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L'analyse marginaliste de la répartition et le raisonnement Ricardien

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L’analyse marginaliste de la répartition et le

raisonnement Ricardien

Elie Sadigh

To cite this version:

Elie Sadigh. L’analyse marginaliste de la répartition et le raisonnement Ricardien. [Rapport de recherche] Institut de mathématiques économiques ( IME). 1992, 33 p., Graph, ref. bib. : 11 ref. �hal-01541451�

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INSTITUT DE MATHEMATIQUES ECONOMIQUES

LATEC C.N.R.S. URA 342

DOCUMENT de TRAVAIL

UNIVERSITE DE BOURGOGNE

FACULTE DE SCIENCE ECONOMIQUE ET DE GESTION

4, boulevard Gabriel -21000 DIJON - Tél. 80395430 -Fax 80395648

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9201

L ’ANALYSE MARGINALISTE DE LA REPARTITION ET LE RAISONNEMENT RICARDIEN

Elie SADIGH*

janvier 1992

* Université de Bourgogne

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Je remercie J.M. Huriot et B. Rouget qui ont bien voulu lire mon travail et m'ont permis d'apporter quelques précisions supplémentaires.

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INTRODUCTION

Les économies des pays industrialisés sont dominées, en grande partie, par la production salariale. Notre objectif dans ce travail est de savoir laquelle des deux analyses, ricardienne ou walrasienne, permet d’expliquer le mieux le fonctionnement de ce système. Aussi avons-nous choisi de placer l'étude de la rente au centre de notre travail car son explication peut être rapprochée de celle du surplus ou profit. En effet une partie de l'analyse économique est dominée par l'étude du profit, qui est l'un des fondements de l'explication de l'accumulation du capital et l'un des éléments permettant de connaître les secteurs ou les entreprises où l'investissement doit se développer. En outre, la dépense du profit sur le marché auquel il n'est pas destiné est une cause de dysfonctionnement du système économique. On comprend dès lors à quel point il est important de savoir comment ce profit est réalisé et s'il est compatible avec une économie en équilibre monétaire.

Dans l'économie ricardienne la monétisation de la production s'effectue à la production dans l'acte de la rémunération des services producteurs. Le problème est de savoir comment la rente, qui résulte des effets de la demande et des prix dans ce système, peut être expliquée monétairement. Il conviendrait

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ensuite de poser la question de savoir si le profit peut résulter de la généralisation de l'explication monétaire de la rente.

Le système walrasien pose des hypothèses fondamentales telles que par exemple les hypothèses de la concurrence pure et les fonctions de production homogènes de degré un qui fondent l'équilibre général; la question est de savoir si la rente est compatible avec ces hypothèses.

Pour répondre à ces questions, nous comparerons l'analyse de Ricardo à celle de Walras, en étudiant la cohérence interne des deux analyses, cohérence que nous devrons mettre en rapport aussi bien avec les hypothèses qui les fondent qu'avec la réalité de l'économie salariale. En effet certains économistes pensent pouvoir expliquer le fonctionnement des économies salariales en partant des analyses de ces deux auteurs.

Pour mener à bien cette étude nous organiserons donc notre travail autour des trois thèmes suivants:

I. La rente ricardienne et la répartition.

II. La rente est-elle compatible avec l'hypothèse de la concurrence pure et l'équilibre général?

III. On ne peut pas établir une analogie entre la théorie marginaliste de la répartition et la rente ricardienne.

I

LA RENTE RICARDIENNE ET LA REPARTITION.

Nous attachons une attention particulière à l'étude de la rente ricardienne, car elle permet non seulement de soulever l'un des problèmes les plus

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importants qui se posent à l'économie de production et d'échange et en particulier au système capitaliste, à savoir la réalisation du surplus ou du profit, mais aussi d'expliquer le fonctionnement du marché dans ce système. En outre la rente ricardienne est donnée par les économistes néo-classiques comme l'exemple d'un raisonnement à la marge, et comme fondement de l'explication des rémunérations des facteurs de production selon leur productivité marginale.

Les Classiques supposent des terres de fertilités différentes, les terres les plus fertiles étant mises en culture les premières.

Pour David Ricardo la rente est un effet de prix en ce sens que, sur la terre non marginale, le prix de marché des produits agricoles est plus élevé que le coût de production. Il précise en outre que le prix courant varie en fonction de l'offre et de la demande. (Principes P. 89, 1970). Aussi la raison de l'apparition et de l'augmentation de la rente est-elle l'accroissement de la demande de produits agricoles. En effet, l'augmentation de cette demande est la cause de la mise en culture de terres de moins en moins fertiles. Moyennant l'emploi d'un même travail et d'un même capital, sur des terres de fertilités différentes, le produit net est nul pour la terre marginale alors qu'il est positif pour les autres terres. On peut dire aussi que la production d'une même quantité de produits agricoles exige davantage de travail et de capital sur la terre marginale que sur les autres terres. Etant donné que dans le système de Ricardo, le prix des produits se fixe (du fait de la demande) au niveau du coût de production établi sur la terre marginale, une différence positive apparaît entre le prix du marché des produits agricoles et le coût de production des produits des terres non marginales, ce qui constitue la rente différentielle.

Peut-on étendre ce résultat obtenu dans le secteur de l'agriculture et 1 ' appliquer à 1 ' industrie manufacturière?

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Ricardo distingue le secteur de la manufacture de celui de l'agriculture. "C'est ainsi que du drap qu'on peut donner à 40s. l'aune en prélevant les profits ordinaires sur le capital, pourrait hausser jusqu'à 60 ou 80s., en raison des exigences de la mode, ou par suite de quelque autre cause, qui tout à coup, et sans qu'on s'y attendît, en augmenterait la demande ou en diminuerait l'approvisionnement. Les fabricants de draps feront, pendant quelque temps, des profits extraordinaires; mais les capitaux afflueront vers ce genre de fabrique jusqu'à ce que l'offre soit au niveau de la demande, et alors le prix du drap baissera de nouveau à 40s, qui est son prix naturel et absolu." (Ricardo, P. 89- 90, 1970).

