( Pro manuscripto
)
LoRdon
Ipropînce ^u Cana^a
La situation religieuse
Catholiques-Français
flDcmoIre IR "2
1914
X/'
Digitized by the Internet Archive
in 2015
https://archive.org/details/lasituationrelig02unse
(Pro manuscripto
)
London
province
t)uCanaba
La situation religieuse
Catholiques-Français
--^<^X^X>b^'
fIDémoire 2
1914
A son ÈMINEMCE LE CARDIÏÏAL.
LE CARDINAL CAJETAK DE LAI
AUX ÈMÏHEKTISSIMES CARLIKAUX
DE LA SACRÉE COïïŒRÉGATIOïï COIISISTORIALE
Eminentissimes Seigneurs,
Nous,
soussignés, tous catholiquesromains du
diocèse deLondon,
provincedu Canada, en
notrenom
etau nom
detrente millede nos compatriotes de ce diocèse, déposonshumblement aux
piedsde Vos Eminences
ce qui suit :Au mois
d'avril 1912,nous avons
par l'intermédiaire de notre Procureur, l'Illus- trissimeComte Vincenzo
Sacconi, déposédevant
la S.Congrégation
Consistorialeun mémoire, dans
lequelnous demandions
:1. -
Attendu que
la languefrançaise est lalangue maternelle d'untrèsgrand nombre,
sinon de la majorité des fidèlesdu
diocèse deLondon
;2. -
Attendu que
la conservation de la langue maternelle estpour
nos enfants etpour
nous, quivivonsau
milieude populations protestantes, l'unedesplus précieusessauve- gardes de notre foi catholique ;3. -
Attendu que
nous, pères de famille,nous avons
le droit naturel d'enseigner et defaire enseignerlalanguefrançaiseque nous
parlonsetque nous
voulons conservercomme un
précieuxhéritage deceux
quiont fondé et évangélisé cepays
;4. -
Attendu que
la langue française est, demême que
la langue anglaise, la langueofficielle de la Confédération Canadienne, et
que
son usage estreconnu
officiellementmême dans
l'enceintedu parlement
fédéral àOttawa
;5. -
Attendu que
les fidèles de langue et d'origine françaises sont privés de prêtres quipeuvent
les dessçrvir à?ip.s Içur langue, et celaau
détripient de leur foi catholique;
—
4—
6. -
Attendu que pour
angliciser plussûrement
les fidèles,on
n'hésite pas à éloigner d'eux des prêtres de leur langue et de leur nationalité,on
n'hésite pas à fermer l'entréedu
sacerdoce à d'excellents sujetsdu
diocèse ;7. -
Attendu que Sa Grandeur Monseigneur
Michel-François Fallon,Evêque
de I^ondon, s'est fait lechampion
de cettecampagne
anti-françaisedans
les églises et les écoles> de son diocèse ;
etc etc etc
Nous demandions
àVos Eminences
:(a)
Que
les fidèles d'origine et de langue françaises aientpour
les desservir des prêtres qui sachent la langue française ;(b) Que,
dans
les paroissesoù
ils sonten
majorité, ils aientpour
les desservir des prêtres de leur langue et de leur nationalité ;que
làoù
ils sont en minorité, les prêtres, touten
desservant la majorité anglaisedans
sa langue, prêchenten
français, fassent des prônes en français, enseignent le catéchism.een
français, entendent les confessions en fran- çais en faveur de la population catholique française ;(c)
Que
lesdocuments du
Saint Siègeet de l'Evêché,qui intéressent la foi desfidèles, soient publiésen
françaispour
les catholiques de langue française,comme
ils le sonten
anglaispour
les catholiques de langue anglaise ;etc etc etc
A
la lumière de faitsnouveaux
qui rendent nos besoins plus pressants etnosdeman-
des plus urgentes,
nous
déposons aujourd'huiaux
pieds deVos Eminences
cenouveau mé-
moirepour
faire suite à celuique nous avons
déjà déposédevant
la S.Congrégation Con-
sistoriale
au mois
d'avril 1912.Nous
supplionsVos Eminences
d'entendre nos plaintes et nos griefs et d'acquiesceraux demandes que nous y avons
formulées.Fait à
Windsor,
Ontario, Provincedu Canada,
ce quinze février mil neuf cent qua- torze.QUESTION PRÉJUDICIELLE
Et
d'abord, les requérants protestent de toute leur force contre l'accusation qui a été faite contreeux
d'avoirtrompé
la S.Congrégation
Consistoriale.Dans
le premiermé-
moire qu'ils ont présentédevant
la S.Congrégation
Consistoriale, ils avaient accusé sa (IrandeurMonseigneur M.
F. Fallon d'avoirdéfendu
à des religieuses de son diocèse d'en- seigner la langue françaiseaux
enfants des Canadiens-Français ; orSa Grandeur Mon-
seigncmr
M.
F. Fallon,dans une
déclaration faite par luiau
tribunal de la S. Rote,dans
la (tause actuellement
pendante
de l'abbéBeaudoin
vs la Curie diocésaine dêLondon,
nou- velle réplique de l'avocat de la Curie,page
16, dit : " Il est complètementfaux
et sans l'ombre<P
un
Jondevwnt (/nef
aiejamais
défendu Venseignementdu
françaisaux
enfants des Canadiens-—
5—
Français. C'est
une
calomnie etune
absurditéMa
dénégation et la démonstration de la fausseté de cette accusation sont devant la S. Congrégation Consistoriale."Eminences,
les catholiques qui ont déposéleur premiermémoire devant
la S.Congré-
gation Consistoriale, n'ont pas accuséfaussement Sa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon :nous
versonsdans
l'appendice des déclarations faites sous lafoidu serment
pardes citoyens les plusrecommandables
qui ont appris de la bouchemême
desSœurs
enseignantes queSa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon leur a défendu d'enseigner lefrançaisaux
petits enfants des Canadiens-Français. Allegata 1,2,3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.Non, Eminences,
cene
sont pas les fidèles requérants quitrompent
la S.Congré-
gation; je regrette de le dire, c'est
Sa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon.Que
si lesdéclarations assermentées qui sont versées
dans
l'appendice ne sont pas jugées suffisantes,que
la S. Congrégation fasse interroger sousserment
parSa Grandeur Monseigneur McNeil, Archevêque
de Toronto, lesSœurs dont
lesnoms
suivent :De
laCongrégation
desSœurs
de Saint-Joseph deLondon
:Mère
Angèle,Mère
Vincent,Sœur
Irène,Sœur
Bernard,Sœur
Marie-Rose,Sœur Marie Colomban.
