ESSAIS D’ENREGISTREMENT SIMULTANÉ
DES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES DE LA VIE D’UNE RUCHE
R. CHAUVIN
Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes sociaux, Buyes-sur-Yvette,
(Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
On décrit une ruche vitrée, avec un seul grand cadre,
qui
permet l’observation continue desabeilles, même
pendant l’hivernage.
Un contrôlethermique
extérieur permet, à l’aide d’une résis- tance,d’agir
à volonté sur ledéveloppement
de la ruche.Une série
d’appareils
peuvent se brancher sur la même ruche, etenregistrent
simultanément l’activité de sortie, la récolte depollen,
l’élimination d’eau.L’enregistrement
de l’activité apermis
notamment de découvrir
qu’à
certaines époques, se produisent des sorties d’abeilles pendant la nuit.On a mesuré en même temps la surface du couvain et ses fluctuations au cours de l’année.
Bien que les travaux sur l’ensemble de la ruche soient fort
nombreux,
ons’aperçoit
avec étonnementqu’un grand
nombre de variables sont bien mal connues, et surtout n’ont pas faitl’objet d’enregistrements méthodiques
etprolongés :
parexemple
l’ aciiu iié des abeilles au cours dubutinage :
il n’existe(en comptant
lamienne, déjà
ancienne etincomplète)
que deux ou troispublications
sur lesujet ;
le ramassage du!o/!M : beaucoup
d’auteurs ont mesuré lesquantités
depollen
récoltées parjour,
mais
je
ne crois pasqu’il
existe un seulexemple d’enregistrement
continu del’ap- port
depollen (il
estpourtant
trèsfacile,
comme on le verraplus loin) ;
la récolte du nectar: elle se mesure à l’aide de balancesenregistreuses,
mais les cas où on a pu la mettre en corrélation avec une mesurequelconque
del’activité,
parexemple,
sontbien rares. Or, ces variables sont tout à fait essentielles
(sans parler
d’autres nonmoins
importantes,
comme latempérature
moyenne de laruche) ;
si l’onpouvait
les
exprimer
encourbes,
tout en observant à l’aise et sans aucuneperturbation
des,ouvrières à l’intérieur de la
ruche,
nul doute quel’apidologie
ne fasse alorsbeaucoup
de
progrès.
Tel a été le but de mes travaux
poursuivis pendant
treize ans ; on verraplus
loinqu’il
était difficile àatteindre,
mais nonutopique. Je
décrirai d’abord la ruche d’obser-vation, puis
lesdispositifs d’enregistrement
del’activité,
de la récolte du nectar et dupollen.
L’ensemble de cesdispositifs
se voit sur laplanche photographique.
LA RUCHE D’OBSERVATION
Les modèles de ruches d’observation sont très nombreux et il n’est
guère
delaboratoire
d’apidologie qui
n’enpossède.
Le modèle leplus
connu est celui de vonF RISCH
. Il se compose de cadres de ruches
placés
les uns sur les autres, entre deux vitresqui peuvent
être obturées par des panneaux de bois. Les abeilles sortent libre- ment à l’extérieur.J’ai
moi-même utilisé de telsmodèles,
mais mon but différait de celui des autreschercheurs,
en ce queje
voulais obtenir le maintien indéfini et enbonnes conditions de la colonie
placée
dans la ruche.J’ai
constaté d’abord que de gravesperturbations (arrêt
de laponte
et diminutionrapide
de lapopulation
accom-pagnés
souvent dedésertion)
seproduisaient
dans ces ruches dès que survenaient lesjours
froids. Ceci n’est pas étonnant et doit être attribué certainement à la for- midabledéperdition thermique
dans ces conditions. Les abeilles montrent d’ailleursun
appétit
dévorant et n’arrivent pas àemmagasiner
assez deprovisions, qui
sontaussitôt consommées. Il était évident
qu’il
fallait unchauffage
extérieur pourpallier
ces inconvénients.
Je
le réalisai presque dès ledébut,
en enfermant ledispositif,
à l’intérieur d’une
grande
étuve chauffée à 35°.Quant
aux rayons,je
me rendisassez vite
compte
que lasimple superposition
de rayonsempruntés
à uneruche,
lesune au-dessus des autres, ne résolvait pas tous les
problèmes.