L'analyse de Ricardo permet de dire que l'augmentation de la demande et donc l'effet de prix dans une industrie manufacturière entraîne une augmentation des profits dans ce secteur, faisant ainsi apparaître un surprofit, dont il résulte un accroissement des investissements permettant d'augmenter la production et amenant l'offre au niveau de la demande, la conséquence en étant le rétablissement du niveau du profit au niveau d'un taux de profit uniforme dans le système. Ainsi pour Ricardo l'augmentation de la demande peut-elle avoir comme effet l'augmentation du taux de profit pour certaines industries. Le surprofit est une réalité dans le secteur de l'industrie, même si la tendance est d'arriver à un taux de profit uniforme, qui n'est jamais réalisé dans les faits. D'une façon générale, le profit gravite autour du profit moyen, (certains pensent que c'est le taux établi sur le marché monétaire), de même que les capitaux engagés sur la terre obtiennent une rémunération égale au taux de profit moyen en vigueur dans le système. (Pour Ricardo le taux de profit dans le système est en rapport avec le taux de profit établi dans l'agriculture. (Cf. Principes, ch. VI, Des profits, 1970).

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Nous pouvons en conclure que Ricardo, pour expliquer la permanence de la rente dans le secteur agricole, suppose que les terres cultivables sont rares et que le progrès technique est limité dans ce secteur; cela implique donc que la rente découle de la différenciation des terres qui sont de moins en moins fertiles.

Mais nous avons vu que, du fait de l'accroissement de la demande de produits agricoles, le prix de ces produits dépasse le coût de production sur les terres non marginales. Or, le système ricardien n'admet pas plusieurs taux de profit sur les capitaux engagés, aussi Ricardo est-il amené à expliquer la rente différentielle non seulement en supposant des terres de fertilités différentes, mais aussi en définissant la rente en tant que différence entre le surprofit et le profit moyen réalisé sur la terre marginale. Notre problème est d'expliquer la réalisation de la rente ou du surprofit dans une économie monétaire salariale, en partant de l'idée de Ricardo selon laquelle la rente est un effet de prix. Nous supposons, pour simplifier, que le taux moyen de profit se confond avec le taux d'intérêt, lui-même déterminé d'une façon exogène. Par conséquent, le coût monétaire de production sera égal à la somme des salaires et des intérêts versés. Il reste à expliquer le paiement de la rente par les fermiers aux propriétaires.

Autrement dit, étant donné que dans le système de Ricardo le revenu monétaire est établi à la production, par la rémunération des salariés et le paiement de l'intérêt, il faut déterminer comment est réalisée la rente. Par la suite nous abandonnerons l'hypothèse de la détermination exogène du taux de profit et nous envisagerons la possibilité de sa réalisation à l'intérieur du système.

En effet, distinguons la monétisation de la production, coût monétaire de production, du prix du marché. Le coût monétaire de production de chaque entreprise ou fermier, à chaque période, donne lieu à un flux de revenu qui est

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composé des salaires (ou des salaires et des intérêts). En revanche le prix du marché est égal à la somme du coût monétaire de production et de l'amortissement; s'y ajoute éventuellement la rente ou le surprofit. Ainsi dans ce cas l'amortissement et la rente ou le surprofit sont à réaliser sur le marché des produits. Si l'intérêt ou le profit n'est pas un composant du coût monétaire de production, il doit être aussi réalisé sur le marché des produits.

En outre, nous savons que l'analyse classique est fondée sur la loi d'échanges entre équivalents. Mais les Classiques voulaient l'appliquer aux échanges individuels, ce qui rendait problématique l'explication monétaire du surprofit ou rente. Or il apparaît judicieux d'expliquer cette loi au niveau global. En effet, il faut expliquer comment la dépense du revenu national formé à la production a non seulement le pouvoir d'écouler la totalité du produit national mais aussi la possibilité de faire apparaître le montant de la rente sur le marché des produits. Nous verrons que l'explication ricardienne de la rente n'est possible qu'en passant par la deuxième possibilité. Un autre problème est de savoir si ce surprofit, qui est la cause de la rente, est compatible avec l'équilibre monétaire.

Avant d'aller plus loin essayons d'expliquer la loi d'échanges entre équivalents, qui est étudiée de deux façons.

L'une est fondée sur la répartition établie dès la production, à savoir que la part du produit qui revient à chaque facteur est déterminée à la production; la rente apparaît d'une façon réelle et elle ne peut pas circuler. Mais dans ce cas, le marché des produits et donc la demande et les prix ne jouent aucun rôle dans la répartition puisqu'ils ne modifient pas la répartition établie à la production. En outre on ne peut pas dire que les rémunérations sont fixées après l'échange

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car dans une économie salariale on ne peut pas exercer une demande avant d'avoir reçu un revenu monétaire.

L'autre explication est fondée sur la rémunération monétaire des services producteurs dès la production; l'équivalence s'établit entre le revenu monétaire et le produit de la période, et donc la dépense de ce revenu formé à la production permet d'écouler la totalité du produit. Dans ce cas la répartition du produit s'effectue sur le marché des produits en fonction du prix formé sur ce marché.

Le problème est de savoir d'où vient le montant qui permet le paiement monétaire de la rente, ou de démontrer comment ce montant est capté. Autrement dit, il faut expliquer comment les fermiers captent une partie du revenu formé à la production afin de payer les propriétaires. Comme nous l'avons vu, Ricardo, pour expliquer la rente, affirme que le prix du marché des produits agricoles est plus élevé que le coût de production sur la terre non marginale.

Ainsi Ricardo a-t-il trouvé la clé de la résolution de la rente foncière, mais il reste encore à démontrer que cette proposition est compatible avec la loi d'échanges entre équivalents.

