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La génétique du lapin, producteur de viande
H. de Rochambeau
To cite this version:
H. DE ROCHAMBEA U
INRA Station d!9mélioration
génétique
des Animaux BP. 27 - 31326 Castanet-Tolosan CedexLa
génétique
du
lapin,
producteur
de
viande
La
production
cunicole
française
aété d’environ
150 000 tonnes
en1988,
soit
4,4
%
de la valeur des
productions
animales. Si les
élevages
traditionnels
représentent
encore80
%
des
effectifs,
ils
necontribuent
que
pour
30
%
à
la
production
nationale. En
effet,
la
productivité
des
élevages
a
progressé
rapidement
au coursdes
vingt
dernières
années
grâce
à
la rationalisation des
techniques d’élevage.
La rationalisation de la
production
cunicole a débuté au début des années soixante-dix. Unelapine produit chaque
année unequarantaine
delapins.
Cetteproduction
s’obtient avecsept
portées
d’environ sixlapereaux
vivants aumoment de la vente à 12 semaines. Les
lape-reaux
pèsent
alors entre 2,2 et 2,4kg.
Leséle-vages rationnels ont
intégré
dans leurstechni-ques
d’élevage
unepartie
des connaissancesacquises
durant la mêmepériode
enalimenta-tion, en
physiologie,
enpathologie,
enzoote-chnie,
mais aussi engénétique.
Nous allons
présenter
dans cet article unesynthèse
des connaissancesacquises
cesder-nières années sur la
génétique
dulapin
produc-teur de viande. De telles
synthèses
ont été effectuées à l’occasion descongrès
de lAssocia-tionScientifique
Mondiale de Cuniculture(Rouvier
1980, Matheron etPoujardieu
1984b,
Rochambeau
1988),
ou descongrès
degénéti-que
appliquée
àl’élevage
(Baselga
et al 1982,Masoero 1982, Matheron
1982). Signalons
aussi deux livresqui
contiennent unchapitre
sur lagénétique
dulapin
(Lebas
et al 1984, Surdeauet Henaff
1981).
).
Nous aborderons successivement l’étude
génétique
des caractères deproduction,
l’étude despopulations
cunicoles,
l’obtention et la dif-fusion duprogrès génétique,
et enfin la connaissance dugénome.
1
/ Etude
génétique
des
caractères
de
production
1.
1
/ Les caractères
de
reproduction
La taille de la
portée
résulte d’événementsbiologiques
liés auxparents
(fertilité
desrepro-ducteurs)
ou auxproduits (viabilité
desjeunes).
La
figure
1précise
les rôlesrespectifs
d’un mâle et d’une femelle. Onappelle
effetgénéti-que direct l’effet des
gènes
quepossède
un individu sur un caractère mesuré sur cetindi-Résumé
_________________________La
production
cunicolefrançaise
estchaque
année d’environ 150 000 tonnes, cequi représente
4,4 % de la valeur desproductions
animales. Cet articleprésente
l’évolution récente des connaissances de lagénétique
dulapin, producteur
de viande.Les effets
génétiques
indirects(maternels
etgrand-maternels)
ont une influenceimportante
sur les caractères dereproduction
et de croissance. Les héritabilitéset les corrélations
génétiques
entre lesprincipaux
caractères deproduction
sontassez bien connues. Ces valeurs ont été confirmées par
plusieurs
expériences
de sélection. Il existe chez lelapin plusieurs
dizaines de races. Le format adulte de ces races varie entre 1 et 6kg.
Les éleveurs rationnels utilisent des animaux croi-sés issus de souche de format moyen(3,5
à 4kg).
Les souchesqui
donnent lepère
deslapereaux
de boucherie sont sélectionnées sur leursqualités
bouchères(vitesse
de croissancepost-sevrage,
rendement àl’abattage,
indice deconsomma-tion,...). Les
souchesqui
donnent la mère deslapereaux
de boucherie sont sélec-tionnées sur leursaptitudes
maternelles(taille
de laportée,
production
lai-tière,...). La
diffusion de ces souches est effectuée parplusieurs
schémaspyrami-daux
qui
secomposent
d’unétage
de sélection et d’un ou deplusieurs
étages
demultiplication.
Ces dernières années l’amélioration de laqualité
sanitaire des ani-mauxproduits
a faitl’objet
d’un effortparticulier.
