HAL Id: tel-00005370
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Submitted on 18 Mar 2004
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Juliette Mignot
To cite this version:
Juliette Mignot. Sur la variabilité climatique de la salinité de surface en Atlantique Nord et son lien
avec la circulation océanique dans un modèle couple. Océan, Atmosphère. Université Pierre et Marie
Curie - Paris VI, 2003. Français. �tel-00005370�
Spé ialité : O éanographie Physique
par
Juliette Mignot
pourobtenir le gradede Do teurde l'UniversitéParis VI
Sujetde lathèse:
Sur la variabilité limatique de la salinité de surfa e en Atlantique
Nord et son lien ave la ir ulation o éanique dans un modèle ouplé
Soutenuele 28novembre 2003 devant lejury omposéde :
Mi hel ARHAN ... Rapporteur
Alain COLIN DE VERDIERE ... Rapporteur
Claude FRANKIGNOUL ... Dire teur de thèse
Mi hael GHIL ... Examinateur
Gilles REVERDIN ... Examinateur
Jetienstoutd'abordàremer iertressin èrementClaudeFrankignoulpourm'avoirguidéeave interêt,
patien e et disponibilitétout aulong dema thèseet pour tout e qu'ilm'a appris. Je remer ie
égale-ment Mi hel Arhan et Alain Colin de Verdière pour avoir a epté d'être rapporteurs de mon travail,
Gilles Reverdin et Mi hael Ghil pour leur ommentaires sur le manus rit, et Vladimir Tseitline pour
avoir présidé e jury. Mer i aussià Gillespour les dis ussionsenri hissantes surmon travailau ours
de estroisannées et pour l'opportunitéqu'il m'adonnée d'aller vérier surpla e silamer etaitbien
salée!
Je remer ie également Helge Drange,Mats Bensten, InaK. T. Kindem et toute l'équipedu BCM
a Bergen pour m'avoir fourni les données du modèle. Mer i à Bruno Blanke pour m'avoir permis
d'utiliser lelogi iel Ariane et à Daniele Iudi one pour m'avoir é lairé sur sonutilisation. Mer i enn
à Jean-Lu Meli epour avoir guidémes premiers pasave lesondelettes.
Untrèsgrand mer iàtoutel'equipeintera tionsair-mer duLODYC, Christophe,David,Elodie,
Jérme, Julie, Gaëlle, Marie-Noëlle, Nathalie, Petra et Sabine. Mer i pour vos onseils, votre aide et
votresoutien,tantsurleplans ientiquequ'humain. J'asso ieChantal,Ni olasM.,PierreetSandraà
esremer iements. Atous,votreprésen e,vosen ouragements, nosdéjeunersetpauses- aféregulières
m'ont permisde fairede ette thèsetrois trèsbellesannées.
Je remer ie également l'ensembledu LODYCpour sona ueil. Toutema gratitudeen parti ulier
àNi olasL.etNi olasM.pour vosdépannagesréguliersete a esenmatièred'informatique,pretsà
toutpourmepermettrede ontinuer àtravaillerdanslesmeilleurs onditionsmalgréledéménagement
du reseau puisdesbureaux, allant jusqu'à sauver PAN desammeset de l'amiante!
Je souhaite aussi remer ier mes parents et Manu et Matthias qui, sans toujours bien omprendre
où pouvait mener l'étudedu sel dansla mer, m'ont ontinuellement en ouragée et a ordé toute leur
onan e bienveillante. Mer i ausoutiendes opains detoujours et de eux dé ouverts au oursde la
vie de thésarde- un lind'oeil aux roque-madames desArènes. Mer ienn a Guillaume.
L'objetde ette thèse estl'étude du omportement desanomalies de salinitéde surfa e (SSS)
dans l'Atlantique. On étudie leur variabilité aux é helles de temps interannuelles à dé ennales, leur
réponseauxprin ipaux modesdevariabilitéatmosphérique dansl'AtlantiqueNordet leurlienave la
ir ulation o éaniquedegrandeé helle. Etant donnélemanqued'observationsdeSSSsurdeslongues
périodesetàl'é helledubassin,letravailestessentiellementbasésurdessimulationsglobales ouplées.
Danslapremièrepartiedelathèse,ladynamiqueproprementditedesanomaliesdeSSSestanalysée
grâ e à deux simulations ouplées en onditions de ontrle étudiées su essivement: le run SINTEX
(ECHAM4-OPA8) etlerun de ontrledu BergenClimateModel(ARPEGE-MICOM).Nosrésultats
montrentquel'adve tionparlesanomaliesde ourantsd'Ekmanestenmoyenneaumoinsaussie a e
que le ux d'eau dou e pour générer des anomalies de SSS aux é helles de temps intrasaisonnières.
