FACULTÉ DE
MÉDECINE
ETDE PHARMACIE DE BORDEAUX
.AIISriSrÉE 1896-97
No 86
D U
FOICTIONNHflIT DE L1ST01M
DANS LA DIARRHÉE CHRONIQUE
Consécutive à la diarrhée
endémique des
payschauds et à la dysenterie.
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 4 Juin 1897
Raymond-Henri-Jean ESCOFFRE
Licencié es-sciences naturelles
Pharmacien de la marine
Lauréat de la faculté de Bordeaux (Section
Pharmacie)
Mention honorable(ConcoursdelaFaculté,1894)
Mention honorable (ConcoursduConseilgénéral,
1894)
Mention honorable (Concours de la Faculté,
1895)^
Mention honorable (Concoursdes travauxpratiques,
3° année, 1896).
Né àLaSalvetat(Ilaute-Garonne),le 8Mai1873.
es*
iJYlM. ARNOZAN,
MORACHE,professeur...
professeur...Président.
MESNARD, agrégé ^ Juges.
LeDANTEC, agrégé
Le Candidatrépondra aux questions qui
lui seront faites sur les diverses
parties de l'Enseignement
médical.
•
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y.
CADORET
17 —rue montméjan — 17 1897
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DEBORDEAUX
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS :
MM. MICE..
AZAM, Professeurshonoraires.
Clinique interne Cliniqueexterne Pathologie interne....
Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales Thérapeutique
Médecineopératoire...
Clinique d'accouchements
Anatomiepathologique
Anatomie
Anatomie générale et histologie
mm.
picot.
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lanelongue.
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arnozan.
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moussous coyne.
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Physiologie Hygiène
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Médecineexpérimentale...
Clinique ophtalmologique..
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badal.
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boursier.
AGRÉGÉS EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneet Médecinelégale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
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le dantec.
section de chirurgie et accouchements (mm. yillar.
Pathologieexterne] binaud.
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Accouchements mm. riviere.
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Anatomie.
section des sciences anatomiques et physiologiques MM. PRINCETEAU.
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Histoire naturelle BEILLE.
section des sciences physiques
Physique MM. SIGALAS. I Pharmacie
ChimieetToxicologie.. DEN1GÈS. |
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique internedes enfants MM.
Cliniquedes maladies cutanéesetsyphilitiques Clinique desmaladiesdesvoies urinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdunez Maladies mentales
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M.BARTHE
moussous.
dubreuilh.
pousson.
moure.
régis. ,
denuce.
rivière.
denigès.
Le Secrétaire de la Faculté: lemaire.
Pardélibérationdu 5 août1879, la Facultéaarrêtéqueles opinions émises dansles Thèses qui
lui sont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et qu'elle n'entend
leur donnerniapprobation ni improbation.
À MON EXCELLENT AMI LE DOCTEUR CHARTRES
Médecin de la Marine.
Affectueusement.
A MES MAITRES DES HOPITAUX ET DE LA FACULTE
::
A MES MAITRES DU CORPS DE SANTÉ DE LA MARINE
A Monsieur
BILLANDEAU
Pharmacienenchef de laMarine,
• d'histoirenaturelleàl'Ecole demédecinenavale de
Rochefort,
ChevalierdelaLégiond'honneur.
Permettez-moi,mon ancienmaître, devous
dédier spécialementce travail, car vous avez
été pour moi davantagequele
professeur qui
s'intéresseàsonélève; vousm'avezencouragé
etvous m'avez guidédans toutesles périodes
difficiles de ma carrière.
Depuisle momentoùvous avez
bien voulu
meconfier les fonctions de préparateur, puis
me chargerdes travauxdebotanique
à l'Ecole
de médecine de Rochefort, j'ai ressenti la
bienfaisante influence de votre enseignement
etdevos conseils, qui ontcontribuépourune grande part àassurer mes
succès universitai¬
res.
Je suisheureux de pouvoir vous exprimer
ici ma profonde reconnaissance.
A Mon ancien Maître,
Monsieur P.-A. DANZEAR Professeur à la Facultédes Sciences de Poitiers.
Témoignagede gratitude.
A Monsieur le Docteur GUÈS
Directeur du service de santé de la Marine deRochefort,
. Officier de la Légion d'honneur.
A Monsieur le Docteur BOURRU
Directeur duServicede Santé de laMarine, Directeur de l'Ecole de médecine navale de Bordeaux, Officierde la Légion d'honneur, Officier de l'Instruction publique.
Faible témoignage de reconnaissance pour lesencouragements que j'ai reçus et pour tout l'intérêt qui m'a été accordé durant le cours de
mes étudesmédicales.
A Monsieur le Docteur GUEIT
Médecinprincipal de la Marine,
Professeurdepathologie exotiqueàl'Ecole d'application, ChevalierdelaLégion d'honneur.
Quim'a fournilespremiersmatériaux decette thèseetm'aentourédesasolli¬
citude et deses conseils,
J'adresseici mesplus sincèresremer¬
ciements.
A Monsieur CHALMÉ
Pharmacienenchefde laMarine, Professeur à l'Ecolede médecine navale de Toulon,
Chevalierde laLégion d'honneur, Officier d'Académie,
A mon Président de thèse
Monsieur le Docteur ARNOZAN
ProfesseurcleThérapeutique àlaFaculté deMédecinedeBordeaux,
Médecin desHôpitaux, Officier de l'Instructionpublique.
