Dans EJD n o 4, 2018
Michel Le Ma ^
Itre
Colleville-Montgomery mic.le.maitre@me.com
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Cette rubrique a pour objectif de mettre en valeur certains articles publies dans l’EJD et, bien s^ur, vous donner envie de les lire. La selection est faite sur l’inter^et dans notre pratique clinique quotidienne, mais aussi sur des articles de biologie cutanee, d’immunologie, voire de biologie cellulaire, utiles pour enrichir notre culture generale dermatologique.
Quand j'ai parcouru le sommaire de ce numero, j'ai immediatement repere cetteetude fondamentale [1] : «Le traitement du psoriasisa l' eosine reduit l'infiltration de leucocytes dans la peau et la secretion de chimiokines inflammatoires et de facteurs angiogeniques». J'ai fait un bon de plus de quarante ans en arrière ! : l'epoque où les patientsetaient systematiquement peints en rouge, dans tous les services de dermatologie.
L'epoque aussi où Robert Degos ecrivait dans son livre [2] : «l'eosine en solution alcooliquea 2 % a surtout de l'interêt dans le psoriasis des plis et plus encore dans les erythrodermies psoriasiques dont elle constitue la meilleure therapeutique».
Les auteurs italiens de cet article rappellent que, plus recemment, en 2008, une etude randomisee contrôlee montrait l'efficacite a court terme de l'eosineversusles dermocorticoïdes [3]. À l'heure des biotherapies, reconnaissons que faire une recherche aussi pointue sur l'eosine a un côte decale qui force l'admiration.
Les objectifs de cette etude etaient d'analyser les effets de l'eosine sur la peau psoriasiquein vivoet sur les keratinocytes et les cellules endotheliales in vitro. Des biopsies cutanees ont ete effectuees sur des plaques psoriasiques, avant et après un traitementa l'eosine de trois jours,afin d'analyse histologique. Les keratinocytes psoriasiques humains cultives et les cellules endotheliales dermiques ont ete traites a l'eosine. La liberation de chimiokines inflammatoires a ete analysee par immunodosage. Dix patients adultes ayant des psoriasis etendus a plus de 10 % de la surface corporelle ontete inclus.
Le traitementa l'eosine sur trois jours a reduit de manière significative le nombre de lymphocytes T infiltrants, de polynucleaires neutrophiles et de cellules dendritiques dermiques. Une reduction de l'expression du VEGF-A aegalement ete observee.
Le traitement en in vitro a l'eosine a diminue de façon significative la liberation de CCL2, CCL5 et VEGF-A par les keratinocytes et l'angiopoïetine- 2 par les cellules endotheliales.
On sait maintenant pourquoi l'eosine a un impact sur les infiltrats inflammatoires psoriasiques en freinant la liberation de chimiokines pro-inflamma- toires et de facteurs angiogeniques.
Reference :
1. Capriotti L, Didona B, Madonna S,et al. Eosin treatment for psoriasis reduces skin leukocyte infiltration and secretion of inflammatory chemokines and angiogenic factors.Eur J Dermatol 2018 ; 28 (4) : 457-66.
2. Degos R,Dermatologie. Paris : Flammarion,edition misea jour, 1977.
3. Tabolli S, Alessandroni L, Didona B, et al. A randomized controlled trial to evaluate short-term treatment with eosin vs.
topical steroids in psoriasis.Clin Exp Dermatol2008 ; 34 (3) : 304-308.
Le second article analyse de cet interessant numero de l'EJD est plus clinique [1]. Il se penche sur l'elastome perforant serpigineux(EPS), une patho- logie cutanee rare, appartenant au groupe des maladies perforantes (MP). Celles-ci se caracte- risent par une expulsion transepidermique de collagène ou de tissu elastique. Trois sous-types d'EPS ont ete rapportes et diffèrent en fonc- tion de l'etiologie, des maladies associees et des caracteristiques histopathologiques.
doi:10.1684/dm.2019.137
72 DermatoMag- N81 - janvier - fevrier - mars - 2019
REP ER E POUR VOUS DANS L’EJD
Les auteurs ont effectue une revue systematique de la litterature pour analyser et caracteriser les sous-types d'EPS, sur la base d'une evalua- tion de differents modèles histologiques poten- tiels. Soixante-quatre articles ont ete identifies, dont, ce qui est surprenant, quarante-six liesa la D-penicillamine.
Ils rapportent ainsi le cas d'une femme de 41 ans, atteinte de la maladie de Wilson et traitee par D-penicillamine (chelateur de cuivre), qui a developpe un EPS après onze ans de traite- ment. Ils decrivent un modèle histologique particulier chez ces patients, qui suggère de graves dommages elastolytiques systemiques
generalises, potentiellement induits par le medicament.
Les EPS restent rares dans nos consultations quotidiennes. Il faut etudier les antecedents fami- liaux, les comorbidites, les maladies sous-jacentes et interroger le patient sur uneventuel traitement par D-penicillamine.
Liens d'interêts :l'auteur declare n'avoir aucun lien d'interêt en rapport avec l'article.
Reference :
1- Montesu MA, Onnis G, Gunnella S, Lissia A, Satta R. Elastosis perforans serpiginosa: causes and associated disorders. Eur J Dermatol2018 ; 28 (4) : 476-81.
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