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Appariement des stratégies d'adaptation et ajustement psychosocial chez les couples infertiles

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Academic year: 2021

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ANNE-MARIE MONGRAIN

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JO.S

UL

Zoa¿>

APPARIEMENT DES STRATEGIES D’ADAPTATION ET AJUSTEMENT PSYCHOSOCIAL

CHEZ LES COUPLES INFERTILES

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de !'Université Laval

pour l'obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de Psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

SEPTEMBRE 2000

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RÉSUMÉ

L’objectif de la présente recherche longitudinale est d’explorer la relation entre l’appariement des stratégies d’adaptation et l’ajustement psychosocial (psychologique et conjugal) des couples infertiles. L’échantillon se compose de 56 couples infertiles ayant rempli individuellement une batterie de questionnaires à trois reprises. Les résultats montrent que les conjoints des couples dont l’appariement est tâche-évitement ont un ajustement psychosocial supérieur à ceux des autres appariements et que les conjoints des couples dont l’appariement est tâche-émotion ont un ajustement psychosocial inférieur à ceux des autres appariements. Les résultats indiquent aussi que les femmes ont un score de détresse

psychologique plus élevé que les hommes, que les conjoints des couples dont l’infertilité est de type primaire ont un score de satisfaction conjugale plus élevé que ceux dont l’infertilité est de type secondaire et que les conjoints des couples dont l’infertilité est de source inconnue ont un score de satisfaction conjugale moins élevé que ceux des autres sources d’infertilité.

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Ill

AVANT-PROPOS

Au terme de ce projet, je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin à réaliser ce mémoire. Parmi ces personnes, je veux remercier certaines plus

particulièrement.

D’abord, je veux remercier mon directeur de mémoire, Stéphane Sabourin, Ph. D. Merci Stéphane pour tes conseils, tes encouragements et ta confiance. Merci aussi pour l’apport en recherche et pour les opportunités en clinique que tu m’as offerts. Merci surtout de m’avoir implicitement inculqué l’importance et le goût de toujours me former et me perfectionner plus. Je ressors de ce contact avec toi avec des connaissances en recherche et en clinique, mais surtout avec un désir d’approfondir toujours plus cette connaissance.

Ensuite, je veux remercier John Wright et Pierre McDuff pour leur collaboration et leur contribution au niveau de !’échantillon. Merci Pierre pour ta patience...

Je veux aussi remercier mes collègues et amies du laboratoire. Merci Annie Aimé, Catherine Bégin, Mélanie Champoux, Myrianne Cloutier, Rielle Dagenais, Geneviève Dupont, Marie-Christine Harvey, Danielle Lefebvre, Marlène Montminy et Cristel Neveu pour votre accueil, votre présence, vos encouragements et votre contribution à ma formation en

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Je veux aussi remercier tout spécialement mon amour, Patrice. Les mots me manque pour t’exprimer comment tu es important pour moi et comment ta présence m’a énergisée tout au long de ce projet... Merci, entre autres, pour tes encouragements, ton support et ta

compréhension. Je t’aime.

Enfin, je veux offrir mes remerciements au Fonds FCAR et au GRIP de m’avoir accordé des bourses de recherche de maîtrise et d’avoir rendu possible la réalisation de ce mémoire.

(5)

V

TABLE DES MATIÈRES

Résumé... ii

Avant-propos... iii

Table des matières... v

Liste des tableaux... vi

Introduction générale... 7

Article: Appariement des stratégies d’adaptation et ajustement psychosocial chez les couples infertiles... Contexte théorique... 9 Méthode... 20 Résultats... 25 Discussion... 35 Références... 42 Tableaux... 48 Conclusion générale... 54

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LISTE DES TABLEAUX

Moyennes et écarts-types des scores des stratégies d’adaptation pour les femmes et les hommes aux trois moments

d’évaluation... 48 Moyennes et écarts-types des scores totaux de détresse

psychologique et de satisfaction conjugale pour les femmes et

les hommes aux trois moments d’évaluation... 49 Distribution des femmes et des hommes selon la stratégie

d’adaptation principale aux trois moments d’évaluation... 50 Distribution des couples selon le type d’appariement de

stratégies d’adaptation aux trois moments d’évaluation... 51 Moyennes des scores de détresse psychologique et de

satisfaction conjugale pour les différents types

d’appariement... 52 Moyennes des scores de satisfaction conjugale pour les

caractéristiques de l’infertilité... 53 Tableau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 7

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L’infertilité se définit comme l’incapacité chez un couple à concevoir un enfant après un an de relations sexuelles sans contraception (U.S. Congress, Office of Technology

Assessment, 1988). En accord avec cette définition, environ 500 000 Canadiens sont infertiles (Association canadienne de sensibilisation à l’infertilité, 2000). Malgré une certaine

controverse par rapport à l’évolution (augmentation ou maintien) de cette prévalence dans les dernières décennies, !’augmentation du nombre de couples consultant les cliniques de fertilité fait, pour sa part, consensus (Comité de travail sur les nouvelles technologies de reproduction humaine, 1988; Stanton & Dunkel-Schetter, 1991; U.S. Congress, Office of Technology Assessment, 1988).

Cette augmentation est en lien avec le développement rapide des techniques de reproduction. D’ailleurs, ces progrès en recherche biomédicale dépassent largement ceux réalisés dans le secteur psychosocial de l’infertilité (Comité de travail sur les nouvelles technologies de reproduction humaine, 1988; Commission royale d’enquête sur les nouvelles techniques de reproduction, 1993; Stanton & Dunkel-Schetter, 1991; Wright, Sabourin,

Berthiaume, Dulude & Hamel, 1995). Aussi, des recherches empiriques sont essentielles pour avancer les connaissances sur le processus d’ajustement à l’infertilité.

Jusqu’à maintenant, les répercussions psychologiques de l’infertilité et les stratégies d’adaptation utilisées pour y faire face ont été l’objet d’un certain nombre de recherches. Toutefois, une seule étude recensée a exploré l’effet de l’appariement des stratégies

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d’adaptation sur l’ajustement psychosocial des couples infertiles et ce, même si, dans la réalité, les deux membres du couple sont impliqués dans l’expérience de l’infertilité.

Les objectifs de la présente étude sont donc d’explorer la relation entre l’appariement des stratégies d'adaptation et l’ajustement psychosocial des couples infertiles, d’observer l’évolution cette relation dans le temps et enfin, d’examiner l’influence possible des caractéristiques médicales de l’infertilité et du genre sur cette relation.

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 9

Appariement des stratégies d’adaptation et ajustement psychosocial chez les couples infertiles

L’infertilité se définit comme l’incapacité chez un couple à concevoir un enfant après un an de relations sexuelles sans contraception (U.S. Congress, Office of Technology

Assessment, 1988). Typiquement, l’infertilité caractérise le couple qui tente de concevoir un enfant. Même si un seul des membres du couple porte le diagnostic médical de la source d’infertilité, les deux membres expérimentent l’incapacité de réaliser leur but d’avoir un enfant (Jordan & Revenson, 1999; Stanton & Dunkel-Schetter, 1991).

