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Contribution à l'étude du rayonnement du polonium

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HAL Id: jpa-00242281

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Submitted on 1 Jan 1908

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Contribution à l’étude du rayonnement du polonium

Ch. Lattès

To cite this version:

Ch. Lattès. Contribution à l’étude du rayonnement du polonium. Radium (Paris), 1908, 5 (4),

pp.97-102. �10.1051/radium:019080050409700�. �jpa-00242281�

(2)

IViÉM0IRES ORIGINAUX

Contribution à l’étude du rayonnement du polonium

Par Ch. LATTÈS

[Faculté des sciences de Paris. Laboratoire de Mme Curie.]

Objet des Recherches. - Historique.

Ce travail a été entrepris en vue de déterminer si les rayons du polonium, en frappant une surface mé-

tallique, donnent ou non naissance à un rayonnement

secondaire.

L’expérience fondamentale qui avait conduit à sup- poser l’existence d’un tel rayonnement a été faite par Mme Curie 1, qui a constaté une modification de l’io- nisation produite par le rayonnement d’une prépara-

tion de polonium recouverte de deux écrans métalli- ques superposés, lorsqu’on intervertissait ces écrans.

Cette hypothèse fut corroborée par des expériences

de M. Becquere1 qui, en recouvrant du polonium

avec une mince feuille métallique, obtint des im-

pressions photographiques, à une distance de la pré- paration les rayons « eux-mêmes n’exerçaient

certainement plus aucune action.

M. Meyer3, au contraire, à la suite d’expériences

sur l’absorption des rayons du polonium, par un mème écran placé à des distances variables de la couche active, a proposé une nouvelle explication de

l’effet observé par Mme Curie, fondée sur les varia- tions de cette absorption, et ne faisant nullement

intervenir l’existence hypothétique d’un rayonnement secondaire ionisant.

MM. Kucera et 1BIasek 4 ont éliminë également la

nécessité de cette hypotllèse, et proposé d’expliquer

l’effet de l’intervention des écrans par une diffusion des rayons ci- qui ont traversé une couche métallique,

diffusion qui influerait sur l’épaisseur utile, et par suite sur l’absorption relative à un second écran interposé sur le trajet des rayons.... Une différence

entre les pouvoirs des différents métaux suffirait alors pour expliquer les apparences observées.

En revanche, les expériences de M. W. H. Loge-

man-5 ainsi que celles de M. M. Moulin6 sont favora- l. :Blme S. CURIE, Thèse de Doctorat. R4-S5.

2. BECQUEREL, C. R., 136. 977-981.

5. MEYER, Physikalische Zeitschrift, 917-920-1906.

4. KUCERA et MASEK, Physikalische Zeitschrift, 1906-650- 6ô4.

-

KUCERA, Le Radium, 4-75-1907.

5. LOGEMAN, Pl’oceed’ings of the Royal Society of London (A) 78, 212-217-1905.

6. 3J. MOULIN. le Radium, 4-552-1907.

bles à l’existence d’un rayonnement secondaire lent, qui a été mis en évidence en mesurant sa charge.

M. Logeman arrivait à mettre en évidence la part due

aux rayons secondaires dans la charge que prenait un plateau d’aluminium ou de cuivre exposé au rayonne- ment d’une plaque de polonium, en observant la

différence des vitesses de charge suivant que le

rayonnement était ou non soumis à l’action d’un champ magnétique intense.

M. Moulin a disposé ses expériences d’après un principe analogue. Les rayons x d’une lame de pla-

tine recouverte de polonium se propageaient dans le

vide et venaient frapper une plaque métallique. On

laissait dans une première expérience les rayons sc- condaires s’éloigner de la plaque en emportant leur charge, et dans une seconde on les ramenait au con-

traire sur la plaque par l’action d’un champ 111agné-.

tique ou électrique convenable. La différence des variations de charge de la plaque dans ces deux cas

conduit 31. Moulin à conclure en faveur de l’existence d’un rayonnement secondaire lent, chargé négative-

ment, et dénué de pouvoir ionisant.