Pour y parvenir, nous allons envisager l'explication monétaire de la rente en trois points. (Nous avons étudié ces trois points dans un travail paru dans un ouvrage collectif intitulé "La rente foncière, application théorique et empirique" édité par l'A .D .E.F. 1990, P. 145-154, mais dans la présente étude nous essayons d'aller plus loin).

1° L'analyse classique ne parvient pas à expliquer la réalisation monétaire de la rente.

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rente.

3° La réalisation de la rente est compatible avec la loi d'échanges entre équivalents et l'équilibre monétaire.

L'analyse classique s'impose la loi d'échanges entre équivalents au niveau des échanges individuels. Ainsi le salaire des travailleurs et l'intérêt du capital, payés par les fermiers, ne représentent-ils pas la valeur monétaire de la totalité du produit de la période. (Nous avons supposé que le taux de l'intérêt est déterminé de façon exogène). Salaires et intérêt ne représentent que la valeur monétaire des produits appropriés par les travailleurs et les capitalistes, ce qui signifie que la rente n'est pas monétisée à la production. Aussi pourrait-on en conclure que la rente ne peut pas circuler, ce qui est problématique; pour que la rente circule, il faut qu'elle soit monétisée. Autrement dit, si la terre produit du blé, la rente est créée en blé et ne peut s'échanger monétairement ni contre d'autres produits agricoles ni contre les produits manufacturés.

A

A

200 UM \ 50 UP \ 100 UP / Rente réelle 50 UP / 200 UM y [W et K] E = Fermiers ou entreprises W = Travail K = Capital UM = Unité de monnaie UP = Unité de produit

Dans ce cas, par hypothèse, le revenu des services producteurs (200 UM) ne représente que la valeur d'une partie du produit (50 UP).

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Or en même temps Ricardo affirme que la rente est un effet de prix. Laquelle des deux affirmations suivantes l 'emporte-t-elle en dernière analyse?

i. Les salaires et l'intérêt ne représentent pas la valeur monétaire de la totalité du produit de la période.

ii La rente est un effet de prix. C'est ce cas que nous allons étudier.

Nous venons de voir que si la première hypothèse était vraie la rente apparaîtrait d'une façon réelle,et elle ne pourrait pas circuler.

Qu'en est-il de la deuxième hypothèse? La totalité de la production est monétisée par la rémunération des travailleurs et le paiement des intérêts. La somme de ces rémunérations représente la valeur monétaire du produit de la période; selon Ricardo la rente est un effet de prix. Autrement dit, le montant de la rente est-il inclus dans le revenu formé à la production, ce qui signifie que la dépense de ce revenu permet d'écouler la totalité du produit de la période. Ceci étant précisé, essayons de démontrer l'apparition de la rente dans la dépense du revenu formé à la production.

Par l'effet de la demande sur le marché des produits agricoles, le prix de ces produits se fixe au niveau du coût de production sur la terre marginale, hypothèse de Ricardo, tandis que sur les terres non marginales apparaît un surprofit. En effet les titulaires de revenu monétaire dépensent une partie ou la totalité de leur revenu sur le marché des produits agricoles, et comme le prix est plus élevé que le coût de production, les fermiers des terres non marginales réalisent un surprofit leur permettant de payer les propriétaires qui, à leur tour dépensent ce revenu de transfert sur le marché des produits. La rente est donc prélevée sur la rémunération des services producteurs payés à la production.

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A la production est établie une relation d'équivalence entre le produit et les rémunérations: le montant des rémunérations représente la valeur monétaire du produit de la période, ce qui signifie que la dépense du revenu formé à la production a le pouvoir d'écouler la totalité du produit. Autrement dit, le montant de monnaie appelé dans l'économie pour monétiser la production est déterminé par les rémunérations des services producteurs. Le problème est alors de savoir comment le surprofit ou rente apparaît à la fois sous forme monétaire et réelle.

Ricardo se fonde sur le rôle que joue le marché, qui, par l'effet des prix, partage le produit entre les services producteurs et les propriétaires.

En effet les titulaires de revenu, en dépensant leur revenu, n'obtiennent qu'une partie du produit de la période, et transfèrent une partie de leur pouvoir d'achat aux fermiers qui paient la rente aux propriétaires; la dépense de cette rente monétaire permet d'écouler le reste du produit ou son équivalent qui n'avait pas été approprié par les services producteurs.

Par conséquent la totalité du produit est appropriée par la dépense du revenu formé à la production. Ceci est compatible avec l'analyse de Ricardo, pour qui la rente est un effet de prix.

Dans cette analyse le montant de la rente est déterminé grâce à l'influence de la demande sur le marché des produits, et cela dans le respect des échanges entre équivalents au niveau global. La dépense du revenu formé dès la production suffit à écouler la totalité du produit. Aussi le véritable sens de l'échange entre équivalents et de l'équilibre monétaire est-il respecté, en ce sens que le produit global est écoulé pour le montant qu'il a coûté à la production. La dépense du revenu formé à la production écoule la totalité du produit de la

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période. S'il est vrai que dans une économie salariale de marché la monétisation de la production s'effectue à la production, il est vrai aussi que la répartition réelle s'établit sur le marché des produits une fois que les prix sont fixés sous l'effet de la demande.

Essayons d'illustrer les explications qui précèdent à travers un exemple. Si la terre A est la terre marginale et la terre B la terre non marginale, le coût de production sur la terre A (abstraction faite de l'amortissement) est égal à 100 unités de monnaie et le produit obtenu égal à 50 unités de produit, le coût de production sur la terre B est égal à 100 UM face à 100 UP. Ainsi donc, comme le prix du marché se fixe au niveau du coût de production sur la terre marginale (c'est-à-dire à raison d'une unité de produit pour deux unités de monnaie), et en supposant, pour simplifier, qu'il n'existe dans le système que deux producteurs, l'ensemble des services producteurs, en dépensant la totalité de leur revenu (200 unités de monnaie) obtiennent 100 unités de produit. Les fermiers qui cultivent la terre A, en vendant leur produit, récupèrent les 100 UM qu'ils avaient dépensées sur le marché des services producteurs, alors que les fermiers cultivant la terre B donnent 100 UM aux propriétaires qui, eux- mêmes ou leurs ayants droit, peuvent s'approprier les 50 UP représentant la rente; les fermiers cultivant la terre B récupèrent aussi le montant "dépensé" qui leur a permis de monétiser leur production. L'ensemble des fermiers des terres A et B récupèrent la totalité des avances qui a monétisé la production de la période.