PRÉFACE
Lorsque
arrivé dans la ville de Toulon, nous nous sommes
familiarisé avec ses hôpitaux
maritimes,
nousavonsvucombien
la
pathologie exotique
yoccupait de l'importance et combien de
faits intéressants se présentaient à
l'investigation des cher¬
cheurs.
Nousavons été tenté d'ychoisir le
sujet de notre thèse inau¬
gurale.
Malheureusement,
unejeune expérience qui ne s'était
point encore
renseignée
surle sol exotique, qui n'avait pas vu
par elle-même
risquait beaucoup, en voulant embrasser certains
sujets dont
l'étiologie est
encorepeunette et se révèle à peine
aux vaillants expérimentateurs
d'outre-mer.
Mieux valait, en un travail
plus restreint, étudier un point
moins étendu de la science,
mais
essayer enmême temps de
l'épuiser à
fond. A
ce propos,nous nous sommes rendu aux
conseils de M. le médecin
principal de la marine Gueit, profes¬
seur de
pathologie exotique à l'Ecole d'application de Toulon,
quinous a
engagé d'étudier l'état de l'estomac dans la diarrhée
chronique
consécutive à la diarrhée de Cochinchine et à la dy¬
senterie.
M. leprofesseur
Gueit avait déjà été frappé, dans l'exercice de
sa pratique
professionnelle,
parl'amélioration qu'amenait un
traitement à l'acide chlorhydrique
et la teinture de simarouba,
dans les dyspepsies
qui accompagnent la diarrhée chronique
endémique despays
chauds. Il avait été amené à faire l'étude du
contenu stomacal et avaittoujours
trouvé soit de l'hypochlorhy-
drie, soit de
l'hyperlacticité. Il
nouslivra à ce sujet à peine
ébauché et nous engagea à l'approfondir. Nous nous sommes mis à l'œuvre, et ce sont les résultats decetravail, résultats qui
viennent confirmer lesfaitspressentisparM. le professeur Gueit,
que nous venons présenter
aujourd'hui.
Nous tenons à remercier tout particulièrement M. le profes¬
seur Arnozan de l'intérêt qu'il nous a toujours porté pendant
nos études universitaires et du grand honneur qu'il nous a fait
envoulant bien accepter la présidence de cette thèse.
DU
FONCTIONNEMENT DE L'ESTOMAC
DANS LA DIARRHEE CHRONIQUE
Consécutive à ladiarrhée endémiquedespays
chauds et à la dysenterie
INTRODUCTION
Depuis quelques années, nous
assistons à
unerénovation de
la pathologie des
affections gastriques. Il
y amille procédés qui
permettent de reconnaître avec une
grande exactitude les trou¬
bles gastriques etle fonctionnement
de l'estomac, qui dévoilent
en quelque sorte sa
puissance et
savaleur digestive dans toutes
les phases de sa fonction.
Mais si l'on connaît les procédés
d'analyse les plusminutieux,
dont l'ensemble constitue la partie
de la science appelée chimisme
stomacal, si cette question
afait
d'immenses progrès dans
le domaine de la physiologie, il
y aencore des points bien obscurs
dans
ce sensqui intéressent la
pathologie générale.
L'on connaît les procédés de technique,
mais il reste beaucoup àfaire pour
indiquer le fonctionnement
de l'estomac dans un grand nombre
d'affections où cet
organese trouve particulièrement
intéressé
commefacteur puissant de
la nutrition. Il est vrai que ce
chapitre
dela science
estde date
— 14 —
récente; les premiers
progrès datent de 1869 où Kussmaul (1),
le premier, proposa
le lavage de l'estomac dans le traitement de
la dilatation. Enl871,Leube (2) enfitun
procédé de diagnostic.
En 1877, Szabo (3) fit
l'étude physiologique du
sucgastrique.
Ewald (4),en1874,
Oser (5),
en1874, avaient déjà transformé les
moyens
d'exploration; ils avaient substitué la sonde molle à la
sonde rigide de
Kussmaul, lorsqu'enfin,
en1879, Leube(6) pro¬
posa la
sonde molle construite
surle modèle de la sonde uréthrale
en caoutchouc rouge de Nélaton,et
Faucher (7)
sontube siphon.
Dès lors Ewald (8)
reconnaissait qu'on n'avait plus besoin de
pompe
aspiratrice et le cathétérisme de l'estomac devenait une
opération
des plus simples.
Von der Velden (9) faisait
l'application de la sonde
audiag¬
nostic des affections gastriques.
Déjà les
médecins français, Laborde et Dussart (10), dès 1874,
avaient trouvé les réactifs élémentaires
(dérivés d'aniline) des
acideslibres del'estomac, et en 1877,
Laborde trouvait la réac¬
tion colorante du violet de méthyle.
Ce fut le point de départ
des premiers
essais d'analyse, du
sucgastrique. Dès 1882, on
obtint deséclaircissements sur la
pathologie de cet
organe.Reichman observa les premiers cas
d'hypersécrétion puis les
progrès se
continuèrent rapidement avec Mathieu (11), Renard
(de Metz), Ivlemperer,
et
unefoule de travaux remarquables.