L’infertilité, son diagnostic et son traitement constituent des expériences stressantes pour les membres du couple. Ce constat est supporté tant au plan théorique qu’aux plans clinique et empirique. Au plan théorique, la définition du stress de Lazarus et Folkman (1984) est

fréquemment appliquée à l’infertilité. Selon leur conception relationnelle, le stress est issu d’une transaction entre l’individu et !’environnement; transaction qui taxe les ressources personnelles et sociales de l’individu et qui met son intégrité psychologique en danger. Le stress est plus particulièrement lié à la nature ambiguë, imprévisible, incontrôlable et négative de l’événement. Ce modèle théorique d’analyse s’applique à !’infertilité (Callan & Hennessey, 1989; Jordan & Revenson, 1999; Klock, 1997; Stanton & Dunkel-Schetter, 1991; Wright, Sabourin, Berthiaume, Dulude & Hamel, 1995). B permet d’expliquer la variabilité

individuelle dans la réponse à l’infertilité tout en prédisant une expérience stressante pour ceux dont devenir parents est un but central de vie.

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Aux plans clinique et empirique, les observations et les recherches vont

également dans le sens que Γ infertilité, son diagnostic et son traitement représentent des expériences stressantes. Aussi, la majorité des cliniciens et chercheurs dans le domaine considèrent les problèmes reliés à Γ infertilité comme un stress important. La littérature descriptive et empirique documente sur les répercussions psychologiques de ce stress sur différentes variables d’ajustement psychosocial.

Une recension de recherches sur l’infertilité et la détresse psychosociale conclut que les patients diagnostiqués et traités pour infertilité présentent un degré significativement plus élevé de détresse psychosociale que les sujets des groupes contrôles. De plus, cette recension indique qu’en général les patients féminins obtiennent des résultats plus élevés sur les mesures de détresse psychosociale que les patients masculins (Wright, Allard, Lecours & Sabourin, 1989). Une autre recension, quant à elle, de la littérature descriptive et empirique sur les effets psychologiques de l’infertilité conclut à des résultats plus inconsistants et souligne la

variabilité considérable des réactions à l’infertilité (Dunkel-Schetter & Lobel, 1991).

Outre la variabilité individuelle, une explication possible des divergences entre les conclusions de ces recensions est la diversité des variables psychosociales recensées. Parmi ces variables, l’ajustement psychologique présente les résultats les plus consistants. Les études montrent que les personnes infertiles ont un niveau de détresse psychologique plus élevé que les normes de la population en général (Abbey, Andrews & Halman, 1991; Benazon, Wright et Sabourin, 1992; Berg & Wilson, 1991; Cook, Parsons, Mason & Golombok, 1989; McEwan, Costello & Taylor, 1987; Morrow, Thoreson & Penney, 1995; Slade, Raval, Buck &

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Lieberman, 1992; Stanton, 1991; Stanton, Tennen, Affleck & Mendola, 1992; Wright, Duchesne, Sabourin, Bissonnette, Benoît & Girard, 1991; Wright, Duchesne, Sabourin & Chatel, 1992; Wright et al., 1995) et ce, tant à l’accueil d’une clinique d’infertilité (Wright et al., 1991; Wright et al., 1992; Wright et al., 1995) qu’en cours de traitement (Benazon et al., 1992; Berg & Wilson, 1991; Slade et al., 1992). De plus, plusieurs de ces recherches rapportent un degré de détresse psychologique plus élevé chez les femmes que chez les hommes de couples infertiles (Abbey et al., 1991; Benazon et al., 1992; McEwan et al., 1987; Stanton, 1991; Wright et al., 1991; Wright et al., 1992; Wright et al., 1995).

Une autre variable, l’ajustement conjugal, présente pour sa part des résultats plus

conflictuels. Certaines études rapportent qu’il n’y a pas d’évidence de détresse conjugale chez les couples infertiles (Cook et al., 1989; Dunkle-Schetter & Lobel, 1991; Raval, Slade, Buck & Lieberman, 1987; Wright et al., 1991) et même que les couples ont tendance à afficher un degré de satisfaction conjugale plus élevé que celui de la population normale (Wright et al., 1995). De plus, alors que certains rapportent une réduction des problèmes maritaux en cours de traitement de l’infertilité (Raval et al., 1987), plusieurs autres rapportent une détérioration de la relation maritale (Berg & Wilson, 1991; Slade et al., 1992; Wright et al., 1992) et ce, particulièrement chez les couples qui ne réussissent pas à concevoir (Benazon et al., 1992).

L’importance du stress de l’infertilité et de ses répercussions sur l’ajustement

psychosocial de même que les différences individuelles des réponses à l’infertilité ont amené les chercheurs à étudier comment les personnes y font face. Depuis les dix dernières années, ils ont tenté d’examiner les stratégies que les individus utilisent pour s’adapter à ce stress et

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leurs relations avec l’ajustement. Les stratégies d’adaptation (en anglais, coping)

réfèrent aux efforts de gestion, behaviorale ou cognitive, des demandes spécifiques internes et/ou externes évaluées comme taxant ou excédant les ressources de l’individu (Lazarus & Folkman, 1984). Lazarus et Folkman (1984) distinguent deux types majeurs de stratégies d’adaptation: les stratégies orientées vers l’émotion et celles orientées vers le problème (ou la tâche). Les stratégies orientées vers l’émotion regroupent les méthodes visant la régulation des affects (blâme, recherche de support social, confrontation, etc.). Les stratégies orientées vers la résolution du problème visent le changement direct des circonstances qui causent le stress (planification de résolution de problème, etc.). De plus, comme Endler et Parker (1990) l’ont fait ressortir, il est aussi possible de gérer le stress en évitant la situation qui l’engendre (évitement, distanciation, etc.). Ce troisième groupe de stratégies d’adaptation est appelée l’évitement.

Les études sur les stratégies d’adaptation des couples infertiles s’inscrivent à l’intérieur de deux courants de recherche (Bouchard, 1993). Les chercheurs du premier courant étudient la fréquence d’utilisation des diverses stratégies d’adaptation des couples infertiles (Abbey et al., 1991; Draye, Woods & Mitchell, 1988; Jordan & Revenson, 1999; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992; Tennen et al., 1992). Ensemble, les recherches de ce type suggèrent que la plupart des patients infertiles en traitement utilisent plusieurs stratégies d'adaptation. Elles suggèrent par ailleurs que les couples infertiles utilisent davantage l’évitement que les couples présumés fertiles. De plus, elles indiquent des différences d’utilisation en fonction du genre. Plus précisément, dans une méta-analyse sur le sujet, Jordan et Revenson (1999) ont trouvé des différences de genre pour la recherche de support social, l’évitement et la réévaluation

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 13

positive. Us ont trouvé que ces stratégies sont plus utilisées par les femmes que leurs

partenaires. D’autres recherches, non recensées dans cette méta-analyse, rapportent les mêmes résultats pour la recherche de support social (Stanton, 1991; Tennen et al., 1992) et l’évitement (Stanton, 1991; Tennen et al., 1992; Wright et al., 1995). D’autres études rapportent, quant à elles, que les femmes sont moins susceptibles d’utiliser la distanciation et l’auto-contrôle que leurs partenaires (Abbey et al., 1991; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992; Tennen et al., 1992). Les résultats des recherches sur la fréquence d’utilisation de la stratégie de planification de résolution de problème des hommes et des femmes infertiles sont, quant à eux, inconsistants. Stanton (1991, Stanton et al., 1992) et Wright et al. (1995) rapportent que les femmes infertiles sont moins susceptibles d’utiliser cette stratégie alors que Draye et al. (1988) rapportent que les femmes l’utilisent autant que les hommes et qu’Abbey et al. (1991) mentionnent les femmes en font davantage usage que les hommes.

