R ÉGINE D ELFORGES
Logique combinatoire et caractères chinois
Mathématiques et sciences humaines, tome 105 (1989), p. 5-25
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LOGIQUE
COMBINATOIRE ET CARACTERES CHINOISRégine DELFORGES1
La
logique combinatoire2
permet lerapprochement
des deuxsystèmes graphiques alphabétique
et
idéographique chinois,
aux différences évidentes etapparemment
sans autre lien que celui d’être une écriture. La théorie des combinateurs donne lapossibilité
d’uneapplication linguistique
autorisant à effectuer son extension à l’écriturechinoise3.
Cetteapplication
met aujour l’analogie
des combinaisons de lettres des motsalphabétiques
et des combinaisons de traits des caractèreschinois,
touchant ainsi aux structures et fonctions des unités lexicales des deuxlangues
écrites et à leur relationlogique,
àpartir
de cette"PRE-LOGIQUE" même,
élaborée par
Curry
et ses successeurs."
Il est à noter que les caractères chinois utilisés au
Japon,
lesKanji i . ^
relèvent toutnaturellement de la même
application, puisqu’ils
sont les caractères chinoisempruntés depuis plus
de 1600 ans par leJapon
pour sonécriture4.
Les mots Kan(’c/~9~ ~
et Ji(caractère)
seprononcent Han -j et Zi #l
enchinois. Han
est le caractèretraditionnel chinois
désignant
le nom de ladynastie
des Han devenu synonyme de"chinois",
etZi
.’~-
veut dire "caractères".Donc ; , .’~ signifient
"caractères chinois" dans les deuxlangues,
mais seprononcent Kanji
enjaponais
et Hanzi en chinois. Le ministèrejaponais
del’éducation a établi une liste officielle de 1 900 caractères chinois
d’usage
courant,enseignés
dans les écoles et utilisés dans les
publications.
Il estpossible
de créer de nouveauxcaractères,
mais la combinatoire à
partir
de traits élémentaires demeure la même en chinois eten japonais.
Ily a
toujours
pour un caractère un ordre d’écritureprescrit
par lesrègles.
En Chine
populaire,
certains caractères tropcomplexes
ont étésimplifiés
dans le but de faciliter leurmémorisation,
mais on est revenu sur certainessimplifications
hâtives allant à1 Université Jean Moulin, Lyon III, faculté de
philosophie.
2 Les éléments nécessaires de
logique
combinatoire sont donnés dans l’article de Jean-Pierre Ginisti"Présentation de la logique combinatoire en vue de ses applications", dans le numéro 103 de la revue. Voir aussi Jean-Blaise Grize, Logique moderne, tome III, Paris, Gauthier-Villars,1973, p.71-76.
3
Régine
Delforges, "Les caractères chinois, combinatoire et système de formes", thèse de doctorat de troisième cycle, Université Jean Moulin Lyon III, faculté dephilosophie, 1986.
4 James G. Février, Histoire de l’écriture, Paris,
Payot, 1984.
l’encontre du but recherché. Cette
simplification
nechange
rien auxrègles d’écriture,
ni àla combinatoire des traits pour former un
caractère,
le caractèresimplifié
étant soit un caractèreplus simple
existantdéjà,
soit un caractère formé àpartir
de l’écriture cursive.La valeur
sémantique
du caractère écrit estindépendante
de saprononciation
comme lemontre
l’exemple
du terme "caractère chinois". Enchinois, langue monosyllabique,
un motcorrespond
à unesyllabe
et à un caractère. Enjaponais,
un caractère peutcorrespondre
à unmot
polysyllabique.
Ainsi leconcept
"sud"s’écrit yj
dans les deuxlangues,
mais se prononcenan en chinois et minami en
japonais,
sauf dans les motscomposés,
où lejaponais
utilise laprononciation
chinoise(plus
ou moinsapprochée) :
"sud-ouest" se dit seinam enjaponais,
xinan en chinois et s’écrit
1,b it
dans les deuxlangues.
La
logique
combinatoire peutégalement s’appliquer
auxsyllabaires japonais
Hirakana etKatakana servant à écrire les
particules
ou les terminaisons de verbes(dont
la racine est écrite encaractère chinois
Kanji)-.
Les "Kana"permettent
de transcrire tout motjaponais
en Hirakanaet tout mot
étranger
enKatakana, phonétiquement, syllabe
parsyllabe.
Ils peuvent aussiindiquer
laprononciation
d’un caractèreKanji.
Enfin,
lalogique
combinatoire peut s’étendre auxhexagrammes
du Livre desMutations,
leYijing (souvent
transcritYi-King), proto-écriture
de la ChineAntique (cf.
note2).
