G ERGONNE
Reflexions et recherches sur le même problème
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 4 (1813-1814), p. 311-319
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Reflexions
etrecherches
surle même problème ;
Par M. G E R G O N N E.
Ce
problème
se trouve traité parClairaut,
ainsi queplusieurs
autres
problèmes analogues ,
dans le volume de l’Académie des sciences de Parispour I736.
Cegéomètre
prouvetrès-bien ,
par des considérationspurement synthétiques ,
quel’espace
élémentaire parcouru par lepoint
P dans un instantquelconque ,
divisépar
l’angle
que forment entre elles les deux directions de la verge a, au commencement et à la lin de cetinstant ,
est unequantité
constante ; d’où il suit que lepoint
M décrit une circon-férence autour
du point P,
d’un mouvementuniforme, pendant
que cc dernier sc meut uniformément sur une
droite,
etqu’ainsi
la Tratoire est une
cycloïde.
Clairaut s’était
occupé
de ceproblème
à l’occasion d’une dis- cussionqu’il
avait eue avecFontaine , lequel prétendait
que , dans le mouvement , la direction de la verge devait constamment êtretangente
à lacourbe ;
d’où il concluait que la Tractoire n’étaitautre que la courbe aux
tangentes égales ;
cequi
réduisait le pro- blème à unsimple problème
degéométrie.
Malgré
la solution deClairaut , beaucoup
degéomètres
ont continuéjusqu’ici,
avecFontaine ,
à ne pasdistinguer
la Tractoire de la Courbe auxtangentes égales.
Ils en ont mêmeconclu ,
et ont dûen
conclure ,
eneffet ,
que , ni la vitesse constante ou variable dupoint P,
ni le frottement ni la résistance dumilieu , qui agissent toujours
dans la direction du mouvement,laquelle
est ici la mêmeque celle de la vcrgc d , ne
pouvaient
aucunement modifier lanature de la courbe.
Quant
àClairaut ,
il accordait bien à Fon-taine,
cequi ,
ce mesemble ,
étaitbeaucoup
trop , quelorsque
3I2 PROBLEME
le corps M frottait sur le
plan
horisontal etqu’il n’y
avait aucunevitesse
imprimée
la Tractoirepouvait
être uiie courbe aux tan-gentes égales ,
et son dessein était seulement de demontrer quece devait être une
cycloide ,
dans le cas oit le frottement et les autres obstacles étaient nuls.Dans un mémoire que
j’ai lu ,
il y aquelques mois
à l’académie duGard , j’ai
ébauché la solution duproblème genéral
des tractoires dans les milieuxrésistans,
ensupposant
que lepoint
Pdécrit ,
dansl’espace ,
une courbe donnéequelconque ,
a doublecourbure ,
etqu’il
la décrit d’un mouvement varié aussiquelconque ;
on voitqu’il
suivrait de supposer la verge
pesante
etflexible ,
et d’avoirégard
a son
poids
et à sacourbure ,
pour obtenir la théoriecomplète
duCerf-volant.
En
particularisant
mes résultats pour les rendre propres au casprésent , je
suis parvenu , engénéral,
à. des conclusions semblables a celles de M.Français. Cependant,
comme ma marche dif’ère unpeu de la
sienne, je
pensequ’on
ne sera pas fâché de trouverici un
rapprochement
des deux méthodes.Pour me débarrasser de la rainure et de la considération des
masses ,
je
me suisproposé
ce casparticulier
duproblème,
ainsiqu’il
suit :PROBLÈME.
Unpoint
Pparcourant
l’axe des x d’un mou-vement
uniforme,
avec une vitesse connueégale
àb,
exerce uneforce
attractive ourépulsive inconnue ,
constante ouvariable ,
surun autre
point M ,
absolument libred’ailleurs , posé
sur leplan
des coordonnées que l’on suppose
rectangulaires.
L’action de P sur1B1 est telle que ces deux
points
sonttoujours
maintenus à unedistance constante a l’une de l’autre. On
demande , d’après cela,
la nature de la courbe décrite par le
point M ,
ainsi que lesautres circonstances du mouvement ?
Solution.
Soient , à
uneépoque quelconque , x
et y les coor- données deM , x’
l’abscissede P, et p
l’action de P surM;
cetteaction
s’exerçant suivant
la droitequi joint
ces deuxpoiuts,
il s’en-suit
DE LA TRACTOIRE.