Legénome
dulapin
est assezbien connu. Avant d’être une
espèce
deproduction,
lelapin
était et demeure unespèce
de laboratoire ; 66gènes
marqueurs ont été décrits et 37 d’entre eux ontvidu. On
appelle
effetgénétique
indirect(maternel
ougrand-maternel)
l’effet desgènes
que
possède
un individu(mère
ougrand-mère)
sur un caractère mesuré sur son descendant(fils
oupetit-fils),
effetinfluençant
le caractèremesuré par une voie non
génétique.
La
production
laitière d’une femelle influence lepoids
au sevrage de sesdescen-dants ;
c’est une influence maternelle mesura-ble. L’effetgrand-maternel
résulte d’un effet maternel d’unegrand-mère
sur l’influence maternelle de sa fille(Matheron
et Mauléon1979).
Le nombre d’individus observés à uninstant donné dans la
portée
dépend
du nom-bre d’ovulespondus
par la femelle et de la variabilité des ovules fécondésjusqu’au
moment où se fait l’observation de la
portée.
Pour clarifier
l’analyse génétique,
Matheron etMauléon
(1979)
ont considéré que la taille de laportée
était un caractère del’embryon.
Pour
analyser
lescomposantes
biologiques
de la taille de laportée,
on abat des femelles 12jours
après
la saillie. Le nombre de corpsjaunes
est une estimation du taux d’ovulation. On dénombre aussi les sitesd’implantation
etles
embryons
vivants. Cetteexpérience
a été réalisée par diverseséquipes
sur des femellesappartenant à
plusieurs
souchesexpérimen-tales et sur des femelles
croisées,
cequi permet
d’estimer les effetsgénétiques
directs etindi-rects ainsi que les effets d’hétérosis.
Le taux d’ovulation
dépend
surtout des effets directs et assez peu des effets maternels. Les effets d’hétérosis sontparfois
négatifs.
Lasur-vie
embryonnaire
dépend
des effets directs etmaternels. Les effets d’hétérosis sur ce
carac-tère sont
positifs (Matheron 1982).
Le nombre d’ovulespondus
est lié linéairement avec le nombred’embryons
vivants etcurvilinéaire-ment avec le taux de survie
embryonnaire
(Bolet
et al1988).
Globalement des effetsd’hé-térosis directs et maternels
apparaissent
sur la taille deportée.
Chacun d’entre-eux varie entre 5 et 15 %. Il existe en outre uneopposition
entre les effets directs et les effets maternels d’une part, et entre les effets maternels et les effets
grand-maternels
d’autrepart.
Ainsi la taille deportée
dont est issue une femelleinflue,
par le biais d’influencesgrand-mater-nelles,
sur sa carrière ultérieure(Baselga
et al1982).
Brun et Rouvier(1988)
ontsynthétisé
l’ensemble des résultats des
expériences
decroisement entre les souches cunicoles de l’INRA. Ils ont montré que les effets
génétiques
intra et entre souches variaient avec le temps.
Ces effets ont donc une valeur
prédictive
uni-quement à court terme.
La carrière d’une femelle : un
concept
important
La carrière d’un
reproducteur
est une suitechronologique
d’événementsinterdépendants
qui
se déroulent entre la fécondation et la mort.Certains événements
marquent
une rupture :l’implantation
del’oeuf,
la naissance, lesevrage, la mise à la
reproduction...
Le stock ovulatoire de la femelle se constitue durant unecourte
période
detemps qui
débute 10jours
avant la naissance etqui
s’achève 100jours
après
la naissance. Ce stock est utilisé ensuite durant la viereproductive. Chaque changement
d’environnement est uneagression
pour la femelle. Si certaines femelles suivent lerythme
dereproduction imposé
parl’éleveur,
d’autress’adaptent.
Lorsque
le milieud’élevage
s’éloigne
del’optimum,
lacapacité
d’adaptation
des femelles est sollicitée. Cette sollicitationpeut
être due au choix par l’éleveur d’unrythme
dereproduction
trèsrapide,
à l’utilisa-tion d’une alimentation pauvre ou maléquili-brée,
à des conditions d’ambiance défavora-bles.Divers auteurs ont tenté de décrire la carrière d’un
reproducteur (Brun
etPoujardieu
1986,Poujardieu 1986).
Une telledescription
secom-pose d’une
analyse
démographique
d’unecohorte de
reproduction
et de critères où laproduction
estrapportée
au temps.Poujardieu
(1986)
a calculé un nombre dejours
néces-saires à une femelle pour sevrer unlapin.
