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communication. Elle concernera plus précisément, le problème de la réception en Pologne du modèle moderne de ville-forteresse.

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Adam MUobçdzki

Les villes fortifiées en Pologne

L’année 1980 en laquelle nous célébrons le 300e anniversaire de la fondation de Saarlouis par Louis XIV, est celle d’un autre anniversaire important pour l’histoire de l’urbanisme européen. 400 ans se seront écoulés cette année depuis la fondation de Zamosc, l’exemple le plus moderne et le plus remarquable dans le groupe spécifique de villes fortifiées qui, en Pologne, ont renoué avec les réalisations de l’urbanisme et de l’art de guerre européens de l’époque. C’est à ces villes que nous consacrons notre communication. Elle concernera plus précisément, le problème de la réception en Pologne du modèle moderne de ville-forteresse.

Ce problème ne peut, c’est évident, être envisagé en dehors du large contexte des réalités politico-institutionnelles, sociales, économiques et culturelles de l’Europe cen¬

trale et orientale de l’époque. Aussi convient-il de faire précéder la présentation des exemples polonais de ce genre urbaniste, rare mais existant dans toute l’Europe, de quelques remarques de nature historique et générale, et surtout de prendre en consi¬

dération son immense portée à l’est de l’Etat polonais après son union avec la Lituanie en 1568. A part les terres ethniquement polonaises et lituaniennes, il englobait alors de vastes espaces de la Biélorussie actuelle et de l’Ukraine qui étaient depuis le Moyen Age un terrain d’expansion politique, économique et culturelle polonaise. Il est très caractéristique que c’est seulement sur ces terres en somme non polonaises qu’étaient fondées des villes forteresses polonaises. De nombreux facteurs ont influé sur ce rétré¬

cissement de l’étendue géographique du phénomène.

Il faut surtout avoir présent à l’esprit que jusqu’à la moitié du XVIIe siècle, tant que la Pologne fut un état puissant, ses terres ancestrales ne furent guère touchées par la guerre, qui aurait pu entraîner la formation d’un réseau de fortifications et d’autant plus l’implantation de nouvelles villes-forteresses ; plus tard le déclin général de l’Etat empêche de telles entreprises. Les villes-forteresses n’étaient pas non plus construites dans les zones frontalières des guerres locales soit avec la Suède au Nord soit avec la Russie au Nord-Est. On y édifiait sporadiquement des forteresses modernes mais de petite échelle et l’on modernisait sporadiquement aussi les fortifications des villes plus importantes.

Seule différait la situation dans la partie Sud-Est de l’Etat soumise à la colonisation la plus intense, mais réalisée aussi avec les plus grandes difficultés. Ces territoires furent le théâtre de troubles et de guerres constantes. L’ennemi le plus dangereux c’étaient les Turcs, dont l’invasion en 1498 dans le Royaume de Pologne fit entrer les régions en discours dans la zone menacée de l’Europe chrétienne.

Comme dans tous les états de cette zone, le danger turc fut en Pologne un moteur pour l’essor de la construction et accroissement des forteresses. Une attention particu¬

lière fut consacrée aux fortifications des villes le long de la frontière Sud avec la Hongrie et la Moldavie, qui en 1501 passa de la suzeraineté polonaise à la turque. En réalité, l’offensive turque atteignit rarement les terres polonaises et uniquement ses limites Sud-Est. Elle ne prit de l’ampleur que dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Par contre, chaque année de grandes portions du pays étaient éprouvées de l’Est par

Adam MUobçdzki

Les

villes fortifiées

en

Pologne

L’année 1980 en laquelle nous célébrons le 300e anniversaire de la fondation de Saarlouispar Louis XIV, estcelled’un autre anniversaire important pour l’histoirede l’urbanisme européen. 400 ans se seront écoulés cette année depuis la fondation de Zamosc, l’exemple leplus moderne et le plus remarquable dans legroupe spécifique de villes fortifiées qui, en Pologne, ont renoué avec les réalisations de l’urbanisme et del’artde guerre européensdel’époque. C’est àces villesque nous consacrons notre communication. Elle concernera plus précisément, le problème de la réception en Pologne du modèle modernedeville-forteresse.

Ce problème ne peut, c’est évident, être envisagé en dehors du large contexte des réalitéspolitico-institutionnelles, sociales, économiques etculturelles del’Europecen¬

trale et orientale de l’époque. Aussi convient-il de faire précéder la présentation des exemples polonais de cegenre urbaniste, rare mais existantdans toute l’Europe, de quelques remarques de naturehistorique et générale, etsurtout de prendre en consi¬

dérationsonimmense portéeàl’estdel’Etat polonaisaprès sonunionavecla Lituanie

en 1568. A partles terres ethniquement polonaises et lituaniennes,

il

englobait alors devastes espaces dela Biélorussie actuelle etdel’Ukraine qui étaient depuisleMoyen Age un terrain d’expansion politique, économique et culturelle polonaise. Il est très caractéristique que c’est seulement sur ces terresensomme nonpolonaisesqu’étaient fondéesdes villes forteresses polonaises. Denombreux facteursont influésurcerétré¬

cissement de l’étendue géographique du phénomène.

Ilfaut surtout avoirprésentàl’espritquejusqu’àlamoitiédu

XVII

esiècle, tantque

laPologne futun état puissant, sesterres ancestrales ne furentguère touchées par la guerre, qui aurait pu entraîner la formation d’un réseau de fortifications et d’autant plusl’implantationdenouvelles villes-forteresses; plustard ledéclingénéraldel’Etat

empêche de telles entreprises. Les villes-forteresses n’étaientpas non plus construites dansles zones frontalièresdesguerres locales soit aveclaSuède au Nordsoitavecla Russie au Nord-Est. On y édifiait sporadiquementdes forteresses modernes mais de petiteéchelle etl’on modernisait sporadiquementaussilesfortificationsdesvilles plus importantes.

Seule différaitlasituation dans lapartieSud-Est de l’Etatsoumise àla colonisation la plus intense, mais réalisée aussi avec les plus grandes difficultés. Ces territoires furent le théâtre de troubles et de guerres constantes. L’ennemi le plus dangereux c’étaientles Turcs,dont l’invasionen 1498 dansleRoyaume dePologne

fit

entrerles régions endiscours dans la zone menacée de l’Europechrétienne.

