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Submitted on 1 Jan 1989
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Etude quantitative des transferts : énergie de
vibration-énergie de translation lors d’une interaction Ne* (3P0-3P 2)-CO2
A. Le Nadan, G. Le Coz, F. Tuffin
To cite this version:
A. Le Nadan, G. Le Coz, F. Tuffin. Etude quantitative des transferts : énergie de vibration-énergie de
translation lors d’une interaction Ne* (3P0-3P 2)-CO2. Journal de Physique, 1989, 50 (14), pp.1777-
1785. �10.1051/jphys:0198900500140177700�. �jpa-00211030�
1777
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
Brève Communication
Etude quantitative des transferts : énergie de vibration-énergie de translation lors d’une interaction Ne* (3P0-3P2)-CO2
A. Le Nadan, G. Le Coz et F. Tuffin
Laboratoire des Collisions atomiques et électroniques, Faculté des Sciences et Techniques de Brest,
6 Avenue Le Gorgeu, 29287 Brest Cedex, France
(Reçu le 22 décembre 1988, révisé le 18 avril 1989, accepté le 24 mai 1989)
Résumé. - Dans ce travail, nous étudions la distribution
enénergie des ions CO+2 créés lors d’une in-
teraction Ne* (3P0,3 P2) - CO2. Nous développons une procédure théorique permettant de démon-
trer l’existence de transferts d’énergie de vibration en énergie de translation et de réaliser une étude
quantitative de ces transferts.
Abstract.
2014The energy distributions of CO+2 ions formed in the interaction Ne* (3P0,3 P2) - CO2
are investigated experimentally. A theoretical model for the process is developed. This allows us to demonstrate the existence of transfers of vibrational energy into translational kinetic energy and to evaluate the magnitudes of these transfers.
J. Phys. France 50 (1989) 1777-1785 15 JUILLET 1989,
Classification
Physics Abstracts
34.50H
1. Introduction.
De récentes études réalisées au laboratoire [1] ont montré que l’ionisation d’une cible de gaz
carbonique par un faisceau d’hélium ou de néon métastable s’explique par un mécanisme en 2
étapes que l’on peut schématiser dans le cas de l’hélium sous la forme :
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0198900500140177700
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et dans le cas du néon par les réactions :
Dans ces expressions, i et v représentent l’état électronique et vibrationnel de l’ion formé dans le complexe intermédiaire, et v’ l’état vibrationnel de l’ion CO+ détecté expérimentalement.
Le dispositif expérimental qui utilise une technique de faisceaux croisés a fait l’objet de plusieurs descriptions détaillées [2, 3]. L’énergie des ions formés au cours des étapes (b) et (d)
est mesurée par une méthode de potentiel retardé. La région de collision est constituée par un volume équipotentiel, de manière à éliminer tout champ électrique parasite qui fausserait la dis- tribution observée.
Dans cet article, l’existence de transferts d’énergie vibrationnelle en énergie de translation
a été justifiée par le fait que les ions fragments créés dans l’étape (b) ont une énergie cinétique
maximale supérieure à celle des ions Cût. Par ailleurs, les ions CO+ créés dans l’étape (d) sont plus énergétiques que les ions parents formés dans l’étape (b), la différence observée ne pouvant s’expliquer par le seul fait que l’hélium, plus léger que le néon, acquiert une énergie cinétique supérieure à ce dernier lors de la dissociation des complexes formés en (a) et (c).
L’analyse en énergie des électrons éjectés au cours de la demi-collision (c) a montré d’autre
part que l’ion CO+ est créé dans son état fondamental X2IIg, vibrationnellement excité. Cermak
[4] a montré que les modes 000, 100, 200, 300, ainsi que 102, 202 et 302 sont significativement
excités. Dans ce cas, on ne peut donc invoquer que des transferts non radiatifs entre niveaux vi- brationnels de l’état X2II g pour expliquer les caractéristiques énergétiques des ions eût détectés.
Ce travail propose une nouvelle approche expérimentale qui consiste à raisonner sur la forme
des distributions en énergie des ions CO+ pour justifier et quantifier les transferts d’énergie évo- qués.