Les chercheurs du second courant, quant à eux, tentent de mettre en relation !’utilisation de stratégies d’adaptation avec différents aspects de l’ajustement psychosocial (Cook et al.,

1989; Levin, Sher & Theodos, 1997; Litt, Tennen, Affleck & Klock, 1992; Morrow et al., 1995; Slade et al., 1992; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992). Ces chercheurs soutiennent que !’utilisation des différentes stratégies d’adaptation est à la source des différences individuelles d’ajustement psychosocial des personnes aux prises avec un problème d’infertilité. Le modèle qui sous-tend les recherches de ce courant suggère que !’utilisation de certaines stratégies d’adaptation constitue un facteur de risque alors que l’emploi de d’autres stratégies constitue un facteur de protection (Bouchard, 1993). Ensemble, les recherches de ce type suggèrent que !’utilisation des stratégies d’adaptation actives (stratégies orientés vers la tâche) est associée à

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un bien-être psychosocial alors que le recours à des stratégies d'adaptation passives

(en particulier, l’évitement) est associé à un degré plus élevé de détresse. Plusieurs études rapportent que l’évitement est associé à la détresse chez les conjoints infertiles (Cook et al.,

1989; Litt et al., 1992; Morrow et al., 1995; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992). Certaines de ces études ajoutent que le blâme de soi est lié à la détresse (Morrow et al., 1995) et que la réévaluation positive est liée au bien-être (Stanton, 1991) chez ces conjoints. Des différences de genre sont également présentes dans les recherches de ce courant. Plus spécifiquement, !’utilisation des stratégies de confrontation et d’auto-contrôle pour les hommes (Stanton, 1991) et d’acceptation de la responsabilité pour les femmes (Stanton, 1991; Stanton et al., 1992) sont associées positivement à une plus grande détresse psychologique. L’isolement y est aussi associé positivement pour les femmes dans une autre étude (Slade et al., 1992). À l’inverse, !’utilisation des stratégies de planification de résolution de problème et de support social pour les femmes (Stanton, 1991; Stanton et., 1992; Slade et al., 1992) sont liées négativement à la détresse psychologique.

Toujours dans le second courant, quelques chercheurs ont aussi tenté de mettre en relation les stratégies d’adaptation et l’ajustement conjugal. Cook et al. (1989) n’ont pas trouvé de relation entre l’évitement et la détresse conjugale, relation fréquemment rapportée pour la détresse psychologique. Slade et al. (1992) ont néanmoins observé une relation entre certaines stratégies d’adaptation et un moins bon ajustement marital. Plus précisément, le blâme de soi pour les femmes ainsi que le blâme de soi et la distanciation pour les hommes sont liés à des difficultés conjugales dans leur étude.

(15)

Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 15

En résumé, les résultats des deux courants de recherche montrent que les

conjoints infertiles utilisent plusieurs stratégies d’adaptation et davantage l’évitement. De plus, les femmes des couples infertiles utilisent davantage l’évitement que les hommes. Aussi, cette stratégie d'adaptation semble associée à un ajustement psychologique plus négatif chez les personnes infertiles comme d’autres stratégies passives. Les autres stratégies d'adaptation présentent des résultats inconstants dans les études et sont moins bien documentées quant à leur fréquence d’utilisation et leurs répercussions sur l’ajustement psychologique et conjugal chez les conjoints infertiles. Aussi, plusieurs chercheurs (Callan & Hennessey, 1989; Slade et al., 1992; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992) insistent sur la nécessité d’entreprendre d’autres investigations pour déterminer lesquels des stratégies d'adaptation sont les plus efficaces dans l’ajustement à l’infertilité.

L’implication des deux partenaires intimes lors l’expérience de l’infertilité fournit l’opportunité d’étendre l’étude du coping et de l’ajustement au couple. Aussi, en plus de la nécessité d’investiguer davantage la relation entre les différentes stratégies d'adaptation et l’ajustement psychosocial, certains chercheurs font ressortir l’importance de prendre en considération le contexte interpersonnel de l’infertilité et son impact sur l’ajustement des conjoints infertiles (Dunkel-Schetter & Stanton, 1991; Jordan & Revenson, 1999; Levin et al.,

1997; Stanton et al., 1992). D’ailleurs, Dunkel-Schetter et Stanton (1991) mentionnent que ce niveau d’analyse est une direction future révélatrice pour la recherche sur l’ajustement à l’infertilité. Elles précisent que pour mieux comprendre l’ajustement à l’infertilité, les

chercheurs doivent étudier !’inter-relation du couple. Dans le même sens, d’autres chercheurs ont soulevé l’importance d’examiner l’effet de l’appariement des stratégies d’adaptation des

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membres des couples infertiles sur leur fonctionnement psychosocial en plus de l’effet des stratégies de chacun des conjoints individuellement. Entre autres, Dunkel-Schetter et Lobel (1991) ainsi que Stanton (1991) mentionnent que les différences de stratégies

d'adaptation entre les conjoints peuvent avoir des implications pour le bien-être des couples infertiles. Elles ajoutent aussi que les différences perçues et réelles dans les stratégies d’adaptation peuvent influencer les négociations des conjoints dans le processus d’infertilité. Les observations cliniques de Wright et ses collaborateurs (1991) vont dans le même sens. Ces derniers mentionnent que les différences de genre dans les réponses psychosociales sont souvent l’événement final qui déclenche la crise chez les couples consultant pour infertilité. Es ajoutent aussi que des stratégies d’adaptation plus compatibles peuvent atténuer l’impact du stress de l’infertilité. Beaurepaire, Jones, Thiering, Saunders et Tennant (1994) mettent

l’accent sur la complexité de l’expérience d’infertilité comme le résultat, en partie, de !’interaction entre les deux membres du couple impliqué. Es rappellent que chaque membre peut voir et répondre différemment au problème. Es soulignent qu’alors que si certaines

réponses ont un impact positif pour une personne, elles peuvent avoir un impact négatif pour la relation de couple.

Jusqu’à maintenant, une seule étude a exploré la question à notre connaissance. Dans cette recherche, Levin et ses collaborateurs (1997) étudient l’effet de la concordance de l’appariement des stratégies d’adaptation sur la détresse psychologique et maritale de couples infertiles en traitement. 46 couples mariés participent à la recherche. Les participants

remplissent, à une seule reprise, une batterie de questionnaires. Les résultats indiquent que l’effet de la similarité des stratégies d’adaptation dans les couples est dépendant du type de

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement

stratégies et de la phase de traitement. Plus spécifiquement, !'utilisation fréquente de stratégies d'adaptation orientées vers la tâche par les deux conjoints est associée à la satisfaction conjugale la plus élevée pour la femme. L’utilisation fréquente de stratégies d'adaptation orientées vers l’émotion par les deux membres, quant à elle, est associée au degré le plus élevé de détresse psychologique pour l’homme. Les résultats montrent aussi que, pour les femmes dans une phase de traitement plus avancée, la satisfaction maritale est plus élevée chez les couples dont le mari utilise peu fréquemment les stratégies d'adaptation orientées vers l’émotion.

Bien que cette recherche présente des résultats intéressants pour les chercheurs et les cliniciens qui travaillent avec des couples infertiles, elle souffre de limites qui rendent les résultats difficilement généralisables. Ses principales limites sont, comme celles de plusieurs autres recherches sur les stratégies d’adaptation et l’ajustement psychosocial chez les couples infertiles, le nombre de sujets peu élevé et le protocole transversal. D’ailleurs, sur ce dernier point, plusieurs chercheurs soulignent le besoin d’études longitudinales dans le domaine (Andrews, Abbey & Raiman, 1991; Berg & Wilson, 1991; Mattlin, Wethigton & Kessler,

1990; McEwan, Costello & Taylor, 1987; Stanton, 1991; Stanton & Dunkel-Schetter, 1991; Stanton et al., 1992; Wright et al., 1989; Wright et al., 1991; Wright et al., 1992; Wright et al., 1995).