Alorsapparurent
les
ouvragesmagistraux de IIayem(12) etWin-
ter, 1891, de Rouveret
(13), 1893.
(1)Kussmaul, Deutsch.Archiv. f.klin.med.,1869.
(2)Leube,Rostocher, Nituforcher,vers1871,Arch. f.,
1883.
(3)Szabo,Zeitscher f.physiol.chimie,1877-78.
(4)Ewald, Berlin,klin. Woschenschr,,1874.
(5) Oser,Wisnermed. klin.,1875
(6)Lenbe,DieMagensonde,Erlangen,1879,Deutsch.
arch. f. med., 1883.
(7)Faucher,Thèse deParis,1882.
(8) Ewald, Berl.Klin.Wochensch., 1874.
(9) Vonder Velden,Deutschearch. f.Klin.med B.22.
(10)Laborde etDussart,Gazettemédicale deParis,
1874.
(11)Mathieu,Régimealimentaire.Traitement desdyspepsies,
1894.
(12)Hayem etWinter, Duchimisme gastrique,1891.
(13)Bouveret,Traité desmaladiesdel'estomac,1893.
— 15 —
Depuis ce
moment là
onconnaît bien en France les procédés
rationnels de technique
physiologique. Peut-être manque-t-il
unpetit
formulaire concis de technique pathologique appliquée
spécialement à
la clinique des affections gastriques qui permet¬
trait, par une
méthode rapide et facile, d'affirmer nettement les
diagnostics.
C'est dans un point de la
pathologie générale
quenous avons
vouluétudier le fonctionnement de l'estomac
dans
cepoint affé¬
rent aux affections
gastro-intestinales chroniques consécutives à
la diarrhée endémique des pays
chauds et à la dysenterie,
autrement dit àl'entérocolite chronique
endémique des
payschauds de certains auteurs (Bertrand et
Fontan) (1).
Dans le cours de ce travail, nous étudierons
successivement :
1° Les troubles stomacaux préliminaires
qui accompagnent la
diarrhée chronique despays
chauds, la diarrhée de Cochinchine
et la dysenterie
(historique, étiologie)
;2° Le chimisme stomacal (technique
appliquée).
3° Lestroubles stomacaux de la
période d'état et de chroni¬
cité (pathogénie et
symptomatologie, observations) ;
4° Diagnostic;
5° Résultats, traitement,
conclusions.
(1)Bertrand etFontan, Del'entérocolitechronique
endémique des pays chauds.
HISTORIQUE
Il y a peu d'auteurs
qui
sesoient occupés des troubles stoma¬
caux dans la diarrhée chronique des pays
chauds. Rien n'a été
écrit sur le chimisme gastrique, aucun
travail complet
nonplus
n'a été faitpour
dévoiler le fonctionnement de l'estomac dans
cette affection. Çà et là cependant, on trouve
quelques rensei¬
gnementsdans
certaines observations, certains traités ou ouvra¬
ges didactiques
qui
sesont occupés plus complètement de la
diarrhée chronique des pays
chauds et qui ont minutieusement
passé en revue
l'état des divers appareils et des divers organes.
Mais la question estpeu
nette, à peine ébauchée ; on ne peut
en tirer aucuneconception
d'ensemble. C'est
unterrain
presqueneuf pour
l'étude.
Disons cependant
qu'il
y alà quelques faits
asseznettement
connus : telles sont les dyspepsies
d'intensité plus
oumoins
variable qui accompagnent
les débuts de l'évolution de la diar¬
rhée de Cochinchine ou de la dysenterie.
On connaît parfaitement ces
symptômes du début,
cespertes
d'appétit, ces
ballonnements de l'épigastre,
ceséructations dys¬
peptiques,ces
renvois nidoreux,
cespesanteurs d'estomac, enfin
cesnausées etvomissements quiapparaissent
quelquefois
accom¬pagnées de
nostalgie et
que nous asi bien décrits M. Layet (1).
Durant les périodes d'état et
de chronicité, les symptômes
dyspeptiques sont
moins apparents,
engénéral, parce que le
malade se soigne ou subit un
régime approprié; mais ils exis¬
teraient avec autant d'intensité sous l'influence
du moindre
écart dans le régime. Cesphénomènes
ont été
aperçus enmême
(1)Layet,Thèse de Bordeaux,1872,
temps que
la maladie fondamentale elle-même. Il faudrait remon¬
ter àla période
hippocratique, puis aux travaux de Delioux et
Dutrouleaud, à ceux
de Cambon, Aspel, Cateloup, de Salva
(Dysenterie des
Antilles, 1832), Sinvel, Julien (Thèse de Mont¬
pellier,
1864).
Quoique de
date
assezrécente, ce sont encore les travaux
d'anatomie
pathologique qui ont été le mieux établis. Ainsi,
M. Layet, en
1872,
nousapprend que, dans la diarrhée de
Cochinchine, tout le
tube intestinal est intéressé jusqu'à l'esto¬
mac et que partout
les lésions sont essentiellement atropliiques.
