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Le Dieu de l Ancien Testament estil amour ou un Dieu qui aime? Textes et iconographie

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Foule sentimentale…

« De grandes foules le suivirent, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et de la Transjordanie. » nous écrit l’évangéliste Matthieu (4.25)

Est-ce cette même foule sentimentale, avec sa soif d’idéal, que nous chante Alain Souchon ? Va savoir !

Quoi qu’il en soit, le Point KT prend la route vers le temps de l’Avent et la fête de Noël. Noël, voilà bien un moment dans l’année qui rassemble les foules sentimentales ! Mais trop souvent, elles ont oublié leur soif d’idéal… Combien de familles viennent à l’église par tradition, le 24 ou le 25 décembre ? Parce que ça se fait, entre la bûche et les cadeaux, parce que c’est Noël… L’idéal évangélique qui prend corps en Jésus-Emmanuel emmailloté est bien vite oublié, dès lors qu’il y a la saint Sylvestre à préparer !

Quelle est la responsabilité de l’Eglise et des églises locale dans ce phénomène ? Et plus important : que pouvons-nous faire, en Eglise, et dans notre église locale, pour l’enrayer et encourager la foule sentimentale à redonner du sens à ses actes tout au long de l’année liturgique, dès maintenant ?

Noël se prépare. Avant Noël, il y a l’Avent… N’est-ce pas là l’occasion de tendre dès aujourd’hui une perche aux familles, y compris grands-parents, par la préparation d’une saynète et un appel aux acteurs ? Par la préparation d’un marché de Noël et un appel aux artisans ? Par la préparation d’un réveillon-partage et un appel à toutes les bonnes volontés ?

Toutes ces occasions à provoquer sont autant de moments, au-delà des traditions, pour nous désaltérer à la source de l’idéal de vie proposé par les Ecritures.

Et après Noël, toute notre année liturgique est ponctuée de moments où la vie paroissiale doit donner du sens aux événements, rappeler le pourquoi d’un congé scolaire (même dans un Etat fortement laïcisé !), faire mémoire de la signification d’une tradition – le gâteau des rois, par exemple…-, faire vivre un cheminement vers Pâques, vers Pentecôte…

Multiplier les appels : « Vous qui étiez avec nous à Noël, nous vous invitons… » à un culte de famille, à une journée communautaire, à un culte thématique, etc.

Il est grand temps, ne traînons plus !

Avec Noël comme prétexte, témoignons à tous ceux qui le cherche que Jésus-Christ est l’idéal de vie : « Car elle s’est manifestée, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les humains.» (Tt 2.11)

Le Dieu de l’Ancien Testament est-

il amour ou un Dieu qui aime ?

Textes et iconographie

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L’Ancien Testament ne « mâche » pas ses mots et encore moins ses images. Dieu possède une bouche et n’est nullement muet ; Dieu a un bras et une main qui agissent dans l’histoire du salut de son peuple ; Dieu ouvre ses yeux qui regardent au cœur ; Dieu a des oreilles qui entendent les supplications et l’oppression de son peuple ; Dieu a un cœur qui forme des projets de vie ; Dieu a des tripes qui s’émeuvent… À cet égard Dieu peut ressentir de la colère, de la jalousie, de la souffrance et de la compassion…Mais qu’en est-il de l’amour ? Parce que L’AT est enraciné dans la mentalité sémitique du Proche-Orient ancien qui l’a façonné, il nous permet de redécouvrir une facette de ce riche patrimoine. Voyage par les mots et à travers les images…L’amour de Dieu à travers le thème de l’alliance

Le terme d’alliance (Berît) n’est pas simplement la conclusion d’un accord ou d’un contrat entre deux partenaires, mais il implique fréquemment les notions d’engagement et d’obligation. Il évoque étymologiquement un espace possible entre- deux qui laisse la place à une véritable médiation.

Le Proche-Orient ancien regorge d’archives et de traités d’alliance entre différents partis (roi-vassal). Mis par écrit et soigneusement conservés, ces documents légaux contiennent les noms des divinités témoins et les clauses principales. Le langage, fortement teinté d’un vernis diplomatique et politique, utilise néanmoins des termes touchant aux domaines de la fraternité, paix, amour, loyauté et amitié.

