RECHERCHES
SURL’EFFICACITÉ ALIMENTAIRE
DES MARCS DE POMME FERMIERS ( 1 )
II. -
DÉGRADATION
DE LAMATIÈRE
ALIMENTAIRE D’UN MARC DE POMME FERMIERFRAIS, CONSERVÉ
PAR EN- SILAGE. — ACTION INHIBITRICE DE CERTAINS CONSER- VATEURSCHIMIQUES.
A. M. LEROY S. Z. ZELTER Laboratoire de Recherches de Zootechnie,
Institut National
Agronomique,
Paris.1. - But de l’étude
La
préservation
del’intégrité
du contenu nutritif des marcs fermiers que procure lebrassage
de pommes à cidre offre d’autantplus d’intérêt,
que la consommation à l’état
frais,
immédiate et totale de la masse dis-ponible
de ceproduit
extrêmementpérissable,
estgénéralement impos-
sible. I,a dessiccation artificielle assurerait un
stockage parfait
dessurplus
utilisables
ultérieurement,
mais cetteopération
est fort onéreuse. Enrevanche,
la conservation par abandon aux fermentations(ensilage)
constitue une solution très
économique
de laquestion.
Houz!AUx
( I ) puis
WARCOr,r,mx( 2 )
ontexpérimenté l’ensilage
demarc frais de pomme. Le dernier auteur note l’absence de
phénomènes
de
putréfaction
dans une masse de marc,comprimée
dans une enceinteclose et
privée d’air,
où elle subit naturellement une fermentation alcoo-lique. L’importance
despertes
de substance alimentairequ’entraîne
untel mode de conservation n’est
cependant
passignalée
par WARCOLUER. Nous avons doncjugé
nécessaire d’étudier deplus près
lesphénomènes
de fermentation
qui
se déroulent au sein d’un marc de pommeplacé
enanaérobiose.
Afin d’en
préciser l’aspect,
nous avonsessayé
dedéterminer,
aucours de deux séries de recherches
( 1950 - 1952 ),
en mêmetemps
que la nature etl’importance
desdégradations qu’opère
lamicropopulation
abritée dans la masse de marc
ensilée,
les moyenssusceptibles
de réduirel’intensité du processus
biochimique qui
occasionne despertes
sub- stantielles de matières nutritives mises en réserve dans le silo.(’) Recherches poursuivies à la demande du groupement national interprofessionnel des fruits à cidre et avec son concours financier (crédits du Fonds national du Progrès agricole).
Avec l’assistance technique de Mell! C. Dumay.
L’étude
de lacinétique
du processus fermentatif à ses différentespériodes
eût ététhéoriquement
fort instructive pour la mise aupoint
d’unetechnique d’ensilage appropriée.
Semblable recherche nécessitecependant,
soit un nombre de silos
d’expérience
debeaucoup supérieur
à celui que nouspossédions,
soit dessondages fréquents
etrépétés
de la masse ensilée.Cette dernière
opération
provoque forcément despénétrations
d’airqui risquent
de fausser sérieusement le déroulement normal de la fermenta- tion. Ces obstacles matériels nous ont amené à y renoncer et à borner nosinvestigations
au seulaspect global
desphénomènes,
telsqu’ils
se mani-festent au bout d’un
temps
limité destockage (6
moisenviron).
II.
- Technique expérimentale
A. - Préparation des ensilages
Du marc de pomme fermier
frais,
depremière pression,
contenantenmoyenne26,2p. zoodesubstancesècheet6,22p.
100desucresoiuble,est
recueilli au sortir d’une pressehydraulique.
Unequantité
connue de pro- duit(de
l’ordre d’unetonne)
est entassée aussitôt danschaque
silo d’ex-périence,
en couches successivescomprimées
parpiétinement.
Cessilos,
dont la contenance est de i m3, sont de construction
rustique (fosse en
terre
battue,
drainée ettapissée
depapier bitumé). La masse stockée est
recouverte immédiatement d’une
épaisse
couche de terreglaise
dontelle se trouve isolée par du
papier
bitumé.Des substances
protectrices
sontincorporées
dans le marc de certainssilos,
à l’état de solutions aqueuses finementpulvérisées
à la surface de chacune des couchesintroduites,
avantqu’elles
ne soient tassées. Un seulproduit (CINa) est appliqué
en saupoudrage.
