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Il vit la colère de son père enfler et eut peur

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Les élèves devaient imaginer la suite de la nouvelle de Mérimée «Mateo Falcone»

Fortunato, le fils de Mateo Falcone, avoue où est caché le bandit aux voltigeurs, car il a trop envie de la montre promise... Mais ce n'est pas conforme au sens de l'honneur corse...Son père lui-même, Mateo, ne peut tolérer la traîtrise…

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Fortunato retourna à la contemplation de sa nouvelle montre. Mateo se retourna et fixa du regard son fils. Celui-ci rentra la tête dans les épaules avant de la relever timidement. Il vit la colère de son père enfler et eut peur.

«Fortunato, dit son père d'une voix forte, tu n'es pas digne de porter le nom de Falcone. Jamais un Falcone n'aurait dénoncé un hors-la-loi. Jamais un Falcone n'aurait même demandé une

rémunération pour cacher un bandit. Ce soir, tu dormiras dehors, dans la cour. Espérons qu'ainsi tu comprendras le sens de l'honneur.»

En Corse, les hivers étaient doux, mais coucher dehors sans couverture était quand même dangereux. Le fils, comme prévu, n'eut pas droit au repas du soir, et dut se contenter d'un vieux croûton de pain trouvé par terre, dans l'herbe.

Fortunato se roulait en boule pour échapper au froid qui lui gelait les entrailles; il entendit son père et sa mère se disputer à voix basse. C'était étrange car Guiseppa n'avait pas prononcé un seul mot depuis l'arrestation de Gamba. Elle s'était contentée d'écouter et d'obéir à son mari. Il comprit, au fil de mots glanés ça et là, que la conversation tournait autour de lui.

Fortunato eut alors une idée. Il quitta le jardin. Dans la nuit, on ne voyait rien à part la pâle lueur de la lune, mais Fortunato connaissait par cœur le chemin jusqu'à l'étable où on enfermait les chèvres allaitantes. Il savait qu'il y ferait plus chaud, grâce à la chaleur corporelle des chèvres. Il eut vite fait, même si ses pieds engourdis trébuchèrent une ou deux fois sur des cailloux, de rejoindre le petit bâtiment en pierres et en ardoises. Il entra dans le foin, et malgré ses efforts pour lutter contre le sommeil, il s'endormit à une vitesse fulgurante.

« Fortunato, Fortunato ! ». Celui-ci ouvrit les yeux et se retrouva nez à nez avec sa mère, le visage neutre. « Viens, ton père veut te parler.

-Oui, bien, mère. »

Il épousseta la paille de ses vêtements et suivit Guiseppa dans le chemin qui menait vers la maison.

Il vit son père, bien droit.

« Soit, dit Mateo, ta mère et moi avons décidé de ton sort. Tu ne peux plus te considérer comme mon fils, à présent, mais comme un simple employé. Tu travailleras pour nous, et selon ta quantité de travail, nous te nourrirons et te logerons, ou pas. Et tu vas changer de nom de famille , tu vas t’appeler Oblivio. Partons aux champs. »

Fortunato travailla trois heures, mais ensuite, il était fourbu et faillit s’endormir sur le manche de sa pelle, jusqu’à ce que son père lui donne un coup de pied.

Il travailla toute la journée, et à midi et le soir, eut droit à un peu de soupe. Au moment de se coucher, son père lui interdit la maison.

Fortunato retourna donc se coucher dans l’étable, ayant au préalable subtilisé un morceau de tissu pour lui servir de couverture.

Ainsi passèrent les jours, puis les semaines, lorsqu’un matin, son père lui cria d’un ton étrange :

« Debout, plus vite, tu as un invité aujourd’hui. » Le visage de son père ne trahissait aucune émotion. Fortunato courut pour sortir de l’étable, sur les talons de Mateo. Dans le chemin se tenait un jeune homme, fusil sur l’épaule, stylet à la ceinture, de la poussière plein les vêtements, l’air fourbu comme s’il avait fait un long voyage.

« Mon nom est Pedro Sanpiero. Le cousin de Gianetto. Tu as envoyé mon cousin en prison, je t’enverrai six pieds sous terre. Si tu avais lu le journal hier matin, tu aurais su que l’adjudant Gamba est mort, tué d’un coup de stylet dans la poitrine. C’était moi. »

(2)

Fortunato protégeait son visage dans ses bras. Lentement, il posa la montre qu’il avait gardé tout ce temps dans sa poche, sur le sol.

« Ton destin ne me concerne plus, Fortunato Oblivio », résonna la voix sonore de Mateo.

Tout ce que Fortunato eut le temps de ressentir, c’est le bruit d’une balle qui siffle dans l’air, puis une douleur effroyable au niveau de la poitrine, et le noir.

Léon

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