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Article pp.61-70 du Vol.112 n°2 (2019)

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PARASITOLOGIE /PARASITOLOGY

Dynamique d ’ abondance des charges oocystiques dans le bassin versant du Mezam à Bamenda (région du Nord-Ouest, Cameroun)

Dynamic Abundance of Oocysts in the Mezam Watershed in Bamenda (Northwest Region, Cameroon)

M. Mbouombouo · G. Ajeagah · J. Ndjama · I. Tchakala · B. Gnon · D. Enah · G. Yogback

Reçu le 16 février 2019 ; accepté le 11 juin 2019

© Société de pathologie exotique et Lavoisier SAS 2019

RésuméDans le but d’évaluer l’abondance des oocystes des sporozoaires dans le bassin versant du Mezam à Bamenda dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, une étude a été menée de janvier à juin 2017. Des échantillonnages ont été effectués sur 13 stations de ces eaux, suivant une fréquence mensuelle de prélèvement. Les oocystes ont été identifiés à l’aide de la méthode directe de concentration et de la tech- nique de Ziehl-Neelsen. Les analyses physico-chimiques montrent que les eaux ont un pH neutre (7,46 ± 0,46), sont faiblement minéralisées (165,61 ± 110,02μS/cm), moyenne- ment oxygénées (60,64 ± 17, 25 %), ont une pollution orga- nique modérée (2,85 ± 2,49 mg/l de KMnO4) et des faibles teneurs en orthophosphates (1,8 ± 1,88 mg/l de PO43-

) et en nitrates (2,47 ± 5,06 mg/l de NO3

-). Les analyses biologiques révèlent la présence de Cryptosporidium spp. (143,98 ± 203,35 oocystes/l), deIsospora belli(88,47 ± 123,19 oocys- tes/l), deCyclospora cayetanensis(141,31 ± 143,19 oocys- tes/l) et deSarcocystis hominis(57,76 ± 111,04 oocystes/l).

Les plus fortes densités de ces oocystes sont enregistrées en saison sèche (471,42 ± 216,32 oocystes/l). Les analyses sta- tistiques montrent des corrélations significatives (P≤0,05) entre la densité de ces oocystes et les paramètres physico- chimiques tels que le pH, l’oxydabilité, l’oxygène dissous et les ions nitrates. Le respect des règles d’hygiènes élémentai- res et le traitement des eaux avant tout usage réduiraient les risques de contamination de la population.

Mots clésOocystes · Sporozoaires ·Cryptosporidiumspp. · Isospora belli ·Cyclospora cayetanensis· Sarcocystis hominis · Analyses physico-chimiques des eaux · Bassin versant · Mezam · Bamenda · Cameroun · Afrique intertropicale

Abstract In order to evaluate the abundance of oocysts in the Mezam watershed in Bamenda, Northwest Region of Cameroon, a study was carried out from January to June 2017. Samples were collected monthly from 13 stations within the watershed. The direct concentration method and the Ziehl-Neelsen technique were employed in the identifi- cation of these parasites. The physicochemical analysis sho- wed that the water samples had a neutral pH (7.46±0.46), lowly mineralized (165.61±110.02μS/cm), moderately oxy- genated (60.64 ± 17, 25%), present moderate organic pollu- tion (2.85±2.49mg/l KMnO4). KMnO4) and low levels of orthophosphate (1.8±1.88 mg/l PO4

3-) and nitrates (2.47±5.06 mg/l NO3-

). Biological analysis revealed the pre- sence of Cryptosporidium spp. (143.98±203.35 oocysts/l), Isospora belli(88.47 ± 123.19 oocysts/l),Cyclospora caye- tanensis(141.31±143.19 oocysts/l) andSarcocystis hominis (76 ± 111.04 oocysts/l). The highest densities of these para- sites were recorded at the Mufueh stream, situated in the periurban area. Meanwhile, the lowest densities were found in the urban area (Formuki, Mankon, Ayaba and Mezam streams). The dry season showed higher densities of oocysts (471.42±216.32 oocysts /l). Statistical analysis revealed a significant correlation (P≤0.05) between the density of the organisms and the physico-chemical parameters such as pH, oxidability, dissolved oxygen and nitrates. Respecting basic hygienic rules as well as treating water before use would reduce the risk of contamination of the population.

