M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
I OAN T OMESCU
Note sur une caractérisation des graphes dont le degré de déséquilibre est maximal
Mathématiques et sciences humaines, tome 42 (1973), p. 37-40
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NOTE SUR UNE CARACTÉRISATION DES GRAPHES
DONT LE DEGRÉ DE DÉSÉQUILIBRE EST MAXIMAL
par Ioan TOMESCU
RÉSUMÉ
Dans cette note on démontre la
conjecture
d’Abelson etRosenberg
sur ledegré
maximal dedéséquilibre
d’ungraphe
à n sommets et on caractérise cesgraphes
maximaux.SUMMARY
In this note we prove the
conjecture of Abelson
andRosenberg
on the maximaldegree of
balanceof a graph
with n
vertices,
and we characterize these maximalgraphs.
La
terminologie qui
sera utilisée est celle de[1]
et[2].
Dans l’étude des groupes sociaux interviennent desgraphes
non-orientés dont les arêtes sontpositives
ounégatives, correspondant
aux relations réci-proques de
sympathie
oud’antipathie
entre les membres du groupe,représentés
par les sommets dugraphe.
Un telgraphe
estéquilibré,
si tous sescycles
ont un nombrepair
d’arêtesnégatives
ou, en utili-sant la caractérisation de
Cartwright
etHarary [3],
si et seulement si l’ensemble des sommets peut être divisé en deux sous-ensembles tels que toutes les arêtesqui
relient les sommets d’un même ensemble soientpositives
et les arêtesqui
relient les sommets appartenant aux ensembles différents soientnégatives.
Une mesure du
déséquilibre
d’ungraphe signé
G est sondegré
dedéséquilibre,
noté 8( G), qui
est par définition le
plus petit
nombre d’arêtes dont lechangement
designe
rendent legraphe
Géqui-
libré
[4], [5].
La
conjecture
de R. Abelson et M.Rosenberg [4],
discutée dans[1]
affirme que pour toutgraphe complet signé
G à n sommets, on a 1’pournpairetl
pour 7tpair
et Jpour n
impair,
legraphe qui
a ledegré
maximal dedéséquilibre
étant legraphe complet
dont toutesles arêtes sont
négatives.
Dans cequi
suit on démontre cetteconjecture,
on trouve un typeplus général
de
graphes
dont ledegré
dedéséquilibre
estmaximal,
à savoir legraphe complet
dont les arêtesnéga-
tives forment deux
cliques disjointes (l’une
des deux pouvant êtrevide,
c’est-à-dire le casconjecturé
par C.
Flament),
et on démontre que pour tout n > 5 lesgraphes signés
à n sommets dont ledegré
dedéséquilibre
est maximal tendent versl’équilibre
caractérisé par la réunion de deuxcliques
non videsdisjointes,
si l’on considère le nombre minimal dechangements
designe
de leurs arêtes.Pour un
graphe
G nous définissons lesopérations
suivantes sur les arêtes :ce : :
supprimer
une arête entre deux sommets ;~ :
relier deux sommets par une arête.Si nous définissons le
degré
dedéséquilibre
8( G)
d’ungraphe simple
G comme le nombre minimald’opérations
ceou
nécessaire pour transformer legraphe
G dans deuxcliques disjointes (l’une
desdeux
pouvant
être éventuellementvide),
sans arête entre les sommetsqui appartiennent
auxcliques
différentes,
alors laconjecture
énoncée affirme que pour toutgraphe
G on a 8( G) E(n).
Pourcela,
il suffit de considérer les arêtes
positives
comme les arêtes d’ungraphe simple
G et les arêtesnégatives
comme les arêtes de son
complémentaire
G.Proposition
1. Pour toutgraphe
G à n sommets on a la relation 8( G) E(n)
et les seulsgraphes
pourlesquels
8( G)
=E(n)
sont lesgraphes bipartis complets Kp,q
avec p+ q
= n et legraphe composé
de n sommets isolés.
La démonstration de cette
propriété
se fait par induction sur n. Pour n =1, 2,
3 laproposition
est évidente par l’énumération de tous les cas
possibles. Supposons
que laproposition
soit vraie pour n ; soit G ungraphe
à n + 1 sommets et soitGx
lesous-graphe
obtenu de G par lasuppression
d’unsommet x.
