• Aucun résultat trouvé

Ico. O Lefort, A Salaires et revenus

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Ico. O Lefort, A Salaires et revenus"

Copied!
82
0
0

Texte intégral

(1)

O

Lefort, A

Salaires et revenus

co

(2)
(3)

SALAIRES ET REVENUS

DANS LA

GÉNÉRALITÉ DE ROUEN

AU

XVIIIo SIÈCLE COMPARÉS AVEC

LES DÉPENSES

DE l'alimentation, DU LOGEMENT, DU CHAUFFAGE ETDE l'ÉCLAIRAGE Lecture faiteà la Sorbonnele30 Avril 1886

Par A.

LEFORT

Plus onconnaît son pays, pluson l'aime, etmieux on le sert.

A. L.

IPri2c

:

± Fr. 50

ROUEN

E. CAGNIARD, IMPRIMEUR, LIBRAIRE-ÉDITEUR

88, rue Jeanne-Darc, 88

/SS6

LIBRERIAIIITERNAZIÛNAir'j;

T

R I N »i

(4)

"^

(5)
(6)
(7)

SALAIRES ET REVENUS

Dans

la Généralitéde

Rouen, au XVIIP

siècle,

comparés avec

LES DÉPENSES

de r alimentation,

du

logement,

du

chauffage et

de

l'éclairage.

(8)
(9)

SALAIRES ET REVENUS

DANS LA

GÉNÉRALITÉ DE ROUEN

AU

XVIIIo SIÈCLE COMPARÉS AVEC

LES DÉPENSES

DE L^ALIMENTATION;, DU LOGEMENT, DU CHAUFFAGE ETDE l'ÉCLAIRAGE Lecturefaiteà laSorbonne le30 Avril1886

Par A.

LEFORT

Pluson connaîtson pays, pluson l'aime, etmieux onle sert.

A. L.

I^rix:

:

± 'Ft. 50

ROUEN

E. CAGNIARD, IMPRIMEUR, LIBRAIRE-ÉDITEUR

88, rue Jeanne-Darc, 88

i886

(10)

//

'X/î

(

JAN 2 6 ISoo

\\5'

V, ^pj

1043745

(11)

INTRODUCTION

En

étudiant l'histoire de la Généralité de

Rouen au

siècledernier, dansles archivesde laville et

du

départe- ment, l'auteur

du

présent travaila été toutparticulière-

ment

frappé, d'un côté, de la modicité des salaires, des traitements, des revenusde toute espècefournis par;/

\

lapropriété bâtie ou

non

bâtie; del'autre, de la cherté!

relative des choses nécessaires à la vie et surtout des!

aliments.

j

En comparant

les chiffres actuels

du

salaire sous toutes sesformes,etdesrevenus,c'est-à-diredes

moyens

d'achat avec les chiffres des dépenses indiquées plus

(12)

6

haut, illui a semblé que lesuns avaient

augmenté

dans

une

proportion triple, quadruple et parfois quintuple, pendant que les autres ne s'étaient élevés que de la moitié ou

même

d'un tiers, ce qui en réalité constitue

une

diminution considérable.

La

lecture d'actes notariés de toute espèce et d'ou- vrages de l'époque n'ontfait queconfirmer ces premières données.

Pour

en démontrer le bien fondé, il se propose, dans

les lignes quisuivent, d'indiquer :

P Le

chiffre des salaires ou traitements, celui des revenus des propriétés;

2° D'évaluer, en prenant ce chiffre

comme

base, le prix des dépenses d'alimentation, de logement, de chauf- fage etd'éclairage.

Cette étude sera complétée plus tard pourtoutesles autres dépenses, celles

du

vêtementetde l'ameublement, des transports, des plaisirs, en

un mot

des dépenses de toute nature, de nécessitéoud'agrément.

L'auteur n'a point l'outrecuidance de penser qu'il failleadopter sesconclusions

comme

définitives; sontra- vail,n'ayant été fait qu'incidemment, présente de

nom-

breuses lacunes.

Son

ambition aété plutôt de fournir des

(13)

C'est ce qui a également déterminé la Société libre d'Emulation

du Commerce

etdel'Industriede

Rouen

àle

prendre sous son patronage,pour que la lecture en fût faite, en son

nom,

à la dernière réunion des Sociétés savantes^

1 VoirleJournal Officieldusamedi1ermai1886.

(14)
(15)

CHAPITRE

I

LES SALAIRES ET LES

REVENUS

I

SALAIRES ET TRAITEMENTS

AU

XVIII^ SIECLE^

Le

Détail

de

la

France^

de Boisguillebert, quinous reporte

aux

origines

du

siècle, nous apprend qu'il n'ya point d'ouvriersde

campagne

qu'à sept

ou

huit solspar jour, et que ce prix double dans le moisde la récolte

Un

contemporainde Boisguillebert,

Le

Pelletier,juge

au

Tribunalde

commerce

de

Rouen

^, dans

un mémoire

resté

1 L'auteur a indiqué les salaires deRouen et des canapagnes envi- ronnantes.

2Bétail de la France, p. 194, édition de 3707.

3 Mémoires pourle rétablissementdu commerce en France, rédigés parlesieur Jean LePelletier, par ordre de Messieurs les juges et consuls de Rouen, pour être présentésà nos seigneursdu commerce, 1701.Voirlemanuscrit d'Adrien Pasquier, àlaBibliothèquedela ville de Rouen.

(16)

10

manuscrit, et des plus curieux parce qu'on

y

retrouve

les théories

du

célèbreéconomiste rouennais, indiquepar quels

moyens

on pourrait relever l'industrie etle

com- merce

et seprononce pour

un

impôt sur les denrées. Cet impôt,selonlui,ne serait pointonéreux

aux

pauvres, car ceux-ci, grâce à la prospérité des manufactures, ver- raient leursalaire s'élever dans de notables proportions ;

il fixe le salaire d'une famille d'artisans, composée

du

père, de la

mère

et de quatre enfants, à

43

sols; lesa- laire

du

premier s'élevant à 15 sols, celui de sa

femme

à8etceluide

chacun

deses enfantsà5, etil està

remar-

quer que c'estlà, pourainsidire,

un

salaireidéal.