Ce i apu être onrmé dansles observations. Une fois réées, lesanomalies de SSSsont relativement
persistantes arelles ne sont pasamorties par les uxatmosphériques, au ontraire des anomalies de
température de surfa e. Elles sont don plus fortement inuen ées par les ourants moyens et par la
variabilitégéostrophique. Enfait, esdeuxfa teursdominentles hangementsdeSSSàbassefréquen e
sur lamajorité du bassin. En utilisant un outil de al ul detraje toires lagrangiennes, ona pusuivre
en parti ulier lapropagation d'anomalies de SSS le longdes ourants o éaniques moyens pendant au
moins5ans. L'analyseaétéee tuéeaussibienlo alement quepourlaréponseauxprin ipaux modes
de variabilité atmosphérique dans l'Atlantique Nord omme l'Os illation Nord-Atlantique (NAO) et
l'East Atlanti Pattern. Lesrésultatssont similaires.
Dansla deuxième partie de lathèse,lavariabilité de la ir ulationméridienne en moyenne zonale
estanalyséedansleBergenClimateModel. L'intensi ationde la onve tionprofondedansleshautes
latitudesdel'AtlantiqueNordfor eunea élerationdela ir ulationméridiennemoyenneave undélai
de 5 ans environ. L'inuen e de la NAOsur la onve tion profonde est également mise en éviden e
mais lelienentre laNAOet la ir ulationméridienne sefait prin ipalement par a tion mé anique du
vent et n'est déte table qu'auxé hellesde temps interannuelles. LePa iquetropi al inuen e quant
àluilavariabilitébassefréquen edela ir ulationméridienne moyennedanslemodèle. Lephénomène
El Niño réedesanomalies positivesde salinitédansl'Atlantique tropi al. Celles- i sont adve téesen
une trentaine d'années dans les hautes latitudes de l'o éan Atlantique Nordoù elles semblent for er
une a élérationdela ir ulationméridienne moyenneen ontribuantàladéstabilisationdela olonne
Thisworkfo useson theseasurfa e salinity(SSS)anomaliesbehaviourinthe Atlanti . We study
theirvariabilityatinterannualtode adaltimes ales,theirresponsetotheleadingmodesofatmospheri
variabilityin theNorth Atlanti andtheir linkto thelarge s aleo eani ir ulation. Given thela kof
observations onsu iently longperiodsandat the basin-s ale, theworkisessentiallybasedonglobal
oupledsimulations.
Intherstpartofthethesis,thedynami sofSSSanomaliesissu essivelyanalysedintwo oupled
simulations under ontrol onditions: the SINTEX run (ECHAM4-OPA8) and the Bergen Climate
Model run (ARPEGE-MICOM). Our results show that, on average, at intraseasonal times ales, the
adve tionbyanomalousEkman urrentsisatleastase ientinfor ingSSSanomaliesasthefreshwater
ux. Thishasbeen onrmedintheobservations. On e reated,theSSSanomaliesarequitepersistent
be ause they are not damped by the atmospheri uxes. This diers from the ase of sea surfa e
temperature anomalies. As a result, the SSS anomalies are more strongly inuen ed by the mean
urrentsand bythe geostrophi variability. Infa t, thosetwo termsdominatethe SSS hanges atlow
frequen y over most of the Atlanti basin. Using a al ulation of lagrangian traje tories, we ould
follow the propagation of SSS anomalies along the mean urrents for at least 5 years. The analysis
has been done both lo ally and in response to the leading modes of atmospheri variability in the
NorthAtlanti ,thataretheNorthAtlanti Os illationandtheEastAtlanti Pattern. Theresults are
similar.
