société d'accueil. L'acquisition de la nationalité canadienne peut signifier un désir de l'immigrant de participer plus activement aux activités sociales, politiques et économiques de la société d'accueil. Cependant, il faut être éveillé au fait que l'acquisition de la nationalité ne soit liée qu'à la volonté de bénéficier des droits qui y sont rattachés et ainsi à une certaine régularisation du statut au sein de la nouvelle société (Ibid : 134-7). La décision de rester définitivement au Canada comme indicateur doit également être analysée avec soin puisque cette décision peut être basée sur d'autres raisons que la volonté de s'intégrer à la société d'accueil ou encore le sentiment d'intégration. En effet, cette décision peut davantage refléter une stratégie purement économique: le niveau de vie étant plus élevé dans la société d'accueil que dans la société d'origine, le retour au pays exige donc une plus grande volonté de la part de l'immigrant puisqu'il implique des efforts considérables

(Ibid: 135-6). À l'inverse, la décision de retourner au pays d'origine peut être reliée non

pas à un échec de l'intégration, mais à des responsabilités familiales ou à l'atteinte d'un nouveau stade dans l'évolution de la carrière professionnelle de l'immigrant (Richmond, 1988: 119). Cela peut expliquer que certains immigrants reviennent dans la société

(26)

d'accueil après avoir tenté un retour dans leur société d'origine. Également, il faut être conscient qu'évoquer la possibilité de retour peut être pour certains immigrants de première génération la seule façon de justifier leur dur labeur dans la société d'accueil sans perdre courage (Itzigso~ 1999: 335). Le degré de compétence linguistique représente un indicateur important de l'intégration puisqu'il influence la formation de nouvelles relations sociales et l'exposition aux divers moyens de communication de masse dans le pays d'accueil (Brédimas-Assimopoulos, 1975 : 134).

Un autre indicateur qui sera utilisé dans le cadre de cette étude est la participation

àdes activités àcaractère politique, économique, sociale ou culturelle. Plusieurs activités peuvent être soulignéesàce titre. On peut retrouver une certaine gradation parmi celles-ci, car certaines activités peuvent témoigner d'une participation plus activeàla vie sociale de la société d'accueil. Par exemple, en ce qui concerne la participation politique, il y a un éventail de possibilités qui vont du simple exercice du droit de vote à la participation aux comités de direction de partis politiques en passant par le fait d'être simplement membre d'un parti politique.

La participation à la vie associative de leur communauté par les immigrants sera également considérée comme indicateur de l'intégration de ceux-ci. L'engagement dans les associations ethniques peut être considéré comme une forme d'intégration (bien qu'initiale) dans la mesure où ces associations sont une partie intégrante de la société d'accueil.

Le sentiment d'appartenance peut également être considéré comme un indicateur d'intégration. Par ailleurs, il faut être conscient qu'il s'agit là d'un indicateur mouvant qui peut changer au fur et à mesure de l'itinéraire que poursuivent les immigrants dans la société d'accueil. Il faut donc s'attendre à des variations de ce côté et par conséquent, tirer des conséquences avec la plus grande circonspection.

2.2. Le trausnationatisme

2.2.1. Letransnationalisme comme thème d'étude

Les activités transnationales et le transnationalisme tel qu'il en sera question dans la présente étude sont panni les thèmes les plus en vogue dans l'étude des migrations. Effectivement~ l'étude du transnationalisme a pris de l'expansion tant chez les chercheurs

(27)

provenant des études culturelles que des sciences sociales (par exemple, Atkin et Wilson, 1998 ; Fais!, 2000 ; Fouron et Glick-Schiller, 1994 ~ George, 1990 ; Glick-Schiller, etal.

1992, 1995 ; Graham, 1997 Grasmuck et Pessar, 1991 ; Itzigsohn eta/., 1999 ; Labelle et Midy, 1999 ; Guarnizo, 1994, 1997, 1998 ; Goldring, 1998 ; Portes, 1996, 1999 ; Guamizo et M.P. Smith, 1998 ; Sassen, 1999 ~ Sorensen, 1998 ; Vertovec, 1999). L'émergence de ce thème comme objet d'étude vient du fait que ces réseaux unissant la société d'origine et la société d'accueil sont devenus depuis peu de plus en plus complexes et diversifiés avec l'augmentation significative des mouvements de va-et-vient des migrants qui sont à la base de ces réseaux (portes etal., 1999 : 217). Ce champ social repose essentiellement sur les activités quotidiennes des immigrants qui voient leur vie affectée à tous les points de vue, que ce soit au niveau des conditions économiques auxquelles ils font face, de leur comportement politique ou de leur identité (ltzigsohn et

al., 1999: 318).