Cecritère est le
rapport
de la durée deproduction
et du nombre de
lapereaux
sevrés. Dans de nombreuses situations il fautdépasser
lesper-formances instantanées des
reproducteurs
etconsidérer l’ensemble de leur carrière. Ce sera le cas
chaque
foisqu’on
comparera desani-maux issus de diverses
populations.
1.
2
/
La
croissance
La courbe de croissance
pondérale
dulapin
est une courbe
sigmoïde
avec unpoint
d’in-flexionqui
est situé entre la 5’’ et la 7’’ semaine de la viepost-natale.
Les mâles et les femellesont une croissance semblable
jusqu’à
unâge
femelles deviennent
plus
lourdes. Plus lacrois-sance est
rapide, plus
cette différenceapparaît
précocement.
Entre la naissance et le sevrage,la croissance instantanée connaît une
accéléra-tion très forte. Deux accidents peuvent survenir dans l’évolution de la vitesse de croissance. Le
premier apparaît
entre la 2&dquo; et la 3&dquo; semainepost-natale, lorsque
laproduction
laitière de la mère devient limitante. Le second surviententre la 5&dquo; et la 6&dquo; semaine. C’est une
consé-quence du sevrage. La croissance relative des
différents organes et tissus a été étudiée par
plusieurs
auteurs etsynthétisée
parOuhayoun
(1984).
Le
lapin
se caractérise par une trèsgrande
variabilité dupoids
adulte. Il existe un facteurmultiplicatif
d’environcinq
entre lepoids
deslapins
nains et celui deslapins
géants.
Lacrois-sance
pré-sevrage dépend
du format de la mèrepuis
de la taille de laportée. Lorsque
la mère dulapereau
est croisée on observe un effet d’hétérosis sur laproduction
laitière. Lepoids
individuel du
lapereau
au sevrage est influencépar des effets
maternels,
mais aussi par deseffets de dominance. La croissance
post-sevrage
dépend
aussi du format des parents. Ilest difficile d’obtenir une croissance forte et
précoce
sans augmenter le format.L’influence maternelle sur les
poids
àâge
type diminue avec
l’âge.
Elle est très faible surla vitesse de croissance. La
comparaison
detypes
génétiques
différant par lepoids
adulte n’estsatisfaisante,
ni àâge
égal,
ni àpoids égal,
car ils sont alors à des stades
physiologiques
trop différents. Il est
préférable
de seplacer
parexemple
au mêmedegré
de maturité,c:’est-à-dire au même pourcentage du
poids
adulte.Cependant,
l’aptitude
à réaliserrapidement
leurpoids
adulte quepossèdent
certainsgéno-types ne se traduit pas par une
aptitude égale
à réaliser l’ensemble des caractèresphysiologi-ques de l’adulte. Cette
indépendance
descri-tères de maturité
corporelle
implique
desrela-tions propres à
chaque génotype
entre la taille,la forme
corporelle
etl’âge
(Ouhayoun
1984).
1.
3
/
Les
paramètres génétiques
Khalil et al
(1986)
ontanalysé
lesparamètres
génétiques
des caractères deproduction
chez lelapin
de chair. Cette revue acomplété
cellesfaites antérieurement par
Baselga
et al(1982)
etpar Masoero
(1982).
Lafigure
2présente
quel-ques héritabilités et corrélationsgénétiques
entre des caractères de
productivité numérique
et
pondérale.
Les tailles de
portée
à la naissance et ausevrage sont faiblement héritables. Elles sont
linéairement
opposées
auxpoids
àâge
type.Les effets d’hétérosis sur les tailles de
portée
sont
compris
entre 0 et 20 %(Baselga
et al1982).
Lepoids
individuel au sevrage estforte-ment lié au
poids
individuel àl’abattage.
L’effet maternelpersiste jusqu’à
l’abattage.
Par contre, la vitesse de croissance post-sevrage est peuliée aux tailles de
portée.
Elle est moyennementhéritable. Il y a pas ou peu d’hétérosis sur ces
caractères. Entre le sevrage et 11 semaines, la liaison entre la vitesse de croissance
post-sevrage et l’efficacité alimentaire serait
légère-ment
positive.