In the se ond part of the thesis, the variability of the o eani meridional overturning ir ulation
(MOC) is analysed in the Bergen Climate Model. The intensi ation of the deep onve tion in the
North Atlanti high latitudes for es an a eleration of the MOC after about 5 years. The NAO
inuen esthedeep onve tionbutitsinuen eontheMOCitselfismostlydonethroughtheme hani al
a tion of the wind at the interannual times ale. Inthe model, the tropi al Pa i inuen es the low
frequen yvariabilityoftheMOC.El Niñoindu es positiveSSSanomaliesin thetropi alAtlanti that
seem to be adve ted within about 30 years in the high latitudes of the North Atlanti where they
1 Introdu tion 9
1.1 Le sel dansl'o éan . . . 9
1.2 La SSS enAtlantique Nordet le limat . . . 12
1.3 Les variations de salinitéobservées . . . 15
1.4 L'objetde ettethèse et l'outil utilisé. . . 18
2 Variabilité interannuelle de la SSS : simulation SINTEX 21 Résumé . . . 21
3 Variabilité interannuelle à dé ennale de la SSS : simulation du Bergen Climate Model 33 3.1 Présentation de lasimulation ouplée . . . 33
3.1.1 Des ription du modèle . . . 33
3.1.2 La simulation de ontrle . . . 36
3.1.3 Des ription de l'étatmoyen du BCM . . . 39
3.2 Des ription de lavariabilité du BCM . . . 45
3.2.1 Variabilité atmosphérique en AtlantiqueNord . . . 45
3.2.2 Variabilité intrasaisonnièreà interde ennale de laSST . . . 53
3.3 Variabilité intrasaisonnière àinterde ennale de laSSS et réponse àla variabilité atmo-sphérique . . . 59
3.3.1 SSS variability . . . 59
3.3.2 For ing andadve tion of the SSSanomalies . . . 64
3.3.3 SSS anomalies generated bythe NAO . . . 69
3.3.4 SSS anomalies generated bythe EAP. . . 75
3.3.5 Con lusions . . . 76
4.1 Le hoix d'un indi e pour dé rireles variations deMOC danslemodèle . . . 86
4.1.1 Cara térisation de lafor ede laMOC . . . 86
4.1.2 Cara térisation de lavariabilitéde laMOC . . . 88
4.1.3 MOC et transportsméridiens de selet de haleur . . . 93
4.2 La onve tion profondedansle BCM . . . 94
4.2.1 Lo alisation dela onve tion profonde dansleBCM . . . 94
4.2.2 Conve tion profondeet SSS . . . 96
4.2.3 Conve tion profondeet forçage atmosphérique. . . 97
4.2.4 Forçagede laMOC par la onve tion profonde . . . 105
4.3 NAOet MOC . . . 108
4.4 Stru tures asso iéesàlaMOC Atlantique . . . 118
4.5 Variabilité de laMOCà basse fréquen edansleBCM . . . 128
5 Inuen e of the tropi al Pa i on the Atlanti o ean in the BCM 133 5.1 Des ription of ENSOin the model . . . 133
5.2 Atlanti SSS andSST responseto ENSO in themodel . . . 137
5.2.1 Interannual times ales . . . 137
5.2.2 De adal times ales . . . 143
5.3 ENSO andthe meridional overturning ir ulation . . . 147
5.3.1 Interannual times ales . . . 147
5.3.2 De adal times ales . . . 151
6 Con lusions 159
A The surfa e heat ux feedba k: indire t estimate in the ECHAM4/OPA8 oupled
GCM 165
B Dé omposition en ondelettes et appli ation à la onstru tion d'un ltre passe bas173
C RéponsedelaSSTàla variabilitéatmosphériqueenAtlantique NorddansleBCM175
Chapitre 1
Introdu tion
1.1 Le sel dans l'o éan
Lamerest omposéed'eauà96.5%environ. Les3.5%demasserestante sont onstituésdematière
dissoute, essentiellement sous forme d'ions. Plus de 75% de la masse totale de es ions provient du
hlorure de sodium. Ce n'est ependant qu'undestrès nombreuxsels omposantlasolution d'eaude
mer. On y trouve par exemple également du hlorure de magnésium, du sulfate de magnésium, de
al ium ouen oredepotassiumen quantiténon négligeable. C'estl'ensemblede esselsqui onstitue
la salinité de l'eau demer.
Quantitativement, la salinité orrespond don à la masse, en grammes, de sels dissous dans 1kg
d'eau de mer. Il est très di ile d'estimer ette quantité par une analyse himique dire te (sé hage
et pesée du résidu solide). En eet, ertains orps, notamment les hlorures, s'é happent au ours
du dernier stadede sé hage. Du début du siè le auxannées 50 environ, lasalinité était don déduite
de la seule on entration de hlore, estimée par titrage. Cette méthode reposait sur le fait que les
proportions relatives des prin ipaux onstituants de l'eau de mer sont pratiquement onstantes dans
le temps et dans l'espa e (saufpar exemple à proximité deseuves), bien quela on entration totale
de sel dissous varie. Une formule empirique permet don de déduire la quantité totale de sel de la
on entration en hlore. Cette méthode posait ependant plusieurs problèmes, notamment de biais
à ause d'un mauvais étalonnage de ette loi empirique. De plus, dans les zones où la omposition
de l'eau de mer n'est pas "standard", ette méthode n'est pasvalable. La méthode himique a don
étéprogressivement abandonnéeauprotd'uneméthode éle trique: onmesureaujourd'hui lerapport
entre la ondu tivité éle trique d'un é hantillon d'eau de mer et elle d'une solution de référen e de
onexprime leplus souvent lasalinité enpsu (pra ti al salinityunits), orrespondant à lapartie par
milliers (enmasse) desselsdissous dansl'eau.