2.2.2. Lesdéfinitions de transnationalisme

Selon Glick-Shiller et ses collaborateurs qui sont considérés comme des pionniers dans ce champ d'étude, le transnationalisme «is the processes by which immigrants forge and sustain multi-stranded social relations that link together their societies of origin and settlement» (1995 : 48),. Ces auteurs insistent sur le fait qu'il s'agit d'un phénomène continu et soutenu. Ils maintiennent que ce concept pennet une toute nouvelle compréhension du phénomène de l'immigration et de la situation des immigrants. Le transnationalisme s'inscrit dans le phénomène plus large de la globalisation où les États Nations voient leur importance diminuée au profit de villes globales tels New York et Londres (Ibid. : 49). Les frontières sont contestées par des flots de capitaux, de gens et d'idées. Glick-Shiller et ses collaborateurs affinnent, tout comme Sassen (1999), que:

Capitalismtrom its beginnings has been a system of production dependent on global interconnections hetween the people of the world. Today we are facing a reconstitution of the structure of accumulation so that not only are profits accumulated globaHy, but aU parts of the world have heen incorporated into a single system of production, invesbnent, communication, coordination, staffing, production, and distribution (Glick-Shiller etal., 1995: 50).

Ces auteurs ajoutent que les États Nations qui voient leur population se disperser se

(28)

de ce phénomène du jamais vu. Les immigrants qui font face à l'impossibilité de s'intégrer totalement à la société d'accueil trouvent une solution à leur problème en s'engageant

dans

des activités transnationales.

La définition du concept de transnationalisme offerte précédemment est relativement semblable à celle présentée par Vertovec. Celui-ci affinne que le

«

transnationalism broadly refers to multiple ties and interactions linking people or institutions across the borders of nation-states. Yet today these systems of ties, interactions, exchange and mobility function intensively and in real time while being spread throughout the worId» (1999 : 447).

Dans la foulée de Glick-Shiller et al., ainsi que de Venovec, José Itzigsohn et ses collaborateurs (1999) offrent quant àeux une définition légèrement plus complète du concept de transnationalisme en faisant la nuance entre le transnationalisme au sens large (ou transnationalisme modéré) et le transnationalisme au sens étroit (ou transnationalisme intensif). Cela permet de classifier avec plus de justesse les différentes activités transnationales. Ces deux formes de transnationalisme constituent deux pôles qui peuvent être différentiés en observant trois facteurs: le degré d'institutionnalisation de l'activité transnationale, le degré d'engagement des gens dans l'activité en question et le degré de mouvement de ces gens dans l'espace transnational (Voir tableau 2.1). Ainsi:

Transnationalism in a 'narrow' sense refers to those people involved in economic, political, social, or cultural practices that involve a regular movement within the geographic transnational field, a high level of institutionalization, or constant personal involvement. Transnationalism in a broad sense refers to a series of material and symbolic praetices in which people engage that involve sporadic physical movement between the two countries, a low level of institutionalization, or just occasional personal involvement but nevertheless includes both countries as reference points. (Itzigsohn etal., 1999: 323)

Ast!!it&

trep,ytioMIM

ÉIRon:

Haute

Constante

Régulier Itzigsohn etal., 1999 :323 Institutionnalisation Participation Mouvement

IARGI

F81ble

Occasionnelle

Sporadique

(29)

Les auteurs notent que cette différence entre transnationalismes aux sens large et étroit représente davantage une différence de degrés plutôt que des catégories séparées et exclusives. Selon cettevisio~ une activité sera considérée une activité transnationale au sens étroit ou large lorsque deux dimensions sur trois seront orientées vers l'un des pôles. Il est donc possible qu'une activité ne se classepasdans une catégorie uniquement (dans

ses trois dimensions). Pour Itzigsohn et ses collaborateurs (1999), s'ajoute à cette polarisation des activités transnationales une division des activités selon différents secteurs d'activités: économique, politique, civil-societal et culturel. Les auteurs conviennent que cette division est somme toute arbitraire, néanmoins elle facilite grandement la compréhension du phénomène.