Keywords Oocysts · Sporozoa ·Cryptosporidiumspp. · Isospora belli ·Cyclospora cayetanensis· Sarcocystis hominis · physicochemical analysis of water · watershed · Mezam · Bamenda · Cameroon · Sub-Saharan Africa

M. Mbouombouo (*) · G. Ajeagah · D. Enah · G. Yogback Laboratoire d’hydrobiologie et environnement,

Université de Yaoundé 1 BP 337 Yaoundé 1, Cameroun e-mail : mbouombouomama1@gmail.com

J. Ndjama

Institut de recherches géologiques et minières, BP 4110 Yaoundé, Cameroun

I. Tchakala · B. Gnon

Ecole supérieure des techniques biologiques et alimentaires, Université de Lomé BP 1515 Lomé, Togo

DOI 10.3166/bspe-2019-0079

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les fèces et sont responsables de plusieurs maladies [10]. La ville de Bamenda, comme la plupart des villes camerounai- ses a connu un boom démographique [11], notamment dans le centre urbain. Cette augmentation de la population a entraîné une urbanisation anarchique avec des constructions des maisons d’habitations sur les berges des cours d’eau et dans les marécages. En raison de l’absence ou de la faible adduction en eau potable dans la plupart des quartiers de cette ville et du niveau économique très bas, les populations utilisent les eaux des cours d’eau à plusieurs fins (lavage du linge, vaisselle, lavage des véhicules, boisson, baignades, irrigation des cultures, etc.) et s’exposent ainsi aux maladies hydriques parmi lesquelles les coccidioses. Les travaux menés au Cameroun par Ajeagah et al et Chia et al [2,4,9], ont montré la présence des oocystes de Cryptosporidium spp. et deIsospora bellidans les milieux aquatiques. La pré- sente étude a pour but d’évaluer la dynamique d’abondance des formes environnementales des oocystes dans quelques cours d’eau du bassin versant du Mezam à Bamenda.

Matériel et méthodes

Site d’étude et méthode d’échantillonnage

La ville de Bamenda, située à une altitude moyenne de 1258 m, est le chef-lieu de la région Nord-Ouest du Came- roun. La température annuelle moyenne est de 21,5 °C et les précipitations annuelles moyennes sont égales à 916 mm. Le climat est de type équatorial humide avec une longue saison des pluies de mi-mars à mi-octobre et une courte saison sèche de mi-octobre à mi-mars [26]. D’une superficie d’en- viron 1 745 km2, la ville de Bamenda a une population de 907 766 habitants avec une densité de 300,36 habitants/km2 principalement concentrée dans le centre urbain [11]. Le réseau hydrographique est principalement constitué par la rivière Mezam et ses affluents. En fonction de la proximité des cours d’eau avec les sources de pollution (latrines à canons, porcheries et effluents domestiques) et la représen-

le déversement des eaux usées domestiques et autres déchets dans les cours d’eau.

Plusieurs campagnes d’échantillonnage ont été effectuées sur ces eaux de janvier à juin 2017 suivant une fréquence de prélèvement mensuelle. Les données obtenues ont été regroupées en saison : SS (saison sèche de janvier à mars) et SP (saison des pluies d’avril à juin). À chaque point de prélèvement, 6 échantillons prélevés à 15 cm de profondeur ont été analysés pendant les 6 mois d’échantillonnage, pour un total de 78 échantillons. Les échantillons ont été prélevés dans des flacons stériles en polyéthylène de 1 000 ml, sui- vant les recommandations de Rodier et al [23] et transportés au laboratoire de d’hydrobiologie et environnement de l’uni- versité de Yaoundé 1 pour analyse.

Analyses physico-chimiques

Les paramètres physico-chimiques examinés ont été la tem- pérature (°C), le pH, l’oxygène dissous (%), la conductivité électrique (μS/cm) (mesurés à l’aide d’un multiparamètre), les nitrates (mg/l de NO3-

), les orthophosphates (mg/l de PO43-

) (mesurés par spectrophotométrie) et l’oxydabilité (mg/l de KMnO4) mesurée par volumétrie.

Analyses biologiques

Les échantillons destinés à l’analyse biologique ont été lais- sés au repos pour sédimentation pendant 24 heures à tempé- rature ambiante. Ensuite, les surnageants ont été jetés et les culots mesurés et conservés. L’isolement et l’identification des oocystes ont été réalisés suivant la technique de Ziehl- Neelsen, proposée par Rigo et Franco [22] et par Quintero- Betancourt et al [21], et par la méthode directe de concen- tration. La méthode directe consiste à prélever 5 ml du culot de centrifugation et à l’introduire dans un tube à essai. À cela, 1 ml de formol 10 % (fixateur) et 5 ml d’eau distillée sont ajoutés et le mélange est centrifugé à 500 tours/min pendant 5 minutes. L’identification et le dénombrement des

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oocystes sont réalisés au microscope Olympus aux grossis- sements 40X et 100X.

