• Aucun résultat trouvé

Approche microéconomique de l'analyse de la performance des systèmes financiers dans les pays en développement : cas du Burkina Faso

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Approche microéconomique de l'analyse de la performance des systèmes financiers dans les pays en développement : cas du Burkina Faso"

Copied!
265
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: tel-01062171

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01062171

Submitted on 9 Sep 2014

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Approche microéconomique de l’analyse de la performance des systèmes financiers dans les pays en

développement : cas du Burkina Faso

Issiaka Sombié

To cite this version:

Issiaka Sombié. Approche microéconomique de l’analyse de la performance des systèmes financiers

dans les pays en développement : cas du Burkina Faso. Economies et finances. Université d’Orléans,

2013. Français. �NNT : 2013ORLE0502�. �tel-01062171�

(2)

UNIVERSITÉ D’ORLÉANS

ÉCOLE DOCTORALE SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIETÉ LABORATOIRE D’ECONOMIE D’ORLEANS

THÈSE présentée par :

Issiaka SOMBIÉ

soutenue le : 5 décembre 2013 à 14h00

pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université d’Orléans Discipline/ Spécialité : Sciences Economiques

APPROCHE MICROECONOMIQUE DE L’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DES SYSTEMES FINANCIERS DANS LES PAYS

EN DEVELOPPEMENT : CAS DU BURKINA FASO

THÈSE dirigée par :

Christian RIETSCH Maître de Conférences, HDR, Université d’Orléans

RAPPORTEURS :

Jean-Pierre LACHAUD Professeur, Université de Bordeaux IV

Célestin MAYOUKOU Maître de Conférences, HDR, Université de Rouen ____________________________________________________________________

JURY :

Jean-Pierre LACHAUD Professeur, Université de Bordeaux IV, Président du jury Françoise LE QUERE Maître de Conférences, Université d’Orléans

Célestin MAYOUKOU Maître de Conférences, HDR, Université de Rouen

Christian RIETSCH Maître de Conférences, HDR, Université d’Orléans

Anne Gaël VAUBOURG Maître de Conférences, Université de Bordeaux IV

(3)

2

L’Université d’Orléans n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses ;

elles doivent être considérées comme propres

à leurs auteurs.

(4)

3

A mon père Gaoussou, à ma mère Aminata, à Mme Karidia SANON , à Irène, à

Adam’s et à Amy, je dédie cette thèse.

(5)

4

REMERCIEMENTS

Je voudrais très sincèrement et très particulièrement adresser mes vifs remerciements aux Professeurs Christian Rietsch et Anne-Gaëlle Vaubourg qui m’ont donné la chance de m’inscrire à l’université d’Orléans dans le cadre de ma thèse de doctorat au Laboratoire d’Economie d’Orléans (LEO). Votre constante disponibilité à m’encadrer, vos conseils utiles et avisés et surtout votre compréhension à mon égard m’ont été d’un atout précieux. J’ai beaucoup appris à vos côtés, aussi bien sur le plan académique que sur le plan social.

Je remercie messieurs et mesdames les rapporteurs et membres du Jury qui ont bien voulu consacré de leur temps à cette thèse. Mes remerciements vont également à tout le personnel administratif et enseignant du LEO, en particulier à Renée-Hélène Saliège, Cécile Chamaillard, Yvan Stroppa, Pascale Porée ainsi qu’aux Professeurs Anne Lavigne, Patrick Villieu, Jean-Paul Pollin et Raphaëlle Bellando.

Pendant mes différents séjours en France, j’ai pu compter sur certaines personnes à qui j’exprime ici ma profonde reconnaissance. Je pense particulièrement à mon frère Yacouba Sombié et épouse, à Stanislas Guéré, à Abdramane Diallo (Doura), à Franck Barro, à mes amis du LEO : Marahamadou Fall, Jude Eggho, Sessi Tokpavi, Chrysost Bangaké, Felwine Sarr, Aram Belhadj, Cheikh Ndiaye, Nabila Boukef, Hanène Henchiri, Denis Acclassato, Yannick Lucotte, Herel Jesus Obame du LEO, ainsi que tous les doctorants à qui je dis grand merci pour le joli cadeau offert à l’occasion de ma soutenance. Je n’oublie pas mes compatriotes burkinabè et alliés d’Orléans: Dramane Sanou, Aboubakar Diaby, Daouda Barro, Alkassim Bâ, Fabrice Beogo, Dabiré Kounsonibé, Alphone Da, Souleymane Sombié, Labasse Coumaré, Papou, ainsi que leurs épouses et enfants. Merci beaucoup pour votre soutien constant. Merci particulier à Cyrielle Fontaine et son bébé Elona Diaby.

En Afrique, n’eut été le soutien sans faille de mon adorable grande sœur et collègue

Mme Karidia Sanon, mon épouse Irène, mon oncle Bouba et son épouse Sénabou, le

Professeur Taladidia THIOMBIANO, Dr Damien Lankoandé, mon grand ami Joël Korahiré,

Alladari Traoré, Aline Zida, Abdramane Sow, Victor Zabré, Mme Konfé Haoua, Mme Justine

Kielem, ma famille : Ibrahim à Abidjan, Dri, Fatim, Yacouba Traoré, Mousso, Awa ma

grande, Haoua Toutsi, Maïmouna à Ouaga, ce serait « au revoir la Thèse ». Grand merci à

mon frère Adama aux USA qui m’a permis d’entreprendre des études universitaires. Merci…

(6)

5

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS --- 4

SOMMAIRE --- 5

RÉSUMÉ --- 7

ABSTRACT --- 8

INTRODUCTION GÉNÉRALE --- 9

PARTIE I : --- 15

CADRE THÉORIQUE D’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DES SYSTÈMES FINANCIERS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SUIVANT L’APPROCHE MICROÉCONOMIQUE --- 15

CHAPITRE I. ÉVOLUTION DU CADRE D’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME FINANCIER DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT. --- 16

1.1. LA LITTERATURE SUR LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS SOUS L’ANGLE DE L’ECONOMIE POLITIQUE. 17 1.2. L’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME FINANCIER SUIVANT L’APPROCHE FONCTIONNELLE. - 23 1.3. ANALYSE DE LA PERFORMANCE SUIVANT L’APPROCHE DU DEVELOPPEMENT FINANCIER. --- 38

1.4. L’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME FINANCIERSUIVANT L’APPROCHE MICROECONOMIQUE OU L’« APPROCHE PAR LES EFFETS DIFFERENCIES ». --- 48

1.5. CONCLUSION DU CHAPITRE --- 58

CHAPITRE II. MODELISATION DE L’APPROCHE MICROÉCONOMIQUE DE L’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME FINANCIER DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT --- 59

2.1. L’ANALYSE FONDEE SUR LES EFFETS DIFFERENCIES SELON LA TAILLE DES ENTREPRISES AU CŒUR DE L’APPROCHE MICROECONOMIQUE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME FINANCIER. --- 59

2.2. LE MODELE --- 70

2.3. CONCLUSION DU CHAPITRE --- 97

CHAPITRE III. MODELISATION DES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME FINANCIER DES PAYS EN DEVELOPPEMENT --- 99

