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Submitted on 1 Jan 1965
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L’optique non linéaire
J.-C. Canit
To cite this version:
J.-C. Canit. L’optique non linéaire. Journal de Physique, 1965, 26 (7), pp.433-440.
�10.1051/jphys:01965002607043300�. �jpa-00205990�
MISE AU POINT
L’OPTIQUE NON LINÉAIRE
Par J.-C. CANIT,
Laboratoire d’Optique Physique, E. P. C. I.
Résumé. 2014 La mise au point de sources lumineuses de très haute puissance (LASERS) permet l’investigation du domaine de l’optique où les phénomènes ne dépendent plus linéairement des
champs électriques ou magnétiques. En particulier la polarisation du diélectrique peut être expri-
mée comme une fonction quadratique du champ électrique, ce qui conduit à l’émission d’un
rayonnement harmonique du rayonnement incident.
Sur le plan théorique ces phénomènes sont encore mal connus et souvent très difficiles à inter-
préter. Nous les examinerons à l’échelle microscopique (pour étudier le couplage entre les rayon- nements incidents et induits dans la matière).
Sur le plan expérimental de très nombreuses recherches ont été effectuées ; elles concernent des recherches des conditions favorables à l’obtention du second harmonique, des recherches systé- matiques de corps permettant l’obtention de taux élevés de second harmonique, et des recherches
très diverses permettant de mieux interpréter les phénomènes non linéaires.
Abstract. 2014 The timing of light sources of very high power permits investigations into the
field of optics where phenomena no longer depend linearly on the electric or magnetic fields.
In particular, the polarisation of the dielectric can be expressed as a quadratic function of the elec- tric field which leads to the emission of a harmonie radiation of the incident radiation.
Theorically these phenomena are as yet relatively unknown and often difficult to understand.
We shall examine them microscopically in order to discover their origin and also macroscopically
in order to study the linking between incident radiation and induced radiation.
On the expérimental side, very many experiments have been carried out. These experiments
consists of research for conditions favorable for obtaining the second harmonie, of systematic
studies of substances which permit high proportions of the second harmonic to be obtained and also of very varied research with a view to obtaining a better understanding non-linear phenomena.
PHYSIQUE 26, 1965,
Introduction.
-Voici quatre ans, Franken et ses collaborateurs [1] montrerent que d’une lame de quartz
traversee par le faisceau lumineux intense d’un laser A rubis, il sortait un rayonnement ultraviolet de pul-
sation 2w double de celle co de l’onde laser.
Ce phenomene n’est pas explicable par les theories
classiques de l’optique ou toutes les grandeurs sont des
fonctions lin6aires du champ electrique ou magnetique.
Par exemple, la polarisation d’un dielectrique soumis
A un champ electrique E est d6crite par 1’6quation :
L’effet mis en evidence par Franken se réfère a ce
que nous appellerons l’optique non linéajre, c’est-a-dire a des phénomènes anectant la propagation de la
lumi6re et dependant d’une puissance autre que la pre- mi6re puissance du champ electrique ou magnétique.
Ainsi, si l’on suppose que la polarisation est une
fonction quadratique du champ electrique, une onde
de pulsation (ù va creer des polarisations du di6lec- trique de pulsation w et 200. En effet, si nous posons :
nous avons :
Or, nous savons qu’une polarisation 2w creee dans
le diélectrique rayonne de 1’6nergie a la pulsation 200.
Les phenomenes non lineaires n’6taient cependant
pas des effets inconnus dans le domaine optique. Dans
le cas de 1’effet Faraday, par exemple, le champ elec- trique d’une onde lumineuse cree une polarisation du
milieu qui est fonction du champ magn6tique applique
P
=1(-P,B). D’apr6s la definition recedemment donn6e, il s’agit d’un effet non lineaire.
On sait que pour la plupart des atomes ou molecules
en 1’absence de champ excitateur, le moment dipolaire electrique est nul. L’application d’un champ electrique
modifie la r6partition electronique, le centre des charges negatives ne coincide plus avec le centre des
charges positives, il en resulte un moment dipolaire.
Ce moment dipolaire depend lin6airement de la dis- tance des centres des charges positives et negatives.
Si le champ applique est faible, cette distance lui est
proportionnelle. Ce moment dipolaire s’ecrira :
Si le champ electrique croit, on montre que la dis- tance des centres des charges est une fonction quadra- tique du champ electrique. Le moment dipolaire
s’6crira :
On estime que le rapport f3/a. est voisin de EIE,T [2], ou Eat est Ie champ atomique interne agissant sur les electrons, il est de l’ordre de 3 X 108 volts par centi- m6tre.
Or, les sources lumineuses classiques ont des champs
maximaux de quelques dizaines de volts par centi- m6tre. La puissance rayonnee dans le mode 2w, 6tant proportionnelle au carr6 de la polarisation, est envi-
ron 1014 fois plus petite que celle du fondamental. Ce
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01965002607043300
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phenomene est tres difficilement decelable. Par contre,
les lasers donnent des champs qui atteignent quelques
centaines de milliers de volts par centimetre. Ces effets
ne sont plus alors negligeables. Ces phenomenes non
lineaires sont etudies soit dans Ie cadre de la meca-
nique quantique a 1’6chelle microscopique, soit a I’aide
des theories classiques d’electromagnetisme qui per- .mettent d’etudier Ie couplage des ondes induites dans
1 a matiere.
Parall6lement a ces etudes theoriques, les devançant
ou les confirmant, de nombreuses recherches experi-
mentales ont ete realisees.
Nous nous proposons de preciser 1’etat de ces re- cherches, tant th6oriques qu’experimentales.
