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analyses métalliques à la connaissance des peupleuments du Néolitique final, du Campaniforme et du Bronze ancien

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Academic year: 2022

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Thesis

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Modalités d'approvisionnement et modalités de consommation du cuivre dans les Alpes au 3e millénaire avant notre ère: apport des

analyses métalliques à la connaissance des peupleuments du Néolitique final, du Campaniforme et du Bronze ancien

CATTIN, Florence

Abstract

Notre recherche s'intéresse à la mise en place du Campaniforme et à sa contribution dans l'émergence du Bronze ancien, sous l'angle de la métallurgie du cuivre. Tout d'abord, nous établissons un état des connaissances, sur l'arc alpin, du travail du métal entre 2700 et 1600 av. J.-C., en prenant en compte les gisements de cuivre, la consommation du métal et les témoins archéologiques des artisans-métallurgistes et des mineurs. Ensuite, notre recherche se focalise sur la Suisse occidentale, région pour laquelle nous acquérons de nouvelles données analytiques (compositions isotopique du plomb et chimique élémentaire) sur un corpus de 141 objets archéologiques en cuivre et en bronze. Nous établissons un corpus de référence de 75 analyses isotopiques du plomb de minerais cuprifères du Valais. Au final, nos résultats (nature des liens avec la métallurgie, provenances du cuivre) sont intégrés au contexte archéologique du Néolithique final, du Campaniforme et du Bronze ancien

CATTIN, Florence. Modalités d'approvisionnement et modalités de consommation du cuivre dans les Alpes au 3e millénaire avant notre ère: apport des analyses

métalliques à la connaissance des peupleuments du Néolitique final, du

Campaniforme et du Bronze ancien. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2008, no. Sc. 4019

URN : urn:nbn:ch:unige-54226

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:5422

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:5422

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LES TÉMOINS ARCHÉOLOGIQUES DE L’EXPLOITATION DU MINERAI ET DU TRAVAIL DU CUIVRE

Ce chapitre dresse un aperçu des mines préhistoriques et des témoins de la transformation du minerai et de l’élaboration d’objets métalliques à base de cuivre. Les premières traces archéologiques apparaissent au 5e et au 4e millénaire av. J.-C. Elles se poursuivent au 3e et au début du 2e millénaire av. J.-C., période qui voit de nouvelles régions adopter le métal et l’apparition de nouvelles techniques.

La présentation traite en premier lieu des Alpes occidentales, puis se poursuit avec les Alpes centrales, les Alpes orientales et s’achève avec les Alpes méridionales. Une carte localise les principaux sites miniers et archéologiques mentionnés dans le texte (fig. 4.1).

4.1 Les Alpes occidentales : Italie du nord-ouest (Val d’Aoste, Piémont, Ligurie) et France du sud-est

Cette section expose les exploitations préhistoriques et les indications archéologiques du travail du cuivre.

Cet ordre de présentation est également suivi dans les sections ultérieures.

4.1.1 Les exploitations préhistoriques

4.1.1.1 Le versant italien : Libiola, Monte Loreto

Sur le versant piémontais des Alpes occidentales, aucune trace d’exploitation du cuivre n’est documentée de manière sûre pour les phases antérieures au Bronze moyen et final (Gianotti 1998, 273).

Les meilleures connaissances que nous possédons sur l’exploitation minière proviennent de Ligurie, où les mines de Libiola (Sestri Levante, Gênes) et de Monte Loreto (Castiglione Chiavarese, Gênes) ont permis de documenter plusieurs phases d’exploitations très anciennes. Ces deux sites sont distants de quelques kilomètres, dans une région très riche en gisements de cuivre. À Libiola, des indications d’exploitations préhistoriques ont été remarquées très tôt, au 19esiècle apr. J.-C. déjà (Issel 1879, d’après Campana et al. 2001), avec la découverte d’outils miniers, dont une masse en pierre, une pelle et un manche de pic en bois (Campana et al. 1998). Les datations radiocarbone obtenues sur le pic fournissent un âge dans la seconde moitié du 4e millénaire av. J.-C.1. L’exploitation du minerai a duré jusque dans la seconde moitié du 20e siècle apr. J.-C., ce qui rend la compréhension de la chronologie des travaux anciens très difficile, même si les galeries qui s’y rapportent peuvent encore être observées. Au contraire, la bonne conservation des vestiges de Monte Loreto a permis de conduire des fouilles archéologiques dès 1996. Des outils de mineurs (nombreux maillets en pierre) et des structures en lien avec l’exploitation du filon de cuivre (puits d’exploitation du filon2, zone de collecte et de traitement du minerai abattu, lieu possible de grillage du minerai) ont pu être documentés. Les datations radiocarbone (tab. 4.1 à la fin du

1Datations radiocarbone : 4490±90 BP (GIF-7213), soit 3348-3032 av. J.-C., et 4610±50 BP (Bln-3367), soit 3508-3196 av. J.-C. (cal. 1σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004)(Maggi et Pearce 2005, 67).

2Datation du sol en lien avec le puits : 4720±60 BP (Beta-123150), soit 3631-3377 av. J.-C. (cal. 1σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004). Il s’agit de la plus ancienne date sur le site (Maggi et Pearce 2005).

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Chapitre 4

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6 5

4

3 2

1

Site archéologique Site minier

100 km

Figure 4.1 – Localisation des principaux sites miniers et archéologiques mentionnés dans le texte. 1 : Théziers (Gard) ; 2 : Ternay (Isère) ; 3 : Var (Collobrières, Cap Garonne) ; 4 : Dôme du Barrot ; 5 : mine de Saint-Véran, abri la Pinilière, Les Clausis, Molines-en-Queyras, Freissinières, Champcella, Guillestre ; 6 : Massif des Grandes Rousses ; 7 : Moûtiers ; 8 : Libiola, Monte Loreto ; 9 : Lovere ; 10 : Ossimo ; 11 : Molina di Ledro ; 12 : Romagnano Loch, Tof de la Val, Acquaviva di Besenello, Mezzocorona-Borgonuovo, Montesei di Serso, Cros del Cius, Riparo Gaban, Nomi, Vela Valbusa, Romagnano Angeli, Rovereto Borgo Sacco, Gardolo di Mezzo, Romagnano Maso Monache, Riparo del Santuario-Lasino, Doss dei Canopi ; 13 : Millan, Gudon, Velturno-Tanzgasse ; 14 : Ljubljana ; 15 : Ig ; 16 : Oberhalbstein (Savognin-Padnal) ; 17 : Zurich ; 18 : Arbon-Bleiche ; 19 : Dietfuhrt an der Altmühl ; 20 : Karlstein près de Bad Reichenhall ; 21 : Künzig-Bruck ; 22 : Mondsee ; 23 : district minier de Schwaz/Brixlegg (Gallzein, Obertroi, Hochkapelle-Mariahilfbergl, Buchberg bei Wiesing) ; 24 : district minier du Mitterberg (Mitterberg, Mühlbach am Hochkönig, Sankt Johann im Pongau, Götschenberg, Sankt Veit-Klinglberg) ; 25 : district minier du Paltental (Bärndorf-Kaiserköpperl) et Eisenerz ; 26 : Gemeinlebarn, Franzhausen, Böheimkirchen ; 27 : Jennyberg bei Mödling ; 28 : Laa-Thaya.

chapitre) suggèrent deux phases d’exploitation, la première entre 3631 et 3119 av. J.-C. (cal. 1σ) et la seconde entre 2920-2460 av. J.-C. (cal. 1σ)(Maggi et Pearce 2005).

Une prospection dans le Val Trebbia (Gênes) n’a recensé aucune mine dont les traces pouvaient être antérieures au 19e siècle apr. J.-C. (Pearce 2002).

En Ligurie occidentale (provinces de Savona et Imperia), les recherches archéologiques sur les mines de cuivre ne sont pas autant avancées qu’en la partie orientale (Del Lucchese 2002, 217). Del Lucchese précise que les répartitions spatiales des découvertes archéologiques en métal et des minéralisations de cuivre se superposent. Selon lui, la région de Loano a pu fournir du cuivre au Chalcolithique et au Bronze ancien. Les premiers indices clairs d’une métallurgie locale appartiennent au Bronze moyen (Del Lucchese 2002, 218).

4.1.1.2 Le versant français : Saint-Véran, Grandes-Rousses

Particulièrement bien étudiée sur la versant français des Alpes, la mine des Clausis se trouve près de Saint-Véran, à proximité d’un col faisant communiquer l’Italie et le Haut-Queyras (Barge 1997, 99 ;

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Barge et al. 1998), à une altitude atteignant 2700 m. Bien que des travaux miniers préhistoriques aient été relatés dès la reprise de l’exploitation au début du 20esiècle apr. J.-C., la recherche archéologique sur ce site débute dans les années 1990 (Barge et al. 2003, 3). Les structures qui ont été étudiées concernent 1) une installation métallurgique à la cabane des Clausis ; 2) les vestiges de travaux miniers souterrains (travers-banc 2 et 2bis)3, où les recherches ont été interrompues en raison des risques d’effondrement ; 3) les vestiges des travaux miniers en surface (Tranchée des Anciens, petite tranchée au niveau du travers-banc 0).

