Plan Borloo
60 000 jeunes concernés à la rentrée 2005 Programme de réussite éducative :
200 projets d'ores et déjà définis « pour assurer un soutien individualisé et personnalisé aux jeunes en fragilité en prenant en compte la globalité de leurs difficultés scolaires sanitaires et sociales »
- lutter contre l’illettrisme et assurer l’éducation à la santé (contre la dyslexie et contre l’obésité !)
- objectif de 750 projets d’ici 2009 avec priorité accordée aux ZUS - 5 internats en septembre
- 31 millions d'euros dégagés sur un total de 1,4 milliard d’euros d’ici 2009.
Ce plan nous pose deux problèmes de fond :
- la question des difficultés est abordée sous l'angle de l'individualisation avec une forte référence aux comportements notamment familiaux.
Il s’agit de traiter médicalement les difficultés. La conception des apprentissages est totalement erronée, elle suppose que l’individu apprend seul ou dans sa famille . - la question des difficultés scolaires et d’éducation (pour les jeunes de 2 à 16 ans) est traitée à l’extérieur de l’école.
Malgré le rajout d'une phrase dans le décret collège, l’école est de fait évacuée.
Quelle sera la qualification des personnels qui prendront les élèves en charge ? Par qui seront-ils recrutés et rémunérés ?
Si le principe d'une très forte mixité sociale est affirmé pour la création des 5 internats de réussite éducative, cela risque de n'être qu'un simple effet d'affichage.
Pour mémoire, vous trouverez ci-dessous l'analyse que nous avons faite au CSE lors de la présentation du projet de loi.
Le premier paragraphe de la note de présentation souligne que malgré son rôle prépondérant l’Ecole ne peut pas tout. On peut en convenir mais on aurait aimé qu’elle se donne les objectifs et les moyens pour faire un peu mieux.
Or, la loi sur l’avenir de l’Ecole qui vient d’être adoptée situe, selon nous bien en deçà de ce qui serait nécessaire, le niveau d’ambition et d’exigences pour la formation de toute la jeunesse. Force est de constater que le texte qui nous est présenté ici entérine ces orientations.
S’il est rappelé que les dispositifs de réussite éducative ont vocation à s’articuler complémentairement avec les dispositifs existants , on ne trouve pas trace d’une quelconque reconnaissance du travail réellement accompli par les équipes pluri-professionnelles de suivi dans les établissements scolaires. Malgré la diminution des recrutements et les suppressions de postes, les conseillers d’orientation-psychologues, les assistants de service social, les CPE, les médecins, les infirmiers s’efforcent d’assurer la prévention des décrochages, et des abandons scolaires, l’écoute ,le suivi et l’accompagnement des élèves les plus fragiles.
Ainsi le paragraphe 2.4 du projet qui nous est soumis qui traite du repérage des enfants et des adolescents , les confine dans un rôle de diagnostic et de signalement aux équipes pluridisciplinaires extérieures. A aucun moment, n’est mentionnée l’approche spécifique de ces personnels de l’Education Nationale qui suivent ces jeunes tout au long de leur scolarité et connaissent de l’intérieur l’institution scolaire puisqu’ils travaillent au quotidien avec les enseignants ; Pourtant ils ont pour mission de contribuer à la réussite de tous les élèves et attendent de leur Ministre non pas qu’il les marginalise mais qu’il leur en donne les moyens.
A cet égard le projet de circulaire de rentrée ne peut nous rassurer.
On nous présente comme une grande innovation un dispositif qui vise à articuler le travail en interne avec les prises en charge externes. Mais c’est déjà ainsi que nous travaillons ! Par exemple, les psychologues du premier degré, les co-psy travaillent avec les CMPP, les services hospitaliers de pédiatrie et pédopsychiatrie, avec les associations de soutien scolaire, les structures municipales d’information de la jeunesse etc.. Les CIO sont des lieux d’échanges et de rencontres des différents partenaires au niveau du district scolaire. L’amélioration de la coordination peut toujours être bénéfique pour les jeunes et leurs familles mais nous savons aussi d’expérience qu’elle demande du temps .
Quant aux équipes pluridisciplinaires qui seront instituées nous nous interrogeons sur leur efficacité ? En effet, le regroupement de personnels dépendant de différentes structures publiques et privées peut donner l ‘impression aux familles qu’on répondra mieux aux difficultés de leurs enfants, mais nous voulons ici souligner la misère du service hospitalier en personnels. Psychologues, pédopsychiatres, orthophonistes, rééducateurs en psychomotricité, manquent, ce qui entraîne des délais d’attente de plus de trois mois parfois avant l’obtention d’un premier rendez vous. Les Centres médico-psychologiques dépendant des départements ou des communes ne sont souvent pas mieux pourvus. Sans moyens supplémentaires pour le service public , la tentation sera grande de recourir en priorité au secteur privé ou associatif qui n’offre ni la même palette d’intervenants ,ni les mêmes niveaux de compétence.
En outre loin de mettre fin aux disparités entre les territoires , ces dispositions risquent au contraire de les aggraver en transférant sur les collectivités territoriales une partie de ses missions.
Enfin le fonctionnement proposé appelle de notre part au moins deux mises en garde. La confidentialité des informations ne nous paraît pas suffisamment garantie au sein des équipes pluridisciplinaires et il nous paraît dangereux de fixer la rédaction d’une charte au niveau local comme si les principes déontologiques auxquels obéissent ces professionnels pouvaient s’accommoder de déclinaisons géographiques particulières.
S’agissant des internats la volonté de mixité sociale réaffirmée dans le texte comme condition de la réussite de l’expérience a toutes chances de rester un vœu pieux dès lors qu’ils s’adresseront à des adolescents connaissant des difficultés familiales ou environnementales qui chacun le sait bien sont plus nombreuses dans les milieux frappés par le chômage , la précarité et ce que ces difficultés sociales entraînent.
Nous retenons de ce programme qu’il va confier de plus en plus à des partenaires extérieurs associatif et privé ,des missions d’encadrement éducatif, social et psychologiques qui jusqu’à présent étaient remplies au sein de l’Ecole. Nous aurions souhaité une politique d’impulsion et d’effort financier significative pour les personnels des équipes pluri-professionnelles de l’Education Nationale.