Portes, Guamizo et Landolt (1999), de leur côté, approchent le concept de transnationalisme de façon quelque Peu différente. Leur défmition est beaucoup plus restrictive. En effet, ils insistent beaucoup plus que Itzigsohn sur l'intensité et la complexité que doivent avoir les activités transnationales pour qu'elles constituent un objet d'étude nouveau. Alors que pour Itzigsohn et ses collaborateurs (1999: 322), il suffit que les activités soient régulières et récurrentes, pour Portes et ses collaborateurs, il

faut que les mouvements de va-et-vient des migrants, des capitaux et des idées entre les pays atteignent une certaine complexité et une masse critique. Ce n'est que tout récemment que cette complexité et cette masse critique ont été atteints (Portes et al., 1999 : 217). Selon eux, cette nuance est nécessaire pour être en mesure d'affirmer qu'un nouvel espace social est apparu. Les éléments clés dans leur étude du transnationalisme sont donc l'intensité des activités, les nouveaux modes de transaction et la multiplication des activités (Ibid. :219). À l'instar de Itzigsohn, Portes et ses collaborateurs indiquent qu'il est nécessaire de diviser les activités transnationales en deux pôles pour faciliter leur analyse. Cependant, ils favorisent une division selon le niveau d'institutionnalisation des activités (p.222). Portes résume sa défmition du transnationalisme comme suit: " Transnational activities [are] as those that take place on a recurrent basis across national borders and that require a regular and significant commitment of time by participants " (1999 : 464).

La définition proposée par Faistdans son article publié en 2000 est très similaireà celle de Portes. Selon ce chercheur :

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Transnational social space~ transnational social fields or transnationalism usually refer ta sustained ties of persans, networks and organization across the borders across the multiple nation-stat~ ranging ftom little to highly institutionalized fonns. (... ) We do not Mean occasional and tleeting contacts between migrants and relatively immobile people in the countries of immigration and the countries of immigration and the countries of emigration. Transnational social spaces and the other names we have given these phenomena are characterizedbya high density of interstitial ties on infonnaL that is to say, institutionallevels. (Faist, 2000: 189-190)

La définition offerte par Itzigsohn et ses collaborateurs est celle qui sera retenue dans le cadre de cette étude. Elle est à la fois précise et nuancée, sans toutefois être contraignante comme la définition suggérée par Portes et Guarnizo ou par Faist. Ces dernières posent la difficulté de déterminer l'intensité exacte que doit avoir une activité pour être considérée «transnationale». De plus, elles laissent un trop grand nombre d'activités qui ont une certaine importance (et qui devraient être considérées comme transnationales). Pour ce qui est des définitions fournies par Glick-Schiller et ses associés ou encoreparVertovec, àl'inverse, elles font preuve d'un manque de spécificité qui rend l'analyse difficile.

La défInition de « champ transnational» que proposent Itzigsohn et ses collaborateurs aide à saisir plus clairement ridée principale qui sous-tend la vision de transnationalisme qui sera au centre la présente étude :

[A] transnational field cao he thought of as a field of social interactions and exchanges that transcend political and geographical bouodaries of one nation and have become the relevant field of action and reference for a large number of Dominicansintheir country or origin andinthe broad diaspora thatitbas generated. (Itzigsohn etal. 1999: 317)

2.2.3. Les (ormes du tran!nationalisme

Dans leur ouvrage portant sur le thème du transnationalisme, Smith et Guarnizo rappellent que les formes du transnationalisme sont multiples:

Moreover, recall that transnational f10ws are not lirnited to transmigrants' bodily geographic mobility. They also include multiple exchanges of monetary and non· monetary resources. material andsymbolicobjects, commodities and cultural values. Even in the highly unlikely event that every new immigrant became "settled" and severed aUher or bis connectionswith their country ofori~a continuous f10w of new arrivals and material goods May reproduce a transnational social field. (Guarnizo et Smith, 1998: 19)

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Ainsi, au cours de cette étude, nous identifierons trois types généraux de transnationalisme. Il s'agit de catégories suggérées par Portes et ses associés (1999: 221 ). Comme il a été mentionné précédemment pour les catégories employées par