La durée de conservation est de 6 à 7
mois,
au boutdesquels
le con-tenu de
chaque
silo estvidangé
etpesé
avecprécision.
B. - Conservateurs étudiés
On sait que le
pH
du milieujoue
un rôle décisif dans la conservation parensilage ( 3 ).
VrRTaN!rr( 4 )
a pu remarquerqu’en
milieu depH
q.,o, lepouvoir
desmicroorganismes protéolytiques
est fortement réduit tandis que les bacilles dutype
Coli et lesbutyriques
cessent d’exercer une actionnuisible sur le matériel ensilé. Une acidité
ionique comprise
entre 3,5 et 4, 0
constitue de la sorte le
pH critique d’ensilage.
Le suc cellulaire de
fourrages
verts et depulpes
de sucreriepossède généralement
unpH
d’environ6, 0 .
Celui du marc frais de pomme,qui
estde l’ordre de 4,0
( 5 )
se confondpratiquement
avec l’aciditéionique
cri-tique.
Un processusprotéolytique
donnant naissance à desquantités
importantes
de dérivés aminéscapables
d’exercer sur le milieu un effetalcalinisant est d’autre
part, improbable
dans unproduit
comme le marc,qui
renferme excessivement peu deprotides.
Enrevanche,
des concen- trations relativement élevées de sucres résiduels( 5 ) (saccharose, glucose,
lévulose
( 7 ))
favorisent d’autantplus
en anaérobiose une fermentation naturellealcooligène,
que la masse conservée estspontanément
et forte-ment contaminée par
plusieurs espèces
de levures banalesapportées parles
pommes mûres. Le marc serait en
effet,
selon POTT(6) particulièrement
ensemencé avec du
saccharomyces ellipsoideus (levure
decidrerie), qui
s’accommode
parfaitement
de milieux franchement acides( 2 ).
M5 LL
nR
(8)
observe d’autrepart
que les concentrations en acides aminésindispensables
à la croissance et à laprolifération
des bactérieslactiques
sont manifestement insuffisantes dans des substrats formés de suc de pomme ou depoire,
etqu’il
suffiraitd’y ajouter
les amino- acides enquestion
pour que la fermentation de cesmoûts,
naturellementalcoolique,
devienne essentiellementlactique.
Théoriquement,
parconséquent,
leproblème
del’ensilage
de marcde pomme diffère sensiblement de celui de
fourrages
et depulpes
desucrerie. On admet actuellement que la réussite de la conservation de ces
derniers
dépend
étroitement de lapromptitude
aveclaquelle
la concen-tration du milieu en ions H atteint le niveau
critique.
On yparvient
entraitant la matière à ensiler avec des substances
possédant
unpouvoir
acidifiant élevé.
Etant
donné le niveau depH
naturellementcritique
dumarc
frais, l’adjonction
à ce dernier de semblables substances neprésente
pas d’utilité. Il est assurément
plus logique d’envisager,
dans ce cas,une action
susceptible
de rendre le milieuimpropre
à l’activité fermen- tative des levures. Dans cet ordred’idées,
onpourrait
supposerqu’un
enrichissement de la masse en acides aminés
permette
de dévier la fer- mentationalcoolique
dominante vers une autre de nature essentielle- mentlactique. Or, pareil
traitement estimpensable
en raison de son coûtexcessif.
Ces considérations et la sensibilité connue de levures à certains
antiseptiques
nous ont doncsuggéré d’expérimenter l’emploi de l’acide
formique,
dont les sels exercent un effet inhibiteur sur les bactéries pu-
tréfiantes (8),
de l’acide sulfureux et du chlorure de sodium auxquels
on
attribue
généralement
despropriétés
antifermentatives. Un traitement témoin(conservation
naturelle en anaérobiose parsimple tassement)
servant de terme de
comparaison,
rendaitpossible
uneappréciation
convenable de l’action inhibitrice exercée par ces substances sur l’inten- sité des
dégradations
subies par le marc au cours de sa conservation.Les conservateurs étudiés ont été
incorporés
aux doses que voici(par
tonne de marcfrais) :
ExPérience a (ensilage
- zç-m-5o ;vidange
-21 -6-5 1 ;
durée deconservation - 2z3
jours) :
Silo i a --- tassement
(témoin).
Silo 2 a - tassement + H -
C0 2 H
pur( 2 litres)
en solutionaqueuse à 10 p. 10’).
Silo 3 a -- tassement + CINa
( 10 kg)
ensaupoudrage.
