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Sur le caractère ouvert de la mécanique ondulatoire
Paulette Destouches-Février
To cite this version:
SUR LE
CARACTÈRE
OUVERT DE LAMÉCANIQUE
ONDULATOIREPar PAULETTE
DESTOUCHES-FÉVRIER.
Institut Henri Poincaré, Paris.Sommaire. - Une théorie
Th1 est dite plus complète qu’une théorie Th0 s’il existe une grandeur A de Th1 ignorée de Th0, la théorie Th1 fournissant les mêmes prévisions queTh0dans le domaine
d’adéqua-tion de Th0 à partir des même résultats de mesures initiales.
On montre qu’une mécanique ondulatoire, et plus généralement une théorie essentiellement
indéter-ministe, est une théorie ouverte ou incomplète, en ce sens qu’on peut toujours supposer qu’elle laisse
échapper des « grandeurs ignorées », grandeurs dont on peut tenir compte dans une théorie plus complète
qui aura nécessairement même structure. Une théorie déterministe, au contraire, est complète, et l’on
peut y définir des systèmes identiques, ce qui est impossible dans une théorie subjectiviste, où l’on peut seulement définir des systèmes semblables. Ainsi, on ne peut espérer remplacer une théorie essentiel-lement indéterministe par une théorie plus complète qui serait déterministe. On examine enfin divers essais difficilement acceptables de constrution d’une théorie déterministe pour la microphysique.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
13,
AVRIL1952,
1. Definition d’une theorie
plus complete
qu’une
autre. - Nous nous proposons d’examinerici la these de certains auteurs, notamment Eins-tein
[1],
selonlesquels
laMécanique
ondulatoire est une theorieincomplete,
fournissant despheno-menes
physiques
unedescription partielle.
Nous
partirons
de cette condition minimalequ’une
theoriephysique,
apartir
du resultat de mesuresinitiales,
doitpermettre
le calcul deprevisions
concernant les resultats de mesuresult6rieures,
previsions
s’exprimant
engeneral
par desproba-bilit6s. Ceci nous
permet
deplacer
la discussiondans le cadre
precis
de la theorieg6n6rale
despr6-visions
[2].
Si la
lVTecanique
ondulatoire(en abr6g6
Th)IO)
estincomplete,
il doit etre alorspossible
de construireune theorie Th
plus complete.
Cette theorieTh,
comme
Thyu,
doitpermettre
le calcul depr6vi-sions. On
peut
done utiliser dans Th le formalisme de la théorieg6n6rale
desprevisions
[3],
[5].
Alors,
chaque
connaissance fournie par une mesurepermise
par les lois de
Th)Io
donne aussi une connaissance enTh,
mais il y a au moins unegrandeur
A de Th(grandeur qui
peut
ne pas etre effectivementmesu-rable) ignor6e
parThM0,
sinon Th ne serait pas pluscomplete
queThito.
Ceci nous conduit 4 poser cette definition :
DEFINITION. - Une theorie
Th1
sera diteplus
complete qu’une
theorieTho
s’il existe unegran-deur A de
Thi
ignor6e
parTho,
la theorieTh1
four-nissant les memesprevisions
queTho
dans le domained’ad6quation [4]
deTh0
apartir
des memes resultats de mesures initiales.Cela
signifie qu’il
existe dansTh,
unop6rateur
Aayant
lespropriétés
desop6rateurs
associes auxgrandeurs physiques (1)
etqu’il
n’est paspossible
de définir dansTh0
unop6rateur
A0
ayant
les m6mespropri6t6s
que A.2. Premier cas de theorie
plus
complete.
-Unpremier
cas de theorieTh, plus complete
queTho
est celui ou il y a au moins une
grandeur
com-plete
(2 )
enTho qui
ne 1’est pas enThi.
SiTho
estTh-lio
il y a au moins un cas de mesurequi
determineune fonction d’onde
unique §
enThilo
(grandeur
maximale ou
grandeur complete)
etqui,
dansTh,
ne determinequ’un
ensembleE i,
d’616ments deprevision
X. De cettefaçon,
s’etablit unecorres-pondance
qui
permet
de d6finir une relationd’6qui-valence dans l’ensemble des elements de
prevision
de Thc’est-d-dire que X, est
equivalent
aX,
si tous deuxappartiennent
au memeEs;
cette relation estreflexive,
symétrique, transitive.