Le gîte cuprifère des Clausis se trouve dans les schistes lustrés du Queyras. Il est issu d’une minéra- lisation hydrothermale sulfurée de type filonien. Il résulte de la circulation de fluides chargés en cuivre qui ont circulé dans des failles issues du soulèvement alpin. Le minerai se compose de cuivre natif et de bornite très riche en cuivre (environ 63 %). C’est cette dernière qui a été majoritairement exploitée. Le minerai est associé à des minéraux rares (séléniures et tellurures de plomb, or, argent, mercure) et de faibles quantités de chalcocite, covellite, pyrite, linéïte et oxydes de fer. Le minerai présente des traces de nickel et de manganèse4. La minéralisation est très affectée dans sa géométrie par le plissement alpin.

Figure 4.2 – Bronze ancien rhodanien : maillets provenant de l’exploitation préhistorique de Saint- Véran–Les Clausis (Hautes-Alpes). D’après Rostan et al. (2002, 95, fig. 6), modifié.

Les premiers travaux miniers ont probablement été effectués dans la deuxième moitié du 3emillénaire av. J.-C., selon les datations obtenues au fond de l’exploitation (Ancel 1997, 127). Les mineurs ont abattu uniquement le filon minéralisé, compris entre des quartzites durs au toit et un niveau d’ophiolites serpentinisées tendres au mur (Barge et al. 2003, 28). D’une épaisseur de 0.6 à 3 m, la Tranchée des Anciens, qui est une des tranchées situées dans la partie supérieure de l’exploitation, se prolonge sur 300 m et à une profondeur de 50 m, selon une inclinaison de 40 à 70°. Au sommet de l’exploitation, des grattages et petites excavations indiquent que des minéralisations disséminées dans le quartz ont aussi été recherchées. Un peu au-dessus de la Tranchée des Anciens se trouve une autre exploitation sous forme de tranchée, dont la fouille archéologique a démontré l’utilisation d’une technique d’abattage au feu (Barge et al. 2003, 29). Les indices sont des cuvettes thermiques de forme circulaire ou ovalaire de 60 cm de diamètre. Elles sont alignées le long de la faille et matérialisent les feux successifs qui ont été

3Un travers-banc est une galerie à l’intérieur d’une mine souterraine donnant accès au corps minéralisé.

4Le minerai est dépourvu d’arsenic et d’antimoine, alors que le tellure est particulièrement élevé, entre 0.019-0.06 %.

La recherche combinée des éléments arsenic et tellure devrait permettre d’identifier les objets produits par le cuivre des Clausis (Rossi et Gattiglia 1998, 452).

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Figure 4.3 – Bronze ancien rhodanien, exploitation préhistorique. 1-2 : pics de Saint-Véran–Les Clau- sis (Hautes-Alpes) ; 3 : pic de Peirol sud-est (Collo- brières, Var) ; pics sur chevilles osseuses de chèvres de Saint-Véran–Les Clausis (Hautes-Alpes). Rostan et al. (2002, 94, fig. 5), modifié.

allumés. Des charbons de bois ont également été trouvés en grande quantité, parfois mêlés en couche à des débris de parois. Une mesure14C a été menée pour dater l’utilisation du feu : 3414±38 BP (Tuscon AA-51821), soit 1755-1641 av. J.-C. (cal. 1 σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al.

2004) (Barge et al. 2003, 29 ; Barge 2006, 31).

En dehors des structures d’exploitation, les travaux miniers sont illustrés par des maillets en roche verte, masse en éclogite, pics en roche verte, pics en chevilles osseuses de chèvre, pelle et baguettes en bois, de même que des pieux en bois, des fagots de baguettes brûlées, des cendres, des débris charbonneux et une écope en cuir (figs 4.2 et 4.3)(Barge et al. 2003, 33). Un reste de plancher en bois a également été mis au jour5. La circulation au sein de la mine se faisait à l’aide de poutres encochées et de planchers suspendus. Une fois exploitées, les cavités ont été remplies de déblais, retenus par des poutres et des planches, ce qui a l’avantage tant de consolider les parois que de limiter le transport de matière. Selon Barge et al. (2003, 38), l’éclairage était assuré par des torches (faisceaux de fines baguettes). Des exemples sub-actuels dans les Alpes lépontines ont également attesté l’utilisation d’une seule baguette tenue dans la bouche (Lanfredo Castelletti, comm. pers. 2007).

La production minière à Saint-Véran est estimée à quelques centaines de tonnes de minerai, soit environ 200 tonnes de cuivre (Barge et al. 2003). Une fois abattu, le minerai était acheminé vers la station de traitement des Clausis, en contrebas de la zone minière.

Sur la base des témoins matériels, il est possible de proposer une origine piémontaise pour les mineurs de Saint-Véran. D’une part, le récipient en pierre trouvé dans le secteur 1 est façonné dans une roche qui apparaît près de Sezia-Lanzo, soit à environ 150km, d’autre part les types céramiques se rapprochent du Piémont (Barge et al. 2003, 51-52).

Plus au nord, l’Oisans (Isère) a livré des indications d’exploitation préhistorique. Les fouilles en cours dans le Massif des Grandes Rousses ont mis au jour des traces d’exploitation de filons de chalcopyrite datées du Bronze ancien et moyen (Bailly-Maître et Gonon 2006 ; Vital 2007, 503). Ces dernières sont mises en relation avec des anomalies chimiques repérées dans les dépôts varvés du lac Bramant, situé à proximité, et datées des 19e et 18e siècles av. J.-C. (Guyard et al. 2007).

5Le matériel en bois a pu être daté : baguette en bois de pin : 3656±44 BP, soit 2128-1957 av. J.-C. (cal. 1σ) ; poutre : 3635±80 BP, soit 2133-1897 av. J.-C. (Tucson AA-27533)(cal. 1σ) ; fragment de plancher : 3487±41 BP, soit 1878-1755 av. J.-C. (cal. 1σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004). Ces datations renvoient au Bronze ancien (Barge 1997, 100 ; Barge et al. 2003, 34 ; Barge 2006, 32).

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Plus au sud, le Dôme du Barrot (Alpes-Maritimes) présente de nombreux indices métallifères, es- sentiellement cuprifères (Mari 2002), dont les genèses sont très variées. Plusieurs d’entre eux recèlent du cuivre natif (Le Cerisier, Léouvé, Villaron-La Nouguière et indices des gorges du Daluis, dont ceux de Roua). Les indices de Roua (communes de Guillaumes et Daluis) semblent avoir été exploités dès le Chalcolithique (Mari 2002). Ils semblent avoir fourni un cuivre très pur, avec parfois jusqu’à 12 % d’arse- nic. L’hypothèse de l’exploitation des indices de Roua repose d’une part sur la découverte à proximité de maillets en pierre à l’entrée des galeries du groupe Nord (commune de Guillaumes), trouvés en association avec 14 plaquettes de cuivre martelé, et d’autre part sur la composition métallique des indices (un cuivre arsénié), qui rappelle les productions en cuivre de part et d’autre des Alpes (Provence et civilisation de Remedello). Des rapports rédigés par l’ingénieur L. Francfort et datés du 18e siècle font la mention de travaux remontant à des temps très anciens, travaillés avec l’ancienne méthode au feu, de même que d’une autre vieille galerie pleine d’os humains dont nous n’avons sur l’origine la cause ou la provenance pas la moindre tradition dans le pays, mais qui évidemment présente les caractères d’une bien grande ancienneté6 (Mari 2002). Des fragments scoriacés, trouvés à proximité des galeries, indiquent que les minéraux cuprifères furent utilisés pour produire du cuivre dans des petits fours. Leur âge est inconnu.

Sur la commune de Collobrières (Var), deux sites (le Peirol et Maraval) ont livré des indications d’exploitations anciennes, très probablement préhistoriques sur la base de l’allure des travaux (tranchées, petites galeries remblayées recoupées par des galeries plus récentes) et des outils de mineurs. Un pic semblable à ceux mis au jour sur l’exploitation de Saint-Véran a été trouvé dans les haldes du gisement sud-est du Peirol. Deux pierres à cupules, trouvées à proximité, au lieu-dit Les Grès, auraient pu servir dans la chaîne opératoire (Barge-Mahieu et al. 1998).