ExPérience
b(ensilage
-6- 11 - 51 ; vidange
-1 6- 5 - 52 ;
durée deconservation z93
jours) :
Silo i b - tassement
(témoin).
Silo 2 b - tassement + H -
C0 2 H
pur( 2 litres)
en solution aqueuse à 10p. zoo.Silo
3
b - tassement + acide sulfureux( 420
g deS0 2 )
en solutionaqueuse à 7,5 p. 100.
C. - Dosages chimiques
Deux échantillons
puisés
dans le contenu dechaque silo,
l’un lors de.l’entassement du marc et l’autre au moment de la
vidange,
sont soumisà une
analyse chimique
détaillée.L’humidité réelle du
produit
est déterminée par entraînement de l’eau par un solvant volatil(toluène).
Sur la substance sèche obtenue par dessiccation à l’étuve à 1050 et à lapression atmosphérique,
on dose : lesmatières azotées totales par la
technique
deKjeldahl,
la cellulose brute par la méthode deWeende,
leslipides
par une double extraction àl’alcool bouillant et à l’éther et les matières minérales par calcination à 550! au fourélectrique.
Les sucres totaux sont déterminés parcuprimétrie
surle
produit
humide et les résultatsexprimés
en sucre interverti. La diffé-rence entre la matière sèche réelle et la somme de constituants
chimiques
directement
dosés, représente
la fraction non identifiée des extractifsnon azotés
(polyholosides
divers noncellulosiques,
hémicelluloses uro-niques, composés pectiques, lignine
soluble dans les réactifs deWeende,
acidesorganiques,
substancestanniques).
I,’acidité
ionique (pH)
est mesuréeélectrométriquement
à l’aided’une électrode de verre. Les concentrations de la masse ensilée en sub- stances formées au cours de la fermentation
(alcool,
acidesacétique, butyrique
etlactique)
sont dosées par destechniques
dont les détailsopératoires
ont été donnés dans deprécédents
mémoires(5, 9 ).
III. - Résultats
L’acidité
ionique
des milieux est très peu modifiée au cours de la conservation : les valeursoriginelles
depH qui
sontcomprises
entre3 , 40 - 3 ,
75pour
l’expérience
« a » et entre3 , 47 - 3 ,8 0
pourl’expérience
« b »,varient
respectivement
à la fin decelles-ci,
de 3,02 à 3,12 et de3 ,6 0
à 3,75.Les
pertes
parprotéolyse
sontinsignifiantes
dans le marcconservé, quelles
que soient les conditionsd’ensilage ;
le taux de substances azotéesdisparues
au cours du processus fermentaire atteint dans le cas leplus
défavorable
0 , 7 8
p. 100Simultanément on observe dans tous les cas unaccroissement notable des
lipides qui s’explique
aisément par la forma- tion d’acides gras volatils auxdépens
des constituantsglucidiques
de lamasse. C’est essentiellement sur ces derniers que
portent
lesdégradations
dont l’intensité diffère nettement avec la nature du traitement
appliqué
à la matière
ensilée,
comme le montrent les données des tableaux I, IIet la
figure
iqui
suivent :IV. -
Interprétation
et discussionLa
signification
de nos observationsexpérimentales qui
reflètentuniquement
desphénomènes correspondant
à desphases
données de la conservation( 212 j
et 193j)
doit êtreprécisée.
Ilimporte
notammentde
souligner
l’extrêmecomplexité
et la variabilité du milieubiologique
constitué par un
ensilage,
danslequel
il est, d’autrepart, pratiquement impossible
de réaliser une stricte anaérobiose. Pour cesraisons,
l’inter-prétation
de donnéesrapportées appelle quelques
réserves concernantplus spécialement
les concentrations en substances forméespendant
leprocessus de
fermentation,
concentrationsqui
sontgénéralement
fortpeu stables et
qui
évoluent continuellement.Il est en effet connu
qu’en
milieuacide,
des bactériesacétiques peuvent oxyder
l’alcooléthylique
en acideacétique,
avec libération d’eau et que de nombreusesespèces
de levures sontsusceptibles
de métaboliser de l’alcool. Dans des conditionsdonnées,
l’acideacétique
estégalement
con-sommé,
et certainesespèces
bactériennespeuvent,
à lafois, produire
etconsommer ce
métabolite, cependant
que les consommations bactériennes de celui-ci et de l’alcool auraient lieu simultanément(io).