« L'estomac, dit-il, est
pâle et mince
».Lenoir, en 1874, dans
sa thèse, nous dit
qu'il
y aquelquefois des altérations de l'in¬
testin grêle,
jusqu'à l'estomac. Vers la même époque, M. Guès
affirme que les
lésions habituelles de la diarrhée de Cochin¬
chine sont des ulcérations
siégeant dans toute la hauteur du
gros intestin et
même quelquefois dans l'estomac.
Viennent ensuite les travaux
de Cornil, Ivlesch, Thomas et
Bonnet, Mahé.
De cet ensemble, il
résulte quelques faits assez bien établis.
L'estomac conserve, en
général,
sonvolume, puisque les diar-
rhéïques,
quoique
nedigérant pas, continuent à ingérer des
quantités assez
considérables d'aliments. La sarcina ventricxdi
existefréquemment
dans l'estomac des diarrhéïques (Normand).
MM. Bertrand et Fontan,
dans leur ouvrage sur YEntérocolite
endémique despays
chauds, nous ont donné les renseignements
les plus
précis
: «Les bords de l'estomac sont généralement
amincis inégalement,
surtout vers le cardia ; la muqueuse
est ordinairement pâle,
tachetée d'arborisations et de plaques
pigmentées
qui sont
enrelation avec des lésions microscopiques
importantes.
»Quelquefoisce
sont des taches ecchymotiques, sorte de piqueté
où peuvent
siéger des ulcérations ; le chorion est également
infdtré d'éléments
lymphoïdes. L'épithélium est généralement
visible, mais la
couche sous-glandulaire et la partie vasculaire
dela tunique
musculeuse paraissent irritées. Dans des cas plus
graves, la muqueuse
est absolument désorganisée ; les glandes
Escoitre
2
sontraréfiées. Le chorionest rempli de cellules jaunes
dont la
prolifération a détruit la structureréticulée. La couche
sous- glandulaire renferme de nombreuxfollicules enflammés, prêts
à passer à l'état d'abcès.
» En définitive, l'estomac peut être atteint de
phénomènes
d'irritation chronique analogues à.ceux de
l'intestin. Il peut être
complètementbouleversé parla prolifération embryonnaire du
chorion muqueux d'une part, et
d'autre part,
parla folliculite
ulcéreuse.
» Enfin, dans certainscas, ilprésente des
portions sclérosées,
pigmentées, qui sontprobablement le stade ultime des troubles
nutritifs et circulatoires ».
ÉTIOLOGIE
Rechercherl'étiologie des
troubles stomacaux dans la diarrhée
endémique des pays
chauds, la diarrhée de Gochinchine ou la
dysenterie,
estébaucher
unsujet un peu en dehors de notre
portée.
Il aurait fallu
setrouver sur les lieux d'origine de la
maladie; encore la
tâche n'eût-elle peut-être pas été facile puis¬
que les
hommes les plus compétents sur cette question, tels que
MM. Layet, Mahé,
Lenoir, Bertrand et Fontan, ne s'entendent
pas sur ce
sujet. Nous n'avons pour nous renseigner que les
récits des malades, ce qui est
d'une faible valeur en face des
faits d'observation. Nous
n'avons d'ailleurs entrepris que l'étude
destroubles de l'estomac dans
la diarrhée chronique bien éta¬
blie, alors que les
différents état originels viennent aboutir à ce
qu'on
pourrait à
cemoment appeler, comme MM. Fontan et
Bertrand, l'entérocolite
chronique des pays chauds.
Dans la diarrhée de
Cochincliine et la diarrhée endémique
des pays
chauds, qui originellement se distinguent bien de la
dysenterie, on ne
sait
pasencore si les tronbles gastriques sont
primitifs ou
consécutifs à la diarrhée. Toutes les descriptions ne
concordent pas.
D'après MM. Layet et Gueit, ce sont les trou¬
blesdyspeptiques
qui débutent, l'appétit est d'abord atteint, puis
viennent deséructations et
le ballonnement. D'après M. Lenoir,
c'est une diarrhée spontanée
qui
semanifeste la première, à
peine
précédée de quelques grondements d'abdomen et d'un peu
de céphalée.
Dansla diarrhée de
Gochinchine, cependant, les troubles sto¬
macauxs'établissentbientôt, on
observe des nausées, des vomis¬
sements, du
pyrosis et des régurgitations acides.
Les quelques
malades
quenous avons questionnés nous ont
donné des résultats à peu près pareils, nous avons remarqué
en outre que la diarrhée est davantage
primitive
etplus
spon¬tanée,lorsqu'elleest contractée dans lespays
chauds
autres que la Cochinchine, Madagascar, parexemple. Elle n'a d'autrespro¬dromes qu'un peu de céphalée et quelques coliques,
puis la
débâcle arrive aussitôt. Cesdivergencesdoivent provenir,comme le dit M. Fontan, « de la situation clinique qui change quelque
peu avec les situations étiologiques,
mais
elles neparaissent
pas inconciliables ». Dans la
dysenterie
les symptômesinitiaux
ne sont pas non plus bien constants, ce
qui fait
que nous nenous prononçons pas d'une façon bien
affirmative
pour assurersi les troubles stomacaux sont primitifs, simultanés ou consécu¬
tifs, l'état chronique dans lequel nous les
étudions
présentant àson origine des différences trop nettementtranchées
qui
enfont
des affections absolument distinctes. Néanmoins voulant expri¬
mer une opinion, nous nous déciderions à supposer que
les
troublesstomacaux marchent de pair avec les troubles
intesti¬
naux, que leur aggravation estsimultanée, que
les lésions s'éta¬
blissentplus rapidement dans l'intestin et
qu'elles n'atteignent
l'estomac que lorsqu'elles occupent dans
l'intestin
undévelop¬
pement déjà très avancé. Ces faits seraient
d'ailleurs prouvés
parles notions que nousfournit
l'anatomie pathologique de
cesorganes.
