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Génie végétal en rivière face aux espèces invasives animales (ragondin et écrevisse américaine) : expérimentation avec différentes boutures de salicacées

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(1)

Le génie végétal en rivière face aux espèces animales invasives

Breton, O. Forestier, O. A. Eveffe (ragondin et écrevisse

américaine): expérimentation avec différentes boutures de salicacées

Résumé

L'article porte sur les résultats d'une ex- périmentation installée en bordure d'une rivière à faible pente (Don, Pays de la Loire) sur laquelle a été constatée une forte largement consécutive à la présence de deux espèces animales in- vasives: le ragondin coypus) et l'écrevisse américaine (Orconectes

Ces animaux ont creusé des ga- leries qui ont fragilisé les berges, leur im- pact est également net sur les saules pré avec un prélèvement important des biomasses aériennes et racinaires.

t'expérimentation a pour objet de tester plusieurs espèces de salicacées et plu- sieurs tailles de boutures afin d'évaluer leurs capacités respectives de dévelop- pement Face à la prédation par le ra- gondin et ainsi leur intérêt pour lutter con- tre l'érosion dans ce iype de milieu très contraint.

Elle a été mise en place un géotextile biodégradable fixé sur une zone plane à proximité

du lit

mineur. tes espèces tes- tées sont Populus d'une part, alba, cinerea, fragilis, purpurea,

viminalis d'autre part. Sur la moitié

du

dispositif, les boutures ont été protégées des rongeurs par des mises en défens; par comparaison avec le res- te du dispositif non protégé,

il

donc été possible d'estimer les conséquences de la présence du ragondin sur la crois- sance et la survie des végétaux testés.

Par ailleurs, deux tailles de boutures ont été utilisées et évaluées:

40

et cm.

Les résultats obtenus à l'issue de la pre- mière saison de végétation indiquent clairement un taux de reprise des bou- tures globalement excellent 2) des différences significatives entre les espèces testées (au niveau vigueur,

apicale, appétence vis-à-vis des rongeurs], un effet notable de la taille des boutures (croissance supérieure pour 80 cm), A) un impact modéré de la pré- sence

du

ragondin. Dans les meilleures conditions (espèces les plus vigoureuses et boutures de 80 cm), présence du ra- gondin n'a pas d'effet significatif sur la croissance des végétaux et ne devrait donc pas à moyen terme peser sur la

du-

rabilité de l'ouvrage.

Mots-clés

Génie végétal, myocastor, saules, éro- sion, boutures

lngenieurbiologie in Gewassern angesichts invasiver

und Versuch mit Weidensteckholzern

Der Artikel die

eines Versuchs, der an einem mif geringem durchgeführt wurde (Don, Pays de la Loire),

Erosion weitgehend wegen der Anwesenheit von zwei

festgestellt worden der (Myocastor coypus) und den

(Orconectes Tiere

graben, die die Ufer geschwücht ben. Die ober- wie unterirdische Konkurrenz zeigt deutlich ihre Wirkung

die besfehenden Der Versuch die

von mehreren Weidenarien und Steckholzgrossen gegen

die Nagetiere, die in dieser sehr schwierigen

bekümpfen.

Die wurde einem

und

ouf einer ebenen der

befestigt. Die geprüften Weidenarten sind

gra und Solix alba, purpurea,

und der einen

Halfte der Anlage sind die Stecklinge

einem vor den

ren Vergleich Rest der nicht geschützten war es also moglich, die Auswirkungen der

der Nager

und dos Überieben der getesteten

zen wurden

zwei Steckholzlongen und gefestet: 40 und 80 cm.

