Le désespoir tout blanc
Clarisse Nicoïdski
(Éd. Kraft) L'auteur raconte à la première personne un moment de la vie d'une débile mentale. Son vocabulaire simple, dépouillé nous fait tota- lement adhérer à une pensée originale.Ce qui fait la richesse de ce livre, c'est avant tout la description de la sensualité du personnage. Et l'on est tour à tour éclaboussé de couleurs, poissé de chaleur puis baigné d'ombre, environné d'odeurs, de sons, constamment gêné par le malaise physique.
L'incompréhension qui règne entre la débile et son entourage nous interpelle aussi en tant qu'éducateur puisqu'elle pose le dou- loureux problème de la difficile communica- tion entre ces êtres dont nous ne mesurons pas toujours les possibilités et un entourage souvent peu disponible.
Régine Galan
Un groupe de jeunes adolescents de la 6• à la 3• du collège le Chapître à Chenôve, et quelques adultes sont allés, au mois de juin, visiter ce musée si insolite d'Art - hors - les normes : rr La Fabu/oserie JJ.
Tous ces jeunes étaient déjà sensibilisés à la notion de musée.
Par ailleurs, ils avaient lu Je catalogue de
r r
La Fabu/oserie JJ, le n° 22 de Créations et la S. T. n° 968 consacrés à cet art-là. Mais que d'exclamations ! Car la réalité derr
La Fa- bu/oserie JJ a une dimension qui saisit, qui fait sortir le spectateur de ses « tripes ». Qu'on apprécie ou pas, on ne peut pas rester insen- sible à cet art !Voici quelques réflexions glanées au retour de la visite :
« Ce sont des choses qu'on ne voit nulle part ailleurs. » Yasmina (3•).
DOUZE SCULPTEURS DANS LA VILLE
A Digne-les-Bains, en Haute-Pro- vence, vient d' avoir lieu, du 15 au 30 juin 1985, le 11
8symposium inter- national de sculpture.
Curieuse manifestation que ce symposium de sculpture organisé par la municipalité de Digne et son école des Beaux-Arts !
C'est en marbre que toutes ces sculptures créées en quinze jours par douze sculpteurs de diverses nationalités et sensibilités différentes (Japon,
Allemagne, Italie, Corée du Sud, France, Hollande) ont été réalisées sous les yeux des habitants de la ville . Du beau marbre extrait de la carrière Mi chelangelo à Carrare
1Entourés des citadins, ces artistes, dans un court laps de temps, ont dû lutter avec un gros bloc de cette riche matière pour laisser une œuvre d'art bien intégrée à la citée, renouant avec la tradition des sculpteurs bâtisseurs du passé!
Ainsi cette rencontre artistique originale qui fut un lieu de création, d'échanges et de commu- nication a permis à des artistes de s'exprimer, de sensibiliser une population à l'art tout en enrichissant le patrimoine culturel d'une ville.
«
Super, formidable, insolite, extra-imaginaire, introuvable ailleurs. » Raphaël (6•).«
C'est un bon moyen d'expression qui est permis à tous. Peur, angoisse, plaisir ... se trouvent dans ce musée. » Éric, Clarisse (5•).«
C'est bien et étrange. C'est un moyen de voir pour une fois un musée qui est rempli d'œuvres de vrais artistes du peuple, surtout celui qui est aveugle.»
Christophe, Fabienne.« Ce qu'a fait cet aveugle est extraordinaire 1 Il a tout monté et animé par le toucher ...
»
«
Ce qui m'a touché aussi c'est que M. et Mme Bourbonnais ont parcouru la France pour trouver ces objets. »Alvaro (4•).« Ça change. On n'a pas l'habitude de voir ça ! La pièce où il y a tous ces personnages ficelés m'a choquée. Je n'aimerais pas faire ça, je ne pourrais pas.
»
Rachel (6•).« Il y a beaucoup de force dans cette pièce aux personnages ficelés. Quelle étrange vision du monde 1 » Janine.
« Le plan de présentation est important : chaque pièce a une unité d'ambiance et de matériaux, ce qui apporte beaucoup à la mise en valeur de chaque réalisation. Certaines pièces ont des noms qui préparent au mys- tère : le tunnel, le grenier blanc, le grenier noir ... >>
« Madame Bourbonnais est une hôtesse très accueillante. Elle est très favorable à la visite de groupes de jeunes. Elle sait leur parler.
Elle prend des risques mais finalement tout se passe bien. La visite est très vivante.
»
Jean-Pierre, Marie-Dolorès, Janine.
Nous vous invitons à lire Créations et la S. T. consacrés à ce musée qui est celui de l'insolite comme le disent ces jeunes : de l'art brut, de l'art hors-les-normes, un art marginal, un art des profondeurs ... Un art qui crie, blesse, provoque, fait peur, dérange ...
Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, il ne vous laisse jamais indifférent.
Janine Paillot