Que les troubles stomacaux soient primitifs ou consécutifs,
peu importe au traitement,
cela n'éclaire
enrien la thérapeu¬
tique. Les seules données importantes sont
celles
que nousfournit le chimisme stomacal, en nous révélant la valeur diges-
tive et la puissance fonctionnelle actuelles.
Tel
estle point
sur lequel le clinicien doit être bienfixé. Aussi
avons-nousspécia¬
lement étudié ce mode d'investigation, surtout au point de vue
clinique et nous y arrêterons-nous longuement.
CHIMISME STOMACAL
TECHNIQUE
Les considérations émises
dans les précédents chapitres mon¬
trentsuffisamment
l'importance du chimisme stomacal dans la
pathologie des affections de l'estomac. Comme nous l'avons dit
plus haut, on
trouve des ouvrages didactiques renfermant tout
l'historique des
nombreux procédés proposés à ce sujet; mais
il n'existe pas un aperçu
résumé des procédés faciles à appli¬
querà
la clinique.
Pour éclairer la
symptomatologie d'une maladie, il faut des
moyens
faciles et rapides, car les symptômes sont nombreux et
la déterminationde chacun
d'eux demanderait au clinicien un
temps trop
long dont il
nepeut absolument pas disposer. Le but
estdonc de trouverdes moyens
rapides d'analyse qui puissent
leguider.
Les nombreuses recherches auxquelles nous a obligé
ce travail nous ontdonné une
certaine expérience de la techni¬
que à
suivre
pourl'étude des affections de l'estomac et nous en
avons retiré une
méthode résumée que nous proposons comme
moyen
pratique de technique chimico-clinique qu'on peut utiliser
facilement dans les
laboratoires des hôpitaux adjacents aux
salles oudans les
laboratoires d'analyse dirigés par les phar¬
maciens.
Pourfaire l'étude du contenu
stomacal il faut :
1° Préparer
l'estomac;
2° Prendre le contenu
stomacal
;3° L'analyser.
PRÉPARATIONDE L'ESTOMAC
Pour apprécier
les troubles de la sécrétion gastrique, il faut
bien choisir le moment
de l'expérimentation, sinon l'on risque
de recommencerplusieurs
fois l'épreuve.
Tantôtune seule épreuve suffit, tantôt plusieurs sont néces¬
saires, dans les mêmes conditions ou dans des conditions diffé¬
rentes. Si l'on veut étudier l'hypersécrétion, on doit laver l'esto¬
mac cinq heures après le dernier repas, tenir le malade àjeun pendant la nuit et le lendemain évacuer l'estomac par aspira¬
tion. La même pratique doit être suivie s'il y a rétention gastri¬
que. Si au contraire l'estomac sevide rapidementetsécrètepeu,
ondoit l'exciter par un repas d'épreuve. Il y aplusieurs formu¬
les de repas d'épreuve. Tels sontceux de Klemperer, de G. Sée (pain 100 grammes, eau 250, viande 80).
De Rigel (soupe, beefteak, pain blanc).
De Bourget (1) (pain 20 grammes, thé 150 grammes).
D'Ewald et Boas (pain 600 grammes et thé 300 grammes).
Actuellement les préférences sont accordées au repas de
G. Sée et à celui d'Ewald.
Dans notre cas particulier nous avons adopté celui d'Ewald qui renferme les substances alimentaires les plus usuelles, ami¬
don, albumine et sels.
Le thé agit à la façon d'un condiment et sert à exciter la
sécrétion chlorhydro-peptique. Au bout d'une heure, la diges¬
tion est en pleine activité et c'est le moment de vider l'esto¬
mac.La coloration de l'infusion dethé,quoi qu'en disent certains
auteurs, ne marque pas du tout les réactions.
Au contraire, l'acide butyrique peut être soupçonné à priori lorsque la coloration jaune se manifeste dans le produit obtenu.
EXTRACTION
C'est une heure après le repas d'Ewald que nous retirons toujours le contenu stomacal, et c'estce produit quisert àl'ana¬
lyse. Le meilleur appareilpour l'extractionestle tube Faucher.
On a essayé d'éviter cette opération en faisant digérer de petits
réservoirs en caoutchouc contenant de l'iodure de potassium ;
ces petits réservoirs se trouvent fermés au moyend'une ligature
(1) Bourget. Cliniquedu chimisme stomacal,
enfil de fibrine.
L'iodure de potassium diffuse extrêmement vite
etl'iodeseretrouve
dans la salive, dix minutes après l'ingestion,
au moyen de
l'amidon.
Le temps
nécessaire
pourobtenir la réaction indique la durée
de ladigestion.