Dans ces traités antiques, une alliance est toujours conclue entre un suzerain (supérieur) et son vassal (inférieur).

Évidemment c’est au vassal seul qu’incombent les obligations et le devoir de respecter scrupuleusement les termes du contrat. C’est donc d’autant plus étonnant que dans l’AT, Dieu – le suzerain- s’engage également envers Israël -son vassal -, alors qu’il n’y a aucune obligation légale à ce renversement de situation. Il arrive même fréquemment que Dieu soit à l’initiative de cette nouvelle relation.

Stèle d’alliance, en calcaire, Ras Shamra (Ougarit), 14ème s. av. J.C

Le Hesed divin est le lien qui unit

L’hébreu Hesed exprime à lui seul ce lien indéfectible établi entre Dieu et son peuple. Ce terme englobe une foule de significations. Il évoque autant l’amour que la générosité, la pitié, la loyauté, la fidélité. Alors qu’au départ le Hesed implique le principe d’assistance mutuelle à l’intérieur d’un même clan, une fois attribué à Dieu, il évoque un amour inconditionnel qu’aucun humain ne pourra jamais lui rendre. Cet amour exclusif de Dieu pour l’autre, proclamé dans le cadre juridique et moral d’un traité d’alliance, est certes bien inspiré des traités d’alliance du Proche-Orient ancien, mais a été réadapté pour les besoins d’un nouveau message.

Le Hesed divin, fondement et garant de cette alliance, est d’abord proposé au peuple d’Israël, en tant que communauté juridique et sociale. Puis, avec l’évolution des textes et des mentalités, il est destiné à des individus, et pour finir, à l’ensemble de l’humanité. Le Hesed divin est au centre de l’agir de Dieu. Solidement enraciné dans la constance et dans la durée, rien ne peut détruire ce moteur de l’alliance. Et surtout la fidélité et l’affection loyale de Dieu pour son peuple perdurent malgré les infidélités répétées de ce dernier.

Dieu, le mari aime, divorce, de son épouse !

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On connait la jalousie divine touchant à la sphère du culte, de la foi et de l’exclusivisme. Elle est toutefois également utilisée pour décrire la jalousie d’un mari à l’égard de son épouse. Il existe ainsi une forme d’intimité entre Dieu et son peuple exprimée dans Jérémie 13, 11 par l’image d’une ceinture que l’on attache fermement à ses hanches tout comme Yhwh s’était attaché aux maisons d’Israël et de Juda.

C’est pourtant le prophète Osée qui, dès le 8ème s av. J.C, pousse la comparaison à son paroxysme. En Osée 2, on apprend que Yhwh divorce de son épouse parce qu’elle lui est infidèle. Il l’aimait passionnément, a pourvu à tous ses besoins, mais elle a préféré les cadeaux de ses amants. Yhwh va agir comme un mari trompé, prononcera la formule rituelle du divorce et la renvoie du domicile conjugal. Ce chapitre 2 exposant les désagréments de la vie sentimentale de Yhwh va être réinterprété, au fil des relectures successives, de manière symbolique. Tout d’abord comme l’expérience personnelle d’Osée dans son union avec Gomer au chapitre 1. Ensuite, la figure de la femme/mère va être identifiée au pays, puis à la nation (Israël/Juda).

Je t’aime un peu…beaucoup…passionnément…à la folie…pas du tout !

Un siècle plus tard, chez Jérémie, la femme va représenter Juda qui s’est prostituée et qui a rejeté l’autorité et l’amour de Yhwh. Ce qui correspond fort bien à la situation historique du pays à la veille de l’exil. Ezéchiel reprendra la même thématique pour expliquer les raisons de l’exil d’Israël et de Juda décrites, une fois n’est pas coutume, comme des villes idolâtres, trompant leur amour de jeunesse.

Le ton devient de plus en plus cru et violent. Yhwh abandonnera ses épouses Israël et Juda à leurs amants (assyriens et babyloniens). Ceux-ci abuseront d’elles, et une fois rassasiés de leurs charmes, les exposeront nues à la honte publique. On constate que les relations d’amour entre Dieu et son/ses épouses ne sont pas de l’ordre d’un long fleuve tranquille.