Pour des raisons queje
ne suis pas arrivé àdémêler,
la reine refuse souvent de sortir du rayon où elle setrouve, et d’aller
pondre
sur les autres, etlorsqu’on
l’enchasse,
elle y revient. Si bienqu’un
rayon estgarni
d’oeufsjusqu’à
la dernière cellule et les autresvides,
etl’on
n’y peut
rienchanger,
même en introduisant desponts
de cire entre les rayons.La seule manière de
procéder
consiste alors à fixer les unesprès
des autres des feuilles decire,
de manière à constituer un seul et énorme rayon.Il faut évidemment
employer
des filsmétalliques plus épais
que d’habitude pour armer la ruchequi
est degrande dimension ;
car les feuilles de cire insuffisam- ment maintenues par des filstrop
minces sur unetrop grande longueur pourraient
s’affaisser. D’autre
part, j’ai
trouvéavantageux
de constituer une ruche à uneface,
c’est-à-dire derapprocher
suffisamment la cire d’une des vitres pour que les abeillesne
puissent
pas construire entre verre et cire. C’est d’ailleurs assez délicat car si les cires se trouventtrop près
du verre, les abeilles lesdécoupent
et collent au verre lesbords de l’ouverture ainsi
pratiquée. I,’e!pacement
à observer estindiqué
surla
figure
6. Les dimensions de la ruche doivent être aussirespectées (au
maximum 1 m X1 m).
Carj’en
avais construit uneplus grande
de 2 m X i m et bien que sondéveloppement
ait été assez satisfaisant à la belle saison elle n’ajamais
pu hiverner convenablement nientreposer
suffisamment deprovisions.
Cequi
tient sans doute, àdes
particularités du chauffage
dans les ruchestrop grandes.
Nous avons vu eneffet,
que les abeilles dévoraient tout leur miel dans les ruches d’observation non chauffées.ACCESSOIRES
La
paroi transparente
à traverslaquelle
se feront les observations est en matièreplastique,
depréférence
enplexiglas,
avec deplace
enplace
des orifices obturablespar un couvercle à
pivot.
Onpeut
ainsi atteindre les abeilles et lesprélever
le caséchéant. Il est bon de fixer sur le
plexiglas,
une caissette de r5 X 15 X 5 mm où l’onpeut
introduire des abeilles pour renforcer lapopulation ;
le nourrisseur se compose d’un vase circulaire de 500 ce avec flotteur de boisparaffiné.
Les abeilles y ont accès par lapartie supérieure
et sucent lesirop
sanss’y
noyer.PEUPLEMENT ET CONDUITE DE LA RUCHE EXPÉRIMENTALE Il
s’opère
aupremier printemps
par l’introduction d’un kilo et demi d’abeilles anesthésiées au gazcarbonique,
dans la caisse d’introduction : la reine estposée
surle dessus pour éviter l’écrassement sous la masse des ouvrières endormies. On monte aussitôt la
température
à ;- 34° et on nourrit abondamment ausirop
tiède.L’étirage
de la cire
gaufrée
a lieu presque aussitôt et laponte
doit survenir dans les huitjours.
La surveillance de la
ponte
est ici moins facile que dans la ruchetransparente
que
j’avais
décrite en 1950. Dans cettedernière,
à l’aide d’unetechnique
assezsimple,
les feuilles de cire
gaufrée
étaient collées sur uneplaque
de verre. Alors les ouvrièresenlèvent presque
complètement
le fond de cire dechaque
cellule et on voit très faci-lement par
transparence
la reinepondre ;
rien n’estplus
aisé que decompter
les oeufsjour
parjour.
Mais il n’est pas facile de réaliser un teldispositif
avec degrandes
surfaces et
j’ai préféré
celuiqui
se trouve décritplus
haut. De toutefaçon,
la sur-face d’observation est divisée en carreaux
équidistants
à l’aidedesquels
il est trèsaisé de
repérer
la variation de la surface deponte
et surtout de la surfaceoccupée
par le couvain
operculé.
Latempérature
doit être maintenue à 34°pendant
toutela
période
d’activité desabeilles, soit,
dans le climatparisien,
entre avril etseptembre.