3.1. LA REVUE DE LA LITTERATURE --- 100

3.2. LE MODELE --- 105

3.3. CONCLUSION DU CHAPITRE --- 132

PARTIE II : ÉTUDE DE CAS PRATIQUE : ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME FINANCIER BURKINABÈ --- 133

CHAPITRE IV : DYNAMIQUE DE L’INTERACTION ENTRE LE SYSTÈME FINANCIER ET L’ÉCONOMIE RÉELLE AU BURKINA FASO --- 134

4.1. PAYSAGE FINANCIER GLOBAL BURKINABE --- 134

4.2. LE SYSTEME BANCAIRE BURKINABE --- 137

4.3. LA DYNAMIQUE DU SECTEUR PRIVE DE PRODUCTION AU BURKINA --- 148

(7)

6

4.4. DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE :ANALYSE DE QUELQUES FAITS STYLISES

AU PLAN SECTORIELLE OU MICROECONOMIQUE --- 156

4.5. CONCLUSION DU CHAPITRE --- 162

CHAPITRE V. ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME FINANCIER BURKINA A PARTIR D’UN MODELE ÉCONOMÉTRIQUE --- 163

5.1. METHODOLOGIE DU MODELE ECONOMETRIQUE ET DES DONNEES --- 163

5.2. PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DE L’ESTIMATION DU MODELE --- 183

5.3. CONCLUSION DU CHAPITRE --- 191

CONCLUSION GÉNÉRALE --- 193

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES --- 201

ANNEXE : RESULTATS COMPLETS DES REGRESSIONS ECONOMETRIQUES --- 232

SIGLES ET ABRÉVIATIONS --- 253

LISTE DES TABLEAUX --- 258

LISTE DES GRAPHIQUES --- 259

TABLE DES MATIÈRES --- 260

(8)

7

RÉSUMÉ

L’objectif de l’étude est de proposer, suivant une approche microéconomique, des outils d’analyse théorique et empirique permettant de savoir si le système financier d’un pays en développement tel que le Burkina Faso contribue à la création des richesses de la meilleure manière possible. Au terme des travaux, quelques enseignements se dégagent. D’abord, sur le plan théorique, à partir d’un premier modèle proposé, il ressort que, compte tenu de leur nombre dans les pays en développement, les PME sont un maillon essentiel du dispositif de création de richesse et qu’alors, ils constituent le meilleur canal par lequel le système financier peut avoir le plus grand impact sur la croissance économique. Ensuite, un second modèle théorique montre comment dans les pays en développement, caractérisés par un environnement légal et institutionnel de mauvaise qualité, la performance du système financier est compromise. Sur le plan empirique, les résultats révèlent qu’au Burkina Faso, le fonctionnement du système financier n’est pas performant en ce sens que les branches d’activités de petite taille et par transitivité les PME, étant le meilleur canal de transmission du développement financier sur la croissance économique au Burkina Faso, ne sont pas conséquemment financées par les banques. Par ailleurs, il apparaît que dans ce pays, les banques butent dans leur fonctionnement sur le problème de la prédominance du secteur informel dans lequel se retrouve une grande partie des entreprises. C’est pourquoi, malgré le fait que les PME contribuent fortement à la création de richesses intérieures, les banques ne parviennent pas à faire d’elles, des partenaires privilégiés en termes de financement. Ces enseignements appellent à des recommandations de politiques ou de réformes à faire pour encourager la mise en place de structures d’intermédiation informationelle telles que les Centres de Gestion Agréée, les agences de reporting, les agences spécialisées en matière de communication financière des entreprises. Cela permettra de rendre optimale l’interaction entre les PME et le système financier.

Mots clés : Développement financier, PME, performance, optimalité, intermediation

informationnelle, système financier, pays en développement, croissance économique.

(9)

8

ABSTRACT

MICROECONOMIC APPROACH OF THE ANALYSIS OF FINANCIAL SYSTEMS OPTIMALITY IN DEVELOPING COUNTRIES: CASE OF BURKINA FASO

The purpose of this study is to propose, according to a microeconomic approach, some theoretical and empirical analysis tools which allow determining whether the financial system of a developing country (such as Burkina Faso) contributes to the creation of wealth the best way possible. So, we draw some lessons. First of all, on the theoretical level, from a first proposed model it emerges that, considering their number in developing countries, small and medium-sized enterprises (SME) are essential for creating wealth and then, they represent the best way through which the financial system can get the highest impact on economic growth.

Secondly, a second theoretical model shows how in developing countries, characterized by a legal and institutional environment of bad quality, the financial system optimality is compromised. On the empirical level, the results reveal that in Burkina Faso, the functioning of financial system is not optimum because the small industries and by transitivity the SME, being the best way of transmission of financial development on economic growth in the so called country , are not enough funded by banks. Elsewhere, it appears that in this country, banks in their functioning come up against the problem of the predominance of informal sector in which we find almost enterprises. That’s why, despite the fact that SME highly contribute to the creation of national wealth, banks don’t succeed on doing of them, privileged partners in terms of financing. These different lessons appeal to some political recommendations or reforms to be doing in order to boost the private sector in general and the SME in particular, on the one hand; and, on the over hand, the financial system, for the purpose of making optimum the interaction between those different economic agents.

Keywords: financial development, SMI, performance, informational intermediation,

financial system, developing countries, economic growth.

(10)

9

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Les conclusions des rapports annuels successifs de la Commission de l’UEMOA

1

sont évocatrices de la problématique de la performance

2

du système financier dans les pays en développement et particulièrement de ceux de l’espace Union dont le Burkina Faso est membre. Elles révèlent que la situation économique et financière des États membres de l’Union n’est pas bonne au regard du faible niveau de la croissance économique (3,4 % en moyenne) dû aux effets de la décélération de l’activité économique dans la plupart des États depuis 1999. Ainsi, il apparaît que l’un des principaux défis que l’Union doit relever pour corriger sa croissance économique est de renforcer le rôle du secteur privé, d’accroître le volume de ses activités et leur impact sur le développement. Malgré la vague de libéralisation économique des années 90, le secteur privé manque toujours du dynamisme nécessaire pour impulser une croissance économique forte, capable d’améliorer les indicateurs de développement socio-économique de la sous-région.

Ce constat pose alors la question fondamentale de la disponibilité et même de la qualité du financement, puisque au Burkina Faso, par exemple, tout comme dans la plupart des pays en développement, le principal obstacle à l’émergence d’un secteur privé dynamique et créateur de richesse semble être la contrainte liée au financement. Cette contrainte inclut les facteurs prix (niveau excessivement élevé des taux d’intérêt débiteurs, etc.) et non prix (la prédominance des crédits de court terme, l’exigence d’une lourde garantie, la faible disponibilité des crédits d’investissement, etc.). Il y a de réels doutes sur l’effectivité d’un développement financier dans ce pays. Le développement d’un secteur financier efficace est l’une des conditions préalables à la mobilisation des ressources d’investissement pour ce secteur moteur. A cet égard, les banques doivent jouer le rôle de catalyseur du flux de ressources intérieures et extérieures en vue du renforcement du secteur privé burkinabè.

1 UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine comprend huit pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo

2 La notion de performance d’un système financier, comme on le verra par la suite, renvoie à sa capacité à favoriser l’allocation des ressources financières vers leurs usages les plus efficients, c’est-à-dire ceux qui ont plus d’impacts en termes de création de richesses dans l’économie.

(11)

10 Ce rôle déterminant dévolu au système financier en général, et aux banques en particulier, souligne du même coup l’urgence de comprendre les facteurs sous-jacents du fonctionnement du système bancaire et financier. Cette préoccupation est d’autant plus fondée que la part des banques dans le total des bilans des établissements de crédit a légèrement augmenté pour se stabiliser autour de 97 % au Burkina Faso. S’il est donc bien établi que l’engagement du système bancaire dans le financement du secteur privé et particulièrement des PME/PMI conditionne une croissance économique forte et durable (performance du système bancaire), comment peut-on l’apprécier et quels en sont les déterminants ?