L’identité de la dite épouse a d’ailleurs changé au fil des siècles : d’une femme/mère, elle passe au pays/terre, puis au peuple (Israël et/ou Juda) ou à des cités (Samarie, Jérusalem ? Sion). Ainsi les prophètes avant l’exil n’ont pas craint d’annoncer un Dieu qui est tombé amoureux, qui s’est marié, a eu des enfants, a été trompé, a divorcé puis s’est remarié…Malgré les aléas de son couple, Yhwh est resté lui fidèle à son premier amour… Il s’ensuit que la constance de l’amour divin inscrit dans l’alliance, ainsi que l’amour passionnel de Yhwh, ouvrent vers une troisième dimension : L’amour maternel.

Tablette d’ivoire représentant le couple royal d’Ougarit, (1400-1300 av. J.C.)

L’amour maternel de Dieu

L’idée d’une paternité divine est relativement tardive et rare dans les textes bibliques. C’est surtout dans des passages rédigés après l’exil, que la figure du père comme tête de la famille, remplace l’absence du roi ou de tout ordre hiérarchique. Dieu le Père, a ainsi l’obligation de racheter ses enfants prisonniers, esclaves ou exilés…

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Le dieu-père a émergé avec le concept du dieu-créateur. Il reste néanmoins des traces anciennes d’autres conceptions bizarres telles que Deutéronome 36, 18, où il est question du « rocher (Yhwh ?) qui a engendré et mis au monde… » Il s’ensuit que si un Dieu-père est davantage un créateur, protecteur et sauveur, un dieu-mère donne naissance, nourrit et éduque ses enfants.

Nous ne sommes pas ici uniquement dans le symbolique car une telle fonction « maternelle » est atypique pour un dieu masculin comme Yhwh et pourtant…

Yhwh, une mère pour Israël ?

C’est à nouveau Osée 11 qui brosse, le premier, le portrait d’un Yhwh, véritable mère nourricière : «Quand Israël était jeune, je l’ai aimé, et d’Egypte je l’ai appelé mon fils… C’est pourtant moi qui avait appris à marcher à Ephraïm, les prenant sur mes bras…Je prenais soin d’eux…J’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson contre leur joue et je leurs tendais de quoi se nourrir… »

Yhwh donne le sein à Israël, le cajole avec tendresse, l’assiste dans ses premiers pas… Il accomplit les tâches habituelles réservées à une déesse-mère. D’autres passages vont dans le même sens. Ils affirment que Yhwh est le maître de la vie. Il ouvre la matrice de la femme pour permettre le passage du nouveau-né. Yhwh est une sage-femme, voire une femme enceinte sur le point d’accoucher (Psaume 22, 9-10, 71, 17, Esaïe 46,3-4, 17, 10 ; Nombres 11, 12).

L’amour maternel de Yhwh pour ses enfants est évoqué à travers le terme hébreu « Rehem ». Il évoque autant le sein maternel que les organes génitaux féminins. En Esaïe 66, 12-13, Yhwh se présente comme une mère consolatrice prodiguant des soins attentionnés à ses enfants : « Vous serez allaités, portés sur les hanches et cajolés sur les genoux… ».

Ces gestes sont les traits typiques et les postures d’une déesse-mère que l’on représente dans l’iconographie du Proche- Orient ancien. L’Ancien Testament n’hésite pas à « féminiser » Yhwh, un dieu-mâle, qui a fort à faire face à la concurrence des déesses. Le message prophétique d’un Yhwh agissant comme une mère modèle, aimant et nourrissant ses enfants, n’est-il pas le meilleur moyen de supplanter les déesses-mère sur leur propre terrain, voire de les assimiler en absorbant jusqu’à leur existence ?

Ainsi, dans le contexte du Proche-Orient ancien, il semble imprudent de déclarer que Yhwh est asexué, ou au-delà de telles distinctions de genre ou de sexes. Au contraire, maintenir une telle position, c’est aller à l’encontre de la réalité concrète d’une féminité et d’une vocation maternelle de Yhwh.

Autel de Sichem, 15ème s. av.