Fin
septembre,
on baisse trèsprogressivement
de4 °- 5 °
par semainejusqu’à
+1 8°, qui
doit être atteint en octobre. On assiste alors à la formation de la grappe d’hiver.Il convient
pendant
tout l’hiver de ne pas laisser tomber latempérature
en dessousde
1 8° ;
et si le besoin s’en faitsentir,
de ne nourrirqu’au
sucre candi et non pas ausirop qui
cause des sortiesintempestives
même partemps
froid. Apartir
de lareprise
de l’activité de
ponte (en
fin février sous le climatparisien),
il fautaugmenter
à nou-veau la
température
de 1° à 2° parsemaine,
un peuplus
si letemps
est chaud etpermet
les sorties. Il ne faut pas atteindre 34° avant le milieu ou même la fin avril.LA MESURE DE I,’ ACTIVITÉ
La mesure d’une variable aussi
importante
quel’activité,
a faitl’objet
de deuxtentatives
principales ;
celle de LUNDI£ et celle de FABERGE. Les deux auteurs ontemployé
la mêmetechnique :
les abeillespoussent
depetits
leviersqui
déclen-chent un contact
électrique.
Oncompte ensuite,
soit manuellement soit auto-matiquement,
le nombre des contacts. Mais cettetechnique qui paraît simple,
esten réalité d’une
application
très difficile. Les efforts que l’abeille exerce sur lelevier,
sont forcément très
faibles,
d’où la nécessité d’un mécanisme. très délicatqui
estexposé pourtant
à l’air et surtout à l’abeille : c’est bien là leplus
grave, car tôt outard,
les ouvrièresdéposent
sur tous les corps aveclesquels
elles se trouvent en contact,des
épagines (CHAUVIN, ig6o)
dérivées de lapropolis
ou d’autressubstances, qui
encrassent irrémédiablement tous les mécanismes. D’autre
part,
on est forcé d’ali- menter les contacts en basvoltage,
et il faut savoirqu’il peut
sortir d’une ruche der5 à 2000o butineuses par
jour.
A moins que la construction ne soitparfaite,
les mul-tiples petites
étincellesqui jaillissent
à l’occasion des mouvements desleviers,
finis-sent par abîmer les surfaces de contact
qu’il
faut nettoyer très souvent. LUNDIEécrit lui-même que le
plus
clair de sontemps
étaitoccupé
à tenir ledispositif
en ordrede marche. Si bien
qu’il
n’estguère
utilisable dans lapratique.
J’ai essayé
moi-mêmeplusieurs
méthodesd’enregistrement
de l’activité des abeilles et certains de mes échecs sontinstructifs,
c’estpourquoi je
les décrirai briè- vement ; ce n’estqu’en
dernier lieu( 19 6 2 )
quej’ai
pu mettre aupoint
undispositif
extrêmement
simple,
satisfaisant les besoins del’expérimentateur.
i°) J’ai
décritd’abord,
en 1952, undispositif hydraulique qui
meparaissait
assez convenable. L’abeille devait sortir de la ruche à travers un tube de verre en
poussant
unpetit
levier. Le levier soulevaitlégèrement
une boule de métalqui
ouvraitun
petit
orifice au fond d’unrécipient d’eau,
à niveau constant. Toutes lesgouttelettes
tombaient dans un vase muni d’un flotteur. Un
style
fixé auflotteur,
inscrivait sesdéplacements
sur uncylindre
tournant.Enfin,
unsiphonage périodique
évacuaitl’eau autour du
flotteur, lorsque
ce dernier se trouvait au sommet de sa course.L’appareil
ainsi conçu a fonctionnéplusieurs années,
mais ce n’estqu’après
l’avoirbeaucoup perfectionné
queje
me suis aperçu d’une cause d’erreur d’autantplus
gravequ’elle
tenait auprincipe
même del’appareil :
les abeilles nepoussent pas toujours
lelevier de la même
façon,
et ceci tient aux variations de latempérature
extérieure.Lorsqu’il
faitchaud,
ellespoussent brusquement
le levier etpassent rapidement,
etceci ne
correspond
alorsqu’à
l’émission d’unepetite quantité
d’eau.Mais, lorsque
la
température fraîchit,
les abeillespassent
trèslentement,
nepoussent
le levierqu’a- près
bien deshésitations,
et on n’aplus
aucun moyen de savoir à combien de pas- sagescorrespond
la mêmequantité
d’eau écoulée à desjours
différents.Je
n’ai pu trouver le moyen decorriger
cette caused’erreurs,
etj’ai dû,
parconséquent,
aban-donner un
dispositif qui
m’avaitinspiré,
pour untemps, beaucoup d’espoir.