1. SPECIFICITE DES CARACTERES CHINOIS
Comme toute
écriture,
les caractères chinois ont évoluédepuis
leur inventionjusqu’au
momentoù, pratiquement
fixés dans leur formedéfinitive,
ils n’ont connu que des rectificationsplus
oumoins
épisodiques, parfois draconiennes,
ramenant lesgraphies inadéquates,
déformées oufantaisistes,
dans le droit chemin tracé par unsystème
detranscription morphique
auxrègles précises.
Les formesstylisées répondant
à cesrègles
ne laissent pas devinerl’origine pictographique
des caractères etcependant,
non pas retour aux sources maispouvoir matriciel,
la tradition considère "lapeinture
comme dérivée de lacalligraphie
et de moindreprestige qu’elle".5
Il est vrai que,
composés
dequelques traits,
les caractères conservent une valeur structurelle de schémaspicturaux.
Contrairement aux écrituresalphabétiques,
cette structuremorphique
visuellement
prégnante ajoute
à la valeursémantique
des mots écrits et la recherche de "la bonne forme"prise
dans toutel’acception
du terme, concerne lecompositeur
de caractères comme lecalligraphe.
Leslettrés,
ministres ou empereurs décidentinfine
du choix et de la combinaison des éléments ducaractère,
non sanspréoccupation esthétique :
l’écriture faitpartie
des "six arts"au même titre que les
mathématiques
et lamusique.
Au cours del’apprentissage,
l’élèveapprend
encore de nos
jours
à tracer sur unpapier, quadrillé
comme pour le dessin au carreau, des caractèreséquilibrés
par laproportion
harmonieuse de leurséléments,
rendant le mouvement par5 François Cheng, Vide et plein, Paris, Seuil, 1979, p.45.
les
pleins
et lesdéliés,
faisantjouer
le vide et leplein
par le contraste de l’encre et du support. Et lespoètes contemporains
ne manquent pasd’ajouter
à lamusique
des mots la création d’allitérations visuelles endisposant
dans le texte des caractères dont la formepotentialise
concrètement la
suggestion poétique.
Unpoème
chinois ne se "dit" passeulement,
il seregarde
aussi. Pouvoir des formes d’une écriture dont
chaque
caractèrerépond
en mêmetemps
auxnormes d’un
système.
Etchaque
modèle réitéré indéfinimentdepuis
des siècles continue pourtant àpréserver
lapérennité
d’une"image" idéographique structurée,
aux combinaisons formellescalculées,
mais aussipouvoir
des formes auximplications d’in-formation
socio-culturelle
spécifique. L’épistémologue
ne manque pas de lesouligner :
"n’allons pasimaginer que de
tracer des traits soit uneopération facile, anodine, arbitraire".6
De
fait,
loin d’être unejuxtaposition rhapsodique
detraits,
les caractères chinois fontpartie
d’un
système morphique,
combinatoire de traitsélémentaires,
tout comme les mots d’unsystème alphabétique,
combinatoire de lettres. La différence tient à ce que lerésultat,
le motécrit,
consiste en unetranscription sémo-morpho-logique
dans lesystème idéographique chinois,
etsémo-phono-logique
dans lesystème alphabétique.
Classement des caractères
Parmi les décisions
importantes prises
pour maintenir la cohérence dusystème,
lutter contre laprolifération
excessive de caractères élaborés sansgrand contrôle,
il faut citer celle de l’unificateur de la ChineQin Shihuangdi.
En 213 A.C. il ordonne l’autodafé des livres et uneréforme de l’écriture.
Chargé
de lamission,
son ministre Li Si non seulementimpose
une formed’écriture pour les
scribes,
mais encorepublie
uncatalogue
de 3 300caractères,
danslequel
"l’auto-régulation"
dusystème s’opère
encomposant
les mots nouveaux àpartir
defigures primitives
existantdéjà
et les anciens caractèresrecomposés... parfois
"sous une formeerronée"7.
C’est à Xu Shenqu’est
dû le célèbre Shuowenjiezi,
c’est-à-dire"explication
desWen et
interprétation
desZi", composé
entre 100 et 120P.C., premier
dictionnairechinois,
encore utilisé
aujourd’hui.
LesWen x
sont les caractèresprimitifs,
les ZiÙ
lescaractères
composés,
formés de Wen ou de Wenet/ou
Zi. Xu Shen divise l’ensemble des caractères en sixcatégories
et les classe sous "540 clésrationnelles"7.