Pour cela, nous comparons la courbe de distribution en énergie des ions Ar+ formés par
impact de néon métastable sur une cible 2 d’argon à celle obtenue pour les ions C02 formés dans
l’étape (d). Nous montrons que dans le premier cas, les résultats expérimentaux peuvent être ajustés à une loi de Maxwell unique, alors que dans le second cas, l’ajustement nécessite l’utilisation de 4 distributions.
2. ’ Justifications théoriques.
,2.1 RÉACTIONS SANS TRANSFERT D’ÉNERGIE DE VIBRATION EN ÉNERGIE DE TRANSLATION.- Nous
utilisons le modèle théorique développé par Cermak [5], Hotop et Niehaus [6], Miller [7] pour
étudier l’interaction :
entre un métastable X* et une cible Y dans le référentiel du centre de masse. Sur la figure 1, V*(R) représente l’énergie potentielle d’interaction entre les particules X* et Y, Et (oo) l’énergie cinétique relative à grande distance internucléaire R et El l’énergie totale dans la voie d’entrée.
Si le processus conduisant à l’ion Y+ s’effectue pour R
=R1, on obtient dans la voie finale
une énergie cinétique relative E. (Rl, R1 ) égale à Ec (tri ) (dans le cadre de l’approximation de Born-Oppenheimer), et une énergie totale égale à E2 ; V+(R) représente l’énergie potentielle
d’interaction entre les particules Y+ et X.
Fig. 1.- Diagramme en énergie pour les systèmes X* + Y et X + Y+ en fonction de la distance internucléaire R.
[Schematic potentiel curves for the systems X* + Y and X + Y+ as a function of the interatomic distance
R.]
On peut écrire entre les quantités
relation :
soit encore :
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Dans ces expressions, E. (Rl , oo) représente l’énergie cinétique relative à l’infini dans la voie de sortie, pour une transition s’effectuant à la distance internucléaire Ri ; AE est la différence en- tre l’énergie El (R1 ) de l’électron éjecté au cours du processus étudié et l’énergie Eo de l’électron qui serait éjecté par impact d’électron ou par photoionisation.
La relation (1) peut s’expliciter sous la forme :
lorsque Y+ représente un ion atomique formé dans un état électronique i. En intégrant cette rela-
tion sur toutes les valeurs de R1 auxquelles s’effectue la transition, on trouve que la distribution en
énergie des particules X et Y+ , pour i fixé, est le produit de convolution de la distribution en én-
ergie maxwellienne des particules dans la voie d’entrée par celle des électrons éjectés. Or, la distri-
bution en énergie des électrons éjectés peut être mesurée pour toute valeur de i par spectroscopie électronique, de même que les décalages en énergie AE (i) . En pratique, si les pics électroniques
observés sont fins (ce qui correspond à une faible dispersion des valeurs de El (R1, i) relativement à R1), et si les valeurs AE (i) sont du même ordre de grandeur pour tout i, la distribution en én-
ergie des particules dans la voie de sortie dépend essentiellement de celle des particules lourdes
dans la voie d’entrée.
Ceci montre que les distributions en énergie d’ions Y+ formés dans des états électroniques i
et i’ différents ont :
-
même forme, si les pics électroniques correspondant à ces états ont même largeur ;
-
même position sur l’axe des énergies, si les quantités AE (i) et AE (il) sont égales.
Dans ce cas la distribution en énergie des ions collectés peut être considérée comme sensi- blement maxwellienne : cette distribution sera élargie par la fonction de transfert du dispositif expérimental.
Le résultat est similaire lorsque Y+ est un ion moléculaire formé dans des états i, v : les
distributions en énergie des ions collectés sont confondues pour toute valeur de i et de
vsi les
pics électroniques observés par spectroscopie électronique ont même largeur et s’ils présentent
des décalages identiques par rapport aux pics de photoionisation.