Comme dans tousles états de cettezone, ledanger turc futen Pologne un moteur pour l’essordela constructionet accroissementdes forteresses. Uneattentionparticu¬

lière fut consacrée aux fortifications des villes le long de la frontière Sud avec la Hongrieetla Moldavie, quien 1501 passa de lasuzeraineté polonaise àlaturque. En réalité, l’offensive turque atteignit rarement les terres polonaises et uniquement ses

limites Sud-Est. Elle nepritde l’ampleurque dans la secondemoitié du

XVII

esiècle.

Parcontre, chaqueannée degrandesportions du pays étaient éprouvées de l’Estpar

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les incursions tartares. Les Tartares du Khanat de Crimée étaient les vassaux de la Turquie, ils avaient adopté l’islam en fin du Moyen Age. Pendant plus de deux siècles ils servirent d’auxiliaires dans l’armée turque et faisaient aussi pour leur compte des incursions de rapine. Même des talus primitifs étaient suffisants contre les Tartares, aussi aux XVIe et XVIIe siècles de tels talus entouraient de nombreuses villes du Sud- Est.

Aussi bien là que dans le centre du pays il n’y avait pas de forteresses plus modernes. Disons juste que le nombre relativement réduit et la faiblesse des fortifica¬

tions de villes n’étaient pas en désaccord avec la doctrine militaire polonaise et la pra¬

tique aux XVIe et XVIIe siècles1. En faveur était la guerre de mouvement, à l’aide d’une cavalerie prédominante, tandis que toute l’Europe mettait au premier plan le siège des places fortes. L’armée polono-lituanienne se composait principalement de la cavalerie. L’armée régulière peu nombreuse était augmentée au moyen de la convoca¬

tion de l’arrière-banc seulement pour la période de la guerre. La réforme de 1718 vint enfin moderniser son organisation, son armement et l’exercice sur le modèle des au¬

tres armées européennes, l’infanterie et l’artillerie y occupèrent donc une place égale à celle de la cavalerie. A côté de l’armée du roi c.-à-d. de l’Etat, il y avait en Pologne jusqu’à la perte de son indépendance, de nombreuses armées privées des magnats qui, en temps de guerre, étaient tenues de soutenir la force militaire de l’Etat. Ceci se rapportait également aux châteaux privés et aux villes fortifiées de magnats.

Il faut aussi souligner qu’aux temps modernes, l’initiative de fondation des villes passa du souverain à la noblesse2. Le roi, de plus-en-plus majoré par les magnats, très rarement pouvait subventionner des villes et leurs constructions militaires. Les plus grandes fortunes et la puissance politique de la noblesse se formèrent depuis la fin du XVIe siècle dans les provinces orientales du Royaume. La culture latine importée par les Polonais y rencontrait une culture autochtone de tradition gréco-byzantine. Ces terres souffrirent jusqu’à la fin du XVIIe siècle des incursions constantes des Tartares, des invasions temporaires des Turcs, des troubles religieux causés par l’emprise de Rome sur une population orthodoxe, des guerres privées entre les nobles, des insur¬

rections des Cosaques et des révoltes des paysans, dont les flambées atteignirent même la seconde moitié du XVIIIe siecle.

Il y avait toujours peu de forteresses royales et encore moins de villes royales forti¬

fiées. Aussi la défense de ces terres reposait surtout sur les places fortes privées. Il faut ajouter qu’en Pologne, contrairement à de nombreux pays d’Europe, la permission royale n’était pas nécessaire pour édifier des châteaux et fortifier les villes. Aux temps modernes ce fut même une sorte de devoir moral, souvent récompensé par le roi en accordant des fiefs ou des dignités aux fondateurs.

Il est donc évident, qu’en tous ces circonstances, depuis la fin du XVIe siècle, la for¬

tification de villes en Pologne ne concerna presque exclusivement que les régions du

1 W. Majewski et J. Teodorczyk, Wojsko, dans: Polska w epoce Odrodzenia, Warszawa, 1970, p. 184—196; J. Wimmer, Wojsko, dans: Polska XVII wieku, Warszawa 1969, p.

169—1971.

2 W. Kalinowski, Miasta polskie w XVI i pierwszej polowie XVII wieku (Kwartalnik Arch- tektury i Urbanistyki, Vol. 8, 1965), p. 169—197.

les incursions tartares. Les Tartares du Khanat de Crimée étaient les vassaux de la Turquie,ilsavaient adopté l’islamen findu MoyenAge. Pendant plusde deuxsiècles ils servirentd’auxiliaires dans l’armée turque et faisaient aussi pour leurcompte des

incursionsde rapine. Même des talus primitifs étaient suffisants contre les Tartares, aussi auxXVIeet

XVII

esiècles de telstalus entouraientdenombreuses villes du Sud- Est.

Aussi bien là que dans le centre du pays

il

n’y avait pas de forteresses plus modernes. Disonsjuste que lenombre relativement réduitet la faiblessedesfortifica¬

tionsdevillesn’étaientpas endésaccordavecladoctrinemilitairepolonaiseetlapra¬

tique aux XVIe et

XVII

e siècles1. En faveur était la guerre de mouvement, à l’aide d’une cavalerie prédominante, tandis que toute l’Europe mettait au premier plan le siège des placesfortes. L’armée polono-lituaniennesecomposait principalementde la cavalerie. L’armée régulière peu nombreuseétaitaugmentéeau moyendela convoca¬

tionde l’arrière-bancseulementpourla périodede laguerre.Laréformede 1718vint enfinmoderniser son organisation, son armement et l’exercice sur le modèle des au¬

tresarméeseuropéennes,l’infanterieetl’artilleriey occupèrent donc uneplaceégale à celle de la cavalerie. A côté de l’armée du roi c.-à-d. de l’Etat, il y avait enPologne jusqu’à la pertedeson indépendance, de nombreusesarméesprivées desmagnatsqui, en temps de guerre, étaient tenues de soutenir la force militaire de l’Etat. Ceci se

rapportaitégalement aux châteaux privés etauxvillesfortifiées de magnats.

Il faut aussi souligner qu’aux temps modernes, l’initiative de fondation des villes passadusouverain àla noblesse2. Leroi,deplus-en-plusmajoré parles magnats,très rarement pouvait subventionner des villes et leurs constructions militaires. Les plus grandesfortunes etlapuissancepolitique dela noblesseseformèrentdepuis lafin du

XVI

e siècledans lesprovinces orientales du Royaume. La culture latine importéepar les Polonais y rencontrait une culture autochtone de tradition gréco-byzantine. Ces terressouffrirent jusqu’àlafindu

XVII

esiècle desincursionsconstantes desTartares, des invasions temporaires des Turcs, des troubles religieux causés par l’emprise de Rome sur une population orthodoxe, des guerres privées entre les nobles, des insur¬

rectionsdesCosaques etdesrévoltesdespaysans,dontles flambéesatteignirentmême lasecondemoitiédu

XVIII

esiecle.

