• Aucun résultat trouvé

De l’homosexualité et du don du sang (4)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "De l’homosexualité et du don du sang (4)"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

1942

Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

5 octobre 2011

actualité, info

point de vue

Achevons ici (du moins pour l’heure) de traiter d’un sujet qui voit se croiser sécurité transfu­

sion nelle et comportement sexuel (Revue médicale suisse des 26 juin et 12 juillet 2006 et du 28 septembre).

Et, pour mieux saisir ce qu’il en est du chemin parcouru en France sur cette question, il n’est pas inu­

tile de remonter le temps et de rap­

peler en quels termes cette question faisait débat en France il y a cinq ans déjà.

Juin 2006, donc. Certains com­

men çaient alors à publiquement s’émou voir de l’exclusion des ho­

mosexuels masculins du don du sang. C’était notamment le cas de

Jack Lang (ancien ministre français socialiste de la Culture) qui s’indi­

gnait de cet état de fait auprès de Xavier Bertrand, alors ministre français de la Santé et des Solida­

rités. Face à la dénonciation d’une mesure discriminatoire, ce dernier justifiait une contre­indication fondée sur des données épidé­

mio logiques et la quête acharnée d’une sécurité transfusionnelle sans faille.

M. Lang : «Vous justifiez votre décision de maintenir l’exclusion des homosexuels masculins du don du sang en comparant des chiffres qui ne peuvent être com­

parés. Vous mettez en effet en re­

gard la contamination au VIH de la population homosexuelle active avec celle de la "population géné­

rale" qui comprend les enfants et les individus n’ayant aucune acti­

vité sexuelle. Il aurait fallu, pour établir de vrais éléments de débat, comparer la contamination de la population homosexuelle sexuelle­

ment active avec celle de la popu­

lation hétérosexuelle sexuellement active.»

Précision ministérielle : «L’homo­

sexualité ne constitue bien évi­

dem ment pas en soi un critère d’exclusion du don du sang, expli­

quait le ministre. Il ne s’agit donc pas d’une discrimination vis­à­vis d’une population donnée. (…) Les données épidémiologiques mon­

trent que la prévalence de l’in fec­

tion à VIH dans la population homosexuelle masculine sexuelle­

ment active serait de 12,3 % contre 0,2 % dans la population générale.

De l’homosexualité et du don du sang (4)

Augmentation modérée des primes… et quelques interrogations

C’est­un­Didier­Burkhalter­placide­et­

didactique­–­comme­à­son­ha­bitu­de­

–­qui­a­présenté­la­hausse­des­pri­

mes­ de­ l’assurance­maladie­ obliga­

toire­pour­2012.­Mais,­pour­le­coup,­

le­ministre­libéral­radical­a­laissé­trans­

pa­raître­sa­satisfaction.­Puis­que,­a­t­il­

annoncé,­«il­s’agit­du­deuxième­meil­

leur­résultat,­après­celui­de­2008,­et­

depuis­l’introduction­de­la­loi­sur­l’as­

surance­maladie­(LAMal)­en­1996».­

Didier­Burkhalter­a­annoncé­une­haus­

se­de­2,2%­d’augmentation­en­moyen­

ne,­ pour­ la­ prime­ moyenne­ adulte­

(avec­une­fran­chise­minimale­de­300­

francs).­Ce­qui­correspond­à­environ­

8,20­francs­par­mois.

La­hausse­frappe­en­revanche­plus­

fortement­ les­ jeunes­ adultes­ (4,4%­

en­ moyenne),­ plusieurs­ assureurs­

ayant­ renoncé­ à­ leur­ accorder­ des­

rabais­en­raison­de­la­compensation­

des­ risques­ –­ un­ mouvement­ déjà­

amorcé­ces­dernières­années.­(…) Didier­Burkhalter­a­rappelé­que­les­

assureurs­ avaient­ dû­ tenir­ compte­

de­ deux­ paramètres­ supplémentai­

res­avant­de­soumettre­leurs­primes­

pour­ approbation.­ A­ savoir­ l’entrée­

en­ vigueur,­ au­ 1er­ janvier­ 2012,­ du­

nouveau­mode­de­financement­des­

hôpitaux,­ pour­ lequel­ «on­ table­ sur­

une­répercussion­de­1%».­Et,­d’autre­

part,­la­nouvelle­compensation­des­

risques­–­cet­instrument­qui­prévoit­

une­ redistribution­ des­ coûts­ entre­

les­caisses,­selon­l’état­de­santé­de­

leurs­assurés.­Didier­Burkhalter,­qui­

a­insisté­sur­la­nécessité­de­réduire­

les­ incitations,­ pour­ les­ caisses,­ à­

pratiquer­la­chasse­aux­bons­ris­ques,­

en­a­profité­pour­critiquer­le­manque­

d’interventionnisme­de­son­prédé­ces­

seur­sur­la­question­de­la­compensa­

tion­des­risques.(…)

Pour­les­conseillers­d’Etat­romands­

chargés­de­la­Santé,­les­hausses­de­

primes­annoncées­restent­trop­éle­

vées.­«Il­n’y­a­pas­de­quoi­claironner,­

estime­ainsi­le­ministre­vaudois­Pierre­

Yves­Maillard.­Il­est­tout­à­fait­normal­

que­ ces­ augmentations­ soient­ mo­

dérées,­ après­ les­ hausses­ exces­

sives­de­2010­et­2011.­Car,­en­réa­

lité,­la­hausse­des­coûts­par­assuré­à­

la­charge­de­la­LAMal­reste­depuis­

plusieurs­années­de­l’ordre­de­2%­en­

moyenne­suisse.­Donc­toute­hausse­

de­prime­supérieure­à­ce­chiffre­s’ex­

plique­par­des­défauts­du­système»,­

critique­le­socialiste.