La mine moderne de Cap Garonne (Pradet, Var) a permis de dégager des amorces de galeries rem- blayées. Elles sont antérieures au 19e siècle apr. J.-C.

Dans quelques cas, la reprise de travaux modernes a recoupé d’anciens travaux, sans qu’il soit possible de mieux préciser leur ancienneté. Il en est ainsi de la mine de Bancairon à Guillaumes (Hautes-Alpes), où d’anciennes galeries remblayées et des grattages ont été observés (Barge-Mahieu et al. 1998, 67). À Vallauria (Saint-Dalmas-de-Tende, Hautes-Alpes), les travaux anciens remonteraient au moins au Bronze final (Barge-Mahieu et al. 1998, 68). Des travaux anciens sont aussi mentionnés à Cluchelier (Alpes- Maritimes)(Rostan et al. 2002). Un poignard rhodanien à manche massif en bronze a été trouvé lors de l’exploitation du 19e siècle apr. J.-C. de la mine de Notre-Dame-de-Briançon (Moûtiers, Savoie)(Rostan et al. 1997, 512). En Savoie, une hache spatule, type fréquent au Bronze ancien, a été découverte dans une galerie près de Moûtiers, lors de la reprise de travaux dans le premier quart du 20e siècle apr. J.-C.

(Bill 1973, 24 ; Bocquet 2002).

4.1.2 Le travail du métal

4.1.2.1 Versant italien des Alpes occidentales

Très peu d’indications sont disponibles en ce qui concerne le travail des métaux au Piémont et en Ligurie pour la période considérée. Une mention est faite d’une tuyère dans le Piémont à Brignano Frascata (Alessandria)(Rossi et Gattiglia 1998, 448).

6Ces rapports sur l’exploitation minière, datés de 1862 et 1863, sont dus au directeur de la Société en participation des Mines du Var, L. Francfort (Mari 2002).

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4.1.2.2 Versant français des Alpes occidentales

Grâce à des prospections étendues, il a été possible de mettre en évidence l’importance des Alpes Cot- tiennes dans la production métallique à partir de gisements locaux (Rostan et al. 2002). À Molines- en-Queyras (Vallon du Longis), des scories de réduction de bornite et des fragments de tuyère ont été découverts en association avec une lentille charbonneuse et des tessons à décor de type Besenstrich. Ces éléments, qui sont en position secondaire, suggèrent un établissement métallurgique en amont. À Freissinières (vallée de Biaysse), une sépulture collective en grotte du Bronze ancien a livré treize tes- sons permettant de remonter une tuyère scorifiée. À Puy-Saint-Vincent (Vallouise), à un kilomètre d’un possible indice de cuivre, une prospection a permis de découvrir un fragment argileux appartenant pro- bablement à une tuyère. À Guillestre (quartier de Pré Parenq), un lingot plano-convexe à base de cuivre a été mis au jour. Sa datation est difficile à estimer, bien que Rostan et al. (2002) le comparent à des découvertes de lingots du Bronze final.

À proximité de la mine des Clausis à Saint-Véran, des indications du travail du minerai ont été mises en évidence (fig. 4.4). À l’abri de la Pinilière, situé à environ 200 m au sud-ouest de l’exploitation, un niveau Bronze ancien a été conservé (niveau 7). La céramique, d’un type à pâte mince et l’autre à pâte plus épaisse, semble indiquer des connexions tant sur les versants italien que français des Alpes (Rostan et al. 1994, 179). Elle est associée à des petits foyers creusés dans le sol renfermant des fragments de bornite altérée (Rostan et al. 1994).

À la Cabane des Clausis, un atelier de métallurgiste a été documenté (Barge et al. 2003). La céra- mique, qualifiée d’"un peu ubiquiste" par Barge (1997, 106), est comparable à celle mise au jour à l’abri de la Pinilière (Rostan et al. 1994, 179). Très fragmentée, elle comprend des décors digités sur le bord et sur les éléments de préhension (Barge 1997, 106-107). Cet atelier de transformation du minerai se trouve à 250 m en contrebas de l’exploitation préhistorique. Il est situé sur une plateforme bien aérée, à proximité d’un ruisseau. L’atelier est contemporain de l’exploitation minière et débute, pour la date la plus ancienne, vers 3815±50 BP, soit 2343-2146 av. J.-C. (cal. 1 σ)(programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004)7(Barge et al. 2003, 42). Grâce aux vestiges découverts, on peut suivre la totalité de la chaîne opératoire :

– Minéralurgie : le concassage du minerai se faisait à l’aide de percuteurs sur un mortier ou une meule, tels qu’ils ont été retrouvés dans les déblais. Le broyage du minerai est assuré par la découverte d’une table de broyage en serpentine placée au centre d’une cuvette. Le minerai y était réduit en poudre, puis concentré par une amenée d’eau dans la cuvette, permettant ainsi aux particules les plus légères d’être emportées. Une petite structure (secteur 3), formée de quatre dalles verticales ménageant un espace de 1.5 x 0.5 m, parallèle à l’axe du vent, pourrait avoir servi comme aire de grillage.

– Réduction : une seule structure de combustion est reliée aux activités métallurgiques dans le secteur 3. Au sein de deux dalles verticales est formé un petit espace contenant du sédiment rubéfié, des

7Les datations obtenues sur les diverses zones de l’atelier de métallurgiste sont les suivantes :

Niveau 8 : 3760±65 BP (Tucson AA-19718), soit 2286-2044 av. J.-C. (cal. 1σ), 2456-1978 av. J.-C. (cal. 2σ).

Niveau 9 : 3815±50 BP (Tucson AA-22621), soit 2343-2146 av. J.-C. (cal. 1σ), 2462-2135 av. J.-C. (cal. 2σ).

Niveau 13 : 3770±50 BP (Tucson AA-22625), soit 2286-2064 av. J.-C. (cal. 1σ), 2398-2031 av. J.-C. (cal. 2σ).

Niveau 11 : 3765±50 BP (Tucson AA-22623), soit 2283-2059 av. J.-C. (cal. 1σ), 2390-2028 av. J.-C. (cal. 2σ).

Niveau 10 : 3595±60 BP (Tucson AA-22622), soit 2035-1881 av. J.-C. (cal. 1σ), 2135-1771 av. J.-C. (cal. 2σ).

Niveau 11 : 3595±50 BP (Tucson AA-22624), soit 2023-1891 av. J.-C. (cal. 1 σ), 2131-1775 av. J.-C. (cal. 2σ)(Barge 1997, 109)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004, sauf la date Tuscon AA-22622 calibrée sur Oxcal 4.0, également basé sur Reimer et al. 2004).

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charbons et des scories (Barge et al. 2003, 43-46).

Des zones de décharge ont servi à l’évacuation de tous types de déchets : résidus de fusion, scories, résidus chauffés, charbons, hypothétiques fragments de fours, ainsi que des outils en pierre et 234 fragments de tuyères (fig. 4.4). Dans le secteur 1, une structure formée de quatre dalles a pu servir de four de grillage ou de refonte du métal. Elle s’accompagne d’un fragment de récipient en pierre réfractaire à fond plat, ayant pu servir de lingotière ou de creuset (Barge et al. 2003, 49-50).

Dans le Gard (communes de Théziers et Montfrin), deux dépôts de haches indiqueraient la présence du travail local du métal. Les 28 haches sont brutes de coulées et étaient probablement destinées à la refonte du métal. Elles s’apparentent aux haches de type Neyruz, fréquent au Bronze ancien évolué.

Un autre dépôt a fourni 58 haches avec et sans rebords à Ternay (Isère)(Gutherz 1995). La présence de mobilier métallique en forte concentration serait une indication de l’exploitation des mines de cuivre locales (Bocquet 1997).

Figure 4.4 – Bronze ancien rhodanien : tra- vail du métal. 1 : Tuyère, Abri de Pi- nilière (Saint-Véran, Hautes-Alpes) ; 2 : Tuyères, Cabane des Clausis (Saint-Véran, Hautes-Alpes) ; 3 : Tuyère, Vallon du Longis (Molines-en-Queyras, Hautes-Alpes) ; 4 : Tuyère, Balme Ruissias (Freissinières, Hautes-Alpes) ; 5 : Tuyère, Chapelle Saint- Romain (Puy-Saint-Vincent, Hautes-Alpes) ; 6 : Lingot à base de cuivre, Pré Parenq (Guillestre, Hautes-Alpes). D’après Rostan et al. (2002, 90, fig. 1).

4.2 Les Alpes centrales : Suisse

4.2.1 Les exploitations préhistoriques

Des indices d’exploitation préhistorique et du traitement du minerai sont présents dans l’Oberhalbstein (Grisons). Cette région a fait l’objet de recherches archéologiques dès les années 1980 par Brun (1991, 1998). Les datations radiocarbone sur des charbons et des scories, issues du traitement de la chalcopyrite et non du Fahlerz, indiquent que les ressources minérales8 n’ont probablement pas été utilisées avant l’âge du Bronze final (Schaer et Fasnacht 2002 ; Schaer 2003 ; Fasnacht 2004).

