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Resituer l'adoption des propositions techniques de la recherche dans les stratégies d'adaptation des exploitants agricoles familiaux

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

INTRODUCTION

Les trois quarts des habitants pauvres des pays en développement vivent dans les espaces ruraux et dépendent directement ou indi-rectement de l’agriculture pour leur subsistance (2). Dans ces pays, et en Afrique subsaharienne en particulier, la Banque mondiale (2) présente l’agriculture comme un instrument pour la réduction de la proportion de la population vivant dans l’extrême pauvreté et souffrant de faim chronique, et pouvant favoriser la croissance économique, à condition que s’opère une révolution au niveau de la productivité des exploitations agricoles familiales.

Au Cameroun, le taux de pauvreté des ménages ruraux a aug-menté de 52,1 à 55 p. 100 entre 2001 et 2007 (33). La pauvreté rurale est un phénomène ancien et récurrent. L’amélioration des revenus des exploitants agricoles, grâce à l’amélioration des ren-dements et de la productivité du travail, constitue depuis plusieurs décennies l’une des priorités affichées par les différents gouver-nements et organismes de recherche et de développement came-rounais (16, 33, 34, 35). Ainsi, même si depuis une vingtaine d’années les objectifs de compétitivité et de respect de l’environ-nement sont également mentionnés, la promotion de l’innovation technique constitue depuis 50 ans l’un des principaux objectifs des institutions de recherche et de développement agricole de ce pays. Cependant, force est de constater que cette modernisation peine à se réaliser. L’appareil de production agricole camerou-nais reste à 80 p. 100 détenu par une petite agriculture familiale qui utilise peu ou pas d’intrants, très peu mécanisée et dont les itinéraires techniques ont généralement peu évolué (32). Les ren-dements et la productivité du travail de cette agriculture familiale restent faibles (32). ■ RECHERCHE INNO V A TION – A GRICUL TURE ELEV A GE Revue d’élev age et de médecine v étérinaire des pa ys tropicaux, 2011, 64 (1 -4) : 33-41

techniques de la recherche dans

les stratégies d’adaptation des

exploitants agricoles familiaux

P. Pédelahore

1 *

R. Tchatchoua

2

M. Tonka

3

M. Ntsama

3

N. Andrieu

1, 4

Résumé

L’innovation technique est souvent présentée comme le levier principal de l’amélioration des performances économiques et des conditions de vie des exploitants agricoles familiaux (EAF). Elle constitue de ce fait un moyen d’adaptation face à la variabilité de l’environnement socio-économique. L’objectif de cette étude a été d’analyser la place du recours à l’adoption de propositions techniques issues de la recherche au sein de l’ensemble des stratégies d’adaptation mobilisées par les producteurs pour préserver, voire pour améliorer, leurs conditions de vie et celles de leurs descendants. A tra-vers la réalisation d’entretiens semi-directifs et directifs auprès d’un échantil-lon représentatif d’EAF du Grand Sud Cameroun, cette étude a montré que le développement des migrations et des activités non agricoles, l’extension des surfaces cultivées, et la diversification des productions agricoles marchandes étaient des stratégies d’adaptation plus fréquemment mobilisées que l’adop-tion de proposil’adop-tions techniques. Cette étude a souligné le fait que l’améliora-tion des itinéraires techniques et des performances des exploital’améliora-tions familiales ne peuvent constituer la seule orientation des politiques de recherche et de développement. L’augmentation des mobilités spatiales et professionnelles des producteurs encourage à développer des politiques de recherche et de déve-loppement plus attentives à la gestion des territoires et des hommes et aux interactions entre les différents secteurs de l’économie nationale.

1. Cirad, UMR Innovation, 73 rue Jean-François Breton, 34398 Montpellier Cedex5, France.

2. Université de Dschang, Dschang, Cameroun. 3. IRAD, Yaoundé, Cameroun.

4. Cirdes, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso. * Auteur pour la correspondance

Tél. : +33 (0)4 67 61 57 54 ; fax : +33 (0)4 67 61 44 15 E-mail : philippe.pedelahore@cirad.fr

Mots-clés

Exploitation agricole familiale – Adoption de l’innovation – Politique de développement – Cameroun.

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RECHERCHE INNO V A TION – A GRICUL TURE ELEV A GE Revue d’élev age et de médecine v étérinaire des pa ys tropicaux, 2011, 64 (1 -4) : 33-41

Face à ce constat, de nombreux travaux visent à développer des méthodes de recherche plus participatives, des inventions tech-niques plus adaptées aux conditions de production des petits agri-culteurs et des services de conseil et de crédit agricole plus effi-caces (17, 21, 31). Ces évolutions vont sans nul doute dans le bon sens, mais la question que l’on peut aussi se poser est la suivante : l’adoption de propositions techniques issues de la recherche en vue de moderniser leur agriculture, constitue-t-elle la principale straté-gie d’adaptation mobilisée par les exploitants agricoles familiaux (EAF) pour préserver, voire pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs descendants ?

Selon Yung et Zaslavsky (49), la stratégie des EAF est « l’art d’ac-teurs qui font concourir des moyens agricoles, mais non exclusi-vement tels, pour atteindre des objectifs de maintien, croissance et reproduction de leur unité de production familiale ». Elle est dépendante des moyens de production dont disposent les producteurs et de l’environnement pédoclimatique et socio-économique dans lequel ils exercent leurs activités (7). L’adaptation fait référence à une stratégie d’un système (famille, communauté, groupe, pays, etc.) cherchant à faire face ou à s’ajuster à un environnement nouveau ou changeant, un choc, un risque, des dommages potentiels ou à tirer profit d’opportunités (6, 22). Scoones (42) identifie quatre types de stratégies d’adaptation des EAF : l’intensification de la production agricole, l’extensification de la production agricole, la diversification des moyens d’existence et des activités, et la migration.

