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Les litiges territoriaux Les litiges entre vainqueurs 373

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Les litiges territoriaux Les litiges entre vainqueurs 373

Ce second volet est consacré aux litiges entre vainqueurs. Ceux-ci sont définis comme les Etats qui sortent agrandis de la guerre (la Roumanie et la Yougoslavie), ou bien qui accè- dent tout simplement à l’indépendance (la Pologne, la Tchécoslovaquie et les pays bal- tes). Le litige le plus compliqué et pour lequel on dispose des informations les plus nom- breuses et les plus détaillées portent sur le conflit polono-lituanien autour de Vilnius, et accessoirement de Mémel. L’intervention de Paul Hymans dans une vaine tentative de résolution du conflit explique la variété et la quantité de sources disponibles. Ce rôle du délégué belge à la SDN est même évoqué dans des ouvrages à portée générique sur les litiges en cause.

A côté de cela, il faut compter avec deux conflits, de moindre importante dans une pers- pective belge. Il s’agit d’une part de la lutte polono-tchécoslovaque pour l’attribution de l’ancien duché de Teschen, et d’autre part la relation triangulaire entre les Serbes, les autres Slaves du royaume yougoslave et les Italiens. Dans chacun des cas, on retrouve néanmoins tantôt la sollicitation du roi Albert en vue d’un arbitrage, tantôt des évocations passionnées de la presse, tantôt la fermeté du gouvernement dans la défense des frontières telles qu’établies à Versailles.

Un seul litige territorial oppose les vaincus entre eux. En effet, l’Autriche et la Hongrie se disputent le Burgenland, également connu sous le nom de Hongrie occidentale. Il n’y a guère que les légations de Vienne et de Budapest qui s’étendent sur le sujet. Le ministère, le gouvernement et l’opinion belges demeurent presque muets. Plus généralement, on constate l’absence de prise de position. Dans cette mesure, il s’avère inutile d’opérer un examen plus approfondi. Les enseignements que l’on peut en tirer ne divergent pas de l’image dont Vienne et Budapest jouissent dans le corps diplomatique belge. Raymond Leghait dépeint la première plus favorablement que la seconde. L’Entente, surtout l’Italie, n’apparaît pas toujours comme menant une politique très glorieuse. Leurs alliés orientaux sont généralement traités avec plus d’indulgence. Maximilien-Henri Van Yper- sele de Strihou inverse le réquisitoire : les Magyars assureraient une stabilité et une sécu- rité face aux aventures germanophiles ou révolutionnaires. Le rôle des Alliés est décrit par contre dans des termes similaires. Néanmoins, il reconnaît petit à petit la maladresse de Budapest et, finalement dénonce le danger qu’il représente et sa mauvaise foi. Les Alliés, grands ou petits, ne jouissent pas pour autant d’une presse excellente 1 . Le ton de

1

Pour l’essentiel, la question se concentre sur une période très limitée à la légation de Vienne (fin août 1921-début février 1922). Cf. Arch. Min. Aff. Etr. (B), [Correspondance politique] Autriche-Hongrie.

1914-1922. Rapports de Van Ypersele de Strihou (ministre de Belgique à Budapest) à Henri Jaspar. Cf.

Arch. Min. Aff. Etr. (B), [Corr. gén.] Hongrie 1919-1925. Hongrie 1919-1921. Hongrie 1922 (surtout de

fin mai 1921 à mars 1922). Toutes les cartes annexées à la fin de l’étude importent.

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Les litiges territoriaux Les litiges entre vainqueurs 374

Paul Hymans à la Société des Nations ne varie pas substantiellement. Comme ses collè- gues, il affirme que des concessions significatives ont été déjà réalisées au bénéfice de Budapest (région de Sopron-Oedenburg) et que ce serait injustice d’aller au-delà des sa- crifices déjà consentis par Vienne 2 . Si, au regard du peu de sources relatives à ce litige, on comprend aisément pourquoi aucun volet ni chapitre spécifique ne sera consacré au sujet, on se doit de reconnaître une tendance caractérisée par deux mouvements contra- dictoires, quoique fondamentalement complémentaires. Après les amputations considéra- bles entérinées dans le traité de Trianon, les Puissances manifestent une certaine compré- hension et tentent d’apporter une réponse partiellement positive aux revendications de Budapest. Mais ne se montrant nullement satisfait, le gouvernement hongrois persiste dans une opposition vaine. Les Alliés apprécient peu les fortes têtes parmi les vaincus – les Hongrois ne se résignent pas et continuent leur occupation du territoire contesté –, si bien qu’ils finissent par se lasser. Ils conviennent alors de mettre fin à ce cirque en soute- nant que Vienne ne doit plus opérer de nouvelles concessions, en vue d’un accommode- ment durable, mais qu’il incombe au contraire à Budapest de mettre de l’eau dans son vin. Les deux anciens associés de l’empire déchu des Habsbourg tarderont encore quel- que peu à normaliser leurs rapports et à reconnaître, même temporairement, la frontière.

Par contre, la Belgique s’aligne directement sur les positions de l’Entente et de la SDN, conformément à cette tendance déjà esquissée de la défense du nouvel ordre international.

Or, dans l’affaire décrite ici, les Magyars apparaissent sous les traits de dangereux désta- bilisateurs, tandis que les Autrichiens semblent accepter les nouvelles règles du jeu et les traités. De toute manière, ils apparaissent plus fiables dans le respect du droit internatio- nal et ne menacent pas l’ordre qui garantit ainsi l’indépendance belge. Par opportunisme, peut-être, mais sans broncher. Le défi est hongrois, l’ennemi aussi.

2

Arch. SDN, R600. Document principalement visé : Délimitation de la frontière austro-hongroise. Rap-

port sur cette question présenté au Conseil par Mr Hymans, 28 août 1922.

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