HAL Id: jpa-00245227
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Submitted on 1 Jan 1984
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Diagnostics spectroscopiques pour la caractérisation de semiconducteurs
A. Goltzéne, B. Prévot, C. Schwab
To cite this version:
A. Goltzéne, B. Prévot, C. Schwab. Diagnostics spectroscopiques pour la caractérisation de semicon- ducteurs. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1984, 19 (8), pp.593-600.
�10.1051/rphysap:01984001908059300�. �jpa-00245227�
Diagnostics spectroscopiques pour la caractérisation de semiconducteurs (+)
A. Goltzéne, B. Prévot et C. Schwab
Laboratoire de Spectroscopie et d’Optique du Corps Solide (*), Université Louis Pasteur, 5,
ruede l’Université, 67000 Strasbourg, France
(Reçu le 29 février 1984, révisé le 19 avril, accepté le 2 mai 1984)
Résumé.
2014Résumant le problème de la caractérisation physico-chimique d’un semiconducteur
auxdeux aspects essentiels des défauts localisés et de la perfection cristalline,
nousprésentons diverses possibilités de diagnostics réservées par les deux techniques spectroscopiques que sont la résonance paramagnétique électronique et la
diffusion Raman spontanée. Nous
endonnons
uneillustration
enrelation
aveccertains besoins
enamont dans le domaine de l’élaboration et
enaval dans celui de l’utilisation, tels qu’ils peuvent apparaître
avecdes matériaux semiconducteurs à finalité industrielle.
Abstract
2014Restricting the problem of the physico-chemical characterization of
asemiconductor to the main
topics of localized defects and lattice perfection, several diagnostic possibilities of the two spectroscopic techniques
of electron paramagnetic
resonanceand spontaneous Raman scattering
areshown. Both methods
areexemplified by
sometypical needs of crystal grower and
user asthey may typically be expressed for industry oriented materials.
Classification Physics Abstracts
61.70
-61.80
-73.30
-78.30
1. Introduction.
Le développement de technologies de plus en plus sophistiquées pour la réalisation des dispositifs semi-
conducteurs de la micro-électronique moderne impose
un développement parallèle des techniques d’évalua-
tion physico-chimique des matériaux concernés.
Dans un tel contexte, la caractérisation représente
un champ d’activité quasi illimité, justifiant en elle-
même la constitution d’un énorme arsenal de moyens
et de méthodes d’investigation. Toutefois en ce domaine, la difficulté de communication
-que l’on peut essayer de traduire par des antinomies telles que
«fondamental-appliqué »,
«physique-chimique »,
«
microscopique-macroscopique », etc.
-entre spé-
cialistes est fréquemment une cause limitative à la
compréhension des phénomènes.
La recherche de méthodes, où l’on s’impose la
contrainte d’une approche simultanément informa- tive vers l’amont et l’aval, revêt alors un caractère plus fondamental tout en réduisant le champ des
moyens expérimentaux.
(+) Conférence présentée à la réunion Franco-Italienne
sur
« La croissance et la caractérisation des semiconduc- teurs et des matériaux obtenus par croissance
ensolution » Santa Vittoria d’Alba (Italie), 8-9 novembre 1983.
(*) Associé
auCNRS no 232.
Dans la mesure où l’on peut résumer la caractéri- sation physico-chimique d’un semiconducteur
auxdeux aspects essentiels des. défauts ponctuels et de
la perfection cristalline, nous donnons l’illustration d’une telle approche par la mise en oeuvre de deux
méthodes de diagnostic spectroscopique, la réso-
nance paramagnétique électronique (RPE) et la dif-
fusion Raman spontanée.
2. Diagnosties par RPE.
Une RPE s’observe lors de transitions entre deux sous-niveaux Zeeman électroniques [1]. Si dans un premier stade, on néglige les moments nucléaires, la fréquence de résonance pour
unchamp magnétique
externe Ho dépend du facteur de Landé g ainsi que de l’éventuelle séparation à champ nul. Ces deux termes, surtout le second, sont fonction des orienta- tions relatives des axes de symétrie du défaut par rapport à Ho. L’effet d’un moment nucléaire sera
équivalent à celui d’un champ magnétique supplé-
mentaire. Il en résulte des séparations supplémen-
taires sur la fréquence de résonance dues aux noyaux
sur lesquels sont centrés les défauts (structure hyper- fine) ou
auxnoyaux voisins (structure superhyperfine).