Par ailleurs, les caractéristiques médicales de l’infertilité n’ont pas fait l’objet d’un contrôle systématique. L’une de ces caractéristiques est le type d’infertilité. L’infertilité peut être de type primaire ou secondaire. Les individus souffrant d’une infertilité primaire sont

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ceux qui n’ont jamais eu un enfant biologique alors que ceux aux prises avec une

infertilité secondaire ont au moins une conception antérieure documentée (Stanton & Dunkel- Schetter, 1991). Une autre de ces caractéristiques est le diagnostic de l’infertilité. Le

diagnostic posé peut être de sources féminine, masculine, mixte ou inconnue. Par rapport aux caractéristiques médicales, Dunkel-Schetter & Stanton (1991) mentionnent, dans leurs

recommandations pour les recherches psychosociales futures sur l’infertilité, que l’influence des caractéristiques médicales devrait être prise en considération. Callan et Hennessey (1989) et McEwan et al. (1987) font des suggestions semblables pour le type d’infertilité. Andrews et al. (1991), Callan et Hennessey (1989) et Wright et al. (1991), quant à eux, en font pour la source d’infertilité (ou le diagnostic).

La présente recherche se propose d’explorer, à l’aide d’un protocole longitudinal, la relation entre l’appariement des stratégies d'adaptation et l’ajustement psychologique et conjugal des couples au cours du processus de diagnostic et de traitement de l’infertilité. Elle se propose aussi de porter une attention particulière à l’influence possible de différentes caractéristiques médicales1 (source et type d’infertilité) et du genre. Les objectifs de l’étude sont donc: (1) d’observer la relation entre les divers appariements de stratégies d'adaptation et l’ajustement psychologique et conjugal et (2) d’observer l’évolution cette relation dans le temps afin d’identifier les types d’appariements les plus fonctionnels et les plus satisfaisants dans le temps chez les couples en processus de diagnostic et de traitement de l’infertilité et (3)

1 La caractéristique médicale type de traitement de l’infertilité n’a pu faire l’objet d’un contrôle systématique pour des raisons éthiques. En effet, la présente recherche a dû tenir compte du fait que l’équipe médicale se devait de recommander la combinaison et la séquence de traitements les plus appropriées, compte tenu des besoins des patients. Les participants de la recherche pouvaient donc recevoir des traitements et/ou des combinaisons de traitements différents à chacun des trois moments d’évaluation.

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement !9 d’examiner l’influence potentielle des caractéristiques médicales et du genre sur la

relation entre l’appariement des stratégies d’adaptation et l’ajustement psychosocial.

L’hypothèse principale est que, selon le type de stratégies d’adaptation, un appariement semblable de styles d’adaptation sera lié positivement ou négativement à l’ajustement

psychosocial et ce, tant au plan transversal que longitudinal. Plus précisément, un appariement basé sur la similitude de stratégies actives (stratégies orientées vers la tâche) devrait avoir un effet positif sur l’ajustement psychologique et conjugal. À l’inverse, un appariement basé sur la similarité de stratégies passives (évitement) ou orientées vers l’émotion devrait avoir un impact négatif sur l’ajustement psychologique et conjugal des couples face à l’infertilité. Les autres hypothèses sont que le genre féminin, le type d’infertilité primaire et la source

d’infertilité inconnue auront, chacun, une influence négative sur la relation entre l’appariement et l’ajustement.

L’originalité de la présente étude est d’abord qu’elle considère l’appariement des stratégies d'adaptation des conjoints plutôt que les stratégies de chacun des membres

individuellement et qu’ensuite, ces stratégies d'adaptation ainsi que l’ajustement psychosocial sont mesurés à trois reprises au cours du processus de diagnostic et de traitement de

l’infertilité des couples et ce, à partir de l’accueil à la clinique de fertilité. De plus, l’étude prend en considération l’influence possible de caractéristiques médicales de l’infertilité.

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Méthode

Participants

L’échantillon se compose de couples consultant pour infertilité dans un hôpital de la région de Montréal. La clinique de fertilité de l’hôpital Saint-Luc regroupe des spécialistes en reproduction et offre des services d’investigation et de traitement des problèmes de l’infertilité. Tous les couples ont été recrutés lors de l’accueil, au moment de leur première consultation à la clinique de fertilité.

L’échantillon se compose de 56 couples (112 individus) francophones mariés (n = 29 couples) ou en cohabitation (n = 27 couples). Les couples vivent ensemble depuis en moyenne 5,59 ans (É. T. = 3,63). La moyenne d’âge des femmes est de 30,63 ans (É. T. = 4,10) et la moyenne d’âge des hommes est de 32,41 ans (É. T. = 4,28). Pour les femmes, les moyennes d’éducation formelle et de revenu annuel brut sont respectivement de 15,67 ans (É. T. = 3,43) et de 29 206 dollars canadiens (É. T. = 14 980) et pour les hommes, elles sont respectivement de 15,39 ans (É. T. = 3,34) et de 37 718 dollars canadiens (É. T. = 17 657).

Par rapport au profil médical, !’échantillon se compose de couples souffrant d’un

problème de fertilité prolongé. La durée moyenne de l’infertilité se situe autour de 38 mois (É. T. = 26). La source d’infertilité est féminine dans 55 % des cas, masculine dans 20 % des cas, mixte dans 5 % des cas et inexpliquée dans 20 % des cas. 49 couples n’ont pas d’enfant

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secondaire) de l’union actuelle.

Au total, 75% (242/325) des couples recrutés ont consenti à participer. Parmi les couples qui ont accepté de participer, 90% (219/242) participent réellement à la première étape, 50% (120/242) et 30% (73/242) des couples participent également à la deuxième et à la troisième étape, six mois et douze mois plus tard respectivement. Parmi ces couples, seuls les couples toujours en traitement dont les deux membres ont complété les questionnaires aux trois temps ont été conservés, soit 56 couples. La comparaison de ces couples à ceux qui n’ont pas accepté de participer et à ceux qui ont consenti, mais n’ont pas participé réellement n’a pas été fait en raison de l’absence de données sur ces derniers. Quant aux couples qui ont participé mais qui n’ont pas complété le processus de recherche, ils seront comparés à ceux qui ont participé aux trois moments d’évaluation pour vérifier la représentativité de !’échantillon à l’étude dans les analyses préliminaires de la section résultats.

L’abandon des traitements médicaux ou de la participation à la recherche, la réussite de la grossesse, la séparation et la perte de contact de certains couples sont parmi les raisons pouvant expliquer la baisse du taux de participation au cours du processus de recherche.

Procédure

Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 21 (infertilité primaire) et 7 couples, soit 12%, ont au moins un enfant (infertilité

Les participants ont été recrutés par le biais de l’infirmière qui reçoit les couples à la clinique d’infertilité avant leur consultation avec le médecin. Dans un premier temps,

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l’infirmière offrait la possibilité de participer à une recherche visant à mieux

comprendre le vécu des couples consultant pour un problème d’infertilité. Elle remettait une lettre de consentement expliquant les objectifs de la recherche, les implications reliées à la participation ainsi que les droits des participants. Lors de leur rencontre avec le médecin, les couples recrutés pouvaient également discuter de la recherche avec celui-ci. Les couples ayant signé le formulaire de consentement étaient ensuite rappelés par un membre de l’équipe de recherche. L’objectif de l’assistant de recherche était alors de reprendre chacun des points énoncés dans la lettre de consentement afin de s’assurer de la participation éclairée. Ce n’est qu’à la suite de ce dernier contact téléphonique que la première batterie de questionnaires ainsi qu’une enveloppe de retour affranchie leur étaient envoyés par courrier postal si les gens manifestaient toujours la volonté de participer à la recherche. L’assistant rappelait les répondants aux six mois, sur une période d’un an, pour vérifier leur volonté à participer à la prochaine étape de la recherche. Les couples intéressés remplissaient donc la même batterie de questionnaires à trois reprises. Les participants devaient compléter les questionnaires sans consulter leur conjoint.