En Valais, une exploitation préhistorique n’a jusqu’à présent pas été démontrée. Dans le contexte de la culture du Rhône, David-Elbiali (2000, 315) estime quel’abondance des objets de métal et l’originalité

8Dix lieux ont été datés au14C par douze échantillons.

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de leur style sur le territoire restreint de nos vallées intraalpines ne peuvent guère s’expliquer que par l’exploitation des gisements de cuivre locaux, fondement de cette prospérité fugace, fait qu’elle généralise pour l’ensemble des groupes contemporains.

4.2.2 Le travail du métal

Une première métallurgie est attestée dans la culture de Pfyn et de Horgen, au 4emillénaire av. J.-C., par la mise au jour de creusets (Winiger 1971 ; Winiger 1981 ; Schlichtherle et Rottländer 1982 ; Fasnacht 1991a ; Fasnacht 1991c ; Gross et al. 1992b ; Leuzinger 1997 ; Hafner et Suter 2000 ; Achour-Uster et al.

2002 ; Hasenfratz 2006). L’étude de ces creusets montre qu’ils ont servi à fondre du métal de type sulfuré et qu’il est possible, pour une part, d’exclure leur utilisation dans la réduction du minerai (Rehren 2004).

Après un hiatus documentaire de plus d’un millénaire, les objets témoignant du travail du métal sont attestés à Arbon-Bleiche 2 (Turgovie)9. Les éléments découverts sont deux fragments de buses, deux moules en grès et une boulette de cuivre relativement pur (figs 4.5 et 4.6)(Jockenhövel 1985, 200 ; Hochuli 1992, 76, 77, 90, 158). Il est intéressant de noter la présence sur ce site d’épingles à tête martelée, qui attestent le maintien de traditions issues de la phase précédente (phase ancienne du Bronze ancien, soit BzA1), parallèlement à la nouvelle technique du cuivre coulé (Hochuli 1995, 45). Sur le site de Bodman-Schachen I, deux creusets en argile proviennent de la surface et du niveau C (Bronze ancien récent)10(Köninger 2006, 186) et une buse en argile est issue d’un contexte non stratifié (Köninger 2006, 187). Un autre creuset provient des niveaux Bronze ancien de Bodman-Weiler I (Köninger 2006, 220, fig. 150).

Figure 4.5 –Fragments de buses en argile du Bronze ancien, Arbon-Bleiche 2 (Turgovie, Suisse). D’après Fasnacht (1995, pl. 8).

À Zurich-Mozartstrasse, dans la couche du Bronze ancien (phases d’abattage en 1504-1503 av. J.-C.), ont été dégagés une tuyère en argile, des moules en grès, des fragments de lingots et des déchets cuivreux (fig. 4.7)(Gross et al. 1987 ; Gross et al. 1992b ; Fasnacht 1995). Dans le lac de Zurich, une prospection subaquatique à Rapperswil-Technikum a permis de découvrir un moule en stéatite (Speckstein) pour l’élaboration d’un rasoir (fig. 4.8)(Eberschweiler 2005, 198-199). Les bois récoltés ont permis une datation entre 1640 et 1570 av. J.-C. (Eberschweiler 2005, 199).

Jusqu’à récemment, dans le contexte de la culture du Rhône, les objets archéologiques étaient les seuls témoins de la chaîne métallurgique. La mise au jour d’une tuyère et d’un hypothétique creuset à Concise/sous-Colachoz (Vaud) dans l’ensemble E12 (1646-1619 av. J.-C.) est de fait exceptionnelle

9Des datations dendrochronologiques indiquent que les éléments se situent dans le 16e siècle av. J.-C., voire dès le milieu du 17esiècle av. J.-C.

10Datations dendrochronologiques : trois phases de coupe : 1) 1646-1640 av. J.-C. ; 2) 1618-1591 av. J.-C. ; 3) 1505-1503 av. J.-C. (Köninger 2006, 244).

(10)

Figure 4.6 –Moules en grès du Bronze ancien, Arbon-Bleiche 2 (Turgovie).

Longueur du moule de gauche : env.

16.6 cm. D’après Hochuli (1992, pl.

87).

Figure 4.7 –Indices du travail du métal au Bronze ancien à Zurich-Mozartstrasse (Zurich, Suisse). 1-3 : moules en grès ; 4 : lingot ; 5 : fragment de lingot en bronze ; 6 : goutte d’étain ; 7 : tuyère. D’après Gross et al. (1992b, pl. 292, 297), modifié.

(E. Burri, communication personnelle, 2008). En Valais, l’habitat fortifié de Zeneggen-Kasteltschuggen du Bronze final a livré des fours probablement en relations avec des activités métallurgiques, vu la pré- sence de scories sur le site (Gallay 2006, 338). Une métallurgie locale semble absente au 3e et dans la première moitié du 2emillénaire av. J.-C.

L’étude des objets métalliques nous apprend qu’au début de la culture du Rhône, les objets sont surtout obtenus par martelage de la tôle de cuivre. Au BzA2a (phase classique de la culture du Rhône, soit vers 2000-1800 av. J.-C.), l’apparition d’objets en bronze va de pair avec l’utilisation de la technique d’objets coulés, même si au début ils coexistent avec des objets obtenus sur une tôle de cuivre martelée.

L’utilisation de la technique du repoussé permet l’obtention d’un décor à bossettes, associé aux hachures connues déjà à la phase précédente. On attribue la technique de la fonte du métal en moule ou à la cire perdue à la zone unéticienne (David-Elbiali 2000, 311)11. À la phase avancée, le décor de bossettes ne recouvre plus que la tête des épingles à disque. Les poignards sont ornés de motifs gravés et de cannelures en chevrons, droits ou cintrés (David-Elbiali 2000, 316).

Du point de vue de la composition métallique, au début du Bronze ancien, le mobilier en cuivre montre généralement de fortes impuretés en arsenic, antimoine, argent et nickel, indicateurs de l’exploi- tation de minéraux de la série tennantite-tétraédrite. La teneur en étain étant généralement inférieure à 1 % (Hafner 1998, 23). Par la suite, selon Hafner (1995a, 25), l’accroissement du nombre d’objets métalliques est lié à une plus forte abondance en métal issu de minerais sulfurés : Vermutlich wurden

11D’après David-Elbiali (2000, 309), les premiers objets en bronze (BzA2a) résultent d’importations depuis l’Europe centre-orientale.

(11)

Figure 4.8 –Bronze ancien : moule de Rapperswil-Technikum (Saint- Gall, Suisse). D’après Eberschweiler (2005, fig. 7).

in der entwickelten Frühbronzezeit mit neuen Methoden bis dahin unzugängliche sulfidische Kupfererze verhüttet. La composition métallique contient peu d’éléments-traces et de l’étain entre 5 et 10 %.

Dans la culture du Bronze intra-alpin, on note la présence dans les horizons du Bronze ancien à Savognin- Padnal (horizons D et E) de moules en stéatite (pour une épingle quadrilobée, un rasoir, des outils), de minerais de cuivre, de scories, de gouttes de coulée et de fragments de creusets en argile (Rageth 1998 ; Murbach-Wende 2001). Une zone a pu servir à griller le minerai (Rageth 1979, 1986). Les datations couvrent les intervalles 2195-1742 av. J.-C. (horizon E) et 1738-1260 av. J.-C. (horizon D)(Rageth 1986, 95). D’autres éléments liés au travail du métal (moules et gouttes de coulées en bronze) à Ftan, Cazis- Cresta, Trun-Grepault et Savognin-Padnal sont mentionnés par Rageth (1979, 85-88) sans précision du contexte chronologique.

Figure 4.9 –Bronze ancien intra-alpin : moules de Savognin-Padnal. 1, 2 : horizon E (BzA1/A2) ; 3 : horizon D, éventuellement E (BzA1-BzA2).

D’après Rageth (1979, 51, 67, fig. 27, 50) et Ra- geth (1998, 45, fig. 14).

4.3 Les Alpes orientales : Autriche, Allemagne

4.3.1 Les exploitations préhistoriques

Les districts miniers autrichiens ont régulièrement été exploités jusqu’à nos jours. Grâce à une recherche minière active dès le 19e siècle apr. J.-C., les indications concernant les exploitations minières de tout âge sont abondantes. Cependant, en dehors des attributions chronologiques très vagues (urgeschichtlich, urzeitlich, bronzezeitlich, prähistorisch), les datations radiométriques étant limitées aux découvertes les plus récentes, peu d’exploitations peuvent être rattachées aux phases du Néolithique et du début du Bronze ancien, alors que les vestiges sont nettement plus importants dès le Bronze moyen (Bartelheim 2007).