Même­ son­ de­ cloche­ du­ côté­ du­

Genevois­Pierre­François­Unger­:­«Je­

reconnais­ que­ Didier­ Burkhalter­ se­

pré­occupe­du­problème.­Mais,­à­Ge­

nève,­les­jeunes­adultes­verront­leurs­

primes­grimper­de­4,7%.­Ce­qui­est­

considérable­!­ Toujours­ à­ Genève,­

pour­suit­le­démocrate­chrétien,­plu­

sieurs­caisses­affichent­une­santé­et­

des­ réserves­ resplendissantes,­ et,­

mal­gré­tout,­leurs­primes­augmentent­

fortement.­Est­ce­pour­chasser­cer­

tains­ de­ leurs­ clients­ vers­ d’autres­

cais­ses­ et­ trier­ les­ bons­ risques­?­

Car,­une­fois­de­plus,­on­constate­que­

le­domaine­où­la­concurrence­fonc­

tionne,­c’est­celui­de­la­chasse­aux­

bons­risques.»

Valentine Zubler Le Temps­du­29­septembre­2011

Le National en faveur d’une transmission systématique des données des patients

«Le­ Conseil­ national­ a­ donné­ un­

blanc­seing­au­gouvernement.»­C’est­

ainsi­ que­ Charles­ Favre­ (PRD/VD)­

inter­prè­te­le­vote­positif­de­ses­col­

lègues­ sur­ la­ révision­ de­ la­ Loi­ sur­

l’assuran­ce­maladie­(LAMal)­relative­

au­secret­médical.­Le­président­de­

H­+­Les­ Hôpitaux­ de­ Suisse­ estime­

qu’il­aurait­mieux­valu­attendre­que­le­

mode­de­transmission­des­diagnos­

tics­soit­défini­précisément­dans­l’or­

donnance.­Or,­la­consultation­sur­cette­

dernière­ prend­ fin­ aujourd’hui­ mer­

credi.

Les­hôpitaux­n’ont­d’ailleurs­pas­at­

ten­du­cette­échéance­pour­manifester­

leur­désapprobation.­Dans­un­com­

mu­niqué,­ ils­ critiquent­ le­ dispositif­

prévu­par­l’ordonnance.­«Chaque­an­

née,­les­hôpitaux­devront­pseudony­

miser­et­crypter­les­données­de­1,3­

million­de­patients,­explique­Charles­

Favre.­Cela­entraînera­un­travail­con­

sidérable.»­Pour­le­Vaudois,­il­est­grand­

temps­que­le­Conseil­fédéral­tienne­

compte­de­la­proposition­des­hôpi­

taux­ de­ créer­ un­ organe­ indépen­

dant­chargé­du­contrôle­du­codage­

des­factures.

Président­de­la­Fédération­des­mé­

decins­suisses,­Jacques­de­Haller­se­

déclare­«très­scandalisé».­Et­de­rap­

peler­que­si­l’ordonnance­fait­suite­à­

l’échec­ de­ la­ convention­ entre­ les­

hôpitaux­et­les­assureurs,­l’Office­fé­

déral­de­la­santé­publique­(OFSP)­a­

envoyé­entre­temps­une­circulaire­aux­

assureurs­qui­leur­permet­de­récla­

mer­ toutes­ les­ données­ médicales­

avec­ les­ factures.­ «Maintenant,­ le­

Con­seil­fédéral­fait­passer­à­la­hus­

sarde­une­modification­de­la­loi­sans­

qu’il­puisse­y­avoir­de­véritable­dis­

cussion.»

Charles­Favre­s’interroge­:­«Pourquoi­

ces­éléments­surgissent­ils­un­à­un,­

par­surprise­?­Y­a­t­il­une­volonté­de­

donner­plus­de­pouvoir­aux­cais­ses­?»­

Le­ président­ de­ la­ FMH­ renchérit­:­

«Tout­ cela­ fait­ régner­ un­ climat­ de­

suspicion.­Il­y­a­comme­une­idée­fixe­

de­transmettre­les­données­les­plus­

intimes­des­habitants­de­ce­pays­aux­

caisses­ maladie.»­ La­ FMH­ entend­

agir­auprès­du­Conseil­des­Etats­et­

de­sa­commission­lorsqu’il­sera­saisi­

de­la­révision­de­la­loi.