Itzigsohn et ses collaborateurs, celles..ci sont également somme toute arbitraires. Néanmoins, elles facilitent grandement la compréhension et l'analyse des activités transnationales. Panni ces catégories, on retrouve donc le transnationalisme économique où, par exemple, des entrepreneurs utilisent leurs contacts outre..mer pour trouver des fournisseurs, des capitaux ou des marchés ou encore des immigrants envoient de façon régulière des remises en argent pour supporter les membres de leur famille demeurésdans

le pays d'origine. Il yale transnationalisme politiqueo~ par exemple, les membres d'un

parti, des fonctionnaires ou encore des leaders communautaires tentent d'acquérir un maximum de pouvoir politique et d'influence tant dans le pays d'origine que dans le pays d'accueil. Il y a finalement le complexe transnationalisme socioculturel où on assiste au renforcement, par des entreprises culturelles, de l'identité nationale outre-mer ou à la distribution de produits ou d'événements culturels (musique, sport, concours, tètes... ).

Le fait qu'il existe des activités transnationales tant dans le champ économique que politique et socioculturel pousseàprendre conscience de la nécessité pour les immigrants de trouver de nouveaux leviers pour s'imposer en tant qu'acteurs sociaux, politiques et économiques tant dans la société d'accueil que dans la société d'origine. Il est à noter que l'émergence d'activités transnationales n'est pas seulement due aux initiatives des individus, bien qu'ils en bénéficient largement. Toutes les activités transnationales n'émergent pas de la communauté. Il y a également, comme il a été mentionné auparavant, un transnationalisme institutionnel. Le transnationalisme institutionnel est essentiellement une réponse gouvernementale du pays d'origine qui tenteparce moyen de maintenir autant la loyauté que la contribution économique des ressortissants (portes, 1999 : 467). De plus, le gouvernement du pays d'origine espère pouvoir promouvoir ses intérêts à l'étranger à travers ses ressortissants. Pour ces gouvernements, ces citoyens sont plus utiles en terre étrangère que sur le territoire national. Cela est particulièrement vrai chez les gouvernements de pays moins industrialisés. La restructuration de l'économie mondiale force ces pays à concevoir de nouveaux mécanismes qui mènent à une réincorporation des migrants et de cette façon qui permettent au pays de bénéficier

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entre autres des transferts monétaires effectués

par

les migrants. Comme le soulignent

Guamizo

et

Smith :

Thus, theirgrowing dependence on transmigrants' stable remittances basprompted sending states to tryto incorporate their~'nationals"abroad intoboth their national market and their national polity by a variety of measures including: naming ~'honorary ambassadors" from among transmigrant entrepreneurs in the hope that

they will promote "national" interests vis-à-vis receiving countries; subsidizing transnational migrant "home-town" and "home-state" associations; creating fonnal channels for communicating with these "constituencies" across national borders; passing dual citizenship laws. (Guarnizo etSmi~ 1998: 7-8)

2.3. Conclusion

En sommes, l'intégration et le transnationalisme constituent deux concepts très intéressants et utiles pour la sociologie de l'immigration, et ce, bien qu'ils soient complexes et à certains égards limités. Les liens entre ces deux concepts demeurent cependant mal définis et nécessitent donc de plus amples recherches, ce que propose la présente étude. Le cas des Dominicains de Montréal constitue un exemple intéressant pour éclaircir la situation. Mais, avant de se lancer dans cette analyse, une connaissance de la méthodologie employée pour mener l'enquête s'impose.

(33)

1Scott et Scott ( 1989 : 21) utilisent le concept d'adaptation, mais le définissent de la même façon

(34)

CHAPITRE TROIS:

APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

La recherche proposée ici est de nature qualitative en raison de la méthode de sélection des répondants interviewés et de la façon d'interroger les données issues de ces interviews. On peut aussi qualifier cette étude d'exploratoire dans un certain sens, puisque la communauté dominicaine de Montréal constitue un objet de recherche méconnu jusqu'à maintenant. De plus, les paramètres de cette population restent inconnus. L'aspect qualitatif et exploratoire ne devrait en principe pas nuireàla rigueur de l'enquête puisqu'il s'agit là de la façon la plus adéquate de mener la recherche dans la situation présente.