Dire dans ce cas que Th est plus complete que Th)lo
revient done a dire
qu’il
y a desop6rateurs,
nond6g6n6r6s
enTh.)Io
(op6rateurs
associes auxgrandeurs
compl6tes), qui
en Th sontd6g6n6r6s.
(1) On d6montre en theorie g6n6rale des previsions qu’il n’y a aucune hypothese physique dans le fait d’associer un
op6rateur a une grandeur physique, c’est seulement un
pro-cede math6matique commode. Ce n’est que dans la forme
analytique de 1’operateur que le contenu physique
s’intro-duit, mais ici nous n’avons pas a consid6rer cette forme. Pour les propri6t6s generales des operateurs associes aux
gran-deurs, se reporter aux ouvrages [2], [3].
(2) Pour la d6finition d’une grandeur complète, de l’opération
de composition & et de la derivation, se reporter a J. L. DESTOUCHES. J. Physique Rad., 7e série, 1936, 7, p. 354-36o
et aux ouvrages [2], [3], [5].
211
Dans Th on
peut
alors définir desgrandeurs
au senselargi
telles que l’on obtienne desgrandeurs
completes,
parexemple
de lafacon
suivante : soit Cune
grandeur complete
dansTh-110,
incomplete
dans
Th;
onpeut
définir B dans Th telle que C&Bsoit
complete.
En effet B sera bien définie par sonop6rateur
B et celui-ci par ses elements propres et valeurs propres. Fixons que :10 Tout element propre de C dans Th est element
propre de
B;
20 Deux elements du meme
EtfC,a
associ6 àchaque
element propreY;C,a
de C dansTh)IO
corres-pondent
a des valeurs propres differentes de B(Si
les
EtfC,a
n’ont pas tous memepuissance,
alors àla valeur a de C n’est pas associée
n’importe quelle
valeur deB,
mais seulement certainescompatibles
avec a et seuls les
EtfC,a
qui
ont laplus grande
puissance
parmi
tous lesEtfC,a
correspondent
à tout lespectre
deB).
Ces deux conditions
fixées,
onpeut
acheverarbi-trairement la d6finition de B.
De cette
fagon,
on a construit une theorie Thqui,
pour les
grandeurs prises
en consideration dansTh3lo,
fournit les memes
previsions
queThmo
etqui
fait intervenir desgrandeurs ignor6es
parThMo,
qui
donc est
plus
complete
queThxo.
Un
exemple
de ce cas de theorieplus complete
est celui ou
Th,io
d6signe
lam6canique
ondulatoirenon relativiste sans
spin
et ou Thd6signe
lam6ca-nique
ondulatoire avecspin.
Lescomposantes
du«
spin
» d’uncorpuscule
sont desgrandeurs ignor6es
par lapremiere
theorie et dont la seconde tientcompte,
tout en fournissant les memesprevisions
dans le domaine
d’ad6quation
de lapremiere.
Dans ce cas, lagrandeur
B,
dans le raisonnementprecedent,
sera form6e parexemple
d’une compo-sante (J’z duspin
et du carré (1’2 duspin,
soit3. Second cas de theorie
plus
compl6te.
-L’autre cas sera celui ou toutegrandeur
complete
deTho
est encore unegrandeur complete
deTh1,
mais il y a au moins unegrandeur
A deTh1 ignor6e
par
Tho.
Ce cas est a diviser en deux sous-cas :io 11 existe des
grandeurs figurant
dansTho,
soitD,
composables
dansThi
avecA;
20 A n’est
composable
avec aucunegrandeur
de
Tho.
Notonsqu’il
peut
exister a la fois desgran-deurs telles
que B
et desgrandeurs
telles que A.Lorsque
l’on est dans le casenvisage
maintenant,
un ensemble fondamental des
grandeurs completes
deTh1
estplus
richequ’un
ensemble semblable deTho.
Eneffet,
dans les deux sous-cas, apartir
de A et d’autres
grandeurs
deTh1,
onpeut
former unegrandeur complete ignorée
deTho.