Dans le Grand Sud Cameroun, la période 1960-1987 a été marquée par l’accroissement des opportunités d’emplois urbains mieux rémunérés que l’activité agricole, et les années 1990 par une baisse drastique des cours du café et du cacao, la dévaluation du franc CFA et l’augmentation de l’écart entre le coût de la vie et le prix de vente des productions agropastorales. Les études qui ont cherché à caractériser les stratégies d’adaptation mobilisées par les acteurs face à cette variation de l’environnement socio-économique sont relativement anciennes (1, 3, 13, 18, 23, 28, 29, 40, 48). Ainsi, la question du lien entre ces stratégies et l’innovation technique a été peu analysée durant ces deux dernières décennies.

Notre hypothèse a été que les EAF développent une gamme impor-tante de stratégies d’adaptation pour préserver, voire pour amélio-rer, leurs conditions de vie et celles de leurs descendants, au sein desquelles l’adoption de propositions techniques est marginale. L’objectif de cet article a été d’analyser la place de l’adoption de propositions techniques issues de la recherche dans le cadre plus général de la gamme des stratégies mobilisées par les EAF.

Cette étude, menée auprès d’EAF du Grand Sud Cameroun, ne cible pas une technologie particulière mais analyse dans quelle mesure les propositions techniques visant à intensifier les systèmes de production ressortent du discours de ces EAF comme l’une des stratégies d’adaptation qu’ils mobilisent.

Après avoir présenté la méthode utilisée pour cette étude, ont été analysées la gamme des stratégies mobilisées par les EAF, puis les modalités et l’importance de la stratégie d’adaptation la plus fréquemment citée par les EAF. La discussion a porté sur la place de la technique dans les stratégies d’adaptation des EAF ainsi que sur les apports méthodologiques et opérationnels de cette étude. La conclusion a montré en quoi les enseignements de cette étude pou-vaient contribuer à la réorientation des politiques de recherche et de développement agricoles.

■ MATERIEL ET METHODES

L’analyse privilégiée a porté sur des situations contrastées représen-tant une partie de la diversité du Grand Sud Cameroun. Le choix des quatre sites d’étude (Batcham, Galim, Obala et Ayos) a été basé sur quatre critères de stratification de l’espace (tableau I et figure 1) :

Batcham Galim Obala Ayos

Densité de population (nb. habitants/km²) > 150 50 < x > 100 100 < x > 150 < 30 Caractéristiques morphopédologiques Hauts plateaux (> 1 500 m) sur sols volcaniques Hauts plateaux (> 1 500 m) sur sols volcaniques Plateaux (600 à 800 m) sur sols latéritiques Plateaux (600 à 800 m) sur sols latéritiques Système de production Vivriers + café Vivriers + maraîchage

(café résiduel)

Cacao + vivrier +

maraîchage Vivrier + cacao + café Intégration aux réseaux

routiers et marchands Bonne et ancienne Bonne et ancienne Très bonne et très ancienne Moyenne et récente

Tableau I

Caractéristiques des quatre sites d’étude

Source : Minpat, 1999

Figure 1 : localisation des quatre sites d’étude dans le Grand

(3)

Revue d’élev

age et de médecine v

étérinaire des pa

ys tropicaux, 2011, 64 (1

-4) : 33-41

densité de population, caractéristiques morphopédologiques, sys-tèmes de production et intégration aux réseaux routiers et marchands. La caractérisation des stratégies d’adaptation a été réalisée par des entretiens auprès des EAF de ces sites durant trois phases succes-sives.

La première phase visait à identifier les différentes stratégies d’adaptation mises en œuvre par les EAF. Des entretiens de type semi-directifs ont été menés auprès de 122 EAF sélectionnés au hasard et appartenant dans leur majorité à diverses organisations paysannes (OP) des sites d’étude. Les exploitants ont été interro-gés sur la façon dont ils s’y prenaient pour préserver ou améliorer leurs conditions de vie et celles des membres de leur famille. Le discours de ces individus a fait l’objet d’une analyse de contenu qui est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de la communi-cation (4). Cette analyse des éléments du discours de la personne interrogée (11) cherche à catégoriser les différentes stratégies men-tionnées par ces personnes. La fréquence de ces catégories a été calculée en fonction du nombre d’individus les ayant mentionnées par rapport au nombre total d’individus interrogés.

La deuxième phase visait à caractériser les modalités de mise en œuvre de la stratégie la plus fréquemment citée à l’issue de la pre-mière phase : la diversification des activités et des revenus. Elle a consisté en des entretiens de type directif auprès de 138 EAF sélectionnés au hasard sur les quatre sites d’étude. Comme nous étudiions la même population agricole et nous étions en contact avec les mêmes OP, certains de ces 138 EAF ont été les mêmes que ceux retenus dans l’échantillon de la phase 1 comprenant 122 EAF. Cependant, comme ces deux tirages ont été effectués au hasard, la majorité des EAF de ces deux échantillons ont été diffé-rents. Une typologie des 138 EAF, basée sur l’importance relative des diverses sources de revenus monétaires (cultures, élevages, activités non agricoles) dont bénéficiait l’ensemble des ménages agricoles, a été réalisée. Cette typologie, dont seuls quelques uns des principaux résultats ont été présentés, a permis de constituer un échantillon de 38 EAF, représentatifs des différents types iden-tifiés. La représentativité de cet échantillon était basée sur le fait que les EAF retenus recouvraient la totalité des types identifiés et que le nombre d’EAF retenu par type était fonction de l’impor-tance quantitative de chaque type dans la population étudiée. L’ef-fectif total de cet échantillon (38 EAF) a été un compromis entre la nécessité de retenir un nombre d’EAF suffisamment élevé pour que l’échantillon respecte le mieux possible l’importance quan-titative de chaque type dans la population étudiée, et la prise en compte des contraintes financières qui limitaient le nombre d’en-quêtes réalisables. C’est cet échantillon de 38 EAF qui a été utilisé pour la réalisation des enquêtes conduites dans la troisième phase des recherches.