Dans mes expériences, j’ai tenté de mettre en évi-

dence l’existence d’un rayonnement secondaire par

un effet d’ionisation. J’ai également tenté d’obtenir

à l’aide du rayonnement cherché une impression photographique.

Les deux méthodes m’ont conduit à un résultat

négatif.

A.

-

Méthode électrique.

Première série d’expériences.

-

Principe.

-

Pour déceler l’existence possible d’un rayonne- ment secondaire ionisant, j’ai mesuré le courant de saturation entre deux toiles métalliques exposées au rayonnement du poloniuln, et j’ai cherché si ce cou- rant était modifié lorsqu’on posait sur la toile supé-

rieure une plaque métallique. 11 aurait dù en ètre ainsi, si la surface de cette plaque frappée par les rayons x avait émis entre les mailles de la toile des rayons secondaires capables d’ioniser l’air de la chambre.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:019080050409700

(3)

98

L’appareil dont je disposais nie permettait de dé- placer la chambre d’ionisation par rapport à la source

de rayons, c’est-à-dire d’étudier les rayons cc à des distances variables de leur origine, compriscs entre

2 centimètres et la valeur du parcours maximum dans l’air (3cm9 à 4cm).

A aucune distance je n’ai observe de variation sen-

sible du courant de saturation, soit en introduisant

une plaque, soit en remplaçant une plaque par une autre de métal différent.

Dispositif expériemental.

-

10 La préparation de poloniun était constituée par un dépôt sur lame de platine obtenu de la manière suivante : la lame était

préalablement recouverte d’une couche mince de

bismuth ; à cet effet, on l’utilisait colnme catode dans l’électrolyse d’un bain d’eau acidulée par le dixième de son poids d’acide sulfurique, l’anode

soluble étant constituée par une plaque de bismuth

fondu en présence de cyanure de potassillm.

Pour que le bismuth déposé formc une couche

adhérente et régulière, il est bon de laver la lame de

platine a l’eau distillée dès que le dépôt commence,

pour éliminer les bulles gazeuses adhérentes n la lame.

La densité de courant employée correspondait à 5 1»il- liampères pour une lame de 6 centimètres carrés.

La lame ainsi préparée était ensuite plongée dans

une dissolution chlorhydrique de polonium, obtenue

en chassant l’acide azotique d’une dissolution de polo-

nium dans J’eau régale.

-

Dans ces conditions le bislnuth déplace le polonium qui se dépose sur la lame.

Fig. 1.

Afin de concen- trer le dépôt sur

la partie jugée utile, on vcrnit le

reste de la lame.

2° L’appareil

de mesurc repré-

senté figure 1 était

constitué par : a)

un platcau hori-

zontal P destiné à supporter la préparation et mobile dans le sens vertical au moyen d’une crémaillère C; un vernier au dixième V soli- daire de ce plateau et se déplaçant devant une ré- glette verticale fixe R, permettait d’évaluer les dis-

tances de la préparation à la chambre d’ionisation.

b) Celle-ci était contenue dans une boîte cylindrique

en laiton B soutenue par deux colonnes dont l’une

portait la règle R. La chambre d’ionisation était formée par deux toiles cll fil liii de cuivre tendues

parallèlcmellt sur deux cerceaux métalliques isoles.

l,a distance des deux toiles était d’environ 0mm, 5, la partie Inédiane de la chambre correspondant au zéro

de la réglette. Chacun des cerceaux était fixé au corps de la boîte par une tige métallique isolée à l’ébonite

et se terminant extérieurement par une borne. Ainsi

aux toiles T, T’ correspoldaient les bornes b, b’. La toile inférieure T était reliée par la borne b au pôle positif d’une batterie d’accumulatcurs dont l’autre

pôle était au sol, ce qui portait cette toile à un poten-

tiel constant, suffisant pour assurer la saturation.

-

L’autre toile T’ était reliée par b’, à l’électromètre.