Ily avait toujourspeude forteresses royales et encore moinsdevilles royales forti¬

fiées.Aussi ladéfense deces terresreposaitsurtoutsurlesplacesfortes privées. Ilfaut ajouter qu’en Pologne, contrairement à de nombreux pays d’Europe, la permission royalen’étaitpasnécessairepour édifierdeschâteaux etfortifierlesvilles.Auxtemps modernes ce fut même une sortede devoir moral, souvent récompensé par le roi en accordantdesfiefs oudes dignités aux fondateurs.

Ilestdonc évident, qu’en touscescirconstances, depuis lafindu

XVI

esiècle,lafor¬

tificationde villes en Pologne ne concerna presque exclusivement que les régions du Sud-Est.

1W. Majewski etJ. Teodorczyk,Wojsko,dans: Polskaw epoceOdrodzenia, Warszawa, 1970, p. 184—196; J. Wimmer, Wojsko, dans: Polska XVII wieku, Warszawa 1969, p.

169—1971.

2W.

Kalinowski,

MiastapolskiewXVIipierwszej polowieXVIIwieku(KwartalnikArch- tekturyiUrbanistyki, Vol. 8,1965),p. 169—197.

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Dans les provinces orientales du Royaume où la densité de la population était fai¬

ble, elle se groupait surtout dans des rares agglomérations de type urbain, mais de caractère en majorité agricole. Ces agglomérations grandirent à l’ombre des châteaux de la noblesse polonaise, ou polonisé, qui y avait acquis des biens immenses. Ces châteaux, puissament fortifiés quoique pas toujours de manière moderne, remplis¬

saient le rôle de citadelles et leur caractère, bien plus souvent que leur architecture, se rapprochait du modèle de la Renaissance italienne du château du tyran. En effet, ils servaient non seulement comme défense contre les envahisseurs, mais également en tant qu’instrument du pouvoir sur la population pour une grande partie étrangère, de foi et d’ethnie.

Certaines de ces villes restaient ouvertes, mais en général on tenait à les entourer ne serait-ce que d’un talus de terre. Couramment c’était un talus peu élevé, de fonction plus administrative que militaire, quoiqu’il pouvait servir le cas échéant de protection sommaire contre les Tartares. Un tel talus, souvent renforcé d’un fossé et d’une palis¬

sade, était éxécuté par la population locale dans le cadre des corvées.

Seule la couche des magnats: les familles Zamoyski, Zôlkiewski, Koniecpolski, Potocki, RadziwiH qui faisaient fortune depuis la fin du XVIe siècle sur ces territoires, possédaient des moyens suffisants pour entourer leurs villes de fortifications modernes.

Mais même dans ces fortifications les constructions en maçonnerie étaient plus limi¬

tées que dans les autres pays. On peut admettre qu’au moins certaines de ces enceintes de terre devaient dans l’avenir être recouvertes par le manteau d’un mur. Le fait que la première étape de leur construction resta souvent la dernière reflète la situation socio-économique spécifique. Les traveaux de maçonnerie étaient en effet très coûteux en matériaux et main-d’œuvre, que les propriétaires des villes préféraient utiliser pour la construction de leurs propres château, églises et cloîtres dont les fondations, en¬

treprises par la noblesse polonaise pour des raisons de piété aussi bien que de politi¬

que, se multiplièrent infiniment dans les années 1600—17603.

Seules quelques villes obtinrent de solides enceintes pouvant soutenir un siège même prolongé par des armées régulières : c’étaient les capitales des grands latifundia des magnats. Ces latifundia, dont la croissance prit de la vitesse sur les terres du Sud-Est à partir de la fin du XVIe siècle, avaient de facto — mais pas de jure — le caractère de principautés vassales. Leurs propriétaires disposaient d’armées privées et de leurs propres forteresses. Ces nouvelles villes-forteresses par leur plan, leur construction, leur structure sociale, leur richesse et importance commerciale, se rapprochaient du modèle universal de ville européen. Mais les bourgeois n’y avaient pas l’indépendence dont jouissaient ceux des villes libres royales. Entre autres, le maître de la ville exi¬

geait avec plus de rigueur la contribution à la construction des fortifications ainsi qu’une participation personnelle.

Au XVIIe siècle, de nombreux propriétaires de latifundia avaient des fonds dispo¬

nibles pour la construction de fortifications plus importants que le roi même. En pra¬

tique, ils disposaient aussi d’un nombre illimité de main-d’œuvre non-qualifiée, prise dans les faubourgs et les campagnes, travaillant aux fortifications bon gré mal gré.

3 B. Czolowski et J. Janusz, Przesztosc i zabytki wojewôdztwa tarnopolskiego. Tarnopol, 1926, p. 135—162; J. Kloczowski, Zakony mçskie w Polsce w XVI—XVIII wieku dans:

Kosciôl w Polsce, Vol. 2, Warszawa, 1970, p. 603.

Dansles provinces orientales du Royaume où la densité de la population était fai¬

ble, elle segroupait surtout dans des rares agglomérations de type urbain, mais de caractère enmajorité agricole. Cesagglomérationsgrandirent àl’ombre deschâteaux de la noblesse polonaise, ou polonisé, qui y avait acquis des biens immenses. Ces châteaux, puissament fortifiés quoique pas toujours de manière moderne, remplis¬

saient lerôlede citadelles etleurcaractère, bien plus souvent queleur architecture,se

rapprochait du modèle de la Renaissance italienne du château du tyran. En effet, ils servaient non seulement comme défense contre les envahisseurs, mais également en tantqu’instrumentdupouvoirsur la population pourune grandepartieétrangère, de foi etd’ethnie.

Certainesde cesvilles restaient ouvertes, maisengénéralon tenaitàles entourerne serait-ce que d’un talus de terre. Couramment c’étaitun talus peu élevé, de fonction plusadministrativeque militaire,quoiqu’ilpouvait servirlecas échéantdeprotection sommaire contre lesTartares. Un tel talus, souvent renforcéd’unfosséetd’unepalis¬

sade,étaitéxécuté parla population locale dansle cadredes corvées.

Seule la couche des magnats: les familles Zamoyski, Zôlkiewski, Koniecpolski, Potocki, RadziwiHqui faisaientfortunedepuis la findu XVIesiècle surcesterritoires, possédaientdesmoyens suffisantspour entourerleurs villesdefortificationsmodernes.