L’interprétation d’un spectre RPE fournit donc essentiellement des renseignements de nature ato-
mique et de symétrie locale, dont on pourra dériver la nature chimique et la configuration électronique
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:01984001908059300
594
d’un défaut localisé dès lors que ce dernier se présente
dans
unétat paramagnétique.
La nature chimique de certains renseignements
fait que cette méthode est bien adaptée pour une information dirigée vers l’amont. Une illustration
typique peut en être donnée par la mise en évidence des contaminations par les métaux de transition
comme le Fe dans certains substrats semi-isolants GaAs (Fig. 1). A la dif’érence d’une méthode analy- tique chimique globale, la RPE permet de préciser
que le défaut se trouve dans un état 6SS/2’ soit l’état de charge Fe3 + dans une symétrie correspondant
audéfaut substitutionnel F3 +Ga [2].
Fig. 1.
-Exemple de spectre RPE d’un échantillon de GaAs : Cr mettant
enévidence
uneforte contamination par le fer.
[Example of an EPR spectrum of a GaAs : Cr sample show- ing
ahigh iron contamination.]
Un autre exemple montre la fourniture de rensei- gnements orientés vers l’aval. La figure 2 indique la
corrélation entre la concentration entre centres CrGa
déterminée par RPE en fonction de la concentration totale de donneurs mesurée électriquement pour dif- férents échantillons GaAs : Cr [3]. Elle illustre claire- ment le rôle de tampon rédox compensateur joué par le couple Cr2 +/Cr3 +, qui correspond à un niveau accepteur profond et justifie l’usage du Cr comme dopant pour l’élaboration des substrats semi-iso- lants [4].
Mais la RPE ne se limite pas seulement à l’identifi- cation des défauts extrinsèques, comme nous venons
de l’illustrer par les deux cas précédents. Elle est
aussi
unoutil d’étude des défauts intrinsèques et
c’est probablement en ce domaine qu’elle joue un
rôle irremplaçable.
On sait combien il est difficile de déterminer par
une technique analytique la stoechiométrie d’un
composé à l’état solide. La technique électrochimi- que [5] qui est vraisemblablement la mieux adaptée
à ce type de problème, s’avère inefficace dès lors que les mobilités ioniques ne sont plus suffisantes. Pour
Fig. 2. - Corrélation entre la concentration de [Cr2 +]
déterminée par RPE et la concentration totale de donneurs profonds [EL2] et de donneurs légers
enexcès [Np - NA],
mesurée électriquement. La droite correspond à [Cr2 +]
~[EL2] + [ND - NA].
[EPR determined [Cr2 +] concentration
versustotal
concen-tration of deep donors [EL2] and
excessshallow donors [ND - NA]. Dotted line corresponds to [Cr2 +] ~ [EL2] + [Nn - NA].]
la RPE, il s’agit formellement d’une détermination des teneurs éventuelles en défauts lacunaires et inter- stitiels et en conséquence, cela ne soulève pas de dif- ficulté de principe.
Mais on sait aussi qu’aux défauts natifs précédents
il faut ajouter les défauts d’antistructure, c’est-à-dire
ceux résultant d’un échange d’occupation entre sites cationiques et anioniques, dès lors que l’on traite de
composés. Il est clair que ce type de défaut échappera
à toute autre méthode que la RPE. Il est probable
que ceci explique leur découverte tardive dans les
composés III-V, malgré les prévisions théoriques [6]
indiquant une énergie de formation favorable. Il est vrai que ces matériaux n’ont été étudiés par cette
technique que depuis peu.
La figure 3 donne un exemple de spectre RPE de l’antisite anionique As’+, obtenu par irradiation de GaAs non dopé aux neutrons rapides. Seul type d’antisite de GaAs connu à ce jour, il a toutefois été
mis en évidence pour la première fois dans du matériau brut de croissance [7].
Il est intéressant d’étudier la génération de As’+
sous irradiation neutronique en raison de la similitude
de la cascade de déplacements atomiques qu’elle
Fig: 3.
-Spectre RPE d’un échantillon de GaAs semi- isolant
nondopé irradié
auxneutrons rapides. La courbe
continue représente la superposition d’un quadruplet de gaussiennes, relié à l’antisite As4+, et d’un singulet lorentzien ajustés
auxdonnées expérimentales.