2
°)
Lesabeilles, qui
rentrent à la ruche, viennent de voler et, parconséquent,
leur musculature
thoracique
s’est fortement échauffée. On saitqu’on
a pu mesurer,après
levol,
chez les ouvrières et lesmâles,
destempératures qui dépassaient parfois q.o!.
Il s’ensuit que le trou de vol est traversé sans arrêt par un certain nombre de machinescalorifiques,
et que, si l’onpouvait
recueillir la chaleurdégagée,
on y trou- verait un bon indice de l’activité de la ruche.Je dirai,
toutd’abord,
que cetapport
de chaleur est effectivement considérablepuisque
ledispositif
leplus grossier
suffità le mettre en évidence.
Si,
parexemple,
dans ledispositif
de lafigure
i et à laplace
des sondes
thermiques,
on intercale deux tubesgradués
verticaux etpleins d’éther,
dont l’un estprotégé
des abeilles alorsqu’elles peuvent
passer autour del’autre,
ons’apercevra
très vite que le niveau del’évaporomètre placé
du côté des abeilles, baisse bienplus
vite que celui de l’autre. Le tableau ci-contre :correspond
à 5jours qui
ont débuté le 17sept.
1959. Onpeut
aussiplacer (fig i)
deuxgrandes
sondesthermiques (tubes
creux,pleins
de tétrachlorure decarbone),
l’unau milieu des abeilles
qui
entrent et sortent, et l’autre comme témoin. Làaussi,
une très forte et très constante différence de
température correspond
auxpériodes
d’activité(fig. 2 ). Toutefois,
ces deuxdispositifs
m’ont paruimpropres
à des mesuresprécises.
Les chiffresqu’ils
fournissent ne sont pas en corrélation tant s’enfaut,
avec ceux que l’on trouve par l’observation
directe,
ou bien ilsn’y
sontqu’assez
rarement ;
l’évaporation
eneffet,
est unphénomène
délicat difficile àinterpréter
et les différences ne sont pas de la même valeur suivant la bande des
températures
à
laquelle
on seplace.
Deplus,
il estprobable
que l’échauffement du thorax de l’abeille n’est pas nonplus
le même suivant latempérature
de l’air où elle sedéplace.
3
°)
Un dernierdispositif,
et celuiqui
donna les résultats lesplus satisfaisants,
est
inspiré
directement del’appareil
de Gon.LOT( I o 54 ),
destiné à étudier l’influencè de la fumée sur les ouvrières. Il se compose(fig. 3 )
d’uncylindre
trèsléger, horizontal, susp2ndu
à unstyle qui l’équilibre.
Lecylindre peut
sedéplacer
sans frottementdans une caissette noircie. Les
abeilles,
poursortir,
sont à peuprès
toutes forcéesde passer à l’intérieur du
cylindre
ou de marcher sur sa face extérieure. Dans les deuxcas, le résultat cherché est
atteint,
c’est-à-dire que lecylindre
estdéséquilibré
etinscrit un trait sur un
cylindre enregistreur enfumé ;
la hauteur de ce trait est gros- sièrementproportionnelle
au nombre d’abeillesqui
se trouvent dans ou sur le cy-lindre au même moment
(la
hauteur maximumcorrespond à abeilles passant
enmême
temps).
On admet que laproportion
des abeillesqui
sont détectées par le cy- lindre est une fraction à peuprès
constante de l’ensemble de lapopulation
entransit,
dont une
partie
marche sur lesparois
de la boîte extérieure etn’agit
donc pas surl’inscripteur.