Contrairement à latempérature de surfa e que l'on sait mesurer par satellite (etdon en ontinu
oupresque,surtoutleglobe) depuisdenombreusesannéesdéjà,iln'existepasen ore demesurede la
salinitéde lasurfa e de l'o éan par satellite. Deux projets on urrents sont a tuellement en ours de
développement: lesatelliteSMOS(SoilMoistureandO eanSalinity)del'Agen eSpatialeEuropéenne,
devraitêtre lan é en2007, et le satelliteAQUARIUS de laNASA,est prévu pour l'horizon 2008. En
attendant,lamesuresefaituniquementinsitu,lorsde ampagnesenmeràborddenaviresmar hands
et o éanographiques ou à partir de bouées. Une grande partie des mesures se fait par prélèvements
d'é hantillons d'eaudemer enbouteilles, quisont ensuiteanalysés àbord ouen laboratoire. Diverses
sondes, telles que les CTD (Condu tivity, Temperature, Depth) permettent également d'obtenir des
prols verti aux. Par ailleurs, les thermosalinographes permettent de mesurer automatiquement la
températureetlasalinitéen ontinu,etilssontdon fréquemmentpla ésàborddesnaviresmar hands.
Leurgrandelimitation est qu'ilsne donnent qu'une mesureen surfa e. Grâ eà tous esinstruments,
lesobservations ont permis un suivide la salinitéde surfa e (SSS, pour Sea Surfa e Salinity) sur des
périodesde l'ordre de dixà ent ans dans ertaines régionsde l'Atlantique tropi al et nord, ave une
résolution annuelle ou saisonnière, voire mensuelle pour ertains sites (Reverdin et al., 1997, 2002).
Néanmoins,degrandesétendues o éaniques restent trèspeu oupasé hantillonnéesensalinité, omme
lemontrelagure1.1quireprésente l'é hantillonnage desmesuresinsitudesalinitéobtenuesau ours
de l'année 1998. Bingham et al. (2002) estiment qu'à ette date, 27% desportions d'o éan de taille
1 Æ
1 Æ
n'avaientfaitl'objetd'au unemesuredeSSSet70%avaientfaitl'objetdemoinsde10mesures.
L'o éan ontientenmoyenne34.7grammesdeselparkilogrammed'eaudemer,ou34.7psu. Cette
on entrationvarie enfon tion du lieu et dutemps sousl'eet dumélange entre les massesd'eau, du
transportparle ouranto éanique,deladiusionetégalement,ensurfa e,sousl'eetdespré ipitations
(P),de l'évaporation (E), ou en oredu ruissellement del'eau dou e apportée par les euves (runo).
Les eaux profondes sont relativement homogènes, et leur salinité se situe prin ipalement entre 34 et
35 psu. En surfa e (Fig. 1.2), les variations spatiales sont plus importantes. Au large, la SSS est
omprise entre 30 et 38 psu et 75% de lasurfa e de l'o éan mondiala une salinité omprise entre 34
et 36 psu. Leseaux de surfa e les plus saléesde laplanète setrouvent sous lestropiques, entre 20 et
Figure 1.1: E hantillonnage des mesures insitu desalinité ar hivées au NationalO eanographi Data Center (http://www.nod .noaa.gov/) pour l'année 1998.
60E
120E
180W
120W
60W
0
80S
40S
0
40N
80N
30
31
32
33
34
35
36
37
Annual mean observed SSS (psu)
Lasalinitéintervientdanslaphysiquedel'o éanparlebiaisdeladensité. Elleinuen e elle- iau
mêmetitrequelatempérature. Le oe ientd'expansionthermiquequantiel'inuen edesvariations
detempérature surladensité. Il estdénipar larelation
= 1
T
où est ladensité de l'eau et T sa température. C'est une fon tion de latempérature, de la salinité
et de la pression (Gill, 1982, Tableau A3.1). En surfa e, varie d'environ 1 ordre de grandeur, de
0:25:10 4 K 1 à 2 Æ Cà3:4:10 4 K 1 à31 Æ
C. Ave une valeur moyenne de2:10 4 K 1 , l'intervalle de température de 25 Æ
Cobservé à lasurfa e de l'o éan donne unintervalle de densité T
=5kg:m 3
.