De
laCongrégation
des Ursulines deChatham
:Mère
Catherine,Sœur
Augustine,Sœur
Lorette,Sœur Marie
de l'Annonciation.Qu'aux
ditesSœurs
il soitdemandé
sousserment
:1. -
Dans
le cours de l'été 1910, avez-vous reçu dela part deSa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon instruction de ne plus enseigner la langue françaisedans
les écoles françaisesque vous
dirigiez ?2. -
Ces
instructions, les avez-vous reçues de labouche même
deSa Grandeur ou
par l'entremise de vos supérieures ?3. -
Avez-vous
ditaux
syndics de Walkervilleet d'ailleurs qu'ilvous
avait été défendu parSa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon d'enseigner le français dans les écoles fran- çaisesque vous
dirigiez ?Les
réponses assermentéesque donneront
cesSœurs prouveront que
celui qui ne dit pas la vérité ettrompe
la S. Congrégation, c'estSa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon,Evêque
deLondon.
Dans
quel espritSa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon a-t-ilrépondu au mémoire que
lesrequérants ontprésenté contre son administration àla S. Congrégation Consistoriale,il
nous
estpermis dele supposer, d'aprèslamanière dont
ilrépond au
tribunal dela S. Rote,dans
la cause Londonen. Dismembrationis, qui s'instruit actuellement. Qu'ilnous
soit per- mis,pour donner une
idée de cettemanière
de procéder deSa Grandeur,
dedonner un ou deux
exemples :Londonen. Dismembrationis,
Nova
reylicatiocum
novoSummario, 20
Nov. 1913, pag. 17 :"Henri
C. A. Maisonville a épouséune
protestante en dehors de l'Eglise."C'est faux : il a contracté
mariage devant
le Chancelierdu
diocèse de Détroit;
le
document
authentique estdevant
laRote
etnous
incluonsune
copie certifiée. Allega-lum
11.—
6—
"Il
ne
fait pas baptiser ses enfants."C'est faux et
calomnieux
: sesdeux
enfants ont été baptisésdans
l'églisedu
Sacré-Cœur
àToronto
par l'abbéLamarche,
etnous
incluonsune
copie certifiée des extraits debaptême, dont documents
authentiques sontdevant
la S. Rote. Allegata 12, IS.Et
qu'onremarque
bienque
je puis multiplier les exemples,dans
cette cause de division de paroisse,où Sa Grandeur ne
s'est pasmontrée
soucieuse de dire la vérité. Si donc, écrivant àun
tribunaldont
les actes sontpublics de leurnature, l'onne
craint pas de dire des chosesévidemment
fausses,que
n'écrira-t-on pas à la S. Congrégation Consisto-riale,
dont
la procédure est secrète ! Oui,nous avons
raison desoupçonner
tout ceque Sa Grandeur
apu
écrireen
réponseau mémoire
des requérants.DROITS DE LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA
La
ConfédérationCanadienne
estune
confédération anglo-française.Fondé
et colonisé par les Français, leCanada
futplus tard cédé àl'Angleterre.Les
tentatives faites par leconquérant pour
lui imposer sa langue, sa religion, sa mentalité, échouèrent.Après un
siècle deluttes etderivalités entrelesdeux
races, l'œuvre dela confédérationfutréalisée, quireconnut la languefrançaiseconme
l'unedesdeux
languesofficiellesdu
pays.La
Confé- dérationCanadienne
estun
pacte entre lesdeux
races française et anglaise, pacte qui, selon SirJohn
A.MacDonald,
l'instrument principal de cette œuvre, accordeaux deux
races droits égaux de toutes sortes, de langue, de religion, de propriété et de personnes."Or
la Confédération Canadienne, quinous
a étédonnée
par legouvernement impé-
riald'Angleterre, statue
dans
laclause 133que
"dans
leschambres du Parlement du Canada
et les
chambres
de la législature de Québec, l'usage de la langue françaiseou
de la langue anglaisedans
lesdébatsserafacultatif ;mais dans
larédactiondes archives, procèsverbaux
et
journaux
respectifs de ces chambres, l'usage de cesdeux
langues sera obligatoire ; -etdans
toute plaidoirieou
pièce de procédure pardevant
les tribunauxou émanant
des tri-bunaux du Canada
qui seront établis sous l'autoritédu
présent acte, et pardevant
touslestribunaux
ou émanant
de Québec, ilpourraêtrefaitégalement
usage, à faculté, de l'uneou
de l'autre de ces langues.Les
actesdu parlement du Canada
et de la législature deQuébec
devront êtreimprimés
et publiésdans
cesdeux
langues."On
dit quelquefoisque
leCanada
estun pays
anglais : la chose est vraiedans
ce sens qu'il estsoumis
à lacouronne
britannique ; elle est fausse si par làon entend
qu'onne
doivey
parlerqu'une seule langue : leCanada
estun pays
bihngue,comme
la Belgique et la confédération Sud-Africaine.Donc quand
les fidèlesde
langue françaisedemandent
"
que
lesdocuments du
Saint Siège et de l'Evêché qui intéressent la foi des fidèles soient publiés en françaispour
les catholiques de langue française,comme
ils le sont en anglaispour
les catholiques de langue anglaise," ilsdemandent que
l'Eglise fassepour
leur bien spirituel ceque
l'Etat faitpour
leurbien temporel ; ilsdemandent
cequ'un Evêque
cana- dien-françaisne songeraitmême
pasà contesterà laplus petite minoritéde
langue anglaise.En
effet,dans
tout diocèse dirigé parun Evêque
canadien-français, lesdocuments
sont publiésdans
lesdeux
langues.LA LANGUE FRANÇAISE
GARDIENNE DE LA FOI CATHOLIQUE DES CANADIENS-FRANÇAIS
Loin
denous
l'idée qu'il faille parler la langue françaisepour
êtrebon
catholique ;cependant
il estun
fait incontestable, c'estque au Canada comme aux
Etats-Unis la foicatholique de ceux qui parlent français est
moins en
périlque
la foi catholique de ceux qui parlent anglais.Le
catholique de langue anglaise,en
relation plus fréquente, grâce à la langue, avec son voisin protestant,ne
lisantque
desjournaux
anglais, qui la plupart sont protestants,prend
insensiblementmais sûrement
la mentalité protestante. "La
langue anglaise, disaitSon Eminence
le CardinalBourne au
congrès eucharistiquede
Montréal, a étépendant
trois cents ans l'organe de la contention, de la désunion et de la dissention,chaque
fois qu'il s'agissaitdes vérités chrétiennes. .,Tant que