Dans le cadre des pays de l’UEMOA, cette préoccupation a fait l’objet d’une large concertation (Rapport BCEAO, 2004) conduite par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Le but de cette étude visait à cerner les causes essentielles de l’insuffisance et du coût jugé élevé du financement bancaire pourtant primordial pour susciter une dynamique forte au secteur privé et notamment les PME/PMI. Ces causes qui peuvent être perçues comme des hypothèses de recherche se situent à trois niveaux : d’abord les difficultés relatives à l’environnement légal, réglementaire, juridique, macroéconomique des affaires (mise en cause des pouvoirs publics), ensuite celles inhérentes à la gestion et à la gouvernance des entreprises (mise en cause des entreprises) et enfin les difficultés relevant du fonctionnement même des banques (mise en cause des institutions bancaires).

De l’avis des participants, les insuffisances de l’environnement des affaires constituent

un facteur limitatif majeur du développement des crédits aux opérateurs économiques. Aussi,

les chefs d’entreprises se sont-ils inquiétés du climat d’incertitude économique, voire

d’insécurité et d’instabilité sociopolitiques, dans lequel se déroule l’activité économique dans

certains États de l’Union. Cette situation, préjudiciable au développement des affaires, limite

la capacité de prévision et la conception de plans d’investissement fiables à moyen et longs

termes, ce qui a une incidence négative notamment sur la demande et la distribution de crédits

bancaires. Le poids de la fiscalité, notamment la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), dans

certains pays, a été présenté comme un frein au développement du crédit bancaire. Par contre,

dans d’autres pays, le coût élevé des formalités d’obtention des titres fonciers et les difficultés

liées à l’état du cadastre réduisent le nombre de nationaux détenant des titres de propriété

pouvant faire l’objet d’hypothèques, dans le cadre d’un crédit bancaire. Les difficultés d’ordre

juridique et judiciaire, liées à l’inadaptation des dispositions légales et réglementaires au

(12)

11 contexte local, et à l’application jugée souvent inéquitable des lois et règlements au détriment des établissements de crédit ont été évoqués. Par ailleurs, les lenteurs dans le fonctionnement de l’administration judiciaire et l’absence de magistrats spécialisés dans le traitement des contentieux bancaires, constituent également des causes majeures de perturbation et de difficultés dans les relations entre les banques et leurs clients. L’accumulation d’importants arriérés intérieurs par certains États représente aussi, selon le patronat, un facteur limitant les remboursements des concours bancaires précédemment obtenus et la possibilité de recourir à de nouveaux crédits. Encore récemment, le débat a été relancé lors du symposium du cinquantième anniversaire de la BCEAO où le Président sénégalais Macky Sall a fustigé les banques, estimant qu’elles contribuent peu au financement des entreprises de l’Union.

Les représentants de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers (APBEF) des États membres ont d’abord regretté la prédominance, dans l’UEMOA, d’entreprises créées sous forme d’affaires personnelles. En plus, ils ont fait valoir, au titre des raisons qui limitent le développement des crédits bancaires, le mauvais bouclage des schémas de financement des projets, l’insuffisance des apports en fonds propres, la faiblesse ou l’absence de capacité managériale des chefs d’entreprise, l’absence ou le caractère peu fiable des états financiers produits, l’absence de tests de sensibilité dans les projections financières, la complexité du statut des garanties proposées et les difficultés de réalisation des garanties constituées.

Au titre des obstacles imputables au système bancaire, les représentants du patronat

ont évoqué le niveau relativement élevé des taux d’intérêt pratiqués par les banques malgré la

tendance à la réduction du loyer de l’argent sur les marchés étrangers et le signal de baisse

donné à plusieurs reprises par la Banque Centrale, ce qui rend difficiles les conditions

d’exploitation des entreprises en général et des PME/PMI en particulier. Outre les difficultés

liées à l’environnement des affaires, les participants ont identifié comme causes de

l’insuffisance du financement bancaire, la faible couverture du territoire des États par les

banques et leur préférence pour les crédits à court terme orientés vers le secteur du commerce,

au détriment des secteurs primaire et secondaire. Pour ce qui est de l’orientation des crédits

bancaires vers le secteur tertiaire, les participants ont déploré le fait que ce secteur n’étant pas

porteur de valeur ajoutée importante, n’avait pas d’effets induits significatifs sur les autres

branches de l’économie. Par ailleurs, l’agriculture qui occupe la plus grande partie de la

(13)

12 population active, est le secteur économique le moins financé par les banques. Considérant l’importance du secteur informel dans les pays de l’Union, les participants ont estimé que cette situation ne contribuait pas à la modernisation des économies et que le mode de gestion peu orthodoxe de ces entreprises conduisait à les exclure des circuits bancaires classiques.

Ces remises en cause multiples montrent d’une part combien il est indispensable de comprendre davantage la nature de la dynamique fonctionnelle du système financier en rapport avec le développement du secteur privé ; d’autre part, combien il est important de cerner les fondements de cette interaction. Dans les deux cas, on s’aperçoit que trouver une réponse au faible dynamisme des économies de l’UEMOA et donc du Burkina Faso passe nécessairement par une bonne compréhension des facteurs explicatifs des interactions dynamiques entre le secteur privé et le système bancaire (ou plus globalement le système financier). En d’autres termes, il est sinon impossible, du moins difficile de trouver une solution adéquate au faible niveau de la performance économique des pays de l’UEMOA tant que cette problématique de la performance du système financier n’est pas bien traitée.

Objectifs du travail de thèse

La littérature dominante sur le développement financier des pays en développement tend à réduire la question de la performance du système financier à la problématique du rationnement du crédit et, par ce fait, elle incrimine les banques, alors que le problème est bien plus complexe. Nous pensons qu’il faut cerner le problème dans toute sa dimension macroéconomique, mais suivant une approche microéconomique afin d’en saisir les ressorts profonds. Autrement dit, il est plus intéressant d’analyser la problématique de la performance des systèmes financiers, c’est-à-dire leur capacité à favoriser l’émergence d’un secteur privé créateur de richesse et d’emploi que de se contenter d’étudier la relation banque-entreprise ou banque-État.

Ceci étant, l’objectif de l’étude n’est pas de discuter si les intermédiaires et marché

financiers des pays en développement et du Burkina Faso, en particulier, créent la richesse ou

contribuent à la croissance des entreprises et de l’économie (cela paraît trivial). Mais il s’agit

de savoir, d’une part s’ils le font de la meilleure manière possible, et d’autre part, dans quelles

conditions cela est possible.

(14)

13 Intérêt de l’étude

L’intérêt de cette thèse est triple : méthodologie, théorique et pratique.

 D’un point de vue méthodologique, cette thèse se propose de faire référence à une approche peu commune en matière d’analyse de la performance des systèmes financiers.

En effet, à partir de l’examen approfondi de la littérature théorique et empirique relative aux canaux de transmission du développement financier sur la croissance économique, elle tentera de définir un cadre d’analyse de la performance du système financier d’une entité (pays, groupe de pays) considérée indépendamment des autres. Elle se distingue alors de la plupart des études qui ne le font qu’à partir des comparaisons internationales entre plusieurs pays sur la base d’un ou plusieurs indicateurs de développement financier.