(12)

4.3.1.1 Le Paltental (Styrie)

Ce district minier ne semble pas connaître d’activités minières avant le 16e siècle av. J.-C. (Presslinger et Eibner 2004).

4.3.1.2 La région du Mitterberg-Salzach (Salzburg)

Cette zone est connue depuis longtemps dans l’archéologie minière, notamment à travers les travaux de Zschocke et Preuschen (1932). De nombreuses exploitations sont attribuées à des temps "préhistoriques"

(Günther 1995). Une intensification des travaux est mise en relation avec l’accroissement nettement perceptible des habitats à la transition du Bronze ancien-Bronze moyen (phases Bz A2/B1)(Stöllner et al. 2004, 97). Les travaux à Mühlbach am Hochkönig et à la mine d’Arthurstollen à Sankt Johann im Pongau sont à rattacher à la fin du Bronze ancien et au début du Bronze moyen (Eibner 1998, 88 ; Stöllner et al. 2004, 98). À Sankt Johann im Pongau (Salzburg), une halde à Burgschwaiggang a révélé de la céramique rattachée au Bronze A2/B1 (culture de Straubing). Les datations donnent un âge de 1500 av. J.-C. L’exploitation du filon principal de Mitterberg (Mitterberg Hauptgang) est particulièrement bien connue par les nombreux travaux qui y ont été faits et par la mise en évidence d’une chaîne opératoire devenue classique (Eibner 1992). Principalement rattachés au Bronze moyen, les travaux semblent avoir débuté dès 1700 av. J.-C. (Presslinger et Eibner 2003). Une fouille de sauvetage à Höchlehen a dégagé sous un niveau daté du Bronze ancien une petite cavité d’extraction du minerai, remplie de déchets.

Environ 80 fragments d’outils en pierre, parfois avec un sillon, y étaient associés (Eibner 1991, 16-17).

Des travaux d’extraction à ciel ouvert à Haidberg (Hochmoos bei Bischofshofen, Salzburg) ont pu en partie être rapportés à une phase finale du Bronze ancien sur la base de la typologie céramique (Gstrein et Lippert 1987). D’autres découvertes aux alentours de Sankt Veit im Pongau confirment l’exploitation minière à la fin du Bronze ancien12 (Krauss 2003).

4.3.1.3 La région de Kitzbühel (Tyrol du Nord)

Bien que les travaux de prospection aient été fréquents dans la deuxième moitié du 20e siècle apr. J.-C.

(Neuninger et al. 1970 ; Pittioni 1976), les résultats obtenus ne montrent pas d’intérêt pour notre propos, en raison de l’absence de contexte chrono-culturel préhistorique.

4.3.1.4 Le district minier de Schwaz/Brixlegg (Unterinntal, Tyrol du Nord)

Ce district comprend de riches minéralisations, dont seules celles de la série tennantite-tétraédrite conte- nues dans les dolomies (Schwazer Dolomit) ont été assurément exploitées à époque préhistorique (Mar- tinek et Sydow 2004). Dans les années 199013, des exploitations remontant à l’âge du Bronze et des indications du traitement et de la réduction du minerai ont été révélées. La plupart des découvertes se rapporte au Bronze final ou à des phases plus tardives (Goldenberg et Rieser 2004 ; Huijsmans et al.

2004 ; Rieser et Schrattenthaler 2004). Une prospection menée par Rieser et Schrattenthaler (1998-1999,

12Datation radiocarbone d’un grattage d’une minéralisation de cuivre à proximité du Teufelrauchfang : 3370±40 BP (GrN-21004), soit 1735-1617 av. J.-C. (cal. 1 σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004)(Krause 2003b, 59).

13Une large campagne de prospection minière a été menée dans le cadre du projet "Montanhistorische Untersuchungen in ausgewählten Bergbaubereichen der Nördlichen Grauwackenzone in Nordtirol und Salzburg", Prof. K. Spindler et Prof.

P. Mirwald, Universität Innsbruck.

(13)

2004) a mis en évidence entre Schwaz et Brixlegg 46 emplacements liés à l’exploitation préhistorique du minerai. Parmi ceux-ci, seul un petit nombre (Gallzein et Obertroi) a pu être rattaché au début du Bronze ancien sur la base des types céramiques et de la forme de l’abattage.

4.3.1.5 Le Vorarlberg

Les recherches menées récemment dans le Vorarlberg (Krause 2003a ; Schmidl et al. 2005 ; Krause 2007) indiquent une modification des conditions environnementales par l’homme dès le 3e millénaire av. J.-C. Les données ne permettent pas pour l’instant d’affirmer ou d’infirmer l’hypothèse que l’impact anthropique est en relation avec une activité minière. Les analyses isotopiques des minerais et d’objets archéologiques locaux du Bronze ancien ne permettent pas d’exclure ce district minier comme une source possible (Krause 2007).

4.3.2 Le travail du métal

4.3.2.1 Styrie : Eisenerz, Paltental

De la Préhistoire à aujourd’hui, Klemm (2003, 22) recense dans l’Eisenerz 201 sites en lien avec la production métallurgique, dont 32 mines, 20 zones charbonneuses (Kohlplatz) et 149 lieux de réduction du minerai. Parmi ces derniers, 74 sont attribués globalement à un âge préhistorique et quatre rattachés plus précisément à l’âge du Bronze, alors que 86 sont d’âge indéterminé (le reste concerne la période de l’âge du Fer à l’époque actuelle). Pour les époques anciennes, les vestiges se composent d’accumulations de scories. Sur la base de données polliniques, il semble que l’impact anthropique dans cette région ne soit marqué que dès le Bronze ancien/moyen (Drescher-Schneider 2003). Les datations radiocarbone disponibles14 ne permettent effectivement pas de placer les activités métallurgiques avant 1500 av. J.-C.

(Klemm 2003, 21).

Dans le Paltental, Eibner et Presslinger (1991, 437-438) mentionnent la découverte par Walach de scories qui pourraient être rattachées, grâce au matériel connexe, à la culture de Lasinja (fin du 5e-début du 4e millénaire av. J.-C.). À Bärndorf-Kaiserköpperl, des niveaux anciens (4e et début du 3e millénaire av. J.-C. sur la base de la typologie céramique) ont révélé un fragment de creuset (Tüllenlöffel) et peut-être un fragment de moule en grès (Eibner et Presslinger 1991).

4.3.2.2 Salzburg : Mitterberg, Salzach/Pongau

Vers 3400 av. J.-C., un atelier de métallurgiste est attesté à Götschenberg, près de Mitterberg (Lippert 1991, 28). Il a livré du mobilier en lien avec des activités métallurgiques. Le mobilier métallique se compose de deux alènes bipointes, d’un fragment d’alêne et de deux éléments en tôle de cuivre, dont l’un ressemblant à une lame de poignard à pointe déjetée avec la marque de deux rivets et l’autre de provenance incertaine. Le travail du métal est illustré par un morceau de chalcopyrite, des fragments de creusets en argile et des gouttes de cuivre. Ces dernières sont issues de minerais oxydés alors que le fragment de creuset a contenu du cuivre arsénié (Moesta 1992). La céramique indique des liens avec la culture d’Altheim et de Mondsee. Pour le Bronze ancien, les témoins de métallurgie apparaissent sous la forme de scories concassées et utilisées comme dégraissant dans les céramiques. Des objets en cuivre

14Une vingtaine de datations radiocarbone est disponible (Klemm 2003, 21).

(14)

fournissent peut-être l’indication d’une métallurgie locale (tube spiralé, fragment de fil enroulé et élément de tôle)(Lippert 1992).

Un moule pour une hache de type Eschollbrücken a été découvert à Salzburg-Rainberg (lieu précis inconnu)(Mayer 1977, 11 ; Höglinger 2005, 160-161). Pour Bartelheim (2007, 193), il serait à rattacher au groupe du Cordé.

Un autre moule, bivalve et pour une hache perforée de type Kozarac (fig. 4.10), a été trouvé à Salzburg-Rainberg avec deux haches de type Fresach, dont la comparaison avec les découvertes au Pigloner Kopf (Italie) ont donné un âge Campaniforme (Oberrauch 2002). Une datation Néolithique final-Campaniforme semble se profiler pour le type Kozarac (Mayer 1977, 22).

