périr quelques
femmes de temps à
autre ^ »A Rouen comme
à Evreux,ilest faitdéfenseaux
meu-niers de nourriretengraisser des porcs... il leur est en-jointde boucherles trous qui sont en bas des blutteries, vulgairementappeléslestrousà son^.
A
chaque instantdans les marchés, éclatent desémeu-tesauxquelles les pouvoirs publics sont le plus souvent obligés decéder.
Ou
bienencore Messieursdu
bureau se trouvent dans la nécessitéde faire porter à la halleun
certain
nombre
de sacsdes blésde la villepour satisfaire à l'empressementdu
peuple qui se mutinait pour en avoir^.Ou
bien encore, ondonne
desgratificationsaux
mar-chands,même
étrangers,80
francs pour chaquemuid
de bléqu'ils apportentàRouen,
en 1725.En
1706, lavillevend
des bléspourfournirlemarché.Nouvelles émeutes en 1725, en 1739, en 1725, en 1771, etc., etc.
1 HippLAU, Archives du Château d'Harcourt, t. V.
2 BoNNiN. Documents pourservir àVHist. d'Evreux.
3 Rouen, hôtel-de-ville, 1701. La municipalité avait toujours en réserveune quantitéde blé.
40
Il n'y avait pas plus detranquilitédanslescampagnes,
le duc d'Harcourtécrit, en 1768, qu'ilnefaut pas se flat-ter que les seigneurs osentrester dans leurs châteaux,
chacun
se sauvera danslaville prochaine.Et on délibèresurla suppression des
marchands
privi-légiésde grains (1775) vraies sangsuesdu
peuple et usu-riers des boulangers, écritM.
deMontholonau
maréchal d'Harcourt^Le
prixdu
pain subit naturellementles variations du prix des grains.En
1713et1714, la livre de489 grammes
coûte 2sous 9deniers, etla ville deRouen
proposeau
roiune
avance de300,000
livrespour acheter desblés.En
1725, le pain debouche^de 14onces coûte4 s. 6 d.Le
painbis3s. 6d. Il seraitpluscherencoresileparle-ment
n'avaitrenduun
arrêtpourlefixer àce chiffre.En
1740, on faitdu
pain moitié orge, moitié froment, à2
s. 6d.Le
pain bis de pur froment, à 3 s. 6 d., et lesboulangers perdaient
deux
liards à la livre; ils étaient indemnisésparla ville.En
1758, lepain, àCherbourg, est à2
s.1 HiPPEAU, vol. II.
2 Pain de luxe.
41
En
1762,2
s. 6 d^En
1768, émeute àFécamp,
le pain bisà 3 s.En
1780, 2s. 8 d. r« qualité; seconde,2
s.2
d.;troisième, 1 s. 8 d.
En
1784, à2
s. 8 d.. arrêtdu
parlementquienjointde faire trois sortes depain, la première qualitéà8 sous, la secondeà2s. 2d.; latroisième à1 s. 8 d.^Pour
le pain,comme
pour le blé, c'est plus de la moitiédesprix actuels; que si on multiplie les chiffres ci-dessus par trois ou par quatre, pour arriverau
prix relatif, on voit combien grande devait être la misère.C'est
du
pain à 10, 12et 16 sols lalivre.Aussi^enJJg^
onbroute l'herbedes
champs;
en 1752, le peuplemanque
t(5'falement de pain, « ilest réduitàse former des
nour-» rituresquifont horreur à l'humanité ».
A
Forges, lesmalheureux mangent du
pain d'avoine, d'autresdu
son mouillé«cequi acausé lamort
debeaucoupd'enfants^. »S'il enestainsi en
Normandie,
province fertile enblé, ilest facile d'imaginer quelle doit être la cherté de cette denréepour le restedu royaume
1 Inventaire des Arch. civiles, passim.
2 Antérieurement, pour éviterlesémotions populaires causées parle renchérissement dupain, leParlement autorisaitles boulangers à en diminuer lepoids. C'étaittoujsurs le pain de quatre livres, mais la livre n'étaitplusde seizeonces.
3 Taine, ancienRégime. §
42
En
1771, Voltaire écrivait àM.
d'Epinay : « le pain vaut 4à5 solsaucœur du royaume
età l'extrémité oùje suis» ; ajoutons, en nous appuyant sur le témoignage d'Young, que ce pain était des plus mauvais, qu' « ily
avait centpour centdedifférence entrele pain que
con-sommait
la classe pauvre desdeux
pays » (laFranceet l'Angleterre) ^A
ce tableau si sombre, on pourraitajouter, avecun
semblantdevérité, que silepain étaittrèscherdans cer-taines contrées où à certaines époques, ily
avaitpar pontre des régionspu destemps où il ne coûtait presque riën.11 est facile de répondre quecette abondanceéphé-mère
n'empêchaitpas les populations d'êtreruinées, de périrde faim«quand
la bise était venue. » Quelqu'abon-dantes que soient leseaux
à l'entréed'undésert, silevoyageur ne peut en emporter une suffisante provision, il
n'en
mourra
pasmoins de soifau milieu dela plaine brû-lante.Cesécarts etces variations souvent subites des prix n'étaientpasmoins
dommageables aux
producteursqu'aux consommateurs. «On
avu
depuis trente années, dit1 A. YouNG, t. Il, p.263.
Boisguillebert, lebléhors de raison, ce qui faisaitpérir les pauvres, ou à vil prix, ce qui ruinait également les richeset les pauvres».