Cela peut être illustré à travers trois schémas. Supposons trois terres A, B etC .

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Les coûts de production en services producteurs sur les terres A, I sont de 100 unités de monnaie. Les produits des terres A, B et C respectivement de 50, 75 et 100 unités de produit.

Le prix du marché s'établissant au niveau du coût de production de 1; marginale, nous aurons:

100 UM = 50 UP d'où 1 UP = 2 UM Fermiers de Fermiers de Rente

la terre A la terre A * / ^

50 UP ] 0 UP 100 UM O UM

Propriétaires Sur la terre A la rente est nulle.

Fermiers de Fermiers de Rente la terre B la terre B K A N / f e n t j j^ 75 UP / n 50 Uï \ 25 UP ou leurl \ \ I i équivalent X \ / ' ' 1 100 UM / 100 U M \ 50 UM ' S i SP Propriétaires

Sur la terre B la rente est de 25 unités de produits.

et C sont

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la terre C f '

/ 100 UM 100 UM 100 UM 100 UM

SP Propriétaires

Précisons bien que le montant de la rente est déterminé sur le marché des produits grâce à l'effet de la demande et des prix; d'autre part si l'on introduit le système bancaire, dès que le prix est connu sur le marché des produits, le fermier peut payer la rente monétaire aux propriétaires. Ceux-ci ou leurs ayants droit s'approprient la rente réelle ou son équivalent (c’est-à-dire les produits des autres secteurs) en dépensant la rente monétaire.

Quelques remarques sur la rente ricardienne:

1° La terre est rare, et comme elle n'est pas un produit, sa quantité ne peut pas augmenter; en outre le progrès technique n'est pas compatible avec la persistance de la rente en tant que revenu permanent.

Pour appuyer notre démonstration nous nous fondons sur les arguments de D. Ricardo, en comparant les secteurs de l'industrie et de l'agriculture.

En effet Ricardo suppose la fertilité naturelle et décroissante des terres, ce qui signifie que pour obtenir la même quantité de produits sur une terre moins fertile, il faut plus de travail et (ou) de capital. Cela implique que le coût de production d'un même produit est variable suivant les terres. Du fait de la demande, le prix s'établit au niveau du coût de production de la terre marginale et les autres terres réalisent un surprofit qui devient rente.

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En revanche, dans le secteur de l'industrie, si une entreprise ou un secteur réalise un surprofit, les investissements dans ce secteur ou dans cette entreprise augmentent, la concurrence se développe jusqu'à ce que le surprofit disparaisse et que le profit s'établisse au niveau du taux de profit normal.

2° Sur la terre marginale la rente différentielle n'apparaît pas. La rente ne peut donc pas être considérée comme la rémunération d'un facteur de production. En effet elle apparaît du fait que Ricardo suppose d'une part que les terres sont de fertilités différentes, d'autre part que le taux de profit est unique dans le système. Elle représente la différence entre le profit réalisé et le profit normal.

Si Ricardo ne faisait pas apparaître la rente, il y aurait différents taux de profit dans le système, ce qui favoriserait les investissements dans les secteurs les plus rentables. Or comme nous l'avons vu, Ricardo pense que dans le secteur de l'agriculture l'augmentation des investissements n'améliore pas la productivité ni ne l'amène au niveau de la productivité de la terre la plus productive pour le même coût de production, et c'est pour cette raison que les terres les plus fertiles réalisent un surplus qui devient rente.

3° A la suite des travaux de P. Sraffa(l) on sait que les combinaisons de production différentes entre travail et capital peuvent être une cause de variation de surplus.

Il est vrai qu'en utilisant la même technique de production sur des terres différentes on obtient des niveaux de production différents et dans ce cas la terre

1 P. Sraffa, "Production de marchandises par des marchandises". Ed. Dunod, 1970. Abraham-Frois, G. Berrebi E. "Rentes, Rareté, surprofits". Ed. Economica, 1980. Huriot J.M. "Rente foncière et modèle de production". Environnement and Planning A, Vol. 13, Pages 1125-1149.

Vidonne P. "Une présentation critique de la rente ricardienne". Revue Economique - 28 (2) P. 227-239.

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la plus fertile est celle qui dégage le plus de surplus, obtenant ainsi la rémunération la plus élevée; en revanche lorsque sont mises en marche différentes techniques de production, l'ordre de fertilité des terres n'est plus établi définitivement, il peut être changé du fait de changements de répartition entre salaires et intérêt.

Supposons qu'en employant sur deux terres des techniques de production différentes, la répartition étant donnée, on constate que la terre n °l est plus rentable que la terre n°2. Il est néanmoins possible qu'à la suite d'un changement dans la répartition entre salaires et profit, ce soit la terre n°2 qui se révèle plus rentable que la terre n °l. Dans ce cas on ne peut plus dire d'une façon certaine que les terres n °l ou n°2 soient plus rentables l'une que l'autre; c'est la combinaison des techniques de production et la répartition entre salaires et profit qui rendront plus rentable l'une ou l'autre des deux terres. Ce résultat est l'explication d'un surplus. L'ordre de fertilité dépend donc de la répartition. En changeant la répartition entre salaires et profit on peut changer l'ordre de rentabilité des terres, qui n'est plus une donnée naturelle.

Peut-on dire après cette constatation que c'en est fait de la rente ricardienne? Non, car l'hypothèse de la différence de productivité des terres peut être remplacée par l'hypothèse de combinaisons de production différentes, et le raisonnement fondé sur l'effet de prix lié à la demande s'applique dans ce cas aussi.