Cette conclusion est corroborée par descomptages qui
montrent quel’erreur que l’on
peut
commettreainsi,
n’est pasconsidérable,
bienqu’il
ne soit pas aisé de l’évaluer avec exactitude. Maisj’ai
fait remarquer(rg52),
quelorsque
10000abeilles vont
butiner,
iln’importe
pasbeaucoup
que l’on encompte
1 i o00 ou 9 ooo ;car nos
méthodes,
hélas! n’en sontqu’au
début et nepeuvent
encore s’offrir le luxe d’unegrande précision.
L’ENREGISTREMENT DES RÉCOI/TES DE POLLEN
Il n’offre par contre aucune difficulté. Il
suffit,
conformément à lafigure
4, deplacer
en dessous d’unpetit piège
àpollen
d’un modèle trèsclassique (voir CHAUVIN, 1955
),
unrécipient
fixé au fléau d’unepetite
balanceenregistreuse,
et on obtientsans
difficulté, l’enregistrement
des récoltes en fonction dutemps.
L’ENREGISTREMENT DE LA RÉCOLTE DE NECTAR
Celui-ci est
beaucoup plus difficile ;
ils’opère classiquement
sur les ruches nor-males avec une bascule
enregistreuse.
Il estbeaucoup plus
délicatici,
où la taille et l’encombrement considérable desdipositifs d’enregistrement,
interdisentprati- quement l’emploi
d’une bascule.J’ai
doncpensé procéder
indirectementen récoltantune
partie
de l’eauévaporée
par laruche,
et dont laquantité augmente
forcémenten
temps
de miellée. Le nectar, eneffet,
doit être très fortement concentré avant dese transformer en miel
operculé. Je
nepuis
encoregarantir
ledispositif
queje
vaisdécrire,
nel’ayant
pasexpérimenté
assezlongtemps ;
mais il donne des résultatsencourageants.
Ils’agit,
enbref,
deprésenter
à l’entrée de la ruche(fig. 6)
unlarge
tube
métallique,
fermé par une toilemétallique
pour enempêcher
l’accès aux abeilles.Il
plonge
dans une caisse àglace,
et l’eauqui s’y
condense est recueillie dans unepetite
balanceenregistreuse (fig. 5 ).
Tout ce queje puis dire,
c’estqu’effectivement,
comme on
peut
le voir sur lesgraphiques,
laquantité
d’eau recueillie varie dans de trèslarges proportions
etqu’elle augmente
effectivementbeaucoup, lorsque
survient la miellée. En dehors de cettepériode,
onpeut,
en administrant parexemple,
un litrede
sirop,
calculer àquoi correspond
l’eau que l’on recueille dans la balanceenregis-
treuse. On verra un peu
plus loin,
une discussionplus approfondie
de ces données.ANN!XF, : EE DISPOSITIF DES POI,OYPE
Comme on le verra sur les
dessins,
les abeilles ont àsuivre,
à travers tous cesdispositifs d’enregistrement,
un chemincompliqué (fig. 7 ).
L’activité a été mesuréeuniquement
sur les abeilles en train desortir,
et la récolte dupollen, évidemment,
sur celles
qui
rentrent. Il a donc falluséparer
en deux le courant desabeilles,
cequi
est facile à l’aide d’une variante dudispositif
des frèresF OLOPPE ,
bien connueen
apiculture.
La sortie et l’entrée se font à travers deux gros tubes de verres, mais le tube de sortiequi
s’ouvre au ras de laparoi
de laruche,
en face desabeilles,
faitlargement
saillie à l’extérieur vers l’air libre. Le tube derentrée,
aucontraire,
s’ouvreau ras du mur
extérieur,
maisaprès
avoir traversé laparoi
de laruche,
s’incurvelonguement
vers le bas.lorsque
les abeilles sont de retour dubutinage,
elles s’abat-tent au ras du mur extérieur : mais le tube de verre
qui
en sort n’a pas, pourelles,
designification,
car le verre esttransparent.
Elles cherchent doncprès
de sa base et,trouvent ainsi l’orifice de rentrée situé à
proximité immédiate ;
elles l’utilisent aus-sitôt. L’incurvation du tube de rentrée à l’intérieur de la ruche les
empêche
de l’uti-liser pour la sortie
(fig. 7 ).
R);SUI,TATS
LE DÉVELOPPEMENT DE LA RUCHE EXPÉRIMENTALE
AU COURS DE L’ANNÉE
Je
l’ai estimé en mesurant la surface du couvainoperculé.