lalangue anglaise, les façons de parler anglaises, la littérature anglaise,en un mot
la mentalité anglaise tout entière n'aurapas
étéamenée
à servir l'Eglise Catholique, l'œuvre rédemptricede
l'Eglise seraempêchée
et retardée."Que
la langue française soit lasauvegarde
de la foi des Canadiens-Français, tandisque
la langue anglaise,au Canada comme aux
Etats-Unis, estun danger pour
les catho- liquesde
langue anglaise : ce sontdeux
vérités d'unegrande
évidence.En
1763, à l'époque de la cessiondu Canada
à l'Angleterre, ily
avait iciune popu-
lation françaisede 60,000 à 70,000 âmes. Cette population, sans l'apportd'une immigration francophone, s'élève aujourd'hui, d'après le
recensement
officielde
1911, à 2,054,890.Pendant
les quarante dernières années, l'augmentation de la population canadienne françaiseau Canada
a étécomme
suit :1,082,940 1,298,929 1,649,371 2,054,890
(Annuaire
du Canada, année
1911 p. 15.)De
1860 à 1900,une
émigration considérable se fit de la province deQuébec
vers la république américaine et alla grossir la population canadienne française qui vitaux
Etats-Unis
et atteint aujourd'hui le chiffre de 1,500,000 âmes.Donc
les 60,000ou
70,000 catholiques français laissésau Canada
après le traité de Parisde 1763sesontmultipliésetforment
aujourd'huiun
peuple de3,500,000dont
2,000,000 habitent la Confédération canadienne et 1,500,000 la république américaine.3ur
ces 2,054.890, qui; d'après lerecensement
officielde
1911, sont d'origine fran-Recensement de
18711881
" 1901
" 1911
—
8—
çaise et habitent le
Canada, combien y
a-t-il de catholiques ? - Ily
aau moins
2,000,000 de catholiques ;on
ne trouvera pasdans
la Confédération canadienne 54,890 habitants d'origine françaiseayant
déserté l'Eglise Catholique.La
population catholiquedu Canada,
d'après le recensement de 1911, est de 2,833,041 ;sur ces 2,833,041, il
y
a 2,000,000 decathohques
de langue française, dontun peu
plus de 1,500,000 habitent la province de Québec, et près de 500,000 habitent les autres provinces de la Confédération ; ils constituent,dans
quelques diocèses des provinces anglaises la majorité catholique.Donc
les catholiques français, grâce à la langue qui les soustraitaux
relations trop intimesavecles protestants, restent catholiques ; ils f.ugmententennombre, non
seulementdans
la province de Québec,mais dans
les provinces anglaises protestantes ; les victoires de l'Eglise Catholiqueau Canada
sont dues à l'augmentation de la population canadienne française.Voj^ons
maintenant
ce qu'a été et ce qu'est la langue anglaisepour
les catholiques de la langue anglaise,au Canada comme aux
Etats-Unis :Et
d'abord qu'ilme
soit permis de citer letémoignage
d'unbon
Irlandais d'Irlande,le R. P. Shinnors, qui, après
un voyage
enAmérique,
écrivaitdans
VIrish Ecclesiastical Recordun
article auquel le Tahlet de Londres,num. du
15 fév. 1902, fit écho :" Quelle est la proportion des catholiques irlandais
tombés dans
le gouffre noir de l'incroyance ?On ne
peut la conjecturer avec quelquesemblant
d'exactitude,mais
il n'y apas dedouteque
laproportionestgrande. Ily
a touteraisonde
croireque
lagrossemajo-
< rité des apostats soient
de
race irlandaise etmême, pour un bon nombre,
nésen
Irlande, car les Irlandaissemblent se laisser américaniserplus aisémentque
tout autre peuple, et s'américaniser c'est se déchristianiser.Les Irlandais n'ont malheureusement pas
une
langue qui les protège et la consé-quence
est qu'ilsprennent
les habitudes, les manières, et lesmodes
de parler de ceux qui les entourent. Ils deviennent, quelquesmois
après leur arrivée, plus américainsque
lesAméricains eux-mêmes. Beaucoup
d'entreeux
sont prispar
l'esprit d'irréligion qui trans- pire partout autour d'eux, et s'ils ne rejettent pas formellement la foi ilsy
deviennent in-sensibles et indifférents, et
peu
à peu, ils élèvent leurs enfants sansaucune
connaissance de Dieu."Peut-on
calculerlenombre
de cespertes irlandaises ?Monseigneur McFaul, Evêque
de Trenton, en 1904, évaluait de 25 à 30,000,000 les pertes totalesdu
catholicismeaux
Etats-Unis. Cf.The
Revieiv, edited hy ArthurPreuss,22
sept. 1904, POQ- 576.Sur
ces 25ou
30,000,000 qui sont passésau
protestantisme,ou
plutôt à l'infidélité,combien
sont de raceou
d'origine irlandaise ?Peter
Condon, une
autorité trèscompétente
en matière de statistiques, écrit dansla Catholic Encyclopedia, vol. VIII, pag. 136 :
"Le nombre
de personnes de naissanceou
d'origine irlandaise; établiesdans
le territoire des Etats-Unis semble être d'àpeu
près 30 millions."Sur
ces 30,000,000 de naissanceou
d'origine irlandaise,combien
aujourd'hui pro- fessent la foi catholique ?—
9—
Le
Catholic Diredorypour
l'année 1900 donnaitpour
les Etats-Unisune
population de 10,129, 677 catholiques.De
cenombre
il faut distraire 2,000,000d'Allemands
; il faut aussi distraire 2,000,000 de Polonais : VAmerican
Ecclesiastical Review, octobre 1912,page
348, disait :"le nombre
total de Polonais catholiquesaux
Etats-Unis dépasse faci- lement 2 millions ; il faut distraireun
million etdemi
de Canadiens-Français : en 1901,ils étaient 1,212,686,
dans
la Nouvelle Angleterre et les Etatsdu Nord
; il faut distraire 1,000,000 d'Italiens, 1,000,000 d'Espagnols et de Portugais, et ensuite les catholiques d'origine écossaise et anglaise. Bref, il reste àpeu
près 5,000,000 de catholiques d'origine irlandaise.En
d'autres termes, des 30,000,000 quiaux
Etats-Unis ontdu
sang irlandaisdans
les veines, 25,000,000 ont apostasié la foi catholique et 5,000,000 sont restés fidèles à la foi de leurs pères.L'Irlande a fourni
un
fort contingent à l'i.nmigration européenne vers l'Amérique ; cesimmigrants
irlandais venaient surtout des pauvres provinces de l'Irlande et étaient presque tous catholiques. Il n'est pas exagéré de direque
lesimmigrants
irlandais en dé-barquant
sur les rives américaines étaient catholiquesau moins
clans la proportion de80%.