L’habitat de Sankt Veit-Klinglberg a fait l’objet de fouilles archéologiques de 1985 à 1989 (Shennan 1995). Grâce aux découvertes, il a été possible de mettre en évidence la participation des habitants dans la production et le contrôle du cuivre. Deux phases, se rapportant à la fin du Bronze ancien et au Bronze moyen, ont été individualisées. La phase 1 a été définie sur la base de datations radiocarbone15. Des fragments de cuivre brut sont interprétés comme des éléments d’une masse de coulée brisée. Il n’y a pas d’indication de réduction du cuivre sur place (Shennan 1995, 106). Le type de fabrication principal de la céramique consiste à utiliser des scories concassées comme dégraissant. Ce type est supposé local.

D’autres catégories de mobilier permettent de proposer que les habitants étaient actifs dans la production du métal. Il s’agit de masses, de morceaux de minerai et de fragments de métal brut. Les objets en métal (cuivre et bronze) se rapprochent typologiquement des contextes centre-européens du Bronze ancien évolué et du Bronze moyen (Shennan 1995, 244). L’analyse des isotopes du plomb et la détermination de la composition élémentaire permettent d’attribuer l’origine du métal à différentes sources locales (Shennan 1995, 273).

4.3.2.3 Tyrol du Nord

La région de Kitzbühel a été investiguée très tôt par Pittioni, à Jochberg (Pittioni 1958, 1969, 1976) et à la Tischoferhöhle. De nombreux emplacements du travail du cuivre y ont été recensés, la plupart n’étant pas rattachée à un âge antérieur au Bronze moyen (Bartelheim 2007, 423-424). Toutefois, une buse pourrait être datée du Bronze ancien à la Tischoferhöhle (Jockenhövel 1985, 200).

Dans la zone du district minier de Schwaz/Brixlegg, sur le site de Hochkapelle à Brixlegg-Mariahilfbergl, des niveaux néolithiques ont révélé un foyer et des scories de cuivre, en lien avec de la céramique de la culture de Münchshöfen16 (5e millénaire av. J.-C.). À proximité, une autre fouille a dégagé un niveau contemporain contenant des scories (niveau SE 6, Quadrant 4)17. Cette phase culturelle a également livré deux fragments de tuyères en argile, une perle en cuivre et un élément de tôle en cuivre (Bartelheim et al.

2002). L’examen des scories indique une adéquation parfaite de leur composition avec les minéralisations

15Datations radiocarbone : 3275±75 BP (OxA-3899), soit 1631-1455 av. J.-C. (cal. 1σ) ou 1738-1414 av. J.-C. (cal. 2 σ), 3270±80 BP (OxA-3897), soit 1628-1453 av. J.-C. (cal. 1σ) ou 1742-1406 av. J.-C. (cal. 2σ), 3400±75 BP (OxA- 3900), soit 1871-1610 av. J.-C. (cal. 1σ) ou 1889-1519 av. J.-C. (cal. 2σ), 3190±75 BP (OxA-3898), soit 1603-1390 av. J.-C. (cal. 1σ) ou 1658-1272 av. J.-C. (cal. 2σ), 3420±65 BP (OxA-3882), soit 1871-1632 av. J.-C. (cal. 1 σ) ou 1890-1534 av. J.-C. (cal. 2 σ), 3370±75 BP (OxA-3883), soit 1745-1535 av. J.-C. (cal. 1 σ) ou 1879-1499 av. J.-C.

(cal. 2 σ), 3435±60 BP (OxA-3881), soit 1876-1669 av. J.-C. (cal. 1 σ) ou 1914-1561 av. J.-C. (cal. 2 σ), 3160±70 BP (OxA-3901), soit 1512-1322 av. J.-C. (cal. 1σ) ou 1608-1266 av. J.-C. (cal. 2σ) (Shennan 1995). Calibration sur le programme Calib 5.0.2 (Reimer et al. 2004).

16À côté de la céramique de type Münchshöfen ont été découverts des éléments rattachés au groupe Rössen, ce qui indique des contacts avec la Suisse orientale et le sud-ouest de l’Allemagne (Huijsmans et al. 2004, 60).

17Datation radiocarbone sur un ossement : 5480±60 BP (GrN-21364), soit 4438-4259 av. J.-C. (cal. 1σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004).

(15)

Figure 4.10 – Moule bivalve de Rainberg (Salz- burg, Autriche). Hache de type Kozarac. D’après Durman (1983, pl. 6, n°9).

locales de type Fahlerz dans une gangue de dolomie (Bartelheim et al. 2002). L’horizon stratigraphique SE 4 est daté de la transition Néolithique-Bronze ancien. Il a livré des scories de cuivre et des objets en métal, à côté d’ossements et d’artéfacts en silex (Huijsmans et al. 2004). Sur une parcelle voisine, des campagnes de fouilles antérieures avaient permis de préciser les découvertes liées au Bronze ancien : scories (concassées, elles ont servi comme dégraissant pour les céramiques), minerais, tuyères, masses en pierre, moules en pierre et objets finis en cuivre (fig. 4.11)(Huijsmans et Krauss 1997, 1998, 2002, 2003).

Le site fortifié de Buchberg bei Wiesing a livré des indications du travail des métaux par la découverte de fragments de minerai (environ 50 pièces), de scories18, de gouttes de cuivre, d’une plaquette de cuivre, probablement coulée dans une lingotière, de fragments de céramique avec incrustations de dépôts scorifiés (creuset ou lingotière, dans le texte Schmelz- oder Gusstiegel) et d’une buse (Martinek 1995 ; Sydow 1995 ; Martinek et Sydow 2004). Les types céramiques permettent de placer ce site dans la phase ancienne ou évoluée du Bronze ancien, ce que confirment les datations radiocarbone19 et les types métalliques20.

4.3.2.4 Vorarlberg

Nous ne disposons pour l’instant d’aucunes indications du travail du métal pour les époques qui nous intéressent. Des recherches en cours permettront probablement d’apporter de nouvelles connaissances (Krause et al. 2004 ; Krause 2007).

4.3.2.5 Haute-Autriche

Bien qu’antérieure à notre cadre chronologique, puisque du 4e millénaire av. J.-C. (culture de Mondsee), la pratique métallurgique est attestée en Haute-Autriche uniquement par la découverte de creusets21 dans les stations lacustres (p. ex. Attersee, Monsee, Weyregg, Seewalchen, etc.)(Ottaway 1982, 61 sqq. ; Ruttkay 1990, fig. 3, 8 ; Hille 1999, 78).

18Des scories concassées ont servi comme dégraissant pour la céramique. Comme l’indique une pratique similaire sur d’autres sites (Kufstein, Sankt Veit-Klingelberg, etc.), il s’agit d’un procédé fréquent dans cette région (Huijsmans et Krauss 1996).

19Datations radiocarbone : 3555±35 BP (W.G. Mook, Groningen ; la source n’indique pas le numéro d’analyse) et 3586±26 BP (HD 17868), soit 1952-1783 et 1964-1894 av. J.-C. (cal. 1 σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004)(Sydow 1984, 188 ; Martinek 1995, 576 ; Martinek et Sydow 2004, 204).

20Ils se composent d’une hache de type Langquaid II et d’une épingle à tête en rame. Traditionnellement attribuées au BzA2b, les haches de type Langquaid apparaissent parfois dans des contextes plus anciens (David-Elbiali 2000, 114).

21Une quinzaine est mentionnée par Ottaway (1982, annexe 20, b).

(16)

Figure 4.11 –Travail du métal au Bronze ancien à Hochkapelle-Mariahilfbergl (Brixlegg), parcelle 324/1. 1 : moule en grès (longueur 18 cm) ; 2 : moule en argile (longueur conservée 5.7 cm) ; 3 : alêne en cuivre (longueur 6.3 cm). D’après Hui- jsmans et Krauss (1997) et Huijsmans et Krauss (1998).

4.3.2.6 Basse-Autriche

En contexte Leithaprodersdorf, alors que le mobilier métallique est exclusivement constitué de cuivre pur, un moule à Jennyberg bei Mödling témoigne du coulage du métal. Plus tard, dans le groupe d’Unterwölbling, des tombes de fondeurs sont attestées à Franzhausen II (St. Pölten), où la tombe 1057 renfermait un pilon en pierre, une tuyère en argile et un bol, et à Gemeinlebarn "Maisgasse", avec une tuyère, des moules en argile, des défenses de porc, du silex, du grès et un bol avec des ossements d’animaux (Bátora 2002). Deux tuyères ont été trouvées en contexte Unterwölbling dans une fosse-dépôt à Unterwinden (St. Pölten) près de St. Andrä an der Traisen (Lippert 1964 ; Jockenhövel 1985, 200).

Dans le groupe de Böheimkirchen, les indices du travail du bronze à Hochfeld bei Böheimkirchen (St. Pölten) se composent de tuyères, de moules en grès, dont l’un pour l’obtention d’épingles à tête globulaire, un autre pour une pendeloque, un autre probablement pour une pointe de lance, de lingots, en forme de barrettes (Spangenbarren) et de diverses ébauches (fig. 4.12)(Neugebauer 1977 ; Neugebauer 1994). Un moule en pierre à double face provient de Pulkau (fig. 4.13, b)(Benkovsky-Pivovarová 1981).