L'inventaire desarchivesciviles etecclésiastiquesdans lesquelles le savant archiviste

du

département de la Seine-Inférieure,

M.

de Beaurepaire, a noté tout ce qui peut présenter

un

intérêt historique, nous donne les prix suivants : salaired'un

manœuvre

à

Rouen

en 1710, 14 sols (4 à 5 fr.)^ ; d'un terreur (terrassier), en 1728, 10sols (5 fr.); pour planter des

pommiers

et des poi- riers, 12sols; en 1737,les ouvriers sontpayésàAliher- mont, les

femmes

7 sols, les

hommes

11 et 15 sols;

1 Leschiffres entreparenthèses indiquentles salaires actuels.

(17)

eu 1746, les

femmes

12 sols, les

hommes

16; la

main-

d'œuvre estde 10 et 12 solsen 1748; ce sontles

mêmes

prix àtrès peu près jusque vers les premièresannées du règne de Louis

XVI.

Ainsi, les

manœuvres

en 1771, negagnent encore que 15 solsà

Rouen

^; les batteurs en grange ne gagnent que 5 solsdans lescampagnes. C'est le

même

prix pourles ouvriers de fabrique

d'Aumale

^ en 1737, mais les peigneurs ont 8 sols^.

A

Alençon ces ouvriers ne sontpas

mieux

rétribués.

Les ouvriers qui formaient corporation, touten étant payés plus cher, n'en avaient pas moins

un

salairegran-

dement

inférieurà ceux de nosjours.

En

1710, unebro- deuse gagnait20sols^;

un

maître

maçon 30

(1711).

Le

charpentier

du

pont de

Rouen

obtient

30

sols (6 fr.)

au

lieu de

25

qu'il avait antérieurement^;

un

couvreur de

1 Archives ecclésiastiques, série G, t. I, liasse196; t.II,liasse336;

t. III,liasse12etpassim.

2 Semichon,Hist. d'Aumale.

3 Les prix varientà Rouen pour les fileurs et les tisseurs, depuis 3 francsjusqu'à5. Employerdes ouvriersquine sont pas capables de gagner au moins3 francsestregardécommeune mauvaisespéculation.

4 Inventaire des Arch. civiles, sérieG,t. II, passim.

5 Archives dela villedeRouen,registredes délibérationsdel'Hôtel- de-Ville, 1725.

(18)

\

12

tuiles secontentaitde

20

solsen

1728

(6fr. 50), etde

25

en

1742

; les bulliniersn'enavaientque20.Lesplombiers sontlesplusfavorisés;en 1743 une journée deplombier etde son

manœuvre

monte à4 livres 5sols;

un

paveur, en 1746, ne

gagne

que 1 franc 8 sols (6 fr.). Lesprix, toujours à peu près stationnaires, s'élèventvers 1780.

Un maçon

etson manoeuvre, à Rouen, reçoivent

50

sols.

A Aumale,

cependant,

un

chapelierne gagneencore que

24

solsK

L'anglais

Arthur Young,

dontle livre est

une

source inépuisable de renseignements, fixepour toute la France la

moyenne

d'une journée

d'homme

à 19 sols, sans la nourriture, bienentendu; celledes charpentiers à30sols, etil prétend, en exagérantpeut-être

un

peu, qu'en

Nor- mandie

le salaire avaitdoublé depuis douze ans^,

Dans

^ les manufactures,suivant le

même

écrivain, lesouvriers

1 Les prix ontsuiviau xviiif^ siècle une progression très lente,sauf vers le règne de Louis

XVL

La progression est plus forte pour le revenu desterres. Voirle tableau des fermes deshospices.

A

Rouen,

leprix moyen des ouvriers du bâtimentest de 6 francs.Voir lasérie des prix adoptés par le syndicat, en tenant compte de laréduction accoutumée. Ces renseignements

m

ont été fournis par M. Locquet, présidentdu syndicat.

(19)

gagnaient

26

solsS les

femmes

15 sols et les fileuses

9 sols.

Les chiffres de salaires s'abaissent

énormément pour

les travailleurs qui sont nourris; la suite de cette étude en donnera l'explication.

La

nourriture représente àelle seuleles

deux

tiers au moins

du

salaire ordinaire,

quand

elle n'estpas toutlesalaire ou à peuprès.

Aux

hospices de

Rouen,

le garçon boulangertouchait 12 livres par

an^

le boulanger 60 livres, le cordon- nier55, son garçon2, le tailleur 50^. Ces prix s'élevè- rentparlasuite, mais dans une très faible proportion ;

en 1764, le menuisierest payé 100 livres.

Disons toutefois que laquestion pouvait se compliquer

icidesavantages accordéspourl'obtention delamaîtrise

1 Voyages enFrance pendant les années 1787, Î788, 1789^

par Arthur Young, traduction de H.-J. Lesage (Guillaumin), t. II, p. 264.

2 IIy a aujourd'huiaux hospicesde Rouentrois boulangers, lepre- mier gagne 160 francs par mois, lesecond 60 francset lanourriture, plus2 sous parsac defarine (àpeu près12fr.), letroisièmea 20fr.

par mois, estnourriet logé.Je dois ces renseignements à Tobligeance deM.Moinet, directeurdeshospices.

'^ Letailleura 100 sous, ainsique lemenuisier et lejardinier.

(20)

14

à

ceux

qui exerçaientcertains métiers dans leshôpitaux de Rouen.

Les conducteursdesmanufacturesdetricot etdetoiles auxquelles travaillaientles

pauvres

valides sontpayés, le premier 50 livres, le second

60

^

Dans

les comptes de l'archevêché (1743),lecharretier recevait 100livresde gages^ et le

prix de

sa

nourriture

était évalué

à 218

livres,

comme

celle

du

trotteur qui ne recevaitque

75

livresde gages^.

Les gages desdomestiques sont à l'avenant;àMonti-

villiers, trois domestiques coûtent 150livres, ou

50

fr.

chacun^. Les garde-malades sont payésà Dieppe 6livres pour huitjours.

De

cette énumérationdessalaires, recueillis indistinc- tementau furet à

mesure

qu'ilsse présentaient, dansles divers documents, on pourrait peut-être inférer que la

moyenne

des salaires des simples

manœuvres

pou- vait être à

Rouen

de 15sols pour les

hommes,

de 10

1 Archives départementales. Compte des hospices de juin 1730à juin 1731. Les travauxse faisaientau comptedes négociants de Rouen.