Par suite de touteune série de
contretemps,
la courbe obtenue enig6i comprend plusieurs
incidents.L’un,
aux environs du 5juin, correspond
à l’emballement de la reine queje
n’ai pas pu sauver àtemps.
Lesecond,
le 20juillet,
est un arrêt deponte
brutal dû à uneexpérience
auxconséquences
inattendues :j’avais
distribué auxabeilles,
une macé-ration de vieux rayons très noirs et contenant un peu de
pollen ;
sa teneur en sucresavait été amenée à 70 p. 100.
Je
constatai avecbeaucoup
d’étonnement que lesabeilles,
très avides desirop pourtant,
neprenaient
celui-làqu’avec beaucoup
derépugnance,
etplus
du tout au boutde 4 à 5 jours.
La récoltedu pollen s’interrompait radicalement,
et les abeilles se massaient vers lapartie supérieure
du rayon.J’ai
constaté par la
suite,
sur une ruche Dadant dutype ordinaire,
que les vieux rayons noirs etmélangés
à dumiel,
ne sont pasacceptés
nonplus.
Sans doute faut-il y voir l’action du substancesrépulsives
dontl’origine
et la naturechimique
sont malconnues et dont l’accumulation provoque l’encrassement des vieux rayons. Il est curieux de noter
qu’ils provoquent
l’arrêt de laponte
de la reine(voir CHAUVIN, 19
6 2
) (fig. 8).
En
19 6 2 ,
la courbe dedéveloppement
de la ruche estbeaucoup plus régulière
mais elle commence à monter très
tard,
vers la mi-mai à cause du très mauvaistemps
et de l’absence de toute miellée. Elle s’abaisse brutalement au début de
septembre.
Il
n’y
a que peu à dire sur cescourbes,
assez différentes d’une année à l’autre suivant les conditionsmétéorologiques.
Il serait évidemment intéressant de les mettre encorrélation
précise
avec l’activité et l’élimination de vapeurd’eau ;
malheureusementmes
dispositifs enregistreurs
se sont trouvés aupoint trop tard,
etje dispose
encorede
trop
peu de chiffres pour établir de telles corrélations(fig. S).
Toutefois, je
doissignaler
que dans la ruche detrop grandes
dimensions dontje
me suisservi,
ledéveloppement
du couvain ne m’a pas paru satisfaisant. Les zones centrales dugrand
rayon de cire sont mal étirées ou pas du tout, et la reineparaît
se confiner dans ses
portions supérieures
et latérales. Dans les ruches deplus petites
dimensions
(surface approximative :
i mètrecarré)
ledéveloppement
est bienplus satisfaisants ;
l’ensemble de la cirepeut
être étiré en une seulenuit,
et il n’est pasrare d’obtenir un énorme rayon de couvain d’à peu
près
i mètre desuperficie. Je
ne sais à
quoi
attribuer les anomalies observées dans lagrande
ruche ? Peut-être àune
répartition
anormale de latempérature ?
En tout cas, les surfaces maximapla-
nimétrées dans cette
ruche, correspondaient
à 1 200em 2 ,
alorsqu’une
belleellipse
decouvain
(double face)
sur un seul cadre Dadant occupe cette mêmesurface ;
sur la ruche de i mètrecarré,
on obtenait desellipsse
de 6 à 700o centimètres carrés.L’ACTIVITÉ
Cette variable très
importante
n’apratiquement
étéétudiée,
avecquelques détails,
que par un seul auteur, LUNDIE( 1925 ).