Le oe ient d'expansion haline,qui quantie l'inuen e desvariations de salinitésur ladensité, est
donnépar = 1 S
où S est la salinité de l'eau. ne varie que de 10% environ autour de la valeur = 8:10 4
. Un
intervalle de salinité de 2psu, observé dansla majorité de l'o éan mondial, entraine une variation de
densité de S
= 1:6 kgm 3
. Cette valeur est plus faible (mais du même ordre de grandeur) que
T
. Néanmoins,aux hauteslatitudes, oùl'eau estrelativement froide, estpetit etles u tuations
desalinitépeuvent dominer elles dedensité. Ainsi, un hangement de0.5psuestéquivalentdupoint
de vue de la densité à une modi ation de température de 1:3 Æ
C pour des eaux à 27 Æ
C tandis qu'il
orrespondà une modi ationde 8 Æ
Cpour deseauxautour de0 Æ
C.
Dans les ou hes supérieures de l'o éan se trouve une ou he turbulente relativement homogène,
ave unproldedensitéàpeuprès onstantsurlaverti ale. Cette ou he,appelée ou hedemélange
o éanique,faitl'interfa eentrel'o éan etl'atmosphère. C'estlelieud'é hanged'énergieentrelesdeux
milieux, sous forme de ux de haleur, de masse, de quantité de mouvement et d'énergie mé anique.
Elle joue don un rle ru ial sur la dynamique o éanique. Sa profondeur dépend des prols de
température et de salinité, et ette dernière peut don avoir une inuen e primordiale sur le limat
lorsqu'elleinuen e lesvariations de densité.
Figure 1.3: Représentation s hématique dela transformation de l'eau haude subtropi ale en eau plus froide polaire et subpolaire dans les hautes latitudes de l'Atlantique Nord, d'après M Cartney et al. (1996). Les ourants hauds desurfa e apparaissent en gris lair etles ourants froids de profondeur apparaissenten grisfon é eten noir.
domine les apports d'eau dou e. Il se rée don en surfa e une ou he d'eau relativement haude et
salée. Celle- i est entraînée vers le nord par le ourant de Floride et le Gulf Stream, le long de la
te est desEtats-Unis, puis versles mers nordiques sous l'a tion de ladérive Nord-Atlantique qui le
prolonge. Une partie atteint l'o éan Ar tique. Sous l'eetdes é hangesde haleurave l'atmosphère,
notamment en hiver, et du mélange ave les masses d'eau adja entes, l'eau d'origine tropi ale se
re-froidit et se densie au ours de son trajet. Dans les hautes latitudes, elle peut lo alement devenir
plus dense que les eaux sous-ja entes. Elle plonge alors plus ou moins profondément par onve tion.
Ces zones de formationd'eau profondesont très lo aliséeset sesituent enmer du Groenland, en mer
du Labrador, et probablement en mer d'Irminger. Remarquons que l'on trouve également des sites
de onve tion profonde dansl'hémisphère sud autour de l'Antar tique, et en Méditerranée. Leseaux
qui ont plongé se mélangent aux autres masses d'eauprésentes à es profondeurset forment les eaux
profondes. Dans l'Atlantique Nord, elles- i s'é oulent vers le sud le long d'un ourant profond de
Figure 1.4: Représentation s hématique de la ir ulation thermohaline mondiale.
atteignentnalement le ourant Antar tiqueCir umpolaire, quiles distribuepartiellement auxautres
bassins. Tout au longde leur hemin,les eaux profondes semélangent aux eauxenvironnantes. Elles
diusent progressivement vers lasurfa e pour retourner vers l'Atlantique Nord. La première théorie
de ette ir ulationdeseaux profondes estdue àStommel andArons (1960). Une visions hématique
de ette ir ulation deseaux mondiales est illustréesur lagure1.4. Elle est parfoissurnommée the
GreatO ean Conveyor Belt (Broe ker, 1991, Gordon, 1986). Elle est aussiappelée ir ulation
ther-mohaline(THC), arpilotéepardeseetsdetempératureetdesalinité. Lareprésentationdelagure
1.4 présente plusieurs défauts, dont le prin ipal est qu'elle donne l'illusion d'une ir ulation fermée,
sansmélangeave l'extérieur, equiestloind'être laréalité. Néanmoins,elleillustrebienl'importan e
lissement de la THC (Manabe and Stouer, 1994, Sto ker and S hmittner, 1997, Wood et al., 1999,