Durant cette troisième phase, les chefs de famille de ces 38 exploi-tations agricoles ont été interrogés, ainsi que leur parentèle (père/ mère, frères/sœurs, épouses, enfants) (figure 2).

Les entretiens semi-directifs ont permis de retracer le « parcours de vie » de trois générations durant le XXe siècle. Les parcours

de vie de 576 individus ont ainsi été renseignés : les 38 chefs d’exploitation et les 538 membres de leur parentèle. Le par-cours de vie étudie les multiples aspects du déroulement de la vie humaine dans son extension temporelle et dans son cadrage sociohistorique (14). Pour chacun de ces parcours de vie, le pour-centage de temps consacré à l’activité agricole a été calculé selon la méthode présentée dans la figure 3. Cette méthode a été défi-nie pour prendre en compte les périodes où l’exploitant menait en même temps des activités agricoles et non agricoles, et les périodes où se succédaient les activités agricoles et non agricoles.

Les 576 individus ont ensuite été classés en fonction de l’impor-tance de l’activité agricole dans leur parcours de vie. Dans cet article n’ont été présentés en détail que les résultats concernant le site d’Obala et en particulier les données concernant les parcours de vie des 122 individus * âgés de plus de trente ans au moment de l’enquête.

■ RESULTATS

Les résultats obtenus sur la diversité des différentes stratégies d’adaptation des EAF ont d’abord été présentés, puis ceux concer-nant l’importance relative actuelle des différentes sources de reve-nus monétaires. Enfin, cette étude a montré comment les chefs d’exploitations agricoles et leur parentèle construisaient des par-cours de vie mêlant activités agricoles et non agricoles.

Exemple de calcul pour un homme de 60 ans

Enfant Elève Ouvrier du

bâtiment Agriculteur Agriculteur Chauffeur

de bus (50 %) Agriculteur

(50 %)

Temps de vie consacré à l’activité agricole = 10 ans + 5 ans + 15 ans = 30 ans Temps de vie active = 45 ans Temps de vie total = 60 ans

Pourcentage du temps de vie consacré à l’activité agricole = 30 ans / 60 ans = 50 %

Pourcentage du temps de vie active consacré à l’activité agricole = 30 ans / 45 ans = 66 %

0 5 15 25 35 45 60

10 ans 10/2 = 5 ans 15 ans

Figure 3 : mode de calcul du temps de vie consacré à

l’acti-vité agricole. 1re génération 2e génération Chef de famille (chef d’exploitation) 3e génération Fils Frères 1re épouse Filles Mère Fils Père Filles Sœurs 10e épouse

Figure 2  : individus interrogés lors de la troisième phase

d’enquêtes.

* Ce nombre de 122 individus, dont les parcours de vie ont été renseignés par la troisième phase des recherches, ne doit pas être confondu avec l’échantillon de 122 EAF utilisé dans la première phase des travaux. Ce n’est qu’une coïncidence si ces deux nombres sont identiques.

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interrogées sur deux des quatre sites, et entre 33 et 66 p. 100 des personnes interrogées pour les deux autres, a été la diversification des productions végétales et animales marchandes. La libéralisa-tion des filières café et cacao, l’instabilité des prix de ces produits d’exportation, ainsi que le développement de la demande urbaine en denrées alimentaires ont conduit la plupart des EAF à dévelop-per fortement les cultures vivrières et maraîchères et, pour certains d’entre eux, les élevages de volailles ou de porcs.

Les deux stratégies suivantes ont été la migration temporaire ou définitive et l’augmentation des surfaces cultivées par actif. Ces stratégies étaient étroitement liées à la densité de population du site considéré. Dans les zones comme Batcham et Obala, où la densité de population dépassait les 100 habitants/km2, la

migra-tion temporaire ou définitive à la recherche de nouvelles terres cultivables a été citée par plus de 66 p. 100 des EAF interro-gés, alors qu’elle n’a pas (0 p. 100) ou a été peu mentionnée (< 33 p. 100) par les exploitants des zones moins peuplées d’Ayos et de Galim. Dans ces dernières, c’était l’augmentation des sur-faces cultivées par actif dans leur terroir d’origine qui a permis aux exploitants de maintenir, voire d’augmenter, leurs revenus moné-taires. Ainsi, par exemple, à Ayos les femmes ont commencé, dès 1990, à augmenter les surfaces de cultures vivrières devenues, sur-tout à partir de « l’arrivée du goudron » en 1992, des cultures mar-chandes. Elles ont pu, en créant des groupes féminins d’entraide, peu usités auparavant, mettre en place de vastes surfaces de culture de manioc (> 1 ha) dont les productions ont été commercialisées. De même les hommes se sont mis depuis 1992, sans abandonner leurs parcelles de café et de cacao, à cultiver de grandes parcelles de bananier plantain (> 1 ha) dont la vente leur a permis d’aug-menter leurs revenus monétaires (« on ne va pas se laisser dépasser par les femmes quand même ! »).