Die die

am

der

Vegeiationszeit erreicht wurden, zeigen deutlich, einen insgesamt

genden des der

Stecklinge 2) erhebliche schiede den gefesteten Arten nanz, Gier der Nagetiere), 3) eine

der Grosse der

Stecklinge Wachsfum für

80 cm),

4)

eine kleinere Auswirkung durch die Anwesenheif der Nager.

fer den besten Eedingungen (geeignefe Arten und von 80 cm) hat die Anwesenheit der Nager keine

Auswirkung das

der Pflonzen und wird die erhaftigkeit des Werkes nicht

lngenieurbiologie,

tor coypus), Weidenholzer, Erosion, Steckholzer

(2)

invasive species in (coypu and crayfish): results

of

an experiment with

This paper presenk the results of an conducted on a

river bank (Don River, Poys de la loire, France) where invasive species (coypu: coypus; crayfish:

Orconectes limosus) cause erosion.

have dug galleries in and caused fo the vegetation, especially to woody

experiment was set close to the main river bed, on geotextile. The wos to woody of different trees on the and the

erosion. woody

were tested: nigra, alba, Salix cinerea, Salix fragilis, Salix purpureo, Salix triandra, and Salix

Two sizes were used:

40

and 80 cm. The experiment

uated effect coypu on and by protecting of planfs with fencing.

Aber one growing the results dicated the high of the

species in terms of vegetative propagation (average rate:

differencés befween species in terms of growth, apical dominance of the trees, and coypu preferences, a significant effect of the tree size growth with 80-cm and a effect of coypu

With besf growing species

and coypus had no

nificant on free growth.

Keywords

Bioengineering, (Myocastor pus), willow erosion, hardwood

1 Introduction

tes berges de cours d’eau, de par leur fonction de corridor biologique et d’interface entre les milieux terrestre et aquatique, sont particulièrement touchées par les espèces invasives. s’agit sou-

vent de plantes et d’invertébrés terres- tres. On y trouve aussi des espèces ani- males inféodés aux milieux aquatiques et parmi cellesci, le ragondin

tor coypus) et l’écrevisse américaine (Orconectes limosus) qui peuvent avoir un impact important sur les milieux laires. Malgré un mode de vie, une mor- phologie et des fonctions bien différen- tes, les deux espèces partagent les mê- mes habitats, à savoir donc les milieux aquatiques d‘eau douce, et ont une méme aptitude à creuser des galeries dans le sol.

Sur une partie marécageuse des rives du Don, un cours d’eau à faible pente situé au nord du Département de Loire- Atlantique, leur présence est

lièrement remarquée et explique les dé- gradations intenses des berges. Celles- ci ont progressivement été fragilisées par les galeries des deux espèces, par- fois sur des longueurs importantes, et les riverains et gestionnaires

du

cours d’eau font état d’un élargissement signi- ficatif du

lit

de la rivière. Par ailleurs les rives de cette zone sont globalement peu boisées. Cette situation s’explique principalement par la et le pâtu- rage, ce dernier ayant été réalisé qu’aux abords non clôturés de la ri- vière, pour donner un accès à l‘eau au bétail. L‘impact des pratiques agricoles est maintenant mieux maitrisé, mais l’érosion consécutive à la présence du ragondin et de l‘écrevisse américaine semble remettre en cause un retour à des systèmes naturels boisés.

Le ragondin est un mammifère rongeur originaire d‘Amérique du sud, introduit en Europe ou siècle pour son éle- vage et le commerce de sa fourrure; il a depuis progressivement colonisé la quasi totalité du territoire national

rin limosus fait par-

tie des quatre espèces d’écrevisses in- troduites en France à partir de la fin du siècle; leurs sont glo- balement en progression, à l’inverse des trois espèces autochtones qui sont en forte régression et qui bénéficient ac- tuellement de mesures de protection.

t‘impact direct ou indirect du ragondin et de l’écrevisse américaine sur la végétation rivulaire est quelquefois évo- qué, mais rarement évalué précisément

[Bertolino Genovesi 2007, Vilà Garcia-Berthou 2009, Moutou 1997, Pascal 2003). semble admis que les conséquences les plus dommageables de la présence de ces deux espèces concernent les [berges ou cer- tains aménagements hydrauliques) [Adam et al. 2008, Laurent 1997, Changeux 2003).