Après la consultation de quelques spécialistes dans le domaine de (' intégration et des communautés culturelles à Montréal ainsi que de membres influents de la communauté dominicaine, il semble possible d'affinner qu'aucune recherche n'a été effectuée sur cette communauté. Également, aucune recherche ne serait présentement en cours. En ce qui concerne les communautés latino-américaines de Montréal, ce sont surtout les communautés chilienne, salvadorienne et colombienne qui ont retenu l'attention. Pour ce qui est des communautés provenant des Caraïbes, ce sont surtout les communautés haïtienne, jamaïcaine et trinidadienne qui ont été scrutées par les chercheurs.

Le transnationalisme implique les individus, leurs réseaux de relations sociales, leurs communautés et les institutions auxquelles ils appartiennent tel le gouvernement (Portes, 1999 : 220). Le choix de l'individu comme unité d'analyse élémentaire pour cette étude n'est pas lié à un a priori philosophique et ne vise pas à nier l'existence et l'importance des structures. L'étude des individus est intéressante du fait que ce sont eux qui sont à la base des activités transnationales, les gouvernements venant toujours en second lieu, puisqu'ils ne considèrent l'implication dans des activités transnationales qu'une fois l'implication d'un large nombre de ressortissants dans ces activités (Portes et al., 1999 : 220). C'est pour cette raison que l'individu constitue l'unité d'analyse la plus intéressantepoUfla présente étude.

(35)

Débutée en mars 2000, l'enquête s'est achevée tout juste avant le début du processus de rédaction de la présente étude, en novembre 2000. L'accès aux membres de la communauté dominicaine de Montréal s'est effectué par l'entremise de deux canaux distincts. Tout d'abord" il y a eu l'association dominicaine de Montréal (Communidad Dominicana Juan Pablo Duarte),qui a été mentionnée plus rot et qui existe depuis 1991. Elle constitue un point de rencontre pour les Dominicains de Montréal. Ensuite" il yale Consulat général de République dominicaine situé rue Peel, à Montréal.

Pour tirer le plus grand profit des entrevues lors de la recherche, quelques entrevues et observations particiPantes ont été réalisées au préalable. Cela a permis de mieux saisir le cadre de vie des Dominicains de Montréal (association, événements spéciaux" etc.) et de faciliter la constitution de l'échantillon. Les entrevues déjà effectuées permettaient de constater la pertinence de l'étude du transnationalisme et de l'intégration dans cette communauté. D'autres observations participantes ont été réalisées au cours de la période où se sont déroulés les entretiens. Il y a eu, entre autres, la participation à des soirées de poésie, des vernissages et des activités sportives.. ce qui a permis de mieux saisir le type d'interactions qui existent entre les Dominicains et entre ceux-ci et la population de Montréal. Cette connaissance de la communauté dominicaine de Montréal vient s'ajouter à la connaissance déjà acquise lors d'un séjours de quatre mois en République dominicaine au sein de l'ambassade du Canada à Santo Domingo. Une plus grande compréhension de la culture dominicaine y a été acquise, de même qu'une connaissance du processus migratoire vécu par les émigrants dominicains en direction du Canada. Ce séjour en République Dominicaine s'est avéré des plus utiles pour comprendre les nombreuses références à leur pays d'origine faites par les répondants, que ce soit au niveau de la vie quotidienne ou encore au niveau des valeurs véhiculéesà travers le pays ou dans différentes régions.

Le caractère exploratoire de l'enquête ainsi que letype d'entrevues ont justifié un échantillonnage non aléatoire. Des différentes techniques existantes, celle dite de la «boule-de-neige

»

a semblé la plus adéquate pour constituer l'échantillon. Des efforts ont été faits pour diversifier les réseaux touchés par l'enquête. De plus, les répondants sélectionnés pour l'enquête devaient nécessairement répondre à certains critères pour ainsi limiter la diversité de l'échantillon et ainsi répondre aux contraintes de temps alloué