Dans le cas of A est
composable
avec au moinsune
grandeur
D deTh0,
onpeut
consid6rer unegrandeur D,
telle que A estcomposable
avec D h
mais il n’existe pas degrandeur
Fcomposable
avecD.,
et ne d6rivant pas de
D1,
telle que A soitcomposable
avec
D,&F.
Lagrandeur
Di
joue
alors dans lepas-sage de
Th0
aTh,
un roleanalogue
a celui de C dans lepremier
cas. A un resultat de mesure deDl
correspond
un ensemble e de fonctions d’ondes.(D1
6tantsuppos6e incompl6te,
cet ensemble pour-rait etre reduit dansTho,
et par suite dansTh,
parmesure d’une
grandeur F
venantcompl6ter Di,
maisD1 &F
serait parhypothese incomposable
avec
A).
A cet ensemble ecorrespond
dans Th unensemble Ee d’616ments de
prevision.
Enmesu-rant
A &DI,
ou unegrandeur A &B&D1
complete
dans Th si
A &D1
estincomplete
dansTh,
onpeut d6composer
les éléments de Ee en classes d’un seulelement,
mais onpeut
définir une relationd’6quivalence
sur les elements deprevision
de Th comme dans lepremier
cas :4.
Propriete
fondamentale d’une théorieplus
complete.
- Une theorieTh1
nepeut
remplacer
une theorieTh o (en particulier
nepeut
remplacer
ThM0)
que si elle fournit les memes
previsions
(ou
des pr6-visions tresvoisines)
que celles deTh 0
dar s sondomaine
d’ad6quation.
II en r6sulte que si deuxgrandeurs
A,
B sont non simuItanément mesurablesen droit dans
Tho,
elles le sont encore dans toute ihéorieplus
complete
Th. Eneffet,
si cela n’avait pas lieu lesprevisions
seraient differentes en vertu d’un r6sultat de la theoriegénéraIe
desprevisions
[5]
et l’une des deux theories seraitinadequate ;
or noussupposons
Th,
adequate.
Dans
Th_)Io,
il y a x et pxqui
sont non simultan6-mentmesurables,
donc x et px le sont encore dans Thplus complete
en vertu de cequi
precede ;
parsuite,
Th est essentiellement indéterministe
[5],
et leprincipe
dedecomposition
spectrale
y est valable[6];
Th est donc encore une theorie ondulatoire. Onpeut
de nouveau luiappliquer
le meme processus et faire intervenir de nouvellesgrandeurs
cach6esana-logues
a A. D’ou :THÉORÈME. - 1° Une
m6canique
ondulatoire estune théorie ouverte
(ou
incomplete)
en ce sensqu’on
peut
laremplacer,
avec memesprevisions,
par unethéorie
plus complete
faisant
intervenir desgrandeurs
i gnorées
de lamécanique
ondulatoire.2° Cette théorie
plus complete
est,
elleaussi,
unemécanique
ondulaioire etpossède
les a2emespropriétés
Ceci montre, non seulement que la
m6canique
ondulatoire est ouverte, maisqu’il
en sera de meme de toute theorieplus
complete
qu’elle :
unem6canique
ondulatoire est une theorie essentiellement
incom-pl6table.
5. Considerations sur 1’hamiltonien. - Dans
la theorie
plus complete
Th,
onpeut
etre conduit aremplacer
1’hamiltonien H(correspondant
exac-tement a celui de
Th,io)
par un hamiltonien H’ danslequel
interviendront lesgrandeurs ignor6es
par ThM0(cas
ou Th est lam6caniqtie
ondulatoire avecspin,
H’ 6tant l’hamiltonien
qui
tientcompte
des termes oufigure
lespin;
un processus semblable sepr6sente
pour le
spin isotopique).
Dans le
premier
cas de théorieplus complete
(cf.
§
2),
1’hamiltonienH,
deTh,
fournissant les memesprevisions
que celles issues deH,
pour lesgrandeurs
deTh)lo,
n’est pas univoquementd6ter-miné,
car onpeut
faire évoluer arbitrairement les elements d’unE,b,t)
pourvuqu’ils
demeurent dans cet ensemble.On
aou
Ho
laisse invari6chaque
element d’unEt
unefois fix6e une’ ordination des elements de
chaque
ED,
et ou K transforme les elements d’unE,t)
eneux-memes;
K d6finit unautomorphisme
dans lesE, ty.