tes espèces ligneuses sont très faible- ment représentées sur les berges du Don. On trouve éparses des Saules blancs sénescents (Salix des Sau- les roux atrocinerea) et Saules fragi- les fragilis), ainsi que quelques Frê-

nes communs De

plus, à l‘exception du Saule roux, ces espèces montrent globalement peu de signes de régénération naturelle. On sait pourtant que les ripisylves jouent un rôle essentiel, en termes de biodiversité [Decamps 2003). Elles permettent ainsi l‘accueil de nombreux animaux terres- tres [mammifères, oiseaux, amphibiens, arthropodes...). Outre les espèces in- féodées aux milieux rivulaires, ces mi- lieux accueillent également les espèces circulantes qui y tronsitent. tes ripisylves jouent ainsi un rôle majeur de corridors biologiques en remplissant des fonc- tions écologiques essentielles et servent de vecteurs canalisant les propagules de beaucoup d’espèces des milieux ad- jacents. Ainsi, ils sont utilisés comme couloir de migration par de nombreuses espèces animales et végétales [De- camps 1987). tes bénéfices écologi- ques apportés par les ripisylves sont très nombreux et ne peuvent ici être évoqués exhaustivement; nous citerons parmi les plus importants: l’effet sur la qualité de l’eau par rétention des sédiments et pié- geage des nutriments, l’effet sur la pro- duction piscicole [ombrage limitant le réchauffement estival, apport de nourri- ture] [Decamps la stabilisation des berges vio l’action du système

des végétaux 2003, De- camps 2002, Piégay et al. 1994).

Pour apporter de nouvelles connais- sances sur les modes de gestion les mieux adaptés à ce contexte de pertur- bation, et en vue de construire un pro- gramme de restauration de la ripisylve, nous avons mis en place une expéri- mentation visant à tester des boutures

(3)

5 1

-

Abb.

1

de différentes espèces de salicacées (Saules et Peupliers). est d’éva- luer leurs différentes potentialités de re- prise sur ces milieux très contraints.

Nous avons également souhaité quanti- fier l’impact de Io présence du ragondin sur le développement des espèces

-

la mise en place de défens sur une par- tie du dispositif

-

ainsi que les capacités de reprise de différentes longueurs de boutures. Notre action se situe dans les domaines d’application

du

génie végétal (stabilisation des berges); elle s’inscrit aussi dans le cadre plus général du génie écologique, puisqu’elle vise également à reconstruire un milieu na- turel (Frossard & Evette 2009).

II

ne s‘a- git pas de lutter directement contre la présence des espèces invasives, mais plutôt de limiter leur impact en favori- sant un retour contrôlé de la végétation arbustive et arborée.

2 Matériel et méthodes 2.1

d’étude

ta partie du Don concernée par notre étude est située à environ cinq cents mèt- res de la confluence avec l a Vilaine (fig.

ta station de mesures hydrométri- ques la plus proche en amont du site, in- dique des variations saisonnières du ni- veau du cours d’eau relativement classi- ques: hauteurs plus importantes en hiver et basses eaux principalement obser- vées en été.

II

faut cependant signaler au niveau de notre zone d’étude un ré- gime hydrologique particulier qui s’ex-

plique par la proximité de la Vilaine à l’aval et du tac de à l’amont, par la topographie du site (faible altitude et pente), enfin par la présence du bar- rage près de l’embouchure de la Vilaine qui provoque des effets de marnage irréguliers une qua- rantaine de kilomètre en amont. Ainsi

il

n’est pas rare d‘y observer des inonda- tions au cours de la saison de végéta- tion, et à l‘inverse des débits hivernaux très faibles, ce qui peut avoir des consé- quences négatives sur le développe- ment de la végétation rivulaire.

2.2

Les espèces testées

tes espèces expérimentées font partie de la famille des Salicacées. Nous avons d‘abord privilégié des espèces gneuses du genre Salix, dont la plupart ont depuis longtemps montré leur intérêt en génie biologique dans le domaine de

Io

lutte contre l‘érosion: Salix alba, atrocinerea, fragilis, purpurea, triandra et De nombreux auteurs ex- pliquent cet intérêt par une forte capa- cité de bouturage, une croissance ra- pide et un développement racinaire im- portant; l’ensemble permettant de favo- riser l’ancrage du sol (Evette et al.

et al. 2007,

1994). Nous avons par ailleurs retenu le peuplier noir (Populus égale- ment cité dans les ouvrages sur le génie végétal et 2008, Schiechtl Stern 1996).