Disons en passant quec'est pour obvier à ces disettes incessantesque tant d'efforts furent faits en
Normandie,
bien avant Parmentier, pourintroduirelapomme
deterrecomme
alimentpourl'homme.Grâce
auchevalierMusteletà
d'Ambournay,
lesgens aisés l'admettaient sur leurs tables,comme
l'atteste lePecq
dela Clôture, dansson livre surlesépidémies, endate de1772; mais,ajoutait-il,on n'a
pu
accoutumernos paysans etnos pauvresàen fairedu
pain. Parmentier n'a fait que s'inspirer de l'exemple de cesdeux
savants ; il amême
quelque peu copiélesécrits de Mustel.. . sans trop le dire.Lesautres céréales, orge, seigle, avoine, les fèves, le sarrazin, les lentilles, suivaientle prix
du
blé. Je pour-raisen donnerles preuves, mais je crains d'avoirabusé déjàdes chiffres.II
VIANDE
Le
prixdelaviandevariaitmoins, parce qu'on peut, àla rigueur,se passerde viande,si on nepeutsepasser de pain.
44
Le
bœuf, lemouton
et le veau se vendaient aumême
prix : à 9, 10 et 11 solsla livre
^
Le
hatelet coûtait 1 sou et latillette 2sous de plus quele restedela viande; les bas
morceaux
se vendaient à prix défendu.La
graisse de lard etle saindoux valaient 18 sols.Le
lard frais 13, lesalé,14et15 sols. Telleétaitlamoyenne
des prixdanslasecondepartieduxviii^siècle^. Ilsétaient fort élevés; aussi se plaignait-on généralement des bou-chers.
En
1771,mémoires
dessieurs Vattier,Moret etGronet bourgeois de Rouen, surlacherté excessive delaviande, quisevendait dansles villes 12, 14et15sous. (Archives civiles.)1773, arrêt
du
Parlement, 15 février, qui permetaux
bouchersforains d'apporterdans lemarché
deRouen
les viandes debœuf, vache, veau,mouton au
pied de 9 s. la livre; lequarrè
demouton
seravendu
14 sous. {Journal desAnnonces.)
1 Dans les bonnes maisons il y avait un abonnement fait avecle
boucher àlafin du carême, leprixrestait le
même
pourtoute Tannée.2 Dans les bourgades ou petites villes, le prix était inférieur de beaucoup. Aussil-e viande sevendait5 sous à Fécamp lorsque le pain coûtait 3sousdans la mêmeville.
En
1787, leParlement taxe laviande de boucherie à 10 sols, maisles bouchers n'en tiennent pas compte; ilsgagnenténormément. «
Le veau
danslescampagnes
se donne.On
avendu
pour45livres desveaux
en état de donner 160à 180livres de viande. »Le mouton
gras nesevend qu'à 36et38livresla paire.Etlejournalse plaint
du
privilègeconcentré entre50
et 60 bouchers.
Ne
se croirait-on pas en l'an de grâce 1886,avec cette différence que nos plaintes sontmoins
fondées, puisqu'iln'y a plus deprivilègede boucherie.
On
s'enprenaitmême
àlacoquetterie des bouchères, à leurtoilette, à leurs bonnets de dentelles, qui forçaient leurs tendres maris à surélever le prix de leur mar-chandise.La
viande, si on tientcompte du
pouvoir relatifde l'argentaux deux
époques, coûtait peut-êtredeux
fois pluscherquede nos jours. Cette chertétenaitàcequ'on élevait, etsurtout à ce qu'onengraissaitpeude bestiaux,même
enNormandie,
à l'exception des bœufs dontla viandeétait réservée pour Paris et lesgrandesvilles^1 Aux hospices de Rouen, le poids moyend'un bœuf abattu était évalué à6001iv.Lebouclier,pourletuer,recevait4liv 10s. (Hospice).
Le poidsmoyend'unbœufauxabattoirs seraitdudouble, aujourd'hui.
46
Dans
lespetites villes, ditYoug,
t. ii, p. 261, on n'abat que desvieillesvaches. . . le veauy
est aussi inférieur.., Mais où l'infériorité atteint son plus grandterme, c'estpourle mouton. Il estsi généralement mauvais que j'af-firme n'avoir pas vu, vivant ou mort, d'un bout dela France à l'autre,
un mouton
qui passeraitpourgras chez nous ; il estsi maigrequ'à peine nous paraîtrait-ilman-geable. »
Ajouterque dansles villes, la viande était,
comme
de nosjours, soumise à des droits d'entrée, c'étaitlepied fourché;
les hospices deRouen
prenaient leur part de ce droit dansles proportions suivantes : 6 liv. 15 pourun
bœuf; 3 liv. 7 s. 6 d. pour une vache;22
s. 6d. pourun
porc; 15 s. pourun
veau; 7 s. 6 d. pourun mouton;
4 s. 6 d. pourchaque issueet
jambon
; le droit totalainsi perçu s'élevait à 58,958liv. 9 s. 6d.VOLAILLE ET GIBIER
La
volailleet le gibiercoûtaientpresque autantquede nosjours, ce qui doitétonner,vu
lagrande quantité de gibier.Poulet.
—
21 poulets pour26
livresen 1707 \Poularde, 3 livres, 1707,
50
sous en 1735;chapon
gras, 3 liv. 15 s. ;
chapon
paillé,même
prix; chapon vieux, 2liv. 4. ; poule, 2livres^.Dindon, 3livres en 1773; en 1788,3 liv. 4 s. (Young,
t. Il, p.264).