2Archives départementales. Compte des hospices de juin 1830 à juin 1831.

^ Arch.ecclésiastiques, série G, t. II, p. 192.

(21)

pourles femmes, en les diminuant

au commencement du

siècle pour les élever àla fin.

Que

dansles

campagnes

ces prix se maintenaient beaucoup plus bas ; qu'on en trouvait de 5, 6 et 8 sols, ainsi que dans certaines fabriques.

Les salaires des ouvriers formant corporation pour- raient, sous les

mêmes

réserves, être approximativement

fixés à25,

30

etrarement

40

sols.

Ces prix ont plusque triplé de nos jours pour tous, et pour beaucoup ils sont devenus quatre et cinqfois plus forts.

Dessalaires proprement ditspassons

aux

traitements.

Dans

les hospices, lasupérieure dessœursa100livres, les autres religieuses reçoivent 40 livres, 24 livres et

même

10livres par an ^

Les chapelains ont

250

et

300

livres

au commence- ment du

xviii^ siècle; leur traitementatteint

500

livres en 1764^; l'économe n'en aque 100,le dépensier 80.

1 Comptedes hospices, années 1730-1731, 1764-1765.

2Comptedes hospices, id. id. id.

(22)

16

Le

médecin 150 livres, l'apothicaire 100 livreset le chirurgien

120

livres; il est stipulé quece dernier devra s'entretenir « d'habits etde rasoirs »^

Lesarchers chargés de la police des vagabonds ont :

le sergent

400

livres, ses trois

compagnons 300

livres, leur traitement,mis en regardde ceux denos sergents de ville, est quatre fois moins élevé.

(Compte

des Hospices.)

Voici quelques chiârespour les fonctionnairesdel'en- seignement.

En

1778, le bailli

d*Aumale condamna

le syndic et les habitants

du

village de Barques àprendre

un

maîtred'école capable d'instruireles enfants etàlui régler les salaires convenables jusqu'à la

somme

de 150livres. (Histoire

cfAumale,

par Semichon.)

Au

mois de septembre 1783, on lit dans le

Journal

des

Annonces

de

Normandie^

:

«

On

désirerait trouver

un

sujet, garçon, ou, s'il est marié, ayant peu d'enfants, de bonnes

mœurs,

possédant

«arithmétique, sachantbienécrire, le plain-chantet qui aitde lavoixpourêtre clerc et maître d'école dans

un

1 Comptedeshospices, exercice 1704-1705, 1740-1741.

2 Plus tard leJournal de Normandie, aujourd'hui le Journal de Rouen.

(23)

bourg,

aux

environs de

Rouen

; il

y

a

72

livres de fixe,

sans le casuel, qui peutvaloir autant; il aura plus de 80écoliers, tant chezlui qu'enbourgeoisie. »

Le

curé de Cliponville écrit àl'arclievêque de Rouen,

La

Rochefoucauld, que la

sœur

préposée

aux

écoles n'a que 100 livrespar an (sérieG, t. II).

En

1764, le premier maître à

Rouen

avait

300

livres.

Si nous remontonsà la première moitié du siècle, nous trouvons

25

livrespour

un

quartier à

Salmon

^;

75

livres également pour

un

quartier

au

prêtre qui dirige les écoles. Peut-être

y

avait-il pour ces derniers des

avan-

tagesaccessoires.

En

1774,

une

rente de 162 livres 10 sols estcréée en faveur d'un maître d'école pourle

hameau du

Puis, les villages de

Braquemont

et de Neuville; le maître n'ac- ceptera aucunsprésents.

Le

traitement

du

maîtred'école a donc

au

moins quintuplé; ajoutonsque souventalors ils n'étaientpointlogés.

Les traitements des professeurs au Collège de

Rouen

étaient moins dérisoires.

En

1762, l'année

même

de l'expulsion des jésuites, ils reçoivent 1,000, 1,100 et 1,200livres2.

1 Compte-rendudeshospices.

2JournaldesAnnonces,juillet1762. 3

(24)

18

A

Evreux, ils sont moins favorisés, n'ayantque 150à

300

livres; toutefois il faut

y

ajouter la rétribution des élèves, dont le total pour les trois professeurs pouvait s'élever à

800

livres, ce qui porte la totalité de leurs

émoluments

au chiffre bien modeste encore de

400

à

550

livres. (Bonnin.

Documents pour

servir

à

VHist.

d'Evreuœ.)

Les pensions d'émérite, données après vingt ans de service, sont fixées à

600

livres pourRouen, à

400

livres pour Alençon.

Il

y

a augmentation pour les professeursde

Rouen.

En

1781, les

deux

professeurs de théologie reçoivent 1,700 livres; ceux delogique, de physique etde rhéto- riques 1,400livres; lesautres 1,300 et1,200livres

^

En

1784, lorsque le collègede médecine

demande

àla municipalité la création de trois cours, la dépense de

chacun

de ces cours estévaluée à

500

livres.

Le

professeur de botanique, qui cumulaitl'enseigne-

ment

et lacultureduJardin botanique, touchait

500

livres

comme

professeuret

300 comme

jardinier.

Il est vrai que Lecat recevait le traitement

énorme

1 Arch.civiles, série D, liasse367.

(25)

pourl'époquede 5,200livres. Mais Lecat étaitlagrande illustration de la ville, célébrépar Voltaire^ et regardé

comme

le rivalde gloire de Buffon. Ajoutons aussi qu'il faisait à lui seul, au grand désespoir des autres

méde-

cins, cinqousixcours, que ceux-ciaprèssamort,

deman-

dèrent àse partager^.

Les appointements d'un desprincipaux fonctionnaires de la ville, Saint-Maure, receveur des deniers, s'éle- vaient à 1,600livres ; il

demanda

et obtint en plus

un

logement dansla suite.

Nous

nenous écarterons pas dela question des salaires ettraitements en relevantles prix suivants :

10 souspour abattre

un

arbre (aujourd'hui50), 1 sou pourles décrotteurs, 4 souspour les perruquiers.