Mais même dans ces fortifications les constructions en maçonnerie étaient plus limi¬

téesquedanslesautres pays. On peut admettre qu’au moinscertainesdecesenceintes deterredevaient dansl’avenirêtrerecouvertesparlemanteaud’un mur. Lefaitque la première étape de leur construction resta souvent la dernière reflète la situation socio-économique spécifique. Lestraveauxdemaçonnerie étaienteneffet très coûteux

enmatériauxetmain-d’œuvre, quelespropriétairesdesvillespréféraientutiliser pour la construction de leurs propres château, églises et cloîtres dont les fondations, en¬

treprises par la noblessepolonaisepour des raisonsde piété aussi bien quede politi¬

que,se multiplièrentinfinimentdans lesannées 1600—17603.

Seulesquelquesvillesobtinrentdesolides enceintespouvant soutenirunsiègemême prolongé par des armées régulières: c’étaient les capitales des grands latifundia des magnats.Ces latifundia, dontla croissancepritdela vitessesurlesterresdu Sud-Està

partirdela findu

XVI

esiècle, avaientde facto

mais pas dejure

lecaractère de

principautés vassales. Leurs propriétaires disposaient d’armées privées et de leurs propres forteresses. Ces nouvelles villes-forteresses par leur plan, leur construction, leur structure sociale, leur richesse et importance commerciale, se rapprochaient du modèleuniversaldeville européen. Mais lesbourgeois n’yavaientpas l’indépendence dont jouissaient ceux des villes libres royales. Entre autres, le maître de la ville exi¬

geait avec plus de rigueur la contribution à la construction des fortifications ainsi qu’uneparticipationpersonnelle.

Au XVIIe siècle, de nombreux propriétaires de latifundia avaientdes fonds dispo¬

niblespourla constructionde fortificationsplus importants queleroimême. Enpra¬

tique, ils disposaientaussi d’un nombreillimité de main-d’œuvre non-qualifiée, prise dans les faubourgs et les campagnes, travaillant aux fortifications bon gré mal gré.

3B. Czolowski etJ. Janusz, Przesztosc i zabytki wojewôdztwatarnopolskiego. Tarnopol, 1926, p. 135—162;J. Kloczowski,Zakonymçskie wPolscewXVI—XVIIIwiekudans:

Kosciôl wPolsce,Vol.2, Warszawa, 1970,p. 603.

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Ainsi les fortifications les plus progressives qui reflétaient les modernes idées techni¬

ques et militaires, étaient réalisées en cadre du système féodal contrairement aux inves¬

tissements militaires dans les pays occidentaux qui, à partir de la construction de la citadelle d’Anvers (1567—1571), étaient de plus en plus organisés d’après le système capitalistique4.

Les villes-forteresses des magnats alliaient souvent, non sans antagonismes, des quartiers en quadrillage, des fortifications polygonales et un château-fort. Ce modèle de ville apparaissait en deux variantes essentielles de correlation entre le château, la ville propre et les fortifications. Dans la première, le château sommairement fortifié et la ville se trouvaient à l’intérieur d’une puissante enceinte défensive. Cette variante caractérise la phase la plus ancienne du modèle, soit la fameuse ville de Zamosc,

fondée en 15805. Dans la seconde variante de corrélation, plus courante et mieux en accord avec la réalité sociopolitique de ces régions, le château devenait une citadelle, formant le chaînon principal, fermé, de la forteresse entourant l’agglomération. Un exemple le plus ancien et, en même temps, classique d’un tel agencement est Zôlkiew, fondée en 15946. Dans tous les deux variantes, la portion de la ville attenante au château était en principe vide, formant comme une esplanade. En même temps, la place de marché de ces villes vit un transfert de la fonction marchande médiévale à celle d’une place d’apparat moderne et même une place d’armes centrale de la forte¬

resse.

Toutes ces villes-forteresses étaient fondées ou, seulement fortifiées par les capi¬

taines éminents ou par les personnages, qui en général étaient au courant de l’art de guerre, comme d’ailleurs toute la noblesse en ce temps. La connaissance de la théorie de fortification était chez eux bien répandue ; il en résulte leur ingérence dans la manière de fortifier leur propres villes.

Le fondateur de Zôlkiew, Stanisfaw Zôfkiewski fut un remarquable chef militaire dont les écrits révèlent une brillante éducation philologique mais aux horizons ne dépassant pas les frontières de son propre pays. Aussi les conceptions et aspirations de Zôtkiewski furent satisfaites par des fortifications moins parfaites que les bastions7, qui étaient suffisantes dans les provinces Sud-Est du Royaume, en situation de guerres de mouvement avec un ennemi dépourvu d’artillerie lourde et ne suivant pas les règles de l’art de guerre d’Europe Occidentale. Les murailles de Zôlkiew se composèrent donc de longs murs, hauts et épais, renforcés dans l’enceinte du château par des tours massives du type puntone et dans l’enceinte de la ville par de petits rondels spora¬

diques. Ce système de fortification était en principe issu de l’architecture d’Europe Centrale du début du XVIe siècle. Mais au cours de son évolution il assimila plus d’une fois des modifications techniques et formelles d’origine italienne.

Le fondateur de Zamosc, Jan Zamoyski, était un éminent homme d’état, général et intellectuel, un personnage à l’échelle européenne. Il n’est donc pas étonnant qu’il

4 H. Soly, De bouw van de Antwerpse citadel, 1567—1571. Sociaal-economische aspecten (Belgisch Tijdschrift voor Militaire Geschiedenis, Vol. 21, 1976), p. 549—578.

5 S. He rbst et J. Zachwatowicz, Twierdza Zamosc. Warszawa, 1935.

6 M, Osinski, Zamek w Zolkwi. Lwôw, 1935.

7 M. Osinski, op. cit., p. 35—36.

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Ainsi les fortifications les plus progressives qui reflétaient les modernes idées techni¬

quesetmilitaires,étaientréalisées encadre dusystèmeféodalcontrairementauxinves¬

tissements militaires dans les pays occidentaux qui, à partir de la construction de la citadelle d’Anvers (1567—1571), étaient deplus en plus organisés d’aprèsle système capitalistique4.