J.C. Bronze de Byblos,

15ème s. av. J.C. Bronze d’Égypte,

600-400 av. J.C.

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L’amour, toujours l’amour…

Enraciné dans la fidélité, l’exclusivité et la loyauté, matérialisée dans le cadre de l’alliance, l’amour de Dieu peut être passionnel et destructeur comme les couples humains heureux qui ont des histoires. En même temps, cet amour a un fort côté maternel, voire maternant… Dieu est bien vivant, faisant l’expérience des sentiments humains et qui a vécu dans son monde et à son époque. Dieu assume déjà dans l’Ancien Testament une forme humaine.

Ainsi Dieu n’est certes pas amour, mais il est assurément un Dieu qui aime…

Crédit : Frédéric Gangloff (UEPAL)

Temps de la rentrée, un temps de fête ?

Certes, après l’évasion du temps des vacances et la fin de l’été, on peut trouver autant de joie que de tristesse dans les soirs d’automne qui sont devant nous.

Joie devant les fruits de la terre qui sont là pour être goûté après leur murissement tout au long de l’été, joie des couleurs qui réjouissent le cœur et éblouissent l’œil, joie des promenades où un champignon caché par une souche offre une véritable chasse aux trésors. Par Evelyne Schaller

Tristesse dans la feuille qui tombe et tristesse devant l’arbre qui lentement se dénude, tristesse devant le raccourcissement des jours ensoleillés, tristesse d’un quotidien qui reprend son rythme inlassable, entre travail et maison.

Ce temps de la rentrée nous rappelle sans cesse ces négatifs et ces positifs de la vie, ces arbres aux couleurs de feu et ces branches presque mortes.

Et l’on peut s’interroger devant cette oscillation entre joie et tristesse : qu’est ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, en paraphrasant le psaume 8.

Notre mise en ligne offre cette oscillation entre joie et peine. Elle nous accompagne sur le chemin des sentiments, toujours et encore, ceux de Dieu si étonnement maternels parfois, et les nôtres, si terriblement humains ! Puissions-nous,

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au gré des chemins d’écolier, entre joie et peine, faire bonne route en sa Divine Compagnie ! Auteure Evelyne Schaller

Faire le deuil dans la Bible, une expérience spirituelle

Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, Il n’est même pas venu pour l’expliquer Il est venu pour la remplir de sa présence. (Paul Claudel)

Si toutes les civilisations ont apporté des réponses qui aidaient à faire le deuil, il semble que l’occident d’aujourd’hui ne sache plus le faire.

Notre société en valorisant plaisir, jeunesse et performance refuse la douleur. Par ailleurs, trop souvent, les chrétiens convertissent l’espérance de la résurrection – comme modalité d’être de notre vie -, en l’espoir d’un être de la vie après la vie dont la prétendue certitude suffit à effacer que d’abord « nous sommes au monde », en essayant d’évacuer ainsi la douleur et la souffrance devant la mort.

Grâce à la prise en compte de la psychologie, nous savons que si la mort d’un proche paraît sans remède, le temps passant l’endeuillé va pouvoir rire à nouveau, si toutefois s’est accompli ce qu’on appelle le « travail de deuil ». Véritable travail psychologique qui nous permet de donner une place au disparu dans nos souvenirs, pour surmonter la perte.

Une lecture attentive de la Bible peut nous amener à comprendre comment faire face aux drames qui accompagnent le mouvement même de la vie. En effet, à travers de nombreuses figures, la Bible nous montre qu’il ne faut pas occulter la mort et qu’il est important de savoir montrer sa souffrance, de savoir se séparer. Les hommes et les femmes de la Bible ne sont pas des « super héros » revêtus d’une cuirasse qui les protègerait des sentiments : ils souffrent, ils pleurent, ils se révoltent contre la mort.

Abraham

C’est le premier des patriarches qui nous montre la voie : « Abraham célébra le deuil de sa femme et la pleura » (Gen 23 / 2). Lorsque Sarah meurt, à l’âge de cent vingt-sept ans, Abraham pleure, et il va acheter un champ afin de pouvoir enterrer sa femme dans une grotte. Cet achat hautement significatif confirme l’installation de son clan en terre de Canaan, et permettra aux générations suivantes de faire mémoire.