Pour que cette liaisons’exprime
mieux il faudrait contrôler les animaux
pendant
une
période plus
longue
ou terminer le test àpoids
constant.Lorsqu’on
mesure desconsom-mations
alimentaires,
l’élevage
en groupe(4
à8
lapins
dans une mêmecage)
exacerbe lesdif-férences par rapport à un
élevage
en cages indi-viduelles. Enrègle générale,
les races degrand
format ont une meilleure efficacité alimentaireque les races de
petit
format. Le rapport muscle sur os et le rendement àl’abattage
ont des héri-tabilités assez élevées. Ces caractères sont peuliés à la vitesse de croissance
post-sevrage.
Ils manifestent peu d’effets d’hétérosis.1.
4
/
Quelques
expériences
de sélection
Le tableau 1 résume sept
expériences
de sélection réalisées dans des souches cunicoles. Les quatrepremières
concernaient la taille de laportée.
Dans troisexpériences,
leprogrès
génétique
a été estimé en comparant les souches sélectionnées à une souche témoin.Dans la
dernière,
l’utilisation du modèle mixte(BLUP)
a fourni une estimation duprogrès
génétique.
Cette méthode estprésentée
auparagraphe
3.1. SiMgheni
et Christensen(1985)
ont observé uneréponse
nettementposi-tive, les autres
expériences
ont fourni unrésul-tat moins net.
Les trois autres
expériences
de sélection concernaient la croissance post sevrage. Tousles auteurs ont observé un
progrès génétique.
Cependant,
les héritabilités réalisées étaient inférieures aux héritabilités estimées dans despopulations
non sélectionnées enexploitant
la ressemblance entreapparentés.
Certains auteurs ont étudié les
réponses
cor-rélatives. Une sélection sur la taille deportée
au sevrage aprovoqué
uneréponse
sur la taille deportée
à la naissance. Une sélection sur lacroissance post-sevrage a entraîné dans deux cas
(Fuente
et al 1986,Estany
et al1988)
une baisse de la « fitness »(aptitude
d’une souche àse
reproduire)
de la souche sélectionnée. Si uneaugmentation
de la croissance post-sevrages’accompagne
d’uneaugmentation
de la taille de laportée
dansplusieurs espèces
demammi-fères, cette liaison n’est pas
toujours
observée chez lelapin.
2
/ Etude
des
populations
cunicoles
2.
1
/ Populations,
raceset
souches
Dans une
espèce
d’animauxdomestiques,
ondistingue
despopulations
locales ougéographi-ques. Les animaux d’une même
population
sontadaptés
aux conditionsd’élevage
de larégion.
Leur aspect extérieur(format,
colora-tion du
pelage...)
traduit une fortehétérogé-néité.
A
partir
de cespopulations
les éleveurs ontsélectionné des races.
Après
avoir décrit le type idéal à obtenir dans lestandard,
ils ont cherché à s’enrapprocher.
Extérieurement les animauxd’une race sont
plus homogènes
que ceux d’unepopulation. Cependant
lesperformances
des animaux d’une même race peuvent varierénormément.
Qu’y-a-t-il
de commun entre unLa croissance avant sevrage
dépend
du
formatde
la mère et de la taille dela
portée.
L’influence
maternelle diminueLes
élevages
rationnels utilisent
tdes
animaux croisés issus de souchessélectionnées
sur lesaptitudes
maternelles
pour la mère :taille de
laportée, production
laitière,
et sur lesqualités
bouchères
pour le
père :
vitessede
croissance,
rendement
à àl’abattage.
lapin
Néo-Zélandais Blanc vivant en Inde et unlapin
de la même race vivant aux Etats-Unis ?Sans doute rien, si ce n’est le patron de colora-tion albinos ! Si certaines races cunicoles sont
issues directement de
populations
locales(Argenté, Russe),
d’autres ont été sensiblement modifiées(Noir
et Feu, Fauve deBourgogne,
Blanc deHotot...). Les
animaux dont descend la race Fauve deBourgogne
étaient de modèleagouti
avec une tendance à ladisparition
dupigment
noir, cequi
laissaittransparaître
une nuance fauve sablonneuse.Aujourd’hui
lepig-ment noir et les marques blanches ont
totale-ment
disparu.
Une troisièmecatégorie
de racesest constituée par les races
synthétiques,
fabri-quées
àpartir
deplusieurs
races. Ainsi le Géant Blanc du Bouscat a été obtenu au début du siè-cle àpartir
d’Angora
albinos,dArgenté
deChampagne
et de Géant des Flandresagouti.