Plustard,
FABERGEapportera quelques perfectionnements
àl’appareil
de LUXDIE, mais neparaît
pas l’avoir réellement mis en oeuvre pour de nouvelles mesures.J’ai
tenté moi-mêmequelques
mesures mais
je
considère que,malgré
dix ansd’efforts, l’appareil
quej’ai imaginé,
n’a fonctionné d’une manière
régulière
quependant quelques
mois seulement. Deplus,
il ne fournit pas exactement une mesure d’activitédirecte,
maisplutôt
unegrandeur qui
varie suivant une loi encore inconnue enrapport
avec l’activité.Je
suis donc encoreincapable d’établir,
en nombyed’abeilles,
àquoi correspondent mes graphiques. Je
saisseulement,
que pour lapetite balance,
tellequ’elle
est constituée(grand
bras du levier : 25 cm enpaille
sèche trèslégère ; petit
bras : 8 cm ; contrepoids
à l’extrémité dugrand
bras1 ,6
g ;poids
ducylindre
à traverslequel passent
les abeilles : 5
grammes),
il faut quepassent
7 abeilles aumoins,
soit 700mg sensi-blement,
pourdéséquilibrer
la balance et amener lestyle
auplus
haut de sa course.On
peut obtenir, évidemment,
la sensibilité que l’on veut enchangeant
lecontrepoids.
On
s’aperçoit qu’il
faut le fairelorsque
lestyle inscripteur
restelongtemps
sansredescendre,
cequi signifie qu’il
passe en!ermanence plus de abeilles.
Engénéral,
et pour les conditions de mes
expériences
enig6i-62,
il m’a sembléqu’un
contre-poids
de1 ,6
g était suffisant. Mais lephénomène
leplus
intéressantqui
nous estapparu d’une manière tout à fait
inattendue,
c’est L’activité noctuyne(fig.
c!, a,b).
On en voit
déjà quelque
peu dans la nuit du r4au I5sept. i 9 62,
mais fort peu d’abeilles sontengagées
dansl’appareil, qui n’enregistre
que de faibles différences de niveau.Par contre, dans les nuits du 26 au 27, du 27au
2 8,
et surtout du 28 au 29, on constate de sérieusespoussées
d’activité nocturne, à différentes heures de la nuit. Cespoussées
ont été
enregistrées
aussi enig6i (fig. 10 ) (nuit
du 5 au 6juillet,
et du 6 au 7, parexemple,
avec un autreappareil).
Si onpeut
admettrequ’elles correspondent
à uneintense excitation des
abeilles,
du fait de la miellée enig6r,
on nepeut
avancer unetelle
explication
pour le mois deseptembre 19 6 2 .
Nous ne savons comment inter-préter
lephénomène qui
ne seproduit qu’au
cours des nuitschaudes ;
deplus,
ley
sept. I9 6 2
étaitjour
depleine
lune. Mais nous n’avons pu retrouver de corrélation bien nette avec la lune et les sorties nocturnes en19 6 1 ;
d’autrepart,
les tracés de19 6 1
,
n’étaient pas assez bons ni surtout assezréguliers
pour autoriser des conclu- sions bien fermes. Leproblème
de l’activité nocturne des abeilles reste doncposé, quant
à son déterminisme au moins.Nous ne connaissons
guère
mieux les facteurs de l’activité diurne. Dans lafig.
ii, on aporté
en ordonnées les « surfaces d’activité» intégrées : c’est-à-dire,
que la surfaceoccupée
par les courbes d’activité a étécalquée
surpapier transparent, découpée
etpesée. Au-dessous,
on voit les valeurscorrespondantes
pour lestempé-
ratures
intégrées (thermomètre enregistreur
deRICHARD ;
enprenant
comme basela
ligne
00, ondécalque
surpapier transparent
et onpèse
la « surfacethermique
»correspondant
àchaque jour).
On voit bien que lestempératures
et les activitésn’ont pas de
rapport.
Les chiffres donnésjour
parjour
par l’actinomètre de BELLANI(fig. Il)
ne nous montrent nonplus
aucune corrélation avec l’activité. Les conditions demon
expérience
étaient toutefois sispéciales
queje
me suis demandé sije
ne metrouvais pas en
présence
d’un artefact.J’ai
doncrepris
les courbes de LUNDIEqui
ne
portent
malheureusement que sur peu dejours,
etje
leur ai fait subir le même traitementd’intégration après calquage.
On voit bien que, là nonplus,
il n’existepas de corrélation entre les
températures
et les activités mesurées par une méthode tout à fait différente. LUNDIEsignale
lui-même que ledegré
de luminosité sembleplus important
que latempérature. J’ai
doncporté
sur lafig.