Les différentes tailles des oocystes ont été mesurées à l’aide du micromètre oculaire. Afin d’harmoniser le traite- ment des données, compte tenu de l’étendue de la distribu- tion des tailles des oocystes au cours de l’étude, trois classes de tailles ont été définies : la classe des oocystes de petite taille ([4-11μm]), la classe des oocystes de taille moyenne ([12-19μm]) et la classe des oocystes de grande taille ([20- 30μm]). Les planches de l’OMS [17] et celles de l’Institut national de santé publique du Québec [25] ont servi à l’iden- tification de ces parasites.

Le volume intégral (Vx) du culot est enregistré ; après homogénéisation du culot, un volume précis (Vy) est prélevé et réparti dans différents tubes à essais. Le culot final de chaque tube à essais est réparti sur des lames, puis le nombre (x) d’ooystes contenu dans 1 l d’échantillon est obtenu par la formule proposée par Ajeagah et al [3]

y:VxVy

Avec Vx = volume du culot d’1 l d’échantillon, Vy = volume du culot utilisé pour observation, y = nombre d’oocystes observé dans Vy.

Analyses statistiques

Les relations entre la distribution des oocystes et les variables physico-chimiques ont été évaluées par le test de corrélation

de Spearman grâce au logiciel SPSS. L’analyse en composan- tes principales (ACP) a été effectuée à l’aide du logiciel XL STAT 2014, afin de visualiser les caractéristiques propres des stations et les liaisons entre les variables mesurées.

Résultats

Paramètres physico-chimiques

La température a varié significativement entre les stations (p≤0,05), de 16,0°C à la station Muf1 au mois de février à 27,1°C à la station Aya2 au mois de mars (Fig. 2). La varia- tion saisonnière de la température n’est pas significative (p > 0,05), mais on note une légère augmentation de la tem- pérature pendant la saison sèche.

Les valeurs de pH enregistrées au cours de l’étude oscillent entre 6,06 à la station Muf1 au mois de juin et 8,33 à la station Aya3 au mois d’avril (Fig. 3). Ces valeurs de pH augmentent du cours d’eau Mufueh (situé en zone périurbaine), au cours d’eau Ayaba (situé en zone urbaine). Des différences significatives ont d’ailleurs été trouvées entre les stations Muf1, Muf2, Muf3 et les autres stations (p≤0,05).

Les teneurs en nitrates ont varié entre 0 mg/l de NO3-

à la station Muf1 aux mois de mars et juin et 31 mg/l de NO3-

à la station Aya1 au mois de juin (Fig. 4). Quant aux orthophos- phates, leurs teneurs ont oscillé entre 0 mg/l de PO43-

aux Fig. 1 Carte du bassin versant du Mezam présen tant les stations déchantillonnage /Map of Mezam watershed showing sampling points

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stations Mnk1 et Aya3 respectivement aux mois de mai et d’avril, et 8,7 mg/l de PO43-

à la station For3 au mois de février (Fig. 5). Ces teneurs en nitrates et en orthophosphates dans les eaux présentent des valeurs relativement faibles (2,47 ± 5,07 mg/l de NO3-

pour les nitrates et 1,8 ± 1,88 mg/l de PO43-

pour les orthophosphates).

Le profil de variation de la conductivité électrique présente des fortes valeurs en zone urbaine (cours d’eau Formuki, Ayaba et Mankon) et des faibles valeurs en zone périurbaine (cours d’eau Mufueh). Elle a varié entre 21μS/cm à la station Muf1 au mois de juin et 420μS/cm à la station Aya2 au mois de mars (Fig. 6).

Fig. 2 Variation spatiotemporelle de la température /Spatiotemporal variation of temperature

Fig. 3 Variation spatiotemporelle du pH /Spatiotemporal variation of pH

Fig. 4 Variation spatiotemporelle des nitrates /Spatiotemporal variation of nitrates

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Le profil de variation de l’oxydabilité (Fig. 7) montre que ce paramètre fluctue entre 0,19 mg/l de KMnO4aux stations Mnk1 et Mnk2 au mois d’avril, et 15,6 mg/l de KMnO4à la station Aya1 au mois de février. Quant à l’oxygène dissous (Fig. 8), ses teneurs ont varié entre 47,8% à la station Aya3 au mois de février et 71,1 % à la station Muf1 au mois de janvier. Dans l’ensemble, ces courbes montrent une diminu- tion du taux d’oxygène du cours d’eau Mufueh à la rivière Mezam.