Les dictionnaires
classiques
actuels rangent les caractères sous 214 "clés" ou"radicaux",
ainsi
appelés
en raison du liensémantique
unissant enprincipe
la clé et le caractèreglobal :
sousles clés de l’arbre
~ , de
la femmedue
l’eau7k ,
de laparole ~
, sont mis descaractères
ayant
un rapport de sens avec celui de cesclés, qui
constituent bien ainsi des racinessémantiques
ou radicaux. Certaines clés sont souvent àgauche
du caractère~tB (.~,
,clé de la
soie),
au-dessus# (clé 4~ de l’herbe),
d’autres à droite -ei (clé
’1
ducouteau)
ou en-dessous.~~. ( -’/
clé dufeu). Quelques
cléscomportent
deux(parfois trois) graphies :
encomposition
avec d’autrescaractères,
le couteau o s’écrit leplus
6
François
Dagognet, Pour une théoriegénérale
des formes, Paris, Vrin, 1975, p.188.7 Caractères chinois, Wieger, Taïwan, Kuangchi Press,1972, p.6.
souvent il (comme plus
haut danset] ), le feu *-
s’écrit .../ et la main1- devisent
Ces écritures sont définies etindiquées
dans le tableau des clés.Catégories
etmorphogenèse
La
genèse morpho-sémantique
dusystème idéographique
chinoispeut
aussi êtreprésentée
par ordre decomplexité
croissante des combinaisons des traitset/ou
éléments(ensemble
detraits)
des caractères.
1 ° niveau : les Traits
2° niveau : les
Figures primitives
et lessymboles indicatifs
3 ° niveau : les
Logogrammes
4° niveau : les Caractères
idéo-phonétiques
Cette
présentation
permet uneapproche,
sansformalisation,
del’application linguistique
dela
logique
combinatoire.]’NIVEAU: les Traits
-
Catégories :
Tout caractère estdécomposable
en un nombrefini, ordonné,
de traitsfondamentaux. Ce nombre peut
aller,
pour un seulcaractère,
d’un traitunique
à 52 traits pour l’un des caractères lesplus complexes.
Sontcomptés
pour un traitélémentaire,
des traitscomme ~
(dian, point), - (heng, horizontal), 1 (shu, vertical),
etc., et leur combinaison deux à deuxcomme ( (piedian), ’’ (hengpie),
ou avec modification de forme parl’ajout
d’uncrochet,
ou encore d’unangle
brisé ou courbe(cf.
tableau 1 Les Traitsfondamentaux, p.1ü-l1).
Il estimportant
depréciser
que chacun de ces traits compte pour un seultrait,
parcequ’écrit
d’un seul trait deplume.
Lescalligraphes
disent "sans lever lepinceau".
La tradition retenait huit traitsfondamentaux,
se retrouvant dans le caractère71..
yongsignifiant
"éternel".Que
le nombre de traits fondamentaux ait varié avec le temps ou les auteurs negêne
en rien la combinatoire dusystème graphique
chinois. Le tableau 1 donne les traits dont on se sertaujourd’hui
pour chercher un caractère dans les dictionnaires. Parexemple -~- (nü, femme)
estcomposé
de 3traits : L
1 ertrait,
y2ème,
-- 3ème.-~
est aussi la clé 38~
de lafemme,
souslaquelle
sont classés par ordre croissant de traitsadditionnels,
les caractères pouvant avoir un liensémantique
avec leconcept
de la femme :fIn (nu, esclave)
est classé à la clé-jt
de lafemme,
et sous cetteclé,
dans la liste des caractères comportant deux traitsadditionnels,
ici x , c’est-à-dire ~ et ~ . Sous la clé 118 du bambou4f
en 6 traits estrangé rr (bi, pinceau)
avec 6 traits additionnelst’
°Les dictionnaires
bilingues
classent les caractères transcrits en lettres latines par ordrealphabétique.
D’autre dictionnaires par nombre total de traits du caractère. Lesystème
"clé +traits additionnels" se trouve dans les dictionnaires les
plus classiques.
Il est nécessaire de savoir compter le nombre de traits d’un caractère dont on ne connaît pas laprononciation
pour letrouver dans un dictionnaire ou pour consulter un dictionnaire sans
transcription.
Pour écrire un caractère correctement, le sens de
chaque
trait serarespecté :
un horizontalsera tracé de
gauche
à droite£IL ,
unoblique
descendant de droite àgauche J j (tableau 1).
Deux caractères différent
parfois
très peu aupremier
coup d’oeil. Ainsi lepremier
trait deL (wang, roi)
est unCheng
horizontal(mais
non "tracé à larègle",
lesprincipes d’esthétique
demandent de lasouplesse
dans letracé),
alors que1. (ren, flatteur) - (Dictionnaire
Riccin°2431)
commence par unpie 4e, ( )
traitoblique
descendantgauche.
De
même 4- (shou,
lamain)
encomposition
avecr 1 (men,
laporte)
pour donner4FI (men,
presser,pousser),
a pour 3ème traitun 4 ti,
traitoblique
remontant, alorsque 5Î (cai, capacité, aptitude)
a pour 3ème trait unpie ,~/ ,
traitoblique
descendant.3f cai, composé avec
men donneF*j
bisignifiant
"fermer". Il nes’agit
doncpas d’une
composition
de menf Î
avec un même caractèreplacé différemment,
mais decomposition
avec-f (shou, main)
ouavec t (cai, aptitude).