Abraham rejoindra Sarah trente huit ans plus tard. Isaac et Jacob seront aussi enterrés dans cette grotte. Ce tombeau des patriarches encore si important, près de quatre mille ans après, dans les traditions juives chrétiennes et musulmanes.

Moïse

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Quand Moïse sent sa mort proche, il ne va pas partir sans organiser sa succession et faire un long discours d’adieu (Dt 31-33). C’est ainsi qu’il aide son peuple à surmonter la douleur que sera sa mort. Ce peuple qui va observer un rite de deuil, qui lui permet d’accepter cette séparation : « les fils d’Israël pleurèrent Moïse dans les steppes de Moab pendant trente jours. Puis les pleurs pour le deuil de Moïse s’achevèrent. » (Dt 34,8). C’est le Seigneur qui enterre Moïse, dans cette même vallée de Moab, le lieu de sa sépulture demeurant ainsi inconnu « jusqu’à ce jour » (Dt 34,6), ce qui évite la dérive qui consisterait à rendre un culte à l’homme Moïse au lieu de faire mémoire de sa parole.

David

À la mort de Saül et de Jonathan, après avoir fait respecter une période de deuil, David dans son affliction nous offre un des plus beaux poèmes de la Bible : une élégie pour deux guerriers (2 Sam 1, 17-27). Les auteurs de la Bible ne craignent pas de nous montrer l’abattement du plus grand roi d’Israël. L’Ancien Testament, dans son travail de relecture du passé pour le présent, ne sert-il pas non plus à consoler un peuple entier ? à lui permettre de faire son deuil et d’affronter une nouvelle situation ?

Jésus

C’est Jésus dans toute son humanité que nous voyons souffrir face à la mort, que ce soit la mort de ses proches ou sa propre mort :

– douleur de la perte d’un ami comme Lazare à Béthanie, Jésus frémit et se trouble, il pleure Lazare (Jean 11, 33-35). Au cœur de son pèlerinage terrestre, le Fils doit faire l’aveu de l’étrangeté de la mort de l’autre pour lui. Et les larmes qui s’ensuivent ne proviennent pas de l’amertume ou de l’échec comme peuvent le croire ses détracteurs, mais de la souffrance, souffrance qu’il ne craint pas de montrer, de nous montrer ;

– angoisse devant sa propre mort. À Gethsémani il nous dit « Mon âme est triste à en mourir.» (Marc 14, 34). Cette angoisse tellement humaine face à notre finitude, Jésus lui-même en fait l’expérience ;

– sur la croix Il crie avec les mots du psalmiste, toute sa douleur, voire sa révolte : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat 27, 46 ; Mc 15, 34 ; Ps 22, 2). Ainsi, le Christ, loin de condamner notre condition, la consacre et la transforme en habitant jusqu’au bout son angoisse.

– Quand Jésus-Christ ressuscité, trouve Marie pleurant au tombeau, il ne lui demande pas d’arrêter ses pleurs, il la rejoint dans son affliction avant de révéler sa présence. À travers les expériences de Jésus devant la mort, nous touchons le mystère de l’incarnation : Jésus, même s’il a l’assurance de sa victoire sur la mort nous montre, qu’en être humain de chair et de sang, il est bouleversé par le tragique de la mort. Ce tragique que nous essayons aujourd’hui d’évacuer de notre quotidien.

À la suite du psalmiste, nous pouvons dire à Dieu notre peine et notre révolte face à une mort qui nous apparaît toujours cruelle et parfois injuste. S’interdire de montrer notre douleur à Dieu et aux autres va empêcher la progression du « travail de deuil ». Dieu aussi a pleuré, sans pour cela perdre sa toute-puissance. Car paradoxalement, comme nous le dit l’apôtre Paul la toute-puissance du Père se révèle d’autant plus que sa force se manifeste dans sa faiblesse et sa sagesse dans sa folie (1Cor 1, 25).

C’est aussi en acceptant la mort que nous pouvons annoncer la résurrection, qui n’est pas une sorte « d’assurance vie » après la mort, mais la Vie en Jésus-Christ dès aujourd’hui.