Les villes-forteresses des magnats alliaient souvent, non sans antagonismes, des

quartiersen quadrillage, desfortifications polygonales et un château-fort. Ce modèle de ville apparaissait en deux variantes essentielles de correlation entre le château, la ville propreetlesfortifications. Dans la première,lechâteau sommairementfortifiéet la ville se trouvaient à l’intérieur d’une puissante enceinte défensive. Cette variante caractérise la phase la plus ancienne du modèle, soit la fameuse ville de Zamosc, fondée en 15805. Dans lasecondevariante decorrélation,plus courante etmieux en accordavec la réalité sociopolitique de ces régions, lechâteau devenait unecitadelle, formant le chaînon principal, fermé, de la forteresse entourant l’agglomération. Un exemple leplus ancienet, enmême temps,classiqued’untel agencementestZôlkiew, fondée en 15946. Dans tous les deux variantes, la portion de la ville attenante au château était en principevide, formant comme une esplanade. En même temps, la place de marché de ces villes vit un transfert de la fonction marchande médiévale à

celle d’uneplace d’apparatmoderne et même uneplace d’armes centrale dela forte¬

resse.

Toutes ces villes-forteresses étaient fondées ou, seulement fortifiées par les capi¬

taines éminents ou par les personnages, qui en général étaientau courant de l’art de guerre, comme d’ailleurs toute lanoblesse ence temps. La connaissancede la théorie de fortification était chez eux bien répandue;

il

en résulte leur ingérence dans la manièredefortifierleurpropres villes.

Le fondateurde Zôlkiew, Stanisfaw Zôfkiewski fut un remarquable chef militaire dont les écrits révèlent une brillante éducation philologique mais aux horizons ne dépassantpaslesfrontièresdesonproprepays. Aussilesconceptions etaspirationsde

Zôtkiewski furentsatisfaites par des fortifications moins parfaites que les bastions7,

qui étaient suffisantes danslesprovinces Sud-Est du Royaume,ensituation deguerres demouvementavecun ennemi dépourvud’artillerie lourdeet nesuivantpaslesrègles de l’art de guerre d’Europe Occidentale. Les murailles de Zôlkiew se composèrent doncde longs murs, hautsetépais,renforcés dans l’enceinte du châteaupardestours massives du type puntone et dans l’enceinte de la ville par de petits rondels spora¬

diques. Ce système de fortification était en principe issu de l’architecture d’Europe Centrale du début du XVIe siècle. Mais au cours de son évolution il assimila plus d’une fois desmodificationstechniques et formelles d’origine italienne.

Le fondateurdeZamosc, JanZamoyski, étaitun éminent hommed’état,général et intellectuel, un personnage à l’échelle européenne. Il n’est donc pas étonnant qu’il

4H. Soly, De bouw van de Antwerpse citadel, 1567—1571. Sociaal-economische aspecten (BelgischTijdschrift voor MilitaireGeschiedenis,Vol.21, 1976),p. 549—578.

5S. HerbstetJ. Zachwatowicz,Twierdza Zamosc. Warszawa, 1935.

6M, Osinski,ZamekwZolkwi. Lwôw, 1935.

7M. Osinski,op. cit.,p.35—36.

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imposa à la ville non seulement un plan idéal de la Renaissance, mais aussi des fortifi¬

cations à bastions du type néo-italien, tous les deux projetés par Bernardo Morando de Padoue8. Il faut remarquer que les panégyristes polonais et étrangers de Zamoyski le célébrèrent en tant que fondateur non tant de la ville que de la place forte, empê¬

chant les Tartares de piller cette portion du pays et ainsi en assurant la floraison.

Les fortifications de Zamosc furent finalement achevées en 1619 par le Vénitien Andrea del’Aqua, un ingénieur et écrivain militaire connu en Pologne de l’époque9. La ville était déjà peuplée, aménagée et édifiée. Depuis jusqu’en 1866, Zamosc fonc¬

tionna comme forteresse investie d’une garnison permanente, tout d’abord comme forteresse privée, capitale du majorât, puis comme forteresse d’Etat. C’était en Pologne l’unique forteresse de ce genre parmi les villes fortifiées de magnats.

Zamosc en tant qu’exemple classique d’urbanisme italien en dehors de l’Italie, depuis longtemps déjà entré dans l’histoire de villes européennes10, fut maintes fois l’objet d’analyses et de discussions. On pouvait constater que parmi les schémas théo¬

riques italiens, bi-dimensionnels, dépourvus de contenus spatiaux, les systèmes à trois places les plus proches de lui se trouvent dans le traité de Pietro Cataneo (1556)11.

Le rectangle idéal de la ville fut très régulièrement et symétriquement divisé. Le plan rigide a été animé par un tracé parcellaire cohérent, qui renoue avec la tradition urba¬

niste polonaise et qui, au surplus, est rationalisé par la prise en considération des besoins distincts de la construction commerciale et artisanale. Sur la Grande-Place du Marché on a édifié l’hôtel de ville, laissant libre le milieu de cette place déjà pleine¬

ment représentative. Sur le pourtour de cette place Morando a commencé également à projeter des maisons typiques, la plupart d’entre elles datent seulement du XVIIe siècle. La répartition harmonieuse des constructions domaniales, culturelles et com¬

munales plus importantes ainsi que l’aménagement de portiques en arcades le long des places et des rues conférèrent à l’ordonnance de la ville des valeurs spatiales et archi¬

tecturales éminents. Certaines déformations du plan sur le pourtour de la ville doivent être attribuées aux perturbations dans la régularité des fortifications, provoquées par les conditions topographiques.

Aucune autre ville de magnat n’avait été aussi idéalement planifiée. A Zolkiew, le schéma italien subit une réduction poussée étant donné que le château occupa en quelque sorte l’autre moitié symétrique du plan de la ville. La soumission de la popu¬

lation urbaine envers le propriétaire s’y’exprime non seulement par l’importance du château parmi les fortifications, mais aussi par l’utilisation de l’esplanade devant comme marché, ce qui privait les bourgeois d’un centre économique et administratif indépendant qui en principe occuperait le centre de l’agglomération.

8 Sur Zamosc, Jan Zamoyski et Bernardo Morando, cf.: S. Herbst et J. Zachwatowicz, op.

eit; S. Herbst, Zamosc. Warszawa, 1954; J. Kowalczyk, Kolegiata w Zamosciu. Warsza¬

wa, 1968.

9Polski Slownik Biograficzny, ed. W. Konopczynski, Vol. 1, Krakow, 1935, p. 146—147 (sub voce: Aqua Andrzej dell).