On a fait la même
expérience
avecdes capsules de gélatine,
mais ces procédés
d'apparence très commode pour le patient,
sont extrêmement
laborieux
pourl'expérimentateur. Ils donnent
d'ailleursdes résultatstrop
approximatifs et ne pourraient ser¬
vir que dans
le
casoù l'on ne pourrait pas absolument faire
avaler le tube de
Faucher,
cequi est assez rare. Cela nous est
arrivé deux fois
seulement dans
nosrecherches. Dans ce cas, il
ne reste plus
qu'à faire vomir le patient. On y arrive presque
toujours en
l'exhortant à faire tous ses efforts pour chercher à
avalerle tube. Il ya
néanmoins quelques circonstances où l'on
ne doit pas
insister. Tels sont les cas : d'anévrysme, de néo¬
plasme et
de rétrécissement cicatriciel (Bouveret, Traité des
maladies del'estomac). La
sonde œsophagienne est d'un emploi
moins recommandable que
le tube de Faucher ; elle nécessite
d'ailleurs l'emploi d'une pompe.
L'emploide
la sonde
encaoutchouc d'Ewald, n'est justifié que
dans le cas oùl'on ne
veut qu'une faible portion de suc gastri¬
que pour
surprendre la digestion dans ses différentes phases.
La sonde demi-rigide de
Debove est peut-être plus facile à intro¬
duire parl'opérateur,
mais elle est plus pénible pour le malade.
Enrésumé, le tube
de Faucher est le seul procédé recomman¬
dable en clinique.
Indicationsde
l'exploration gastrique.
—Toutes les fois que
les procédés
ordinaires de clinique ne permettent pas d'établir
nettement le diagnostic,
il faut recourir à l'exploration gastrique
parle tube
de Faucher. C'est une erreur de croire que les phé¬
nomènes subjectifs, même
soigneusement analysés, suffisent
pour
reconnaître la plupart des états dyspeptiques. Tels sont ces
cas d'apepsie
observés
pourla première fois par Hayem et Vin-
ter que rien ne
saurait indiquer, sinon une analyse minutieuse.
Mode d'emploi du
tube de Faucher.
—Il faut encourager le
malade à avaler lui-même le tube. Il y arrive très facilement en le plaçant sur sa langue, la bouche légèrement ouverte et en le faisant glisser comme s'il voulait avaler une olive.
Le malade fait des mouvements de déglutition nombreux et l'on doit profiter d'un mouvement d'expiration pour pousser
légèrementle tube et l'aiderà franchirle sphincter œsophagien.
Durant ces mouvements, le patient doit respirer lentement et
- rofondémentetnepas renverser satête enarrière, ce quipour¬
rait occasionner une fausse route. Une fois que letubea franchi
le sphincter œsophagien, il faut le pousser doucement avec les
deux mains, en laissant parintervalle au patient le temps de
seremettre.
C'est lemomentle plus pénibleetle malade doitréagir contre
les sensations ennuyeuses etl'angoisse qu'il éprouve. Mieux vaut
s'arrêterun momentquevouloir arrivertropvite. Il estpréférable
aussi que le patient fasse lui-même toutes ces manœuvres, c'est
le meilleur moyen de réussir; mais la présence du médecin est généralement indispensable pour consoler le patient, le diriger
etl'encourager, enfin par cette sorte de suggestion que sa pré¬
senceimpose toujours. Tousles malades, même les plus récalci¬
trants, mettent d'ordinaire de la bonne volonté pour pratiquer
cette opération sur eux-mêmes, puisqu'il s'agit de leur santé, et
notre avis est que le médecin risquerait de fatiguer davantage
le malade ou de réussir moins facilement s'il voulait intervenir lui-même de force, fût-ilextrêmementexpérimenté. Lesaccidents
que peut provoquer l'exploration stomacale par le tube de Fau¬
cher sont très rares. Notre petite pratique ne nous ajamais fait
supposer qu'il pût en exister en laissant le malade opérer lui-
même en présence du médecin. Il faut néanmoins se rendre comptede certains casindiqués plus haut. Cancerdel'œsophage, anévrysme, syphilis tertiaire du pharynx où toute intervention
serait infinimentpénible, sinon impossibleou dangereuse. Quel¬
ques auteurs pratiquent l'anesthésie locale du pharynx, ce que M. le Dr Gueit déconseille, car il a remarqué que cela provoque laparésie des muscles du pharynx.
Personnellement, nousjugeonscettepetite opération plus nui-
— 25 —
sible qu'utile eu ce qu'elle peut masquer
l'incapacité naturelle
du malade. C'est le meilleur moyende provoquer des accidents
en se privant des réactions
physiologiques naturelles.
Extraction. Siphonnage. — Les moyens
d'extraction les plus
pratiques sont : 1°l'expression (d'après les procédés d'Ewald
et Boas); 2° le siphonnage que nous proposons
dans les
casd'atonie stomacale.
Le procédé d'extraction de
M. Kulman, pratiqué
avecl'aspi¬
rateur Potain, est des plus remarquables.
L'expression consiste àfaire tousser
le malade. La tension de
lacavité abdominale qui en résulte suffît pour
faire monter le
liquide gastrique.Mais lemeilleurprocédé estcertainement
d'amorcer le siphon
de Faucher avec une petite quantité d'eau exactement
détermi¬
née pourchaque opération,
soit
50grammes,puis de faire tous¬
ser le malade quand l'écoulement
diminue d'intensité, afin
d'expulser les derniers résidus.