Dans la dynamique de la végétation al- luviale, ces espèces sont pionnières aux bords des cours d‘eou ou au sein des

forêts à bois tendre, colonisant des

sub-

strats parfois grossiers et pauvres en élé- ments nutritifs; elles supportent par ail- leurs des engorgements prolongés (Evette et Rameau 1994, Schnitzler 2003). Cinq saules parmi les six retenus se limitent à un développe- ment arbustif, c’est-à-dire à une hauteur inférieur à m atrocinerea, fragilis, purpurea, triandra et viminaiis). tes po- pulations de Salix fragilis présentes sur les berges

du

Don appartiennent à un écotype arbustif avec un port tortueux proche de celui de Salix triandra, alors que dans d’autres régions françaises, cette espèce a un part arboré. Salix albo est un arbre atteindre 25 m de hauteur; Populus nigra peut quand à lui s‘élever 35 Sur le plan de l‘efficacité de l’ouvrage pour la lutte contre l‘érosion,

il

était sans doute pos- sible de se limiter aux espèces arbusti- ves, mais nous avons souhaité ment utiliser des espèces arborescentes car

il

s‘agit aussi de reconstituer une

où la strate arborée à son im- portance.

t‘origine du matériel végétal utilisé varie selon les espèces: 1) les espèces dites d’une part, avec Salix

alba,

atrocinerea et fragilis,

les espèces ligneuses présentes sur les rives du Don près de

Io

zone d‘étudeu;

et 2) les espèces d’autre part, avec Salix purpurea, triandra,

et Populus nigra, absentes à pro- ximité de l’expérience mais fréquentes dans la région (Rameau 1994). le premier groupe, les prélèvements de

1/10

(4)

Salix alba

Salk atrocinerea Salk fragilis Salk triandra Salk purpurea

Fig. 2: Schéma d'installation Abb. 2:

94.4 100.0

95.8 94.4 95.8 98.6 86.1

boutures ont été réalisés sur place en re- cherchant pour une méme espèce des individus suffisamment éloignés géo- graphiquement pour augmenter la pro- babilité d'avoir des génotypes

dif-

férents. Pour le deuxième groupe, les boutures ont été prélevées au niveau d'un parc à pieds-mères de la pépinière de Guémené-Penfao, plus précisément dans une collection de Saules et de Peu- pliers noirs sauvages (collection INRA) originaires de la région de Saumur.

Chacune des espèces est représentée par trois individus (ou clones) différents.

Systématiquement, i'identité des boutures a été conservée.

2.3 Pian d'expérience et

En plus de l'effet déjà évoqué, l'expérience vise à tester les effets de deux autres paramètres sur le dévelop- pement des végétaux. s'agit de la lon- gueur de la bouture (deux modalités: 40 et 80 cm) et de la présence du ragondin évaluée grâce à des mises en défens placées sur une partie du dispositif

2).

Le plan d'expérience comporte trois blocs complets randomisés, avec des parcelles unitaires de 6 boutures par espèce (2 boutures de chacun des clones). La randomisation a porté sur les boutures des 3 clones à l'intérieur des parcelles unitaires.

ta surface du dispositif a été couverte d'un géotextile souple biodégradable en feutre de paillage composé de fibres végétales compactes (1

destiné à contenir la concurrence her- bacée, au moins la première année. Les

statistiques

36

1/10

boutures ont été enfoncées dans le sol, au niveau d'un avant trou préalable- ment réalisé à la barre à mine, de façon à faire dépasser les premiers cen- timètres de la partie supérieure. Les mi- ses en défens sont constituées d'un gril- lage plastique de 80 de hauteur maintenu au sol par des piquets métalli- ques.