2.2 RÉACTIONS IMPLIQUANT DES TRANSFERTS D’ÉNERGIE DE VIBRATION EN ÉNERGIE DE TRANSLATION.- Dans l’hypothèse où la demi-collision (d) fait intervenir un transfert d’énergie de
vibration en énergie cinétique de valeur bw, l’ion Co2+ (i, v’) acquiert par rapport à l’ion CO+ (i, v)
un supplément d’énergie cinétique mNe.fJr..v I( mNe + mco2) dans le référentiel du centre de masse.
Les ions CO2+ (i v’) et cot (i, v) étant collectés dans la même direction (celle du jet cible), il
est possible d’évaluer graphiquement (Fig. 2) ou analytiquement, pour différentes valeurs de bw leurs différences d’énergie cinétique dans le référentiel du laboratoire.
Dans la première partie de cette étude théorique, nous avons montré que l’énergie des ions
CO+ (i, v) est distribuée suivant une loi en E3/2 exp(-E/kT). La figure 3 reproduit cette distribu-
tion pour une valeur particulière de kT (70 meV), ainsi que les distributions normalisées calculées
sur les bases que nous venons d’évoquer, pour des transferts à partir des niveaux 100, 002,102, 202,
dans le référentiel du laboratoire.
Fig. 2.- Diagramme de Newton de la réaction.
[Newton diagram of the interaction.]
3. Résultats.
3.1. INTERACTION Ne* (3 PO,3 P2) -Ar - Ar+ (i) + Ne + e.- Au cours de cette interaction [8, 9],
l’ion Ar+ est formé dans les états 2 P3/ 2 et 2P1/2. Hotop [10] a montré que les décalages en én- ergie DE (i) correspondant à ces 2 états sont respectivement de + 29 et + 28 meV par impact de
métastables 3 P2 et de + 35 et + 32 meV par impact de métastables 3Po. Ces valeurs sont suffisam- ment proches les unes des autres pour qu’on puisse considérer AE (i) comme indépendant de i.
Par ailleurs, la forme des pics électroniques est sensiblement la même dans ces différents cas, avec
des largeurs à mi-hauteur du même ordre de grandeur.
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Fig. 3.- Distribution en énergie théorique, dans le référentiel du laboratoire, des ions CO+ créés sans trans-
fert d’énergie (a) et avec transfert à partir des niveaux 100 (b), 002 (c), 102 (d), 202 (e).
[Theoretical energy distributions in the laboratory system of CO+ ions created without energy transfer (a),
with energy transfer from 100 (b), 002 (c), 102 (d), 202 (e) levels.î
On doit donc s’attendre, conformément aux conclusions de la discussion précédente, à ce
que la distribution en énergie des ions Ar+ collectés soit analogue à celle des particules neutres.
C’est ce que l’on observe effectivement figure 4, où les résultats expérimentaux ont été ajustés
à une distribution de Maxwell pour un jet, c’est-à-dire à une loi en E3/2 exp( - E / kT) avec une
valeur de kT égale à 70 meV On constate un bon accord avec la loi théorique. La valeur de kT utilisée correspond à une température sensiblement supérieure à la température réelle du fait de
l’élargissement instrumental.
3.2 INTERACTION Ne* (3Po, 3P2) - CO2 ~ CO+2 (i, v) + Ne + e.- Les décalages en énergie pour
l’état fondamental de l’ion CO+ ont été estimés par Cermak [4] à + 15 meV par impact de métasta-
bles 3P2 et à + 20 meV par impact de métastables 3Po. Ces résultats sont conformes à ceux qui ont
été obtenus au laboratoire [11], qui montrent en outre que les pics électroniques correspondant
aux divers niveaux vibrationnels de cet état ont sensiblement la même largeur.
La courbe expérimentale reproduite figure 5 présente un certain nombre de structures qui
rendent impossible son ajustement à une distribution de Maxwell.
La discussion théorique précédente permet d’interpréter ce résultat par l’existence de trans-
ferts d’énergie de vibration en énergie cinétique. Dans cette hypothèse, on doit pouvoir reproduire
la distribution expérimentale en superposant certaines des distributions présentées figure 3, con- venablement pondérées. Cet ajustement doit permettre d’identifier les transferts mis en jeu et de
calculer leurs probabilités.