Le stade suivant de l’action de l’homme est la souche. Une souche est un ensemble d’indivi-dus de faible effectif(souvent quelques
dizaines de mâles etquelques
centaines defemelles)
qui
a été sélectionné pour unobjectif
précis.
Une souche est unepopulation
fermée ou presque fermée : les introductions d’ani-maux extérieurs restentexceptionnelles.
Lesanimaux d’une même souche sont
plus
homo-gènes
que ceux d’une même race. Le terme delignée
a unesignification
semblable.2.z
/
Importance
relative des
populations,
races
et
souches
aujourd’hui
en
France
La
plupart
des races delapins
ont été créées à la fin du XIX&dquo; siècle ou au début du XX’’ siè-cle.Aujourd’hui plus
de 40 races sont recon-nues officiellement en France. Elles sont sélec-tionnées conformément au standard par des éleveurs amateurs.Les éleveurs traditionnels utilisent des
ani-maux de types
génétiques
variés etdisparates :
population
locales,
races pures, croisements divers. S’ilsreprésentent
encore 80 % de lapopulation
deséleveurs,
les éleveurstradition-nels ne
produisent plus
que le tiers des 150 000 tonnes de viande delapin
produites chaque
année en France. Les éleveurs rationnelsutili-sent surtout des femelles et des mâles
dits,
à tort, «hybrides
».D’après
l’enquête
faite par le SCEES en 1982,58 % des femelles
présentes
chez des éleveurs adhérents à un groupement deproducteurs
étaient «hybrides
». 21 % d’entre-elles étaient de race pure(essentiellement
des animaux de race Néo-ZélandaisBlanc).
Le reste(21 %)
étaitissu de croisements divers. En Italie et en
2.
3
/
Monographies
et
comparaisons
raciales
Les races cunicoles ont fait
l’objet
de beau-coup d’étudesdescriptives.
Commeexemple
demonographies
assezcomplètes
on peut citer celles concernant le CommunEspagnol
(Zara-goza
1987), l’Argenté
deChampagne (Perrier
etal 1986)
ou le Gris du Bourbonnais(Pilandon
etal
1986).
Trop
peu d’auteurs ontpublié
desrésultats sur des femelles «
hybrides
» dans desélevages
deproduction.
Une étude faite chez70 éleveurs de l’Ouest de la France
(Anonyme
1988)
sur un échantillon de 60 000portées
donne les moyennes suivantes : taille de la por-tée à la naissance 9,30 ; au sevrage 8,15 ; à la
vente 7,14. Ces femelles «
hybrides
» ont unpotentiel
élevé.De nombreux auteurs ont
comparé
des races. Malheureusement les résultatspubliés
sont leplus
souvent décevants. Il y a à cela diversesraisons. Les effectifs sont presque
toujours
très faibles.L’origine
des échantillonscomparés
est rarement connue. Ladescription
des condi-tionsd’élevage
est omise. Laplupart
desauteurs utilisent le Néo-Zélandais Blanc et Cali-fornien.
Trop
peu d’auteurs étudient les races ou lespopulations
locales... Certains résultats(Matheron
et Dolet1986)
montrent pourtant que despopulations
locales ont desaptitudes
complémentaires
de celles des racesamélio-rées. Enfin trop peu d’auteurs
dépassent
le stade despremières portées
pour comparer desreproducteurs
sur une carrièrecomplète.
Parailleurs,
lacomplexité
de la réalitébiologique
rend difficilel’interprétation
deperformances
en souche pure(figure 2).
L’utilisation deplans
de croisement est la seule méthode poursépa-rer les effets
génétiques
directs des effetsgéné-tiques
indirects et estimer les effets d’hétérosis.3
/ Obtention
et
diffusion
du
progrès
génétique
3.
1
/ Aspects
théoriques
Une
majorité
d’éleveursfrançais
utilisent desreproducteurs
croisés. La mère dulapereau
deboucherie,
c’est-à-dire la femelleparentale,
estissue d’un croisement entre des souches sélec-tionnées pour leurs
qualités
maternelles(tailles
de la
portée
à la naissance et au sevrage, pro-ductionlaitière...).
Le
père
dulapereau
de bou-cherie est issu lui de souches sélectionnéespour leurs
qualités
bouchères(vitesse
decrois-sance post-sevrage, rendement à
l’abattage,
effi-cacitéalimentaire...).