10sous

aux

curés pour une messe basse; à partir de 1753, le prixen fut porté à 15 sous, mais on fut obligé alors, danslediocèse de Rouen, de réduirele

nombre

des

1 Lettrede Voltaire à Cideville, 7 mars 1739(Garnierfrères).

2 Arch, municipales. Requête des médecins à Messieurs de l'Hôtel de ville, féyrier 1785, après la mort de David, qui avait succédé a Lecat,dont il était legendre.

(26)

20

messes de fondation perpétuelle, d'où de nombreuses plaintes.

A Aumale, un

long procès divisa letrésorier, qui tenait à ce que toutes les messes fussent dites, et les prêtres qui le traitèrent d'Erostrate.

Ce

ne fut qu'aprèsavoir épuisé tousles degrés dejuridiction ecclé- siastique et civile,que lespartiesarrivèrentàsefaire des concessions réciproques

^

Les visitesdemédecin étaitpayées, à Dieppe, chez les Ursulines, 5 sousà

un

sieur Forestier, mais le chirur- gien Cousin recevait9 sous parsaignée^, le plus souvent 10sous chez les particuliers.

Lecat exigeait jusqu'à

30

livres.

A

l'occasion d'une

épidémie dansla généralité, Lepecq delaClôture, autre médecinfortcélèbre,recevaitdelaville,pourvingt jours de

voyage

et de séjour,

240

livres, ou

20

livres par jour.

Nous

pouvons encoresignaler, entre autres particula- rités, les honoraires de l'avocat Perchel,

un

des futurs

membres

duConseilSupérieur de

Maupeou;

l'archevêché lui comptait24 livresparjour, pour

voyage

ettravailà

1 Semichon. Hist. d'Aumale.

2 Arch. civ., sérieD, liasse294.

(27)

Gaillon;pendantune semaineà

Rouen

ilrecevait18livres parjour.

Nos

médecins ou nos avocats en

renom

se contente- raient à peine aujourd'hui, pour leurs déplacements, d'indemnités dixfois plusfortes.

L'un des

mieux

partagés en fait de traitement était l'exécuteur des hautes œuvres, ou plutôt les six exé- cuteurs de la Généralité de

Rouent

Celui delà haute justice touchait6,000 livres.

Nous

voyons dansl'un de sesmémoires, que pour pendreetétrangler le

condamné,

le dépendre, le porter

aux

fourches patibulaires et le rependre, ilrecevait 120 livres.

II

LES

REVENUS

DES PROPRIETES

Lespropriétésne donnent pas

un

revenu plus avanta-

geux

que letravail.

La

propriétébâtie

ou non

bâtie etsurtout la première, estlouée cinqfois mois cherque de nosjours.

J'excepte ici le capital argent, d'autant plus productif

1 Inveut, des arch. civiles, série C,liasse946.

(28)

22

qu'il est plusrare, etje

me

contenterai de rappeler qu'à presque toutes les pages

du Journal

des

Annonces

de

de

Normandie

\ on faitappel à ceprécieux capital; que

le gouvernement, toujours besoigneux, offre des place- ments, en rentes viagères, à 10 0/0 sur

une

tête, à 8 1/2 sur

deux

têtes, sansdistinctiond'âge etau choixdes ac- quéreurs.

A

Paris, le Mont-de-Piété, établi par Necker, prête

lui-même au

tauxde 100/0.

PROPRIÉTÉS BATIES

Pour

les propriétés bâties, prenons les

baux

des hos- picesdontles nombreuses maisons et lesfermes formaient le revenu presque exclusif^.

En

1701, des chambres, proche le VielPalais, sont louées à des écoliers pour 10livres paran;

La veuve

de Jean Capelle, pour

une

année delouage d'unecuisine, d'une couretd'une petite

chambre

dépen- dante d'unemaison siserue du Gril, paie 8 livres.

Une

maison et

un

jardin rue Saint-Maclou,

55

livres.

A

GuillaumeLeforestier, plâtrier, pour

une

année de

ïII estdevenuleJournal deRouen, ^

2 Comptedes Hospices, les bauxétaient emphythéotiques.

(29)

23

louage d'une maisonetjardin au faubourgSaint-Hilaire, 65livres.

Les exercices de 1743-44, nous donnent les

mêmes

prix^

En

avril 1763, dans le

Journal

des

Annonces,

nous voyons qu'unepartie de maison, sise rue

du

Cordier, est à louer; « elle consiste en

une

cave, cuisine, écuriepour quatre chevaux,

deux

remises,

un

bûcher au rez-de- chaussée;

au

premier, une grande antichambre servant desalleà manger,

un

cabinet d'assemblée ayant

deux

grandes croiséesenespagnolettes,une

chambre

àcoucher

et

un

cabinet de toilette avec cheminée; au second,

une

grande

chambre

à cheminée,

un

garde-meuble où on pourrait pratiquer des chambres, une petite

chambre

à cheminée et des greniers dessus, avec

un

belesca- lieren

rampe

defersans

communauté.

Le

prix decetappartement estde

350

livres. »

En

1767, dansla

même

feuille, annonced'une

maison

prèsSaint-Maclou, louée

300

livresavec

un

jardin garni d'arbres etd'espaliers.

Enfin,

au

mois de

décembre

1778, toujours dans la

1 Voir parexemple les Annonces de NorTnandie, décembre1778.

(30)

24

même

feuille, on

demande une

maison à louer, rue des

Carmes

ourueGrand-Pont,alorslesrueslesplus

commer-

çanteset les plusbelle de laville; onvoudrait une belle boutique élevée, avec cour, cuisine etcinqou six

cham-

bres; sielleconvient on mettrajusqu'àneufcentslivres.

Pour

qui connaîtla cherté excessive des loyersdansla villede Rouen, cherté qui à peine touche à son point d'arrêt,ilestévidentqueleloyer desmaisonsn'égalaitpas la cinquièmepartie

du

loyeractuel, etque, dans certains cas

même,

il ne s'élevaitguère qu'à la dixième partiede ce revenu.

Nous

en trouvons encore

une

preuve bien concluante dansla comparaison

du

loyer de certains immeublesdes hospices, pourlesquels nous avonsen regard et les

baux

dusiècledernier etles

baux

d'aujourd'hui :

Siècledernier 1884

Maison

rue

aux

Ours,

nM5

3801. » 1.400 fr.

rue

Edouard-Adam,

23

160 »

1.600

rue delaPoterne, n°12. .