La buse de Laa/Thaya, issue d’un contexte Bronze ancien, trouve les meilleurs parallèles dans le groupe de Böheimkirschen (fig. 4.13, a)(Neugebauer 1981, 58). Une datation Bronze ancien est attribuée à la moitié de moule d’Ernstbrunn (Korneuburg)(Ebermann 1982, 237, fig. 272).

4.3.2.7 Bavière

La tombe 9 de Künzig-Bruck (Deggendorf) renfermait vraisemblablement la sépulture d’un forgeron (Bátora 2002, 205). À côté d’éléments typiquement campaniformes (deux gobelets décorés, un brassard d’archer, des pointes de flèches en silex et une alêne en cuivre), les éléments du travail des métaux consistent essentiellement en des pierres présentant des traces de travail avec incrustation de cuivre et d’or. Rattachée à cette catégorie de sépultures, la tombe 2 de Dietfurt an der Altmühl a livré quatre haches en pierre, dont deux avec les coins intentionnellement émoussés (Bátora 2002, 205).

Des moules du Bronze ancien final ont été découverts en Bavière (Pászthory et Mayer 1998, 27).

Au sud du Danube, il s’agit du moule pour une hache de type Niederosterwitz, trouvé à Roseninsel im Starnberger See (Feldhafing)(fig. 4.14, a). De nombreux fragments de moules en argile ont été découverts

(17)

Figure 4.12 –Objets liés au travail du métal, Bö- heimkirchen (Basse-Autriche). Buses en argile, lingots (cuivre et bronze, l’un sous forme de bar- rette et d’autres en feuilles agglomérées), moules en pierre. Échelles diverses. D’après Neugebauer (1977, fig. 17, 23, 24, 35, 38, 64, 85, 88, 95) et Neugebauer (1979, fig. 4, 5, 7).

(a) (b)

Figure 4.13 –(a) buse en argile, Laa-Ruhof, parcelle NR.69, Qu. 2 (Thaya, Basse-Autriche). Datation typologique du Bronze ancien. D’après Neugebauer (1981, 60, fig. 7) ; (b) moules en grès de Pulkau (Basse-Autriche). Phase ancienne du complexe Mad’arovce-Větěrov-Böheimkirschen. D’après Benkovsky-Pivovarová (1981, 71, fig. 1).

(18)

à côté d’une hache de ce type à Ittelsburg (Grönenbach, Unterallgäu). Des indices quant à la technologie proviennent de Karlstein près de Bad Reichenhall (Berchtesgadener Land)(Menke 1968). Il s’agit de trois moules en pierre fragmentés et d’un quatrième hypothétique (fig. 4.15). Les deux exemplaires présentant une forme claire ont servi à la fabrication de lames de haches de type Langquaid et de lames de poignards. Ces éléments étaient accompagnés de scories, de morceaux de minerais, d’un fragment de cuivre et de tessons de céramiques scorifiés (Menke 1968, 73). Un autre moule (fig. 4.14, b) de la même période provient de Margarethenberg (Burgkirchen, Bavière)(Pászthory et Mayer 1998, 163-164).

Au Bronze ancien, la réduction ou la fonte du minerai est attestée par une buse en argile à Reisenburg

"Schlossberg" près de Gunzburg (Jockenhövel 1985, 200).

(a) (b)

Figure 4.14 –Moules en pierre du Bronze ancien final (Bavière) : (a) moule en pierre de Roseninsel im Starnberger See (Feldafing, Bavière). D’après Pászthory et Mayer (1998, pl. 2, n°25) ; (b) moule en pierre de Margarethenberg (Burgkirchen, Bavière). D’après Pászthory et Mayer (1998, pl. 73, n°1090).

Figure 4.15 – Moules en pierre de Karlstein près de Bad Reichen- hall (Berchtesgadener Land, Ba- vière). D’après Menke (1978-1979, fig. 119), modifié.

(19)

4.4 Les Alpes méridionales : Slovénie et Italie du centre-nord (Frioul- Vénétie julienne, Vénétie, Trentin-Haut-Adige, Lombardie)

4.4.1 Les exploitations préhistoriques

Les dépôts slovènes ne montrent aucune trace d’exploitations préhistoriques, bien que des outils et des implantations découverts à proximité de certaines sources puissent suggérer leur utilisation dès les premières indications d’objets métalliques au 4emillénaire av. J.-C. (Hvala-Tecco 1987 ; Velušček et Greif 1998, 51 ; Velušček 2004b, 298). Pour Paulin (2000), l’histoire de l’exploitation des métaux non-ferreux ne commence qu’au Moyen Âge.

Parmi les régions du nord de l’Italie, celle du Trentin-Haut-Adige possède une longue tradition de recherches minières. Des prospections ont permis de relever de nombreux témoins liés à l’exploitation minière (Preuschen 1973). Il est toutefois difficile de préciser l’âge des exploitations recensées en raison des traces ténues, combinées à l’action destructrice des agents atmosphériques et de la végétation. Deux périodes d’activités métallurgiques ont pu néanmoins être individualisées, la période de l’Énéolithique final/début du Bronze ancien et le Bronze final (Late/Final Bronze Age)(Perini 1992a, 53 sqq. ; Cierny et al. 1998, 25). Des travaux miniers préhistoriques ont pu être examinés en rive droite et en rive gauche de l’Adige22(Preuschen 1973). Des campagnes de prospection menées dès 1981 ont permis la découverte d’autres sites liés à l’exploitation des ressources et à la transformation du minerai (Perini 1992a ; Cierny et al. 1998), mais elles n’ont pas réussi à mieux préciser, pour la période considérée, les lieux d’exploitation du minerai. Les connaissances actuelles attestent d’une absence de mines avant l’âge du Bronze final dans l’Italie du nord-est (Giumlia-Mair 2005 ; Bellintani et al. 2007).

4.4.2 Le travail du métal

4.4.2.1 Slovénie

Les premières découvertes en rapport avec une métallurgie locale sont liées au 4e millénaire av. J.-C.23. Une rupture complète des témoins métalliques est perceptible à la fin du 4emillénaire av. J.-C. (Velušček 2004b).

Une deuxième phase de métallurgie prend place au 3e millénaire av. J.-C., notamment au sein de la culture de Vučedol24(Durman 1983). On trouve la mention d’un moule bivalve pour une hache de type Kozarac à Založnica (Ljubljansko barje), entre la deuxième moitié du 26e siècle et la première moitié

22En rive droite de l’Adige, des travaux miniers préhistoriques ont été relevés à Verdesina (sur le Rio Finale). En rive gauche, un plus grand nombre est mentionné dans la Zona di Piné (Nogaré), les Val di Fersina/Val dei Mocheni (17 gîtes présentés, dont quatre – Val Slomperi/Essl Graben, Rio Priegel/Priegel Graben, Frassilongo, Malga Meterbis – probablement préhistoriques en raison de leur association avec des outils ou des structures d’apparence ancienne) et Valsugana (douze gîtes présentés, dont cinq – Vetriolo, Cinque Valli, Pamera/Roncegno, Malga Prima Busa, Val Calamento/Borgo – présentent des caractéristiques préhistoriques)(Preuschen 1973).

23Des indications de travail du métal (Hüttenspuren) sont mentionnées par Teržan (1984, 58) en trois sites de la région de Brinjeva gora, en association avec du mobilier qui permet de les rattacher à la culture de Lasinja, bien que des éléments de la céramique Retz-Gajary (typeFurchenstich) soient présents. Des éléments du travail du cuivre (fragments de récipient pour la fonte/réduction du cuivre et une goutte de cuivre) sont également recensés à Hočevarica au 36e siècle av. J.-C.

(phase HKBV, à céramique avec incisions – "furrowed incisions")(Velušček 2004a, 51, 52).

24Une collection importante de moules, de buses et de creusets appartient à la culture de Vučedol, essentiellement sur territoire serbe (Gomolava), bosniaque (Velika Gradina) et croate (Vučedol, Vinkovci, Zecovi, Debelo Brdo). Des fours à coupole de réduction du minerai et de fonte du cuivre ont été mis au jour à Gradac (Vučedol), un four est attesté à Vučedol et un foyer ouvert est documenté sur le site de Zecovi (Durman 1983, 79).

(20)

(a) (b)

(c)

Figure 4.16 – Travail du métal à l’Énéoli- thique final, découvertes sur le site de Ig, Slo- vénie. (a) creusets en argile ; (b) moules pour haches plates en argile ; (c) moules en argile pour des haches et buse de tuyère en argile.