La stratégie visant à vendre au meilleur prix a été citée par 33 à 66 p. 100 des personnes interrogées dans trois des quatre sites et moins de 33 p. 100 dans le quatrième. La disparition des filières administrées (cacao et café) qui garantissaient un prix à la récolte, même si celui-ci pouvait varier d’une année à l’autre, a conduit les EAF à s’insérer dans les marchés concurrentiels et fluctuants des denrées vivrières ou maraîchères. Les nouvelles conditions de vente de leurs produits les ont amenés à mettre en place des stra-tégies leur permettant de profiter au mieux des variations de prix. Les cultures de contre-saison, le stockage sur pied du maïs ou du macabo en attendant la remontée des cours de ces denrées, ont été autant de stratégies visant à obtenir les prix les plus rémunérateurs pour les denrées produites. Les EAF ont également tenté, avec des résultats plus ou moins convaincants, de mettre en place des OP permettant à travers la vente groupée de prospecter de nouveaux marchés et de mieux négocier les prix de vente.

La stratégie visant à améliorer les performances des itinéraires techniques a été la moins citée. A part pour Galim, une forte dyna-mique a été observée autour de la production intensive et de la vente des produits maraîchers, moins de 33 p. 100 des EAF inter-rogés ont mentionné cette stratégie. Des exemples intéressants de valorisation des produits de la recherche ont été cités lors de ces entretiens. Ils concernaient surtout l’adoption de matériel végé-tal amélioré (maïs, pomme de terre, palmier à huile, etc.) ou de nouvelles techniques de multiplication du matériel végétal (pour le plantain, par exemple). Mais, en dehors de quelques cultures maraîchères (comme la tomate, le piment), peu de recommanda-tions issues de la recherche ou de la vulgarisation portant sur une intensification à base d’intrants agricoles (engrais ou pesticides) ou de nouvelles pratiques techniques étaient adoptées. Les itinéraires techniques de nombreuses spéculations, en particulier vivrières (macabo, manioc, arachide, etc.), faisaient l’objet d’un nombre limité d’innovations techniques. Pour les cultures pérennes comme

Des stratégies centrées sur la diversification

des productions et des activités

L’analyse des discours recueillis lors de la première phase de l’étude a montré que les 122 EAF développaient six grands types de stratégies d’adaptation (tableau II).

La stratégie d’adaptation citée par plus de 66 p. 100 des EAF inter-rogés pour trois des quatre sites d’étude, et entre 33 et 66 p. 100 pour le quatrième, a été le développement d’activités non agri-coles. L’agriculture est en effet considérée comme une activité « abandonnée par l’Etat », pénible physiquement, risquée et peu rémunératrice. Le statut d’agriculteur est souvent perçu, non comme un choix positif ou comme un vrai métier, mais comme une situation contrainte : « il fallait que quelqu’un de la famille garde la terre », « c’est mon père qui m’a ramené de la ville pour me marier au village », « je n’étais pas fort à l’école ». Le déve-loppement d’activités non agricoles (petit commerce, ouvriers du bâtiment ou des chantiers, routiers, chauffeurs) implique sou-vent la migration du chef d’exploitation vers les zones urbaines pour des périodes plus ou moins longues. Dans d’autres cas, les activités agricoles et non agricoles sont menées de front (par exemple, agriculteur et chauffeur de bus, agriculteur et commer-çant). Cette stratégie de « sortie de l’agriculture » concerne éga-lement l’avenir des enfants des EAF : « je ne veux pas que mes enfants soient planteurs comme moi ! ». Les EAF consacrent une part importante de leurs revenus au paiement des frais de scola-rité de leurs enfants (écoles et lycées publics ou privés). Pour les ménages peu fortunés, dont les revenus monétaires annuels sont de l’ordre de 100 000 à 500 000 FCFA/an (soit 150 à 750 €/an ; 1  €  ≈  656 FCFA), l’effort financier consenti pour l’éducation et la formation professionnelle des enfants peut fréquemment représenter jusqu’à 50 p. 100 de ces revenus. On observe ainsi que les stratégies visant à sortir de l’agriculture surdéterminent une partie des stratégies agricoles et des possibilités d’investissement dans l’outil de production ou les intrants agricoles.

La seconde stratégie d’adaptation commune à l’ensemble des quatre sites, et mentionnée par plus de 66 p. 100 des personnes

Stratégie des exploitants Batcham Galim Obala Ayos par site

Développer des activités +++ ++ +++ +++ et des revenus non agricoles

Diversifier les productions ++ +++ ++ +++ agricoles marchandes

Migrer à la recherche +++ + +++ 0 de terres fertiles

Augmenter les surfaces + ++ + +++ cultivées / actif

Vendre au meilleur prix + ++ ++ ++ Améliorer les performances + ++ + + des itinéraires techniques

(variétés améliorées surtout)

Tableau II

Stratégies des EAF * pour les sites de Batcham, Galim, Obala et Ayos

* Exploitants agricoles familiaux

+++ Citée par plus de 66 % des personnes interrogées ; ++ citée par 33 à 66 % des personnes interrogées ; + citée par moins de 33 % des personnes interrogées ; 0 = non citée par les personnes interrogées

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Revue d’élev

age et de médecine v

étérinaire des pa

ys tropicaux, 2011, 64 (1

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plus ou moins importante en fonction des possibilités locales et des évolutions du niveau de rémunération du travail et de sécurisation des revenus offerts par les différents secteurs d’activité. Ces stra-tégies de pluriactivité se sont également construites autour de parcours de vie mêlant des périodes en milieu rural et en milieu urbain.