Ainsi, les présents travaux visent à offrir un cadre méthodologique standard d’analyse de la performance du développement financier d’un pays, d’un groupe de pays, d’une région, etc.

 D’un point de vue théorique et littéraire, il s’agit de contribuer à montrer que le développement financier est un bon indicateur des taux futurs d’accumulation, du changement technologique et de la croissance comme l’ont déjà montré plusieurs auteurs (Levine, 1996 ; Gelb, 1989 ; Gertler et Rose, 1994 ; Roubini et Sala-i-Martin, 1992,1995 ; Easterly, 1993 ; Pagano, 1993). Mais ici, un regard nouveau est porté sur le sujet, puisqu’il est question de voir comment il est possible d’estimer ou d’évaluer le degré de performance d’un système financier et d’en expliquer les déterminants. Cette étude vise par ailleurs à combler le vide causé par l’absence des travaux théoriques se rapportant à ce sujet.

 D’un point de vue pratique, le choix de ce thème est lié à la forte récurrence de la

problématique de la morosité du secteur privé et de la faible croissance économique dans

un certain nombre de pays en développement où le secteur financier est fortement

suspecté de ne pas jouer son rôle. De ce fait, cette étude offre les éléments de base

pouvant permettre de diagnostiquer les maux réels entachant la dynamique fonctionnelle

du système financier d’un pays comme le Burkina Faso. En perspective, il est question de

faire des recommandations de réformes urgentes à envisager pour répondre à cette

préoccupation. Ainsi, la présente étude peut servir de cadre de référence en termes

d’institutions indispensables à créer ou à renforcer.

(15)

14 La thèse est organisée en cinq chapitres répartis sur deux parties. La première partie est intitulée Cadre d’analyse théorique de la performance des systèmes financiers des pays en développement suivant l’approche microéconomique et comporte trois chapitres.

Le premier chapitre, Evolution du cadre d’analyse de la performance du système financier des pays en développement, présente différentes grilles de lecture permettant de bien comprendre la notion de la performance du système financier et surtout la nécessité de s’intéresser à l’approche dite microéconomique. Le second chapitre, Modélisation de l’approche microéconomique de l’analyse de la performance du système financier dans les pays en développement, vise à contribuer à enrichir la littérature théorique quelque peu manquante sur ce sujet spécifique. Quant au troisième chapitre, Modélisation des déterminants de la performance du système financier des pays en développement, il s’inscrit dans la même perspective et s’intéresse aux facteurs théoriques sous-jacents permettant de comprendre les conditions de réalisation de la performance.

La deuxième partie porte sur une Étude d’un cas pratique : Analyse de la

performance du système financier burkinabè et est traitée à travers les chapitres 4 et 5. Le

quatrième, comme l’indique son intitulé Dynamique de l’interaction entre le système

financier et l’économie réelle au Burkina Faso, examine la dynamique des crédits bancaires

en rapport avec la croissance économique. Enfin le dernier chapitre, Modèle économétrique

d’analyse de la performance du système financier burkinabè, traite de façon empirique à

la question de savoir si en définitive le système financier burkinabè dominé par les banques,

est performant, c’est-à-dire s’il contribue à la création des richesses de la meilleure façon

possible.

(16)

15

PARTIE I :

CADRE THÉORIQUE D’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DES SYSTÈMES FINANCIERS

DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SUIVANT

L’APPROCHE MICROÉCONOMIQUE

(17)

16

CHAPITRE I. ÉVOLUTION DU CADRE D’ANALYSE DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME FINANCIER DANS LES PAYS EN

DÉVELOPPEMENT.

L’analyse de la performance d’un système financier, pour qu’elle soit complète et fiable, doit préalablement passer en revue la typologie des approches existantes. En effet, ce type d’analyse recouvre plusieurs variantes en fonction des objectifs visés. Cela exige un travail de fond littéraire permettant de mieux cerner le cadre d’analyse approprié, tant au niveau théorique qu’au niveau empirique. C’est notamment à cela que ce premier chapitre se consacre. Il passe en revue la littérature pour rechercher des éléments de réponse à la question globale de savoir : sur quelles bases peut-on savoir si le fonctionnement du système financier d’un pays en développement est de nature à favoriser le maximum de création de richesses et d’emplois ? Ainsi, l’objectif est d’une part, de bien comprendre la notion de la performance des systèmes financiers et d’autre part, dégager un cadre intégré (théorique et empirique) d’analyse permettant de savoir si le fonctionnement du système financier d’un pays en développement obéit à une logique de « soutien qualitatif » à la croissance économique.

Cette étape est d’autant plus indispensable que la plupart des travaux théoriques sur la performance du système financier ne permettent pas un repérage (une vérification) empirique.

De même, les nombreux travaux empiriques existants ne sont, pour la plupart, fondés sur aucun modèle théorique y afférent. Par conséquent, force est de constater le grand fossé entre les modèles théoriques proposés en la matière et les travaux empiriques existants. Dans un tel contexte, proposer un cadre complet d’analyse permettant d’apprécier de la performance du système financier d’un pays (ou groupe de pays) indépendamment des autres pays (ou groupes de pays) constitue un apport non négligeable.

Ceci étant, ce chapitre s’organise en quatre parties, ainsi qu’il suit :

La première partie aborde la question de la performance des institutions économiques

sous l’angle de l’économie politique, ce qui offre des perspectives intéressantes de recherche

notamment au niveau de la définition. Après avoir défini le concept de performance, la revue

de la littérature est organisée, à travers les trois parties suivantes, afin d’identifier les

(18)

17 différentes tendances pouvant être considérées comme des approches d’analyse de la performance du système financier.

La seconde partie s’intéresse alors à l’approche fonctionnelle qui permet de comprendre les fondements théoriques du fonctionnement des systèmes financiers.

La troisième partie oriente l’étude vers l’approche dite du développement financier qui est beaucoup plus empirique.

Enfin, la dernière partie est consacrée à l’approche dite microéconomique où nous nous efforçons de montrer comment il peut être possible de concilier la théorie et les travaux empiriques pour offrir un cadre d’analyse relativement complet.

1.1. La littérature sur la performance des institutions sous l’angle de l’économie politique.

1.1.1. Définition

Suivant la vision des institutionnalistes (entendus ici au sens des économistes politiques), les déterminants de la croissance (accumulation du capital physique, productivité, innovation, éducation, économie d’échelle, etc.) suggérés par la théorie de la croissance endogène ne sont, en réalité, que des causes superficielles. Pour des auteurs comme North et Thomas (1973), Hall et Jones (1999), Acemoglu et al. (2001), seules les différences dans les institutions, notamment économiques

1

, expliquent fondamentalement les différences de niveau de croissance et de développement économique entre les pays. En effet, ces économistes soutiennent que ce sont les institutions

2

(y compris les politiques gouvernementales) qui déterminent l’environnement économique dans lequel les entreprises accumulent le capital et le savoir-faire nécessaires pour produire (Hall et Jones, 1999 ; Butkiewicz et Yanikkaya, 2006 ; Eicher et Leukert, 2006). Selon eux, le mécanisme est le

1 Rappelons que, dans la littérature (Eicher et Leukert, 2006 ; Williamson, 2000 ; Acemoglu, Johnson et Robinson, 2005), il existe deux types d’institutions : d’une part les institutions économiques qui induisent la performance économique et d’autre part, les institutions politiques qui influencent les premières.