I. Introduction ph6nom6nologique des effets non
lin6aires.
20131.1. EQUATION DE POLARISATION NON
LINEAIRE. -Apartir de telles considerations montrant 1’existence d’harmoniques et par analogie avec les phenomenes connus en radioelectricite, nous pouvons introduire phénoménologiquement les termes de pola-
risation non lineaires [3], [4].
Nous rappelons que les indices 0 indiquent des champs statiques, les indices w des champs sinu-
soidaux. Nous poserons :
est un effet de polarisation continu d’un dielectrique
represente la polarisation lin6aire du dielectrique.
repr6sente I’activit6 optique.
represente l’effet Pockels linéaire.
represente 1’effet electro-optique de Kerr ou 1’effet
Pockels quadratique.
represente les effets Faraday et Voigt.
represente l’offet Cotton Mouton.
represente la variation de l’indice en fonction de l’in- tensit6 de l’onde.
represente le second harmonique.
represente le second harmonique, dans les cristaux ayant un centre de symetrie.
represente la generation du second harmonique induit
par un champ electrique.
represente la generation du second harmonique induit
par un champ magnetique.
represente la generation du troisieme harmonique.
1.2. REMARQUE SUR L’EQUATION DE POLARISATION NON LINÉAIRE.
-L’effet Kerr est bien connu lorsque
le champ electrique creant 1’effet est continu ou de
basse frequence. Mayer et Gires [5] d’une part, Maker,
Terhune et Savage [6] d’autre part, ont montre que 1’effet Kerr subsiste si le champ electrique le er6ant
est celui d’une onde lumineuse.
Ainsi, le terme de polarisation non lineaire X7 Eco Ew EW pourra repr6senter 1’effet Kerr. Les coef-
ficients Z7 et Z4 ne seront donc certainement pas ind6-
pendants.
Le produit Eca Ew Ela intervenant a la fois dans
1’expression de Pw et P3W nous voyons que la g6n6-
ration du troisieme harmonique (terme en X12) n’est
pas ind6pendante de la variation de l’indice avec l’in- tensite de 1’onde traversant le dielectrique (terme en x7).
- Tous les Xi ecrits pr6c6demment ne sont donc pas
independants. Ward et Franken ont, dans un article
recent [7] montre comment relier 1’effet de polari-
sation continue a 1’effet Pockels lineaire.
1.3. AUTRES PHÉNOMÈNES NON LINEAIRES.
-D’autres ph6nom6nes non lin6aires existent, que nous n’avons pas inclus dans le developpement precedent.
Nous en signalerons quelques-uns :
- L’absorption de deux photons [8] a [12].
-Si un
corps pr6sente une transition AE tel que
il y aura possibilite d’absorption simultanee des deux
photons V1 et v2. Le phenomene fut observe dans l’iodure de potassium qui absorbe un photon rouge
(laser a rubis) et un photon UV [8]. Remarquons que la production d’harmonique peut se repr6senter comme I’absorption de deux photons v et réémission d’un
photon 2v, mais par opposition avec le phenomene qui
a lieu dans l’iodure de potassium, il ne s’agit pas d’une transition r6elle de I’atorae entre deux niveaux 6ner-
g6tiques spectroscopiques.
-
La diffusion de la lumière par la lumière due à
une non lin6arit6 du dielectrique [13], [14].
- L’absorption d’un milieu, sa densité optique
variant en fonction de l’intensit6 de la lumi6re le tra- versant [15].
-
Les générations d’ondes acoustiques dans un, milieu
traverse par des ondes laser [16] a [20].
- Les effets de dépolarisation aux surfaces des
solides [21].
-
Les interactions de la lumière dans le vide. Les theories quantiques permettent de pr6voir la diffusion
de la lurni6re par la lumi6re ou par un champ electrique (effet Delbrück) dans Ie vide ; ces effets ne sont compa- tibles avec les equations de Maxwell qu’en ne lin6ari-
sant pas ces derni6res. Signalons 1’etude r6cente de
Harutyunian [22] qui montre que l’interaction dans le
vide d’un photon rouge (laser a rubis) d’energie 1,78 eV avec un photon d’energie 6 X 109 eV, doit
Atre
possible a mettre en evidence grace a la produc-
tion de photons de plusieurs centaines de MeV. Quant
a McKenna et Platzman [23], ils presentent une 6tude theorique de la collision in6lastique de deux photons
dans le vide en presence d’un champ electrique sta- tique.
1.4. EFFETS PARAMÉTRIQUES ET EFFETS IND UITS.
-Notons aussi que l’on peut classer les phenomenes pr6- cedents en effets dits parametriques et en effets dits induits. Plusieurs ondes de fr6quence vi er6ent un
moment dipolaire a une frequence diff6rente du type Eni vi : on dit qu’il s’agit d’un effet param6trique. Le
doublement de frequence est un tel effet.
L’autre possibilit6 est la modification de la suscepti-
bilit6 du milieu par une onde, ce qui induira a une frequence quelconque un effet (par exemple d’absorp- tion) qui sera dit induit. L’absorption de deux photons,
les effets Kerr, Raman... sont de tels effets.
Nous nous limiterons, dans ce qui suit, a 1’etude des effets non lineaires paramétriques, tels que nous venons
de les définir et, de plus, ou toutes les pulsations inter-
venant sont du domaine optique. Nous eliminons ainsi 1’etude du battement lorsqu’il est considere comme g6n6rateur d’hyperfrequence [24], [28] ou d’une pola-
risation continue [29].
II. Introduction quantique des effets non lin6aires-
-