A l'issue de la première saison de végétation, différents paramètres ont été mesurés pour chaque plant:

la

hau- teur maximale la longueur cu-

mulée des branches le

nombre total de branches L'im- pact des rongeurs est estimé par la pré- sence d'abroutissement observé au niveau de chaque plant.

analyses statistiques ont été réa- lisées avec le logiciel

soft, v 8.0). Elles se sont basées 1) sur des tests de Kruskal-Wallis pour les va- riables qualitatives («ab»), et

2)

sur des à plusieurs facteurs (effets

principaux et interactions] associées à des tests post-hoc (HSD de Tukey) pour les variables quantitatives

s'appuyant sur

thèse préalablement vérifiée de norma- lité des échantillons (méthode graphi- que des droites de Henry).

3 Résultats

3.1 Survie (reprise au

Ce critère se base sur le nombre de bou- tures présentant au moins une pousse vi- vante, quatre à cinq semaines après le bouturage; les mortalités observées par la suite ne sont donc pas prises en compte. II s'agit ici de caractériser les capacités de multiplication végétative des espèces testées. Elles sont globale- ment excellentes: près de

95%

de prise sur l'ensemble

du

dispositif (ta- bleau 1). Les différences entre espèces se situent entre les Saules et le Peuplier noir, ce dernier se situant un niveau satisfaisant mais inférieur aux autres espèces. les écarts au niveau des Sau- les sont très et ne montrent pas de différences significatives statistique- ment.

3.2 Croissance (hauteur totale, hauteur cumulées des branches)

bouturage)

Les croissances exprimées en hauteurs cumulées des branches montrent des

dif-

férences significatives entre les traite- ments (longueur boutures, protection contre les rongeurs).

II

est manifeste

Taux de reprise au bouturage

1: Taux de reprise au bouturage.

der wieder wachsenden

(5)

Fig. 3: Croissance en hauteur (entre deux traitements, les différences significatives d'après HSD-Tukey sont signalées par un (x); les intervalles de confionce correspondent à

Boutures de 40 cm: comparaison des moyennes des longueurs cumulées entre celles mis en défens et celles non protégées.

b Boutures de 80 cm: comparaison des moyennes des longueurs cumulées entre celles mis en défens et celles non protégées.

Abb. 3: (zwischen die erheblichen Unterschiede

werden (x) angezeigt; die entsprechen dem Standardfehler).

a: Steckholzer 40 cm: Vergieich der Lange kumuliert zwischen den geschützten und den ungeschützten Holzern.

b: von 80 cm: Vergleich der Lange zwischen den geschützten

und den ungeschützten Holzern.

qu'une longueur de 80 procure aux boutures un gain de croissance impor- tant comparé à une longueur de 40 (fig. et

3d).

Ce constat est général pour l'ensemble des situations, à ception de nigra et en situation protégée de Salix afrocinerea. Pour ce qui concerne l'effet des mises en défens

en situation protégée et non protégée, fig. 4). Comparées aux boutures de 40 cm, elles ont produit un nombre de branches plus élevé et la hauteur totale est plus importante. En revanche, l'effet des mises en défens sur les hauteurs to- tales reste

-

comme pour les longueurs cumulées de branches

-

faiblement po-

sitif (fig. 4a). En ce qui concerne le nom- bre de branches (fig. l'effet est en- core moins marqué et tend même à de- venir négatif dans le cas des boutures de 80 de afrocinerea.

3.3

Abroutissemeni

II

a été observé quelques

ments dans les mises en défens sur des sujets dont les branches ont pu dépasser du grillage. En dehors de ces cas parti- culiers, l'essentiel des abroutissements (près de

95%)

sont observés hors zone protégée. te graphique en figure

5

op- pose clairement deux groupes d'espè- ces à savoir d'un coté

alba,

cinerea et fragilis particulièrement touchés (en moyenne près de

la

moitié des plants), de l'autre Salix purpureo, triandra, viminalis et surtout Populus graglobalement peu affectés par pré- sence des rongeurs (effet

significatif d'après Kruskal-Wallis:

4 Discussions 4.1 Reprise

A

l'issue de la première saison de

végétation, les résultats sont globale- ment positifs, notamment au niveau de d'installation des végétaux utilisés. On peut ainsi mettre en avant un excellent taux de reprise au bouturage des espè- ces testées. Ces taux de reprise sont pro- ches voire légèrement supérieurs à ceux observés dans la littérature (Graf et al.