Des parcours de vie qui mêlent activités agricoles

et non agricoles

La figure 4 montre, pour le site d’Obala, la relation entre la date de naissance de l’individu et le temps de vie qu’il a consacré à l’activité agricole. Pour limiter l’effet de la variation de l’âge des individus sur les résultats obtenus, seul les parcours de vie des 122 individus âgés d’au moins 30 ans au moment de l’enquête (2008), donc nés en 1978 ou avant, ont été analysés. Les 122 individus concernés comprenaient les chefs d’exploitation et leur parentèle. L’évolution générale mise en évidence par ce graphique était celle d’une diminution au cours du XXe siècle du temps de vie

consacré à l’activité agricole par les individus. L’indépendance du Cameroun en 1960 a en effet marqué le début d’un important développement des institutions (entre autres, forces armées, appa-reil judiciaire) et des services publics (santé, enseignement, etc.) de la jeune nation, ainsi que des entreprises privées des secteurs du secondaire et du tertiaire. Les ruraux nés après 1940 ont été le café ou le cacao, certaines des personnes interrogées ont

indi-qué que l’on assistait même plutôt à une baisse du respect des recommandations techniques : diminution des doses ou dispari-tion des applicadispari-tions d’engrais sur café, diminudispari-tion du nombre ou disparition des traitements contre les capsides du cacaoyer. Cette régression est due aux périodes de baisse des prix de vente de ces denrées et au retrait des appuis étatiques à ces filières : suppres-sion des subventions aux intrants et disparition des brigades phy-tosanitaires. De manière plus générale, et bien que les différentes enquêtes de l’étude n’aient pas comporté de questions précises et systématiques sur le montant des revenus annuels des EAF, les dis-cours des EAF enquêtés ont montré que cette difficulté d’intensi-fication de la production agricole à base d’intrants se heurtait aux faibles disponibilités monétaires de la grande majorité des EAF et à la priorité donnée à la résolution des problèmes de santé (mala-die) ou sociaux (participations financières lors des deuils), et à l’éducation des jeunes.

Des revenus non agricoles souvent importants

Les résultats de la seconde phase de l’étude (tableau III) ont mon-tré que si pour Galim les revenus provenaient à 90 p. 100 des activités agricoles (cultures et élevage), pour les trois autres sites (Batcham, Obala et Ayos), les activités non agricoles procuraient de l’ordre de 30 p. 100 des revenus totaux des ménages agricoles (de 25 à 34 p. 100).

Ces moyennes par site masquaient de fortes disparités entre les ménages de chacun des sites. La réalisation d’une typologie basée sur l’importance relative des différentes sources de revenus moné-taires (cultures, élevages, activités non agricoles) a révélé que les activités non agricoles pouvaient procurer à certains ménages la majorité de leurs revenus. Ainsi à Batcham, les revenus non agri-coles représentaient plus des trois quarts des revenus d’un ménage sur trois. A Ayos et à Obala, un ménage sur cinq tirait plus de 50 p. 100 de ses revenus des activités non agricoles.

Le tableau III montre également que la mobilité spatiale des chefs d’exploitation était non négligeable pour toutes les zones, qu’elles aient été ou non proches des centres urbains. Ces chefs d’exploi-tations ont passé en moyenne entre sept et onze ans en dehors de leur village, soit pour des activités liées à leur formation de base ou professionnelle, soit pour développer une activité salariale ou privée, généralement non agricole, dans les bourgades ou les villes du Sud Cameroun (comme Yaoundé, Douala).

Les stratégies des EAF se sont ainsi construites, pour un nombre important d’entre eux, entre trois ou quatre pôles d’activités possibles (cultures, élevage, activités non agricoles, pêche et chasse, voire cueillette). Ces activités ont été développées de façon

Site Origine des revenus (part en % du revenu total) Nb. années passées en dehors de l’exploitation Activités agricoles Activités non agricoles par le chef d’exploitation

Culture Elevage Maçonnerie, commerce… Pêche, chasse

Batcham 51 15 34 0 7,8

Galim 77 13 10 0 7,4

Obala 69 6 23 2 10,8

Ayos 66 4 16 14 6,9

Tableau III

Importance relative des revenus du ménage agricole et migration des chefs d’exploitation

Temps de vie consacré aux acti

vités agricoles

Année de naissance de l’individu

Agriculteurs 18 indi

vidus

15 % de l’éc

hantillon

Par

cours de vie composite

66 indi vidus 54 % de l’éc hantillon Urbains 38 indi vidus 31 % de l’éc hantillon 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 % 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 Figure 4 : relation entre la date de naissance et le temps de

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auteur rejoint les observations de la présente étude. Elle a permis de structurer efficacement notre propos et de resituer la place des propositions techniques visant à améliorer les performances tech-niques dans le cadre plus général des stratégies d’adaptation des EAF.

L’intensification de la production agricole correspond à la pre-mière catégorie définie par Scoones (42). Cet objectif d’intensifi-cation de la production agricole, qui se traduit généralement par une augmentation des rendements et l’amélioration de la pro-ductivité du travail, constitue une priorité forte pour la puissance publique et ses institutions de recherche et de développement agri-cole. Cette intensification passe, selon ces institutions publiques, en grande partie par la promotion de l’innovation technique. Cependant, cette stratégie d’intensification apparaît peu prioritaire pour les agriculteurs interrogés. Même si certains projets de déve-loppement élargissent les objectifs qu’ils fixent au conseil agricole, on observe encore un important décalage entre les voies envisa-gées par les structures publiques pour améliorer la production agri-cole et les revenus des agriculteurs et la façon dont les intéressés eux-mêmes s’y prennent pour atteindre ces deux objectifs. Cela explique sans doute en partie les difficultés récurrentes auxquelles se heurtent les projets ou programmes d’intensification agricole au Cameroun et plus largement en Afrique (30, 46).