Mikolajewi zandMaier-Reimer,2000). Eneet,unedes onséquen esduré hauement delaplanète
serait l'augmentation du taux d'humidité de l'air, d'où une intensi ation du transport d'eau dou e
atmosphérique vers leshautes latitudes et une augmentation du uxatmosphérique d'eau dou e vers
l'o éanà eslatitudes. Ceteetd'adou issement deseauxdesurfa edansleshauteslatitudes s'ajoute
au ré hauement lui-même de es eaux de surfa e et ils onduisent tous deux à une diminution de
la densité des eaux de surfa e dans les hautes latitudes d'où une diminution de la onve tion
pro-fonde et un ralentissement de la THC.Les observations montrent en eet que les hautes latitudes de
l'o éan Atlantique Nord ont eu tendan e à devenir de moins en moins salées au ours des dernières
dé ennies (Lazier, 1995, Di kson et al., 2002, Curry et al.,2003). Par ailleurs, ertains modèles
sug-gèrent que le ré hauement global s'a ompagnerait d'une intensi ation de l'export d'eau dou e de
l'Atlantiquetropi alauprotduPa iquetropi al, equientraineraitune augmentationdelasalinité
dansl'Atlantiquetropi al. Dans esmodèles,leseauxadve téesverslenord ensurfa esont alorsplus
salées, d'où une augmentation au bout de quelques années de ladensité des ou hes de surfa e dans
les hautes latitudes. L'intensi ation de la onve tion profonde qui s'ensuit ompenserait en partie
(Thorpeetal.,2001)voire omplètement (Latifetal.,2000)leralentissementdelaTHC.L'in ertitude
a tuelle quant au omportement de la THC dans le as d'un ré hauement limatique est don due
pour une grande part à l'in ertitude quant aux hangements de salinité asso iés. Rahmstorf (1995a)
a d'ailleurs suggéré à l'aide d'un modèle o éanique for é que la ir ulation thermohaline o éanique
a tuelle pourrait être dramatiquement bouleversée en réponse à une anomalie relativement faible du
uxd'eaudou e dansl'Atlantique. Unemeilleure ompréhensiondelavariabilitédelaSSSetdubilan
d'eau dou e danslesrégions subtropi aleset subpolaires de l'o éan Atlantique estdon indispensable
pour mieuxprévoirl'évolution du limat a tuel.
1.3 Les variations de salinité observées
Taylor and Stephens (1980) ont mené une des premières études sur les variations saisonnières
et interannuelles de la SSS dans l'Atlantique Nord. Ils ont mis en éviden e la propagation d'eau
relativement dou e dans les régions nordiques. Depuis, plusieurs études ont montréque la SSS subit
d'importantesvariationsdansleshauteslatitudesdel'AtlantiqueNord(Reverdinetal.,2002,Houghton
and Visbe k, 2002) ave , en parti ulier, une anomalie dou e de grande é helle spatiale par dé ade
environ. L'exemple le plus étudié est la "Grande Anomalie de Salinité (GSA, pour Great Salinity
Figure 1.5: Représentation s hématique du trajet de la Grande Anomalie de Salinité,d'après S hmitt (1996).
GSAatoutd'abordétédé elée dansl'estdelamerdu Groenlanden 1968,puiss'estpropagéeautour
de elui- iet autourde lamerduLabrador. Elleestensuitepasséeaularge deTerre-Neuvevers
1971-1972 et a été lentement transportée dans l'Atlantique nord-est le long du ourant Nord-Atlantique
(Fig. 1.5). Sa tra e a nalement été perdue dansla mer du Groenland au début des années 80. Un
évènementsimilaireaparailleurseulieuaudébutdesannées80,etprobablementuntroisièmedansles
années90 (Belkinet al., 1998). Reverdin et al. (1997) ont analyséles u tuations basse fréquen ede
température et de salinitéàl'aidede l'ensembledesdonnées disponiblesdansl'Atlantique Nordentre
1948 et 1990. Le déphasage entre les prin ipaux modes de variabilité de la salinité intégrée jusqu'à
300 m de profondeur onrme la propagation des anomalies vers l'est, le long de la gyre supolaire.
Sutton andAllen (1997).
L'originede esanomalies deSSSrestemal onnue. Desobservations (Di ksonetal.,1988,Hilmer
and Jung, 2000) et des analyses de modèles (Hakkinen, 1993, 1999a, Haak et al., 2003) suggèrent
qu'une modulation del'apportdegla e del'Ar tiquedansl'AtlantiqueNordestàl'originedelaGSA.