En ne tenantcompte
que desgrandeurs
deTh0,
l’op6rateur
K demeure ind6termin6. Mais si1’exp6-rience
permet
de mettre en evidence unegrandeur
ignor6e
parTh0,
alorsHI
va se trouver determine(au
moins enpartie) lorsque
l’on tiendracompte
de ces
exigences expérimentales
nouvelles. Onessaiera alors
d’61argir
le domained’ad6quation
etl’op6rateur H, pourra
se trouverremplace
parun
op6rateur
H2
tel queLa theorie
plus complete
Thpeut
etre tellequ’il
n’y
ait pas d’hamiltonien engénéral,
mais dans ledomaine
d’ad6quation
deTh o
on pourra en d6finir un.6. Caract6re ouv ert et
syst6mes identiques.
-- Cherchons a définir deuxsyst6mes
identiques.
Consid6rons un ensemble de N
syst6mes
physiques.
Nous pouvons led6composer
en classes telles quedeux
systèmes
de meme classe admettent meme hamiltonien(donc
memestructure).
Nous pouvons allerplus
loin etd6composer
un ensemble de N’syst6mes ayant
meme hamiltonien en classes desystemes
admettant,
apartir
de mesurescompletes
faites a
to,
t’o,
...,tl"),
des fonctions d’ondesiden-tiques
rapportees
a desreperes
galil6ens
r1, r,, ..., rn.Pour que deux
syslèmes
soienlidentiques,
il est néces-sairequ’on
nepuisse
pas décomposer en sous-classesune classe de
systèmes
définis
commeidentiques.
Appelons
cette condition : condition depredicativite
de l’identité.Par suite du caractère ouvert d’une
mecanique
ondulatoire,
onpeut
imaginer
desgrandeurs
ignor6es,
A,
parexemple;
alors,
parrapport
a la theorie Th contenantA,
tous lessystèmes
d’une classe admettantm6me ul
peuvent
etredecomposes
ensous-classes,
deux
syst6mes
appartenant
a la meme sous-classe s’ils ont meme element deprevision
X de Th. Deuxsystemes
d’une meme sous-classe seront alorsappel6s
syslèmes
semblables[7].
Ils nepeuvent
pas êtreconsid6r6s comme
identiques,
car le meme processuspeut
etreapplique
a la theorie Th en raison de son caract6re ouvert. II r6sulte alors de cequi
precede :
THÉORÈME. - Dans toute th6orie ondulatoire
(c’est-d-dire
dans tolite ihéoriesubjectiviste),
en vertu du caracièreincomplet
(ou ouvert),
on nepeut
dé finir
de
systèmes idenliques,
car on nepeut
affirmer
que dessystèmes
équivalents (c’est-à-dire
de mêmeelasse)
le demeureront dans une théorieplus complète.
En
effet,
dessyst6mes
identiques
doivent satis-faire a la condition deprédicativité
del’identit6;
or, le caractère ouvert d’une theorie ondulatoireemp6che
d’affirmer touteprédicativité.
D’autre
part,
pour êtreprise
en consideration enphysique th6orique,
la definition de l’identit6 de deuxsystèmes
doit etre tellequ’on
possede
unprocédé experimental
pour lareconnaitre,
cequi
nepeut
etre realisequ’au
moyen de mesures. Mais lesresultats de mesures sont decrits par les fonctions d’ondes initiales
(ou
elementsinitiaux).
A celles-cion
peut
appliquer
le processusprecedent
de passagea une theorie
plus
complete,
d’ou ce resultat :THEOREME. - En vertu du
caractèrè
ouvert(ou
incomplet)
d’unemécanique
ondulatoire, il
estimpos-sible de donner une
définiiion
de deuxsysièmes
iden-tiques
qui
soit accessible àl’expérience
etsatislasse
à la condition deprédicativité.
Onpeut
seulementdéfinir
des ccsystemes
semblables » relativement à unforma-lisme de
prevision,
l’intervention degrandeurs ignorées
permettant
toujours
ded6composer
en sous-classes dessystemes
semblables au sensprécédent.
7. Caract6re
complet
ou fermé d’une théorie d6terministe. - Consid6rons une theorie d6ter-ministeTh0.