L'on évite ainsi l'oblitération de
lasonde par un fragmentde muqueuse ou par
les aliments. On
tiendra compte de laquantité
d'eau ajoutée lorsqu'on fera l'ana¬
lyse du produit gastrique.
ANALYSE
Quantité. — La quantité de
liquide obtenu après le
repasd'Ewald et de Boas, est d'environ 40 gr. Si
l'on
trouvedes
chiffres qui dépassent
notablement cette quantité, il peut
sefaire que l'on soit enprésence
d'un rétrécissement du pylore
oud'une atonie complète de l'estomac.
Si l'on obtient
unetrop
faible quantité de liquide, il
faut
recommencerl'épreuve
envidant l'estomac au bout d'une demi-heure après l'ingestion du
repas d'Ewald. En présence
de pareils
cas,il vaut mieux
pra¬tiquer le siphonnage,il suffira
de
ramenerà
unequantité déter¬
minée les différents produits sur
lesquels
oneffectue les dosages.
Ce chiffre variait généralement de 40 à
55 cent, cubes, quelque¬
fois 60 chez les sujets que nous avons
suivis.
Propriété physique. —
A part le
casde fermentation putride
— 26 —
(cancers
ulcérés)
oude fermentation alcoolique, le contenu sto¬
macalne présente pas
d'odeur spéciale. Il est
presqueincolore
avec le repas d'Ewald ou
légèrement coloré
enjaune dans les
cas de fermentation butyrique.
Filtration. — Ordinairementle produit stomacal estfdtré
afin
de pouvoir en pratiquer
l'analyse. La durée de la filtration est
importante à constater.
Le
sucgastrique contient d'autant moins
demucusetdepeptones que la
filtration
estplus rapide. Le
pro¬duit filtré estopalescent s'il
contient beaucoup de peptones. Il
seputréfierapidement
s'il renferme
peu oupoint d'acide chlorhy-
drique.
Toutes ceschosesdoiventêtre minutieusement observéesdans
la série desopérations. Une
fois qu'on
a reconnuphysiquement
sonproduit, on doit en
faire l'analyse qualitative.
Nous allons indiquer les essais les plus
pratiques
enclinique.
Acidité. "— On la détermine d'abord au tournesol qui vire
d'une façon appréciable avec des
solutions de 8 centigrammes
d'acide chlorhydrique combiné. Les
réactifs les plus sûrs, les
plus sensibles et
les plus recommandables à cet effet sont
ceuxde : Boas pour l'acide
chlorhydrique libre, le vert brillant
pourl'acide chlorhydrique libre et
combiné, enfin le réactif d'Uffel-
man pour l'acide lactique.
Le rouge du Congo est un
réactif
trèssensible
auxacides. Il
vire aubleu avec tous les acides minéraux ou organiques. C'est
donc un réactif très utile en clinique où l'on a
besoin de
pro¬cédés de recherches simples, rapides et
précis.
Le réactif de Guinzbonrg
estun réactif spécifique de l'acide
chlorhydrique extrêmement
sensible. Un grand nombre d'auteurs le
préfèrent. C'est,
en réalité, un excellent réactif, mais il est très coûteux.Aussi
pro¬posons-nous le réactif de Boas comme
étant préférable
enclini¬
que. Nous ajouterons le vert
brillant
etle réactif d'Uffelman,
Phloroglucine
Vaniline . . .
Alcool 30
1 gramme.
1 —
- 27
qui suffiront dans
la pratique
courante pour serenseigner
exac¬tement sur les divers acides de l'estomac.
Réactif de Boas :
Résorcine . J gramme.
Sucre blanc 3 —
Alcool dilué 100 —
Ce réactif n'est pas influencé par l'acide chlorhydrique com¬
biné.
Pour chercher l'acide chlorhydrique libre, on évapore douce¬
mentdans une capsule de porcelaine deux ou
trois
gouttesde
ce réactif avec cinq ousix gouttes de suc
gastrique. Le résidu
prend une belle coloration rose ou rougevif, lorsque le liquide
renferme de l'acide chlorhydrique libre. 11 ne faut pas confon¬
dre cetteteinte rouge mauve «fleur de pêche », comme
l'appelle
Gueit, avec la couleur caramel qui provient uniquement
de la
calcination des matières organiques. Ce réactifest
impressionné
par des dilutions d'acide
chlorhydrique,
àpartir de 0
gr.05
pour 1000.
Vert brillant. — C'est le réactif qui indique le mieux
l'acide
chlorhydrique combiné; il sertaussi
àdéterminer l'acide chlo¬
rhydrique libre. Les solutions aqueuses
de vert brillant passent
du vert bleu au vert mousse ou vert feuille morte, sous l'in¬
fluenced'une trèsfaiblequantité d'acide
chlorhydrique. Ce réac¬
tif, d'après certains auteurs,
serait le plus sensible de tous; la
réaction s'effectuerait avec moins de 0 gr. 06 d'acide chlorhy¬
drique pour 1000, et le
produit serait d'autant plus jaune qu'il
y aurait plusd'acide chlorhydrique
libre.