Le résultat de ce calcul est représenté figure 5 par la courbe en trait plein. Il a été obtenu
en superposant à la distribution maxwellienne (a) de la figure 3 les distributions (c), (d), (e) cor-
Fig. 4.- Distribution en énergie des ions Ar+ créés au cours de l’interaction Ne* (3pO,3 P2) -Ar. Les résul-
tats expérimentaux sont ajustés par une distribution de Maxwell.
[The observed energy distribution of Ar+ ions created by the reaction Ne* (3po @3 P2 ) -Ar, fitted by a single
Maxwellian distribution.]
responda’nt à des transferts à partir des niveaux 002, 102 et 202. Cet ajustement a été réalisé en
prenant pour la maxwellienne (a) et pour le calcul des autres distributions une valeur de kT é-
gale à 70 meV, qui permet de rendre compte à la fois de la distribution réelle des vitesses dans le faisceau cible et de l’élargissement instrumental, pour une cible d’argon. Le choix d’une même valeur de kT dans le cas de C02 se justifie par le fait que les décalages en énergie DE (i) obtenus
pour ces 2 cibles sont du même ordre de grandeur, et qu’ils sont très petits par rapport aux trans-
ferts 8W envisagés. Les poids statistiques affectés à ces 4 distributions sont respectivement de 100, 10, 6 et 5. Compte-tenu des incertitudes expérimentales, ces résultats ne sont qu’approchés, bien
que qualitativement significatifs. En particulier, cet ajustement exclut la possibilité de transferts à partir du niveau 100. Pour cette raison, nous avons également éliminé l’hypothèse de transferts à partir des autres niveaux faisant intervenir exclusivement le mode vl (200, 300, 400), bien que ceux-ci puissent être a priori pris en compte pour l’ajustement, dans la mesure où leurs énergies
sont voisines de celles des niveaux 002, 102 et 202 [4].
4. Conclusion.
Les résultats de cette étude apportent une confirmation nouvelle de l’existence de mécanismes
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Fig. 5.- Distribution en énergie des ions C02 créés au cours de l’interaction Ne* (3po@3 P2) - C02. Les
résultats expérimentaux sont ajustés par une superposition de 4 distributions.
[The observed energy distribution of CO2 ions created by the reaction Ne* (3pO,3 P2) -C02, fitted by a
superposition of 4 distributions.]
collisionnels en deux étapes et de transferts d’énergie de vibration en énergie de translation au cours d’une interaction néon métastable - CO2.
L’approche expérimentale mise en oeuvre ouvre des perspectives intéressantes dans la mesure
où elle permet de quantifier les transferts d’énergie conduisant à la formation de l’ion finaL En l’état actuel cette méthode ne peut pas s’appliquer à l’étude dé l’interaction He*-C02,
en raison de la complexité et de la diversité des réactions observées, l’ion CO) ( 1, v’) pouvant être formé dans le complexe intermédiaire (b) dans plusieurs états électroniques distincts. Elle ne
peut donc s’appliquer pour le moment qu’à des réactions conduisant à la formation d’un seul type d’ions, dans un seul état électronique, ou à la rigueur 2, à condition que les écarts entre les niveaux vibrationnels correspondants soient suffisamment différents pour que les ajustements puissent être
réalisés sans ambiguité.
Il faut noter cependant que cette méthode pourrait être améliorée en mesurant l’énergie des
ions à l’aide d’un sélecteur à 127°, au lieu de le faire par une simple méthode de potentiel retardé.
Nous étudions actuellement les modifications à apporter en ce sens au dispositif expérimental.
En réduisant de manière sensible l’élargissement des distributions expérimentales, inhérent à la méthode de potentiel retardé, il serait possible d’affiner les résultats actuels et surtout d’étendre
nos études à des réactions plus complexes.
Enfin, dans une deuxième étape, il serait souhaitable de pouvoir disposer de jets superson-
iques, de manière à réduire la distribution de vitesse des particules neutres incidentes, et séparer ainsi, de manière beaucoup plus nette, les contributions des différents transferts.
.