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Capitaine Nemo, Thomas Pesquet et Emmanuelle Charpentier

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Academic year: 2022

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REVUE MÉDICALE SUISSE

WWW.REVMED.CH 30 novembre 2016

2092

point de vue

Capitaine nemo, thomas pesquet et emmanuelle Charpentier

Au début était l’eau. Vinrent les étoiles et la génétique. On connaît (plus ou moins) la suite. Souvenons-nous du sombre capi- taine Nemo et de son Nautilus. Par défini- tion, « Nemo » n’avait pas de nom. Savant de génie, il était la science incarnée, le veuf, l’inconsolé maritime. Des trauma- tismes anciens comme s’il en pleuvait. Un renoncement à la société des hommes mais une soif inextinguible de revanche.

Un terroriste antibritannique en eaux pro- fondes. Un schizophrène d’avant la psycha- nalyse. « Adieu, Soleil ! ». On sait comment il finit, expirant avec un incompréhensible

« Dieu et Patrie ».

C’était Jules Verne (1828-1905), des pro- grès en cascades. Une soif inextinguible de savoir et d’agir, des expéditions sur toutes les frontières, les noces de la vulgarisation et de la science-fiction. En sommes-nous revenus ? La France de cette fin 2016 ap-

prend à vivre avec l’astronaute Thomas Pesquet. Nous rêvons encore de Nemo mais vous saurez tout sur Pesquet. De

« Vingt mille lieues sous les mers » à la Station spatiale internationale, en somme.

Un siècle et demi de distance dans la quête au merveilleux. De l’intimité de Nemo, les futurs amoureux de Jules Verne ne sauront rien, devineront tout. Pour Pesquet les médias ont commencé une autopsie sur écran et sans lendemain.

Thomas Pesquet ? Il est né le 27 février 1978 dans la ville où Jeanne d’Arc a été brûlée en 1431. On voudrait nous faire croire que sa vie s’est écrite sans l’ombre d’un nuage. Mère institutrice, père profes- seur de mathématiques et de physique.

L’homme parle l’anglais, le russe, l’espa- gnol et l’allemand. Il pratique le parachu- tisme, la plongée. Ceinture noire de judo et ingénieur en dynamique des engins spa- tiaux pour des missions de télédétection.

Recruté par le Centre national français d’études spatiales(CNES). Il y travaille à l’autonomie des missions, la conception

du futur segment terrestre de l’agence et l’harmonisation européenne des techno- logies.

On peut s’ennuyer, sur Terre. Change- ment de cap : ce pilote privé chevronné devient pilote de ligne sur Air France (plus de 2000 heures de vol sur A320). Puis nouveau virage dans le ciel : en 2009, sa candidature est retenue, il sera astronaute, français et européen. Sept ans plus tard, nous le retrouvons à Baïkonour en route vers la Station spatiale internationale où il séjournera jusqu’en mai 2017. Une star tricolore est née.« Le héros de notre au- tomne » dit RTL.

Plus intense qu’à l’ordinaire, cette mise en scène médiatique n’est pas nou- velle. Elle est comme consubstantielle aux voyages, habités ou non, dans l’espace. Le premier Spoutnik soviétique (1957), le premier vol de Youri Gagarine suivi de la pose du premier pied humain (américain) sur la Lune (1969) ont tour à tour alimen- té l’appétit de merveilleux et la soif de puissance de l’Union soviétique et des Jean-Yves nau

jeanyves.nau@gmail.com Aux Etat-Unis, la publicité pour les cigarettes à la télévision a été interdite depuis 1971, mais la publicité pour les e-cigarettes n’est pas réglementée. Selon les données citées dans cette étude, l’exposition des jeunes à des publicités pour

l’e-cigarette a augmenté de plus de 250 % de 2011 à 2013 ; l’utili- sation d’e-cigarettes au cours des 30 derniers jours par les étudiants de niveau secondaire a augmenté de 1,5 % à 13,4 % au cours de cette même période. Les chercheurs

ont utilisé les données de la National Youth Survey Tobacco (n = 22 007) pour examiner l’asso- ciation entre l’exposition auto- reportée à des publicités pour l ’e-cigarette et l’utilisation actuelle chez les élèves des niveaux scolaires intermédiaires (n = 10 419) et secondaires (n = 11 399).

Les probabilités d’une utilisation d’e-cigarette au cours des 30 der- niers jours étaient plus élevées chez les élèves ayant rapporté une exposition fréquente à des publi- cités avec des odds ratio ajustés allant de 1,54 à 2,91 en fonction du support.

Les probabilités étaient plus importantes pour les élèves ayant rapporté une exposition « la plupart du temps / toujours », suggérant une possible relation dose-effet.

Commentaires : ces résultats suggèrent un lien entre le fait de voir des publicités et l’utilisation d’e-cigarettes. Bien que cette

étude transversale ne puisse établir un lieu de causalité des recherches antérieures sur la pu- blicité pour le tabac traditionnel donnent l’alerte quant au fait que les publicités non réglementées pour l’e-cigarette peuvent cibler les jeunes et influencer leur com- portement. Ces résultats suggèrent que les efforts pour réduire l’ex- position des jeunes à la publicité sont justifiés.

Dr Caroline Graap (traduction française) Dr sharon Levy, MD (version originale anglaise)

La publicité pourrait contribuer à une augmentation de la consommation d’e-cigarette chez les jeunes

dépendances en bref service d’alcoologie, CHuv, Lausanne

singh t, agaku it, arrazola ra, et al.

exposure to advertisements and electronic cigarette use among us middle and high school students.

pediatrics 2016;137.