4° Nous avons vu que pour D. Ricardo la rente est un effet de prix, c'est- à-dire que du fait de la demande un écart peut apparaître entre le prix et le coût de production.

En généralisant ce raisonnement à l'ensemble du système, c'est-à-dire en admettant la possibilité d'apparition d'un écart entre le prix et le coût de

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production, on peut dire que du fait de l'emploi de différentes techniques de production, le surplus peut se manifester dans le système, si la demande le permet. Par conséquent le surplus, ou profit, est compatible avec le fonctionnement harmonieux de l'économie.

En effet si l'on part de l'explication de la rente, surprofit ou effet de prix chez Ricardo, on peut appliquer le même raisonnement et expliquer le profit dans ce système. Autrement dit le système de Ricardo admet le revenu de transfert puisque pour lui la rente est un effet de prix c'est-à-dire un revenu de transfert. Le profit est aussi un revenu de transfert, capté par les entreprises, dont la source est le revenu formé à la production. Ainsi pour que le profit apparaisse dans le système, il suffit que le prix, sous l'effet de la demande,

s'écarte du coût de production.

II

LA RENTE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC L'HYPOTHESE DE LA CONCURRENCE PURE ET DE L'EQUILIBRE GENERAL?

Pour Walras, la terre est considérée comme un facteur de production et la rente représente la rémunération de ce facteur; la fertilité des différentes terres est supposée connue dès la production. (Walras fonde son raisonnement sur la productivité décroissante des terres). Aussi, dans ce système, la terre étant considérée comme un facteur de production, la rente est la cause de l'augmentation des prix, contrairement à ce que pensent Ricardo et Marx, pour qui la rente est un effet de prix. En assimilant la terre à un facteur de production, de la même façon que le travail, on lui attribue un revenu. De ce fait, la totalité du produit est appropriée; les travailleurs reçoivent le salaire, les capitalistes l'intérêt, tandis que les propriétaires perçoivent la rente. Dans ce

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système le revenu de chaque facteur est déterminé au moment des échanges. Aussi la formation et la dépense du revenu sont-elles simultanées: chaque facteur obtient l'équivalent de son produit. Par conséquent le système de Walras respecte la loi d'échanges entre équivalents. Or la réalité de l'économie salariale ne sera pas respectée. Dans l'économie salariale la demande ne peut s'exercer que si la formation de revenu précède l'échange.

En effet, l'analyse de Walras est fondée sur une économie de producteurs- échangistes à l'intérieur de laquelle on partage le produit entre les différents éléments qui ont participé à la production.

Supposons un système simplifié de Walras où il existe deux produits de deux secteurs: secteurs de l'agriculture et de l'industrie.

Dans le secteur de l'agriculture sont mises en culture deux terres de fertilités différentes. Sur chaque terre on emploie 5 unités de travail et 5 unités de capital.

T j = > 5 UW1 * 5 UK = = > 10 UP1 T2 = > 5 UW1 * 5 U K = = > 15UP1

Les produits offerts par ce secteur sont de 25 UP1 W = Travail

T = Terre;

U = unité de produit, de travail ou de capital; K = capital;

PI = produit agricole.

Le secteur de l'industrie produit des biens homogènes. E = > 5 UW2 * 10 UK = = > 20 UP2

W2 = travail employé dans l'industrie; P2 = produit industriel.

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Supposons que chaque secteur présente ses produits sur le marché et les échange contre les produits de l'autre secteur:

25 UP1 = 20 UP2 = = > 1,25 UP1 = 1 UP2

Sur un autre marché et simultanément se déterminent les prix du capital et les différents travaux. Supposons que le marché détermine le prix du capital:

1 UP1 = 1 UK.

Les facteurs de production employés sur la terre N° 1 obtiennent: 5 UK = 5 UP1 ou leur équivalent 4 UP2 et

5 UW1 = 5 UP1 ou leur équivalent 4 UP2. Les facteurs employés sur la terre N°2 obtiennent:

5 UK = 5 UP1 ou 4 UP2 et 5 UW1 = 5 UP1 ou 4 UP2; il reste 5 UP1 ou leur équivalent 4 UP2 qui deviennent la rente réelle.

Les facteurs de production de l'industrie obtiennent: 10 UK = 10 UP1, et 5 UW2 = 15 UP1.

Peut-on dire, d'une part, que dans l'exemple que nous venons de voir la concurrence pure a joué son rôle, d'autre part que la demande est la cause de la mise en culture de terres moins fertiles?

Autrement dit le problème est de savoir si l'analyse de Walras est compatible avec les hypothèses de son système et avec la réalité de nos économies, c'est-à-dire avec l'économie salariale. Les résultats obtenus dans une analyse fondée sur l'économie d'échange peuvent-ils être appliqués dans une économie salariale? Pour cela nous devons au préalable répondre aux questions suivantes:

1° La rente est-elle compatible avec l'hypothèse de la concurrence pure? 2° Peut-on dire que, dans l'analyse de Walras, la demande est la cause de la mise en culture de terres moins fertiles?

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3° La rente peut-elle être considérée comme la rémunération d'un facteur de production?

1° La rente est-elle compatible avec l'hypothèse de la concurrence pure?

Les terres de fertilités différentes, (c'est-à-dire de fonctions de production différentes), font apparaître des coûts de production différents.

Selon l'hypothèse de la concurrence pure le prix de chaque produit s'établit au niveau du coût de production du producteur le plus performant, ce qui ne laisse aucune possibilité de "survie" aux producteurs moins performants, producteurs qui seront éliminés du marché du fait de la concurrence pure. Ainsi l'hypothèse de la concurrence pure, qui fonde le système de Walras, et qui a pour conséquence d'éliminer tout producteur qui a un coût de production plus élevé que ses concurrents, s'oppose à ce que la rente apparaisse dans une situation d'équilibre général.