Ces traits élémentaires
possèdent
donc un nom,auquel correspond
un caractère-mot(comme
les chiffres4, 7,
3 peuvent s’écrire"quatre", "sept", "trois") qui
enindique
lasignification (tableau 1) :
au trait relevé /ti, correspond
le caractère~ ti signifiant
"tirer de bas en
haut",
dont la clésémantique
est lapartie gauche
ducaractère $ ,
clé de lamain. Au trait --
(heng, horizontal) correspond
le caractère~e
dont l’un des sens est bien"horizontal",
mais aussi "d’est enouest"8.
Ces déterminations de sens et d’écriture font que les traits ne sont pas desimples lignes informelles,
niidentifiées,
ni identifiables.- Ordre des traits et éléments : Un caractère est une suite ordonnée de traits. Cet ordre respecte les
règles
de l’écriturechinoise,
parexemple :
a)
les traits horizontaux se tracent avant les traitsverticaux,
sauf pour le dernier trait horizontal s’il n’est pas"coupé" : 1 (wang, roi)
s’écrit dans l’ordre - ~ 7JL
alors que~- (gan, offenser)
s’écrira -::7- -T- .
b)
un"jeté
descendant de droite àgauche"
se trace avant un"appuyé
descendant degauche
àdroite" : , ,
(ba, huit) s’écrit ~ /B
et3( ( fu, père) ~ ~ ~ ~ ~ .
c)
les éléments(groupe
detraits) possèdent également
un ordre d’écriture.1) sA (ming, brillant)
s’écrit 1 il FI ti8) e)] ig~ t3
c’est-à-dire d’abord lapartie gauche puis
la droite>1
.~M
c’est-à-dire d’abord la
2)
l’extérieur avant l’intérieur :1--fzj (yu, pluie) - ,- I~ ifi J~ ~~7 16 ifi ,
.3)
la clé163 chuo marche)
s’écrit en dernier :à (dao, voie, chemin)
. - ...J J .. -
2 °NIVEAU :
Pictogrammes
etsymboles indicatifs
Ce sont les caractères
simples,
oufigures primitives
sedécomposant
en traits fondamentaux et non en éléments ou groupe de traits pouvant constituer un autre caractère :8 Dès l’Antiquité, les Chinois s’orientaient par rapport au Sud. D’où le sens "d’Est en Ouest" pour le trait horizontal tracé de gauche à droite.
a) Pictogrammes : (che, voiture), -J(- (nü, femme), + (zi, enfant),
13(ri, soleil), ~ (yue, lune)
sont despictogrammes, représentations d’objets
concrets,stylisés
au fil du temps.
Dans * (mu, arbre),
le trait horizontal --symbolise
lesol,
le traitvertical
1
le tronc et les deuxobliques / %
les racines.L’objet
n’estplus
reconnaissable mais sasymbolisation
codée par lesrègles
d’écriturepermet d’apprendre
et de reconnaître le schéma dérivé. Sa valeur devientsignificative,
le caractèrearchaïque ÉÉ (shan)
signifiant
montagne est devenuL1 , toujours prononcé
shan et s’écrit en 3 traits :1 J- t1 .
Tableau 1 : Tableau des traits fondamentaux
b) symboles indicatifs :
ils transcrivent conventionnellement des conceptsindiquant
surtout despositions,
des gestes, des actions :-1. (shang, monter), r (xia, descendre),
t (zhong, milieu)
sont dessymboles
indicatifs.Pictogrammes
etsymboles primitifs
font intervenir laposition
des traits les uns par rapportaux autres pour rendre en
quelque
sorte"topo-logiquement"
lasignification
du mot. Ils sont detype
géométrique,
formés de traits et non de la combinaison deplusieurs
caractères. Mais certains caractères sont très difficiles à classer.Ainsi,
la tradition voitdans9 ~ (shang, monter),
lepictogramme stylisé
d’un hommedébout
sur le sol ..._, . Ce caractèrepourrait
alors entrer dans lacatégorie
deslogogrammes, qui
réunissent deux concepts pour en faire un troisième.9 Danièle Li Cheng Sheng, Contribution à l’Etude de la Pédagogie à la fin des Ming et au début des Qing, d’après l’0153uvre de Li Gong, Thèse de doctorat, Paris VII. Danièle Li Cheng Sheng est l’auteur de la calligraphie
de cet article.