Les réponses aux questionnaires de chaque répondant ont été entrées à l’ordinateur à deux reprises par deux codificateurs différents. La correspondance a été systématiquement vérifiée et toutes les variables qui faisaient l’objet d’une divergence ont été codifiées à nouveau par un troisième codificateur avant d’effectuer toute analyse.

(23)

Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 23 Instruments de mesure

En plus des questionnaires socio-démographique et médical, trois autres questionnaires sont utilisés dans la présente recherche, soit l’inventaire des symptômes psychiatriques, l’échelle d’ajustement dyadique et l’inventaire des stratégies de coping. H est à noter qu’étant donné que la présente étude s’inscrit dans le cadre d’une recherche plus large, d’autres

questionnaires ont composé la batterie à laquelle les participants devaient répondre.

L’inventaire des symptômes psychiatriques (Ilfeld, 1976, traduit par Ko ves s, Murphy, Tousignant & Fournier, 1985; Martin, Sabourin & Gendreau, 1989) est une version abrégée et adaptée du Hopkins Symptom Distress Checklist (Derogatis, Lipman, Rickeis Uhlenhuth & Covi, 1974). Ce questionnaire d’auto-évaluation est composé de 29 items mesurant la présence de symptômes psychiatriques communs: la dépression, l’anxiété, l’agressivité et les problèmes cognitifs. Le sujet doit évaluer la présence de différents symptômes psychologiques durant les sept derniers jours. Le score global est généralement transformé sur une échelle de

100 points. Un score plus élevé indique un degré de détresse psychologique plus élevé. La version française a été standardisée auprès de plus de 16 000 québécois (Martin et al., 1989; Tousignant & Kovess, 1985). Un score de 30 et plus permet de détecter les 15% de la population souffrant d’un niveau élevé de détresse psychologique dans la population québécoise (Wright et al., 1995). La version française du questionnaire possède une bonne cohérence interne (coefficients alpha entre 0,72 et 0,96).

(24)

L’échelle d’ajustement dyadique (Spanier, 1976, traduit par Baillargeon, Dubois

& Marineau, 1986) est un questionnaire d’auto-évaluation de 32 items mesurant la qualité de la relation conjugale perçue par chaque membre du couple. Plus précisément, cet instrument mesure quatre aspects de l’ajustement conjugal: le consensus, l’expression affective, la

cohésion et la satisfaction. Le score global d’ajustement dyadique varie entre 0 et 151. Plus le score est élevé, plus le conjoint est considéré comme satisfait de sa relation de couple. Le point de rupture fréquemment utilisé par les chercheurs pour départager les répondants

cliniquement en détresse conjugale de ceux satisfaits de leur union correspond à un score égal ou inférieur à 100. L’échelle d’ajustement dyadique possède une fidélité (coefficients alpha de 0,91 à 0,96) et des validités discriminante et convergente adéquates tant pour sa version

anglaise (Filsinger & Wilson, 1983; Spanier, 1976; Spanier & Thompson, 1982) que pour sa version française (Baillargeon et al., 1986; Sabourin, Lussier, Laplante & Wrigth, 1990).

L’inventaire des stratégies de coping (Endler & Parker, 1990, traduit et adapté par

Lussier & Sabourin, 1991) est un questionnaire de 48 items mesurant le ou les styles de coping adoptés par le sujet face aux situations difficiles, tendues ou contrariantes qui surviennent dans son couple. Dans la présente étude, les répondants ont référé à leur expérience avec

l’infertilité en complétant ce questionnaire. Les résultats obtenus à chacun des items se regroupent en fonction de trois stratégies générales d’adaptation : !’utilisation de stratégies orientées vers la tâche, de stratégies orientées vers l’émotion ou de stratégies d’évitement. Cette dernière catégorie se sous-divise à nouveau en deux sous-échelles : la recherche de diversion sociale et la recherche de distraction. Des scores plus élevés à l’une ou l’autre des dimensions indiquent un recours plus grand à cette forme de stratégie. Les coefficients de

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consistance interne varient entre 0,83 et 0,90. De plus, la stabilité temporelle, sur une période de six semaines, est jugée satisfaisante. La validité de construit a été supportée dans diverses études auprès de différentes populations (Endler & Parker, 1990; Endler, Parker & Butcher, 1993; Parker & Endler, 1992). En fait, contrairement aux autres mesures de coping, Γ inventaire des stratégies de coping a un support empirique significatif pour P utilisation des trois catégories de stratégies d’adaptation auprès de diverses échantillons de populations (Endler & Parker, 1994).

Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 25

Résultats

Les résultats sont divisés en trois grandes parties. Premièrement, des analyses

préliminaires sont effectuées. Deuxièmement, la relation entre l’appariement des stratégies d’adaptation et l’ajustement psychosocial (psychologique et conjugal) ainsi que l’évolution de cette relation dans le temps sont explorées (hypothèse 1). Troisièmement, les influences du genre, du type et de la source d’infertilité sont examinées (hypothèses 2, 3 et 4).

Analyses préliminaires

Avant de procéder aux analyses statistiques pour vérifier les hypothèses de recherche, des analyses préliminaires des données ont été réalisées.

(26)

Représentativité de l’échantillon à l’étude

Des analyses ont été effectuées pour vérifier si l’échantillon ayant complété tout le processus de recherche est représentatif de !’échantillon initial. Compte tenu de la mortalité expérimentale considérable dans la recherche, ces analyses sont importantes pour identifier la présence de biais potentiels relatifs à !’échantillon à l’étude et pour guider !’interprétation des résultats obtenus. Deux groupes ont été formés, l’un constitué des 56 couples dont les deux conjoints ont complété tout le processus de recherche et l’autre des 163 couples qui ne l’ont pas complété. Une série de tests-t et de tests Chi-carré ont été effectués sur les données initiales pour vérifier s’il existe des différences entre ces deux groupes sur les caractéristiques socio-démographiques et médicales ainsi que sur les variables à l’étude (stratégies

d’adaptation, détresse psychologique et satisfaction conjugale). Plus précisément, des tests-t ont été effectués pour les variables continues : stratégies d’adaptation, détresse psychologique, satisfaction conjugale, durée de cohabitation, scolarité, revenu, âge et des tests Chi-carré ont été effectués pour les variables catégorielles : mariage, langue maternelle, lieu de naissance, type d’infertilité et diagnostic. Les résultats des tests démontrent l’absence de différence significative entre les deux groupes sur ces variables à l’exception de la stratégie d’adaptation d’évitement pour les hommes. Les hommes qui ont complété tout le processus de recherche utilisent moins l’évitement (M = 33,02, É-T = 9,00 vs M = 36,66, É-T = 11,08) que les hommes des couples qui ont abandonné le processus (t (207) = -2,02; p < ,05).

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 27 Scores moyens pour la variable indépendante stratégie d’adaptation

Des scores moyens ont été calculés pour les stratégies d’adaptation. Les moyennes et les écarts-types pour les scores des stratégies d'adaptation orientées vers la tâche, vers l’émotion et d’évitement pour les femmes et les hommes aux trois moments d’évaluation sont présentés au Tableau 1.