[EPR spectrum of
afast neutron irradiated semi-insulating undoped GaAs sample. Solid line represents the superpo- sition of
aquadruplet, linked to the As4 + antisite and of
a
lorentzian singlet fitted to the experimental data.]
provoque dans le réseau par comparaison avec l’implantation ionique.
Une étude récente [8]
apermis de montrer que l’antisite anionique dans GaAs irradié était corrélé de manière quantitative à
unsecond défaut non encore identifié, mais également de nature intrin- sèque. L’analyse de la variation thermique des signaux
RPE correspondants, qui est similaire dans le domaine
de température 4,2 - 300 K, indique une forte relaxa- tion de réseau vers 100 K et suggère que les deux défauts sont associés dans un même complexe de
structure proche de celle de As" isolé [18].
Les défauts associés nous conduisent tout naturel- lement aux effets collectifs qui peuvent apparaître lorsque la concentration d’un type de défaut ponctuel augmente progressivement. Après un élargissement
des composantes du spectre dû à l’interaction mutuelle,
on observe une transition vers un spectre très diffé- rent correspondant à la délocalisation des porteurs de spin qui ne subissent alors plus qu’une perturba-
tion moyenne. Un spectre de ce type
aété trouvé dans GaAs; il s’agit de la raie isotrope X, située à
g ~ 2,002 ± 0,001, dont la largeur varie d’un échan- tillon à l’autre [9]. Ce comportement est analogue au
cas classique de Si : P, lorsqu’on augmente la teneur
en P. Dans le cas de GaAs, nous avons interprété le
spectre X par
unmodèle de liaisons pendantes en
interaction telles qu’on pourrait les observer le long
de lignes de dislocations par exemple. Toutefois, il faut rester conscient que l’absence des éléments habituels de la signature RPE du spectre à faible
densité de défauts peut rendre difficile une attribu- tion définitive.
L’activation électrique des dopants sous photo-
excitation est un autre mode collectif qui se traduit
par l’apparition d’une résonance cyclotronique [10], qui peut parfois s’observer dans les conditions de
mesure de la RPE. Elle s’observe d’autant plus facile-
ment que les porteurs ont une durée de vie longe,
comme c’est le cas par exemple des semi conducteurs élémentaires.
La RPE offre cependant d’autres voies pour la détermination de paramètres physiques obtenus habi-
tuellement par les méthodes de transport. Une pos- sibilité est la technique de Résonance Paramagnétique
Contrôlée Optiquement (ou OCPR en anglais) [11].
Dans cette technique, on se cale sur le signal de
RPE pendant que l’on induit des transitions optiques
à l’aide de deux faisceaux de lumière mônochroma-
tique simultanés. Le premier, pour lequel l’énergie
des photons h03BD1 Eg, correspond à
unpompage bande à bande, il induit une population stationnaire
sur
tous les niveaux, dont le niveau piège considéré P.
Le second faisceau, d’énergie variable E2 = h03BD2 Eg,
"ne modifie sensiblement la population sur le niveau P
Fig. 4.
-Dépendance spectrale de la section efficace de capture optique du défaut associé Fe3 +-X dans AgGaS2,
déterminée par Résonance Paramagnétique Contrôlée Opti- quement.
[Spectral dependence of optical capture
crosssection of
Fe3 +-X associated defect in AgGaS2,
asdetermined by
Optically Controlled Paramagnetic Resonance.]
596
que si h03BD2
=Eo, l’énergie d’ionisation de P, en vertu des règles des probabilités de recombinaison. Une modélisation de ce système montre alors que l’on peut
endériver la section efficace de capture optique
relative et même absolue, par la mesure quantitative
des deux flux de photons incidents, moyennant certaines hypothèses simplificatrices.
D’un point de vue pratique, cette technique requiert
que soient réunies des conditions de photosensibilité
pour le défaut paramagnétique considéré. Il en
résulte qu’expérimentalement son application est plus
aisée dans le cas de matériaux à grande bande inter-
dite. Il faut y voir la raison pour laquelle elle n’a pas
encore été appliquée aux défauts identifiés du GaAs.
De ce fait, nous en donnerons l’illustration de ses
possibilités sur le cas du défaut associé Fe3 +-X dans le composé à structure chalcopyrite AgGaS2, qui
aservi à la mise au point de la méthode [11]. A partir
de la dépendance spectrale de la section de capture
optique de la figure 4, on dérive successivement
l’énergie de photoionisation (0,70 eV), la valeur de
la section de capture (10-16 cm-2) ainsi que le taux de capture thermique (9
x10-3 s-1). Associées aux
données de la RPE sur le centre lui-même (nature,
concentration et configuration électronique), les poten- tialités des techniques couplées pour la caractérisa- tion d’un semiconducteur s’avèrent prometteuses.