-

Une troisième toile métallique T" tendue au fond de la boite 11, et par suite au sol comme elle, formait écran

électrique au-dessous de la chambre d’ionisation.

c) Le courant d’ionisation était mesuré à l’aide d’un électromètre à quadrants et par la lnéthade de la fuite

constante.

J’ai employé d’abord un électromètre à fil de quartz dont l’aiguille, chargée par contact avec le

mercure d’un godet mobile relié à une batterie

d’accumulatcurs, pu*s isolée, gardait assez bien

sa charge pendant une série de mesures. Plus tard, j’ai substitué au fil de quartz un fil métallique, ce qui permettait de maintenir un potentiel constant à l’ai- guille : ce dernier dispositif m’a donné des résultats

plus réguliers.

dj La fuite constante était formée par un conden- sateur du inodéle ordinairement employé

en radioactivité, dont le plateau infé-

rieur, relié au sol, supportait une lame d’argent recouverte d’un dépôt de polo- niuln, et dont le plateau supérieur était

relié à la méme borne de l’électromètre que l’appareil d’ionisation. L’autre paire

de quadrants de l’électromètre est reliée au sol. Dans

ces conditions, le courant de saturation entre les toiles T T’ donne à l’électromètre une déviation constante qui

lui sert de mesure.

e) On n’utilisait pour produire l’ionisation que les rayons émis par la préparation dans les directions

voisines de la normale. Pour éliminer les autres, on canalisait le rayonnement par un faisceau de tubes

Inétalliqucs verticaux, constitué en l’espèce par la toi’c d’un bec Mekcr et figuré en F.

fj Les plaques métalliques que l’on posait sur la

toile T’ étaient de sin1ples disques dccoupés dans dcs

feuilles métalliques assez minces pour que leur poids

ne déformàt pas la toile.

Résultats.

-

On construisait les courbes de varia- tion du courant de saturation avec la distance, en laissant d’abord la toile T’ découverte, puis en la cou-

vrant avec des plaques de métaux divers.

Je constatai bientôt que le dispositif’ adopté pour

(4)

charger l’aiguille tant que j’ai conservé le fil de

quartz, ne lui conservait pas une charge assez con-

tante, malgré le soin apporté à iiettoycr Id Iil dc quartz, pour que les courbes tracées successivement

avec deux plaques métalliqucs différentes, sans recharger l’aiguille, pussent indiquer avec certitude,

par leurs différences, une différence dans les rayon- nements secondaires cherchés; on ne gagnait pas

bcaucoup à ce point de vue en chargeant l’aiguille

avant chaque série de mesures, car la charge initiale

était loin d’être parfaitement definie. J’ai obvié dans la mesure du possible à cet inconvénient en croisant les lectures, c’est-à-dire en mesurant successivement,

pour unc même distance de la préparation aux toiles,

les courants correspondant aux différentes plaques métalliqucs. On intervertissait d’ailleurs pour les distances successives, l’ordre des lectures pour les différents métaux, en sorte que les petites variations possibles de la charge de l’aiguille ne pouvaient se tra-

duire que par un changement de l’allure générale de

toutes les courbes et non par une divergence entre les

courbes correspondant aux différents métaux.

Les lectures étaient d’ailleurs corrigées de la valeur

de 1 fuite propre de l’appareil, qui était lue ii difl’é-

rentes reprises pendant une série de mesurcs et s’est

montrée assez constante pour que cette correction n’introduise aucune erreur sensible.

J’ai utilisé des plaques de zinc, de plomla, d’alu- minium, et j’ai observé une coïncidence assez parfaite

des courbes obtenues avec les diverses plaques, et sans plaque, pour permettre déjà de conclure à l’absence de tout rayonnement secondaire capable de produire

une ionisation rnesurable dans les conditions dcs

expériences.