Une analyse de variance multivariée, utilisant comme variables dépendantes les

différentes stratégies d’adaptation et comme variables indépendantes le temps et le genre, a été effectuée pour vérifier s’il existe des différences sur les stratégies d’adaptation entre les

moments d’évaluation et entre les genres. Les résultats des tests multivariés montrent un effet significatif de la variable genre, mais pas de la variable temps. Le F approximatif calculé à partir du test de Wilk est F (3, 328) = 21, 47; p < ,01 pour la variable genre. Les résultats des trois analyses de variances univariées effectuées sur chacune des variables dépendantes montrent un effet significatif de la variable genre sur les variables stratégie d’adaptation orientée vers la tâche (F (1, 330) = 18,09; p < ,01), stratégie d’adaptation orientée vers

l’émotion (F (1, 330) = 37,82; p < ,01) et évitement (F (1, 330) = 14,36; p < ,01). Π n’y a donc pas de différence significative entre les trois moments d’évaluation sur l’ensemble des

stratégies d’adaptation, mais il y a des différences significatives entre les femmes et les

hommes sur les différentes stratégies d’adaptation. Plus précisément, tant à l’accueil qu’après six et douze mois, les hommes utilisent significativement plus la stratégie d’adaptation

(28)

orientée vers la tâche que les femmes alors que celles-ci utilisent

significativement plus la stratégie d’adaptation orientée vers l’émotion et l’évitement que les hommes.

Insérer Tableau 1 ici

Scores moyens pour les variables dépendantes détresse psychologique et satisfaction conjugale

Des scores moyens ont été calculés pour la détresse psychologique et la satisfaction conjugale. Les moyennes et les écarts-types pour les scores totaux de détresse psychologique et de satisfaction conjugale pour les femmes et les hommes aux trois moments d’évaluation sont présentés au Tableau 2.

Une analyse de variance multivariée, utilisant comme variables dépendantes la détresse psychologique et la satisfaction conjugale et comme variables indépendantes le temps et le genre, a été effectuée pour vérifier s’il existe des différences sur les ajustements psychologique et conjugal entre les moments d’évaluation et entre les genres. Les résultats des tests

multivariés montrent un effet significatif de la variable genre, mais pas de la variable temps. Le F approximatif calculé à partir du test de Wilk est F (2, 329) = 17,22; p < ,01 pour la variable genre. Les résultats des deux analyses de variances univariées effectuées sur chacune des variables dépendantes montrent un effet significatif de la variable genre sur la variable

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 29 détresse psychologique (F (1, 330) = 28,07; p < ,01), mais pas sur la variable

satisfaction conjugale. B n’y a donc pas de différence significative entre les trois moments d’évaluation sur l’ensemble des mesures d’ajustement psychosocial, mais il y a des différences significatives entre les femmes et les hommes sur la détresse psychologique. Plus

précisément, tant à l’accueil qu’après six et douze mois, les femmes ont un score de détresse psychologique significativement plus élevé que les hommes.

Insérer Tableau 2 ici

Appariement des stratégies d’adaptation et ajustement psychosocial (,psychologique et conjugal)

Distribution des femmes et des hommes selon la stratégie d’adaptation principale

Puisque c’est à partir de la distribution des femmes et des hommes selon la stratégie d’adaptation principale que les appariements sont réalisés, cette distribution est d’abord présentée.

Pour faire la classification de chacun des participants à chacun des moments d’évaluation, des règles préétablies ont été appliquées. Ainsi, conformément aux normes d’utilisation de l’inventaire des stratégies de coping, des scores plus élevés à l’une ou l’autre des dimensions indiquent un recours plus grand à cette forme de stratégie. La stratégie

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d’adaptation principale retenue a donc été identifié par le score le plus élevé aux

différentes dimensions. De plus, dans les cas de scores équivalents sur deux ou même trois dimensions d’adaptation, la stratégie a été choisie par le critère « passivité ». En d’autres mots, la stratégie la moins active a été sélectionnée. Donc, en cas d’égalité des trois scores ou du score d’évitement et du score d’une autre stratégie, l’évitement a été sélectionné et en cas d’égalité des deux autres stratégies, la stratégie orientée vers l’émotion a été sélectionnée. Ce choix repose principalement sur l’idée que la stratégie dominante la moins active n’est pas le reflet de la désirabilité sociale, mais qu’elle correspond plutôt à une stratégie plus juste et plus près de ce que l’individu utilise pour s’adapter. Ce choix vise aussi à obtenir une répartition des participants plus vaste et à éviter qu’une forte proportion d’individus se retrouvent dans la stratégie d’adaptation la plus active (stratégie d’adaptation orientée vers la tâche).

La distribution des femmes et des hommes selon la stratégie d’adaptation principale aux trois moments d’évaluation est présentée au Tableau 3. L’analyse de ce tableau révèle qu’au temps un, 83 individus (34 femmes et 49 hommes) rapportent utiliser davantage la stratégie d’adaptation orientée vers la tâche, 22 (15 femmes et 7 hommes), la stratégie d’adaptation orientée vers l’émotion et 7 (7 femmes et 0 homme), la stratégie d’évitement. La répartition au temps deux présente peu de changements : 88 (38 femmes et 50 hommes) rapportent utiliser principalement la stratégie d’adaptation orientée vers la tâche, 15 (13 femmes et 2 hommes), la stratégie d’adaptation orientée vers l’émotion et 9 (5 femmes et 4 hommes), la stratégie d’évitement. Enfin, la répartition au temps trois présente également peu de

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 31 d’adaptation orientée vers la tâche, 21 (16 femmes et 5 hommes), la stratégie

d’adaptation orientée vers l’émotion et 6 (5 femmes et 1 homme), la stratégie d’évitement.

Insérer Tableau 3 ici

Distribution des couples selon le type d’appariement de stratégies d’adaptation

Pour ce qui est de l’appariement des stratégies d’adaptation des conjoints d’un même couple, six types de pairages sont définis : (1) deux conjoints dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche (tâche-tâche), (2) un conjoint dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche et l’autre vers l’émotion (tâche-émotion), (3) un conjoint dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche et l’autre est l’évitement (tâche-évitement), (4) deux conjoints dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers l’émotion (émotion-émotion), (5) un conjoint dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers l’émotion et l’autre est l’évitement (émotion-évitement) et enfin, (6) deux conjoints dont la stratégie d’adaptation principale est l’évitement (évitement-évitement).

La distribution des couples selon le type d’appariement de stratégies d’adaptation aux trois moments d’évaluation est présentée au Tableau 4. L’analyse de ce tableau révèle que l’appariement le plus fréquemment observé est constitué de deux conjoints dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche. Cet appariement se démarque nettement par

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sa grande fréquence d’apparition à l’accueil (30 couples; 54% de !’échantillon), six mois après (34 couples; 61% de !’échantillon) et douze mois après (32 couples; 57% de !’échantillon).

Afin de réduire la complexité des données, de tenir compte de la faible fréquence d’apparition de certains appariements et d’accroître la puissance statistique des tests, les appariements regroupant moins de cinq couples aux trois moments d’évaluation ont été éliminées. Ce faisant, il reste trois types d’appariement regroupant tout de même 52 des 56 participants de l’étude à l’accueil, 54 des 56 après six mois et 53 des 56 après douze mois. Ces appariements sont : (1) deux conjoints dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche (tâche-tâche), (2) un conjoint dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche et l’autre vers l’émotion (tâche-émotion) et (3) un conjoint dont la stratégie d’adaptation principale est orientée vers la tâche et l’autre est l’évitement (tâche-évitement).