En partant de l'analyse de Ricardo, nous avons dit que, du fait de la demande, dont la source est le revenu formé à la production, les terres les moins fertiles seraient mises en culture. Mais on constate en même temps que quand la quantité de produit est limitée (quand le produit est rare) la concurrence ne joue plus son véritable rôle entre les producteurs, et c'est la demande qui fixe le prix du produit, non pas au niveau du coût de production de l'entreprise la plus performante mais à un niveau plus élevé, et même, si la demande le permet, au niveau du coût de production du producteur marginal. Autrement dit, dans le cas où le produit est rare, la concurrence ne se joue pas entre les producteurs mais entre les consommateurs; en outre le système de Ricardo est compatible avec le revenu de transfert ou le profit, (la rente est un effet de prix). Il ne

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semble pas qu'on puisse raisonner de la même façon en partant de l'analyse de Walras, car dans son système la formation et la dépense du revenu sont simultanées., ce qui veut dire que son analyse est fondée sur le système de producteurs-échangistes.

Pourrions-nous dire que la concurrence entre les producteurs serait parfaite si la rareté n'apparaissait pas du côté de l'offre? La rareté est le fondement de la valeur dans l'ensemble du système néo-classique. Il en est ainsi car dans ce système la phase de production, c'est-à-dire la formation du revenu, et la phase d'échange, c'est-à-dire la dépense du revenu formé à la production, n'apparaissent pas distinctement. Alors que dans le système de Ricardo la rareté peut être la cause de l'apparition de l'écart entre le prix et le coût de production, dans le système de Walras elle est la cause de la valeur. Nous avons vu que si le produit est monétisé à la production, dans l'acte de la rémunération des services producteurs, du fait de la demande, l'apparition d'un écart entre le prix et le coût de production est possible.

Walras, pour expliquer la rente, pense aussi que du fait de la demande, les terres moins fertiles seront mises en culture, or dans ce cas il abandonne l'hypothèse de la concurrence pure, (hypothèse fondamentale de son système), ce qui nous amène à notre deuxième question.

2° Peut-on dire que, dans l'analyse de Walras, la demande est la cause de la mise en culture de terres moins fertiles?

Pour pouvoir dire que du fait de la demande de nouvelles terres seront mises en culture, il faut qu'on puisse d'abord constater cet excès de la demande.

Si l'on met en culture un ensemble de terres homogènes, du fait de l'hypothèse de Walras selon laquelle c'est le prix qui détermine le coût de production, on ne connaîtra jamais l'excès de la demande, car l'indicateur de cet

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excès que serait le profit ou le surplus, qui apparaît grâce à l'écart entre le prix et le coût de production, ne se manifeste pas. Il est différent de dire que, du fait de l'appréciation des rapports d'échanges entre les produits agricoles et les autres produits, de nouvelles terres seront mises en culture, et de dire que, du fait de l'excès de la demande, on met en culture de nouvelles terres. Autrement dit, étant donné que c'est le prix qui détermine le coût, l'écart entre ces deux éléments n'apparaît pas et donc l'indicateur qui aurait permis de mettre en culture de nouvelles terres n'apparaîtra jamais. En outre même dans la phase de tâtonnement, l'hypothèse de la concurrence pure s'oppose à ce que le prix s'écarte du coût de production du producteur le plus performant.

De deux choses l'une: soit les différentes terres sont mises en culture et la demande d'un produit permet d'établir le prix au niveau du coût de production du producteur le moins performant, auquel cas la concurrence pure n'a pas joué son rôle, et par conséquent le surplus peut être généralisé dans l'ensemble du système, (sur ce point cf. E. Sadigh, 1986) soit la concurrence pure s'impose et l'apparition de la rente n'est pas compatible avec cette hypothèse, qui est l'une des plus fondamentales du système de Walras.

3° La rente peut-elle être considérée comme la rémunération d'un facteur de production?

Nous avons vu, grâce aux travaux de Sraffa, que la détermination de la rente ne dépend pas seulement de la fertilité de la terre mais aussi et surtout des différentes combinaisons des facteurs de production et de la répartition entre ces facteurs: travail et capital. Pour des combinaisons de production données, en changeant la répartition entre salaires et profit, on change l'ordre de rentabilité des différentes terres mises en culture. Par conséquent le montant de la rente ne dépend plus uniquement de la fertilité de la terre mais aussi de la fonction de

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production et de la répartition entre salaires et profit et ce montant ne peut être défini qu'une fois le produit écoulé sur le marché. Dans ce cas, la rente ne pourrait plus représenter la rémunération d'un facteur de production, mais l'apparition d'un surplus qui serait approprié par les producteurs qui ont mis en marche les combinaisons de production les plus performantes permettant ainsi de dégager un surplus. Ce raisonnement serait vrai, quel que soit le secteur de production.

Dans l'exemple simplifié que nous avons donné, nous avons constaté que chaque facteur présente son produit sur le marché; les produits s'échangent les uns contre les autres et les prix relatifs s'établissent. Nous pensons que cette analyse est analogue à celle fondée sur le système de producteurs-échangistes. Mais le problème se complique quand on veut, une fois ce rapport d'échange établi, partager le produit entre les différents facteurs de production. C'est ainsi que Walras suppose la simultanéité des marchés des produits et des services- producteurs sur lesquels l'offre et la demande fixent le prix de chaque facteur. Or même si l'on admet que la répartition soit possible, du fait de la concurrence pure, quand dans chaque secteur les combinaisons de production sont identiques, on ne peut plus l'accepter quand apparaissent des combinaisons de production différentes, et c'est le cas lorsqu'on veut expliquer la rente. Or si l'on accepte la réalisation du surplus ou de la rente dans un secteur, il n'y a aucune raison pour qu'on ne l'accepte pas dans l'ensemble du système.

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ON NE PEUT PAS ETABLIR UNE ANALOGIE ENTRE LA THEORIE MARGINALISTE DE LA REPARTITION ET LA RENTE RICARDIENNE.