L’extensification de la production agricole constitue la seconde catégorie d’adaptation. Elle correspond à une diminution du niveau des intrants ou de la quantité de main d’œuvre utilisée par hec-tare de culture. Cette extensification se rencontre sur les cultures pérennes comme le cacao et le café pour lesquelles les exploitants interrogés signalent la diminution de l’usage des intrants comme réponse à la baisse des prix de vente de ces produits d’exportation, en contradiction avec les doses préconisées par la recherche. La troisième catégorie identifiée par Scoones fait référence à la diversification des moyens d’existence et des activités. La présente étude montre que cette diversification concerne, d’une part, les productions agricoles marchandes et, d’autre part, les types d’acti-vités développées, en particulier les actid’acti-vités non agricoles. La forte mobilisation par les EAF enquêtés des stratégies de diver-sification des productions agricoles marchandes incite à dévelop-per, en complément des recherches et du conseil agricole organisés par type de culture ou par type d’élevage, des études comparatives et des appuis aux producteurs qui prennent en compte l’ensemble des productions possibles. Il apparaît ainsi utile de développer des analyses technico-économiques et des services de conseil attentifs à l’évolution des nouvelles opportunités qu’offrent les marchés agricoles nationaux et sous-régionaux (comme la Guinée équato-riale, le Gabon). Il s’agit donc d’aller, comme le proposent Faure et coll. (21), vers un conseil qui prenne en compte l’ensemble de l’exploitation agricole et des alternatives productives qui lui sont offertes.

Le développement d’activités et de revenus non agricoles est la stratégie qui est la plus fréquemment citée et mobilisée par les EAF enquêtés. Ceci montre que les représentations décrivant un agriculteur comme un individu qui naît, vit et meurt au sein de son exploitation agricole traduisent de moins en moins la réa-lité des parcours de vie des individus qui se consacrent aux acti-vités agricoles dans le Grand Sud Cameroun. Le développement des activités non agricoles s’enracine dans la longue période des trois décennies de l’après Indépendance (1960-1990) où la rému-nération du travail était plus intéressante en milieu urbain qu’en milieu agricole. Les enquêtes menées par la Société d’études pour le développement économique et social (Sedes) en 1964-65 sur les revenus monétaires annuels moyens des ménages montrent ainsi qu’ils s’élevaient à 55 984 FCFA (≈ 85 € ; 1 € ≈ 657 FCFA)  fortement attirés par ces nouveaux emplois urbains. Cette

diminu-tion du temps de vie consacré à l’activité agricole était essentiel-lement liée à deux raisons. Premièrement, le temps de vie moyen consacré à la formation scolaire et professionnelle est passé de 2,9 années pour la génération des individus nés entre 1900 et 1940 à 11,2 années pour la génération de ceux nés entre 1941 et 1978. Deuxièmement, les activités non agricoles ont représenté seule-ment 18 p. 100 du temps de vie active pour la génération née entre 1900 et 1940, et en moyenne 41 p. 100 pour la génération née entre 1941 et 1978.

Parmi les 122 individus enquêtés, 38 (31 p. 100) ont quitté l’agri-culture pour construire leur vie majoritairement autour d’activités non agricoles, essentiellement urbaines. Ces individus sont quali-fiés d’« urbains » dans le graphique. Ils sont nés dans leur grande majorité après les années 1940 et ont participé à alimenter le mou-vement d’exode rural qui s’est développé au Cameroun à partir des années 60.

Toutefois, ce graphique met surtout en évidence que le phéno-mène qualifié d’« exode rural » (laissant penser que l’on a assisté à un départ définitif de la campagne vers les villes) ne s’est véri-fié que partiellement. En effet, de nombreux individus ont déve-loppé des parcours professionnels composites, qui ont mêlé acti-vités agricoles et non agricoles, tout au long de leur vie. Dans ces « parcours composites », l’importance des activités agricoles se situait entre celle des individus qualifiés d’« agriculteurs », car ils consacraient la majorité de leur temps de vie aux activités agri-coles (> 70 p. 100), et celle des individus qualifiés d’« urbains », pour qui l’activité agricole dans le temps de vie était marginale (< 20 p. 100). Ces parcours composites ont concerné 66 des 122 individus enquêtés et donc 54 p. 100 de l’effectif total de l’échan-tillon. Les individus qualifiés d’agriculteurs étaient au nombre de 18, soit 15 p. 100 de l’effectif total de l’échantillon. Ces individus aux parcours professionnels composites ont été ainsi dans l’en-quête 3,66 fois plus nombreux que ceux qualifiés d’agriculteurs. Ces chiffres ont révélé que l’activité agricole était majoritairement le fait d’individus aux parcours professionnels composites, et non le fait d’agriculteurs qui consacraient l’essentiel de leur vie à cette activité.

Les profils d’évolution obtenus pour les sites de Batcham et d’Ayos ont été similaires à celui d’Obala analysé ici et ont conduit aux mêmes observations. Seul le site de Galim a différé des trois autres (Obala, Batcham et Ayos), puisque l’on a observé dans cette zone maraîchère dynamique une plus faible proportion d’individus ayant développé des parcours composites, et donc une dichotomie plus marquée entre ceux qui vivaient essentiellement des produits de l’agriculture et ceux qui sont partis dans les villes.