Dans le tableau suivant qui indique les nombres

fournis par une série de mesures, les chiffres de la

première colonne représentent les distances en milli-

mètres de la préparation à la chambre d’ionisation et ceux des colonnes 2, 5, 4, 5 les valeurs des courants de saturation correspondants, la toile T’ ne supportant

aucune plaque (2), ou des plaques d’aluminium (5),

de zinc (4), de plomb (5). Ces valeurs sont exprimées

en millimètres de déviation constante et corrigées de

la valeur de la fuite propre, indiquée en premier lieu.

Ces résultats, qui résument assez bien ma première

série d’expériences, sont traduits graphiquement par la figure 2. On voit que les courbes correspondant aux

Fig. 2.

Appariel sans aucune plaque X

-

avec plaque d’aluminium O

- -

dc zinc +

- -

de plomb

.

quatre cas étudiés étant sensiblement confondues, on

s’est borné à tracer une courbe unique, tout en figu-

rant les points représentatifs des divcrs cas.

Toutefois, les diverses expériences faites avec cette

méthode n’ayant pas toutes donné des résultats aussi

concordants, on attribua ces irrégularités observées à la modification des effets de diffusion des ions que peu- vent produire ces plaques métalliques, et aux varia-

tions possibles du volume d’air ionisé par les défor- mations de la toile T’. On a élininé ces causes d’erreur

en modifiant légèrement l’appareil de mesure.

Deuxième série d’expériences.

-

On n’a changé dans le premier dispositif que la chambre d’ionisation : la toile supérieure T’ était remplacée

par un plateau métallique x, relié à l’électrométre.

Ce plateau métallique, vissé sur une tige fixée au cou-

vercle de l’appareil, et isolé a l’ambre, comme l’indi-

que la figure 2 (II), pouvait être enlevé à volonté et remplacé par un autre de métal différent. Les diffé- rents plateaux avaient été très soigneusement travail- lés, de manière â présenter tous la même épaisseur,

et venaient buter, une fois vissé, contre un renfle-

ment de la tige, plan à sa partie inférieure, cc qui

assurait à la chambre d’ionisation, dans la comparai-

son des différents métaux, une forme et un volume très bien délinis. En outre, ce nouvel arrangement présentait sur le premier l’avantage de pouvoir mettre

en évidence tout rayonnement secondaire ionisant,

mëme très absorbable qui aurait pu ne pas se mani- fester dans les premières mesures si l’épaisseur d’air comprise entre la face inférieure des plaques métalli-

ques et la face inférieure de la toile T’, avait été suf- fisante pour le supprimer.

L’électromètre employé dans ces nom elles mesures

était a fil métallique, ce qui permettait de maintenir

l’aiguille à un potentiel constant de 88 volts. Les causes

(5)

100

d’irrégularités dues aux variations do charge de l’ai- guille étaient donc aussi supprimées.

Diverses séries d’expériences, faites avec des pla-

teaux de cuivre, de zinc, d’aluminitiin, de laiton ont fourni une coïncidence parfaite, eu égard au degré de précision des expériences, pour les courbes correspon- dant aux différents métaux.

Dans le tableau suivant, qui résume une série d’ex-

périences, les différentes grandeurs sont exprimées

avec les mêmes unités que dans le tableau donné plus

haut. Les déviations données par les divers courants sont corrigées de la f’uitc propre de l’appareil.

Ces résultats sont représentés graphiquement par la courbe de la figure 5, obtenue en portant en abscis-

ses les courants duc saturation, et en ordonnées les dis-

Flg. 5.

1 plateau d’aluminium X

Points correspondant au

-

du cuivre -+

-

de zinc O

tances de la préparation à la chambre d’ionisation.

Encore ici, une seule courbe a pu être figurée.

La coïncidence des trois courbes permet simplement,

en toute rigueur, de conclure à l’invariahilité du rayonnement secondaire émis parle plateau, lorsqu’on change le métal de celui-ci. Mais étant donnée la na-

ture très diff’érentc des métaux employés au point de

vue des émissions secondaires, cette invariabilité ré-

pond, selon toute vraisemblance, à l’absence de tout

rayonnement secondaire.

Troisième série d’expériences.

