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Les mots m’intéressent autant que les choses dont ils font semblant de parler

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Academic year: 2021

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revue fantasque Editeur Gilles F Jobin fugueuse et florissante Chêtre 19, 2800 Delémont envoyée sur demande No 0,16 décembre 2018 lit tous les textes reçus

Les mots m’intéressent autant que les choses dont ils font semblant de parler

James Sacré / Parler avec le poème

(Début d’un texte qui n’a pas encore de titre)

D’habitude j’écris des textes courts. Le plus souvent d’une facture épurée et ramassée en un petit nombre de paragraphes. Bien des phrases ne comportent parfois que deux ou trois mots. Elles vont et viennent d’ellipses en fragments de narration, d’ébauches traversées d’images et d’anecdotes en raccourcis d’écriture, de zigzags en carambolages de mots, de sens et de reflètements. Sans omettre les citations qui surviennent au détour d’un alinéa et dont les références sont en général rapportées. S’élimine le superflu ou ce dont l’évidence ne s’impose pas. Les mots sont méthodiquement comptés. S’ensuivent des jeux et des variations par exemple sur l’alphabet ou sur le nombre de mots, sur le dessin des lettres voire à partir de figures de style, de trompe-l’œil et autres croche-pieds de l’écriture. Naissent aussi des listes de raretés, de personnes et de personnages, d’éléments de la nature ou de vocabulaires spécialisés, de locutions ou d’expressions consacrées que dans les dictionnaires on nomme tours de langage. S’y trouvent également des énumérations d’événements de l’imaginaire et du réel.

Histoire de répondre à une ou diverses contraintes auxquelles je m’astreins et pour essayer d’éviter si possible de faire de la littérature. Le texte se termine souvent par une phrase qui bouscule autant par sa brièveté que par sa brusquerie troublante. Au final, il se produit un contraste, qui dérange ou leurre qui lit, entre la rigueur de l’expression et le suggéré, l’effleuré, le

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presque indéfini du contenu tel qu’il peut apparaître. Ce sont des proses que d’aucuns qualifient de poétiques. Je m’en interroge encore. Et ça n’a sans doute pas tant d’importance ici, une telle caractérisation réclame des analyses et des débats dont il n’est pas certain qu’à la longue ils contentent la diversité des points de vue, des optiques, des critères où se mêlent des aspects objectifs et subjectifs, critères qui ne sont pas encore à ce jour épuisés mais qui se développent et se renouvellent à la faveur des questionnements, des remises en cause des écrits. Le goût de m’essayer à autre chose, de travailler autrement, sans tout à fait renoncer à ce qui jusqu’ici a constitué l’ordinaire de mon écriture, cette envie me taraude depuis deux ou trois mois. Des perspectives inattendues se manifestent déjà lors d’écrits ici, là ou ailleurs. Dès que les modalités s’y prêtent comme une lettre, un groupe qui écrit, une improvisation au fil des sens, des espaces et des lieux. Prennent alors forme des libertés d’écriture selon les circonstances et s’échafaudent maintes velléités de m’éloigner de ce qui tendrait à devenir une routine dont le stérile le dispute au dérisoire. Un tel élan, à ce point résolu, mène-t-il vers une nouvelle, un roman, un récit ou vers je ne sais quoi ? Difficile à dire car je mise sur ce qui surgira et se dégagera au fur et à mesure de l’écriture. De phrase en ligne. De ligne en alinéa. D’alinéa en page. Tu vas compter tout ça, hein ? Tenir un registre des mots utilisés, choisis ou sans gêne évités ? Surveiller leur couleur, leur répétition, leur proximité ? Et sais-tu déjà combien de pages tu écriras, ne serait-ce que pour répondre à l’un de ces critères un poil maniaques auxquels tu t’ingénies à recourir avec ferveur, insistance et quasi une belle docilité ? On ne s’en remet jamais sans réserve au hasard mais son assistance ne manque pas de séduire ni de débrouiller des dilemmes, des errements contraires sinon contrariés. Et par ailleurs même les plus expérimentés parmi nous, les humains, ne contrôlent et ne maitrisent pas tout. Pourquoi n’écris- tu pas un roman, m’avait demandé l’amie d’une amie au retour d’un atelier d’auteurs à B. J’avais répondu que je n’en avais ni le souffle ni la persévérance et j’ai continué ma galerie de textes courts. Et puis ça se crispait à nouveau en moi, puis ça remuait mon ciel, mes terres et mes embruns, puis je me sentais de plus en plus partagé

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