(36)

pour réaliser l'enquête. Ainsi, les répondants devaient tous être des immigrants de première génération qui sont arrivées à Montréal à l'âge adulte, soit après 18 ans. Cela a évité d'interviewer des Dominicains qui n'étaient

pas

autonomes lorsqu'ils ont immigré, c'est·à·dire des répondants qui n'avaient pas migré de leur propre chef. Ensuite, tous les Dominicains interrogés devaient être arrivés au pays depuis 1984, soit l'année où les Dominicains ont commencé à immigrer àMontréal de façon significative. Bien qu'il puisse sembler arbitraire, ce dernier critère permet de diminuer l'ampleur possible des variations structurelles tant au niveau économique que politique et légal dans laquelle les immigrants ont quitté la République dominicaine et sont arrivés à Montréal (en limitant la période à environ 15 années). Ensuite, panni les noms fournis par les personnes interviewées, le choix des répondants subséquents a été fait de telle sorte que l'échantillon peut prétendre saisir en partie la diversité présente dans la communauté dominicaine. Ainsi, l'échantillon est constitué de répondants qui présentent une diversité au point de vue de la profession (professionnels et travailleurs manuels), de l'éducation, de l'âge (environ de 30 à 55 ans), du sexe et de leur implication dans des activités transnationales.

Dans leur étude portant sur les Dominicains des États·Unis, Itzigsohn et ses collaborateurs ont sélectionné un échantillon totalisant vingt femmes sur un total de soixante·quatre répondants. Parmi les trois sites étudiés, ils n'ont jamais sélectionné plus de dix femmes (sur un groupe de vingt-deux répondants). Cette étude approfondie démontre la difficulté inhérente àla sélection de répondantes dominicaines lors de telles études menées dans les communautés dominicaines. Les mêmes difficultés ont été rencontrées dans la communauté dominicaine de Montréal, c'est pourquoi les Dominicaines ne constituent que six répondantes sur un total de dix·sept personnes interviewées.

Les chercheurs considèrent habituellement que le nombre de personnes à interviewer est suffisant lorsque l'infonnation révélée devient répétitive (Meintel et Le Gal 1995 : 26). Dans le cas présent, après avoir effectué dix-sept entrevues, l'effet de saturation a été noté à plusieurs égards dans les réponses fournies par les répondants. Cela renforce notre confiance dans la qualité des résultats de la présente enquête. Il faut toutefois garder bien en mémoire le caractère exploratoire de l'étude. Dans un tel type

(37)

Néanmoins, lors de cette recherche, il était prévu que de quinze à vingt entretiens seraient nécessaires pour atteindre le seuil critique mentionné.

Les personnes interviewées appartenaient à un des trois niveaux de d'implication des Dominicains de Montréal. Ainsi, trois groupes ont ainsi été formés. Le premier niveau est constitué seulement de Dominicains impliqués dans des activités transnationales intensives. Le groupe fonné pour l'étude est composé de dix (10) répondants. Le second niveau est constitué de Dominicains impliqués dans des activités transnationales modérées. Ce groupe est composé de deux (2) immigrants dominicains. L'un est membre organisateur de la CDJPD et rautre est l'organisateur d'un festival culturel local, mais aucun d'entre eux n'est impliqués dans desATI. Le troisième niveau est constitué de tout Dominicain établi à Montréal, mais non impliqué dans des activités transnationales intensives ou modérées. Ce groupe est fonné de cinq (5) Dominicains qui sont membres (mais non organisateurs) ou non de la CDJPD. Ce schéma expérimental a pennis la comparaison entre trois niveaux d'activités basées sur la nationalité et l'intégration.

Les entrevues ont semblé être le meilleur moyen de cerner les principales caractéristiques de la communauté dominicaine. De façon générale, les membres de la communauté dominicaine se sont montrés très ouverts, ce qui a facilité le processus d'entrevue, car le niveau de refus a été très bas. Cependant, il a été plus difficile de convenir de rendez-vous pour effectuer les entrevues, plusieurs des répondants devant composer avec des horaires irréguliers et changeants.

Les entretiens réalisés étaient de type semi-directif avec des relances orientées selon un guide implicite. Le choix de ce type de format avait pour but de favoriser un discours assez libre de la part des répondants tout en gardant un certain contrôle sur l'orientation. Il y avait donc lors des entretiens un bon mélange de souplesse et de directivité. Des entrevues de cetype ont pennis d~obtenirde l'information sur des sujets qui ne pouvaient être abordés qu'une fois un certain lien de confiance établi entre les personnes en présence. Comme il a été mentionné précédemment, étant donné la difficulté de convenir de rendez-vous avec les répondants, une seule rencontre était planifiée avec ceux-ci. Tous les points àdiscuter devaient doncy être abordés.

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