3 °NIVEAU :
Logogrammes
Ils se
décomposent
en traitset/ou
caractèresprimitifs,
sans apportphonétique
de ceux-ci :chaque
caractèreprimitif
constitue un élémentsémantique
du nouveau caractère. Laprononciation
dulogogramme
estindépendante
de laprononciation
dechaque
élément. On peut noter " +’ "l’adjonction sémantique
d’un élément à un autre en tantqu’elle
constitue un caractèrecomposite
dont elleexplique
le sens, etindiquer
par " # " son effet. On peut écrire :On peut comparer
analogiquement
ces caractères à la formation d’un corps en chimie :Le nouveau mot,
composé
deplusieurs
caractères réunis en unseul,
constitue un caractère.Un élément
(ici )
est écritplus petit
quelorsqu’il
est utiliséseul,
comme caractèresimple :
dans un même texte,chaque
caractère doit "entrer" dans un même carré idéalt--- .-,
Le caractère
(ou
le corpschimique)
est lasynthèse
desconcepts
ou éléments mis en relation.On obtient un autre mot
(ou corps) qui
n’est pas seulement la somme desconstituants,
mais laconséquence
d’unerelation,
un nouveau conceptcomportant
despropriétés spécifiques,
amenant à une nouvelle définition.
Par le
signe
+’ utilisé dans lesexemples,
il convient donc d’entendre "être en relationsémantique avec...",
et non pas l’additionquantitative
d’un élément et d’un autreélément,
ou d’un ensemble de traitsajouté
à un autre ensemble de traits. La cohérence dusystème apparaît
aussi au niveau des relations
sémantiques
etsyntaxiques
internes des caractères.4 °NIVEAU : Les caractères
idéo-phonétiques
L’un des éléments
apporte
unepartie
du sens du caractèreglobal,
c’est la clé ou radical. Unautre élément donne la
prononciation (parfois plus
ou moinsapprochée)
du caractère. Cettecatégorie
de caractères constitue 80 à 90% des caractères chinois. L’élémentphonétique
peutapporter (ou non)
une contributionsémantique.
Pour ne pas entrer ici dans une formalisation de calcul des relations entre éléments et éléments - caractèreglobal,
on conservera par commodité la notation trèsgénérale
~ pourindiquer
l’effet de"+’’’,
, comme celui de11 + fl I1
Le tableau 2 montre comment peut se
décomposer
cettesymbolisation.
a)
L’élémentphonétique
apporte une contributionsémantique.
Les éléments ont entre eux unerelation
sémantique qui
sera notée +’ :Le tableau 2 montre que la relation entre les éléments et le caractère
global
est sémantico-phonétique.
b)
Un élément peut n’avoirqu’un
rôle purementphonétique,
c’est-à-dire ne pas apporter de contributionsémantique (ce qui
peut varier selon lesanalyses étymologiques
ou les élémentsnouveaux fournis par les découvertes
paléographiques,
mais cela nechange
rien à la consistance dusystème graphique).
Si on note " +" " la relation
phonétique,
nonsémantique
des éléments entre eux, on peut écrire :Il est intéressant de remarquer
qu’un
élémentphonétique peut
conservercependant
unecharge sémantique
parsa forme,
notamment dans leshomophones.
La discrimination de sens se fait par la différence de l’élémentphonétique :
1
Les deux caractères ont le même
radical â ,
seprononcent
tous les deuxshi,
les élémentsphonétiques
lesdistinguent
par leurgraphie
différente. La relation de cet élément au caractèreglobal
est"sémo-phono-morphologique".
Ces différentes combinaisons allant des traits aux
figures primitives puis
auxlogogrammes
pour aboutir aux caractères
idéo-phonétiques,
eux-mêmes formés de traitset/ou figures
primitives
ou delogogrammes (prenant
alors valeur de sens ou deson),
mettent aujour
lacomplexité
croissante de l’élaboration dusystème.
Maisapparaît
alors l’ouverturepermanente
decelui-là,
fondée sur lapossibilité
de créer sans cesse de nouveaux caractères àpartir
de traits etd’éléments existants. Le tableau 2 résume la
morphogenèse
des caractères. Cequi
peut êtreschématisé,
par ordre decomplexité
croissante des combinaisons :1 °)
Eléments fondamentaux : les traits : -2°) Pictogrammes
etsymboles
indicatifs3°) Logogrammes
4°)
Caractèresidéo-phonétiques
Tableau 2. Les caractères chinois : combinatoire et
système
de formes10 Conjonction : "on a a et on a b".
2. APPLICATION DE LA
LOGIQUE
COMBINATOIRE AUX CARACTERES CHINOISL’application linguistique
de lalogique
combinatoire à l’écriturealphabétique
peut s’étendreanalogiquement
à l’écriture chinoise. Sont utilisés les combinateurs"réguliers" I, K, W, C,
B(voir
note2),
les lettres minuscules a,b,
c,d, ...,
del’alphabet latin, désignant
des"arguments"
qui,
enapplication
à lalinguistique
deslangues occidentales, correspondent
aux lettres des motsfrançais, anglais, italiens,
... ou de toute autrelangue
utilisant unalphabet (latin,
mais aussigrec,
cyrillique, ...).