3. Diagnostics par diffusion Raman
Le contrôle de la perfection cristalline est d’une
importance primordiale pour la mise
aupoint de
certains procédés de fabrication de la micro-électro-
nique où l’implantation ionique est mise en oeuvre.
En efiet, on sait qu’un endommagement du réseau
cristallin est inévitablement associé à cette technique,
et dont l’ampleur est conditionnée principalement par la nature, l’énergie et la dose d’ions incrustés dans
un
substrat donné.
La possibilité d’effectuer ces implantations à de
faibles profondeurs de la surface, en relation avec l’évolution des dispositifs micro-électroniques vers des
dimensions submicroniques, suggère le recours à des
méthodes de caractérisation adaptées à cette tendance.
Le choix d’une technique optique, telle que la rétrodiffusion Raman spontanée, qui permet d’opérer
avec des longueurs d’onde dont l’énergie se situe dans
le domaine d’absorption électronique intrinsèque
d’un matériau, offre à cet égard une méthode de diagnostic particulièrement intéressante.
Dans le cas des structures cristallines de type sphalérite à laquelle appartiennent la plupart des semiconducteurs usuels, la théorie de cet effet est
bien comprise de sorte que le problème central est
celui de l’identification et du choix des signatures,
que l’on souhaite dériver des spectres expérimentaux.
Ayant affaire à des semiconducteurs, nous serons
amenés à considérer séparément le cas du matériau
isolant ou faiblement dopé et celui du matériau
conducteur, car la nature physique du couplage entre
le rayonnement sonde et le matériau en sera différente.
Rappelons que l’effet Raman spontané est
unprocessus de diffusion inélastique de la lumière avec
participation de quasi-particules telles que phonons,
Fig. 5.
-Spectre Raman (1 er et 2e ordre) de GaAs. Les flèches indiquent les principales combinaisons de phonons atten- dues dans le spectre du 2e ordre.
[Référence Raman spectrum of GaAs (1 st and 2nd order). The vertical
arrowsgive the positions of the main phonon combi-
nations expected in the 2nd order spectrum.]
plasmons, etc. Il peut faire intervenir une seule
particule (spectre du 1 er ordre) ou deux (spectre du
2e ordre), mais dans les deux cas il y aura stricte
application des lois de conservation de l’énergie et
des moments pour
uncristal parfait. Toutefois, ces
dernières pourront être partiellement ou totalement
relaxées selon le degré d’imperfection du cristal réel.
La figure 5 montre les spectres Raman du 1 er et du 2e ordre, tels qu’on peut les obtenir avec du GaAs semi-isolant non dopé de haute qualité pour substrat
et qui nous serviront de référence. On y distingue
les deux raies du premier ordre qui correspondent
aux modes optiques de vibration transverse (TO) et longitudinale (LO). Leur écart par rapport à la raie excitatrice fournit l’énergie du mode correspondant
au
centre de la zone de Brillouin. Leur largeur est directement reliée à la durée de vie du mode corres-
pondant et donne une indication de son extension
spatiale dans le cristal.
Dans une première approche, on peut se limiter
au spectre du premier ordre pour le choix des critères d’évaluation de la perfection cristalline, de sorte que l’on sera amené à considérer la position, la largeur et
l’intensité des modes TO et LO. Pour ce dernier
Fig. 6.
-Variations des énergies des modes couplés L +
and L-
enfonction de la densité des porteurs libres (trous lourds) dans GaAs, calculées pour
=488
nm.[Energy dispersion of the coupled modes L+ and L-
as afunction of the free carrier density (heavy holes) in GaAs
for ÂL
=488 nm.]
paramètre, il est commode d’utiliser le rapport
R(TO/LO) des intensités des modes TO et LO en
raison de la difficulté expérimentale de se référer à
des intensités absolues pour la mesure de la lumière diffusée.
Une analyse fine [12] montre que R(TO/LO) peut
se mettre sous la forme d’un produit de trois facteurs regroupant les paramètres pertinents relatifs à la
longueur d’onde d’excitation, à la configuration de
diffusion et ceux intrinsèques au matériau.