D. Ricardo explique la rente de deux façons que nous allons étudier afin de savoir si l'analyse marginaliste de la répartition peut être fondée sur le raisonnement de cet auteur.

1 ° Pour expliquer la rente différentielle Ricardo suppose dès le départ que les terres ne sont pas homogènes et donc que leurs productivités sont différentes. Par conséquent, au fur et à mesure de la mise en culture de nouvelles terres, leur productivité diminue. La mise en culture de nouvelles terres est le fait de la demande et c'est la demande qui permet de fixer le prix à un niveau tel que les producteurs qui exploitent les terres les plus fertiles réalisent un surprofit: la rente. Dans ce cas la rente résulte de l'hétérogénéité des terres.

Ce raisonnement est-il applicable au travail et au capital? Les travaux d'une même catégorie sont homogènes, le capital l'est aussi par définition. Par conséquent le raisonnement marginaliste de la répartition ne peut pas être fondé sur cette première explication de la rente.

2° L'autre explication de la rente ricardienne est fondée sur l'hypothèse suivante: en employant sur la même terre plus de travail ou plus de capital, on augmente la production mais dans une moindre proportion. Il s'agit de déterminer la cause de cette diminution de la rentabilité chez Ricardo et de savoir si le raisonnement appliqué à la terre peut se généraliser à l'ensemble des facteurs de production. Certains auteurs comme P. Samuelson le pensent: "En fait, le facteur fixe de production (sol) décroît relativement par rapport au facteur variable (main-d'œuvre). En entassant des travailleurs toujours plus

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nombreux sur le terrain, nous pourrons sans doute continuer à obtenir un peu de maïs additionnel par une exploitation intense du sol; toutefois, la quantité supplémentaire de maïs fournie par unité supplémentaire de main-d'œuvre deviendra de plus en plus faible. Nous verrons dans la quatrième partie que le salaire réel alloué aux travailleurs dépend de l'output additionnel que le dernier travailleur embauché procure à son employeur. Si les niveaux d'existence sont bas en Chine ou en Inde surpeuplées, ceci ne tient pas simplement au fait que la terre se trouve être appropriée par l'Etat ou par des propriétaires, mais, essentiellement, à l'influence des rendements décroissants à l'échelle, principe technique fondamental". (Paul A. SAMUELSON, 1982, T.I, P. 42).

Dans la quatrième partie l'auteur ajoute: "Avant de résumer la théorie des salaires fondée sur la productivité marginale, il convient de souligner le progrès qu'a accompli J. B. Clark par rapport aux économistes classiques, notamment à Ricardo, successeur d'Adam Smith, qui, au début du XIXe siècle, fut le maître incontesté de la pensée économique. Ricardo aurait très rapidement compris la figure 27.2 de Clark et il se serait certainement rallié à cette conception, car elle concorde parfaitement avec la théorie ricardienne de la rente." (Ibid. T. 2, P. 223-224).

D IST R IB U T IO N DU P R O D U IT N AT IO N AL

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L'auteur établit une analogie entre la rente ricardienne et la rémunération des facteurs de production, travail et capital, fondée sur leur productivité marginale. Ce raisonnement peut-il être considéré comme une généralisation de la rente ricardienne?

Contentons-nous de donner ici le point de vue de Ricardo.

Il est vrai que Ricardo dit qu'en employant de plus en plus de capital sur la même terre, on voit augmenter la part qui échoit aux propriétaires, c'est-à-dire la rente; mais le problème est de savoir quelle en est la cause. Est-ce que la rente apparaîtrait si toutes les terres étaient homogènes? Ricardo apporte à cette question un élément de réponse décisif: "Il arrive assez souvent qu'avant de défricher les n° 2,3,4, ou les terrains de qualité inférieure, on peut employer les capitaux d'une manière plus productive dans les terres déjà cultivées. Il peut arriver qu'en doublant le capital primitif employé dans le n ° l, le produit, quoiqu'il ne soit pas doublé ou augmenté de cent quartes, augmente cependant de quatre-vignt-cinq quartes, quantité qui surpasse ce que pourrait rendre ce capital additionnel, si on le consacrait à la culture du terrain n°3.

Dans ce cas, le capital sera employé de préférence sur le vieux terrain, et constituera également une rente: - la rente étant toujours la différence entre les produits obtenus par l'emploi de deux quantités égales de capital et de travail." (Ricardo, Principes. P. 48. 1970).

Pour Ricardo la cause de l'apparition de la rente est la différence de fertilités des terres, (la mise en culture des terres moins fertiles est due à la rareté des terres les plus fertiles et à la demande) différence qui permet de comparer la rentabilité des nouveaux investissements sur la terre n°l ou sur la terre moins productive. En effet, l'emploi de capitaux sur la terre la plus fertile augmente jusqu'à ce que la production arrive au niveau que nous aurait permis l'emploi de

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la même quantité de capital sur une terre moins fertile, terre qui serait mise en culture si la demande le permettait. En outre nous avons vu que le prix des produits s'établit au niveau du coût de production de la terre marginale du fait de la demande.

Dans le système de Ricardo, en mettant en culture des terres de moins en moins fertiles on fait augmenter le coût de production mais aussi le prix, qui va s'établir au niveau du coût de production du producteur le moins performant, tandis que, dans le système de concurrence pure, le prix s'établit au niveau du coût de production du producteur le plus performant.

Les Néo-Classiques généralisent le raisonnement de Ricardo à l'ensemble du système pour justifier la rémunération des facteurs de production. Sur la même quantité ou avec le même montant de capital, on emploie de plus en plus de travailleurs, emploi additionnel qui diminue la productivité du travail et donc le salaire. Autrement dit, si l'on veut augmenter la part du produit qui échoit au capital, on doit augmenter le nombre de travailleurs sur la même quantité de capital; dans ce cas, l'équilibre serait réalisé même pour un salaire qui ne couvrirait pas le niveau de subsistance. On peut même dire qu'en augmentant le nombre de travailleurs on peut faire tendre le salaire vers zéro!