Crédit : Point KT

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Nos besoins

Nous remercions Herve OTT de l’Institut Européen Conflits Cultures Coopérations, situé à Millau, qui a mis à disposition plusieurs articles pour nous aider à mieux comprendre nos sentiments et émotions, le fil rouge de nos mises en ligne de cette année.

Pour plus d’informations veuillez voir sous : http://ieccc.org

Les besoins de la personne (Hervé Ott, IECCC, tous droits réservés) On distingue deux grandes catégories de besoins chez l’être humain.

Des besoins physiologiques, tels que, l’alimentation, la reproduction, le repos et le territoire. On trouve ces besoins dans le monde animal et en partie dans le monde végétal. Il s’agit de dimensions qui rendent la vie possible.

À ces besoins basiques se sont superposé ce qu’on appelle des besoins » psychologiques « . Quand on évoque ce thème, c’est souvent l’image de » la pyramide de Maslow » qui est citée. Abraham Maslow a différencié des besoins de sécurité, d’appartenance, d’amour, d’autonomie et de réalisation / créativité, qu’il a hiérarchisé sous forme de pyramide en postulant que tant que le besoin de sécurité n’est pas satisfait, il y a impossibilité de satisfaire les autres. Maslow a eu l’intuition qu’il y a une hiérarchie des besoins, mais l’histoire montre que même dans les pires conditions d’insécurité (camps de concentration, torture) des personnes ont pu accéder à la satisfaction des autres besoins. La » Process Communication » de Taïbi Kahler a mis en évidence ce processus de hiérarchisation des besoins par chaque individu, en fonction de son histoire, lequel produit des » tempéraments » différents. Cette hiérarchisation évolue en fonction du développement de la personne. (v. G. Collignon, Comment leur dire, la Process Communication, InterEditions 2003). En outre, Maslow a défini ces besoins comme « besoin de combler un manque ». E. Fromm au contraire les a définis comme besoins existentiels « pleins ».

Selon les écoles, il y a différentes dénominations de ces besoins.

Pour ma part je distingue les besoins

– d’amour, lié à la fonction maternelle, satisfait par tout ce qui est de l’ordre du » contact » par la peau (caresses, massages, sexualité), par l’alimentation, l’hospitalité etc où il s’agit de l’acceptation de l’être en tant que tel ;

– de reconnaissance (re-naître-avec), lié à la fonction paternelle, satisfait dans la distance par l’écoute et le regard, où il s’agit de l’appréciation du faire, du comportement ;

– de sécurité, lié au cadre familial d’abord, puis territorial. Il concerne aussi bien le corps, l’esprit que les biens, dans le présent et l’avenir ;

– d’autonomie, souvent appelé de » liberté » qui n’en est qu’un aspect avec la » contrainte « . L’adolescence marque une exacerbation de ce besoin. Il est très lié à tout ce que touche la responsabilité, le pouvoir, la prise de décision ;

– d’orientation (qui peut aussi être considéré comme une sous-catégorie du besoin de sécurité) et concerne le rapport aux règles, aux lois, aux valeurs, au sens de la vie ;

– de créativité, de dépassement/ réalisation de soi et donc de rapport à la transcendance.

La satisfaction de ces besoins est la source de la » motivation « .

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Les besoins doivent être satisfaits pour donner à la personne une » motivation » qui est la dynamique de la vie. Cette satisfaction peut être réalisée différemment, selon les personnes et leur histoire. Si j’ai soif, ce qui correspond à un besoin physiologique, je peux étancher cette soif avec de l’eau, une tisane, ou une autre boisson gazeuse, fruitée etc. Chaque personne a besoin d’amour et pourtant pour les unes il faudra plus de contact physique, d’autre plus de cadeaux ou encore plus de paroles d’amour. Ce qui permet de dire que si les besoins doivent être satisfaits, on peut en négocier les modalités les modalités de satisfaction. À la différence des émotions qui doivent être entendues, respectées, la satisfaction des besoins est négociable.

La frustration de ces besoins engendre des » peurs « .