Est-elle ouverte dans le meme sensque la
m6canique
ondulatoire ? Pour une telleth6orie,
le formalisme desprevisions
peut
etre reduit a un schemaponctuel
dans un espace dephases :
onpeut
définir dans ce cas unegrandeur
d’6tat G dont les resultats de mesures
impr6cis
sontdes ensembles de
points
d’un espace(r)
dit espace dephase.
Lepoint figuratif
ill dusystème
a l’instant tdans
(F)
estappel6
« 6tat » dusyst6me
a cet instant.Si 1’etat du
systeme
n’est pas connu exactement213
un
point
determine,
mais inconnu de 1’ensembledes 6tats
possibles, d’apres
les connaissancesacquises.
Cecis’exprime
encore en disantqu’un
resultat demesure
impr6cis
de toutegrandeur
estanalysable (3).
Si 1’on connait 1’etat ato,
soitMo,
celui-ci est d6ter-min6 a tout instant par unecorrespondance
ponc-tuelle dans
1’espace (r)
Mais,
dans ce cas, onpeut
aussi constituer unformalisme
general
et consid6rer une theorieplus
complete
Th,
comme dans le cas de lam6canique
ondulatoire. Alors il y a un ensembleEt,
d’616mentsde
prevision
X de Th associes a une valeur de lagrandeur
d’6tatG,
alaquelle
ilcorrespond
unélé-ment de
prévision If
dans le formalismeequivalent
a celui de la theorie d6terministeTho.
Deux cassont alors
possibles :
ou bien il existe dans Th unegrandeur
A non simultan6ment mesurable avecG,
ou bien dans Th il y a au moins unegrandeur
Bignor6e
parTh0
telle que B et G soient simultan6ment mesurables et que B & G soit unegrandeur complete.
Dans ce dernier cas une mesure
precise
de B & Gfournit un element de
prevision
X bien determineunique.
Mais si Th estplus complete
queTho,
alors Th etTho
fournissent les memesprevisions
àpartir
des memes connaissances et la connaissance de la valeur de G ato
suffit pourdeterminer
a toutinstant t la valeur de cette
grandeur
G. Ainsi la valeur de G 6volueind6pendamment
des valeurs desgrandeurs ignor6es.
11 y aseparation :
lespr6vi-sions pour les valeurs des
grandeurs ignor6es
peuvent
d6pendre
ou ne pasd6pendre
deG,
et meme Thpeut
etre une theorie essentiellementind6termi-niste,
mais G évolueindépendamment
des valeurs desgrandeurs ignorees :
G est unegrandeur auto-prévisible
dans Th. Comme G
peut
etre consid6r6es6par6ment
des
grandeurs ignor6es,
la theorieTh0
est enquelque
sorte ferm6e. Si deux
svst6mes
«identiques
»rela-tivement a
Th0
ne lesont
plus
relativement aTh,
n6anmoins s’ils
comportent
la meme valeur pourG,
ils 6volueront de maniere a fournirtoujours
la meme valeur pour G.Soit
Th0
une theorie d6terministe et une theorie Thplus
complete
queTho.
Deux éventualités sont adistinguer :
io Th est une theorie
deterministe ;
20 Th est une théorie essentiellement
ind6ter-ministe.
Dans le
premier
cas Thpossede
unegrandeur
d’etat
G1;
alors nécessairementA 6tant une
grandeur
ignor6e
parTho.
A lagrandeur
d’6tat
G1
correspond
pour Th un espace dephases (r,).
(3) P. DESTOUCHES-FÉVRIER, Structure des thiories physiques, p. 95.
Cet espace est alors le
produit
direct de1’espace (r)
et d’un espace(RA)
qui
n’est autre que 1’espace desobservations de A.
Le
point Mi
figuratif
de 1’etat dusyst6me
est alors tel que saprojection
sur(r)
6volue d’unefaçon
autonome, selon les lois de
Th 0;
par suite, lapro-jection
sur(RA)
6volue aussi d’unefacon
autonome. En somme, si l’on met en evidence unegrandeur
ignor6e,
la theorie ainsicompl6t6e
restantd6ter-ministe,
il y aseparation
et lapartie
dusysteme
caract6ris6e par G 6voluetoujours
de meme(toute-fois,
dans le domaineexperimental
elargi
et decrit parTh,
laseparation
peut
cesser d’avoirlieu,
mais elle existe dans le domained’ad6quation
deTh0).