).
A la suite
d’Henderson,
lesgénéticiens
quan-titatifs utilisent le BLUP(Best
Linear UnbiasedPredictor)
pourprédire
la valeurgénétique
des animaux. Le BLUP est un modèle linéaireparti-culier
qui
estime simultanément les effets fixés(saison,
numéro de laportée...)
et les effets aléatoires(père,
mère,individu...). Par
rapport
aux indices de
sélection,
le BLUP fournit desestimations nettement meilleures
lorsque
les effets fixés sontimportants.
Ce sera le cas dans les souches dont lesgénérations
se chevau-chent.Estany
et al(1988)
ont utilisé le BLUPpour
analyser
desexpériences
de sélection faites sans souche témoin. Réaliser de tellesanalyses
est l’un des autres intérêts du BLUP. Laperformance
d’unreproducteur
croisé résulte d’une combinaison d’effetsgénétiques
directs et indirects, d’effets d’hétérosis et d’ef-fets de milieu. Si la notion d’interaction entreles effets
génétiques
et les effets de milieu estclassique,
peu d’auteurs ont étudié lesinterac-tions entre les effets
génétiques.
Brun(1985)
amodélisé les interactions
qui
existent entre legénome
d’un individu et legénome
de la popu-lation aveclaquelle
il estaccouplé. D’après
labibliographie,
un caractère peuhéritable,
sensi-ble àl’hétérosis,
et ayant été sélectionnélong-temps
risque
deprésenter
de telles interactions.Il a
proposé,
pour un caractère comme la taille de laportée,
d’abandonner la sélection intra souche auprofit
d’une sélectionréciproque.
Leprincipe
de la sélectionréciproque
estsimple.
Considérons une souche A et une souche B. Dans le cas de la sélection intra
souche,
lesreproducteurs
sontqualifiés d’après
desperfor-mances mesurées sur leurs
apparentés
dans la souche. Dans le cas de la sélectionréciproque,
lesreproducteurs
des souches A et B sontqua-lifiés
d’après
desperformances
mesurées surleurs
apparentés
croisés degénotype
AB ouLa
productivité
s’estbeaucoup
améliorée
de 1974 à 1982. Lastagnation
desrésultats
après
1982 a conduit à la mise enplace
d’actions concertées entre éleveurs etpouvoirs
publics
afin
notamment d’améliorer laqualité
sanitairedes
anima ux.
3.
2
/
Aspects
appliqués
Pour
approvisionner
les éleveurs en repro-ducteurscroisés,
des réseauxpyramidaux
de diffusion duprogrès génétique
se sontdévelop-pés
en Franceaprès
1970. Un réseaucomprend
un
élevage
de sélection et desélevages
demul-tiplication.
Selon les cas il y a un ou deuxétages
demultiplication.
Lemultiplicateur
vend auproducteur
les mâles et les femelles croisées dont il a besoin pourproduire
de laviande. Bien que ce type
d’organisation
soit dominant en France, n’oublions pas qued’au-tres solutions existent : utilisation d’animaux de souches pures, évolution des réseaux
grâce
à l’insémination artificielle...Il existe en France
plusieurs
réseauxpyrami-daux de diffusion du
progrès
génétique.
Pourproduire
les femelles croisées, certains réseaux utilisent deux des souches sélectionnéesexpé-rimentalement par l’INRA. Il
s’agit
de la souche1066
d’origine
Grand Russe,qui
est sélection-née sur la taille de laportée
à la naissance, etde la souche 1077,
d’origine
Néo-ZélandaisBlanc, qui
est sélectionnée sur la taille de laportée
au sevrage(cf
tableau1).
Ces souchessont diffusées par un schéma dit de «
démulti-plication
». Ce schémacomprend
deuxétages
de
multiplication.
La connaissance des résultats
techniques
etéconomiques
desélevages
deproduction
estutile aux éleveurs et à l’ensemble des agents de la filière. Deux
systèmes
complémentaires
exis-tent
aujourd’hui
en France : lagestion
technico-économique (GTE)
et lagestion
technique
individuelle(GTI).
L’unitéd’enregis-trement de la GTE est
l’élevage
ou la cellule. LaGTE fournit à l’éleveur des critères
techniques
et
économiques
qui
reflètent les résultats de la maternité et del’engraissement (Yoncourt
etNicaud
1987).
