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L'art chez les Australiens

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L'art chez les Australiens

LOBSIGER-DELLENBACH, Marguerite

LOBSIGER-DELLENBACH, Marguerite. L'art chez les Australiens. Comptes rendus des séances de la Section des sciences naturelles et mathématiques, Institut National Genevois , 1946, no. 1, p. 14-17

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:99380

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L'art chez les Australiens

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Marg. LOBSIGER-DELLENBACH

Privat-docent à la Faculté des Sciences de l'Université de Genève Séance du 5 avril 1946

L'étude de l'art nous prouve qu'à lui seul il peut apporter des éclaircissements sur le degré et l'état de civilisation d'un peuple. Malheureusement c'est un chapitre que les ethnogra­

phes délaissent un peu trop facilement. Les Préhistoriens, eux, s'attachent à l'étude de l'art paléolithique car ils y trouvent des renseignements essentiels pour expliquer la mentalité dite primitive. Mais il nous est difficile, en ethnographie, de tirer grand parti des résultats obtenus par les préhistoriens parce qu{; - quoique rappelant beaucoup la vie du chasseur paléoli­

thique, la vie de l' Australien en est cependant très différente.

Il ne semble pas que le primitif actuel ait atteint un stade aussi avancé de son évolution mentale que l'homme du Paléo­

lithique - du moins du Paléolithique européen.

Les Australiens n'ont pa·s, comme les Paléolithiques - et comme aussi les Boschimans et même les Eskimos - connus l'excitant fécond de la grande pêche et de la grande chasse.

La récolte des mollusques, des larves, des bulbes ou des fruits, la chasse aux animaux inoffensifs et doux n'ont pas déclenché chez eux la flamme spirituelle du grand art réaliste.

L'ethnographie australienne est de l'ethnographie en vase clos. L'art australien n'a d'attache avec rien d'autre au monde, il doit être étudié à la lumière australienne. Peut-être, par­

fois, un point de comparaison sera-t-il possible avec l'art du Paléolithique européen, et même peut-être avec celui du Néolithique.

En Australie, où les formes extérieures visibles n'ont que la valeur d'un témoignage, il ne faudra pas chercher le réalisme

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que l'on rencontre dans les grottes magdaléniennes. L'art pour l'art n'est pas non plus une formule australienne. L'art est un appel à la communion avec tout ce qui existe et toui ce qui n'existe pas, avec tout ce qui est visible et tout ce qui est invisible. L'indigène ayant tout spiritualisé - même les rochers - ses figurations seront hermétiques. Son art est ésotérique. Il reconnaît dans les ffmboles qu'il grave, ou peint, la réalité de son esprit.

L'art australien - tout comme l'art primitif en général - est une sauvegarde contre les esprits, les démons, les forces hostiles. La crainte et la douleur dominent la vie du primitif.

La piété est son rempart, l'art son extériorisation. C'est pour­

quoi il faut considérer l'intérieur d'une œuvre d'art primitif et non seulei:nent sa surface.

On comprend que l' Australien, vivant dans un monde

·symbolique, soit tenté aussi de réduire l'image des choses en symboles et en emblèmes. Il désire se faire comprendre par tout le monde, surtout pour ce-qui concerne les messages à d'autres tribus. Il arrive ainsi à une sorte de pictographie idéographique. En limitant les formes par des tracés simplifiés et reconnaissables, il arrive aux schémas. Il part de ces schémas pour inventer des symboles qui, eux, alors deviennent illisibles aux non-initiés. Pour nous, ces schémas, à première vue, ne peuvent se traduire que par un dessin géométrique, ainsi par exemple, lorsqu'il s'agit de représenter le totem de la tortue, ou de la grenouille, ou de l'échidné, etc. En certains lieux on peut constater, sous forme de gravure ou de. peinture, l'évolution du contour de l'animal à sa forme schématique, On voit, à côté les uns des autres, la représentation de l'animal sous la forme du contour, puis sa forme conventionnelle· géo­

métrique, et enfin l'assemblage de nombreux schémas en une chaîne ou un lacis, qui semble incompréhensible si l'on n'isole pas un des éléments. Par èe procédé l'artiste australien est capable de réduire en quelques traits l'essentiel de sa pensée.

Les animaux et les ho�mes peuvent être représentés d'une façon encore plus schématique. L' Australien emploie fréquem­

ment la formule pars pro toto. Par exemple le chien n'est représenté que par la copie de l'empreinte de ses pattes (la

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plante et les quatre orteils) sous la forme d'une large tache et quatre petites. Il en sera de même pour le lapin (empreintes oblongues), le kangourou, le wallaby (ses traces sont identi­

ques à celles du kangourou, mais plus petites, et un trait interrompu, au milieu, figure le tracé de la queue qui, chez le wallaby traîne à terre), etc.

Dans tout le continent une pratique favorite consiste à obtenir l'empreinte négative d'une main humaine .. On met dans sa bouche une petite poignée d'ocre ou· d'argile blanche.

On la mastique, puis on prend un peu d'eau. On fait le mélange dans sa bouche. On étend la main contre la paroi, les doigts bien écartés et l'on projette le liquide coloré. On laisse sécher un moment, puis on enlève sa main. Quelquefois le vide laissé par la main est à son tour peint d'une autre couleur. Ces marns sont un témoignage d'individualité. Dans les cavernes où reposent les ancêtres, chez les W ororas par exemple, on rencontre beaucoup de ces empreintes de main car il est de coutume de laisser son empreinte lorsqu'on a été visiter les ancêtres. C'est une salutation des vivants ·aux morts, Les indigènes arrivent . très bien à reconnaître les empreintes de leurs · parents ou de leurs alliés tribaux. Les pieds, mais beaucoup moins souvent, sont également imprimés. Quelque­

fois, on enduit sa main de couleur et on l'applique contre le rocher.

Je ne citerai que pour mémoire les dessins sur le sable.

Dans un chapitre sur l'art australien on ne peut les omettre, car quoique fugitives ·ce n'en est pas moins de véritables œuvres d'art.

Les rochers, les. objets de culte et le sol furent ancienne­

ment les principaux supports des œuvres d'art chez les Austra­

liens. Aujourd'hui la gravure rupestre a presque totalemen·.

disparu. La peinture rupestre semble avoir persisté plus long­

temps - le cas des « W ondjina » qu'il faut repeindre pério­

diquement nous le prouve, mais ce sont des œuvres plus récen­

tes que les gravures. La peinture rupestre persiste également sous la forme de l'empreinte directe des mains et des pieds, Actuellement, la peinture et la gravure ne triomphent plus q_ue sur les· matières tendres, telles que bois et écorce.

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Les influences étrangères sont excessivement restreintes. On n'en retrouve des traces que dans le nord (Terre d' Arnhem et Kimberley) venues d'une part de Nouvelle Guinée et d'autre part de Malaisie (pêcheurs malais de perles et de trépang).

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