10 P. Lavedan, Histoire de l’urbanisme. Renaissance et Temps modernes. Paris, 1941, p. 89—-90.

11A. Mifobfdzki, Ze studiow nad urbanistyk^ Zamoscia (Biuletyn Historii Sztuki, Vol. 15, nr. 3/4, 1953), p. 76.

imposaàlaville non seulement unplanidéaldela Renaissance, maisaussidesfortifi¬

cations à bastions du type néo-italien, tous les deux projetés par Bernardo Morando

dePadoue8.Il faut remarquer quelespanégyristespolonais etétrangersdeZamoyski

le célébrèrenten tantquefondateur nontant dela ville que de la place forte, empê¬

chantles Tartares depiller cetteportion du pays etainsi en assurantla floraison.

Les fortifications de Zamosc furent finalement achevées en 1619 par le Vénitien Andreadel’Aqua,uningénieuretécrivainmilitaireconnuen Polognedel’époque9.La ville était déjà peuplée, aménagée et édifiée. Depuis jusqu’en 1866, Zamosc fonc¬

tionna comme forteresse investie d’une garnison permanente, tout d’abord comme forteresseprivée, capitale dumajorât,puis comme forteressed’Etat. C’était enPologne l’unique forteressede cegenreparmi lesvilles fortifiées demagnats.

Zamosc en tant qu’exemple classique d’urbanisme italien en dehors de l’Italie,

depuis longtemps déjà entré dans l’histoire devilles européennes10, fut maintes fois l’objetd’analyseset dediscussions. On pouvaitconstater queparmi les schémas théo¬

riques italiens, bi-dimensionnels, dépourvusde contenusspatiaux, lessystèmesàtrois places lesplus prochesde lui setrouvent dans le traitéde Pietro Cataneo (1556)11.

Lerectangleidéalde laville futtrèsrégulièrementetsymétriquementdivisé. Leplan rigideaétéaniméparun tracéparcellairecohérent, quirenoueaveclatradition urba¬

niste polonaise et qui, au surplus, est rationalisé par la prise en considération des besoinsdistincts de la construction commercialeetartisanale. Sur la Grande-Place du Marché on a édifié l’hôtel de ville, laissant libre le milieu de cette place déjà pleine¬

mentreprésentative. SurlepourtourdecetteplaceMorando acommencéégalementà

projeter des maisons typiques, la plupart d’entre elles datent seulement du

XVII

e

siècle. La répartition harmonieuse des constructions domaniales, culturelles et com¬

munalesplusimportantesainsiquel’aménagementdeportiques enarcades lelongdes places etdes ruesconférèrentàl’ordonnancede laville desvaleurs spatiales et archi¬

tecturales éminents.Certainesdéformationsduplansurlepourtourdela ville doivent être attribuées auxperturbationsdans la régularité desfortifications, provoquées par

les conditions topographiques.

Aucune autre ville de magnat n’avait été aussi idéalementplanifiée. A Zolkiew, le schéma italien subit une réduction poussée étant donné que le château occupa en quelquesortel’autre moitié symétriqueduplan delaville. Lasoumissionde la popu¬

lation urbaine envers le propriétaire s’y’exprime non seulementpar l’importance du château parmi les fortifications, mais aussi par l’utilisation de l’esplanade devant comme marché, ce qui privaitles bourgeois d’un centre économique et administratif indépendant qui enprincipe occuperaitlecentrede l’agglomération.

8SurZamosc,JanZamoyskietBernardoMorando, cf.:S. HerbstetJ. Zachwatowicz,op.

eit;S. Herbst,Zamosc.Warszawa, 1954;J. Kowalczyk,KolegiatawZamosciu.Warsza¬

wa, 1968.

9Polski Slownik Biograficzny, ed. W. Konopczynski, Vol. 1, Krakow, 1935, p. 146—147 (subvoce: Aqua Andrzej dell).

10P. Lavedan, Histoire de l’urbanisme. Renaissance et Temps modernes. Paris, 1941, p. 89—-90.

11A.

Mifobfdzki,

Ze studiow nadurbanistyk^ Zamoscia (BiuletynHistorii Sztuki,Vol. 15, nr.3/4, 1953), p.76.

(6)

Le deuxième quart du XVIIe siècle apporte des changements assez fondamentaux : la phase italienne commence à céder la place à la phase hollandaise ou plus exacte¬

ment, nord-européenne. Ces changements sont plus fortement visibles dans l’art des fortifications, plus faiblement — dans l’urbanisme, ils englobent d’abord les régions septentrionales, puis, méridionales. En Lituanie et en Prusse, dans l’entourage de la ligne calviniste des RadziwiH liés sur le plan familial et politique avec les Hohenzol- lern se forme avant le milieu du XVIIe siècle un milieu d’ingénieurs militaires, orientés sur les réalisations des fortifications nord-européennes. Ce milieu était périodique¬

ment renforcé par de prestigieux fortificateurs tels que Adam Freytag12; parmi ceux qui s’y formèrent citons Jôzef Naronowicz, auteur d’un traité manuscrit de fortifica¬

tion13 ainsi que Teofil Spinowski, praticien actif14.

Ce dernier transforma Sluck en Biélorussie, qui appartenait aux RadziwiR en une grande forteresse : dans la ville que baignent de rivières, il remania les anciens quar¬

tiers et en projeta de nouveaux et entoura le tout d’un rempart régulier de terre, fermé par une petite citadelle. Le plan de Sluck reflète nettement les réalisations de l’urba¬

nisme nord-européen, transmises peut-être par le truchement des projets suédois d’agrandissement et de modernisation des villes prussiennes que Spinowski ne pouvait ne pas connaître15.

Des systèmes de fortification nord-européenne étaient réalisés aussi à partir de vers 1630 dans le théâtre méridional des guerres par les ingénieurs des armées de la Cou¬

ronne. Les fondateurs des fortifications privées qui assumaient des fonctions militaires supérieurs et dont relevaient ces ingénieurs, profitaient aussi souvent de leurs services.

L’un de ces investeurs fut Stanislaw Koniecpolski, un troisième en dehors de Za- moyski et de Zôlkiewski, fameux général et propriétaire terrien. Dans sa ville de Brody il fonda une citadelle pentagonale à bastions (Andrea del’Aqua, 1630—1633) qu’il relia ensuite d’une manière extrêmement intéressante avec l’enceinte à bastions de la ville, probablement jamais achevée. L’ensemble formait un système entièrement symétrique et logique, proche des conceptions théoriques de Jacques Perret16. Les for¬

tifications de la ville, en terre, découlaient de modèles hollandais, et non italiens comme la citadelle. Leur auteur avait sans doute été le Normand Guillaume le Vas¬

seur de Beuplan17, extrêmement actif comme fortificateur de nombreux châteaux et villes qui, aujourd’hui, en ruine, inaccessible et médiocrement documentés, échappent

aux recherches.