3I3suit que ses
composantes paralleles
aux axes des x et des y sontrespectivement x-x’ ap
il résulteque
leséquations
dumouvement du
point
M doiventêtre,
t étant la variable indé-pendante,
à quoi
il fautjoindre
Cela
posé,
si l’on différencie deux foisl’équation (3),
enayant égard
àl’equation (4) ,
il viendraMais ,
d’un autrecôté ,
en éliminant p entre leséquations (i)
et(2) ,
on obtientEn
clirninantx, dx dt , d2x dt2
en tre leséquations (3) , (o) , (GB (7)
on aura
équation dont l’intégrale première
estvaleur
qui,
substituée dansl’équation (5) ,
donne3I4 PROBLEME
Eliminant donc t entre les
équations (9)
et(I0);
on aura pouréquation differentielie
de latca)ectoire
équation
que l’on reconnaitdéjà
pour être celle d’unecycloïde , jaqudie
seraallongée ,
ordinaire ouraccourcie ,
suivant les diverses valeursqu’on
attribuera à la constante C.Pour déterminer cette constante
C ,
M.Français
considère suc-cessivement les deux
composantes , parallèles
aux axes, de 1 im-puision
initialequ’il
suppose avoir étéimprimée originairement
àM ,
cequi
le conduit à uneéquation
de relation entre ses com-ppo-antes ; équation qui
entraîne cetteconséquence paradoxale
que l’une de ces
composantes
est donnéelorsqu’on
donnel’autre ,
et
qu’ainsi
on n’a pas la libertéd’imprimer
à M une vitesse initialequi
soit à la fois arbitraire d’intensité et de direction.Il m’a semblé
qu’on
nepouvait guère expliquer
cette sorte deparadoxe qu’en
considérantqu’il
n’entrepoint
dansl’esprit
desprocédés
ana-litiques
d’admettre que lepoint
P commencebrusquement
à semouvoir avec la vitesse finie et
constante b,
et que les formules ci-dessus doivent supposer tacitement que cepoint
étaitdéjà
enmouvement avant d’être parvenu au lieu où on le suppose arrivé à l’instant par
lequel
oncompte
t==o. Cequ’on appelle
ici vitesse initiale ne doit donc être autre chose que cellequ’il
faudraitimprimer
àM ,
à cetteépoque ,
afin desuppléer
au défaut effectif du mou-vement de ce
point ,
antérieurement à cette mêmeépoque ;
et voilàsans doute
pourquoi
cette vitesse initiale n’estpoint
à la fois arbi- traire degrandeur
et de direction. Je ne proposececi ,
ausurplus,
que comme une
simple conjecture , qui
a besoin d’ètre mârie par la reffexion.Afin donc de déterminer la constante
C , je supposerai qu’à l’époque
pour
laquelle
oncompte
t=o , lepoint
M se trouve avoir unevitesse c, soit
imprimée ,
soit antérieurementacquise ,
dans une di-DE LA TRACTOIRE. 3I5
rection formant un
angle 03B2
avec l’axedes x ,
et dont lescompo-
santes ,
respectivement parallèles
aux axes des x etdes y ,
serontconsequement cCos.03B2
etcSin.03B2 ; je suppeseral d’ailleurs ,
avec M.Français , qu’à
la mêmeépoque
lepoint
P est al’origine
et que la verge a fait unangle 03B1
avec t’axedes x ; c’est-à-dire ,
queje supposerai qu’on
a en même tempsA l’aide de ces diverses
suppositions ,
leséquations (9)
et(I0)
de-viendront
d’où
ce
qui
donnel’équation
de relationSi
présentement
onintègre l’éqaation (11)
on trouverales
circonstances
initiales du mouvementdonnent,
en réduisanten sorte
qu’on
a définitivementéquation
danslaquelle ,
en vertu de larelation (i3)
, on pourra substituer pour C l’unequclcunquc
des deux. valeurs données par les équations(12;.
