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Conséquences de la variabilité récente du niveau du lac Tchad sur les activités des catégories de pêcheurs opérant sur la rive nigérienne.

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Academic year: 2022

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Conséquences de la variabilité récente du niveau du lac Tchad sur les activités des catégories de pêcheurs opérant sur la rive nigérienne.

Kiari Fougou, Hadiza, IRD Niger, hadizakiari@yahoo.fr

Boureima, Amadou, Département de Géographie, Université Abdou Moumouni, Niamey Lemoalle, Jacques, G-Eau, IRD Montpellier

Genthon, Pierre, Hydro sciences, IRD Niger Luxereau, Anne, CNRS, MNHN, Paris.

Ressource transfrontalière, le lac Tchad est situé au Nord-ouest par le Niger, à l’Est par le Tchad, au Sud-ouest par le Nigéria et au Sud par le Cameroun.

Ce lac a toujours connu des variations importantes de son niveau et de sa surface. Ainsi, celle- ci était de 25 000 km2 en 1963, de 18 000 km2 en 1967 et de 9 000 km2 en 1973, 6000km2 dans les années 1990. Le lac est donc passé d’un état dit « Tchad normal », formé d’un unique plan d’eau, à un état dit « petit Tchad », constitué de deux plans d'eau de part et d'autre (au nord et au sud) d'une zone de hauts-fonds exondée. La principale cause de cet assèchement est la variabilité climatique, notamment l’irrégularité des précipitations sur le bassin d’alimentation du Chari-Logone, tributaire de 90 % des apports d’eau au lac.

La rive nigérienne, situé au nord, a été particulièrement affecté par les variations récentes du niveau du lac (le Chari-Logone se déversant dans la cuvette sud). La cuvette nord s'est même temporairement ou totalement asséchée au cours des années 1970. Le nouvel état du lac Tchad observé depuis les années 1970 a engendré de grands changements dans le mode de vie des populations riveraines et leur système de production. Depuis une décennie, une nette remontée des eaux du lac est cependant observée.

La pêche est l’activité la plus affectée par ces variations des eaux du lac, particulièrement dans la partie nigérienne qui représente une portion de la « cuvette nord » demeurant souvent plusieurs mois sans être inondée.

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Pour les populations de la rive nigérienne du lac Tchad, la pêche constitue l'une des principales ressources économiques. La variabilité du niveau du lac Tchad a entraîné une migration des pêcheurs et la création des nouveaux villages.

L'évolution du contexte écologique (augmentation des surfaces palustres, disparition de certaines espèces de poisson) a entraîné une modification des techniques de pêche qui ont a affecté de manière significative la capture dans la rive nigérienne c'est-à-dire tant sur les espèces que sur la taille et la quantité des poissons capturés. Les retraits et retours des eaux du lac du territoire nigérien ont donc induit des changements d'activités et des flux migratoires.

L’objectif de ce travail est d'évaluer l'impact de la variabilité des niveaux du lac Tchad sur l'activité socio-économique des différents groupes de pêcheurs, les méthodes et techniques employées par les pêcheurs. Une telle étude nécessite une description des mutations écologiques intervenues et contribue donc à la connaissance des potentialités halieutiques de la partie nigérienne du lac.

L’étude effectuée concerne 255 pêcheurs âgés de 25 à 50 ans qui ont au mois connu une phase de variation du lac Tchad. Ces pêcheurs sont répartis dans 5 villages (Doro Léléwa, Haboula, Doua, Gadira, Kindilla et Karamga) et 6 campements (Djaboua, Toumboun Sounsayé, Malam Fatori Tchoukou, Alawahit et Kouïkléa) de la rive nigérienne entre le Département de N’guigmi et la commune rurale de Bosso.

Ainsi les pêcheurs enquêtés se divisent en 2 grandes catégories dont les nigériens 45%

composés (des boudoumas, kanouris, peuls….etc) et les étrangers 55% composés (des tchadiens 4%, nigérians 35%, maliens 10%, camerounais 6%).Un nombre très important des pêcheurs étranger s’expliquent par la richesse en quantité de poisson de cette rive par rapport au autres rives du lac Tchad.