Ces minuscules serontégalement
attribuées aux traits des caractèreschinois,
ceux-ci étant considérés comme desgraphèmes correspondant
aux lettresl1. Desexemples
de motsfrançais
et de caractères chinoispeuvent
être mis enparallèle
et formalisésselon les
règles
de lalogique
combinatoire. Pour mieux faire ressortirl’analogie
de lacombinatoire dans les deux
écritures,
les motsalphabétiques
et lesidéogrammes
choisis dans lespremiers exemples
auront le même nombred’arguments,
cequi
permettra d’étudierl’effet
detel ou tel combinateur et l’identité des formules résultant
d’opérations
semblables en chinois et enfrançais.
Pour ce
faire,
il convient depréciser
cequi
sera considéré commeanalogue
dans les deuxlangues,
les notions de linéarité et despatialité,
ainsi que lacompatibilité
de certainesrègles
del’écriture chinoise avec la
logique
combinatoire.Linéarité -
Spatialité -
Notion d’ordreL’écriture
alphabétique
est linéaire en ce sens que les mots sontcomposés
de chaînes de lettres écrites les unes à la suite des autres, sur uneligne
droiteimaginaire
ou tracée. Mais il est évident que ces lettresalignées
ont chacune un "dessin"spécifique,
donc une certainespatialité
permettant de
distinguer
une lettre d’une autre, faute dequoi règnerait
laplus grande
confusion.Si la
représentation graphique
d’un son fonde bien lessystèmes alphabétiques,
onremarque toutefois une certaine
souplesse
dans lerapport "son-graphisme"
d’unetranscription phonétique
d’une part, et combinaisons de lettres d’autre part. Eneffet,
un mot occupe bienune
surface,
uneforme
sedégageant
sur unfond
mais certaines lettres nonprononcées
fontpartie
des élémentsvisuels,
déterminant par leur seuleprésence
la formeglobale
du mot : enfrançais,
h au début de certains mots, e, muet, ent desverbes,
t et d dans lait et laid. Bien que muettes, ces lettres peuvent recouvrer une valeursémo-phonétique
pour entrer dans des combinaisons de mots.Inversement,
le son que transcritthéoriquement
une lettre del’alphabet peut
ne pas intervenir dans les combinaisons : la lettre ianglaise
sera utilisée entant que
graphème i,
bien queprononcée
différemment dansbird,
live ou life. Il en sera demême pour d’autres
graphèmes qui
seront traitésindépendamment
de la modificationphonétique apportée
à leurprononciation originelle
et à celles de leurs voisines : lavoyelle
u(aube, joue, lueur,
guerre,gageure)
ou encore la conson«c cprononcée "tch",
"sh" ou "K" en11 L. Thomas, Cours de linguistique, Université Jean Moulin, Lyon III,1984-1985, p.9.
italien et g, s ou k en
français,
seront utilisées sans tenir compte de leurprononciation
dans lemot dont elles viennent
(second 9 nonces).
En
chinois,
la forme des traits estimpliquée,
sans intervention de leurprononciation individuelle,
pour transcrire tel schémasémantiquement
etphonétiquement signifiant.
Uncaractère connu se lit
globalement
et non trait partrait,
sauf nécessité deprécision.
Au niveau strict de la
combinatoire,
seule entre enjeu
lacatégorie
des traits. Ce sont les traits fondamentaux définis audépart (crochet, horizontal, vertical...) qui
peuvent êtredoublés, triplés
ousupprimés
par les combinateursW,
K...La taille de traits de même
catégorie (3 horizontaux,
2verticaux, ...)
dans un mêmecaractère n’intervient pas en
combinatoire,
tout comme il est fait abstraction des différentesprononciations
d’une même lettre dans un même mot(femme).