De Beauplan et Friedrich Gettkant, ce dernier ne participait pas à la fortification des villes privées18, ont commencé la séquence des ingénieurs non italiens au service

12 Polski Sfownik Biograficzny, op. tit., Vol. VII, Krakow, 1948, p. 135—136 (sub voce: Freytag

Adam).

13 Polski Sfownik Biograficzny, op. tit., Vol. 22, Krakow 1977, p. 546—548 (sub voce: Narons-

ki/Jözef).

14 S. Loza, Architekti i budowniczowie w Polsce. Warszawa, 1954, p. 288.

15 G. Eimer, Die Stadtplanung im Schwedischen Ostseereich 1600—1715. Stockholm, 1961, p. 189—190, 192.

16 O. Sosnowski, Studium pierwotnego zak>zenial (586) i obwarowania (1630—1635) miasta Brodöw (Biuletyn Historii Sztuki, Vol. 2, 1934), p. 247—252.

17 Z. Hornung, Na sladach dziafalnosci artystöw francuskich w Polsce (Teka Komisji Historii Sztuki, Vol. 1, 1953), p. 250—251.

18 Polski Sk>wnik Geograficzny, op.cit., Vol. VII, Krakow, 1949—1958, p. 412 (sub voce:

Getkant/Gettkant/Fryderyk)

46

Le deuxième quartdu

XVII

e siècle apporte deschangementsassez fondamentaux : la phase italienne commence àcéder la place à la phasehollandaise ou plus exacte¬

ment, nord-européenne. Ces changements sont plus fortement visibles dansl’art des fortifications, plus faiblement

dans l’urbanisme, ils englobent d’abord les régions septentrionales, puis, méridionales. En Lituanie et en Prusse, dans l’entourage de la ligne calviniste des RadziwiH liés surle plan familial et politique avec lesHohenzol- lernseformeavantlemilieudu

XVII

esiècleunmilieu d’ingénieurs militaires,orientés sur les réalisations des fortifications nord-européennes. Ce milieu était périodique¬

ment renforcépar de prestigieux fortificateurs tels que AdamFreytag12; parmi ceux qui s’y formèrentcitons JôzefNaronowicz, auteur d’un traité manuscritde fortifica¬

tion13 ainsi queTeofil Spinowski, praticien actif14.

Ce derniertransforma Sluck en Biélorussie, qui appartenait aux RadziwiRen une grande forteresse: dans laville quebaignent derivières, il remania les anciens quar¬

tierset enprojetadenouveauxetentouraletoutd’unrempart régulierdeterre, fermé par unepetite citadelle. Le plan de Sluck reflète nettement les réalisationsde l’urba¬

nisme nord-européen, transmises peut-être par le truchement des projets suédois d’agrandissement etdemodernisationdesvilles prussiennes queSpinowskinepouvait ne pasconnaître15.

Des systèmes defortification nord-européenne étaientréalisés aussi àpartirde vers 1630 dans lethéâtreméridional desguerres parles ingénieursdes armées de la Cou¬

ronne. Lesfondateursdesfortificationsprivéesquiassumaientdesfonctions militaires supérieurs etdont relevaientces ingénieurs,profitaientaussisouventdeleursservices.

L’un de ces investeurs fut Stanislaw Koniecpolski, un troisième en dehors de Za- moyski et de Zôlkiewski, fameux général et propriétaire terrien. Dans sa ville de Brody

il

fondaune citadelle pentagonale à bastions (Andrea del’Aqua, 1630—1633) qu’il relia ensuite d’une manière extrêmement intéressante avec l’enceinte à bastions dela ville, probablement jamais achevée. L’ensembleformait unsystème entièrement symétriqueetlogique, prochedesconceptions théoriquesde Jacques Perret16. Les for¬

tifications de la ville, en terre, découlaient de modèles hollandais, et non italiens comme la citadelle. Leur auteur avait sans doute étéle Normand Guillaume le Vas¬

seur de Beuplan17, extrêmement actifcomme fortificateur de nombreux châteaux et villesqui, aujourd’hui, enruine,inaccessible et médiocrement documentés, échappent aux recherches.

De Beauplan et Friedrich Gettkant, ce dernier ne participait pas à la fortification

desvilles privées18, ont commencé la séquence desingénieurs non italiensau service

12PolskiSfownik Biograficzny, op.tit.,Vol.VII, Krakow,1948, p. 135—136(sub voce:Freytag Adam).

13PolskiSfownik Biograficzny, op. tit.,Vol.22,Krakow1977,p.546—548(sub voce: Narons- ki/Jözef).

14S. Loza,ArchitektiibudowniczowiewPolsce. Warszawa, 1954, p. 288.

15G. Eimer, Die Stadtplanungim Schwedischen Ostseereich 1600—1715. Stockholm, 1961, p. 189—190,192.

16O. Sosnowski,Studium pierwotnego zak>zenial (586)iobwarowania(1630—1635) miasta Brodöw(BiuletynHistoriiSztuki,Vol. 2, 1934),p.247—252.

17Z. Hornung,NasladachdziafalnosciartystöwfrancuskichwPolsce(TekaKomisjiHistorii Sztuki,Vol. 1, 1953),p.250—251.

18Polski Sk>wnik Geograficzny, op.cit., Vol. VII, Krakow, 1949—1958, p. 412 (sub voce:

Getkant/Gettkant/Fryderyk) 46

(7)

du roi. Ils furent tous partisans des systèmes de fortifications d’Europe du Nord. Entre autres, mentionnons François Corossini19 d’Avignon qui, pour Andrzej Potocki, pro¬

jeta et fortifia la ville de Stanislawôw après 1662, en modernisant et réduisant le schéma idéal de Zamosc, en troublant son harmonie urbanistique.

La modernisation des bastions de Zamosc (1685—1694) par Jan Michaf Link ré¬

vèle les nouvelles idées de fortification à la fin du XVIIe siècle. On vit apparaître un type de grand bastion à flanc à étage en retraite, qui eut tant soit peu plus tard des analogies dans les fortifications suédoises et russes de villes baltiques20. Les anciens bastions furent renforcés par des cavaliers, des capponières et une fausse-braie en maçonnerie. Par contre, les influences de l’ancienne école de fortification française sont visibles dans la ceinture primitive de Brzezany, édifiée sur l’initiative de Adam Hieronim Sieniawski après 170021.

Brzezany est l’exemple le plus tardif du groupe mentionné de villes fortifiées. Le XVIIIe siècle vit la paix et, en même temps, un marasme dans l’activité d’urbanisme et de fortification des magnats sur les terres du Sud-Est. L’intérêt des magnats avait pris une autre direction : la création de grandes compositions baroques autour de leurs

résidences d’apparat.