2 Certains auteurs utilisent le concept « infrastructure sociale » (Hall et Jones, 1999) pour désigner les institutions. Par infrastructure sociale, ils prennent en compte : le risque d’expropriation par le gouvernement, les lois et les mécanismes légaux, la bureaucratie, la corruption, les libertés civiles, l’ouverture commerciale, etc.

(19)

18 suivant : la qualité des institutions expliquent les niveaux de productivité et de l’accumulation du capital physique et humain qui, à leur tour, expliquent le niveau de production (ou revenu) par tête.

Pour mieux comprendre cela, reportons-nous à la définition des institutions économiques qui, selon North (1990), sont les règles [de jeu] définissant les contraintes et orientant les interactions entre différents acteurs ou agents économiques au sein d’une société.

Dans cette perspective, ce sont les institutions économiques qui conditionnent aussi bien les motivations des agents économiques individuels que l’ensemble des résultats économiques.

En particulier, elles influencent l’organisation de la production, et notamment les investissements dans le capital physique et humain et dans l’innovation technologique.

Dès cet instant, de sérieuses questions se posent : quelles sont donc ces institutions économiques si déterminantes pour la qualité des résultats économiques ? D’autre part, s’il peut être réellement établi que les institutions sont les causes fondamentales de la performance économique, pourquoi, malgré leur présence apparente dans certaines sociétés/pays, la croissance économique n’est-elle pas remarquable ? Y aurait-il alors une catégorie particulière d’institutions favorable à la libération effective des forces productives et corrélativement à la croissance économique ?

En économie politique, la littérature récente s’est beaucoup penchée sur ces questions.

Comme institutions économiques, Acemoglu et al. (2005) mettent avant la structure des droits de propriété, puis la présence et la perfection des marchés. Si on s’intéresse au second niveau des institutions économiques, c’est-à-dire la présence et surtout la perfection des marchés

1

, on s’aperçoit qu’il ne suffit pas seulement d’avoir un marché ou des marchés pour mettre en route la croissance. L’intérêt est particulièrement porté à la qualité des institutions. A ce titre, les travaux d’Acemoglu (2006) permettent de comprendre que dans une société quelconque, la qualité des marchés ou des institutions en général n’est appréciée qu’à travers leur capacité à jouer le rôle de catalyseur de la croissance économique. En d’autres termes, une institution

1 L’appréciation de la performance du système financier dont il est question peut être assimilée à l’appréciation des marchés ; c’est pourquoi l’intérêt est particulièrement porté sur cet axe des institutions économiques.

(20)

19 économique est dite performante

1

si elle induit ou permet de maximiser la croissance potentielle de l’économie (Acemoglu, 2006 ; Larry, 1967). Comme telle, la performance renvoie à la capacité des institutions économiques à favoriser l’allocation des ressources

2

vers leurs usages les plus efficients

3

. Selon ces théoriciens, lorsque les institutions économiques fonctionnent « de façon performante ou optimale », les ressources sont allouées vers les usages les plus efficients. Cela conduit à l’investissement en capital humain et en capital physique ainsi qu’à l’innovation, favorables à une croissance économique plus forte et durable (Butkiewicz et Yanikkaya, 2006).

Les développements ci-dessus laissent transparaître toute la complexité de cette notion de performance des institutions économiques. En effet, elle aborde plusieurs éléments à la fois et il faudra en tenir compte pour une analyse rigoureuse. Cependant, quatre caractéristiques semblent constituer le socle à partir duquel il est possible de bâtir un cadre (théorique) pertinent d’analyse visant à apprécier la performance d’une institution économique. Ce sont, de façon non hiérarchique :

 La prise en compte de sa capacité de stimulation des agents économiques à faire de l’innovation, de l’accumulation du capital, de l’investissement en capital humain, etc. ;

 La prise en compte de son accessibilité et sa capacité d’adaptation ;

 La prise en compte de sa fonction allocative des ressources vers leur usage le plus efficient ;

 La prise en compte de ses effets potentiels.

1 Une définition de l’efficacité au sens de Pareto pourrait se révéler insuffisante dans le contexte de l’économie politique (Acemoglu, 2006). Par ailleurs, dans la littérature, les auteurs utilisent des expressions comme

« bonnes institutions », « institutions de qualité » pour désigner les institutions performantes.

2 A ce niveau d’analyse, le terme ressource doit être compris dans un sens large comprenant entre autre les facteurs de production et même les biens de consommation.

3 Nous reviendrons plus en détail sur cette notion d’allocation de ressource vers leur usage le plus efficient dans la dernière partie de ce chapitre.

(21)

20 1.1.2. Les principales caractéristiques des institutions économiques

performantes

Dans cette section, les différentes caractéristiques énoncées précédemment seront davantage étudiées afin de, non seulement, bien situer chacune d’elle mais aussi et surtout de les mettre en cohérence.

1.1.2.1. Capacité de stimulation des agents économiques à faire de l’innovation, de l’accumulation du capital, de l’investissement en capital humain

La prise en compte de cette première

1

caractéristique remonte aux travaux d’Adam Smith qui, en faisant allusion aux marchés, soutient que la prospérité d’une société dépend de la qualité de ses institutions économiques. Des nombreux auteurs du 19

ème

et du 20

ème

siècle reprennent cette idée à leur compte. Parmi eux, John Stuart Mill (Jones, 1981) relève qu’une société présente de bonne performance économique lorsqu’elle est régie par de bonnes institutions économiques ; celles-ci régissent la société de telle manière que les individus sont incités à investir, à innover, à prendre des risques, à prendre part aux activités économiques, à épargner, à s’éduquer, à produire des biens.

Une autre manière de cerner cet aspect est de l’examiner symétriquement. Vu dans ce sens, les institutions économiques non performantes ou de mauvaise qualité au sens de Stuart Mill sont celles qui posent (ou n’arrivent pas à alléger) d’énormes contraintes

2

aux agents économiques qui, voyant leur marge de manœuvre réduite, sont peu ou pas motivés à prendre part à la vie économique. A ce niveau d’analyse, il n’est pas superflu de se demander si, fondamentalement, la raison d’être des institutions ne s’explique pas par l’existence de diverses contraintes rendant difficiles les transactions et plus généralement la réalisation des activités économiques. Si tel est le cas, alors la définition fournie par Stuart Mill et bien d’autres auteurs manque de précisions notamment lorsqu’on intègre les problèmes relatifs à l’accessibilité des institutions et aussi à leur adaptation face à l’évolution des contextes. C’est pourquoi, il est important de tenir compte de deux autres caractéristiques implicites, mais

1 Il s’agit-là d’une simple énumération qui ne reflète aucunement leur niveau d’importance.

2 Les contraintes peuvent être perçues comme les divers coûts relatifs aux transactions que nous aborderons dans la seconde partie du chapitre.

(22)

21 complémentaires, que sont d’une part l’accessibilité des institutions et d’autre part, leur capacité d’adaptation dans le contexte d’une société dynamique.

1.1.2.2. Accessibilité et capacité d’adaptation

Des institutions économiques ne peuvent, véritablement, pas être considérées comme créant les conditions stimulantes pour la bonne marche des activités économiques si elles ne sont pas accessibles à tous les agents économiques. Cela signifie que les institutions économiques performantes fonctionnent de façon à être le plus proche de tous les agents économiques. En d’autres termes, tous les acteurs de l’économie ont les mêmes chances ou opportunités d’y accéder (Eicher et Leukert, 2006), même s’ils ne sont pas nécessairement servis de la même manière, compte tenu d’autres considérations que nous verrons dans la section suivante.