Des recherchesconduites avec des
isotopes indiqueraient,
en outre, selon GALE( II )
que durant la fermentation duglucose,
la réduction de l’acideacétique
don-nerait naissance à de l’alcool
éthylique.
Ceci
pourrait
doncexpliquer
l’absencegénérale
derapport
relevéeentre les
quantités
deglucides disparus
et celles d’acidesorganiques
etd’alcool
engendrés
par le processus de fermentation au cours de nosexpé-
riences.
1
°
Ef fets
duprocessus
naturel defermentation (témoin). - La fer-
mentation naturelle des marcs conservés par
ensilage
dans des conditions d’anaérobiose relative se solde par uneperte
élevée d’éléments nutritifs( 30 ,
5 %
enmoyenne) accompagnée
d’unehydratation
accrue de la masse.Seuls semblent servir de substrat d’activité aux
microorganismes
dusilo,
lescomposants glucidiques
du marc.Parmi ces
composants,
la cellulose Weendedisparaît
pour2 8,6
p. 100o et lespertes
en extractifs non azotésatteignent 39 ,8
p. ioo De cesderniers,
les sucres solubles sont les
plus
touchés : leur taux dedisparition
oscilleentre
8 9 ,8
p.ioo(essai
ia) et 95 , 7P .
100(essai
ib).
La fraction non identifiée d’extractifs non azotés estbeaucoup
moinsaffectée ;
sadégradation
estde l’ordre de io p.ioo seulement. Une
part
élevée du contenuénergétique
utile et
plus spécialement
celui desprincipes
hautementdigestibles
du marcstocké dans le
silo, disparaît
donc au cours de la fermentation naturelle.Parmi les substances issues des
fermentations,
l’alcoolprédomine
de loin
quantitativement.
Lephénomène
concorde avec la dislocationquasiment intégrale
des sucres solubles. Unecellulolyse
relativement réduite et la très faibledégradation
des extractifs non azotés autres que les sucres solublesexpliquent
les concentrations nettementplus
bassesd’acides acétique
etlactique formées.
A noterégalement
l’absence totale de fermentationbutyrique.
2
°
Ef fets
desProcessus
defermentation dirigée.
-I,’adjonction
deconservateurs modifie sensiblement l’allure des
phénomènes
biochi-miques rapportés plus
haut. Pour mettre en évidence l’influence exercée par les doses de substancesantiseptiques expérimentées, sur l’intensité
et la nature des
dégradations
subies par les marcsensilés,
nousexprimons
les résultats fournis par les divers traitements en
pourcentage
des valeurs témoinscorrespondantes (tableau
III etfigure 2 ).
a)
Action de l’acideformique
Bien que très
inégal
d’un essai àl’autre,
l’effet antifermentatif pro- duit par ce conservateur dans le marc de pommeparaît
certain. Celui-ci enrayesignificativement
l’activitédégradante
de la flore bactériennedu silo : les
pertes
moyennes de substanc sorganiques représentent 5
8,6
p. ioo et celles de sucresoluble 3 g,op.
100seulement des valeurs témoins, ladisparition
desglucides
totaux est réduitecomparativement
à celles-ci, de 37 , 7 p. ioo tandis
que la teneur en alcool leur est de 6i 1 p . I oo inférieure.Il en est de même pour ce
qui
concerne l’aciditéorganique,
dont le tauxn’atteint que
6 7 ,5
p. ioo des concentrations témoins. Ces résultatsprouvent
manifestement l’efficacité de l’acide
formique
utilisé à la dose de o,2%,
contre la
désagrégation
descomposants
nutritifscalorigènes
des marcsconservés par
ensilage.
b)
Action du chlorure de sodiumEn 2r3
jours
de conservation ensilo,
lespertes
de la masse traitée(
3 a) dépassent
de 49,9 p. ioo celles du témoin(i a). Ce conservateurn’épar-
gne ni les sucres
fermentescibles, qui disparaissent
au mêmedegré
que ceux de marc nontraité,
ni la cellulose Weende dont le taux dedégradation
par
rapport
autémoin,
est de9 6,6
p. ioo, pasplus
d’ailleurs que les autres substancesd’origine glucidique.
Lesquantités
d’alcool issues de la fer- mentation sont moins élevées(-
m,g%)
et ilapparaît
surtout moinsd’acide
acétique (- 41 ,6 %)
etdavantage
d’acidelactique (!-- IO %),
que dans le marc conservé par la seule
compression physique.