Deuxsyst6mes
identiques So
etSo
deTh0’ qui
6vo-luent dememe,
apparaissent
dans Th comme deuxparties s6parables identiques
desystèmes
S etSl
(S
etS1 peuvent
naturellement ne pas êtreiden-tiques ;
dans ce cas, leursparties
complémentaires
Sq
etSA
ne sont pasidentiques).
Ainsi pour une theorie d6terministe que l’on
com-plète
au moyen degrandeurs ignor6es
etqui
demeured6terministe,
ceci revient aajouter
desparam6tres
nouveaux
s6parables
de ceux consid6r6sprimiti-vement. Des
systemes
identiques
demeurentiden-tiques
en 6tant consid6r6s commeparties
desys-temes
plus complets.
C’est en cela que consistele caractère
complet
d’une theorie d6terministe parrapport
auxgrandeurs ignor6es.
Dans le second cas, Th est une theorie ondula-toire. La
grandeur
Gapparait
alors dans Th comme unegrandeur auto-previsible,
mais lesyst6me So
n’apparait
pas comme unepartie
d’unsyst6me
S 6tudi6 dansTh,
c’esttoujours So qui
est6tudi6;
il y a cette fois au moins unegrandeur
Aignor6e
de
Th0
non simultanément mesurable avecG;
si l’on mesure
G,
cettegrandeur
6volue d’unefaçon
autonome comme dansTho,
mais si 1’on mesure unegrandeur
telle queA,
on nepeut
plus
sans contra-diction supposer que G a une valeur déterminéemais
inconnue,
cela en vertu despropri6t6s
des theories essentiellement indéterministes. Dans ce cas, lors du passage deTho
aTh,
le caracterecomplet
de la theorie d6terministe estperdu. Lorsque
l’on mesureG,
vis-A-vis de la
grandeur
G et de cellesqui
end6rivent,
les caractères d6terministes
subsistent;
ils s’effacent si 1’on mesure unegrandeur
incomposable
avecG;
cettefois,
on passe au caractère ouvert des theoriesondulatoires.
8.
Propri6t6s
desgrandeurs
auto-prévisibles.
- Consid6rons dans une theorie Th essentiellement
subjectiviste
unegrandeur
auto-previsible A, (on
montre
qu’a chaque
grandeur
A onpeut
associerune
grandeur Al
auto-prévisible
etqui,
a uneépoque tQ,
ait meme valeur queA;
il en existe donc dans toute theorieTh,
enparticulier
il en existequi
sont en memetemps
completes).
Pour une telleTHEOREME. - A toute
grandeur auto-prévisible
A,
d’une thiorie essentiellement indéferminisleTh,
onpeut
associer une thioriepartielle
Th 0
telle que Thsoil une ihéorie
plus complète
queTh 0
el felle queTh 0
soit une theorie déterminisie dont la
grandeur
d’ étalest cette
grandeur auto-prévisi ble A1.
En
particulier,
ceciexplique
pourquoi
onpeut
construire des theories
partielles
desmecaniques
ondulatoiresqui
soient des theories déterministes(mais
il estimpossible
de construire une theoried6terministe
6quivalente
a unem6canique
ondu-latoire).
9. D6terminisme et theorie
microphysique.
-Lorsque
des auteurs soul6vent laquestion
ducarac-tere
incomplet
d’unem6canique
ondulatoire,
c’est dansl’ espoir
depouvoir
remplacer
celle-ci par unetheorie d6terministe. De ce
qui precede,
on arrive A : THÉORÈME. - En cherchant àcompléter
unethéorie ondulatoire par des
grandeurs
ignorées,
on nepeut
pas rétablir Ie délerminisme.Examinons
cependant
deplus pres
le cas d’une theorie d6terministequ’on
chercherait a substituer a unem6canique
ondulatoire. Onposerait
d’abordque cc tous les
renseignements
fournis par laconnais-sance de la fonction d’onde sont n6cessaires mais
non suffisants pour determiner entièrement le
devenir d’un
système
parmi
lessyst6mes
semblablesrepr6sent6s
par §
»(1).