Retrouve-t-on aujourd'huiaux
Etats-Unis, chez les 25,000,000ou
30,000,000de
' descendants d'Irlandais, cette proportion de
80%
en faveur de l'Eglise Catholique ? Evi-demment non
:80%
sontpasséau
protestantismeou
à l'infidélité ;20%
sont restés fidèles à la foi de leurs pères.Dans
les provinces anglaisesdu Canada,
l'apostasie irlandaise n'a pas étémoindre qu'aux
Etats-Unis : d'après le recensement de 1901, la population d'origine irlandaise vivant sur le territoire canadien étaitde
988,721.Eh
bien, sur cenombre combien y
a-t-il de catholiques ?Quand
ils sontdébarqués
sur les rivages canadiens, ils étaient presque tous catholiques ;au moins
dans la proportionde
80%,.On
devrait en trouverau moins
750,000.De
fait, en 1901, la population catholique de langue anglaise était de 508,299.Et dans
cette population catholique de langue anglaise,on
inclut les Ruthènes, les catho- liques allemands, polonais, anglais, écossais, etc., bref, tousceuxdont
la langue mater- nelle n'est pas la langue française.Ce
qui veut dire que, en 1901, des 988,721 d'origine irlandaise établisdans
la Confédération canadienne, ily
avait àpeu
près 375,000"qui pro- fessaient la foi de leurs pères ; les autres sont passésau
protestantismeou
à l'infidélité.Le
recensement de 1911, qui vient d'être publié,donne
1,050,384comme
étant lenombre
de ceux qui sont d'origine irlandaisedans
la Confédération.canadienne.Les
catho- liques de langue anglaise ont-ils,pendant
cette dernière décade,augmenté
considérable-ment
?Us
ont eu depuis dix ans surtout l'apport d'uneimmigration européenne
consi- dérable,venant
despays
catholiques. Consultons les statistiques officielles desdeux
der- niers recensements :Pour ne
pas diminuer lenombre
descathohques
irlandaisdans
le pays, je mettraidans
leur colonne les catholiques allemands, italiens, polonais, écossais, syriens, chinois, sauvages, etc., enun mot
tous ceuxdont
la langue française n'est pas la langue mater-nelle.
PROVINCE DE QUEBEC
Recensement de
1901Population totale 1,648,898
Populationcatholique 1,429,260
Catholiques de langue française : 1,322,115.
" de langue anglaise : 107,145.
Recensement de
1911Population totale. 2,003,232
Population catholique 1,724,683
Catholiques de langue française 1,605,339
Catholiques
de
langue anglaise 119,344Augmentation
des catholiques français : 283,224 :21.3%
Augmentation
des catholiques anglais : 12,199 :11.3%
PROVINCE DU NOUVEAU BRUNSWICK
Recensement de
1901Population totale 331,120
Population catholique 125,698
Catholiques français 79,979
Catholiques irlandais . 45,719
Recensement de
1911Population totale 351,889
Population
cathoUque
144,889Catholiques français 98,611
Catholiquesirlandais 46,278
Augmentation
française 18,63223.3%
anglaise 559
1.2%
N.
B.La
province deNouveau Brunswick
adeux
diocèses, celui deChatham
et celui de Saint-Jean ; le diocèse deChatham,
qui aune
population catholique de 83,627,dont
67,139 sont de langue française, estdevenu maintenant
presquecomplètement
fran- çais,—
11—
PROVINCE DE LA NOUVELLE ECOSSE Recensement de
1901Population totale 459,574
Population catholique 129,578
Catholiques français 45,161
Catholiques anglais 84,417
Recensement de
1911Population totale 492,338
Population catholique 144,991
Catholiques français 51,746
Catholiques anglais 93,245
Augmentation
française 6,585 :14.6%
anglaise 8,828 :
10.4%
ISLE DU PRINCE EDOUARD
Recensement de
1901Population totale 103,259
Population catholique 45,796
Catholiques français 13,866
Catholiques anglais 31,930
Recensement de
1911Population totale 93,728
Diminution
totale 9,531 :9.2%
Population catholique 41,994
Diminution
totaledes catholiques 3,802 :8.3%
Catholiques français 13,117
Diminution
des catholiques français .- 749 :5.4%
Catholiques anglais 28,877
Diminution
des catholiques anglais 3,053 :9.5%
—
12—
PROVINCE D'ONTARIO Recensement de
1901Population totale Population catholique
Catholiques de langue française Catholiques de langue anglaise
158,671 231,633
2,182,947 390,304
Recensement de
1911Populationtotale 2,523,274
484,997 Populationcatholique
Catholiques français Catholiques anglais
.
202,442 282,555
' 43,771 :
27.6%
50,922 :
21.8%
Augmentation
françaiseAugmentation
anglaiseN.