On aura ensuite3I6 PROBLEME
Mais
l’équation (9) donne ,
enintégrant
etayant égard
aux cir-constances initiales du mouvement ,
d’où
donc
Il
parait
bienétabli,
par tout cequi précède,
que , tantqu’on
fera abstraction du frottement et de la résistance du
milieu ,
etqu’on
supposera le mouvement dupoint
Prectiligne
etuniforme,
la tractoire
plane
sera unecycloïde. Supposons présentement ,
s’ilest
possible , qu’en ayant égard
soit aufrottement ,
soit à la résis-tance du
milieu ,
soit a tout autre obstacleagissant
dans un sensdirecternent
opposé
à celui du mouvement dupoint M,
la trac-toire
pût
devenir la courbe auxtangentes égales ;
lasuppression
de tous ces obstacles revenant à l’introduction d’une force
égale
et contraire à leur somme ,
dirigée
dans le sens du mouvement,ne devrait altérer en aucune sorte la nature de la
courbe,
et n’auraitd’autre effet que
d’augmenter
ou diminuerplus
ou moins la tensionou
compression
de la verge a , et de faire varier l’intensité et la direction de lapuissance variable
àappliquer
aupoint
P pourlui
faire décrire uneligne
droite d’un mouvementuniforme ,
avec la vitesseb;
la tractoire devrait donc dans ce cas , comme dans lepremier,
être une courbe aux
tangentes égales ;
or , nous venons de voirqu’alors
elle est unecycloïde ;
donc dans lepremier
cas elle nesaurait
être une courbe auxtangentes égales. Ainsi,
loin quejamais ,
par l’effet du frottement et de la résistance du
milieu ,
la tractoirepuisse
devenir une courbe auxtangentes égales ,
cette courbe estpeut-être
la seule au contraire que lepoint
id nepuisse jamais décrire ,
du moins tant que cepoint
ne serasoumis
a l’action d’au-dune force
étrangère
ausystème.
3I7
DE
LA TRACTOIRE.
Pour ne rien laisser à désirer sur ce
sujet , je
vaisfinalement
chercher
quelle
est la force accélératricequi
devraitagir
sur lepoint
M pour lui faire décrire la courbe aux
tangentes égales ;
c’est-à-dire,
queje
vais résoudre leproblème
suivant :PROBLÈME.
Fendantqu’un point
P parcourt l’axe des x, d’un mouvementuniforme ,
avec la vitesseb,
un autrepoint M
se meut d’un mouvement varié et
curviligne
sur leplan
des xy.Le mouvement de ce dernier
polnt
est tel quetoujours
il se trouveà une méme distance constante a du
point
P etqu’en
outre ladroite mobile
qui joint
ces deuxpoints
estperpétuellement tangente
à la courbe décrire par le
point
M. On demanded’après
celaquelle
est la nature de cette
courbe,
etquelle
est laforce
accélératricequi agit
sur M ?Solution. Soient conservées les notations et conventions du pro-
plème précédent.
L’invariabilité de la distance entre lespoints
Met P sera
exprimée
parl’équation
et la
propriété
dontjouit la
droitequi
lesjoint,
d’êtreperpétuellement
tangente
à lacourbe
décritepar M ,
seraexprimée
par cette autreéquation
Eliminant
x-x’ entreelles,
ilviendra
équation
dontl’intégrale
estSi ,
pour déterminer la constante , on suppose 1 commeci-dessus,
qu’on
ait en mêmetemps
3I8
PROBLÈME
il
viendra
ce
qui donne, enfin,
pourl’équation
de la courbe auxtangentes égales,
Présentement,
en considérant t comme la variableindépendante ,
nous pouvons mettre
l’équation (2)
sous la formed’un autre
côté,
endifférenciant l’équation (i),
ilvient , à
causede dx dt=b ,
De ces
deux équations
on tireOn trouve
ensuite ,
par unenouvelle différentiation ,
DE LA TRACTOIRE. 3I9
En
désignant
donc parX , Y , respectivement,
lescomposantes de
la force
accélératrice , parallèlement
aux axes , en auraet,
conséquemment,
si l’ondésigne
cette forcepar ~ ,
on auraet elle
fera,
avec l’axe des x , unangle
dont latangente tabulaire
serad’où il est facile de conclure que ses
composantes , suivant la
tan-gente
et suivant lanormale ,
serontrespectivement
On voit donc que la
puissance
p n’estpoint dirigée
suivant MP.Rien ne serait