En plus d’être accessibles, les institutions économiques performantes, tout en créant les motivations pour les agents économiques, doivent être capables de répondre aux exigences des nouvelles conditions générées par l’évolution de la société. Dans ces conditions, l’analyse de la performance des institutions économiques s’inscrit forcément dans une perspective dynamique, car des institutions peuvent paraître performantes dans un contexte donné (au temps t par exemple) et ne pas l’être dans d’autres contextes (au temps t+1 par exemple).

Bien qu’il soit indispensable de définir des institutions économiques dynamiques, favorables à la participation active de tous les agents à la vie économique, une question de fond reste, tout de même, posée. C’est celle consistant à se demander si le seul fait d’avoir des institutions économiques répondant aux caractéristiques décrites ci-dessus résout systématiquement le problème d’allocation efficiente des ressources qui est l’objectif intermédiaire visé. Telle est la préoccupation de la caractéristique suivante.

1.1.2.3. Fonction allocative des ressources vers leurs usages les plus efficients

Au niveau de la troisième caractéristique, l’accent est surtout mis sur la fonction

allocative des institutions économiques. Dans cette optique, les institutions économiques ont

la « lourde » tâche sociale d’assurer une affectation de l’ensemble des ressources vers des

(23)

22 agents économiques qui, en faisant usage, accroissent au mieux le bien-être

1

global de la société. Pour revenir à l’interrogation soulevée dans le paragraphe précédent, on voit bien que la seule prise en compte des deux premières caractéristiques n’est pas suffisante pour établir la performance des institutions économiques.

De ce fait, Acemoglu et al. (2005) précisent que les institutions économiques performantes sont celles qui allouent les ressources vers leurs usages les plus efficients. Cela suppose qu’elles puissent se constituer en un dispositif (ou système) d’identification des meilleurs usages vers lesquels chaque unité de ressources doit se diriger. On voit bien que, en même temps que les institutions performantes se doivent d’être accessibles par tous les acteurs qu’elles motivent à participer à la vie économique, elles doivent opérer une discrimination entre les différents usages possibles.

Ce qu’il y a de plus intéressant dans cette caractéristique, c’est qu’elle permet de saisir toute la portée de la performance des institutions économiques. En effet, elle place les institutions performantes « au cœur » de la performance de l’économie entière. Encore plus intéressant est le fait de l’intuition (ou l’hypothèse) que de telles institutions conduisent à des croissances économiques fortes et durables. Telle est l’idée soutenue dans la dernière caractéristique qui traite de la prise en compte des effets potentiels des institutions économiques performantes.

1.1.2.4. Capacité de produire des effets potentiels

Le dernier aspect fondamental ayant trait à la performance des institutions économiques est plutôt une conséquence des trois premières qu’une caractéristique en tant que telle. En effet, il indique que les institutions performantes valent par leur capacité de maximisation de la croissance économique. Le fait de s’intéresser finalement à la croissance potentielle (maximum pouvant être atteint) plutôt qu’à la croissance effective marque toute la différence entre des institutions économiques quelconques et celles qui sont performantes. Par cette précision, on s’aperçoit que certaines institutions, bien que ne respectant pas l’ensemble des critères de performance décrites à travers les différentes caractéristiques, peuvent néanmoins contribuer à la croissance économique, mais à un niveau beaucoup moins que

1 Le bien être peut être assimilé à la croissance économique dans ce contexte précis.

(24)

23 celles qui sont performantes, celles qui permettent d’atteindre la croissance maximale envisageable.

Il pourrait même être possible de faire une classification des institutions économiques en fonction du nombre de caractéristiques de performance qu’elles présentent. Ainsi, celles qui intègrent le plus de caractéristiques de performance induisent une croissance relativement forte et durable que les autres. Au sommet se trouvent les institutions économiques performantes, c’est-à-dire celle qui présentent toutes les trois caractéristiques décrites. C’est cette catégorie d’institutions économiques qui induit la croissance maximale ou potentielle. Et compte tenu de leur capacité d’adaptation à l’évolution de la société, elle garantit donc cette croissance maximale le plus longtemps possible.

Après avoir passé en revue la perception du concept de la performance des institutions économiques sous l’angle de l’économie politique, une proposition de définition peut se dégager. Suivant cette grille de lecture, des institutions économiques sont dites performantes lorsque, tout en créant des motivations de participation à la vie économique pour tous les individus, en se rapprochant le plus près possible d’eux et en s’adaptant à l’évolution de la société, elles assurent l’affectation des ressources vers leurs usages les plus efficients, toutes choses qui induisent l’accroissement de la croissance potentielle.

Bien que cette définition soit d’un apport pour la compréhension de la performance des institutions économiques, elle reste tout de même renfermée dans des généralités. En effet, cette définition pose, sans doute, les bases d’une analyse rigoureuse de la performance des institutions économiques, mais il convient de l’appliquer à une institution économique spécifique pour en comprendre davantage les différents ressorts. C’est dans cette perspective que la partie suivante s’inscrit : elle s’intéresse à la performance des systèmes financiers suivant l’approche dite fonctionnelle.

1.2. L’analyse de la performance du système financier suivant l’approche fonctionnelle.

La littérature sur le lien entre finance et croissance indique que les institutions

financières n’ont pas toujours été, unanimement, considérées comme un facteur déterminant

de la croissance. Parmi les plus sceptiques (le courant « following demand »), on compte

certains précurseurs de l’économie du développement (Meier et Seers, 1984) comme

(25)

24 Robinson (1952) et des économistes d’autres courants littéraires comme Lucas (1988). Selon eux, « là où se dirigent les entreprises, la finance suit » (« Where enterprise leads finance follows »). En d’autres termes, ils soutiennent que le développement du système financier, généralement mesuré par différents niveaux de crédits ou par la taille du marché financier ou encore par la taille des intermédiaires financiers, ne s’opère que par anticipation d’une croissance économique future. L’idée est que le marché financier ne fait que capitaliser la valeur présente des opportunités de croissance à venir. De la même manière, les intermédiaires financiers ne prêtent davantage que lorsqu’ils sont assurés que les différents secteurs de l’économie connaîtront une croissance. D’où, pour ces auteurs l’idée que le développement du système financier, plutôt que d’être considéré comme un facteur explicatif, constitue un facteur expliqué de la croissance économique.

De l’autre côté, avec le courant « supply lead », le prix Nobel Merton Miller (1988), à la suite de Bagehot (1873), Schumpeter (1912), Gurley et Shaw (1955), Goldsmith (1969), et McKinnon (1973), King et Levine (1993b), affirme que le fait d’ignorer le rôle des institutions financières limite considérablement les capacités de compréhension des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme. C’est dans cette dernière perspective théorique que la présente étude s’inscrit. Elle s’intéresse notamment à l’approche dite fonctionnelle, qui permet de dégager des pistes d’analyse théoriques de la performance du système financier des pays en développement.

Suivant l’approche fonctionnelle, il existe des coûts de transaction et d’acquisition d’informations sur les entreprises, leurs dirigeants et leur environnement. C’est ce qui explique l’émergence des marchés et des intermédiaires financiers (Levine, 2006). En effet, par la conception d’instruments et contrats financiers appropriés, les marchés et les intermédiaires financiers doivent pouvoir exécuter, de façon performante, leurs cinq fonctions

1

suivantes, allégeant ainsi ces divers coûts, et assurant alors une bonne allocation des ressources favorable à une croissance forte et durable (Merton et Bodie, 1995) :

 mobilisation de l’épargne ;

1 Bien qu’il soit possible d’établir un enchaînement logique entre ces différentes fonctions énumérées, comme nous avons tenté de le faire, il reste que celles ci ne sont pas hiérarchisées.