Les GTE touchaient en 1987plus
de 1000 éleveurs. L’unité
d’enregistrement
de la GTI est la femelle. Comme dans le cas de lagestion
technique
des troupeaux de truies, l’en-semble desopérations
d’élevage
estenregistré
(saillies,
misebas,
sevrages).
La GTI fournit àl’éleveur des critères
techniques
pouranalyser
les résultats de la maternité.
Depuis
10 ans,l’INRA et l’ITAVI ont
développé
une GTI : le contrôle deperformances lapin (CPL).
L’appari-tion récente de
logiciels
degestion
journalière
fonctionnant sur des micro-ordinateurs devraitfavoriser l’extension des GTI et notamment
celui du CPL. En 1987, le CPL touchait 100 uni-tés
d’élevages. (Pour
le CPL unélevage
estdivisé en unités de
quelques
dizaines oucen-taines de femelles de même
génotype).
Le tableau 2
présente
les résultats d’un échantillond’élevages
suivis par l’ITAVI. Bienque cet échantillon se soit renouvelé
depuis
1974, les tendances observéescorrespondent
bien à l’évolution de la cuniculture rationnelle en France. La
productivité
par femelle astagné
depuis
1982,après
la forte croissance observéedepuis
1974. Cette évolution a résulté d’une diminution de l’intervalle entre misebas,
d’uneaugmentation puis
d’une stabilisation des tailles deportée,
d’un accroissement desmorta-lités
pré
et post-sevrage. Dans le même temps, laproductivité
parcage-mère
a continué decroître.
Cependant,
ce résultat est à considérer avecprudence :
la notion decage-mère
a évo-luédepuis
1974 et ledéveloppement
rapide
descages d’attente a
augmenté
artificiellement laproductivité
parcage-mère.
La marge sur coût alimentaire a crûplus rapidement
quel’infla-tion
jusqu’en
1982 ;depuis
la tendance s’est inversée.L’analyse
zootechnique
du tableau 2 asouli-gné
plusieurs
faitsinquiétants :
unestagnation
des tailles deportée
à la naissancedepuis
1982, une élévation de la mortalitépré-sevrage,
lemaintien d’une mortalité
post-sevrage élevée,
un accroissementimportant
du taux annuel de renouvellement des femelles. Cettedégradation
a
plusieurs
origines,
nousévoquerons
suivi. Cette crise a finalement été salutaire. Deux initiatives
complémentaires
ont contribué à redresser la situation. Lapremière
est venue de la FENALAP(Fédération
Nationale desGroupements
de Producteurs deLapins)
et la seconde du Ministère del’Agriculture.
LaFENALAP, avec l’aide de la Direction de
l’Ali-mentation
(Ministère
del’Agriculture)
a élaboré la Charte sanitaire deproduction
etd’utilisa-tion des animaux
reproducteurs (Morisse
1984,François
1986).
Le Bureau des Productions Hors Sol(Ministère
del’Agriculture),
a créé à la demande de l’INRA la commission de contrôle de ladémultiplication.
Cette commission estchargée
de surveiller la diffusion des souches cunicolesexpérimentales
de l’INRA. Elle a éta-bli un cahier descharges (GIE
MidiPyrénées
Lapin,
1986).
Ces deux initiatives
complémentaires
avaientplusieurs analogies :
c’étaient des démarches contractuelles et non des démarchesréglemen-taires ; les animaux étaient tatoués, les
élevages
demultiplication
utilisaient une GTI et ils étaientrégulièrement
visités par unecommis-sion
technique.
Au vu de cesinformations,
desagréments provisoires
étaient éventuellement accordés. Il existaitcependant
une différence dans les deux initiatives. La Charte de laFENA-LAP avait donné des
agréments
à desmultipli-cateurs, alors que la commission de la
démulti-plication
avaitapprouvé
des réseaux dans leur ensemble. A terme unrapprochement
entre ces deux démarches estpossible.
Le tableau 3
présente
les tailles deportée
enregistrées
dans lesélevages
des réseaux de diffusion des souches cunicolesexpérimentales
de l’INRA. Le schéma demultiplication
com-porte deux
étages :
ladémultiplication
et lamultiplication.