D’après Korošec et Korošec (1969, pl. 102, 103, 104), modifié.

(21)

du 24e siècle av. J.-C.25, de même que d’un creuset en argile partiellement endommagé et d’un moule en grès fragmenté à Za Raščico (Prekmurje) dans le contexte de la culture de Somogyvár-Vinkovci (Énéolithique final)(Velušček 2004b, 306). Durant la phase de l’Énéolithique final et le début du Bronze ancien, les palafittes de Ig fournissent toute une panoplie de creusets, de moules et de buses en argile (fig.

4.16)(Korošec et Korošec 1969, 40-41, pl. 3, 81, 102, 103, 104 ; Parzinger et Dular 1997, 75 ; Velušček et Greif 1998, 38).

L’abondance d’objets en cuivre et les indications du travail du métal fournissent les éléments d’hy- pothèse pour un centre métallurgique d’importance – le terme de suprarégional est utilisé par Velušček (2005, 214) – en Slovénie dès le milieu du 4emillénaire et au 3emillénaire av. J.-C. (Korošec et Korošec 1969 ; Velušček et Greif 1998 ; Velušček et Čufar 2003 ; Velušček 2005).

4.4.2.2 Vénétie

Rostan et al. (1994) mentionnent, en contexte Chalcolithique ou Bronze ancien, la présence de tuyères à Lazise (Verona). Deux autres, du Bronze ancien, ont été trouvées à Arqua Petrarca (Padoue) et Bor di Pacengo26 (Verona)(Jockenhövel 1985, 200).

4.4.2.3 Emilie-Romagne

Dans la Province de Parme, seule une tuyère du Bronze ancien est indiquée par Jockenhövel (1985, 200).

Une autre étude portant sur la plaine orientale du Pô (Le Fèvre-Lehöerff 1992) souligne l’absence de moules jusqu’au Bronze moyen.

4.4.2.4 Trentin-Haut-Adige

Bien que des objets en cuivre soient connus dès le Néolithique (Isera la Torretta, fin du 5e-début du 4e millénaire av. J.-C.), les éléments permettant d’affirmer une métallurgie locale sont attribuables à l’Énéolithique et au Bronze ancien.

Près de Bressanone, deux sites ont livré une quantité importante de scories27 : Millan (2800-2700 av. J.-C.) et Gudon (2600 av. J.-C.)(Artioli et al. 2007a).

À Romagnano Loch (Vallée de l’Adige), un fragment de creuset (stratum Q) a été attribué à la phase 3300-2900/2600 av. J.-C. Les céramiques de ce niveau s’intègrent dans l’Énéolithique régional (prima età del Rame). À proximité de la fouille, deux tuyères ont été trouvées dans une niche rocheuse, proche d’un foyer en cuvette rattaché stratigraphiquement à une tombe datée du Bronze ancien (Cierny et al.

1998). Dans le même secteur, sous une sépulture, un niveau cendreux et charbonneux épais renfermait un nombre important de scories. Il était en lien avec une structure quadrangulaire construite sur un tas de scories, dans lequel un tesson attribué à la culture de Polada a été découvert (Perini 1992a, 53).

25Les meilleurs parallèles se trouvent dans la culture de Somogyvár-Vinkovci (Énéolithique final), répartie plus à l’est, principalement en Hongrie et en Croatie de même que dans les palafittes de Ig dans le Ljubljansko barje, phase Vučedol (Velušček et Čufar 2003, 139).

26Pour cette dernière, il s’agit peut-être de la buse mentionnée par Rostan et al. (1994) à Lazise.

27Une étude portant sur plusieurs scories du 3e et début du 2e millénaire av. J.-C. a permis de montrer que le métal réduit était issu de minerais riches en sulfure. Les signatures chimiques indiquent que sur chaque site le métal provenait de mines différentes (Artioli et al. 2007a).

(22)

Le site de Romagnano Tof del Val (Vallée de l’Adige) a livré une tuyère en argile et un foyer en cuvette placé sur un lit de scories. La céramique permet de situer cette occupation dans l’Énéolithique final (Jockenhövel 1985, 200 ; Cierny et al. 1998).

À Acquaviva di Besenello (Vallée de l’Adige), des niveaux énéolithiques contemporains d’une tombe féminine ont livré des scories plates et rondes (pancake-shaped) et du minerai, ainsi qu’un four quadran- gulaire et un fragment de tuyère (Angelini et al. 1980). La tombe est datée de la fin du 4e/début du 3e millénaire av. J.-C.28(D’Amico et al. 1998, 31 ; Mottes et al. 1999).

À La Vela Valbusa (Vallée de l’Adige), un foyer en cuvette placé sur un lit de scories a été mis au jour sous une sépulture féminine, constituée d’un tumulus adossé à une paroi rocheuse et datée du Bronze ancien (Cierny et al. 1998). Pour Mottes et al. (1999) et Nicolis (2001, 213), la céramique et les éléments d’ornement, comme les "pendagli a bastoncello", rappellent nettement le Campaniforme. À quatre mètres de là, un autre foyer, d’une structure similaire, a pu être mis en évidence (Perini 1992a, 54).

Le site de Mezzocorona-Borgonuovo a livré sous un niveau attribué au Bronze ancien des petits fragments de métal (frustoli di metallo) probablement énéolithiques (Mottes et al. 1999).

À Montesei di Serso (Valsugana), un four de réduction du minerai quadrangulaire, délimité par des pierres de chant a été découvert. L’analyse stratigraphique et les types céramiques29 ont permis de le rattacher à une phase Campaniforme-Bronze ancien (Perini 1992b ; Perini 2004, 1214). Un fragment de moule en argile pour des haches perforées et des alênes de type Ig II ont aussi été mis au jour (Cierny et al. 1998).

À Cros del Cius (Valsugana), un four de réduction du minerai quadrangulaire et entouré de pierres a été découvert. Il était couvert par un épais niveau charbonneux, qui contenait de nombreuses scories plates et rondes et de la céramique campaniforme (Perini 1992a ; Cierny et al. 1998).

Les fouilles archéologiques menées sur l’abri de Riparo Gaban di Martignano ont révélé des scories dans les niveaux énéolithiques (Cierny et al. 1998). Le niveau C 5 dans lequel elles sont apparues a donné une datation entre 2573 et 2465 av. J.-C.30(D’Amico et al. 1998, 31 ; Mottes et al. 1999).

De minuscules scories reliées à la métallurgie du cuivre ont été mises au jour dans l’aire cultuelle mégalithique de Velturno-Tanzgasse (Bolzano)31(Tecchiati 1998, 72). Il pourrait s’agir d’une pratique in situ d’activités de fusion du minerai.

Un moule pour haches et poignards et un moule bivalve pour une hache sont mentionnés dans la haute vallée de l’Adige, à San Lorenzo (col Amtmann et col Terner)(Dal Ri et Tecchiati 1996, 532). À Castel Iuvale, la présence d’une buse de tuyère en stéatite est rapportée (Dal Ri et Tecchiati 1996, 532).

Plusieurs sites de la Vallée de l’Adige ont livré des scories de type Énéolithique/Bronze ancien, sans éléments connexes datants : Nomi, Romagnano Angeli, Rovereto Borgo Sacco et Gardolo di Mezzo (Cierny et al. 1998). D’autres découvertes sont mentionnées par D’Amico et al. (1998) pour l’Énéolithique et le Bronze ancien : Romagnano Maso Monache (scories), Riparo del Santuario-Lasino (scories)(Tecchiati

28Datation radiocarbone : 4410±70 BP, soit 3310-2917 (ETH-12497 ; cal. 1σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004)(De Marinis et Pedrotti 1997, 255).

29Les formes céramiques sont spécifiques de la culture de Polada, alors que les décors relèvent du Campaniforme centre- européen.

30Datation radiocarbone : 3985±50 BP, soit 2573-2465 av. J.-C. (Bln-1776 ; cal. 1σ)(calibration sur le programme Calib 5.0.2, Reimer et al. 2004)(De Marinis et Pedrotti 1997, 255).

31Datations radiocarbone (données sans autres indications) : 2710±70 BC cal. (sic !)(Roma, Calderoni 611), 2579-2278 av. J.-C. (ETH, Zurich) et 2619-2392 av. J.-C. (ETH, Zurich)(Tecchiati 1998, 72).

(23)

(a) (b)

(c)

Figure 4.17 – Travail du métal à l’Énéoli- thique final (Ledro, Italie). (a) creusets en argile ; (b) creusets en argile, lingotières ou creusets, buses de tuyères ; (c) lingotières ou creusets, cuillères (mini creusets ?), moules en argile et buses de tuyères en argile. D’après Rageth (1974, pl. 89, 90, 91), modifié.

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