98

»

450

n«14..

98 »

410

-_

nM8

. . 128 »

720

raeSaint-Nicaise,

n«2...

100 »

500

(31)

25

etilen estde

même

pour presque toutes lesmaisonsqui appartiennentencore

aux

hospices, sauf bienentendules cas d'emphythéose.

Lespropriétésbâties étaient, à ce qu'ilparaît, d'assez

mauvais

rapport.

Dans

les registres des délibérations de l'Hôtel-de-YiHe de

Rouen,

surtoutdanslapremière par-

tie

du

xviii^ siècle, maintes etmaintes fois la municipa-

lité accorde à ses locataires, et ils sont également fort,

nombreux,

la jouissance gratuite pendant 29 ans des maisonsqu'ils occupent, lorsqu'ils consentent à fairedes réparations d'une certaine importance.

Dans

ce cas, les locataires indiquent exactement quelles doiventêtre ces réparations, la qualitédesmatériauxà

employer

;

un

plan

esttoujours annexé à la

demande

et

aucun

détail n'est omis.

Nous

trouvonsencore dans ces registres

une

requête adressée à l'intendant par le curéde la paroisse Saint-

André

(faubourgCauchoise);il se plaint d'êtrele seuldes curés de

Rouen

qui n'ait point de presbytère, et il ne reçoitqu'une

somme

de 150fr. pourlui tenir lieude ce que nous appellerions son indemnité de

logements

1 L'intendantlui-même,pour son logement etpour sesbureaux ne recevaitqu'une indemnité de3,000fr. (jusqu'en1781).

(32)

26

Ce

bon marché

n'empêche point, du reste, le prési- dent Yernouillet de s'emparer, en 1706, d'unlogement de la porte Cauchoise, qui était la propriétédela ville,

parce

qu'il est

bon pour

sa santé. Les représentants delacitérésistentd'abord, puis ils cèdentlamaison ainsi usurpée«consistant en

deux

petits appartements dontl'un étaitloué

42

liv.18 sols, etl'autre 40livres,plus

un

troi-

sièmeplus considérable occupé par Bucaille pour 150 livres; entout

202

liv. 18 sols.»

La

municipalité, dans

une

premièredélibération, stipu- lait

une

redevance de 8 livres « qui n'était quele prix d'une simple reconnaissance.Maisbientôt^poitrmargi^er

encore une plus grande

considération

pour M.

le président Vernouillet^ ilfutdécidéque leditboulevard

lui seraitdonné pourlui en jouir sa vie durant, sans en rien payer; il sera tenu seulementde l'entreteniret le

rendre en l'étatqu'il est. »

Cette délibération, textuellement reproduite ici, nous donne, il

me

semble,

une

indication précieuse sur ceque pouvaitêtrel'omnipotence des

hommes

dejustice, et sur lesrapports d'une municipalitéavec

un

président de

Par-

lement, au

commencement du

xviii^ siècle.

(33)

PROPRIETES

NON

BATIES

Si nous

examinons

le tableau ci-joint des fermes ap- partenant

aux

hospices de Rouen, et disséminées dans le

départementde la Seine-Inférieure, nous constaterons

un

lentmais continuel accroissement de leurs revenus.

Sinous

comparons

les

baux

dans lapremière moitiédu

siècle dernier, avec les

baux

actuels, nous trouvons quel'écart estpresqueexactementde

un

à quatreetdemi.

Amfreville-les-Champs. 1746 1.

600 — 1880

10.

800

Auzouville-l'Esneval .. 1746

470 — 1882 3.500

Fontaine-le-Bourg .... 1750

300 —

1878

1.400

Grand-Quevilly 1719

4.500 —

1881

9.025

Héricourt-en-Gaux.... 1718

2.800 —

1884

14.000

Monville 1723 1.000

1874

6.820

Prétot-Vicquemare.... 1737

500 — 1885 2.400

Saint-Paër

1745 300 — 1883

1.720

Vieux-Rue

1746

840 —

1876

5.000

Yquebeuf-Colmare . . . . 1733

1.000 — 1880 5.000

13.310 59.665

Nous

avons pour les

baux

actuels la

somme

de 59,665fr.qui, diviséepar13,310, totaldes

baux

primitifs.

(34)

28

nous donne presque exactement le rapport de 4,50 à ^

Aux

environsd'Aumale, dans l'étudede

Leullier, notaire à Lignières-Cliatelain,j'ai eu l'occasion de rele- verles

baux

suivants,il

y

a quelques mois.

Un

journal

semé

en

mars

paye 8livres (1778). 4jour-

naux

et demi de terres labourables au terroir de

Cau-

lières, situésau

Vieux-Chemin, 45

livres.

Un

demi-jour-

nalchargéde mars, 6 liv. 15 sols.

Un

demijournal,der- rièreles

Pucheux,

6 liv. 15 sols. Or, lejournal (43ares) se loueraitencore dans la contrée trois et quatre fois plus cher quelesprix

marqués

ci-dessus.

Il est vrai qu'outre ces prix, les adjudicataires au xviii° siècle, d'après les termesdubail, sontastreints à payer les cens et rentes, à en apporter annuellement quittance sans que les bailleurs soient

même

tenus àla livraison

par corde

ni

mesure,

c'est-à-dire àprouver quela superficieduterrain louéestbienexactementcelle qu'indiquelesbaux.

La

terrelouéedansces conditionsétaitloin,onlepense bien, d'avoir la valeur vénale qu'elle a atteinte depuis, ou

même

celle de ces dernières années,malgrél'abaisse-

1 Voirie tableaudesfermes de la ville de Rouen, p. 'd'6.

(35)

ment

général

du

prix despropriétés.

Dans

l'étude

du

tabel- lionde Lignières sontvendus en 1774trois quartierschar- gés deblé,tenus en roture, pour50livres; en 1778, trois quartierségalementchargés deblé, mais oùiln*est pasfait

mentionde roture, pour la

somme

de

316

livres ende-

niersprincipaux, 3deniers à Dieu pour les pauvres, 24 livresde vinet

deux

pairesdebas évaluées k 4 livres pour épingles.