(26)

25

 production d’informations (ex ante) sur les opportunités d’investissement et d’allocation des capitaux;

 contrôle (ex post) sur la gestion des investissements réalisés grâce aux capitaux alloués et facilitation de l’adoption de la gouvernance d’entreprise ;

 gestion (lissage et diversification) du risque ;

 facilitation des échanges de biens et services.

Avant de décrypter les cinq principales fonctions citées ci-dessus, il est indispensable de faire un bref rappel sur les différentes composantes du système financier.

1.2.1. La composition du système financier.

Le système financier se compose de la façon suivante :

 les intermédiaires financiers et

 les marchés financiers (Beck, Demirgüç-Kunt et Levine, 2000).

Les intermédiaires financiers sont de trois types à savoir : les banques centrales, les banques commerciales encore appelées les banques de second rang et les autres institutions financières. Les banques centrales représentent l’autorité monétaire ; à ce titre, elles sont chargées de la mise en œuvre de la politique monétaire. Les banques commerciales sont des institutions financières dont une partie du passif est constituée de dépôts transférables par chèques, virements, etc. Ces banques, tout comme la banque centrale, ont la possibilité de créer de la monnaie. Enfin, les autres institutions financières peuvent être réparties en cinq grands groupes. Ce sont :

1. Les institutions financières qui fonctionnent comme les banques. Elles sont de deux types :

a. celles qui acceptent des dépôts, mais n’offrent aucune possibilité de transfert de ceux-ci. Ce sont, par exemple, les caisses ou banques d’épargne, les banques coopératives ou institutions de micro-finance, les banques d’hypothèques, les sociétés d’habitat;

b. celles qui s’autofinancent à partir d’émission de titres négociables c’est-à-dire

qu’elles lèvent des fonds sur le marché financier. Pour des raisons historiques,

légales ou fiscales, ce type d’institutions est souvent spécialisé dans le financement

(27)

26 d’activités spécifiques. Tel est le cas des compagnies ou sociétés financières, par exemple.

2. Les compagnies d’assurance, à l’exclusion de toutes formes d’assurance fournies par le gouvernement

1

. Ce sont, par exemple, les compagnies d’assurance-vie et les autres compagnies assurant les autres risques (bétail, incendie, vol, responsabilité civile, santé…).

3. Les fonds de pension, excluant l’assurance fournie par le gouvernement.

4. Les fonds d’investissement sont des institutions qui investissent pour leurs actionnaires sur certain type d’actifs sous la forme de fonds mutualiste.

5. Les banques de développement sont, généralement, financées par les États et d’autres institutions ou organisations supranationales. Elles s’intéressent à une catégorie spécifique d’emprunteur dont les actions sont jugées opportunes pour le développement.

1.2.2. La fonction de mobilisation d’épargne

La mobilisation de l’épargne constitue une fonction capitale des systèmes financiers parce qu’il est très coûteux

2

de mobiliser les capitaux provenant d’épargnants disparates pour répondre aux divers besoins d’investissements de l’économie. Pour parvenir à faire des économies sur les coûts inhérents à de multiples contrats bilatéraux, la mise en commun de l’épargne disponible se fait aussi bien par les intermédiaires que par les marchés financiers.

Par exemple, des milliers d’épargnants (censés être de potentiels investisseurs) préfèrent confier leurs disponibilités financières aux intermédiaires financiers qui investissent dans des centaines d’entreprises et projets d’activités (Sirri et Tufano, 1995). Indépendamment de ces effets directs, une bonne mobilisation de l’épargne peut également améliorer l’allocation des ressources et favoriser l’innovation technologique. En effet, sans accès aux fonds de ces multiples potentiels investisseurs, nombreux sont les projets qui sont contraints à des échelles de production inefficientes

3

(Sirri et Tufano, 1995).

1 Celles ci sont considérées comme des mesures de sécurité sociale.

2 Ici, la référence est faite aux coûts de transactions et d’accès aux informations concernant les entreprises et leurs dirigeants, de même que leurs environnements.

3 Il est fort probable qu’une telle situation soit caractéristique des pays en développement.

(28)

27 Mais en réalité, la mobilisation des disponibilités financières n’est possible que lorsque les différentes composantes du système financier parviennent à rassurer les épargnants sur l’utilisation efficiente des ressources (Boyd et Smith, 1992), garantissant leur pérennité. Cela implique que les intermédiaires financiers ont le souci de se forger une bonne réputation afin de rassurer les épargnants qui peuvent alors être plus disposé à leur confier leurs ressources (De Long, 1991 ; Lamoreaux, 1995). A ce propos, Bagehot (1873) soutient qu’au 19

ème

siècle, l’une des différences majeures entre le système financier de l’Angleterre et celui des autres pays, est qu’il a été capable de mobiliser d’énormes ressources financières pour assurer le financement des travaux de grande envergure et les guerres.

En fait, pour réaliser les activités de mobilisation de l’épargne, le système financier doit pouvoir concevoir et proposer aux ménages et autres agents économiques des instruments financiers leur permettant de détenir des portefeuilles diversifiés (Sirri et Tufano, 1995). Cela signifie que les mécanismes financiers qui permettent de collecter davantage d’épargne et d’investir dans divers types de projets, y compris les plus risqués, facilitent une allocation des ressources vers les activités à forte rentabilité, d’où une incidence positive sur la croissance économique (Acemoglu et Zilibotti, 1997). Les politiques de libéralisation financière

1

(Gurley et Shaw, 1955 ; Ndikumana, 2000) en sont une illustration. Ces politiques, relatives à l’épargne, sont venues du constat que l’une des conséquences fâcheuses de la répression financière est la faiblesse des taux d’épargne et d’investissement due aux taux d’intérêts maintenus à des niveaux artificiellement bas pour des raisons politiques. En effet, de nombreux auteurs soutiennent que les taux d’investissement dans les pays en développement sont restés bas à cause du fonctionnement inefficient des intermédiaires financiers dans un contexte de répression financière caractérisée par :

 la faiblesse de l’épargne ;

 des prêts de long terme limités ;

 des pratiques inefficientes du crédit (parce que fondées plutôt sur des considérations politiques) ;

1 Dans de nombreux pays en développement en Afrique au Sud du Sahara, la libéralisation financière est survenue à partir des années 1980 sous l’impulsion de la Banque mondiale et du FMI. Avant cette période, le fonctionnement du système financier était régi par les politiques dites de répression financière.

(29)

28

 le contrôle direct du crédit par les autorités politiques ;

 l’éviction des crédits accordés au secteur privé par les crédits accordés au secteur public (gouvernement) qui s’en sert essentiellement pour ses besoins de consommation.

Dans ces conditions, les politiques de libéralisation financière qui ont suivi ont surtout visé l’amélioration de la fonction d’épargne par le relèvement ou le rétablissement des taux d’intérêts à des niveaux correspondants à l’équilibre du marché.

Par ailleurs, les travaux de McKinnon (1973) et Shaw (1973) offrent des bases théoriques et empiriques pour l’analyse de la fonction d’épargne, notamment des intermédiaires financiers. Ces auteurs émettent l’hypothèse que l’investissement, en l’occurrence l’investissement privé, dans les pays en développement, est positivement corrélé à l’épargne réelle pour la simple raison que les investisseurs, étant soumis à des contraintes d’accès au financement, sont obligés de constituer une épargne préalable avant d’envisager un quelconque investissement. De ce fait, ils établissent une corrélation positive (et contre intuitive) entre le taux d’intérêt créditeur et l’investissement. Cela s’expliquerait par le fait qu’un taux d’intérêt élevé induit une forte épargne et que celle-ci soutient à son tour l’investissement, ce qui aboutit paradoxalement à un taux de croissance économique plus élevé.