Il en découle une méthodologie expérimentale susceptible d’être adaptée à toutes les conditions pratiques, en particulier celles des plaquettes standard légèrement désorientées par rapport à une direction cristallographique simple en vue de limiter les effets de canalisation lors de l’implantation ionique.
Dans le cas du matériau électriquement actif, la présence d’un plasma de porteurs libres modifie quelque peu l’interaction entre le rayonnement inci- dent et le cristal par l’apparition de modes couplés LO-plasmon. La figure 6 montre la variation en
énergie de ces modes couplés, L + et L -, en fonction de la densité de porteurs libres, en l’occurrence des trous lourds, en comparaison avec les énergies ini-
tiales des modes TO et LO et de la fréquence propre du plasma. Aux faibles concentrations de trous
libres, on mettra surtout en évidence les plasmons de
la branche supérieure L +. Un schéma similaire
aété calculé pour les électrons [13].
Diverses applications de cet outil sont possibles,
telles que l’établissement d’une cartographie superfi-
cielle et en profondeur d’une plaquette, un problème typique de l’évaluation de l’homogénéité d’un traite- ment. Toutefois, nous préférons, dans le contexte de
cette réunion, en donner une illustration plus fonda-
mentale par la présentation de quelques résultats
récents d’études des effets d’endommagement et de
Fig. 7.
-Spectre Raman de GaAs, avant a) et après b) implantation d’ions B + [10 keV - 1014 ions. cm - Il.
[Raman spectra of GaAs before a) and after b) B + ions
implantation [10 keV - 1014 ions. cm-2].]
598
guérison du réseau cristallin de GaAs en relation
avec diverses conditions d’implantation ionique.
Plusieurs types d’implants ont été étudiés. Certains, tels Se et Te, sont susceptibles de donner
uneconduc-
tivité de type n, d’autres comme Be, une conductivité de type p alors que d’autres encore, comme B, sont réputés ne pas donner lieu à une activation électrique.
La figure 7 compare les spectres Raman d’un échan- tillon de GaAs semi-isolant avant et après une implan-
tation d’ions B+ [10 keV, 1014 ions cm-2]. Après l’implantation, on note une diminution des énergies
des modes TO et LO, ainsi qu’un élargissement des
raies correspondantes. La figure 8 résume ces effets
en fonction de la dose d’implantation, avec la varia-
tion concomitante du rapport R(TO/LO).
Fig. 8.
-Evolutions de la largeur du pic LO et du rap- port R(TO/LO) dans GaAs
enfonction de la dose d’implan-
tation d’ions B +.
[LO linewidth and R(TO/LO) variations of B+ implanted
GaAs
versusthe dose parameter.]
Les dégâts produits par le bombardement ionique
peuvent endommager la structure cristalline pro-
gressivement jusqu’à la constitution d’une région amorphisée. Dans une telle région, caractérisée par l’absence de symétrie translationnelle, les règles de sélection sont relaxées entraînant une activation de la plupart des phonons du cristal : le spectre Raman
est alors l’image de la densité d’états de phonons du
1 er ordre.
Ceci peut se vérifier expérimentalement en adoptant
une configuration de diffusion interdisant simulta- nément l’apparition des modes TO et LO comme
représenté
surla figure 9. On y compare l’allure du spectre Raman d’un échantillon irradié à une forte dose de Be+ [10 keV, 2
x1014 ions cm-2] avec
uneFig. 9.
-Comparaison du spectre Raman de GaAs im-
planté Be+
avec unereprésentation affine de la densité d’états de vibration à
unphonon. Les principales singula-
rités sont marquées par des flèches verticales.
[Comparison between the Raman spectrum of Be+ im-
planted GaAs with
arepresentation of the
onephonon density of states. The vertical
arrowsindicate the main
singularities and their origins.]
représentation affine de la densité d’états à
unphonon
calculée [14]. On remarquera la stricte correspon- dance entre les singularités des deux courbes.
Ce type d’études
amontré que l’endommagement
du réseau n’était pas uniquement fonction de la dose totale d’irradiation, mais dépendait des conditions
exactes du courant d’ions et de la durée d’irradiation.
A titre d’exemple pour une fluence constante de 1015 ions Se cm-2,
unflux d’ions élevé associé à une
durée d’irradiation moindre conduit à un taux de désordre inférieur à celui d’un flux faible combiné à
une durée plus longue [15]. Toutefois, les conditions
précises de cette autoguérison, probablement liées à
une élévation de température non contrôlée du
substrat, restent encore mal connues.