Par ailleurs, Di kson et al. (1996) ont montré que laGSA avait été simultanée ave une anomalie de
ux de haleur del'o éan vers l'atmosphère dansla merdu Groenland, typique d'unephase négative
de l'Os illation NordAtlantique(NAO). La NAOestlemodeprin ipal de variabilitéde l'atmosphère
au dessus de l'o éan Atlantique Nord. Il est surtout pronon é en hiver. C'est également l'une des
stru tures du limat mondialles mieuxdo umentées, et e depuis très longtemps: ilya plus dedeux
siè les, unmissionnaireremarquaitquelorsquel'hiver était plusfroidquelanormale auGroenland,il
étaitsouventplusdouxauDanemark,etinversement. C'étaitlapremièreobservationdes onséquen es
limatiquesdelaNAO.LaNAO orrespondàuneredistributiondesmassesd'airatmosphériquesentre
l'Ar tique et l'Atlantique subtropi al. Plus pré isément, elle ara térise la tendan e de la pression
atmosphérique à être plus basse que la normale au dessus de l'Islande quand elle est anormalement
haute audessusdesAçores,et inversement (Barnston andLivezey,1987, Hurrell,1995,Hurrell et al.,
2003). Sesvariationstemporellespeuventêtredé ritesparunindi emesurantladiéren edepression
à la surfa e dela mer(SLP) entre es deuxlo alisations. L'impa t de la NAOsurles uxde haleur
air-mer et la température de surfa e de la mer (SST) dans le se teur Atlantique est bien onnu et a
été largement étudié (e.g. Cayan, 1992a, 1992b). La NAOae te également fortement les onditions
hivernales de pré ipitations sur e se teur, omme l'a montré Hurrell (1995). Bojariu and Reverdin
(2002) ont identié les stru tures typiques de pré ipitations et de ux atmosphériques d'eau dou e
(Evaporation - Pré ipitations) asso iées à la NAO. Par ontre, le lien entre es hangements et la
variabilité observée de lasalinitédanslagyre subpolairen'apasété lairement établi.
Dans les o éans tropi aux, les eaux de surfa e sont plus haudes, et l'impa t de la salinité sur la
densité de l'eau de mer est plus réduit. Néanmoins, dans les zones de fortes pré ipitations omme
l'ouestduPa iqueparexemple,lasalinitéesttrèsfaibleensurfa eetellemodiesigni ativement la
densitémalgrélatempératureélevée del'eau. Il seformealors une ou hed'eau haude intermédiaire
entre la ou he mélangée en surfa e qui est soumise aux intera tions ave l'atmosphère et la ou he
profonde (Lukas and Lindstrom, 1991). Cette ou he est appelée ou he barrière et peut avoir un
impa timportantsurlaphysiquedeso éanstropi aux (e.g.VialardandDele luse, 1998). Parailleurs,
la variabilité du Pa ique tropi al est très largement due auxévènement ENSO (El Niño - Southern
Os illation). Cephénomène onsiste en undé alage vers l'estdes eaux haudes du Pa ique tropi al
tempsinterannuelle. Del roixandPi aut(1998)ontmontréquedefortesanomaliesde salinitéétaient
asso iéesaudé alage de lawarm pool. Ballabrera-Poyet al. (2002) estiment même queladéte tion
d'anomaliesdeSSSdans etterégionpourraitavoirunimpa tsurlaprévisibilitédesévènementsENSO
ave une avan e de 6 à 12 mois. L'ENSO a un fort impa tdans l'Atlantique tropi al et dansla mer
desCaraïbes, notamment en termes d'anomalies de pré ipitations (S hmittner et al., 2000, Giannini
et al., 2000) et est don sus eptible d'inuen er la salinité dans ette zone. Cependant, Dessier and
Donguy(1994)ontmontréquelavariabilitésaisonnièredelaSSSdans ettezone estlargement dueà
l'inuen edes grandseuves de larégion (l'Amazone, l'Orénoque et leeuveCongo prin ipalement),
ainsiqu'à lavariabilité despré ipitations de lazone de onvergen e intertropi ale(ITCZ).
1.4 L'objet de ette thèse et l'outil utilisé
L'obje tif de ette thèse est de ontribuer à la ompréhension des mé anismes de variabilité de
la salinité de surfa e dans l'o éan Atlantique. Vu le manque d'observations à l'é helle du bassin et
surdespériodes de temps susamment longues, onse basepour ela surdes simulations de modèles
limatiquesen mode ouplé.