Toutefois, ces analyses sur l’importance de la fonction de mobilisation de l’épargne doivent être nuancées pour tenir compte de certaines spécificités. D’abord, il convient de relever que la fonction d’épargne, telle que notée ci-dessus, n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres d’impliquer les agents à disponibilité de ressources dans le financement de l’économie. En effet, les institutions financières bancaires peuvent, sous certaines conditions, faire des crédits avec ou sans épargnes disponibles, à travers la création de monnaie. Aussi, pouvons-nous constater que la mobilisation de l’épargne n’est qu’une fonction transitoire.

Elle vise surtout à capter l’ensemble des ressources financières disponibles et à les orienter

vers les usages les plus efficients. Encore faut-il que les usages efficients soient bien définis et

identifiés. Cela implique l’existence d’un dispositif efficace permettant l’appréciation ex ante

(30)

29 de l’ensemble des usages et l’allocation optimale des ressources. C’est ce que nous allons voir dans la section suivante.

1.2.3. La fonction de production d’informations ex ante sur les opportunités intéressantes d’investissement et d’allocation des capitaux.

De même que dans la fonction de mobilisation de l’épargne, ici également, l’idée de base est qu’individuellement, il est difficile, et même très coûteux, d’observer et d’évaluer les entreprises, leurs dirigeants et les conditions de fonctionnement du marché, en général (Carosso, 1970). Cela peut conduire les épargnants et autres détenteurs de capitaux à être réticents à investir dans des activités pour lesquelles ils ne disposent pas d’informations fiables et crédibles. C’est dans un tel contexte de coûts élevés d’accès à l’information que le système financier, qui apparait comme une association de nombreux épargnants, émerge (Diamond 1984 ; Boyd et Prescott, 1986). En effet, en permettant d’économiser sur les coûts d’acquisition de l’information, le système financier améliore la capacité d’estimation ou d’appréciation des opportunités d’investissements efficients (Fisman et Love, 2003). Cela induit un effet positif sur l’allocation optimale des ressources (capitaux) et soutient la croissance de long terme (Greenwood et Jovanovic, 1990).

De façon spécifique, les intermédiaires financiers favorisent l’adoption de nouvelles

technologies en identifiant les projets innovants, les meilleures technologies de production,

les entrepreneurs adoptant des technologies nouvelles ou ayant de fortes chances de conduire

avec succès une initiative de production d’un nouveau type de bien (Gerschenkron, 1962 ;

King et Levine, 1993b,c; Galetovic, 1996 ; Blackburn et Hung, 1998 ; Morales, 2003 ;

Acemoglu, Aghion et Zilibotti, 2003). C’est ainsi qu’ils contribuent à renforcer la productivité

globale de l’économie et à favoriser une croissance forte et durable. Comme on peut s’en

apercevoir, cette thèse s’inscrit dans la vision schumpetérienne du rôle de la finance qui, selon

son auteur, est d’inciter les agents économiques à innover (Schumpeter, 1912 ; 1932). Or, sur

ce même sujet, Bagehot (1873) a noté que, dans le milieu des années 1800, le système

financier de l’Angleterre avait mieux fonctionné que les autres parce qu’il avait su identifier

et financer les investissements profitables (Fisman et Love, 2003). Cela avait permis à ce pays

de réaliser des taux de croissance économique les plus élevés de l’époque.

(31)

30 Tout comme les intermédiaires, les marchés financiers peuvent également stimuler la production d’informations sur les entreprises. Cela est surtout vrai lorsque ces marchés sont grands et liquides (Grossman et Stiglitz, 1980 ; Kyle, 1984 ; Holmstrom et Tirole, 1993), autrement dit, lorsqu’ils sont efficients (Aghion et Howitt, 1992).

En somme, lorsque les agents économiques extérieurs aux entreprises estiment qu’il est difficile d’obtenir des informations sur celles-ci et de les évaluer, cela génère une situation où il est relativement difficile de lever des fonds pour financer les investissements. Cette prédiction théorique est d’autant plus fondée que de nombreuses études empiriques montrent que les entreprises qui parviennent à entretenir d’étroites relations de collaboration avec les banques tendent à être moins soumises aux contraintes de financement (Hoshi, Kashyap et Scharfstein, 1990 ; Schiantarelli et Sembenelli, 1996 ; Petersen et Rajan, 1994). En particulier, ces entreprises emprunteuses ayant des relations privilégiées de long terme avec les banques payent des taux d’intérêt plus faibles et sont soumises à des hypothèques moins contraignantes (Petersen et Rajan, 1994 ; Berger et Udell, 1995).

Cependant, il convient de remarquer que cette fonction du système financier n’est véritablement déterminante que lorsqu’on se situe dans un contexte statique. La réalité économique fait intervenir d’autres problèmes d’asymétrie informationnelle que le seul fait de la production d’informations ex ante ne permet pas de cerner et de résoudre. Tel est le cas des comportements d’aléa moral où des entreprises à besoin de financement s’efforcent de respecter les exigences des institutions financières. Mais, une fois le financement acquis, elles mettent en œuvre un type d’usage différent de ce qu’elles avaient annoncé lors de la demande de prêt. Ce risque de détournement de ressources financières d’un usage prévu vers un autre usage interpelle le système financier qui doit rester en veille (dynamique) afin d’assurer un usage rationnel des ressources allouées. C’est en cela que la fonction suivante, consistant au monitoring (contrôle ou surveillance), se révèle capitale.

1.2.4. La fonction de monitoring (ex post) et de facilitation de l’adoption de la gouvernance d’entreprise.

Les difficultés pratiques et les coûts relatifs au contrôle ou à la vérification, ex post, de

la gestion faite des capitaux alloués au secteur réel (notamment les entreprises) sont à la base

de nombreuses anomalies qui motivent l’émergence du système financier. En effet, les marges

Références

Documents relatifs

Une méthode de synthèse de la loi de commande décentra- lisée pour des systèmes de grande dimension garantissant la stabilité et un niveau de performance globales a été proposée

Pour garder un nombre d’emplois identique, il faut donc augmenter la production au même rythme que la productivité : la croissance doit être égale à la production.. Et cet

Deux @expert pour s'entraîner sur des études de cas supplémentaires : "Etude de cas : analyse financière d’une entreprise" et "S'initier à l'analyse de la rentabilité

· certains troupeaux, surtout de type 1 ; les éleveurs étant peu préoccupés par leurs animaux, les femelles ne pourraient être fécondées que lors de la période

Depuis l'indépendance, malgré les efforts mis en oeuvre pour assurer la diversification des l-a ctivités économiques et les diverses politiques économiques appliquées,

La physionomie du secteur financier marocain telle qu’elle est aujourd’hui a été façonnée à travers le temps pour s’adapter aux évènements qu’a connus l’économie

Il n’en demeure pas moins que sur une longue période (le temps d’une génération par exemple), cela représente une multiplication du PIB par un coefficient de trois en

sont au coeur d'un débat aujourd'hui très vif notamment aux Etats-Unis ; ceci nous conduirait au-delà de la pers- pective de ce travail. Il s'agit d'une analyse