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Reference
La géographie politique
RAFFESTIN, Claude
RAFFESTIN, Claude. La géographie politique . Annales de géographie , 1974, vol. 83, no.
460, p. 734-735
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4295
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734 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
La géographie politique1
L'ouvrage de BLIJ pourrait être un moyen, pour le lecteur français, de refaire- connaissance avec la géographie politique que l'École française, quelques exceptions mises à part, n'a guère illustré ces dernières années. Non pas que les géographes français n'aient pas intégré dans leurs études régionales le facteur politique, mais il ne semble pas qu'ils aient éprouvé le besoin d'une géographie politique générale dont de Blij fournit un bon exemple.
Outre une introduction à la géographie politique, le livre comprend quatre parties.
La première est consacrée aux attributs de l'État, la deuxième à l'État en tant que système, la troisième aux théories et aux modèles et la quatrième aux politiques et aux pratiques politiques. A cela s'ajoutent des textes intéressants d'auteurs anglo- saxons qui constituent des illustrations de grande valeur pour chacun des thèmes traités. Last but not least, deux index, l'un consacré aux auteurs et l'autre aux sujets, rendent ce livre très maniable et très facile à consulter.
Dans l'introduction, l'auteur montre que la géographie politique est essentielle- ment concernée par la manière dont les comportements politiques humains trouvent leur expression spatiale à travers l'État, les capitales et les frontières, entre autres,.
sans pour autant négliger des approches moins classiques.
L'État est ensuite étudié dans sa structure et son émergence ainsi qu'à travers ses attributs territoriaux et démographiques. L'analyse diachronique de la notion d'Etat à travers les cultures et les civilisations permet de saisir d'une part le caractère relatif de cette notion et d'autre part, les nuances qui facilitent sa compréhension. Le territoire est appréhendé d'une manière très classique par ses dimensions, sa forme et sa posi-tion.
On retrouve ici la méthode typiquement morphologique de l'École allemande. Quant à la population, elle est également traitée d'une manière très traditionnelle avec référence à la densité, à la distribution et à la composition. Enfin, l'analyse de l'organisation politique et du pouvoir complète cette première partie.
L'État en tant que système est abordé sur le mode historique pour tenter de mettre en évidence ce que les Anglo-Saxons appellent les core areas, c'est-à-dire les noyaux à partir desquels se sont formés les États modernes. Une série de cartes illustrent fort heureusement cette partie dans laquelle une analyse des capitales et des frontières trouve également sa place. Les pages consacrées aux frontières, bien que très générales et pour cause, sont d'une grande utilité, ne serait-ce que par les différentes classifications qui y sont présentées. On y trouvera, en particulier, la classification génétique de Hartshorne qui, bien qu'ancienne, est trop peu connue, à notre sens, des chercheurs français. Quelques pages sur les frontières maritimes éclairent ce domaine difficile.
La troisième partie tente de faire le point, dans une perspective historique, sur les théories et les modèles qui ont nourri depuis Ratzel la géographie politique. L'ap- proche fonctionnelle fondée sur la dichotomie forces centrifuges et forces centripètes y est longuement présentée ainsi que la théorie du champ de Jones dont la valeur descriptive sinon explicative est appréciable. Dans les recherches récentes, de Blij fait une place aux comportements électoraux que connaissent bien les géographes français.
1. Harm J. de BLIJ,Systernatic Political Geography, New Yurk. Londres, Sydney, Toronto, John Wiley and Sons, 2e éd. 1973, 485 p.
GÉOGRAPHIE DE L'ÉNERGIE 735 Dans la dernière partie, les différentes formes d'État unitaire et fédératif sont considérées du point de vue de leur signification géographique différentielle. De même sont abordés tous les problèmes qui ressortissent au colonialisme, au nationalisme et aux différents blocs politiques contemporains.
Si cette géographie politique générale constitue une mise au point précieuse et une introduction fort bien documentée avec des indications bibliographiques abon- dantes, on peut regretter d'une part que l'auteur n'ait pas consacré plus de pages à décrire les méthodes de la géographie politique et que d'autre part il ait renoncé à exposer les problématiques de la géographie politique qui permettraient au lecteur de mieux cerner l'originalité et la spécificité de cette branche de la géographie. Sa problématique, d'ailleurs implicite, est essentiellement morphologique et historique, même si elle fait une place aux théories récentes. Finalement, la démarche de Blij est très classique et il en résulte que l'ouvrage est beaucoup plus important sur le plan de l'information que sur celui de la méthode.
Claude RAFFESTIN.