Remarquons que D. Ricardo établit une distinction fondamentale entre le capital qui résulte de la production et le travail qui en est la cause, distinction qui est abandonnée par les Néo-Classiques. Mais l'abandon de cette distinction permet-il d'expliquer la rémunération en fonction de la productivité marginale?

Essayons de voir, en deux points, si cette généralisation est compatible avec l'analyse de Ricardo et avec les hypothèses qui fondent l'analyse néo-classique.

Premièrement: "En supposant que le blé et les objets manufacturés se vendent toujours au même prix, les profits seront toujours élevés ou réduits, selon la

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hausse ou la baisse des salaires. Mais si le prix du blé hausse, parce que sa production exige plus de travail, cette cause ne fera point hausser le prix des objets manufacturés dont la fabrication n'exige point de travail additionnel. Dans ce cas, si les salaires restent les mêmes, les profits ne changeront pas; mais comme il est indubitable que les salaires montent par la hausse du blé, les profits alors doivent nécessairement baisser". (Ibid. P. 81-82).

On le voit, Ricardo ne pense pas que les salaires diminuent du fait de l'augmentation du nombre des travailleurs, car pour lui la régulation se fait par le partage entre le profit et la rente; c'est pourquoi il affirme que le taux de profit, dans le système, s'établit au niveau du taux de profit réalisé sur la terre marginale.

Deuxièmement: Dans le système ricardien la demande est la cause de la mise en culture de nouvelles terres moins fertiles, ainsi les producteurs peuvent-ils choisir leurs combinaisons de production pour employer les capitaux de la façon la plus rentable. En effet Ricardo, en supposant l'utilisation croissante de capitaux sur les terres les plus fertiles, suppose que ces même capitaux employés sur des terres moins fertiles ne permettraient pas d'obtenir la même quantité de produits ni de réaliser la même rentabilité. Autrement dit, de nouveaux capitaux seront employés sur les terres les plus fertiles tant que leur rentabilité sera supérieure ou égale à celle qu'apporterait l'emploi du capital sur une terre moins fertile.

Or ce raisonnement ne s'applique pas à l'emploi croissant du travail sur la même quantité de capital puisque, d'une part, les capitaux sont homogènes par définition, ce qui n'est pas le cas des terres dans le raisonnement de Ricardo, d'autre part, dans un système où la concurrence pure règne, l'entrepreneur performant est celui qui réalise la production la plus élevée proportionnellement

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aux facteurs employés. Or l'emploi d'un même facteur en plus grand nombre sur un facteur fixe n'augmente pas proportionnellement cette production.

Dans le système de Ricardo l'emploi additionnel du capital ou du travail sur la même terre est dicté par la rareté, l'hétérogénéité des terres et de la demande. D'autre part les terres ne sont pas reproductives, or il n'en est pas de même pour le capital, qui résulte de la production et dont la quantité peut être augmentée du fait de la production. Les capitaux étant homogènes, aucun entrepreneur n'a intérêt à augmenter, sur la même quantité de capital, le nombre de travailleurs car cette augmentation diminuerait sa rentabilité et la concurrence l'exclurait du marché. Ainsi la règle de la concurrence s'oppose à ce que l'on emploie plus de travailleurs sur la même quantité de capital, à moins qu'on connaisse la demande et le prix, mais dans ce cas on suppose connus des éléments qu'on cherche à déterminer. (Le cas de Walras est différent car il y a détermination simultanée). Or nous avons vu que le système de Walras est plus proche d'une économie de producteurs-échangistes que d'une économie salariale, dans laquelle pour exercer une demande, il faut déterminer au préalable un revenu.

En outre, dans une économie salariale la détermination de la répartition réelle à la production n'est pas compatible avec l'économie de marché où les prix des produits se fixent grâce à l'offre et à la demande sur le marché. Si la répartition réelle est donnée à la production, on ne voit pas quel serait le rôle du marché des produits. En effet il n'est pas sûr que le marché respecte la répartition réelle établie à la production.

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CONCLUSION

Si l'on considère le capital comme un facteur de production, il faut pouvoir le rémunérer .

Or dans l'analyse néo-classique la rémunération de l'un des facteurs n'est possible que si l'on suppose l'un de ces facteurs comme étant constant, l'autre augmentant en quantité et que si la productivité du facteur variable est décroissante.

Autrement dit, si les deux facteurs varient simultanément, ou si l'on se trouve dans une phase de rendement croissant, la répartition ne sera pas possible. En outre, à l'équilibre, l'indicateur de l'évolution des secteurs ou des entreprises n'apparaît pas.

La pertinence de l'analyse ricardienne réside dans le fait qu'elle monétise la production par la rémunération des services producteurs et qu'elle permet de faire apparaître le profit sur le marché, profit dont le taux (le rapport du profit sur le montant de capital engagé) sera l'indicateur de l'évolution des entreprises ou des secteurs les plus performants.

Ainsi l'analyse ricardienne distingue deux marchés: marché des services producteurs où la monétisation de la production s'effectue grâce à la rémunération du travail et marché des produits où la répartition réelle se détermine en fonction des prix fixés sur le marché.

Par conséquent l'analyse ricardienne est valable même dans le cas où les rendements sont constants ou croissants.

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BIBLIOGRAPHIE

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Walras L. 1976, Eléments d'économie politique pure. Librairie générale de droit et de jurisprudence.

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INTRODUCTION 4

I 5

LA RENTE RICARDIENNE ET LA REPARTITION. 5

II 19

LA RENTE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC L'HYPOTHESE DE LA 19 CONCURRENCE PURE ET DE L'EQUILIBRE GENERAL? 19

III 26

ON NE PEUT PAS ETABLIR UNE ANALOGIE ENTRE LA 26 THEORIE MARGINALISTE DE LA REPARTITION ET LA 26

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