Un

demi-journal chargé de blé, sur le

chemin

d'Offignies à Bettembos,

75

livres, plus 15 livres pour

lelabouretla semence.

Enfin,

un

autre quartierde terrepour

50

livres.

La

valeur actuelle, d'après les clercs de l'étude de Lignières, pouvait être pour le premier lot à 1,000

livres, pourlesecond à 1,200 livres, pourle troisième à

800

livres etpourlequatrième à

600

livres.

C'est-à-direquece qui avait été

vendu

en tout, il

y

a un peuplus de centans, pour

534

livres3deniers, attein- drait aujourd'hui le chiffre plus que sextuple de 3,600 francs.

Par un

hasardassez singulier,

comme

je relevais

une

venteen date du 15 juillet 1779, de huitjournauxet

demi à la Couture, pour 2,424 livres plus 2 sols de deniers à Dieu pour les pauvres, età la chargede2sols

(36)

30

pour chaquejournalet

chacun

an, à l'abbayed'Auchy,il

se trouva qu'unepartie de ces terres avaientété vendues en

1685

surlepiedde1.500lejournal,cequi eutfaitpour

les huit

journaux

et demi 12,750 fr. ; enfin, lelundi de

Pâques

1886, dans

une

nouvelle vente

au même

en- droit,

un

lot atteignait,àlasurprise générale,ilest vrai, le chiffrede 2,400 fr. lejournal.

Les chiffres suivantsprisdansl'inventairedes archives ecclésiastiques de

M.

de Beaurepaire, nous conduiraient, jecrois, à peuprès

aux mêmes

conclusions.

En

1789.

— A

Beaubec, acre de terrelabourable 6 et

15livres;valeur intrinsèque 120 et

375

livres; à

Mau- quency

6livresdeloyer, valeur intrinsèque 120livres; à Neufchâtel,

même

prix; àRoncheroles, acre de prairie, loyer

25

livres, valeur intrinsèque,

750

livres; pour la terrelabourable,

20

livres, valeur

600

livres; à

Som- mery,

loyer 14livres en terre labourable, valeur

375

li- vres; au Grandes-Ventes, acredeprairie,loyer

25

livres, valeur

750

livrespourlaterrelabourable, loyer10livres,

valeur

200

livres K

Toutefoisje n'hésite pas à déclarer que

mes

conclu-

1 Inventaire des archiverciviles,sérieD,liasse 2,184, l'acre en Nor- mandie étaitde 54 ares67 centiares.

(37)

sions sont légèrement infirmées par les évaluations de A.

Young,

qui, de 1787 à 1789, traversa

deux

foisnotre payset

y

étudia particulièrement tout ce qui a rapportà l'agriculture; voici les prix qu'ildonneet qui ne concor- dent pas complètement

du

moins ni avec les fermages deshospices, ni avec

ceux

desterres

du

chapitre.

« Entrée par

Aumale,

les solsarables sevendentici

800

livres l'acre

(=

1,297 fr.

35

l'hectare) et selouent

de

24

à

30

livres

(=46

fr. l'hectare).

De

Neufchâtel à Rouen, prixde la premièrequalité :

1,214fr.

70

l'hectare; les

champs

ouverts,

648

fr.

70

l'hectare; prèsde

Rouen

il

y

en a beaucoup à 1,946 fr.

l'hectare ; à Yvetot, 1,621 fr. l'hectare, et il parle en fort mauvais termesdela culture

du

pays de

Caux^

Ces chiffressont plus élevésassurément queles précé- dents; ils atteindraient souvent la moitié et parfoisplus de lamoitiéde nos prix actuels. Je laisse à de plus ha-

bileslasolution de cette difficulté : il

me

suffitde donner

les prix authentiquesquej'ai relevés,etqui sontdes plus bas.Chez Arthur

Young

ce nesont, après tout, quedes évaluations.

1 A.Young, t. II, p. 54 et 55.

(38)

32

Que

sil'on se demandaitpourquoi, à une époque où le capital argent rapportait

un

si fort intérêt, le capital terreen fournissait

un

si faible, on en trouveraitl'expli- cation dans les charges sans

nombre

qui grevaient ce capital.

Dans

le

Journal

de

Normandie,

nous trouvons (jan- vier1792), le calcul de ce quedevait payerle proprié- taire d'une ferme d'unrevenu de 1,200 livres avantles modifications apportéesàl'impôtparlaConstituante :

P Deux

vingtièmeset 4 sous par livre. ... 1321. »

2^

Le

taille, 1 s. 6d. parlivre

90

»

3°Accessoires et capitation,

24

sous par

livre de lataille 108 »

4°Prestation des chemins, 5 sousparlivre

delataille

22

10

En

plusla

dîme

estiméeà

240

»

Ce

quidonne

un

total de

592

1. 10 C'est-à-dire presque la moitiédurevenu, et le double de l'impôt actuelou àpeu près.

Dans

l'Eure onétait plus

malheureux

encore ; s'ilfaut en croirelecahier de doléances de la paroisse d'Epre-

(39)

ville, ilfallaitpayer pour 100 livres de rente en terre;

25

pourla taille, 16 pourles accessoires, 15 pourla ca- pitation, 11 pour dixième et sou pour livre ; en tout67 francsoules

deux

tiers^ Ajoutons cependant que cesim- pôtsne devaient peser si lourdement que sur quelques- uns, surlesplus

malheureux

;lesprivilègesde tout espèce rejetaient la plus forte part des charges sur

ceux

qui n'avaient

aucune

défense,

aucun

protecteur.

«

Un

fonds de 4 ou 6arpents, écritBoisguillebert,sera baillé à50livres et paiera

20

livres de taille, etlorsque parle sort

commun,

il vient

aux

mains

du

seigneurou de quelquepuissant, on nele

compte

que sur le pied de

la moitié. »

La

seconde raison

du

bas prixde laterre,c'est queson ^y^^

rendement,

même

dansles sols fertiles, était des moins élevés. «

Le rendement

de ces magnifiques terrains (du pays de

Gaux)

nedépasse guère

30

à

40

boisseaux de

50

litresparacre.

On

le déclareextraordinaire

quand

il at-

'^

teint

45

et 50 boisseaux ; celui de l'avoine est de 50.