C’est seulement au niveau de lasémantique
que la taille des traitsintervient,
pourexprimer
visuellement la discrimination de deux caractères : -1:.(tu, terre)
et ~(shi, lettré)
s’écriventrespectivement - t :t.
et-
+ ~ , soit,
dansl’ordre,
un traithorizontal,
un trait vertical et un trait horizontal.Donc,
mêmescatégories,
même nombre detraits,
écrits dans le même ordre. La taille différente des traits constitue bien unsigne diacritique permettant
de différencier deux concepts dontl’expression
est par ailleurs semblable. On retrouve cette mêmepossibilité
de distinction enfrançais, grâce
aux accents : côte etcoté,
maçon et Macon. La distinction devientphonétique,
sans
repère visuel, quand
elle est due à laprononciation
différente d’une même lettre pour deuxmots de
graphie identique :
live(liv)
enanglais, signifiant
"vivant" et live(laiv)
"vivre".La même remarque
peut-être
faite sur l’intersection(ou non)
de certains traits. Dans des caractères comme W3(tian, champ)
ett9 (you, liberté), ordre,
nombre etcatégories
detraits sont les mêmes : t B1 ,=1 1:f1 U3 pour tian et 1 1-7
V17 1$Q Ô3
pour you. En dehors de laprononciation,
la distinctionsémantique
est là encorevisuelle, puisque
seul le 4ème trait1
, vertical coupant ou non le 2ème trait1 ,
permet de déterminer le sens du caractère.En dernière
analyse,
cesexemples
montrent que dans lesystème
deformes
de l’écriturechinoise,
la taille différente de traits de mêmecatégorie
et l’intersection ou non de certainstraits,
constituent dessignes diacritiques
visuels au même titre que les accents ou autressignes
distinctifs d’une écriture
alphabétique.
Les accentstoniques,
lesprononciations
différentes d’une même lettreexpriment analogiquement
despossibilités phonétiques
de discriminationsémantique.
Enfin,
la forme ducaractère,
son tracé est loin d’exclure toutelinéarité,
au contraire. La linéarité chinoisecependant
se différencie de celle de l’écriture occidentale par le tracé nonhorizontal de la suite de traits composant un caractère. Mais il
s’agit
bien d’unesuite,
même si dans l’écriturerégulière
KAI SHU(apprise
enclasse,
utilisée dans leslivres,
lesjournaux
etétudiée
ici), chaque
trait est tracéséparément,
comme le sont les lettres dans l’écritured’imprimerie.
Stricto sensu, on peutparler
d’une "suite discrète" de traits ou de lettres dans les deux cas et non de continuité. On pourracependant
entendre par linéarité en chinois cettecontinuité idéale
qu’impliquent
lesrègles
de l’écriture : même pour un caractère comme~L (bei, nord),
où les deux éléments sont "dos àdos", les
traits sont non seulement écrits dans un ordreprécis,
mais encore celui-ci relève-t-il du souci d’un ordrenaturel,
instaurant"une
passerelle"
entre les traits " pourqu’il
y ait une continuité dans larupture" 12.
"Passerelle"immatérielle du geste de la main et du
pinceau,
dont le tracé invisible suit uneligne idéale,
abolissant la rupture
apparente
des traits. Cette linéarité nonfantaisiste,
nonaléatoire,
maiscodée, apparaît plus
nettement dans les écriturescursives,
où iln’y
apratiquement
pas de solution de continuité entre certains traits :ô (yi, pensée)
en écriturerégulière kaishu,
et.
en cursive.
,:,
Un caractère constitue donc une suite ordonnée de
traits,
comme le mot une suite ordonnée delettres,
cequi
conduit à tenir compte du rang dechaque
trait dans la succession des traitsqui
composent
uncaractère,
et à faire abstraction comme dans les mots, de laspatialité
des éléments.Il
apparaît
ainsi que lesrègles
de l’écriture chinoisepermettent d’appliquer
à un caractère lesprocédés
de lalogique combinatoire, procédés
au demeurant difficilementapplicables
à untableau,
voire à undessin,
tant que les conditions d’ordre des données demeurentincomplètement
satisfaites : en tant que"dessin",
les traitsde à
peuvent se tracer dansn’importe quel
ordre. Mais dès l’instant où les éléments de base de"l’objet
~- " sont mis enrelation
d’ordre,
l’étude sur les données initiales dusystème auquel appartient
cetobjet
devientopérationnelle.
Etude formelle au senslogique
cettefois, indépendante
du contenu,indépendante
de la
position
dessignes
dansl’espace,
au sens où lesprocédés
de lalogique
combinatoirecorrespondent
à une recherche de"modélisation", grâce
à certaines constantes, de combinaisonsd’objets
indéterminés. "Simulation" enquelque
sorte de cequi
se passe dansles faits,
c’est-à-dire les formes
physiques, concrètes,
que sont leslangues
écritesalphabétique
et/ouidéographique.