Qu'est- e qu'un modèle limatique? Le limat de la Terre résulte des intera tions nombreuses et
omplexesentresesdiérentes omposantes: lalithosphère( routeterrestre),l'atmosphère,l'hydrosphère
(o éans et la s), la ryosphère (gla iers, alottes polaires et gla e de mer) et labiosphère. L'étude du
système limatique onsiste à évaluer les bilans énergétique et hydrologique de ha une de ses
om-posantes et leurs évolutions. Dans un modèle idéal, il faudrait don les représenter ha une par un
modèle spé ique qui pourrait interagir ave les autres. La omplexité de e type de modèle serait
beau oup trop importante et dépasserait les apa ités de al ul a tuelles. Dans le as présent, on se
limite à l'étude des é helles de temps saisonnières à entennales. On utilise don des modèles
om-prenantsimplementunmodèlede ir ulationgénéraledel'atmosphère,in luantsouventlamodélisation
physique despro essusdesurfa e liésauxrivières,àlaneige, et ...,unmodèle de ir ulationgénérale
del'o éan etunmodèledegla edemer. Le modèleainsiobtenu onstitue equel'onappelleun
mod-èle ouplé global. Le ouplage entre les diérentes omposantes représente les intera tions physiques
et les é hanges d'énergie et d'eau dou e, notamment entre l'o éan et l'atmosphère. Par ailleurs, la
d'utiliserleséquationsdelamé aniquedesuidespourprédirel'évolutiondel'atmosphèreetdu limat
date au moins des années 20, e n'est réellement qu'à la n des années 60 que les premiers modèles
ouplés du limat ont vu le jour (Manabe and Bryan, 1969). Il y a aujourd'hui plus d'un dizaine
de modèles globaux de ir ulation générale ouplés qui sont de plus en plus pré is et de plus en plus
réalistes (voir par exemple M Avaneyet al., 2001).
Danslapremièrepartiede ettethèse( hapitre2),nousétudierons50annéesdelasimulation
ou-plée SINTEX.Nousendégageronsles prin ipauxmé anismes delavariabilitédelasalinitédesurfa e
dansl'Atlantique Nordà l'é helle de tempsinterannuelle et sonlien ave lavariabilitéatmosphérique.
Danslestrois hapitressuivantsdelathèse,nousutiliserons200annéesd'unese ondesimulation (run
duBergenClimateModel)présentéeendétailaudébutdu hapitre 3. Aprèsavoirvériésonréalisme,
nousl'utiliserons pour approfondir l'étudedelavariabilitéinterannuelle desanomalies deSSS etpour
l'étendre aux pluslongues é helles detemps. Le hapitre 4 sera onsa réàl'étude dela variabilité de
la ir ulationméridienne moyenne danslemodèle. Nous ommen eronspar dénir un indi e
permet-tant de ara tériser ette variabilité. Nous analyseronsensuitela onve tion profonde dansles hautes
latitudes del'AtlantiqueNordetsonlienave la ir ulationméridienne moyenne. Nous ommenterons
égalementl'inuen edelaNAOsurlavariabilitédela ir ulationméridiennemoyenne. Alalumièrede
es études,noustenterons d'interpréterles stru tureso éaniquesasso iéesauxvariations delaMOC.
Dansladernièrepartiede lathèse,nousexploreronsl'inuen e duPa iquetropi aletde l'ENSOsur
l'AtlantiqueNorddanslemodèle. Nousverrons quel'ENSOa unimpa tparti uliersurla ir ulation
méridienne moyenne à longue é helle de temps via la réation d'anomalies de SSS dans l'Atlantique
Chapitre 2
Variabilité interannuelle de la SSS :
simulation SINTEX
Résumé
Onexaminelesmé anismes ontrlantlavariabilitéinterannuelledelaSSSdansl'AtlantiqueNord.
On utilise pour ela une simulation de 50 années du modèle ouplé ECHAM4/OPA8 (runSINTEX).
Lorsque 'estpossible,on omparerales résultatsdu modèle auxréanalysesNCEP en utilisant
égale-ment une limatologie deSSS re onstruite à partir d'observations. Il apparaît que l'adve tion par les
anomalies de ourant d'Ekman joue un rle aussi important que le uxd'eau dou e pour la
généra-tion d'anomalies de SSS. Ce i dière du as des anomalies de SST qui sont prin ipalement ausées
par les u tuations du ux de haleur atmosphérique. Etant donné que larétroa tion de l'o éan sur
l'atmosphère apoureet d'amortirlesanomalies deSSTmaispas ellesde SSS, esdernières ont une
é helle de temps ara téristique plus longue que les premières. En onséquen e, elles sont plus
forte-mentinuen éesparles ourantsmoyensetlavariabilitégéostrophique. Cesdeuxpro essusdominent
les hangements de SSSà basse fréquen esurune grandepartie du bassin.
Le lien entre les anomalies de SSS et les stru tures dominantes de la variabilité atmosphérique
dans l'Atlantique Nord est également étudié. On montre que la NAO génère des anomalies de SSS
prin ipalement via l'adve tion d'Ekman. Le ux d'eau dou e a une importan e moindre. Dans le
modèle ouplé tout au moins, il n'y a pas de lien lair et univoque entre les prin ipales stru tures
atmosphériques et elles desanomalies de SSS. Cerésultat dièreà nouveau du asdes anomalies de
SST.