B.Le
diocèse d'Ottawa, qui s'étenddans
lesdeux
provinces deQuébec
et d'On- tario, aune
population catholique de 152,053.Dans
la partiede Québec,
sur 57, 161 catho- liques ily
a 50,032 de langue française ;dans
la partie d'Ontario, sur 94,892 catholiquesil
y
a 69,305 de langue française : c'est-à-direque
ce diocèse estdevenu
françaispour
les trois quarts.Le
diocèse d'Alexandria,dans
la province ecclésiastique de Kingston, aune popu-
lation catholique de 23,806 ; sur ce
nombre
ily
a 15,726 catholiques qui sont de langue française.Ce
diocèsesetrouvedonc
françaisaux deux
tiers.Le
diocèse de Sault Saint-Marie,dans
la province ecclésiastique de Kingston, aune
population catholique de 86,456 ; sur cenombre
ily
a, toujours d'après lemême
recense-ment,
45,335 de langue française.Le
diocèse deLondon, dans
la province de Toronto, aune
population catholiquede
62,541 ; sur cenombre
ily
a 30,744 catholiques de langue française.L'Ouest Canadien comprend
les provinces deManitoba, Saskatchewan,
Alberta,Colombie
Britannique et les territoires.L'OUEST CANADIEN
Recensement de
1901Populationtotale Population catholique
Catholiques de langue française Catholicjues d'autres langues. .
29,579 79,385
645,517 108,964
—
13—
Recensement de
1911Population totale 1,742,182
Population catholique 291.477
Catholiques français 73,635
Catholiques d'autres langues , 217,842
Augmentation
totale catholique 226,569Augmentation
française : naturelle et par la. seule émigratioyides catholiquesfrançais des 'prov. deVEst
44,056:148.8%
Augmentation
des catholiquesnon
français, causée presque totalementpar l'immigration intense, depuis dix ans, desRuthènes, Allemands, Italiens, Polonais, Hongrois, etc. etc. 182,513 :
231.1%
Recensement général du Canada,
1901Populationtotale 5,371,315
Population catholique 2,228,600
Population catholiquefrançaise 1,649,371
Catholiques
non
français '. 580,229Recensement général du Canada,
1911Population totale 7,206,643
Population totale catholique
im^^"^^^'^^/
Catholiques français 2,054,890
Catholiques
non
français 778,151Augmentation
française {naturelle) 405,529 :24.5%
Augmentation
des catholiquesnon
français par l'immigra-tion intense vers les provinces del'Ouest . . 197,922 :
33.5%
Pendant
la dernière décade de 1901 à 1911, les catholiques français ontaugmenté
de 405,529 etlescatholiques d'autreslanguesde 197,922. Or,pendant
cette dernière décade, l'immigration ajetéau Canada
desmilliers de catholiques qui n'étaientpas de langue fran- çaise ; ily
a plus de 40,000 Ruthènes, autant d'Allemands, des milliers de Polonais, d'Ita- liens, etc. Bref, les 197,922, chiffre de l'augmentation des catholiques de languenon
fran- çaisependant
la décade de 1901-1911, ne représentent pasmême
lenombre
desimmigrants
catholiques qui sont entrésdans
lepays pendant
cette décade.Quant aux
catholiques de langue anglaise, ils ont plutôtdiminué pendant
cette dernière décade : l'apostasie, pro-venant
surtout des mariages mixtes, a absorbédavantage
le chiffre de la population résul- tant de la seuleaugmentation
naturelle. C'est ce quime
sera facile dedémontrer
en expo- sant les ravagesque
font les mariages mixtes, qui sévissent surtout chez les catholiques de langue anglaise.—
14—
LES MARIAGES MIXTES
Les
mariages mixtes ont fait perdre des millions d'enfants à l'Eglise Catholique des Etats-Unis etdu Canada. En
effet, lemariage mixte
estgénéralement la porte parlaquelleon
sort de l'Eglise.La
revue desRévérends
Pères Jésuites deNew- York, The
Messenger of the SacredHeart, livraison d'août 1905, pag. 179-180, disaitque
les enfants issus desmaria- ges mixtes étaient perduspour
l'Eglise aprèsune ou deux
générations.Où
sévitdavantage
la plaie des mariages mixtes ? chez les catholiques de langue françaiseou
chez les catholiques de langue anglaise ?J'ai les statistiques officielles publiéespar le
gouvernement
d'Ontariopour
lesannées 1911 et 1912.Dans
cette province d'Ontario, les catholiques de langue anglaise et fran- çaise sont presqueen^iombre
égal ; ils viventau
milieu des protestants.Eh
bien, quels sont ceux qui résistent lemieux
à la contagion des mariages mixtes ? laissons parler les chiffres officielsdu gouvernement
d'Ontario :RAPPORTS DU GOUVERNEMENT
SUR LES NAISSANCES, MARIAGES ET SÉPULTURES
pour
les années 1911-1912.Comtés Mariages
catholiquesMariages
mixtes1911 1912 1911 1912
Algoma
76 12824 31
Brant
3134
6 JL438
594
2Carleton,
comprenant Ottawa- 384 454 76
102Dufferin 0 3 1 1
Elgin
4
7 5 9Essex 254
343477 637
Frontenac 35 42
1832
Grey
.' 17 16 88
Haldimand
6 64
31
4 2
2Hastings
34
37 12 168 21 3
2
Kent
.
. 73 75 15 18
17 21
38 29
Lanark
1835
7 6Leeds &
Grenville 25 5132 32
Lennox
etAddington
15 6 52
Lincoln
30
31 18"^ 17—
15—
Comtés
Mariages
catholiquesMariages
mixtes1911 1nio 1iy ii
m
1 LviZ07 00 ZA
H 1 1 _ Q 10
A
91KO
.... lOO lyo OQZo ZO
OQ 1i
-1
i
1Q ' 91 '±A 1
1
1Q A
1/I c
0 0
....