Mode opératoire. — A3
centimètres cubes de liquide gastri¬
que, on ajoute 10 à 15 gouttes
de la solution
aqueuseciel foncé
de vert brillant. En présence de
l'acide chlorhydrique libre, le
liquide prend une coloration
variant du vert
mousse auvert
jaune; la réaction devient plus nette avec
le temps. Les autres
réactifs colorants indiqués par les auteurs,
tels
quela benzo-
purpuréine, latropéoline, le
réactif de Mohr sont bien inférieurs
aux
précédents
et, parsuite, doivent être rejetés,
— 28 —
Recherche de l'acide lactique. — Le
réactif d'Uffelman est le
meilleur. Il se compose de 10
centimètres cubes d'une solution
à4/00d'acide
phénique
àlaquelle
onajoute 20 centimètres cubes
d'eau distillée et une goutte de
perchlorure de fer. On
aainsi
une solution bleu améthyste qui vire à la
teinte jaune citron
par l'addition d'un
volume égal d'une solution d'acide lactique
à 0 gr. 10 pour 1000. Ce
réactif doit être préparé extemporané-
ment, car il s'altère très vite cà
l'air
et àla lumière. Avec l'acide
butyrique, il prend une
coloration rougeâtre, il est excellent
en clinique et d'unemploi très commode
pourles recherches rapi¬
des. Il ne distingue pas les lactates de
l'acide lactique, la réac¬
tion s'effectue avec les deux, mais il importe peu que cet
acide
soit libre ou combiné.
Acide butxjrique. —
L'acide butyrique est plus difficile à
rechercher, à moins qu'il ne se trouve en
grande abondance.
Un procédé clinique assez
rapide de recherche consiste à traiter
le produit de la
filtration
parl'eau de baryte; il
seforme des
cristaux en tablettes brillantes de butyrate de baryte. Cette
réaction est très difficile à obtenir; personnellement, nous ne
l'avons observée qu'une fois. Aussi
le meilleur
moyende
recon¬naître la fermentation butyrique est encore
l'odorat. Si l'on
retrouve une odeur nette de beurre rance, on peut en
déduire
àpriori l'idée de
fermentation butyrique. La confirmation de¬
vient évidente si l'examen bactériologique décèle la présence
du vibrion butyrique.
Acide acétique. — Nous n'en avons
jamais trouvé dans
nosrecherches. Le moyen le plus
pratique
est encoreici l'odorat;
le procédé classique
consiste
àle séparer
avecl'éther, à évapo¬
rer et traiterle résidu par le perchlorure
de fer.
D'autres recherches qualitatives et
approximativement
quan¬titatives (de visu) qui peuvent donner
d'excellents renseigne-
meuts sur l'activité digestive sont : la recherche
de la pepsine,
du labferment etdu labzymogène.
Pepsine. — On pratique la digestion
artificielle de 0
gr.05 de
blanc d'œuf coagulé avec le liquide stomacal
obtenu. Cette opé¬
ration se fait à l'étuve à 39 degrés et l'on note la durée
de la
digestionetl'importancede l'albumine disparue. Si toute l'albu¬
mine a disparu en trois heures, l'estomac fonctionne bien.
Il pourrait se faire que le défaut de digestion soit dû à l'ab¬
sence d'acide chlorhydrique libre. Il suffit, pour s'en rendre compte,de faire deuxopérations, l'uneavecle sucgastrique que l'on veut expérimenter, l'autre avec une même quantité de liquide gastrique et de solution chlorhydrique à 2 pour 1000.
Si la digestionest plusrapide dans le tube acidifié, cela signifie
que le liquide gastrique renferme une proportion insuffisante
d'acide chlorhydrique.
RECHERCHES DU LABZYMOGÈNE ET DU LÀBFERMENT
Le lab procède du labzymogène dont il estséparé par
l'acide
chlorhydrique, de sorte qu'il y a un parallélisme entrela
quan¬tité decet acide et la quantité de ferment de la présure.
Le lab¬
zymogène résiste aux alcalis, qui, même àfaible dose,
détruisent
le labferment. Le chlorure de calcium donne une nouvelle acti¬
vité au suc gastrique épuisé de lab par les
alcalis. Le lab
coa¬gule le lait dans un milieu neutre aussi bien quedansun
milieu
acide. La recherche du lab est d'une grande importance en cli¬
nique, car si ce ferment disparaît dans une
affection gastrique
quelconque, la lésion estirréparable.
Recherche clu lab. — On pratique la
coagulation du lait
à38 degrés au moyen du suc gastriqueneutralisé; si après 15
mi¬
nutesla coagulation s'est produite, lesucgastrique
renferme du
labferment.
Recherche du labzymogène.—On alcalinise
faiblement 15 cent,
cub. de suc gastrique par du carbonate de
soude,
on yajoute
deux ou trois centimètres cubes de solution de chlorure de cal¬
cium au centième, puis on porte l'étuve à
38°. Si le lait
se coa¬gule au bout de 15 minutes environ, ilya une quantité normale
delabzymogène.
Dosage.
Les principaux éléments dont le dosage peut
renseigner le
clinicien sont l'acide chlorhydrique, l'acide lactique, le chlore