Analyses biologiques

Quatre espèces de sporozoaires ont été identifiées :Cryptos- poridiumspp., Isospora belli, Cyclospora cayetanensis et Sarcocystis hominis. Les oocystes deCryptosporidiumspp.

(Fig. 9A) sont caractérisés par leur petite taille (4 à 6μm), leur paroi épaisse double, leur forme ronde et leur contenu présentant une vacuole pas toujours visible. Cyclospora cayetanensisa une forme ronde, une paroi lisse et épaisse,

mesure de 6 à 10μm et contient une cellule granuleuse dans son cytoplasme (Fig. 9B). Les oocystes deIsospora bellise présentent dans l’environnement sous deux formes : la forme immature contenant un sporocyste (Fig. 9Ca) et la forme mature qui contient deux sporocystes (Fig. 9Cb). Leur taille varie entre 20 et 30μm, ont une forme ovale et leur contour est lisse. Quant aux oocystes deSarcocystis hominis, ils ont également une forme ovalaire, une taille variant entre 14 et 18μm, le cytoplasme contenant des sporozoïtes qui ne sont pas toujours visibles (Fig. 9D).

Au total 33 660 oocystes ont été comptabilisés répartis par ordre décroissant de fréquence en : 11 231 (33,4 %) oocystes deCryptosporidiumspp, 11 023 (32,8 %) oocystes deCyclos- pora cayetanensis, 6 901 (20,5 %) oocystes deIsospora belli et 4 505 (13,4 %) oocystes deSarcocystis hominis.

Sur le plan spatial, les densités moyennes des oocystes de sporozoaires ont varié entre 7 oocystes/l pourSarcocys- tis hominis à la station Muf2 et 341 oocystes/l pour Cryptosporidium spp. à la station Mez. Les oocystes de Fig. 5 Variation spatiotemporelle des orthophosphates /Spatiotemporal variation of orthophosphates

Fig. 6 Variation spatiotemporelle de la conductivité électrique /Spatiotemporal variation of electrical conductivity

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Cyclospora cayetanensisdominent au niveau des stations Muf1, For1, For3, Mnk1, Mnk3, Aya2 et Aya3 suivis de Cryptosporidium spp. aux stations Muf2, Muf3, For2 et Mez (Fig. 10).

Sur le plan saisonnier, les densités moyennes les plus éle- vées des oocystes identifiés (471,42 ± 216,32 oocystes/l) ont été obtenues pendant la saison sèche contre 375,19 ± 164,02 oocystes/l en saison des pluies (Fig. 11).

Fig. 8 Variation spatiotemporelle de loxygène dissous /Spatiotemporal variation of dissolved oxygen

Fig. 9 Différents oocystes observés : Cryptosporidium spp. (A), Cyclospora cayetanensis (B), Isospora belli (C) et Sarcocystis homi- nis (D) /Observed oocysts: Cryptosporidium spp. (A), Cyclospora cayetanensis (B), Isospora belli (C) and Sarcocystis hominis (D).

Légende : a = oocyste immature ; b = oocyste mature ; Pa = paroi, Sp = sporocyste ; Vc = vacuole Fig. 7 Variation spatiotemporelle de loxydabilité /Spatiotemporal variation of oxidability

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Comparaisons entre paramètres physico-chimiques et données parasitaires

Le tableau 1 présente les coefficients de corrélation entre paramètres physico-chimiques et données parasitaires (espè- ces et densités) et la figure 12 présente les résultats de l’ACP (analyse en composante principale). Il ressort du tableau que les paramètres physico-chimiques tels que les nitrates et les orthophosphates sont négativement liés à la distribution de certains oocystes, tandis que le pH et l’oxygène dissous sont positivement corrélés à certains de ces parasites (p≤0,05).

L’ACP a présenté l’essentiel de la variance totale sur les deux axes factoriels F1 (31,85%) et F2 (20,86%) qui cumu- lent 52,72% de l’inertie totale. Cette analyse montre un regroupement de 15 paramètres mesurés et 13 stations d’échantillonnages en 3 groupes. Le groupe G1montre un regroupement des oocystes deCyclospora cayetanensis, de Cryptosporidiumspp., de la classe [4-11μm] et des densités totales autour des stations Muf1 et Mez. Dans le groupe G2,

les paramètres physico-chimiques tels que la température, le pH, la conductivité électrique, l’oxydabilité et les nitrates ont des liaisons avec les oocystes de Sarcocystis hominis, de Isospora belli et caractérisent les stations Aya1, Aya2, Aya3, Mnk2 et Mnk3. Le groupe G3montre des paramètres physico-chimiques tels que l’oxygène dissous et les ortho- phosphates, autour des stations Muf2, Muf3, For1, For2, For3 et Mnk1.