20
OK Où 0.... aO QO OZ QO
X> il 1Q OO Q oo
pi
il
1 1n Oo io ooo4 oo/I A
4
oQ.... 0 oO QO QO
oo 1OC
125 QO zi
KO 07
Stormont-Dundas-Glengary
t5ô95
z\. ioThunder Bay-Rainy
River72
-84
26 3211 17 5 6
41
85
14 25Welland
141 191288 350
Wellington
22
32 8 13Wenthworth
123 151 6785
York
etToronto 304 374 203 273
Totaux
. , . .2569 3330
1496 1896Les
chiffres qui sontdonnés pour
lescomtés
d'Essex etde
"Wellandne
sont pas exacts à cause d'un traficdu mariage
fait par les ministres protestants àNiagara
età Windsor
:beaucoup
de catholiques des Etats-Unis, afi!n de profiter des lois plus largesdu Canada,
viennent élire quasi-domicile, contractentmariage
et retournentaux
Etats-Unis,Même en
retranchant les rapports qui sontdonnés pour Niagara
etWindsor, on
arriveen
1911 à 2375 mariagescatholiqueset965
mariagesmixtes,eten
l'année 1912 à3055
mariages catholiques et 1216 mariages mixtes.Si
on
ajoute à celaqu'un grand nombre
de ces mariages sont faitsdevant
les minis- tres protestants et qu'ils sont nuls depuis lapromulgation du
décret iVe temere ; qu'il est impossiblemoralement
deramener
ces apostats à l'Eglise qu'ils ont désertés,on
peut se faireime
idée des pertesimmenses que
faitchaque année
l'Eglise Catholiquedans
la pro- vince d'Ontarioen
particulier.Mais
quels sont ceux qui font des mariages mixtes ? ce ne sont pas les catholiques de langue française ;dans
lescomtés de
Russell et Prescott, ils sont groupés autour de leurs églises, de leurs écoles catholiques, de leursprêtres catholiques et français ; résultat :en 1911, il
y
aeu
284 mariages catholiques et4 mariages mixtes seulement ;en
1912, ily
a eu 284 mariagescatholiques et 3 mariagesmixtes. Mais, dira-t-on, cescomtés
sontdevenus
—
16—
complètement
catholiques ; lesCanadiens
Français ont chassé les propriétaires protes- tants : ils n'ont pasbeaucoup
l'occasion de faire des mariages mixtes. Consultons les sta- tistiquesoù
lesCanadiens
Français viventau
milieu des protestants,en
particulier les statistiques de quelques paroisses canadiennesdu
diocèse deLondon
; làoù
ils vivent groupés autour de leurs églises et sont desservis par des prêtres de leur sang, ilséchappent au
fléau des mariages mixtes :1. -
Dans
la paroisse deNotre-Dame du
Lac, de 1900 à 1909, ily
a eu 158 mariages catholiques, 6 mariages mixtes ;2. -
A
Sainte-Anne de Tecumseh, de 1900 à 1910, ily
a eu 143 mariages catholique et 2 mariages mixtes ;3. -
A
Saint-Pierre de Prairie Siding, de 1900 à 1909, ily
a eu 39 mariages catholiques et 1mariage mixte
;4. -
A
Stoney Point, de 1900 à 1910, ily
a eu 119 mariages,dont
2 mariages mixtes ;5. -
A
Tilbury, de 1901 à 1910,ily
a eu 139 mariages catholiques et2 mariages mixtes ;6. -
A
Saint-Joachim,Comté
d'Essex, ily
a eu, de 1900 a 1909, 119 mariages catho- liques et 0mariage
mixte. Allegata 14, 16, 16, 17, 18, 19.Jepuis
au
besoindonner
des statistiques des autres paroisses canadiennes-françaises de la Province d'Ontario ; ellesprouveront que
le catholique canadien-français,quand
ilest desservi
par
des prêtres de sa langue ; qu'il vit à l'ombre de son clocher ; qu'il a des des écoles catholiquesoù
ses enfants puissent recevoirune
éducation chrétienne, garde samentahté
catholique, évite les relations trop intimes avec les protestants etéchappe au
fléau des mariages mixtes, qui est la pierre de scandale de tant de milliers de catholiques de langue anglaise.
Le
salut des catholiques de langue française réclamedeux
chosesimpé-
rieusement : des prêtres canadiens-français et des écoles catholiques françaises.PRETRES CANADIENS-FRANÇAIS
On aime
à êtregouverné
par les siens etnon
par des étrangers ; les catholiques canadiens-français n'échappent pas à cette loicommune
et jene
pense pas qu'il faille leur en faireun
reproche. Ilsdemandent
à l'Eglisenon un
traitement de faveur,mais
les droits qu'Elle reconnaîtaux
catholiques des autres nationalités.On
doitavouer que
la justice la plus élémentaire exigeque
les catholiques français,dans un pays
qu'ils ont fondé et évangélisé, aient les droitsque
l'on reconnaîtaux
étrangers qui viennenty
fixer leurdomi-
cileet
y
chercher fortune.Or pour
sauver la foi des milliers de catholiques quichaque année
abordent sur nos rivages, l'Eglisedemande
de leurdonner
des prêtres qui parlent leur langue, qui soient de leur race, qui puissent gagner leurs sympathies, qui les groupent autour des églises et des écoles catholiques.Le
Saint Siège,en
1912, anommé un Evêque Ruthène pour
les 40,000Ruthènes
habitant la Confédération canadienne ; lesEvêques animés du
véritable esprit de l'Eglise,donnent aux
catholiques des différentes nationahtés des prêtres de leur langue et de leur sang qui puissent les garder à la foi :A
Toronto, siège métropolitaindu
diocèse—
17—
de
London,
l'Archevêque n'hésite pas àdonner aux
Polonaisune
égHse polonaise,aux
Syriensune
église syrienne,aux Ruthènes une
église ruthène,aux
Canadiens-Françaisune
église canadierme-française,
aux
Italiensune
église italienne ; tous les catholiques sont desservis par des prêtres de leur langue et l'Archevêque deToronto
n'en reste pasmoins
très loyal à la
couronne
Britannique.A London,
le recensement officiel de 1911donne une
population catholique de 62,541 catholiques,dont
30,744 sont de langue française.Pour
desservir convenable-ment
les 30,744 catholiques de langue française il faut, àpeu
près, autant de prêtres catholiques françaisque
de prêtres catholiques anglais, qui ont à desservir 31,797 catho- liques de langue anglaise.Eh
bien !combien y
a-t-il de prêtres canadiens-françaisdans
le ministère actif ?