Un des résultats de cette étude est la diminution extrême de l’ichtyofaune, puisque sur les 33 espèces de poison couramment péchées dans les années 1960, seules 3 semblent subsistent actuellement (Clarias sp, Tilapia sp et Heterotis niloticus). Cela pourrait être partiellement du à la modification des conditions écologiques avec le passage d’un système de type lacustre à un système de type marécageux.

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La variabilité du niveau des eaux ont entraîné l’évolution des techniques de pêche, en particulier l’utilisation croissante des matériels non règlementaires, comme les barrages en nasses ou « Doumba » à maille très étroites. Ces barrages empêchent la libre circulation des poissons et la capture des poissons immatures. Mais, les pêcheurs nigériens ne respectent pas les dispositions de cette loi, car l’utilisation de cette technique leur assure un rendement assez élevé. En revanche, les pêcheurs étrangers respectent au mieux les dispositions réglementaires.

Les retraits du lac ont entraîné le développement de prosopis Julifloras dans le lit du lac. Ces prosopis détruisent les matériels de pêche. Les pêcheurs détenteurs des filets maillants se plaignent car ils se voient obliger de racoler ou d’acheter des nouveaux filets à moins de 40 jours. Ce sont des espèces épineuses ce qui a fait en sorte que beaucoup des gros poissons ne s’observent pas dans ces eaux. Par ailleurs certains pêcheurs de Gadira, Doua et Haboula admettent que le peuplement de prosopis enrichit le milieu et constitue un habitat où les poissons viennent se cacher, trouver leur nourriture et se reproduire et permet aussi d’éviter une pêche «minière» c’est-à-dire la pratique d’une pêche à la senne ou «taro», une technique de pêche en groupe qui consiste à lancer un large filet à mailles étroites, et tiré par plusieurs personnes.

Les quantités de poissons provenant de la rive nigérienne du lac Tchad occupent une large place dans la production nationale au Niger. Entre 1976 et 1997, la production nationale a connu une régression drastique car n’atteignant jamais 10.000 tonnes/an. Avec la remonté des eaux du lac Tchad, elle a atteint 55.860 tonnes de poissons en 2003(dont 47.300tonnes pour la rive nigérienne du lac Tchad) ,50.058 tonnes en 2005(dont 45.000 tonnes provenant de la rive nigérienne du lac Tchad).

Il faut noter que la rive nigérienne du lac Tchad fournit d’énormes quantité de poisson, néanmoins l’inondation est irrégulière c'est-à-dire qu’il y’a des années qui passent sans aucune quantité des eaux sur cette rive. Devant cette situation aléatoire d’inondation de certains villages ou campements, les pêcheurs de la rive nigérienne du lac Tchad les pêcheurs ont adapté deux types de stratégies: une activation des activités agropastorales, du petit commerce perçue comme une certaine diversification (les pêcheurs agriculteurs représentent 25% des pêcheurs enquêtés, éleveurs 18% et commerçant 2%) et les migrations(migration de courte durée à l’intérieurs de la rive nigérienne et de longue durée vers les rives tchadiennes, nigérianes ou camerounaises du lac Tchad).

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La portion nigérienne du lac Tchad offre des possibilités de développement de la pêche. Mais les années de sécheresses ont sensiblement modifié le régime hydrologique du lac Tchad entraînant des modifications dans la pratique des pêcheurs et ainsi que celle des poissons.

Face à ce changement les pêcheurs de la portion nigérienne s’adaptent notamment à la variabilité du niveau des eaux du lac en créant des campements et des villages qui suivent le lac dans ses crues et retraits. Les pêcheurs ont également développé des stratégies de migration orientée à la recherche de poisson pour améliorer le rendement. Ils ont aussi adopté des stratégies fortifiées par notamment l’agriculture, l’élevage et le petit commerce.

Quant à la diversité des ressources de l’ichtyofaune les espèces de poisson qui se sont les mieux adaptées aux nouvelles conditions de ce milieu lacustre sont Clarias sp et Tilapia sp qui constituent actuellement l'essentiel de la ressource.

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