Discussion

Les variations de température pendant la période de l’étude seraient associables aux caractéristiques propres de chaque station et à sa situation géographique. En effet, les valeurs de température enregistrées dans les stations du cours d’eau Mufueh résulteraient du faible ensoleillement du cours d’eau dû à la présence de la canopée [20]. Les fortes valeurs de température observées dans les autres stations Fig. 10 Variation spatiale des densités des oocystes identifiés /Spatial variation of densities of identified oocysts

Fig. 11 Variation saisonnière des densités des oocystes identifiés /Seasonal variation of densities of identifiedoocysts

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s’expliqueraient par la forte urbanisation qui expose le plan d’eau aux rayons solaires [12,19]. À ce propos, Bouzidi et al [8] affirment que les conditions d’ensoleillement et l’environ- nement conditionnent la température des eaux de surface.

Les valeurs de pH élevées en zone urbaine seraient d’après Wang et al [27] dues au phénomène d’urbanisation et aussi aux teneurs élevées en nitrates et en orthophospha- tes, ce qui contribue à relever le pH des eaux. Le pH des eaux de surfaces est généralement lié à la nature des terrains tra- versés [23], et aux teneurs en matières organiques.

Les faibles teneurs des eaux en nitrates (2,47 ± 5,06 mg/l de NO3-

) et en orthophosphates (1,8 ± 1,88 mg/l de PO43-

), à l’exception de certaines stations, s’expliqueraient par la dilu- tion et la précipitation de ces éléments dans les sédiments.

Les teneurs en nitrates ont été plus élevées pendant la saison des pluies à toutes les stations. En effet, pendant cette saison, les populations utilisent des engrais azotés pour la plupart dans la pratique de l’agriculture maraîchère le long de ces eaux. Pendant la saison sèche, on a observé des teneurs éle- vées en orthophosphates pouvant s’expliquer par des rejets Fig. 12 Spécificités des stations déchantillonnage en fonction des variables mesurées /Specificities of the sampling stations according to the measured variables Légende : PO43- = orthophosphates, Temp = température, O2 = oxygène dissous, Oxyd = oxydabilité, Cond = conductivité électrique, NO3- = nitrates, Crypto = Cryptosporidium spp., Isosp = Isospora belli, Cyclo = Cyclospora cayetanen- sis, Sarco = Sarcocystis hominis, Dt = densités totales, [4-11], [12-19] et [20-30] = différentes classes de taille, Muf1, Muf2, Muf3, For1, For2, For3, Mnk1, Mnk2, Mnk3, Aya1, Aya2, Aya3 et Mez représentent les stations déchantillonnage.

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urbains et industriels riches en matières organiques pendant cette saison. Wang et al [27] soulignent en effet que l’activité métabolique des bactéries dénitrifiantes diminue avec l’urba- nisation associée à la multiplication des facteurs stressants notamment les pollutions.

Les valeurs de conductivité électrique obtenues sont fai- bles comparées à celles des autres eaux urbaines du Came- roun [5,24]. Les valeurs élevées obtenues dans certaines sta- tions des cours d’eau urbains indiqueraient de fortes charges en matières organiques présentes dans ces stations et seraient dues à l’action minéralisatrice des microorganismes présents dans ces milieux [6].

L’oxydabilité moyenne obtenue (2,85 ± 2,49 mg/l de KMnO4) est indicatrice de pollution organique selon Rodier et al [23]. Cette pollution organique serait d’origine anthro- pique. Des corrélations positives et significatives ont été trou- vées entre l’oxydabilité et les orthophosphates (r = 0,352, p = 0,002 et n = 78), témoignant ainsi la nature organique de la pollution.

La baisse du taux d’oxygène du cours d’eau Mufueh vers le cours d’eau Ayaba pourrait être attribuée à la quantité de matières organiques qui augmente en zone urbaine. En effet lorsque la quantité de matières organiques est élevée, les microorganismes consomment de l’oxygène dans le pro- cessus de minéralisation.