combien y
a-t-il de prêtres de langue anglaise ? D'après VOjficial Catholic Directory, de 1913, ily
apour
desservir les 30,744 catholiquesde
langue française 16ou
17 prêtres séculiers, 4ou
5 prêtres réguliers ; ily
apour
desservir les 31,797 catho- liques de langue anglaise48
prêtres séculiers et 12 prêtres réguliers de langue anglaise.Au nouveau
séminaire Saint-Pierre, jecompte un
séminariste de langue française : les catho- liquesde
langue française doivent se contenter de souscrirepour
l'éducation de futurs ministres,de
langue anglaise.Ce
ne sontpas
lesvocations ecclésiastiques quimanquent dans
les familles canadien- nes-françaises : la race canadienne française a été et est encore enAmérique
la race qui fait les apôtres ; ses enfants sont allés porter les lumières de l'Evangile sous les glacesdu
pôle
nord
etdans
les plaines del'Ouest canadien etaméricain ; à l'heure présente, 34 jeunes prêtres canadiens-français, sous l'habit des Pères Blancsdu
CardinalDe
Lavigerie, prê- chent l'Evangileaux
Noirsdu
continent africain.Pendant que nos
prêtres canadiens-français seconsument
à évangéljser lesâmes
qui vivent
dans
les ténèbresdu paganisme,
des milliers de catholiques,dans
le diocèse deLondon,
sont exposés à perdre leur foipour ne
pas avoir des prêtres qui parlent leur langue, qui les érigent en congrégations distinctes et s'occupent de l'éducation de leurs enfants.Depuis
trois ans, les catholiques de langue française de la ville deWindsor
sonten
instance auprès deSa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallonpour
obtenir des paroisses françaisesoù on
leur parledans
leur langue : ilsforment
latrèsgrande
majorité des catho- liques deWindsor
; ils prétendent qu'ils ont autantde
droits à avoir leur église distincteque
les catholiques polonais, italiens, allemands, syriens, etc.Sa Grandeur
a refusé éner-giquement
d'accéder à leur justedemande.
Ils ont alors adressé àSon
ExcellenceMon-
seigneur le
Délégué
Apostoliqueune humble
requête qui a été signée par plusieurs milliers de catholiquesde
langue française. J'aime à citer les motifs de cette requêtepour
en faire voir tout le bien-fonds :"
Nous,
catholiquesromains
deWindsor,
diocèse deLondon,
exposonshumblement
à Votre Excellence ce qui suit :1. -
Que
la position faiteaux
Canadiens-Français deWindsor
devient de plus en plus triste ;2. -
Que
lenombre
de Canadiens-Françaisva
sans cesseaugmentant,
l'augmentationen nombre
dansune
seule division deWindsor pour
l'année 1912 était de près de six centsâmes
;—
18—
" 3. -
Que malgré
le Concile de Québec, le curéde
l'Immaculée-Conception et son vicaire irlandais refusent de prêcherdans
la langue maternelledes enfants ;" 4. -
Que
lenombre
de mariages mixtes faitsdevant
leprêtreou
les ministres pro- testantsva en augmentant
;" 5. -
Que
le seulmoyen
de sauver les quatre mille Canadiens-Français deWindsor
serait la création de
deux
églises nationales : seul legroupement
paroissial des Canadiens- Français près de l'église et de l'écolepeutramener
la paix religieuse siprofondément
trou- blée par des sociétés étrangères à notre foi, et d'autres personnages. "Tout
restaurer dansle Christ ! " s'écrie
Notre
Très Saint Père lePape
: c'est ceque
veulent les Canadiens- Français ;"
Les
Itahens, les Irlandais, lesPolonais ettouslespeuples ontleurs églises ; pourquoi nous, fils des premiers pionniersdu
pays, serions-nous privés des privilèges et des droitsque
l'ondonne aux
étrangers ?"
La
paix religieusedans
le diocèse, le salut de nos enfants : c'est ceque nous deman- dons
avec confianceau Représentant
deNotre
Saint Père lePape."
Voilà leur requête, sur laquelle je lis les
noms
de quelques milliers de catholiques canadiens-français.Que peut
faireSon
Excellencedevant
l'opposition formelle deSa Grandeur Monseigneur
Fallon ? Ils attendront encorelongtemps
peut-êtreavant
qu'on fasse droit à leurdemande
;beaucoup malheureusement y
perdront leur foi etiront grossirle
nombre
de ceuxque
l'Eglise auraitpu
si facilementgarderdans
son sein en leurdonnant
des prêtres qui puissent parler leur langue.Elle est
donc
bien raisonnable l'humble prière des requérants quidemandent dans
le
mémoire
qu'ils ont déposédevant
la S.Congrégation
Consistorialeen
1912 et qu'ils re- nouvellent aujourd'hui :"
Que pour
pareraux
nécessités les plus pressantes,une
dizaine de prêtres de langue et d'origine françaises soientadmis immédiatement dans
le diocèse deLondon, ou pour
fonder de nouvelles paroisses,ou pour
aider les curés canadiens-français,ou pour
desservirleurs compatriotes
dans
les paroisses mixtesoù
ils vivent avec des catholiques d'autres origines ;"
Que
liberté soitdonnée aux
enfantsdu
diocèse d'aller étudierdans
les collèges ecclésiastiques de la province de Québec, sans contracterpour
celaune
inhabilité qui leur fermeou
rende plus difficile l'entréedans
l'état ecclésiastique."ECOLES CATHOLIQUES
Le
22mai
1910, à Sarnia,Sa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon sollicita et obtintune
entrevue avec l'HonorableW.
J.Hanna,
Ministredans
legouvernement
d'Ontario.L'Honorable
Ministre a raconté cette entrevuedans une
lettre qui a été publiéedans
touslesjournaux
du
pays,etdont
j'ailabonne
fortune de posséderletexteoriginal. Allegatum20.Dans
cette conversation qu'il eut avec le Ministre,Monseigneur
Fallon suppliait legouvernement
d'Ontario de faire disparaître l'enseignement de la langue françaisedans
—
19—
les écoles soutenues par les deniers publics : " L'intérêt des enfants, garçons et filles, de-
mande que
l'enseignement bilingue soitdésapprouvé
et prohibéNous
appartenons àune
provinceanglaise, habitantun
continent parlant l'anglais,où
tousles enfants, garçons etfilles, en sortant des écolespour
affronterlescombats de
lavie doivent êtred'abordarmés
de la langue anglaise, coûteque
coûte ; si, de plus, ils sont capables d'ajouter le français,ou
l'italien,ou
le polonais,ou
toute autre langue, fort bien ;mais
il estabsolmnent
néces- saireque
labase del'éducationsoitanglaise. J'ai faitobserveràSa Grandeur que
selon moi, dans les localitésoù
les Canadiens-Français sontnombreux
et parlent français,on
a cruque
le maître d'une telle école réussirait davantage,vu
qu'il pourraitmieux
conduire lesenfants de la languefrançaise à la langue anglaise.