-

Effet de

l’intervesion des (l’cl’ans sur le rayonnement du polonium en couche mince.

-

Les résultats précé-

dents avaient été obtenus en employant, comme source

de rayons, du polonium déposé en couche mince sur une lame de platine.

L’expérience de Mme Curie sur l’interversion des écrans avait été faite avec des produits polouifères beaucoup moins actifs et formant une couche d’épais-

seur notablc.

Il y avait donc lieu de sc demandcr si l’intervcrsion aurait produit des différences d’absorption aussi con-

sidérables, en prenant comme source du polonium en

couche mincc.

J’ai donc repris l’expérience en question en utilisant

successivement des nitratcs polonifères en couche épaisse, ct unc lanie d’argent recouverte d’un dépôt

nlince de polonium (celle clui m’avait servi de fuite

dans lnes premières mesures) .

Les écrans métalliques employés étaient constitués

par un nombrc convenable de feuilles minces de nlé- taux battus, collées entre deux couronnes de papier.

Un même écran portait sur ses deux faces des feuilles de lnétaux différents.

Les groupes de deux métaux (ou alliages) utilisés

ont été les suivants : Aluminium-cuivre.

Aluminium- argent.

Aluminium-platine.

Étain-laiton.

Remarquons que si l’on s’en tient il la première explication de l’effet d’interversion, c’est-à-dire à l’existence d’une émission secondaire pour certains des métaux, on ne pouvait songeur à mesurer l’ionisa- tion à une certaine distance des écrans, comme per- mettait de le faire le dispositif des premières expé-

ricnces. Il fallait, et c’est d’ailleurs ainsi qu’a été faite l’expérience originale, s’en tenir à un appareil tous

les rayons qui sortent des écrans sont utilisés pour

produire le courant d’ionisation mesuré.

J’ai utilisé à cet effet un condensateur du modèle ordinaire dont le plateau inférieur, porté à un poten- tiel suffisant pour assurer la saturation, supportait sa préparation active et l’écran, posé sur une bague mé- tallique de 6 mrrr. de hauteur.

On n’utilisait plus seulement ici les rayons voisins de la normale, mais tous les rayons émis.

Dans ces conditions, l’interversion des écrans pro-

duit, aussi bien pour le polonium en couche mince que

pour le polonium en couche épaisse, une différence d’absorption, mais cette différence est un peu moins

marcluée dans ce premier cas que dans le second.

Il n’y a pas lieu de s’étonner que la seule mesure

commune à cette séric et a celle publiée par Mme Cu- ric 1, qui est celle relative au couple étain-laiton,

1. Mme CURIE, Thèse de Doclorlll, 85.

(6)

n’accuse pas exactement la même différence d’ahsorp-

tion produite par lc renversement de l’ordre des écrans.

En effet, les épaisseurs d’écrans employées n’étaient

pas les mêmes dans les deux cas, et de plus, la dis-

tance des écrans â la préparation qui influc également

sur le phénomène, avait sans doute varié également

d’une expérience à l’autre.

Les chiffres du tableau suivant, qui résume mes observations, représentent les courants de saturation

cn unités arbitraires : ce sont des nombres inverse- ment proportionnels aux temps employés par le spot

de l’élcctromètre pour parcourir l’intervalle de deux divisions fixes de la règle. Ils sont corrigés de la fuite

propre de l’appareil.

B. Méthode photographique.

La source de rayons utilisée dans les expériences photographiques était le dépôt de polonium sur lame

de platine, qui m’avait servi dans les mesures d’ioni- sation.

Pour avoir un pinceau de rayons nettement défini, je plaçais la lame au fond d’une petite boîte de laiton

à peu près cubique, munie intérieurement de deux cloisons en lai-

Fig. 1.

ton de 0 mm. 5

d’épaisseur, percées de

deux fentes en

regard de 1

millimètre de

largeur et pla-

cées respecti-

vement a 5 mil- limètres et 15 millimètres du fond de la boîte.