D.R.

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ActuAlité

www.revmed.ch

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Etats-Unis. Puis les glaces ont fondu, les acteurs et les vols se sont multipliés et l’intérêt des masses s’est petit à petit estompé. Il s’agit aujourd’hui de le réveil- ler – et pour cela de sombrer dans l’excès du premier degré.

C’est ainsi que nous assistons désor- mais à l’intensification outrancière de la scénarisation des entreprises

spatiales : les séjours dans la Station spatiale internationale et, plus encore, les vols vers les infinis mystérieux, la pré- sence de l’eau sur Mars, les traces de la vie aux confins des univers plus ou moins con- nus. De ce point de vue, le feuilleton-ballet « Tchouriet Ro- setta » fut un modèle du genre.

D’autres sont en gestation sur fond de « Guerre des Etoiles ».

Directs en image, sujets pré- formatés, usages des réseaux

sociaux, c’est la NASA qui, la première, a intensifié le spectacle, rejointe par l’Agence spatiale européenne, le CNES et les autres opérateurs. La mise en scène de Thomas Pesquet s’inscrit dans ce contexte. Il s’agit bien moins, ici, de vulgarisation de la quête scientifique que de perpétuelle recherche de crédits. « Les organismes scientifiques ont ici de plus en plus besoin des Etats mais aussi des entreprises pour boucler leurs budgets, observe Michel Alberganti, journaliste scientifique indépendant. D’où la nécessité de faire parler de leur travail, de forger une image positive et alléchante.

Ils doivent ainsi passer par le grand public pour toucher leurs cibles financières. D’où les médias, les livres, les documentaires, Facebook, les tweets... ».

Les voyages dans l’espace répondent aux mêmes logiques que les plus célèbres des courses à la voile, Vendée Globe en tête. Mais cette starification précoce, cet accès facilité aux médias sont, en cou- lisses, la résultante de mécanismes com- plexes incluant le renom d’institutions académiques et la quête de nouvelles res- sources financières. Le bailleur de fonds regarde, aussi, la télévision. Or les scienti- fiques n’entrent pas sans risque dans la société du spectacle et des orbes média- tiques. Nemo et son Jules Verne étaient autrement plus libres de leurs gestes, de leurs rêves.

On peut aussi (on doit) élargir encore cette focale : la dynamique de scénarisa- tion personnalisée englobe désormais de multiples domaines du champ scientifi que.

On n’attend plus la remise du prix Nobel pour médiatiser la personnalité de certains scientifiques. C’est notamment le cas au- jourd’hui, en biologie, avec la généticienne

française Emmanuelle Charpentier, 47 ans, (Institut Max Planck de Berlin) dont les médias ne cessent de vanter la con- tribution au développement de l’outil CRISPR – un outil qui, on le sait, ouvre des perspectives transhumanistes sans précé- dent via des modifications transmissibles des génomes humains.

Longtemps fermée aux of- fres réitérées des journalistes, Emmanuelle Charpentier a, en mars 2016, été, avec sa collègue, Jennifer Doudna (Université de Californie, Berkeley), récom- pensée par le « Prix L’Oréal- UNESCO Pour les Femmes et la Science ». Elle est depuis ré- gulièrement présentée comme un Nobel en puissance et ne résiste plus aux portraits inti- mistes. Comme celui du Monde où on la présente comme le

« charmant petit monstre » du génie génétique. Dans le même temps, elle se refuse à prendre clairement position dans la controverse éthique naissante sur les limites à imposer quant à l’usage de cette redoutable technique. Pourquoi ? Son silence autorise toutes les interpréta- tions.

De fait, cette starification précoce, cet accès facilité aux médias, ne sont parado- xalement pas synonymes d’une plus grande liberté de parole. C’est ainsi : les scienti- fiques n’entrent pas sans risque dans la société du spectacle et des orbes média-

tiques. A sa manière le capitaine du Nauti- lus et Jules Verne étaient autrement plus libre de leurs gestes et de leurs rêves.

Souvenons-nous. En 1866, apparition d’une bête monstrueuse dans plusieurs mers du globe. La chronique est défrayée.

L’animal, rapide, fusiforme et phosphores- cent, est responsable de plusieurs nau- frages, brisant le bois des navires avec une force colossale. A Paris, Pierre Aronnax, professeur (suppléant) au Muséum d’his- toire naturelle, émet l’hypothèse d’un nar- val géant… Les compagnies d’assurances maritimes menacent d’augmenter leurs prix et demandent que le monstre soit éliminé. .. Aronnax reçoit une lettre du secrétaire de la Marine lui enjoignant de représenter la France. Le narval est en ré- alité un sous-marin en tôle armée. Nemo leur refusera la liberté :

« Vous êtes venus surprendre un secret que nul homme au monde ne doit péné- trer, le secret de toute mon existence ! Et vous croyez que je vais vous renvoyer sur cette terre qui ne doit plus me connaître ! Jamais ! En vous retenant, ce n’est pas vous que je garde, c’est moi-même ! »

Avant lui, il y avait eu Moby Dick. Mel- ville, Ishmaël et Achab. Puis dans les airs, il y eut l’Odyssée de Kubrick. Etait-ce

« mieux avant » ? Sans doute pas. C’était, simplement, nettement plus merveilleux.

nous assistons DésorMais à L’intensi-

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