Les analyses biologiques ont montré la présence des oocystes dans ces milieux aquatiques traduisant d’après l’OMS [18]), une contamination fécale de ces eaux, car ces microorganismes sont rejetés dans l’environnement à travers les fèces. Les densités de Cryptosporidium spp. obtenues sont largement supérieures à celles obtenues par Chia et al [9] dans certains milieux aquatiques de Bamenda et à celles retrouvées dans le lac municipal de Yaoundé par Ajeagah et al [2]. Cette forte densité deCryptosporidiumserait due prin- cipalement à leur paroi double et épaisse qui leur confère une grande résistance aux stress environnementaux d’une part, et à leur forte résistance à la désinfection par le chlore d’autre part [1,16]. La faible abondance deSarcocystis hominiss’ex- pliquerait par leur paroi mince qui ne leur permettrait pas de résister aux conditions environnementales.

Globalement, les plus fortes densités des oocystes sont obtenues à la station Muf1 (698 oocystes/l) et s’expliquerait par les forts taux d’oxygène dissous et les faibles teneurs en nitrates et en conductivité dans cette station. Les plus faibles densités observées à la station Aya3 (275 oocystes/l) seraient attribuables aux fortes teneurs en nitrates et en conductivité électrique obtenues dans cette station. C’est ainsi que des corrélations significatives et positives (r = 0,246, p = 0,028 et n = 78) ont été obtenues entre l’oxygène dissous etIsospora belli; et négatives entreCryptosporidiumspp.

(r = -0,250, p = 0,028 et n = 78),Cyclospora cayetanensis (r = -0,261, p = 0,021 et n = 78) et les nitrates. Bien qu’étant non significatives, les corrélations négatives ont été obtenues

entre la conductivité et les densités de ces oocystes (Tableau 1). Ceci montrerait que les éléments minéraux peu- vent augmenter l’inactivation des oocystes par leur grande capacité de pénétration dans les parois des oocystes et dans les membranes de sporozoïtes [13], contribuant ainsi à leur destruction. Cette pénétration est facilitée par les valeurs de pH non adaptées au parasite.

Sur le plan spatial, les densités élevées retrouvées à la station Aya2 seraient attribuables à la proximité de cette sta- tion des latrines qui sont directement vidangées dans le cours d’eau [5]. En effet, la station Aya2 reçoit non seulement les produits des latrines, mais aussi les eaux usées domestiques et les déchets urbains. Ces caractéristiques de la station Aya2 sont confirmées par les résultats de l’ACP (Fig. 12) qui pré- sentent une relation positive entre cette station et les matières organiques (oxydabilité). Ainsi, les densités (élevées ou fai- bles) des oocystes dans une station d’échantillonnage se jus- tifieraient par les spécificités propres de cette station et par le niveau d’infestation de la population humaine ou animale desservie [7].

Au niveau saisonnier, on pourrait attribuer les fortes den- sités des parasites obtenues pendant la saison sèche d’une part, aux vitesses d’écoulement des eaux qui diminuent pen- dant cette saison et d’autre part, aux accumulations des matières organiques dans ces eaux. En effet, selon Medema et al [16], les oocystes et les kystes des parasites sont géné- ralement liés aux matières organiques en suspension dans l’eau. Ainsi, la diminution des densités pendant la saison des pluies de ces parasites s’expliquerait par l’augmentation des vitesses d’écoulement des eaux qui entraînent la dérive des particules et par ricochet, les oocystes.

Conclusion

Cette étude a permis l’isolement et la mise en évidence des oocystes de Cryptosporidium spp., de Isospora belli, de Cyclospora cayetanensiset deSarcocystis hominisdans les cours d’eau du bassin versant du Mezam. Ceci montre que ces cours d’eau sont sujets à une pollution domestique, donc fécale. Cette pollution a pour origine essentielle des latrines à canons situées sur les berges dont les produits sont direc- tement évacués dans les cours d’eau. Les populations rive- raines qui utilisent ces eaux à des fins de consommation, notamment domestiques et agricoles, s’exposent aux cocci- dioses et aux autres parasitoses (helminthiases, giardiases, amibiases entre autres). Les paramètres physicochimiques tels que les ions nitrates, la conductivité électrique et les orthophosphates semblent influencer négativement la pré- sence des oocystes dans ces milieux, tandis que l’oxygène dissous et le pH influencent positivement la présence de ces parasites. Les abondances élevées des oocystes de petites tailles [4-11μm] (Cryptosporidiumspp. etCyclospora caye- tanensis) rendent difficiles les processus de traitement de ces

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