Il existait certes, sur les territoires en question, également des villes fortifiées roya¬

les, une seule d’entre elles peut être opposée à l’activité urbaniste des magnats, Ka- mieniec Podolski. Elle mérite d’être mentionnée avant tout comme grande forteresse et ville de garnison qui devait ses exceptionnelles valeurs militaires à sa situation sur un haut plateau rocheux, entouré presque entièrement par la rivière22. Mais son plan urbaniste qui, bien conçu aux temps modernes, ne dénote pas dans son aspiration

limitée par la topographie à la régularité, l’influence des planifications idéales. D’ail¬

leurs, c’était la seule ville de ce type en Pologne.

En terminant cette présentation des villes-forteresses polonaises, il est difficile de s’abstenir de revenir une fois encore à Zamosc et de ne pas donner un aperçu du déve¬

loppement de ses fortifications à l’époque napoléonienne. Avec Modlin nouvellement fondé, elle devait constituer un appui pour la campagne de Russie de Napoléon. Les intenses travaux de fortification furent commencés en 1809 d’après le projet du colo¬

nel du génie français Jean-Baptiste Mallet, plus tard, général polonais, qui appliqua

les dernières conquêtes de la science des fortifications du courant représenté par Chas- seloup et Bousmard. A la seconde étape de ces travaux entrepris après les guerres napoléoniennes, Mallet s’inspira surtout de la doctrine de Montelambert. On édifia alors une grande batterie circulaire, s’avançant au sud, dans l’avant-champ irrigué de la forteresse et l’on ferma les bastions par de puissants cavaliers en maçonnerie23. Le style architectural de ces constructions imposé par Mallet et les officiers du génie est né également en France, à l’Ecole Polytechnique de Paris et se rattache à l’œuvre et à la doctrine de son professeur Jean-Nicolas Durand, qui a si fortement influencé l’ar¬

chitecture européenne du XIXe siècle24.

19Z. Hornung, op. cit., P. 254—256.

20 S. Herbst et J. Zachwatowicz, op. cit., P. 46—49.

21 W. Kalinowski, op.cit., p. 179.

22 A. Prusiewicz, Kamieniec Podolski, Warszawa, 1915.

23 S. Herbst et J. Zachwatowicz, op.cit., p. 66—71, 87—106.

24 A. Milobçdzki, Znaczenie srodowiska zamojskiego w architekturze, dans: Zamosc i Zamojsz- czyzna w dziejach i kulturze polskiej, Zamosc, 1969, p. 132.

duroi. Ilsfurenttous partisansdessystèmes defortifications d’EuropeduNord.Entre autres, mentionnons François Corossini19 d’Avignon qui, pour Andrzej Potocki,pro¬

jeta et fortifia la ville de Stanislawôw après 1662, en modernisant et réduisant le schémaidéal de Zamosc,entroublantson harmonie urbanistique.

La modernisation des bastions deZamosc (1685—1694) parJan Michaf Link ré¬

vèle lesnouvelles idées de fortification à la fin du

XVII

e siècle. Onvit apparaître un typede grand bastion à flanc à étage en retraite, qui eut tant soit peu plus tard des analogies dans les fortifications suédoises et russes de villes baltiques20. Les anciens bastions furent renforcés par des cavaliers, des capponières et une fausse-braie en maçonnerie. Par contre, les influences de l’ancienne école de fortification française sont visibles dans la ceinture primitive de Brzezany, édifiée sur l’initiative de Adam Hieronim Sieniawski après 170021.

Brzezany est l’exemple le plus tardif du groupe mentionné de villes fortifiées. Le XVIIIesièclevitlapaix et, enmêmetemps,un marasmedansl’activité d’urbanismeet defortificationdes magnats surles terres du Sud-Est. L’intérêtdes magnatsavait pris une autre direction: la création de grandes compositions baroques autour de leurs résidencesd’apparat.

Ilexistaitcertes, surles territoires en question, égalementdesvilles fortifiées roya¬

les, une seule d’entre elles peut être opposée à l’activité urbaniste des magnats, Ka- mieniecPodolski. Elle mérite d’être mentionnéeavanttoutcommegrande forteresseet villedegarnisonqui devaitses exceptionnelles valeursmilitaires à sasituationsur un haut plateau rocheux, entouré presque entièrement par la rivière22. Mais son plan urbaniste qui, bien conçu aux temps modernes, ne dénote pas dans son aspiration limitée par la topographie à la régularité, l’influence desplanifications idéales. D’ail¬

leurs, c’était laseuleville dece type enPologne.

En terminant cette présentation des villes-forteresses polonaises, il est difficile de s’abstenirderevenirunefois encoreàZamoscetde ne pasdonnerun aperçududéve¬

loppement deses fortificationsà l’époque napoléonienne. AvecModlin nouvellement fondé, elle devaitconstituerun appui pourla campagne deRussie de Napoléon. Les intensestravaux defortificationfurentcommencésen 1809 d’après leprojet ducolo¬

nel du génie français Jean-Baptiste Mallet,plus tard, général polonais, qui appliqua

lesdernièresconquêtesdelascience desfortificationsdu courantreprésentépar Chas- seloup et Bousmard. A la seconde étape de ces travaux entrepris après les guerres napoléoniennes, Mallet s’inspira surtout de la doctrine deMontelambert. On édifia alors une grandebatterie circulaire,s’avançantau sud, dansl’avant-champ irrigué de la forteresse etl’on fermales bastionsparde puissants cavaliers en maçonnerie23. Le style architectural de ces constructionsimposépar Malletetles officiersdu génie est égalementen France, àl’EcolePolytechniquede Paris etse rattacheàl’œuvre et à la doctrine de sonprofesseur Jean-Nicolas Durand, qui asi fortementinfluencé l’ar¬

chitecture européenne du

XIX

e siècle24.

19Z. Hornung,op.cit., P.254—256.

20S. HerbstetJ. Zachwatowicz,op. cit.,P.46—49.

21W. Kalinowski,op.cit.,p. 179.

22A. Prusiewicz,Kamieniec Podolski, Warszawa, 1915.

23S. HerbstetJ. Zachwatowicz,op.cit., p.66—71, 87—106.

24A.

Milobçdzki,

Znaczenie srodowiska zamojskiego w architekturze,dans: ZamosciZamojsz- czyznaw dziejachi kulturzepolskiej, Zamosc, 1969, p. 132.

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