La forme du caractère
reprend
sa valeursémantique
par ladisposition
de seséléments,
comme en
géométrie
untriangle
estformé,
pardéfinition,
de trois droites concourantes. La notion d’ordre des éléments du caractère introduitcependant
une différence entre caractère etfigure géométrique, puisque
rienn’oblige
à tracer untriangle rectangle
en commençant parl’hypoténuse
ou par l’un de ses autres côtés. En revanche un ordre devra être donné auxéléments si l’on veut étudier la combinatoire permettant d’aller d’un
triangle rectangle,
parexemple, , à
b unrectangle
doublant les arguments a et b.b
Combinateurs 1 K W C
B,
lettres et traits.Les
propriétés
des combinateursI, K, W, C,
B seront conservées(cf.
note2)
dans leurapplication
aux caractèreschinois,
c’est-à-dire l’actionspécifique
de chacun et lapropriété
commune aux combinateurs
"réguliers"
de laisserinchangé
le ler argument(1"’effet"
seproduisant
sur tout autre argument quecelui-là,
sauf pourI,
selon lecombinateur,
lapuissance
et l’action à distance éventuellement
utilisés).
Auxminuscules a, b,
c, d...correspondront
les12 Introduction à la calligraphie chinoise, Edition du Centenaire,1983,
p.27.
1er, 2e, 3e,
4e ... traits d’uncaractère,
comme onpeut appeler a, b,
c,d,
les1er, 2e, 3e,
4e...lettres d’un mot
alphabétique
enlogique
combinatoireappliquée
à lalinguistique
deslangues
occidentales. Les
règles
de l’écriture chinoisepermettent
de différencier les traits les uns des autres, aussi un traitoblique
remontant ti nepourra-t-il
être substitué à un traitoblique
descendant
ko ~pie).
Il semble donc que l’on
puisse parler
pour l’écriture des caractères chinois d’unlangage formel, équivalent
à un"alphabet".
Les traits peuvent d’ailleurs êtreépelés
comme onépèle
unmot et le maître
enseigne
parexemple
que tel caractère commence parheng
- et non unpie
.COMBINATEUR 1
Exemple
1 : Soit le mot"pair"
et lecaractère 1 (wang, roi).
Si onappelle
a,b,
c, d les 4 argumentsp, a, i,
r et les 4 traits écrits dans l’ordreréglementaire
de1
wang, on obtient :Exemple
2 : Soit le mot "marin" et le caractèreLe combinateur I obtient une combinaison
identique
à la suite terminale.COMBINATEUR K - L’effet du combinateur K consiste à
supprimer
le secondargument : Exemple
1 : Apartir
des mêmesexemples pair (wang, roi),
il estpossible
d’obtenir air et à
(tu, terre),
ensupprimant
lepremier argument,
soit lalettre p
et lepremier
trait de wang.Pour
cela,
il suffit d’introduire le combinateurI,
transformant ainsi lepremier argument
dechaque
suite en second argument, surlequel agira
K :c’est-à-dire,
enremplaçant
les arguments par les lettres ou traitsqui
leurcorrespondent :
1
Il y a bien identité de combinatoire pour aller de la suite initiale à la combinaison
désirée,
bien que le contenu soit différent d’une
langue
à l’autre.Exemple
2 : On peut utiliser lapuissance
des combinateurs :Dans les deux cas, il faut
supprimer
lespremiers
et deuxièmes arguments :-1- -4- -1
COMBINATEURS B ET W : Le combinateur W permettra de
redoubler,
soit untrait,
soitun élément en introduisant B pour lier
plusieurs
arguments.1) -
Redoublement d’un trait :-
Le redoublement de la troisième lettre ou du troisième trait a
permis
de passer de cane àcanne et
de 8 à B3
.2) -
Redoublement d’un élément.Procédure A - Il est
possible
deprendre
le caractère~’
comme élément regroupant trois traits par l’effet du combinateur B. Cet élément sera ensuite redoublé "en bloc" par l’action du combinateur W. Ces deux éléments sont traités alors comme la combinaison de deuxmonèmes, analogue
à la combinaison redoublant le motfrançais
cri : cri -7 cri - cri :~ ..~~.
On
applique
à nouveau B sur ce résultatpartiel
et on obtient dans les deux cas :on introduit W et son effet sur le second argument :
il suffit de
supprimer
lepremier
argument surnuméraire par KI :On peut considérer la suite
abc(abc)
comme étantanalogue
à un motcomposé :
le traitd’union
n’ayant
pas de notationsymbolique
enlogique
combinatoire(pas plus qu’en chinois),
cette formulation marque lerapprochement
des deux éléments en écriturerégulière
Kai-shu.Procédure B - On peut vouloir mettre en relief la combinatoire de traits
(abstraction
faite del’espacement
deséléments),
c’est-à-direprendre
le caractère comme un toutcomposé
d’unesuite ordonnée de traits pouvant se redoubler avec la continuité
caractéristique
de l’écriturecursivel3, italique
occidentale ou cursivechinoise,
mettant ainsi l’accent sur le résultatconceptuel, plus
que sur les composants :Puis on
applique
BW sur aabc pour les deux formulesidentiques
obtenues :13 Continuité sous-entendue dans l’écriture Kai-shu même si les traits sont en fait séparés.