Quellehonte^ ! »

1 Boivin-Champeaux. Notice historique sur la Révolutiondans le département del'Eure. (Hérissey), page 37.

2 A. YouNG,p. 54, t. II, Noël dela Mormiéredans sa géographie 5

(40)

34

Les meilleures terres de Normandie, ditPoucton

(Mé-

trologie, in-4°, 1780, p. 610), ne rendent guère que le sextuple, les moins bonnes ou médiocres le quintuple,la plus grandepartie le quadruple.

D'après les archives ecclésiastiques (Série

C,

liasse 2,160),

un

acre deterre de médiocre qualité rendait en- viron 150gerbes, etlagerbedonnait

un

septième ouhui- tième de boisseau dansles bonnes années ou àpeuprès21 boisseaux;

comme

l'acre représentait 54 ares 67 cen- tiares et le boisseau

25

litres, nous arrivons à

un

rende-

ment

total, à l'hectare, de 8 hectolitres au plus.

Young donne comme moyenne

des magnifiquesterrains du pays de

Caux 35

à

40

boisseaux,c'est-à-direàl'hectare

un

peu moinsde 16hectolitres; c'est

une moyenne

de 12 hecto- litras tout au plus. Aujourd'hui la

moyenne

est supé- rieure de plus d'un tiers, et la quantité des semences restantla

même,

le produit netest presquele double

du

produit net d'alors.

dudépartement dela Seine-Inférieure, 1795, conteste l'appréciationdu voyageuranglais,qu'il regarde commetrop sévère.

(41)

CHAPITRE

II

Dans

lespages qui précèdent, nous avons essayé de prendre

une

idée des revenusfournis par le travail, puis desrevenusfournisparlespropriétés, cesderniers restant inférieurs

aux

revenusactuels, dans unetrès forte pro- portion, à peuprèscelle de

un

à trois et

même

à quatre.

Dans

les pages suivantes, il nous resteàfixer de la

même

façon le chiffre des dépenses.

Pour y

arriver nous passerons en revue le prix des aliments, pain, viande, poissons, beurre, œufs et celui desboissons, cidre etvins ; enfinles dépensespourlelo- gement, le chauffage et l'éclairage.

PAIN ET BLE

La

chertérelativeetla variabilité du prix des aliments etsurtout

du

pain, telleaété la grande plaie

du

paysau xviii^ siècle.

— Le

blé.

En

1701, le muid^ accordé

aux

jésuites par

1 Le muid de blé, mesure d'Arqués, égalait 1,826litres ; lamine 91 litres.

(42)

36

la ville est estimée à

600

livres (33 fr. l'hectolitre)^

En

1707, la

mine

vaut4liv. 10 s.

En

1727, 9livres; en 1729, 8liv. 10 s.

Mais en 1730, les hospices achètent 143

muids

10 mines, pour 30.289liv. 12 s.

En

1737, la

mine

varie de 15 à

22

livres (Hôtel-de- Ville), eten 1767, de15 à 16livres

^

En

1771 et

1772

la livre de blé

monte

à 4 sols, la fa-

mine

estgénérale.

En

1775, de 15 à 16 livres

^

De

1780à 1789, 12livres la

mine

et 15livresen1789.

C'estpresquetoujours plus dela moitié des prix actuels.

Mais

au

prix

du

blé ilfaut ajouter la

monte

ou

mou-

ture.

A Rouen,

les boulangers

comme

les bourgeoisde- vaient faire

moudre

leurs blés

aux

moulins à bâon

(moulinsbanaux)^. -

"^

Nous

pouvons nous rendre

compte

de ce que préle- vaient d'après leslignessuivantes

du Journal

des

An-

1

A

partirde 1702, la ville accorde aux jésuites 96, 97,98et quel- quefois99 muids, à titred'aumône, pourle collège.

2 Biblioth.de Rouen.Lettres à Laverdy.

3 Lettre deMontholon au ducd'Harcourt.

4 (Saufles privilégiés de touteespèce.)

V. la supplique deJean Roostj fermierdesmoulinsabaod.Deliberat.de l'Hôtel-de-Viile,1755.

(43)

nonces

(mars 1776) les adjudicataires de ces moulins :

«

Un

particulier de cette ville s'étant aperçu que son

meunier

ne lui rendait pas

un

fidèle compte, s*est avisé, cesjoursderniers, de peser son blé.

Sur

146livres dumeilleur iln'en areçu que 86 livresde farine et 24 livres deson. Ilnousengage d'insérer cet avis afinquele publicne soit plusdupe, et le rédacteur ajoute :

« L'intentionestbonne, mais cetabusexiste depuis des siècles; la cause en est simple: le public est obligé de

moudre

àtelmoulin,le

meunier

en donne

un

loyer exor- bitant et les potsde vin; ilfaut payer, ila

une

famille ;

cet abus,

comme

tant d'autres, naîtdel'exclusif. »

On

ne peutêtreplus

accommodant

avecl'exclusif!

Le

droit de

monte

était d'unpeu plus

du

onzième; le

meunier, sur 146livres, auraitdonc

prélever à peu près 15livres, ilen prélevaitplus

du doublet

Outre la

monte

ilfallaitpayerle drpitde

coutume

àla halle. Ce droitavait été

grandement

abaissé à

Rouen,

parsuitede la résistance desblâtiers. Ceux-ci, sous pré- texte que l'adjudicataire

du

droit ne percevait qu'une obolepar mine, ayantrefusé de payer en disantqu'il n'y avaitplus de

monnaie

de cette espèce.

l V. Supplique de Jean Roost.

(44)

38

L'adjudicataire réclama;

un

arrêt du Conseil

du

roi lui

donna

gainde cause, mais nel'autorisaqu'à percevoir

un

liard par

somme

de cheval, ce qui revenait à

deux

denierspar

mine

composéedequatre boisseaux.

Hôtel-

de-YilIe 1722.

A Aumale,

c'était le droit de galette; il sepayait en natureetconsistait à prendre, surle palletier, au labou- reur qui avait

vendu du

grain,

un

boisseau, aprèslui en avoir

mesuré

48. Ailleurs, c'était le

même

droit sous d'autres noms.

Lesentraves mises au

commerce

desblés, soitparle

gouvernement, soit par les passions populaires, doivent être mises en compte.