Sur la cloi-

son supérieu-

re, ainsi que

l’indique schématiquement la figure 4, reposait la plaque photographique que l’on iiiaintenait inclinée â environ 60° des rayons : â cet effet, tandis que le

bord inférieur butait contre une des parois latérales

de la boîte perpendiculaire aux fentes, la partie mé-

diane était soutenue par une cloison parallèle aux

deux premières, mais qui, étant limitée au milieu de

la boite, formait console.

C’est le bord de la console, soigneusement dressé, qui aurait dû être le siège d’une émission secondaire,

et si cette émission était capable d’impressionner la plaque (j’employais des plaques 2 très sensiblcs), on

aurait dil observer i la partie supérieure de l’impres-

sion produite par le pinceau de rayons directs, une houppe ou un trouble quelconque.

J’ai fait une dizaine d’expériences, les unes à la pression atmosphérique, les autres à

une pression inférieure n 1 millimè- tr e de mercure, réalisée en plaçant l’apparcil sous unc cloche rodéc sur un plan de verre, dans laquelle on fai-

sait le vide avec une trompe : le temps de pose a varié entre i5 heu-

res et 4 jours. Dans aucun cas, on n’a

ohservé la moindre trace des appa-

Fig. 5.

rences attendues. Une des épreuves obtenues est re- présentée figure 5.

La seule singularité présentée par les épreuves était

l’existence permanente de deux maxima d’impression

situés slr le prolongement des deux plans parallèles

définis par les bords en regard des fentes, c’est-à-dire

sur les lignes de séparation de l’ombre et de la pé-

nombre géométriques. On avait d’abord attribué cet aspect à un rayonnement secondaire émis par lcs bords des deux fentes, dans la direction des rayons incidents qui frappaient tangentiellement le métal.

Pour accentuer cet effet, on a été conduit à remplacer

les deux fentes par une fente unique à bords épais,

formée par deux blocs de laiton de 10 millimètres

d’épaisseur et écartés de 2 millimètres. Ce nouveau

dispusitif donnait effectivement deux 111axilna très nets. Mais tous les cssais tentés en vue de séparer les

rayons secondaires hypothétiques et les rayons directs,

soit en absorbant les uns ou les autrcs par des feuilles

métalliques d’épaisseur convenable placées sur la fente, soit cn déviant les rayons secondaires par un

champ magnétique intense, ont échoué. On n’a pas

davantage réussi à supprimer les maxima, ou il en

modifier sensiblement l’intensité, en recouvrant les bords de la fente avec de l’aluminium, ce qui dimi-

nuait beaucoup la probabilité d’une émission secon-

dairc.

En dernièrc analyse, on a été amené à att1-ibuer les apparences observées à un effet photographique

d’ordre général, signalé par M. Sagnac’.

Effectivement, les épreuves obtenues en remplaçant

le rayonnement du polonium par de la lumière, dif- fusée par un verre dépoli substitué au fond de la

1. SAGNAC. Journal cle Physiqlle (5e série: VI. 173.

(7)

102

hoite, présentaient des apparences tout à fait ana-

loques.

En résumé, les résultats donnés par les deux mé- thodes de recherche employées, indiquent que les rayons du poloniunl, en frappant une surface métallique, nc.

donnent naissance à aucune émission secondaire ca-

llable de produire une ionisation de l’air, ou une ini- pression photographique. Ces deux effets étant géné-

ralement connexes, il est naturel qu’ils soient simul- tanément absents pour les rayons secondaires lents

signalés par M. Logeman et par M. Mouhn.