Ces peurs, ces frustrations, sont provoquées dans l’instant par un regard, une parole, une attitude d’un tiers ou par une situation et elles se manifestent par une émotion de colère, de peur, de honte, de dégoût ou de tristesse. En ce sens les émotions sont les signaux donnés par notre corps dès qu’un besoin à été frustré (colère, peur…) ou satisfait (joie). Ces peurs peuvent réactiver des frustrations vécues dans la très petite enfance et enkystées, (on parle alors de » complexes « ) lesquelles ont dues être dépassées par des processus d’adaptation inconscients qu’on appelle » mécanismes de défense « . En général, ces mécanismes de défense, enclenchés par une peur, renforcent la peur et nous éloignent encore plus de la satisfaction du besoin. Par contre, si nous créons nos propres » outils de protection » nous pouvons retrouver la satisfaction de nos besoins fondamentaux. (cf. Colette Portelance, Relation d’aide et amour de soi, Les éditions du Cram Inc, 1998, p. 314 ss.).

Ces » outils de protection « , conscients, sont élaborés à partir de nos expériences (quand j’ai vécu telle peur, j’ai fait intuitivement telle chose, qui m’a permis d’obtenir une satisfaction au lieu de retomber dans mon vieux schéma inconscient) nous permettent la satisfaction de nos besoins.

On peur nommer chaque peur, correspondant à chaque besoin frustré :

– au besoin d’amour, correspondent des peurs d’abandon, de séparation, de deuil – au besoin de reconnaissance, correspondent des peurs de rejet, d’exclusion

– au besoin de sécurité, correspondent des peurs d’agression, de jugement, d’envahissement, – au besoin d’autonomie, correspondent des peurs de contrôle,

– au besoin d’orientation correspondent des peurs de perte des repères, – au besoin de créativité, transcendance, correspondent des peurs d’aliénation.

Besoins fondamentaux Peurs fondamentales Mécanismes de défense Amour Chaleur,

amabilité, douceur tendresse, accueil,gentillesse,

sourire

Abandon Indélicatesse, insensibilité

froideur, bouderie, séparation, deuil

Pleurer, se replier sur soi, être jaloux

s’attacher

fusionnellement à une personne ou à un groupe

Reconnaissance Bienveillance, respect,

attention, écoute, humilité, encouragement

Rejet

Jugement, accusation, critique, non-respect, arrogance, suffisance,

exclusion, supériorité

Se dévaloriser, manquer de confiance en soi, dévaloriser les autres, être dépendant du regard

des autres

Sécurité

Sérénité, douceur, calme, maîtrise son émotion

Agression, Envahissement Violence, agressivité, provocation, destruction,

énervement, fureur

Agresser les autres, tenir des propos racistes,

intolérants.

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Orientation Ouverture, franchise,

confiance, sincérité

Perte de repères Hypocrisie,

dissimulation, mensonge, fourberie,

pessimisme, vulgarité,

Intransigeance, rigidité, intégrisme, moralisme

Autonomie, indépendance Liberté, autorité, responsabilité, assurance

humour, joie, gaieté, spontanéité, fantaisie

Contrôle Autoritarisme, dépendance, perte de

liberté, directivité, surprotection

Ruer dans les brancards, refuser les règles,

provoquer Se soumettre

Réglementer à outrance

Créativité, transcendance

Dépassement, dynamisme,

enthousiasme, ouverture d’esprit

Aliénation Dogmatisme, rigidité doctrine, péremptoire,

sentence, réducteur, enfermement, passivité,

mort

Passivité, toute puissance, refus de la nouveauté, recherche de solutions

définitives

Les besoins et les peurs aux sources de la sympathie et de l’antipathie.

Dans la rencontre, il y a des « perceptions » inconscientes qui provoquent des attirances ou répulsions, sources des phénomènes de sympathie et d’antipathie. Comme il s’agit de perceptions, il nous est formellement impossible de porter un jugement sur ce que sont ces personnes. Ces perceptions nous parlent de notre sensibilité et peut-être serons-nous amené- e-s à d’autres perceptions en connaissant mieux ces personnes.

