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Submitted on 2 Jan 2014
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To cite this version:
Michel Ferlus. L’intérêt linguistique des transcriptions chinoises concernant le Cambodge ancien (Fou- nan et Tchen-la). Dix-neuvièmes Journées de Linguistique de l’Asie Orientale, Jun 2005, Paris, France.
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Michel Ferlus
1. Généralités
C’est grâce aux écrits chinois qu’à partir du III
esiècle de notre ère on peut disposer de quelques renseignements de portée générale sur l’histoire du Cambodge ancien hindouisé qu’ils ont d’abord nommé Fou-nan / Fu-nan, aux III
e-VI
esiècles, puis Tchen-la / Zhen-la, aux VI
e-VIII
esiècles. Ces renseignements, quoique succincts, sont très précieux car ils restent la seule source d’information jusqu’aux premières inscriptions gravées sur pierre en langue khmère à partir du VII
esiècle. Le livre des Trois Royaumes et les différentes annales dynastiques (des Tsin jusqu’aux T’ang) sont les principaux textes qui nous renseignent. Les noms locaux, de pays ou de personnes, sont transcrits par des caractères chinois pris en valeur phonétique. Contrairement aux données chinoises, le contenu des inscriptions est plutôt d’intérêt particulier. Au début, ces inscriptions ne sont que des procès-verbaux de donation à un temple ou de fondation d’un culte. Malgré l’imperfection de la notation de certaines voyelles du khmer ancien par l’écriture indienne, le vocabulaire est parfaitement identifiable sauf pour quelques vocables sortis ultérieurement de l’usage.
Il est donc intéressant d’essayer d’identifier les vocables originels, pour la plupart en sanskrit mais aussi en langues vernaculaires, khmer ou cham, derrière les transcriptions chinoises, en particulier ceux qui ne sont pas attestés dans les épigraphes. La phonétique des caractères chinois a énormément évolué depuis le début de notre ère et la connaissance de leur prononciation moderne ne peut suffire. De plus, le Cambodge ancien couvre justement une période de cinq siècles, du III
eau VIII
e, pendant laquelle le chinois a subi un changement crucial, l’effacement de la médiale -r-, qui a eu des implications directes sur les transcriptions. C’est donc un problème de phonétique historique du chinois. Pour retrouver les anciennes prononciations, les historiens khmérologues ont au mieux utilisé les reconstructions de Bernhard Karlgren, comme Paul Pelliot [1951] ou plus récemment Michael Vickery [2003-2004], ou bien les prononciations dialectales et sino-xéniques comme Tatsuo Hoshino [1986].
1Cet article est la version remaniée de notre communication présentée aux Dix-neuvièmes Journées de Linguistique de l’Asie Orientale, organisées par le Centre de Recherches Linguistiques sur l’Asie Orientale (EHESS – CNRS), 30 juin – 1er juillet 2005.