Insérer Tableau 4 ici

Relation entre les types d’appariement et l’ajustement psychosocial et évolution de cette relation dans le temps

Afin de vérifier s’il existe des différences sur les plans de l’ajustement psychologique et conjugal entre les types d’appariement et pour déterminer si l’effet de l’appariement varie en fonction du temps, une analyse de variance multivariée a été effectuée. La détresse

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 33 psychologique et la satisfaction conjugale ont été utilisées comme variables

dépendantes et le type d’appariement et le temps, comme variables indépendantes. Les résultats des tests multivariés montrent un effet significatif de la variable type d’appariement, mais pas de la variable temps. De plus, ils ne montrent pas d’effet d’interaction significatif entre l’appariement et le temps. Le F approximatif calculé à partir du test de Wilk est F (4, 616) = 5,17; p < ,01 pour la variable type d’appariement. Les résultats des deux analyses de variances univariées effectuées sur chacune des variables dépendantes montrent un effet significatif de la variable type d’appariement sur les variables détresse psychologique (F (2, 309) = 5,80; p < ,01) et satisfaction conjugale (F (2, 309) = 8,04; p < ,01). Il y a donc des différences significatives entre les types d’appariement sur l’ensemble des mesures

d’ajustement psychosocial et ces différences ne varient pas entre les moments d’évaluation. Plus précisément, les conjoints des couples dont l’appariement est tâche-émotion ont un ajustement psychosocial inférieur (score de détresse psychologique significativement plus élevé et score de satisfaction conjugale significativement moins élevé) aux conjoints des autres appariements. À l’inverse, les conjoints des couples dont l’appariement est tâche-évitement ont un ajustement psychosocial supérieur (score de détresse psychologique significativement moins élevé et score de satisfaction conjugale significativement plus élevé) aux conjoints des autres appariements. Le Tableau 5 présente les moyennes des scores de détresse

psychologique et de satisfaction conjugale pour les différents types d’appariement.

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Genre, type et source d’infertilité

Afin de vérifier s’il existe des différences sur les plans de l’ajustement psychologique et conjugal entre les genres, les types et les sources d’infertilité et pour déterminer si l’effet de l’appariement varie en fonction de ces variables, trois analyses de variances multivariées ont été effectuées. La détresse psychologique et la satisfaction conjugale ont été utilisées comme variables dépendantes. Le type d’appariement et, successivement, le genre, le type et la source d’infertilité ont été utilisées comme variables indépendantes. Les résultats des tests

multivariés montrent un effet significatif des variables type d’appariement, genre, type et source d’infertilité2. De plus, ils ne montrent aucun effet d’interaction significatif entre l’appariement et les variables genre, type et source d’infertilité. Les Fs approximatifs calculés à partir du test de Wilk sont F (2, 312) = 5,01; p < ,01 pour la variable type et F (6, 612) = 4,01; p < ,01 pour la variable source. Les résultats des analyses de variances univariées effectuées sur chacune des variables dépendantes montrent un effet significatif de la variable type d’infertilité sur la variable satisfaction conjugale (F (1, 313) = 8,27; 01, > ע), mais pas sur la variable détresse psychologique. Ils montrent aussi un effet significatif de la variable source d’infertilité sur la variable satisfaction conjugale (F (3, 307) = 7,74; p < ,01), mais pas sur la variable détresse psychologique. H y a donc des différences significatives entre les types d’infertilité de même qu’entre les sources d’infertilité sur la satisfaction dyadique. Plus précisément, les conjoints des couples dont l’infertilité est de type primaire ont un score de satisfaction conjugale significativement plus élevé que les conjoints dont l’infertilité est de

2 Les résultats des variables type d’appariement et genre ayant déjà été présentés, seuls les résultats supplémentaires sur ces variables seront mentionnés dans la présente partie.

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 35 type secondaire. Aussi, les conjoints des couples dont l’infertilité est de source

inconnue ont un score de satisfaction conjugale significativement moins élevé que les conjoints des autres sources d’infertilité. Le Tableau 6 présente les moyennes des scores de satisfaction conjugale pour les types et les sources de l’infertilité.

Insérer Tableau 6 ici

Discussion

L’objectif général de la présente étude était d’explorer la relation entre l’appariement des stratégies d’adaptation et l’ajustement psychosocial (psychologique et conjugal) de couples infertiles. L’hypothèse principale postulant que, selon le type de stratégies d’adaptation, un appariement semblable de styles d’adaptation sera lié positivement ou négativement à l’ajustement psychosocial et ce, tant au plan transversal que longitudinal, n’a pu être que partiellement vérifiée. En effet, la taille de !’échantillon et plus particulièrement, la fréquence d’apparition de certains pairages ont limité à trois les types d’appariement des stratégies d’adaptation (tâche-tâche, tâche-émotion et tâche-évitement). Parmi ces trois, un seul type d’appariement a été constitué de stratégies d’adaptation semblables, celui basé sur la similitude de stratégies actives (tâche-tâche).

La partie vérifiée de l’hypothèse principale postulant que, plus précisément, un

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psychologique et conjugal a été infirmée. Les résultats montrent que les conjoints des

couples dont Γ appariement est tâche-évitement ont un ajustement psychosocial supérieur aux conjoints des autres appariements et qu’à l’inverse, les conjoints des couples dont

l’appariement est tâche-émotion ont un ajustement psychosocial inférieur aux conjoints des autres appariements. Une explication possible de ces résultats surprenants à première vue serait qu’un appariement similaire tâche-tâche, même s’il est constitué d’une stratégie

d’adaptation active reliée négativement à la détresse psychologique dans la littérature, pourrait, lorsqu’utilisé comme stratégie d’adaptation principale par les deux membres du couple pour faire face à l’infertilité, ne pas avoir l’effet le plus positif sur l’ajustement psychosocial. Π est possible que, quand les deux partenaires sont activement focusés sur le problème d’infertilité et les actions pour le résoudre, leur attention serait trop portée sur le stress lié à l’infertilité et par conséquent, l’exacerberait. Cette explication pourrait également s’appliquer à un

appariement tâche-émotion dans lequel, comme dans un appariement tâche-tâche, !’attention des partenaires, même si de façon différente par chacun, serait aussi centrée trop massivement sur le stresseur. Les résultats de la présente étude sur l’appariement tâche-émotion vont d’ailleurs dans le même sens que ceux de Levin et ses collaborateurs (1997) qui associent !’utilisation de la stratégie d’adaptation orientée vers l’émotion par au moins un des membres du couple à la détresse psychosociale. À l’inverse des appariements tâche-tâche et tâche- émotion, un appariement tâche-évitement pourrait être un meilleur équilibre et ce, même s’il est constitué, en partie, d’une stratégie d’adaptation passive reliée positivement à la détresse dans la littérature. Cette explication irait dans le sens de l’opinion de Folkman et Lazarus (1984) qui argumentent que les stratégies d’adaptation ne sont pas en soi adaptatives ou maladaptatives et dépendent du contexte d’apparition et d’évolution du stresseur. Néanmoins,

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 37 avant d’être plus définitif quant à ces résultats et à leurs explications, il serait

nécessaire de les reproduire.