L’expression des sentiments via la couleur

« Vert de peur », « voir la vie en rose », « broyer du noir »… voilà des expressions qui en disent long sur l’association des couleurs et des sentiments. Que ce soit dans le dessin, le montage d’un spectacle, la couleur que nous donnons au décor et surtout à l’objet qui doit servir de support pour une narration, le choix de la couleur n’est jamais indifférent. Cela s’applique aussi à la construction des marionnettes. Evelyne Schaller.

L’enfant ou l’adolescent qui utilise les couleurs ne s’embarrasse pas toujours de grandes théories. Souvent les jeunes créatifs sont spontanés dans leur choix des couleurs et l’utilisation de celles-ci. Mais si on recherche une harmonisation pour des décors ou une transmission de qualités telles que l’expression des sentiments, il serait dommage de négliger certaines données. Ce que nous transmettons ici n’est point exhaustif. Nous donnons ici des indications certes subjectives

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au sujet de ces couleurs mais ce subjectif est souvent vérifié et utilisé en théâtre, en création de marionnettes, etc.…Il existe aussi des interprétations spirituelles, thérapeutiques, symboliques des couleurs, nous ne pouvons retenir ici toutes ces riches informations et transmettons simplement quelques pistes.

Voila quelques indications :

=> Couleurs primaires : leur caractéristique c’est qu’elles ne s’obtiennent pas par des mélanges et qu’elles engendrent, mélangées deux à deux en part égales, les trois couleurs secondaires.

Ainsi le jaune additionné au rouge donne l’orangé.

Le rouge additionné au bleu donne le violet et le bleu additionné au jaune donne le vert.

On obtient ainsi le spectre des couleurs de l’arc en ciel obtenu par diffraction de la lumière. On peut rabattre une couleur primaire ou secondaire en lui ajoutant du blanc et on peut la rompre en l’assombrissant avec du noir. On classe aussi les couleurs en nuances chaudes et nuances froides. Ces « températures » sont subjectives et souvent une couleur secondaire comporte les deux possibilité selon qu’elle apporte plus la couleur primaire chaude ou froide, ainsi un vert composé d’un ton chaud (jaune ) et d’un ton froid (bleu) rayonne entre le froid et le chaud. Ce qui importe peut être le plus dans l’utilisation des couleurs en créativité c’est la charge d’évocation. Celle-ci peut être froide ou chaude, elle peut être hostile ou calmante, voire rassurante et accueillante.

Rouge : le visage rouge indique la fièvre, la colère, c’est aussi le signe d’un sentiment intense, d’une passion, de l’amour.

Vert : à la fois la vie et son contraire. Un visage vert parle de peur, de maladie, on est « vert de peur ». C’est aussi une couleur indiquant un monde surnaturel « les petits hommes verts », personnages inquiétants ou insolites. Si nous l’attribuons souvent à l’espérance, c’est aussi la couleur du poison, des éléments contaminés.

Jaune : Il exprime la lumière mais donne aussi un air malade. Selon son emploi et le rabattement par du blanc, le jaune peut soit exprimer un personnage radieux, en plein vitalité, dégageant la joie de vivre, donnant le sourire, ou bien un personnage maladif, faible si le jaune est peu chargé.

Orangé : c’est une couleur positive, indiquant chaleur et soleil. Elle irradie la bonne santé et la gaité. Portée par un personnage, elle offre l’impression de la joie, de l’accueil, de la convivialité.

Bleu : le bleu indique souvent un élément naturel : le ciel et l’eau sont peints en bleu. C’est une couleur donnant l’impression de l’infini et de l’immatériel. Dessiner ou présenter un personnage en bleu lui donnerait un aspect immatériel, aérien, éternel ou simplement bleu de froid. Mais le bleu est aussi « fleur bleu e » et invite à la patience et à la tendresse. Par contre un bleu s’approchant du gris, favorisant le rajout de noir traduit une situation difficile, un ciel de plomb qui prédit l’orage, signifiant aussi une colère sourde lorsqu’elle est attribuée à un personnage.

Violet : mélange du rouge et du bleu, c’est une couleur très chargée émotionnellement. Quelqu’un qui devient violacé s’étouffe souvent de colère. C’est aussi une couleur royale et majestueuse, souvent lorsqu’elle s’approche plutôt du carmin, mais elle revêt aussi les personnages vaniteux et orgueilleux.

Evelyne Schaller

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