Inversement, la diffusion Raman permettra de suivre la guérison du réseau cristallin, suite à un
traitement thermique conventionnel ou par faisceau
d’énergie. Ainsi la figure 10 montre l’étape à 400,DC
dans le cas d’une série de recuits thermiques isochrones
successifs d’un échantillon implanté Be+ [70 keV, 1015 ions cm-2]. Par comparaison avec le spectre
avant traitement thermique, le retour des valeurs des
paramètres
-position et largeur
-des raies TO et LO vers celles de l’échantillon de référence [voir Fig. 7] est spectaculaire déjà à cette étape du recuit.
On notera également la diminution marquée des
structures sous-jacentes dues à la densité d’états du 1 er ordre.
Aux températures de recuit plus élevées, on pourra éventuellement observer l’activation électrique des
ions implantés par l’apparition de modes collectifs
de plasmon.
Fig. 10.
-Comparaison des spectres Raman de GaAs
après implantation Be+ (a) et après l’étape de recuit à 400°C (b).
[Comparison between Raman spectra of as-implanted Be+ : GaAs (a) and after the 400 °C annealing step (b).]
La figure 11 décrit une situation particulière où le
choix de diverses configurations de diffusion sur un
même échantillon permet successivement l’apparition
soit des modes TO
ouLO seuls, soit des deux simul- tanément. Le retour de la position et de la largeur du
mode TO aux valeurs initiales atteste indiscutable- blement de la guérison cristalline, en apparente contradiction avec l’existence d’un mode LO élargi.
En réalité, la localisation de ce dernier à une énergie légèrement supérieure à celle du mode LO du cristal de référence ainsi qu’un profil asymétrique suggèrent
Fig. 11.
-Spectres Raman de GaAs implanté Be+ après l’étape de recuit à 700 OC. Les trois configurations présen-
tées permettent l’observation séparée
ousimultanée des modes TO et LO.
[Raman spectra of Be+ implanted GaAs after the 700 °C
annealing step. The three experimental configurations
allow the separate
orthe simultaneous observations of the TO and LO modes.]
que ce dernier est une superposition d’un mode LO pur et d’un mode couplé LO-plasmon.
L’ajustage mathématique [Fig.12] permet de confir-
mer
cette hypothèse et de déterminer quantitative-
ment les contributions relatives des modes LO non
écranté et LO couplé. L’énergie de ce dernier est
directement reliée à la densité moyenne de porteurs libres dans la zone électriquement active explorée
par le rayonnement incident La présence du mode
LO non écranté prend son origine dans l’existence d’une zone désertée superficielle due à la charge d’espace.
Fig. 12.
-Décomposition
encourbes Lorentziennes du spectre Raman de GaAs implanté Be+ après
unrecuit à
700 °C. La courbe résultante (tirets) est à comparer
avecles points expérimentaux (cercles).
[Decomposition into Lorentzian
curvesof the Raman spectrum of Be+ implanted GaAs after the 700 °C annealing step. The resulting dashed
curveis to be compared with
the experimental data (circles).]
Une application immédiate de cette méthode est la détermination de la température ou de l’énergie
d’activation électrique de l’ion implanté. A cet égard,
cette méthode présente l’avantage de ne pas nécessiter la prise de contacts électriques.
En outre, des études corrélatives d’ellipsométrie spectroscopique sur les mêmes échantillons ont montré que la diffusion Raman pouvait apporter un support microscopique à la modélisation macroscopique requise par cette technique, apportant ainsi une valorisation directe aux qualités propres de sensibilité et de rapidité de cette autre technique optique [16].
4. Conclusion.
Dans cet exposé, nous avons essayé de situer chacune
des deux méthodes spectroscopiques que sont la
résonance paramagnétique électronique et la diffusion
600
Raman dans le contexte particulier de la caractérisa- tion physico-chimique d’un semiconducteur.
Alors que la première méthode est bien adaptée à
l’étude des défauts localisés, intrinsèques ou extrin- sèques, la seconde s’avère adéquate pour l’évaluation de la perfection cristalline. Toutefois, les deux outils sont suffisamment flexibles pour permettre la néces- saire soudure entre les exigences posées par l’amont et l’aval, soit l’élaboration et l’utilisation du même matériau.
Nous en avons fourni quelques illustrations, typi-
ques de leur emploi dans la caractérisation du GaAs,
en