La

foules'en prenait à tout,

aux

marchands, qu'elle traitait d'accapareurs,

comme aux

meuniers, auxquels cependant tout

commerce

de grains ou defarines était interdit. Ces derniers, à

Aumale,

ne pouvaient

même

pas emporter le blé que leurs clients avaient achetés au

marché

sans s'exposer à de mauvais traitements, « de façon qu'une

femme

qui aurait une famille assez

nombreuse

pour avoir besoin d'acheter cinq boisseaux de blé, est obligée de les porter sur son dos, tout d'une traite, plusieurs centaines de toises, sans qu'un meunier ose lui aider à se recharger,

quand

bien

(45)

39 même

elle succomberait sous le fardeau, ce qui fait périr quelques

femmes de temps à

autre ^ »

A Rouen comme

à Evreux,ilest faitdéfense

aux meu-

niers de nourriretengraisser des porcs... il leur est en- jointde boucherles trous qui sont en bas des blutteries, vulgairementappeléslestrousà son^.

A

chaque instantdans les marchés, éclatent des

émeu-

tesauxquelles les pouvoirs publics sont le plus souvent obligés decéder.

Ou

bienencore Messieurs

du

bureau se trouvent dans la nécessitéde faire porter à la halle

un

certain

nombre

de sacsdes blésde la villepour satisfaire à l'empressement

du

peuple qui se mutinait pour en avoir^.

Ou

bien encore, on

donne

desgratifications

aux mar-

chands,

même

étrangers,

80

francs pour chaque

muid

de bléqu'ils apportentà

Rouen,

en 1725.

En

1706, laville

vend

des bléspourfournirlemarché.

Nouvelles émeutes en 1725, en 1739, en 1725, en 1771, etc., etc.

1 HippLAU, Archives du Château d'Harcourt, t. V.

2 BoNNiN. Documents pourservir àVHist. d'Evreux.

3 Rouen, hôtel-de-ville, 1701. La municipalité avait toujours en réserveune quantitéde blé.

(46)

40

Il n'y avait pas plus detranquilitédanslescampagnes,

le duc d'Harcourtécrit, en 1768, qu'ilnefaut pas seflat- ter que les seigneurs osentrester dans leurs châteaux,

chacun

se sauvera danslaville prochaine.

Et on délibèresurla suppression des

marchands

privi- légiésde grains (1775) vraies sangsues

du

peuple etusu- riers des boulangers, écrit

M.

de

Montholonau

maréchal d'Harcourt^

Le

prix

du

pain subit naturellementles variations du prix des grains.

En

1713et1714, la livre de

489 grammes

coûte 2sous 9deniers, etla ville de

Rouen

propose

au

roi

une

avance de

300,000

livrespour acheter desblés.

En

1725, le pain debouche^de 14onces coûte4 s. 6 d.

Le

painbis3s. 6d. Il seraitpluscherencoresile parle-

ment

n'avaitrendu

un

arrêtpourlefixer àce chiffre.

En

1740, on fait

du

pain moitié orge, moitié froment, à

2

s. 6d.

Le

pain bis de pur froment, à 3 s. 6 d., et les

boulangers perdaient

deux

liards à la livre; ils étaient indemnisésparla ville.

En

1758, lepain, àCherbourg, est à

2

s.

1 HiPPEAU, vol. II.

2 Pain de luxe.

(47)

41

En

1762,

2

s. 6 d^

En

1768, émeute à

Fécamp,

le pain bisà 3 s.

En

1780, 2s. 8 d. r« qualité; seconde,

2

s.

2

d.;

troisième, 1 s. 8 d.

En

1784, à

2

s. 8 d.. arrêt

du

parlementquienjointde faire trois sortes depain, la première qualitéà8 sous, la secondeà2s. 2d.; latroisième à1 s. 8 d.^

Pour

le pain,

comme

pour le blé, c'est plus de la moitiédesprix actuels; que si on multiplie les chiffres ci-dessus par trois ou par quatre, pour arriver

au

prix relatif, on voit combien grande devait être la misère.

C'est

du

pain à 10, 12et 16 sols lalivre.

Aussi^enJJg^

onbroute l'herbedes

champs;

en 1752, le peuple

manque

t(5'falement de pain, « ilest réduitàse former des nour-

» rituresquifont horreur à l'humanité ».

A

Forges, les

malheureux mangent du

pain d'avoine, d'autres

du

son mouillé«cequi acausé la

mort

debeaucoupd'enfants^. »

S'il enestainsi en

Normandie,

province fertile enblé, ilest facile d'imaginer quelle doit être la cherté de cette denréepour le reste

du royaume

1 Inventaire des Arch. civiles, passim.

2 Antérieurement, pour éviterlesémotions populaires causées parle renchérissement dupain, leParlement autorisaitles boulangers à en diminuer lepoids. C'étaittoujsurs le pain de quatre livres, mais la livre n'étaitplusde seizeonces.

3 Taine, ancienRégime. §

Références

Documents relatifs

C e n'est donc plus la simple relation des salaires aux prix de gros qui correspond au mouvement du chômage, mais un rapport qui tient compte de l'influence continue des salaires

Faire un programme qui affiche une ligne de cinq carrés de côté 40, si possible centrée comme indiqué ci-dessous :.. Points

C'est ainsi que les appointements des membres du corps législatif furent fixés, en août 1795, à 614 quintaux de blé (soit environ 300.000 francs actuels); ceux des membres

Les fermes à culture moins intensive, où les rendements sont moins élevés, font aussi de moindres dépenses en vue de la récolte; les labours de préparation sont moins parfaits, la

En outre, si le pain ne varie pas beaucoup à certains moments, c'est que peut-être le bénéfice du boulanger, la marge entre le coût de la farine et le prix de vente, a diminué..

Il a prévu de faire un jardin sur une parcelle ADI, en prenant le soin que (BC) soit parallèle à (DI).Un technicien doit faire un devis, pour cela ,il commence à mesurer

Malheureusement, les événements de 1870-71 sont venus jeter une perturbation générale dans les transactions; il y a eu de terribles chômages, qui sont loin de vouloir

•gHeolT Mâçon Menuisier. 42 c), attribué au journalier agricole, de 1849 à 1853, par les commissions, ne diffère pas de celui que nous trouvons dans l'enquête agricole faite