Mats on
sait,
d’apres
les resultats de von Neu-mann[8],
ainsi que ceux de J. Solomon[9],
quecette connaissance ne
peut
pas etrecompl6t6e
par des
param6tres
caches.D’apres
cequi precede,
elle ne
peut
pas nonplus
etrecompl6t6e
par l’inter-vention degrandeurs ignor6es,
puisqu’en
les faisant intervenir on obtient une theorie de meme structure que celle dont on estparti.
Pourrait-oncependant,
au moyen d’un autre
procédé,
obtenir une theoriemicrophysique
d6terministe ? Examinons lescarac-teres que
pr6senterait
une telleth6orie,
soitThv.
Etantd6terministe,
elleposs6derait
unegrandeur
d’6tat G et la valeur de 1’etat serait
représentée par
un
point
d’un espace dephase (T).
Trois cas sont àenvisager :
io G est une
grandeur
dela Tmécanique
ondula-toireThilo.
20 G est la
compos6e
d’unegrandeur
complete
C de Thm0 et d’unegrandeur
igrior6e
parThM0,
soitAlors,
en consid6rant une theorieTh1 plus
complete
que
Th,io
et contenant A on est ramene aupremier
cas. Dans ces deux cas, il existe au moins unegran-deur B
incomposable
avec G(cas
103BF)
ou avec C (4) Voir [7], p. 446.(cas 20).
SinonThM0
serait d6terministe endroit,
contrairement a
l’hypothèse. D’apres
unepropriete
des theories essentiellement indéterministes
(5),
dansce cas il est
impossible,
sans introduire descontra-dictions,
de supposer que le resultatimpr6cis
d’unemesure pour une
grandeur peut
etre considéré commeidentique
a ce meme r6sultatcomplete
de lasupposition
que cettegrandeur
a une valeur d6ter-minee mais inconnue. C’est cequ’on
exprime
endisant que les resultats de mesures sont
inana-lysables.
Parconséquent,
dans ces deux cas, on nepeut
supposer que G a une valeurd6termin6e,
maisinconnue.
30 Le troisi6me cas est celui ou G est sans
rapport
avec lesgrandeurs
mesur6es. Alors cet 6tat Gpeut
6trequalifi6
dem6taphysique.
Ceci vient encoreexclure certaines
hypotheses
concernant la substi-tution d’une theorie d6terministe a lam6canique
ondulatoire. Si donc on cherche une theoriemicro-physique
d6terministe,
son lien avec lam6canique
ondulatoire doit etre
plus
subtil.On
pourrait envisager
une connexion de ce genre :1° A une fonction
d’ondes § correspond
un certain ensembleE,>
depoints
de(r). Ainsi,
a une fonctiond’ondes,
c’est-a-dire a un resultatprecis
d’une gran-deurcomplete,
correspond
un ensemble de valeurspossibles
pour 1’« 6tat » dusystème.
La theorie6tant
deterministe,
il existe une transformationponctuelle
dans1’espace (r) qui
transforme 1’6tat initialM 0
dusyst6me
en 1’etat Mt a1’instant f,
soit20 Lors d’une mesure a une
époque
li,
1’cr 6tat ))est (( trouble », c’est-a-dire que le passage de
Mtt-E
àMt1+::
l’intervalle detemps
2ecorrespondant
a lamesure),
n’est pas d6fini par une transformationponctuelle,
mais est ind6termin6 selon les loisquan-tiques : U(t,
to)
n’est d6finie que pour l’intervalle detemps
(t0, ii-f.)
s6parant
deux mesures cons6cutives.Apres
la seconde mesure, U decrit de nouveau1’evo-lution de 1’etat du
système
et l’on auraMi
etant laposition
dupoint figuratif
de 1’6tat(sup-pose
determine,
maisinconnu)
a la fin de la mesurefaite a
tl.
De cettefacon,
on r6tablit le d6terminisme saufpendant
lesépoques
de mesures, ou Ie fait d’effectuer la mesureperturbe
I’etat d’unefaçon
impr6visible,
de mani6re que les exigencesquantiques
soientrespectées.