■ DISCUSSION

L’application à la présente étude des catégories stratégiques propo-sées par Scoones est d’abord discutée (42), les apports méthodolo-giques de ce travail sont ensuite analysés.

Diversité des stratégies mobilisées par les acteurs

et propositions de la recherche

Les informations recueillies lors des trois phases de l’étude montrent l’importante diversité des stratégies mises en œuvre par les EAF pour maintenir ou améliorer leurs conditions de vie. Les stratégies d’adaptation identifiées et les enseignements en termes de propositions pour la recherche-développement peuvent être ana-lysés en se référant aux quatre catégories de la grille de classifica-tion proposée par Scoones (42). La catégorisaclassifica-tion proposée par cet

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(familiaux, patronaux, capitalistes) et qu’elles concilient au mieux la préservation des ressources naturelles et l’augmentation de la production agricole.

La mobilité spatiale et professionnelle apparaît ainsi comme une dimension tout à fait essentielle des stratégies des exploitants. Cette mobilité permet de changer la donne en faisant évoluer les rapports de pouvoir, financiers et symboliques entre groupes sociaux locaux (petits/grands exploitants) et entre les différents membres de la famille (hommes, femmes, jeunes), comme l’a récemment montré Guetat-Bernard pour les femmes de l’Ouest Cameroun (25).

Intérêt et limites de la méthode

La méthode proposée dans cette étude permet de resituer les pro-positions techniques de la recherche dans le cadre plus global des stratégies d’adaptation des EAF. Elle repose sur des entretiens semi-directifs, une analyse portée à l’ensemble du système d’acti-vités agricoles et non agricoles, et l’étude des parcours de vie et d’activité sur plusieurs générations.

Cette méthode permet un angle de vue original par rapport aux analyses classiques des facteurs d’adoption des propositions de la recherche centrées sur une liste de critères socio-économiques, techniques ou structurels (10, 41, 45) sans aisément permettre d’en analyser la cohérence par rapport à des objectifs de production. Elle permet d’aborder la complexité et la richesse des stratégies paysannes et d’en comprendre les évolutions et les déterminants. L’analyse des stratégies des EAF nécessite d’expliciter non seule-ment les décisions prises au niveau de leurs systèmes de produc-tion et de leurs pratiques techniques, mais également de préciser leurs choix au niveau de leurs systèmes d’activités agricoles et non agricoles. En outre, la prise en compte de la pluriactivité des EAF doit s’établir non seulement à un temps « t » mais aussi dans le cadre des parcours professionnels sur l’ensemble de la vie de l’ex-ploitant pour identifier des changements de stratégies en lien avec la variation du contexte socio-économique. Cela nécessite alors de construire des bases de données décrivant les parcours profession-nels et les différentes sources de revenus monétaires des différents membres de l’exploitation agricole pour analyser ces stratégies sur des pas de temps longs.

Cette démarche complète de façon utile les méthodes propo-sées pour l’analyse des trajectoires de vie qui insistent surtout sur l’étude des bifurcations et de leurs causes (5, 24). Utilisée ici dans le cadre de systèmes de production dominés par les cultures annuelles et pérennes, elle peut également être mobilisée pour l’analyse des stratégies des éleveurs ou des agropasteurs pour qui la mobilité spatiale, l’intégration entre systèmes de production et le temps long (12, 15) sont aussi des dimensions importantes.

■ CONCLUSION

La démarche d’investigation et les méthodes mobilisées ont per-mis de vérifier l’hypothèse de départ : l’intensification via l’adop-tion de proposil’adop-tions techniques ne représente qu’une des stratégies développées par les EAF pour maintenir ou améliorer leurs condi-tions de vie. Le développement des activités non agricoles, l’ex-tension des surfaces cultivées, la diversification des productions agricoles marchandes apparaissent comme des stratégies d’adap-tation bien plus fréquemment utilisées par les EAF que l’améliora-tion des performances des itinéraires techniques par l’adopl’améliora-tion de propositions techniques. Les présents travaux montrent en particu-lier que les mobilités spatiales et professionnelles sont au cœur de leurs stratégies.

dans les zones cacaoyères du Centre Cameroun contre 226 380 FCFA  (≈  344  €)  pour  les  ménages  demeurant  à  Yaoundé  (43,  44). Ce développement des activités et des revenus non agricoles n’est pas propre au Cameroun (37). Les travaux portant sur ces sujets montrent que 40 p. 100 des revenus des ruraux africains proviennent d’activités non agricoles (26, 39). De plus, certaines études indiquent que l’importance de ces revenus d’origine non agricole est en augmentation en Afrique depuis une cinquantaine d’années (9, 27). Comme le souligne Brycesson (8), l’abandon durant les décennies 1980-90 des études portant sur l’analyse du monde paysan du point de vue du travail a conduit à une sim-plification de la réalité. Durant toutes ces années, il a surtout été question « du paysan producteur de denrées agricoles » et une attention insuffisante a été portée à ses capacités de mobilité professionnelle (8). Prendre en compte, au niveau de l’analyse du fonctionnement des exploitations et du conseil, les activités non agricoles des exploitants est alors primordial pour quantifier leur impact sur l’organisation du travail agricole et sur les capa-cités d’investissement et d’intensification dans l’outil de pro-duction agricole (20, 21). Il est également important que les ana-lyses macroéconomiques et les politiques publiques agricoles s’intéressent de plus près à la mobilité de la force de travail et des capitaux financiers entre le secteur agricole et les autres secteurs de l’économie nationale.

