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La nouvelle géographie culturelle anglo-saxonne, d’après un ouvrage de Peter Jackson

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Academic year: 2022

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Géographie et cultures 

1 | 1992

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La nouvelle géographie culturelle anglo- saxonne, d’après un ouvrage de Peter Jackson

Charles Rouquet

Édition électronique URL : https://

journals.openedition.org/

gc/2567

DOI : 10.4000/gc.2567 ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée Date de publication : 1 janvier 1992

Pagination : 136-137 ISSN : 1165-0354

RÉFÉRENCE ÉLECTRONIQUE

Charles Rouquet,

« La nouvelle géographie

culturelle anglo- saxonne, d’après un ouvrage de Peter Jackson », Géographie et cultures [En ligne], 1 | 1992, mis en ligne le 08 janvier 2014, consulté le 29 septembre 2021. URL : http://

journals.openedition.org/

gc/2567 ; DOI : https://doi.org/

10.4000/gc.2567

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La nouvelle géographie culturelle anglo-saxonne, d’après un ouvrage de Peter Jackson

Charles Rouquet

1 La géographie culturelle est longtemps demeurée une spécialité américaine. Sous l’impulsion de Carl Sauer, l’Ecole de Berkeley avait attiré l’attention sur la manière dont les groupes humains façonnent leur environnement pour en tirer ce qui est indispensable à leur subsistance. Ses travaux avaient révélé combien l’emprise des Indiens d’Amérique avait été forte, ce qui supposait des effectifs beaucoup plus élevés que ceux généralement admis. L’orientation ainsi choisie par Sauer n’a pas été oubliée, mais elle est aujourd’hui surtout développée par les spécialistes de l’anthropologie écologique, ou par des essayistes comme Crosby1, dont la thèse sur l’impérialisme écologique a eu un succès considérable. En Grande-Bretagne, les approches culturelles n’ont jamais tenu un grand rôle.

2 L’uniformisation des techniques et la vogue d’une nouvelle géographie soucieuse de quantification expliquent le profond déclin d’un domaine qui a presque disparu durant les années 1970. Des signes de renouveau sont apparents : des colloques se tiennent, des articles de mise au point sont publiés. L’engouement pour le post-moderne que l’on observe dans l’aile marxisante de la géographie anglo-saxonne va dans le même sens.

3 Le manuel que Peter Jackson vient de publier sous le titre de Maps of Meaning2 montre ce que sont les nouvelles orientations de la géographie culturelle outre-Manche.

L’ouvrage, agréablement présenté, se lit facilement. Il s’ouvre par un rapide rappel de ce que l’École de Berkeley a légué aux géographes d’aujourd’hui, et par une critique des faiblesses inhérentes à une approche pour laquelle la culture ordonnait souverainement, et sans que les individus aient leur mot à dire, le fonctionnement des sociétés3. C’est à partir du second chapitre que les orientations choisies par Jackson se dessinent vraiment : « Il faut une conception de la culture plus ouverte que celle qui limite son attention aux artefacts physiques et aux traits du paysage. Rompre avec les vues traditionnelles de la culture et du paysage implique une analyse de la nature de

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l’idéologie et de sa signification pour les relations sociales de production et de reproduction »4. Pour Jackson, la géographie culturelle passe des bases matérielles au niveau du discours : il va d’un extrême à l’autre. Rien n’est dit des modes de transmission des connaissances et de l’influence des techniques de communication sur la nature et la diffusion des cultures.

4 Ainsi tronquée de son domaine traditionnel, et privée de tout aperçu sur les avenues ouvertes par la science de la communication, la géographie culturelle de Jackson se réduit à une thérapie de démystification des rapports sociaux (chapitre 4). Les exemples donnés sont brillants, et l’on apprend beaucoup à lire les résultats des travaux consacrés aux expressions culturelles des inégalités sexuelles, du racisme ou de l’impérialisme linguistique des groupes dominants. Mais on donne aussi dans l’anecdotique : on peut, à la page 72, voir ce que les graffiti enseignent sur les groupes qui habitent les divers quartiers de Philadelphie, ou tout apprendre sur la géographie de la prostitution à Londres ou en Californie (p. 117-119), et sur les quartiers « gays » des grandes agglomérations américaines (p. 122).

5 On est déçu de voir ainsi la géographie culturelle bâtie sur une analyse aussi réductrice de l’idéologie. Beaucoup d’éléments sont intéressants, mais le parti choisi initialement condamne Jackson a ne s’attacher qu’à la pellicule des choses, à ne s’arrêter qu’aux illusions, qu’aux faux-semblants. Les techniques de manipulation abondent dans notre société : les dénoncer n’est pas inutile, et l’ouvrage fourmille de bons exemples en ce domaine. Une conception moins étroite de la culture aurait néanmoins permis de donner une vue plus équilibrée de la manière dont la culture, c’est-à-dire tout ce que les hommes ont appris ou inventé, modèle l’espace en même temps qu’elle l’enveloppe de sens. La culture est héritage, et elle est projet : ce sont là des dimensions complètement ignorées par Peter Jackson. Espérons que d’autres manuels viennent bientôt donner, dans les pays anglo-saxons, une vue plus équilibrée d’un domaine de réflexion et de recherche en pleine expansion.

NOTES

1. CROSBY A.W., 1986, Ecological imperialism. The biological expansion of Europe, 900-1900, Cambridge, Cambridge University Press, XIV, 368 p.

2. JACKSON Peter, 1989, Maps of meaning, Londres, Unwin Hyman, XV, 213 p.

3. DUNAN James S., 1980, "The superorganic in American cultural geography", Annals, Association of American Geographers, n° 70, p. 181-198.

4. JACKSON Peter, 1989, Maps of meaning, op.cit., p. 45.

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