Après
unegénération
demulti-plication
en souche pure(démultiplication),
le mâle de la souche 1066 est croisé avec la femelle de la souche 1077(multiplication)
pourproduire
la femelleparentale
1067qui
est la mère dulapin
de boucherie. Le mâle terminalprovient
d’une souche propre àchaque
réseau de diffusion. Si la totalité des femelles des deuxétages
demultiplication
sont suivies par leCPL, seul un échantillon des femelles de pro-duction l’est aussi. La très
petite
taille de l’échantillon actuel limite la confiance à accor-der aux résultatsenregistrés
dans lesélevages
deproduction.
La diffusion des souches se compose d’un
étage
de sélection et un ouplusieurs
étages
demultiplication.
Pour les souchesexpérimen-tales de
l’INRA,
il y a 2étages :
multiplication
en souche pure
(=
démultiplication)
des souches 1066 et 1077,puis
croisement d’un mâle 1066 et d’une femelle 1077 pour obtenirune femelle 1067
(photo),
mère dulapin
de boucherie.4
/ La connaissance du
génome
4.
1
/ La
carte
génique
La carte
génique
d’uneespèce
indique
laposition
desgènes
sur les chromosomes. Laconnaissance de la carte est utile pour
com-prendre
le déterminisme d’un caractère, pourutiliser le
génie génétique...
Lecaryotype
dulapin
se compose de 22paires
de chromo-somes. Unedescription
standardisée de cecaryotype a été
adoptée
par un grouped’ex-perts internationaux
(Committee
for standardi-zedkaryotype
oforyctolagus
cuniculus1981).
).
Chez le
lapin
66 marqueursgénétiques
ontété décrits
(Fox 1987).
Certainsgènes
décritsont un effet visible
(gènes
de coloration ou destructure du
pelage,
anomaliesmorphologiques
...).
D’autres codent pour desprotéines
s(enzymes,
molécules dusystème
Figure
3.Dendrogramme
de distancesgénétiques
entre despopulations
cunicolesespagnoles (Zaragoza 1987).
Californien —————— &dquo;Hybride&dquo; Néo-zélandais blanc Papillon Commun Espagnol Fauve de Bourgogne Géant Espagnolété localisés sur huit autosomes et sur le chro-mosome sexuel. Les 23 suivants constituent six
groupes de
linkage
(ensembles
degènes qui
sont liésgénétiquement).
Cesgènes
sont situéssur un même
chromosome,
mais ce dernier n’apas encore été identifié. Les six derniers
mar-queurs n’ont pas encore été
localisés ;
celasignifie
qu’aucune
liaison n’a pour l’instant été mise en évidence avec les 60 autres marqueurs.Comme toutes les liaisons
possibles
n’ont pas été testées, cela nesignifie
pas que cesmar-queurs sont
indépendants
des 60premiers.
4.z
/
Quelques
marqueurs
utiles
Les méthodes
d’électrophorèse
ont révélé unimportant
polymorphisme
dans lesespèces
ani-males. Une
équipe espagnole
a étudié lepoly-morphisme
desprotéines
sanguines
(Zaragoza
1987).
Cetteéquipe
a décrit la transmissiongénétique
de 15protéines
polymorphes.
Cessystèmes
génétiques
ont fourni des indications sur les distancesgénétiques
qui
existent entreles
populations
cunicoles,
qu’elles
soientdomestiques
ou sauvages. Lafigure
3 illustre lesparentés
qui
existent entre les races Néo-ZélandaisBlanc,
Californien et unepopulation
«
hybrides
» d’unepart,
et entre les racesPapil-lon,
CommunEspagnol,
Fauve deBourgogne,
GéantEspagnole
d’autrepart.
Lapopulation
«
hybride
» est issue de croisement entre des souches Néo-Zélandais Blanc et Californien.4.
3
/
Le
transfert de
gènes
En 1982, deux
équipes
américaines avaient obtenu des souris «géantes
» parinjection
dugène
de l’hormone de croissance de rat dans des oeufsjuste après
la fécondation.Depuis,
cinq
équipes
au moins ont tenté la mêmeexpé-rience chez le
lapin.
L’une d’elles estfrançaise
(Houdebine
1987).
Bien que ceséquipes
soienttrès discrètes sur les résultats
obtenus,
on peutpenser que le transfert de
gènes
parmicroinjec-tion dans
l’embryon
fonctionne chez lelapin.
Conclusion
_
En France, en Italie et en
Espagne,
lelapin
est considéré comme une
espèce
zootechnique
depuis
de nombreuses années.Cependant
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