Globalement,
ceci montrequ’à
la dose de i p.ioo ,le
ClNa n’inhibe aucunement lesphénomènes
de fermentation dans le marcensilé ;
ilsemble,
aucontraire, plutôt
lesstimuler,
favorisant ainsi d’unefaçon
fort
significative
lespertes
de contenu alimentaire dans la masse. Nos résultats sont enparfait
accord avec les conclusions de CRASEMANN( 12 ) qui
considère que l’addition de sel au marc neprésente
pasd’avantage
sur
l’ensilage
naturel.c)
Action de l’acide sulfureuxL’adjonction
de cette substance( 3 b)
freine essentiellement le pro-cessus
cellulolytique :
lespertes
en cellulose Weende sont inférieures de 47p. 100 au témoin(z b) ; les sucres solubles ne sont en revanche que fort
peu épargnés
par ce traitement ( 14 , 1 %
moins de perte
que dans le té-
moin).
Ildisparaît
en tout ig,3p. 100 en moins de substancesorganiques
dans le marc ainsi
traité,
parrapport
à celui abandonné à la fermen- tation naturelle.En fin de
conservation,
le taux d’alcooldépasse
de 10 p. 100 celui observé pour letémoin,
dont la concentration en aciditéorganique
totaleest semblable.
1 /
expérience n’ayant pas été répétée,
nos résultats concernant ce
conservateur n’ont qu’une
valeur indicative. Ils autorisent néanmoins à
croire que le pouvoir
inhibiteur de l’acide sulfureux est très limité dans
le cas de
l’ensilage
de marc de pomme ; cecis’expliquerait
par l’accou- tumance connue de nombreuses souches de levures à des dosesparfois
même très élevées de cet
antiseptique.
V. - Résumé et conclusions
L’action inhibitrice exercée par des doses déterminées d’acide for-
mique,
de chlorure de sodium et d’acide sulfureux sur l’intensité de ladégradation
bactérienne du contenu des marcs de pomme fermiers con- servés parensilage
a été étudiée et ses effetscomparés
à ceuxproduits
par la seule
compression
de la masse stockée dans un silohermétiquement
clos.
Des recherches
rapportées,
nousdégagerons
ceci :1
° La fermentation naturelle relativement anaérobie d’un marc frais entassé dans un
silo,
est franchement detype alcoolique.
Ce processus occassionne uneperte
élevéed’énergie
alimentairepotentielle
de la massestockée. Il
n’y
a pas deperte
parprotéolyse.
C’est essentiellement auxdépens
des constituantsglucidiques
etplus particulièrement
des sucressolubles que les
microorganismes
du milieuresponsables
des fermenta-tions,
exercent leur activité nuisible àl’intégrité
nutritive du marc ; 2° Aux doses de conservateur
employées
dans nosexpériences : a) le chlorure de sodium ( 1 %) incorporé
dans le marc stocké en silo,
n’exerce pas d’action
dépressive
sur les fermentationsqu’il
sembleplutôt
intensifier. On ne doit donc pas
préconiser
ceproduit
pour laconservation
de marc de pomme ;b)
les conditions de milieu créées parl’adjonction
d’acide sulfureux( 0 , 04
%
deS0 2 )
n’inhiberaient que très faiblement ladégradation
de sucressolubles et les
pertes globales
de substance nutritive durant la conserva-tion ;
seule est réduite efficacement lacellulolyse ;
c)
l’acideformique ( 0 , 2 %)
estparticulièrement agissant ;
il freineénergiquement
la fermentationalcoolique
des sucres solubles etpréserve
efficacement
l’intégrité
desprincipes organiques
du marc ensilé. Il cons-tituerait un
adjuvant
améliorateur de laconservation,
s’il n’avait pas l’inconvénient d’être coûteux parrapport
à la valeur marchande extrê- mement faible du matériel enquestion.
3
°
Lespertes
de matière alimentaire étant conditionnées étroitement par la teneur de la masse en sucres solublesqui
sont l’élément leplus vulnérable,
il estlogique
d’admettrequ’un épuisement complet
des marcsen ces
glucides permettrait
une conservation satisfaisante et peu onéreuse duproduit.
Il suffirait pour cela de le tasser parcompression énergique
dans un silo
étanche,
immédiatement au sortir dupressoir.
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