En ce qui concerne l’expérience fondamentale sur

l’interversion des écrans, la comparaison des nombres publiés par Mme S. Curie, par MM. Kucera et Masek, par M. E. Meyer, et de ceux que j’ai obtenus, indique

nettement que la variation d’ionisation produite par lc renversement est beaucoup moins considérable lors-

qu’on utilise des rayons de direction bien définie,

traversant normalement les écrans, que lorsqu’on emploie des faisceaux largement ouverts, comme dans

les autres séries de mesures. Il sembteqne, dans le premier cas, la variation d’absorption des rayons

avec la vitesse suffise, comme l’a montre M. Meyer,

pour interpréter les résultats obtenus. Quant à l’exa-

gération de l’effet d’interversion observée lorsqu’on

utilise des rayons obliques aux écrans, il semble diffi-

cile de l’attribuer a l’inclinaison même des rayons par rapport à la surface des écrans, qui lle peut guère

être envisagée comme une surface plane par rapport auxdimensions des projectiles constituant les iaj ons ce : l’effet de diffusion signalé par MM. Kucera et 1BIasck serait alors prépondérant.

Ce travail a été executé dans le laboratoire de Mme Curie, à la Faculté des sciences de Paris. 11 me

reste, en terminant, à exprimer à Mme Curie et a

M. Dehierne toute ma reconnaissance pour les conseils bienveillants qu’ils n’ont cessé de me donner ct qui

m’ont permis de mener à bon terme mes expériences.

[Rcçu le 5 avril 1908.]

Sur les constituants de la radioactivité atmosphérique

Par H. DADOURIAN

1. On peut dire que l’étude de la radioactivité

atmosphérique a eu pour origine l’intéressante décou-

verte faite par Elster et Geitel’ en 1901. Ces auteurs ont trouvé que, 10rscIu’un conducteur chargé néga-

tivement est exposé à l’air libre pendant un temps court, il présente temporairement les propriétés des

corps radioactifs. Successivement ils ont montré dans

une série de recherches 2 que cette activité est due à

une substance solide qui est attirée vers le corps

chargé et qui s’y dépose sous l’action du champ élec- trique. Le dépôt actif a pu être isolé par dissolution daus un acide puis évaporation à sec de cette solution;

le résidu ainsi obtenu possède les propriétés géné-

rales des produits de transformation rapide des sub-

stances radioactives.

Un certain nomhre d’expérimentateurs ont obtenu

des résultats analogues, dans des conditions expéri-

mentales différentes et dans diverses localités. llutller- ford et Allan3 ont fait une étude de la loi de désacti- vation du dépôt actif et ont trouvée que l’activité dis-

paraissait suivant une loi exponentielle de lnoitié de sa valeur, en 45 minutes; cette valeur ne correspond ni

1. CEMEL. Le Radium, 2-195-1905.

2. GLTTEL, Le Radium, 2-225-1905,

i. RUTHERFORD et ALLAN, llhil. Mag., 4-352-1902; GOCKEL, Phys. Zeitsch., 5-591-1904; .1..f. THOMSON, Phil. Mag., B-352- 1902; HIMSTEDT, Phys. Zeitsch., 4-482-1903.

!l la constante de l’émanation du radium, ni à celle

du thorium, on ne peut donc a priori admettre la présence dans l’atmosphère de l’une ou l’autre de ces

émanations. Toutefois les auteurs avaient conclu due

la façon suivante :

« Les différences observées sur la pénétration et

sur la loi de décroissance nous permettent de conclure que l’activité induite de l’air ne peut être attribuée à

la présence d’aucune substance connue dans l’atmo- sphère. »

Elster et Geitel ont montré depuis que les courbes de décroissance du dépôt actif extrait de l’air pou- vaient parfaitement se superposer à celles de l’éma- nation du radium; mais les observations sur la décroissance n’étaient pas poursuivies plus de 2 heures après l’activation du corps ; il en résultait que l’ac- cord se rapportait à une plus petite région de la

courbe de décroissance. Dans la suite l’accord était tout à fait insuffisant en comparaison de la précision

des mesures, si toutefois le dépôt actif de l’air avait été dû à la présence de l’émanation du radium. Peu de temps après la publication du travail d’Elster et

Geitel, Allan 2 publiait une note dont les conclusions sont les suivantes : « La différence des lois de décrois-

1. ËLSTËK et GEITEL, Phys.Zeitsch., 5-11-1904.

2. ALLAN, Plxil, Mag. , 7-140-1904.

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