Les résultats montrent aussi que les relations entre les types d’appariement et

l’ajustement psychosocial ne varient pas entre les moments d’évaluation. Ces résultats sont en lien avec l’absence de différence significative entre les trois moments d’évaluation sur

l’ensemble des stratégies d’adaptation et sur l’ensemble des mesures d’ajustement psychosocial observée dans les analyses préliminaires. Une explication possible de ces derniers résultats serait une certaine stabilité quant aux capacités d’adaptation psychosociales des individus à travers le temps. Cette explication ne pourrait être que préliminaire; le temps de la présente étude n’étant que d’un an. Comme il n’est pas inhabituel qu’un traitement se prolonge sur plusieurs années et qu’une étude (Berg & Wilson, 1991), quoique transversale, a identifié la troisième année de traitement comme la phase où l’on observait le plus de

détérioration dans le fonctionnement des participants, cette explication pourrait ne pas s’appliquer à plus long terme.

Les autres objectifs de l’étude étaient d’examiner les influences potentielles du genre, du type et de la source d’infertilité. Les hypothèses deux, trois et quatre postulant que le genre féminin, le type d’infertilité primaire et la source d’infertilité inconnue auront, chacun, une influence négative sur la relation entre l’appariement et l’ajustement ont été partiellement confirmées. En effet, bien que les résultats ne montrent aucun effet d’interaction significatif entre l’appariement et les variables genre, type et source d’infertilité, ils indiquent qu’il y a des différences significatives entre les genres sur la détresse psychologique ainsi qu’entre les types

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et les sources d’infertilités sur la satisfaction dyadique. Par rapport à l’absence d’effet d’interaction significatif, !’explication possible s’appuie sur le nombre peu élevé de

participants par cellule dans ces analyses. Selon cette explication, une plus grande taille des sous-groupes de !’échantillon permettrait une meilleure puissance statistique pour détecter les effets s’ils existent.

Par rapport aux différences significatives entre les genres, les résultats indiquent que les femmes ont un score de détresse psychologique significativement plus élevé que les hommes. Ces résultats corroborent ceux de plusieurs recherches antérieures (Abbey et al., 1991;

Benazon et al., 1992; McEwan et al., 1987; Stanton, 1991; Wright et al., 1989; Wright et al., 1991; Wright et al., 1992; Wright et al., 1995). Plusieurs explications possibles et non mutuellement exclusives de ces différences de genre ont été proposées. Parmi ces

explications, plusieurs auteurs (Abbey et al., 1991; Benazon et al., 1992; Dunkel-Schetter & Stanton, 1991; Jordan & Revenson, 1999; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992; Wright et al., 1989; Wright et al., 1991; Wright et al., 1995) ont suggéré que, bien qu’au cours des trois dernières décennies, il y ait eu plusieurs changements sociaux, il reste que le rôle de parent semble être encore plus central pour les femmes que pour les hommes. Ces auteurs ont aussi suggéré que cette différence peut être comprise par le fait que les femmes représentent le membre du couple le plus intensément soumis aux procédures médicales d’examen et de traitement de l’infertilité. Dans le même sens, certains (Abbey et al., 1991; Dunkel-Schetter & Stanton, 1991; Stanton, 1991; Stanton et al., 1992) ont ajouté que les femmes sont le membre du couple qui surveillent sur leur propre corps les signes de réussite (grossesse) ou d’échec (menstruations) du traitement. Toutes ces explications se résument par l’idée que les femmes

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 39 auraient une plus grande implication dans Γexpérience d’infertilité et ce, en dépit

d’une conceptualisation de l’infertilité comme un stresseur affectant les deux partenaires du couple.

Par rapport aux différences significatives entre les types et les sources d’infertilité, les résultats indiquent que les conjoints des couples dont l’infertilité est de type primaire ont un score de satisfaction conjugale significativement plus élevé que les conjoints dont l’infertilité est de type secondaire. De plus, ils indiquent que les conjoints des couples dont l’infertilité est de source inconnue ont un score de satisfaction conjugale significativement moins élevé que les conjoints des autres sources d’infertilité. Les résultats sur le type d’infertilité vont dans le sens contraire de l’hypothèse, mais pourraient être compris, au plan théorique, avec la

définition du stress de Lazarus et Folkman (1984). Selon leur définition fréquemment appliquée à l’infertilité, le stress est lié, entre autres, à la nature imprévisible de l’événement. L’infertilité serait plus stressante pour les couples qui ont déjà réussi à concevoir (infertilité de type secondaire) parce qu’elle serait plus inattendue. Une autre explication possible de ces résultats serait que le type d’infertilité pourrait être une variable confondue avec la durée de la relation. Si la durée moyenne de relation des couples dont l’infertilité est de type secondaire est plus élevée que ceux dont l’infertilité est de type primaire, le score de satisfaction

conjugale moins élevé des conjoints des couples qui ont déjà réussi à concevoir est conforme aux résultats attendus dans le domaine conjugal; la relation dans le temps de la satisfaction conjugale étant descendante (Kamey & Bradbury, 1995). Les résultats sur la source

d’infertilité, quant à eux, vont dans le même sens que l’hypothèse. Le diagnostic de source inconnue serait plus stressant pour les couples parce qu’il donnerait la perception que le

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traitement sera moins précis et approprié et par conséquent, moins efficace que si la cause de Γinfertilité était expliquée. Par ailleurs, il est intéressant de constater avec ces résultats sur les caractéristiques médicales d’infertilité que le type et la source affectent plus spécifiquement la satisfaction conjugale. Les caractéristiques médicales d’infertilité

influenceraient la variable de couple des conjoints qui expérimentent l’incapacité de réaliser leur but d’avoir un enfant.

Globalement, les résultats de la présente étude montrent qu’il y a des différences significatives entre les types d’appariement de stratégies d’adaptation sur les mesures

d’ajustement psychosocial. En ce sens, cette conclusion se situe dans la lignée celle de l’étude de Levin et ses collaborateurs (1997), la seule autre recherche à avoir explorée la question. Les résultats de la présente étude indiquent aussi qu’il y a des différences significatives entre les genres sur la détresse psychologique ainsi qu’entre les types et les sources d’infertilité sur la satisfaction conjugale. L’appariement des stratégies d’adaptation ainsi que le genre et les caractéristiques médicales d’infertilité s’avèrent donc être révélateurs pour les chercheurs et les cliniciens qui travaillent avec des patients infertiles. Us constituent des pistes pour

identifier les couples infertiles plus à risque de difficultés d’ajustement au stress de l’infertilité et pour intervenir avec eux. L’étude des appariements de stratégies d’adaptation plutôt que l’étude séparée des stratégies permet de dépasser la perspective individuelle habituellement utilisée dans les recherches et d’adopter une perspective interpersonnelle plus complexe, mais aussi plus complète et représentative de la réalité des couples infertiles. D’autres recherches devraient être réalisées pour corroborer les résultats obtenus ici et pour les préciser. Ces recherches futures auraient avantage à dépasser les limites de la présente étude.

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Infertilité, stratégies d’adaptation et ajustement 41

La principale limite de la présente étude est la petite taille de Γéchantillon qui n’a pas permis d’étudier tous les types d’appariement et de faire des distinctions de genre dans les types d’appariement. Une autre limite, cause de la limite principale, est la mortalité expérimentale considérable. Des moyens sont donc à trouver pour motiver les couples à continuer à participer à la recherche et pour assurer un meilleur suivi des couples qui abandonnent la recherche et/ou le traitement de l’infertilité. De plus, étant donné que

!’échantillon se composait de couples francophones, blancs, de classe moyenne et consultant pour infertilité, les présents résultats ne sont peut-être pas généralisables à d’autres populations infertiles. Π serait intéressant, dans des recherches futures, de refaire cette étude avec des couples infertiles provenant de minorités pour vérifier si les résultats sont généralisables à d’autres ethnies ou à d’autres classes sociales, groupes où peu d’études ont été faites. Il serait aussi pertinent que les recherches ultérieures portent sur une période de temps plus longue.

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