A
cela il répliqueque
c'estune
erreur ;que
s'ilen
est ainsien
théorie, cela n'était jamaismis en
pratique honnêtem^ent ;que
l'ar-gument
en faveur de la nécessitédu
maître françaisdans
les localités françaises était l'ar-gument
de l'agitateur clérical; et secouant son gros bras et son poing versmoi
il dit :Je
m'engage
à prendre soinde
l'agitateur clérical ;mais pour
l'agitateur politique, jene
puis le contrôler si ce n'est dans la sphère politique avec l'aide des autres." Allegatum 21.Le gouvernement
protestantd'Ontario, présidé parun honnête homme,
Sir J.Whit-
ney, eut quelque hésitation àcommencer une
persécution contreune
minorité aussiimpo-
santeque
legroupe
catholique français d'Ontario ; il lui fallutune
pousséedu
fanatisme orangiste excité et encouragé par lesmenées de Sa Grandeur Monseigneur M.
F. Fallon ;en
effet,quand on
sutque Sa Grandeur
avaitdéfendu aux
religieuses de son diocèse d'en- seigner le françaisdans
les écoles qu'elles tenaient, ce futune
explosion de joie délirantedans
les loges orangistes de la province :"Je
remercie la Providence, s'écriait leRév. Co-
burn, chapelain orangiste de la loge Ontario, de ce que la religion catholique romaine a produitun
évêque catholique telqueMonseigneur
Fallon, guia lecourage de se leveret dene pascraindre de dire qu'il est opposé à l'enseignementdu
français dans les écoles bilingues."Le gouvernement,
entraîné parune
poussé de fanatisme protestant et anti-français, céda par faiblesse et contre tous les droits publiaune
circulairedans
laquelle il proscrivaitpratiquement
l'enseignementdu
français et de plusnommait
des inspecteurs protestantspour
surveiller et visiter les inspecteurs et les écoles catholiques canadiennes-françaises.Cette fois, c'en était trop : les catholiques français, blessés
dans
leurs droits de pères de famille et de catholiques, organisèrentune
résistance toute pacifique, qui avait produit d'excellents résultatsdans
le passé.L'histoire de la province d'Ontario enseigne
que
le vaillantarchevêque
de Toronto,Monseigneur Lynch,
quigouverna
l'église deToronto
de 1860 à 1888,ne
voulut jamais souffrir laprésenced'inspecteursprotestantsdans
les écoles catholiques de langue anglaise ; écrivant à son clergé, il disait : "A
notregrande
surprise,nous
trouvonsque
les inspec- teurs desécoles publiques visitentnos écoles séparées.Nous
protestonsavec énergie contre cette intrusion contraire à l'esprit de la loi établissant les écoles séparées, etnous
serons forcés dedonner
avisaux
commissaires d'écoles séparées dene
pas tolérer ces visites;
non
pasque nous
soyons effrayé de ces inspecteurs,mais nous ne
voulons pas leur ingé- rencedans
nos écoles."L'illustre
Archevêque
deToronto
indiquaitaux
catholiques français la conduite à suivre ;comme
lui, ils ont protesté : toutes les foisque
l'inspecteurprotestant a pénétré dan? les écoles catholiquespour y
exercerune
fonction qu'il n'apasledroit de faireen
vertu—
20—
de la constitution
du
pays, qui garantit les écoles catholiques dans la province d'Ontario, les enfants, sur l'ordre des parents, sont sortis des écolespour y
entrer denouveau
après le départ de l'inspecteur protestant.Le gouvernement
d'Ontario comprit trop tard qu'il était allé trop loin etque
lefanatisme était
mauvaise
conseillère.Depuis
quelques mois, les inspecteurs protestants ontdû
renoncerau
projet de visiter des écoles catholiques. L'opinion publique,non
seu-lement
chez les catholiquesmais
chez les protestants éclairés, estnettement
favorableaux
revendications des catholiques français d'Ontario :Le
Profeseeur Fryer, protestant, de l'UniversitéMcGill
de Montréal, déclareque
le règlementdu gouvernement
d'Ontario" ne peut être
défendu au
point devue pédagogique"
; le professeur Dale, protestant, de lamême
Université, déclareque
le règlement " estune
violation de l'esprit de la consti- tution" ; SirRichard
Scott, l'un des Pères de la Confédération Canadienne, comparait lesmesures
édictées par legouvernement
d'Ontario à celle de la Russie envers laPologne
;le professeur
Leacock
déclaraitfermement que
le règlementdu gouvernement
d'Ontario" viole toutes les traditions sur lesquelles la politique générale
du pays
a été fondée."Thomas O'Hagan,
Principal d'unHigh
School d'Ontario,dans une
lettre adresséeau Dr
Pyne, Ministre de l'Instruction Publique,va
jusqu'à direque
le règlement " est l'œuvre d'un fou."Bref ! le
gouvernement
d'Ontario, par sa politique mesquine, injuste, inconstitu- tionnelle, s'estmis dans une impasse
et il cherche aujourd'hui à en sortirlemieux
possible ;il craint avecraison,
aux
prochaines électionsprovinciales,un
vote adversdu groupe
catho- lique français. Ily
a, dit-on, des émissaires quivont
d'un évêché à l'autre et sollicitentune
intervention épiscopale à l'effet d'engager les catholiques français à accepter le règle-ment
injustedu
Ministre de l'Instruction Publique ; larumeur
veutmême que
de sembla- bles instances se fassent jusqu'auprèsdu
Saint Siège.CONCLUSION
.
Les
catholiques français d'Ontario,nonobstant
tous les sacrifices,vont
maintenir leurs écoles catholiques etfrançaises,où
leurs enfants, sous l'œil maternel de l'Eglise, rece- vrontune
solide éducation chrétienne ;où
leurs enfantsapprendront
la langue française, qui fut celle desBrebeuf
et des Lallemand,dont
le sang arrosa cettemême
terre d'Ontario,il