Supposons
que lesous-graphe Gx puisse
être transformé dans la réunion de deuxcliques
dis-jointes Knl
etKn2
avec ni-f-
n2 = n0,
n2 >0),
par desopérations
ce etfi,
en nombre :Si le sommet x est relié par des arêtes à pi sommets de
K~~
et à p~ sommets deKn2’
alors legraphe
G peut être transformé dans la réunion de deuxcliques
etKn2
+ 1 ouKnl
+ 1 etKn2
soit par la
suppression
de PI arêtes et la créationde n2
- p~arêtes,
soit par lasuppression
de p~ arêtes et la création de arêtes.d .
)
n
pour n
. ( )
n-l 1
pour n
.
donc min
%2 2
pour npair
et min%1’ %2 impair.
En conclusion le nombre minimal
d’opérations
ocparce que EI
pour n pair et j
pour nimpair.
Pour obtenir la caractérisation des
graphes
G à n sommets avec 8( G)
=E(n),
on peut remar- querd’après
la démonstrationprécédente
que si 8( G)
=E(n),
alors pour tout sommet x le sous-graphe Gz
vérifie 8 =E(n -1). Compte
tenu de cette remarque, la caractérisation desgraphes
Gavec 8
( G)
=E(n)
s’obtient par induction sur n.Si le
sous-graphe Gx
à n sommets estcomposé
de sommetsisolés,
alors le sommet x est isoléou est relié à tous les sommets de
Gx.
Dans le cas contraire il existe un sommet et le
sous-graphe Gy
n’est pascomposé
des sommets isolés et n’est pas
biparti complet,
donc 8( Gy) E(n),
c’est-à-dire 8( G) E(n + 1).
En conclusion le
graphe
G estcomposé
des sommets isolés ou est legraphe biparti complet
KI, n.
Le raisonnement est
analogue lorsque G~
est ungraphe biparti complet.
Il reste à démontrerque le
graphe biparti complet Kp, q ( p
+ q =n)
et legraphe composé
de n sommets isolés ont undegré
de
déséquilibre égal
àE(n).
Pour le
graphe Kp, q
nous pouvons obtenir uneclique
avec x sommets de lapartie
à p sommetset y sommets de la
partie à q
sommets, les sommets restants composant la deuxièmeclique.
Le nombre des
opérations
du type xet fi
est doncégal
àexpression qui
a une valeur minimaleégale
àE(n) si0p,0yjp-}-g==
valeurqui
...,
est atteinte seulement si
-
pour n
pair
etn
impair.
Pour le
graphe composé
de n sommets isolés nousobtenons
l li’ 1.
seulement . x = y =n
pour n et x =
n-1
1
yn-f- 1
pour
.
ega te
ayant lieu seulement = y=== 2013
2 J!pour npair
et x =2 ,
y =2
pour nimpair.
Proposition
2. Le nombre minimald’opérations
du type x et3,
noté82 ( G),
nécessaire pour transformerun
graphe
G à n sommets dans la réunion de deuxcliques
non-videsdisjointes
estplus petit
ouégal
à
E(n)
pour 5.Les
graphes
G pourlesquels 82( G)
=E(n)
sont lesgraphes bipartis complets Kp, q ( p
-E- q =n),
le
graphe composé
de n sommets isolés et pour n = 5 il y a encore deuxgraphes qui
ont cettepropriété :
le
graphe complet KÕ
et legraphe composé
dugraphe biparti complet K2,2
et un autre sommetqui
estrelié par des arêtes avec tous les sommets de
K2,2.
La démonstration du fait que
82( G) E(n)
et la caractérisation desgraphes
maximaux se fontpar
induction,
comme dans la démonstration de laproposition
1.Pour n = 5 la
proposition
se vérifie par l’énumération de tous les 34graphes non-isomorphes
à 5 sommets. On obtient 5
graphes
G avecô2( G)
= 4qui
ont la formeindiquée.
Si l’on
ajoute
un nouveau sommet et on passe de n = 5 à n = 6 on voit que les deuxgraphes exceptions
dans le cas n = 5 ne sontplus
dessous-graphes
de certainsgraphes
G avec82( G)
=E(6).
Le fait que le
graphe Kp, q
et legraphe composé
des sommets isolés sont les seulsgraphes
G àn sommets
(n > 6)
avec82( G)
=E(n)
se démontre aisément par induction en suivant les mêmesprin- cipes
que la démonstration de laproposition
1.Pour n =
2, 3,
4 les valeurs maximales de l’indice$2( G)
sontrespectivement 1, 2,
3 et elles sontatteintes seulement pour le
graphe complet Kn.
Un