2003, et al. 2006, Schiechtl le gain est plus nuancé: toutes espèces

confondues

il

est significatif pour les boutures de 40 cm, mais pas pour les boutures de

80

(fig. 3a et

3b).

Comme pour le taux de reprise, Populus nigra se distingue des Saules et pré- sente une croissance globalement moins élevée.

tes mêmes analyses statistiques ont été réalisées sur le nombre de branches et sur les hauteurs totales individuelles des plants. En ce qui concerne la taille des boutures, résultats pour ces deux au-

supériorité manifeste

80

(significative d'après HSD-Tukey

4: Hauteurs totales moyennes (a) et nombre de branches par plant (b) toutes espèces confondues (les intervalles de confionce Correspondent à les modalités affectées d'une même ne diffèrent pas significativement d'après le test

4: (a) und die Zahl pro (b) vermirchten (die

entsprechen dem Standardfehler; die betroffenen Modaiitaten des ein und nicht entscheidend dem

(6)

70 a 60

50 40

V

a 20

O

nigra alba atrocine. fragiiis purpurea 5: des rongeurs (les intervalles de confiance correspondent à

Abb. 5: der Nagetiere (die entsprechen dem Standardfehler).

1973, Zuffi 1989). Cette légère supé- riorité peut s'expliquer par la Forte dis- ponibilité en eau du site qui atténue les échecs liés à la sécheresse. te toux de reprise de atrocinerea avait été jusqu'alors peu renseigné dans la lit- térature (Evette et al. même si sa proximité taxonomique avec

nerea et les nombreux ouvrages réalisés avec cette espèce laissaient présager un bon taux de reprise. Nos résultats pour espèce sont d'ailleurs excellents puisque la totalité des boutures a repris.

4.2 Croissance et impact des tes croissances juvéniles sont assez éle- vées (entre et 3 m de longueurs de branches). Des boutures longues indui- sent un léger surcoût lié à leur approvi- sionnement et OU fait qu'elles doivent étre enfoncées plus profondément. Ce- pendant grâce des ressources plus im- portantes, la croissance initiale des bou- tures longues est Favorisée. Les effets de cette vigueur juvénile sont positifs en ter- mes d'efficacité des ouvrages car les boutures longues vont atteindre plus ra- pidement la nappe phréatique et, en cas de compétition pour lumière avec la strate herbacée, ces boutures résis- teront mieux (Greer et al. 2006, Hoag 1993). Une relation positive non linéaire entre le volume des boutures et le volume des parties aériennes et sou- terraines a ainsi été décrite chez le

rongeurs

Saule pourpre (Schiechtl, 1980). D'au- tres travaux ont également donné des in- dications sur l'effet du diamètre des bou- tures (Greer et 2006, Vora et

1988) et l'effet de la longueur de (Salzmann 1998).

Nous avons démontré un effet ment significatif de la longueur de

la

bouture quelque soit l'espèce, avec une supériorité manifeste des boutures de 80 qui induit un gain de crois- sance de 70 en moyenne sur les lon- gueurs cumulées des branches. Ces

cadrent bien avec ceux obtenus par Dethioux (1981) qui montrait pour de meilleurs résultats avec des boutures de 50 comparées à des boutures de 30 l'effet apporté par les protections contre les rongeurs est également positif mais

moins élevé en termes de croissance (supériorité limitée à 15 en longueur cumulée). En termes de gestion, ces r é montrent que dans la lutte contre la dégradation par les myocastors, l'ins- tallation de boutures longues est plus ef- ficace que celle de boutures courtes et mêmes plus efficace que la protection offerte par des mises en défens.

est intéressant de constater la préférence des rongeurs pour les trois espèces locales, ce qui peut traduire une habitude alimentaire. Par ailleurs, la faible appétence pour les herbivores de Salix purpurea signalée par ailleurs (Newsholme 1992) semble se confirmer

ici, puisque c'est i'espèce de Saule qui est la moins abroutie. Nous avons vu précédemment que les plants issus de boutures de 80 étaient moins

par les rongeurs en croissance cumulée. Le nombre d'abroutissements est effectivement moins élevé: 29% des branches sont affectées, contre 37%

avec des boutures de 40 cm. A la Faveur d'une vigueur plus importante, les bou- tures les plus longues ont développé des tiges qui se sont situées plus rapidement hors de portée des rongeurs. Cette in- terprétation vaut pour la plupart des espèces, mais doit être nuancée pour airocinerea et fragilis chez qui la lon- gueur des boutures ne joue pas sur le nombre de branches abrouties.

