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Academic year: 2022

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La géographie politique

RAFFESTIN, Claude, BAILLY, Antoine Sylvain

RAFFESTIN, Claude, BAILLY, Antoine Sylvain. La géographie politique. L'Espace géographique , 1979, vol. 8 p 64, no. 1

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4311

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64 Claude Raffestin, Antoine Bailly

La géographie politique

Avec le n° 24 de la collection «Le géographe», les Presses Universitaires de France nous offrent un volume court (185 p.), simple et clair, dans un domaine longtemps délaissé en France, la géographie politique (1). Le re- nouveau de cette discipline s'était déjà manifesté en 1974, dans la même collection, avec l'ouvrage de P. Guichonnet et C. Raffestin sur la Géographie des frontières. L'auteur, A.-L. Sanguin, professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi, tente dans les trois parties de l'ouvrage de combiner les approches de la géographie politique anglo- saxonne, qui n'a cessé de se développer aux Etats-Unis, et de la géographie régionale française.

La première partie, « La géographie de l'Etat », consacrée aux morphométries territoriales, conduit à de longues classifications ; ainsi l'auteur nous rappelle-t-il que « la taille territoriale est une notion toute relative et qu'il n'y a pas de relation mécanique entre le territoire et la force politique de l'Etat» (p. 17-18). Morphologie, position, relations externes et dynamiques, déterminent, dans le cadre d'un schéma simple, très anglo-saxon, la localisation relative de l'Etat. C'est à travers le modèle de Pounds (p. 65) que sont analysées les notions de Nation et d'Etat et leurs interférences.

Les exemples nord-américains et européens permettent de fai re des com paraisons util es dans la deuxièm e partie : « Politique publique et géographie ». Mais, si le chapitre sur l'organisation locale et régionale est bien mené, celui sur le comportement électoral semble peu lié au précédent. Il est d'ailleurs surprenant de constater le rôle dominant de la démarche inductive dans cette partie ; si l'induction qualitative contribue à la clarté des exemples, elle ne laisse jamais la place aux déduc- tions, ni même aux méthodes quantitatives. Or, la géographie électorale a suscité de multiples analyses multivariées (cf. L'Espace Géographique, IV, p. 208-212, R. Brunet et R. Vanduick, etc.), riches tant par les méthodes employées que par les conclusions.

Dans la troisième partie, Géographie et affaires inter- nationales, une large place est consacrée aux problèmes d'accès, d'encerclement et de partage des espaces aqua- tiques, aériens et cosmiques. Un survol des systèmes internationaux, décadence du colonialisme, résurgence des nationalismes, supranationalisme et organisations inter- nationales, complète l'ouvrage. Bien des thèses soutenues ici pourraient être discutées et nous ne serions pas étonnés de lire des critiques très vives de la part de géographes radicaux.

Au-delà de conclusions nettes sur le rôle de la révo- lution néotechnique dans le bouclage de l'espace terrestre et sur l'organisation de l'espace terrestre en Etats natio- naux, l'ouvrage reste de facture classique. De ce fait il constitue une introduction particulièrement utile aux géographes débutants ; mais en cela il appelle quelques critiques. La géographie politique d'A.-L. Sanguin, très marquée par les modèles nord-américains, néglige la notion de pouvoir, centrale dans les sciences de l'homme.

Ni les apports de Bunge, ni ceux de revues comme Antipode ou Hérodote ne sont utilisés ; est-il encore possible d'écrire de nos jours une géographie politique dans la ligne de celles de Bowman ou de Gottmann ?

(1) SANGUIN André, Louis, La géographie politique. Paris, PUF, coll. Sup «Le géographe» no 24, 1977.

Si la géographie politique américaine est l'une des plus vivantes, elle est aussi l'une des plus sclérosées par refus d'intégrer de nouveaux concepts, tels que domi- nation ou pouvoir : non pas le pouvoir institutionnalisé t el q u 'i l s 'i n ca rne d an s l 'E t at , m ai s c el u i q u i es t coextensif de toute relation. Une lecture attentive de Foucault et Deleuze peut permettre au géographe de dégager les éléments d'une géographie politique qui, en dernière analyse, est une géographie du pouvoir. Si l'on souhaite renouveler la géographie politique, c'est de ce pouvoir qu'il faut partir, et non de l'Etat. La géographie, par l'enseignement et la vulgarisation, est un instrument de pouvoir, mais elle est aussi instrument de résistance.

C'est dans cette perspective que nous regrettons les silences de A.-L. Sanguin à ce sujet.

Centrée sur l'Etat et la Nation (p. 7), cette géographie politique constitue une étape intéressante de la recherche par ses typologies, ses exemples variés, mais aussi par les interrogations qu'elle soulève. Elle montre tout le chemin qui reste à parcourir pour atteindre, non pas une géographie de l'Etat, mais une géographie politique. — C. RAFFESTIN et A.S. BAILLY.

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