La quatrième et dernière catégorie identifiée par Scoones (42) se rapporte aux stratégies de migration. Ces stratégies concernent tout d’abord les migrations temporaires vers les zones urbaines qui ont pour objectif le développement d’activités non agricoles, et que l’on peut donc qualifier de « mobilité professionnelle ». Elles concernent également les migrations liées à la recherche de nouvelles terres à mettre en valeur. Les EAF cherchent ainsi à augmenter les surfaces cultivées par actif pour maintenir, voire accroître, leurs revenus monétaires. Cette extension des surfaces cultivées, qui peut dans les zones peu peuplées (Ayos, Galim) se réaliser à l’intérieur du terroir villageois, impose, dans les zones fortement peuplées où les ressources foncières deviennent rares (Batcham et Obala), des « migrations spatiales » temporaires ou définitives. Ces migrations agricoles se développent en particulier sur de vastes fronts pionniers. Ce sont ceux par exemple de la zone de Talba, ville située à 120 km au nord de Yaoundé, qui portent une part importante de l’expansion cacaoyère actuelle (19), ou celui de Foumbot, ville située à 200 km au nord-ouest de Yaoundé, qui a largement contribué au formidable accroissement de la pro-duction des cultures maraîchères marchandes (47).

Au Cameroun, la disponibilité en terres est en effet importante, et la mise en valeur de nouvelles surfaces constitue l’un des princi-paux leviers d’augmentation de la production agricole des exploi-tants (familiaux, patronaux, capitalistes) et de la nation. L’étude du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) (38) montre, sur la base des deux seuls recensements agricoles dis-ponibles au Cameroun, que la progression de la production agri-cole est due pour 60 p. 100 à l’augmentation des surfaces mises en valeur, pour 11 p. 100 à l’augmentation de l’intensité cultu-rale (nombre de cycles culturaux pratiqués par campagne) et pour 29 p. 100 à l’augmentation des rendements à l’hectare. L’impor-tance du rôle de l’extension des surfaces dans l’accroissement de la production agricole camerounaise incite à développer des recherches et des politiques de développement agricole moins centrées sur l’amélioration des rendements ou de la producti-vité du travail et plus attentives à ces dynamiques d’expansion des surfaces cultivées. Les institutions publiques ont en effet un rôle à jouer pour définir avec les partenaires locaux des mesures d’accompagnement permettant que ces dynamiques d’exten-sion agricole offrent une place aux différents types d’exploitants

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RECHERCHE INNO V A TION – A GRICUL TURE ELEV A GE Revue d’élev age et de médecine v étérinaire des pa ys tropicaux, 2011, 64 (1 -4) : 33-41

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Mis en ligne en juin 2013

Summary

Pédelahore P., Tchatchoua R., Tonka M., Ntsama M., Andrieu N. Place of the adoption of technical proposals from research

in farmers’ adaptation strategies

Technical innovation is often presented as the main lever to improve economical performances and livelihoods of family farmers. It is thus a way to face the variability of the socio-eco-nomical environment. The aim of this study was to analyze the role of the adoption of technical proposals from research within the range of the adaptation strategies used by farmers to maintain or even improve their livelihoods and that of their descendants. Semi-structured and structured interviews car-ried out on a sample of representative family farmers of South Cameroon showed that migrations, off farm activities, increase of cultivated areas, and cash crop diversification were adapta-tion strategies more often used by farmers than the adopadapta-tion of technical proposals. The study highlighted that improv-ing crop management sequences and performances of family farming systems could not be the sole orientation of research and development policies. The increase of farmers spatial and professional mobility points the need to develop research and development policies that focus more closely on territorial and farmers’ management and on interactions between the different sectors of the national economy.

Keywords:Family farm – Innovation adoption – Development

policy – Cameroon.

Resumen

Pédelahore P., Tchatchoua R., Tonka M., Ntsama M., Andrieu N. Restituir la adopción de propuestas técnicas de la

investi-gación dentro de las estrategias de adaptación de los produc-tores agrícolas familiares

La innovación técnica se presenta a menudo como el princi-pal incentivo de mejoramiento de los rendimientos económi-cos y de las condiciones de vida de los productores agrícolas familiares (PAF). Constituye por ende un medio de adaptación frente a la variabilidad del medio socio económico. El obje-tivo de este estudio fue el de analizar el papel del recurso de la adopción de propuestas técnicas derivadas de la investi-gación en el seno del conjunto de estrategias de adaptación movilizadas por los productores para preservar o mejorar sus condiciones de vida y las de sus descendientes. Mediante de la realización de entrevistas semi directivas y directivas, en una muestra representativa de PAF en el Gran Sur de Came-rún, este estudio demostró que el desarrollo de las migracio-nes y de las actividades no agrícolas, la extensión de superfi-cies cultivadas y la diversificación de producciones agrícolas mercantiles fueron estrategias de adaptación más frecuente-mente movilizadas que la adopción de propuestas técnicas. Este estudio realza el hecho de que el mejoramiento de los itinerarios técnicos y de los rendimientos de las explotacio-nes familiares no puede constituir la única orientación de las políticas de investigación y de desarrollo. El aumento de las movilizaciones espaciales y profesionales de los productores fomenta el desarrollo de políticas de investigación y de desa-rrollo más atentas a la gestión de los territorios y de los hom-bres y a las interacciones entre los diferentes sectores de la economía nacional.

Palabras clave: Explotación agrícola familiar – Adopción de

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