12 les chiffres relevés à l’actinomètre de BELLANI(car je
nedisposais
pas desolarigraphe). Mais,
là nonplus,
on nepeut
déceler aucune corrélation avec l’activité. NOUVEAUX(i 95 8)
remarque que l’activité de récolte dupollen
n’a pas nonplus
derapports
directs avec latempé-
rature.
L’ÉVAPORATIO
X D’EAU
La ruche
évapore
unequantité
d’eau relativementimportante,
dont mondispositif
ne collectait évidemmentqu’une
fraction.Je
me suis assuré d’abord que rien ne passelorsqu’on interrompt,
par une lame demétal,
la communication entre la ruche et la boîte àglace. J’ai
calculéensuite,
en dehors despériodes
de mielléeévidemment,
l’émissiond’eau,
enquelque
sorte «métabolique
»,puisqu’il n’y
avaitpas de
provisions liquides
àévaporer
dans la ruche : elle étaitde
cc. à 4,5ce parjour. Lorsqu’on
donne dusirop
de sucre à 70 p. 100,l’augmentation
de laquantité
d’eau
évaporée
est de6, 5
cc par litre. Mais on nepeut
en tirergrand
chose aupoint
de vue de la
quantité
de nectar effectivementrécolté,
parce que la teneur en eau du nectar est trèsirrégulière (surtout
chez Castanea où les nectaires sontlargement exposés
auxagents atmosphériques) ;
elledépend
del’heure,
dujour,
del’hygro- métrie,
etc., si bienqu’on
retrouve ici les incertitudes de lapesée
des ruches. Lapesée journalière,
eneffet, n’indique
dans l’immédiat rien deprécis quant
à la quan- tité de matières sucrées effectivementrécoltées ;
il faut attendreplusieurs jours,
que les ouvrières aient
évaporé
lesurplus
d’eau du nectar, pour obtenir une mesureplus
exacte. Maisjustement,
et en dehors despériodes
demiellée,
il semble que la mesure de « l’eaumétabolique » pourrait
fournir desrenseignements
intéressants.C’est une variable
qui
n’ajamais
été mesuréejusqu’à présent. Je
nedisposeévidem-
ment pas d’assez de chiffres pour en faire la théorie
complète ; je
me bornerai àsignaler
lapossibilité
d’une telle mesure.LA RÉCOLTE DLT POLLEN
Elle n’a pas été
poursuivie
assezlongtemps
pour quej’en parle
endétail ;
nous n’avonsguère appris
de nouveau parrapport
aux données traditionnellesexposées
en détail dans la thèse de LOUVEAUX
(r 95 8).
Làaussi, toutefois,
la corrélation avecles courbes d’activité
générale
neparaît
pas très nette. Par contre, la corrélation estbonne,
comme LOUVEAUX l’adéjà signalé,
avec la surface du couvain. Il semble que l’état interne de la ruche informe toutes les activités de l’abeille bienplus
que les circonstancesmétéorologiques (entre
certaineslimites, évidemment).
CONCLUSION ET
RESUME
On décrit un
dispositif
de mesure simultanée de la surface ducouvain,
de la récolte dupollen,
del’évaporation
de l’eau et de l’activitégénérale.
La chaleur que
dégagent
les butineuses entrant ou sortant, est assez forte pouragir
sur unévaporimètre
ou un thermomètreenregistreur.
Activité et
évaporation
ne sont pas en corrélation étroite avec latempérature extérieure,
pasplus
que la récolte dupollen.
Il existe une activité nocturne de
l’abeille,
au cours de certainesnuits,
sansqu’on puisse
établir encore le facteurqui
détermine les sorties.Reçu pour
publication
enJanvier
L963.SUMMARY
3W LULTANEOCS RECORDING EXPERIMENTS OF THE MAIN PHENOMENA W THE LIFE OF THE HIVE
A hive enclosed in a
single glass
frame whichpermitted
a continuous observation of the bees,even
during
hibernation, was described. Exterior heat controlby
means of a resistance enabled theexperimenter
to act at will on thedevelopment
of the hive.A series of apparatus could be connected with the hive for the simultaneous
recording
of theactivities of
leaving
the hive, pollengathering
and water elimination. This had revealed that at cer-tain
periods
the bees made sorties during thenight.
The surface of the brood-comb and its fluctua- tionsthroughout
the year were measured at the same time.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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