Mats on remarquera alors quedans une telle théorie une mesure
provoquerait
uneinteraction entre
systime
etappareil,
d’untype
toutditfférent
de celui de l’interaction entre les diversesparties
d’unsysfème
physique, puisque
pour les interactions entreparties
d’unsystème
il y a d6termi-nisme et lors d’une mesure il y a indéterminisme.215
Autrement
dit,
on ne satisfait pas a cetteexigence,
remplie
dans les theoriesclassiques
et dans les theoriesquantiques,
selonlaquelle
une mesureconsiste a
coupler
unappareil
qui
est unsyst6me
physique
avec Iesystème
physique
observe,
si bien que pour un autre observateur l’ensembleappareil-système apparaisse
comme unsystème
physique.
Même en
pr6tendant
que le « trouble » est instantdn6 et seproduit
quand
on établit lecouplage
ouquand
on le
supprime,
on nepourrait
pas satisfaire a cettecondition dans
l’hypothèse
que nousenvisageons.
La
suppostion
qu’une grandeur
G a une valeurd6termin6e mais inconnue entraine contradiction si l’on a fix6 la valeur d’une
grandeur
incomposable
avec G. Alors la
grandeur
d’6tat de la theorieconsi-d6r6e n’a pas de lien direct avec les
grandeurs
mesu-rables,
c’est unegrandeur
inaccessible. On doit seposer la
question : quelles previsions
peut-on
faire apartir
de I’ « 6tat »Mt ?
On voit bienqu’on
peut
pr6voir
exactement 1’« 6tat » ult6rieur tantqu’on
ne fait pas de mesure. Si l’on fait une mesure a une
époque tl,
on nepeut
plus pr6voir
1’6tat pour t> tl;
mais les
previsions
doivent concerner les resultatsde mesures effectives. Or ces
previsions
nepeuvent
etre
plus
fortes que celles de lam6canique
ondula-toire,
sinon il y a contradiction ouinad6quation.
Pour
plus
deprecision,
les conditionsauxquelles
devrait satisfaire une theoriemicrophysique
d6ter-ministe sont r6sum6es ci-dessous :1° Il existe un « 6tat » determine mais inconnu
du
syst6me
considere,
d’ou un espace des 6tats(r)
ou espace dephase,
avec une transformationponc-tuelle U
(t, to)
reglant
son evolution. Cet 6tat est inaccessible a1’experience.
2° Lors d’une mesure, il
n’y
aplus
transformationponctuelle
des 6tats entretl- -At
et t+ A I,
si i1
estFepoque
d’une mesure et 2 d t saduree;
on dit que1’6tat est cc trouble » par la mesure.
Mats il faut bien remarquer que cet 6tat n’est pas trouble d’une
fagon quelconque;
en effet :Si la transformaticn
ponctuelle
entret1 - ..1 t
ett, +/A I
estsuppos6e
determinee mais inconnue, toutrevient,
soit a rendreanalysable
un résultatde mesure
impr6cis,
cequi
est en contradiction avecles lois
quantiques,
soit a faire une theoriepurement
m6taphysique
c’est-a-dire sans lien avec1’experience.
Alors,
ou bien lesyst6me
(S
+c,-(),
système-observé-appareil-de-mesure
n’ob6it pas a des loisponctuelles
d’evolution dans son espace dephase,
ou bien Id loi de l’interaction de S avec él n’est pasla meme que celle de l’interaction des
parties
de S. Ceci est en contradiction avec le faitqu’un appareil
est unsyst6me
physique,
ayant
des caract6resspe-ciaux dans l’intention de
l’observateur,
mais ob6is-sant aux memes lois que lessyst6mes
observes. Si l’on pose les memes lois d’interaction pour lessyst6mes
et lesappareils,
alors,
ou bien on renonceaux transformations
ponctuelles,
done aud6ter-minisme,
ou bien on est en contradiction avec leslois
quantiques.
Une autrepossibilite
consiste àrenoncer a la notion de
système
physique S pour
neparler
que d’unsysteme-dans-un-appareil (S
+
CL);
alors
(S
+CL)
peut
etre decrit par des loisd6termi-nistes,
mais les interactions entre S et as’expriment
par des lois diff6rentes de celles
qui r6gissent
les interactions entre lesparties
d’unsystème
obser-vable S.En
resume,
une theorie avec d6terminisme endehors des
époques
de mesure(hypothèse
inveri-fiableexpérimentalement,
doncm6taphysique)
impose
des loissp6ciales
d’interaction pour lesappareils.
Manuscrit reru le 5 mai 1950.
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