Nous avons observé une légère mentation du nombre de branches par arbre en situation non protégée, alors que l'on pouvait s'attendre à une dimi- nution consécutive aux abroutissements.

Même si le phénomène est resté limité et ne peut être démontré statistiquement,

il

peut s'agir d'une réaction des arbres par activation de bourgeons dormants en situation de perturbation (Bellingham réaction déjà observée par Zvereva Koslov (2001) pour les Sau- les en cas d'herbivorie. te nombre glo- bal d'abroutissements observés sur les végétaux nous est apparu globalement faible, malgré la présence massive des rongeurs. Cependant ce critère peut évoluer en fonction des saisons et des années. il n'est pas à exclure à l'avenir des pressions plus fortes si des condi- tions climatiques

-

not-

amment des épisodes de crues prolon- gés

-

venaient à limiter les ressources alimentaires habituelles des ragondins.

Conclusions

L'érosion des berges est un phénomène naturel (Guénat et al. 2003) qui ne doit pas systématiquement justifier des mo- des de luttes cor il participe aussi de façon importante à la dynamique natu- relle des milieux rivulaires. Cependant, dans la situation hydrodynamique de notre zone d'étude (lit stable, pente ble, crues de Faible intensité), l'érosion observée pose problème au ges- tionnaire et ne peut s'expliquer pour l'essentiel que par la présence des deux

(7)

espèces invasives. De toute évidence cette érosion remet en cause le retour à des formations boisées vers lesquels ces milieux pourraient évoluer. Notre dé- marche, basée sur l’installation de végétaux, vise à favoriser cette évolu- tion.

réussite de tels aménagements est conditionnée par la vitesse d’installa- tion des végétaux qui doit être la plus élevée possible, et cela pour deux rai- sons: les protections contre les rongeurs ne concernent que les boutures mais pas les berges qui continuent être dé- gradées alors que les systèmes racinai- res ne pas encore leur rôle d’an- crage, l’effet du géotextile sur la con- currence des herbacées a un effet limité dans le temps. Dans le contexte de l’étude, on constate effectivement une vi- gueur juvénile satisfaisante des espèces testées qui peut par ailleurs être amé- liorée par l’utilisation de boutures lon- gues.

Pour cette première phase d’installation, il a montré une bonne adaptation de l‘ensemble des espèces testées. Cela permet de supposer que la diversité spé- cifique installée ou départ devrait pou- voir se maintenir au cours du temps, ce qui est essentiel en termes de qualité et de durabilité des milieux restaurés. Un des objectifs de restauration de berges par les techniques de génie végétal est en effet de promouvoir la qualité des ha- bitats restaurés (Evette Li et 2006).

Nous avons fait le choix de privilégier des techniques incluant une forte den- sité de boutures, leur mise en défens et un géotextile pour garantir une installa tion rapide des ligneux.

II

est

que pour une mise en œuvre à plus vas.

te échelle, des aspects financiers entrer en jeux et des modes de gestion moins couteux seront recherchés. Le tionnaire devra faire un choix entre des méthodes simples (exemple: bouturages directs avec des espèces prélevées

lo-

calement sans autre intervention) et des modes plus intensifs comme ceux que nous avons évalués dans le cadre de cette étude (mise en défens, protection contre la concurrence herbacée, instal- lation d’autres espèces). De nombreux paramètres doivent être évalués pour

orienter ces choix et dimensionner les ou- vrages. impacts occasionnés par la présence plus ou moins massive d’espèces invasives telles que le ragon- din et l’écrevisse américaine, sont évi- demment importants à prendre en compte.

Remerciements: Nous remercions

gory pour ses conseils

avisés en matière statistique.

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Contacts V. Breton Cemagref

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