Jacques­de­Haller­est­plus­indulgent­

en­revanche­sur­l’ordonnance.­«Nous­

pouvons­ vivre­ avec­ ce­ compromis.­

Certes,­la­transmission­systématique­

des­ données­ pseudonymisées­ et­

cryp­tées­ représente­ un­ surcroît­ de­

travail­mais­elle­satisfait­aux­exigen­

ces­de­la­protection­des­données.»­

Dans­sa­réponse,­la­FMH­attirera­ce­

pendant­l’attention­du­Conseil­fédé­

ral­sur­certains­problèmes­posés­par­

la­pseudonymisation.

Directement­visée,­H­+­se­montre­plus­

cassante.­L’association­critique­aussi­

le­taux­de­10%­concédé­par­l’ordon­

nance­pour­l’indemnisation­des­inves­

tissements­des­hôpitaux.­«C’est­tota­

lement­insuffisant,­s’indigne­Charles­

Favre.­Beaucoup­d’hôpitaux­craignent­

pour­la­qualité­des­soins­à­l’avenir.»­

(…)

Laurent Aubert Tribune de Genève du­28­septembre­2011 Ce n’est donc pas le fait d’être ho­

mosexuel, mais la pratique de re­

lations sexuelles entre hommes qui constitue une contre­indication au don du sang. D’ailleurs, l’homo­

sexualité féminine n’est pas une contre­indication.»

Que fallait­il comprendre ? Le fait est qu’en dépit des déclarations ministérielles rien, – depuis – n’a changé, l’homosexualité masculine demeurant (en tant que telle et sur un mode déclaratoire) une contre­

indication permanente en France.

Pour autant, le débat s’est, depuis, enrichi. En 2009, la justice fut no­

tamment saisie par un homme de 28 ans qui attaquait en justice l’Eta­

blissement français du sang (EFS), cet organisme lui ayant refusé un don en raison de son orientation sexuelle. Un choix que le plaignant jugeait «rabaissant» et «humiliant», évoquant même «une discrimina­

tion d’Etat». L’homme déclarait

46_47.indd 1 03.10.11 12:26

(2)

Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

5 octobre 2011

1943

être «fidèle» et vivre en couple depuis quatre ans et demi.

«C’est une discrimination d’Etat, confiait­il au quotidien Midi Libre.

Comment vouloir que les orienta­

tions sexuelles soient acceptées par la société si l’Etat a un com­

portement discriminatoire et s’il stigmatise les homosexuels ? En tant que citoyen, je n’accepte pas d’être communautarisé de la sorte, à mon insu. En plus, je suis cata­

logué à vie comme homosexuel dans le fichier de l’EFS». Et son avocat de préciser que ce refus de don était «contraire à une direc­

tive européenne de 2004, qui parle de comportement et pas d’orien­

tation sexuelle». Et l’EFS de préci­

ser pour sa part que des études concluaient que chez les homo­

sexuels masculins, le taux de con­

tamination par le VIH était entre 60 et 100 fois plus important que pour le reste de la population tan­

dis que le taux de multi­partena­

riat était bien supérieur aux hété­

rosexuels. Discrimination ? Plus généralement, il fut affirmé, au risque de choquer, que le don du sang ne devait pas être perçu comme étant un droit. N’entre pas qui veut, en somme, dans cette chaîne de solidarité biologique. Et l’EFS de renvoyer vers une déci­

sion rendue sur ce thème par la Haute autorité française de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Cette institution avait été saisie par un président d’association d’une réclamation relative à l’exclusion des person nes homosexuelles du don du sang.

Fut alors versé au dossier un do­

cument de la section technique du Comité consultatif national français d’éthique (Ccne) qui in­

diquait en substance que la plu­

part des questionnaires soumis aux futurs donneurs indiquent d’emblée que le fait d’être homo­

sexuel, d’avoir ou d’avoir eu des relations homosexuelles représen­

tait une cause d’exclusion défini­

tive du don du sang, ceci sous des formes variées en mettant parfois sur le même plan prostitution et homosexualité. «Cette éviction liée à l’homosexualité est définitive alors que d’autres conduites à risque notoire n’entraînent qu’une exclusion temporaire» observait le Ccne. Et ce dernier d’ajouter (dans un esprit de jésuitisme dont il ne se départit guère) que le res­

pect des impératifs légitimes de

sécurité ne devait pas conduire à des mesures qui pouvaient être considérées comme discrimina­

toire.

Conclusion de la Halde : «En l’es­

pèce, il n’y a pas de refus d’accès à un bien ou un service, même si la pratique actuelle est vécue com me discriminatoire par les candidats au don du sang. Dans le souci d’une protection sanitaire renfor­

cée et dans le respect de l’avis du Ccne, la décision d’exclusion défi­

nitive du don du sang d’une per­

sonne paraît devoir être prise sur la base des risques liés à son com­

portement.» A suivre ? (Fin)

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

9 h 45­ Check­up­de­routine­:­quelle­

utilité­?­J. Arroyo

10 h 15­ Qu’est­ce­que­la­Médecine­

anti­âge­?­F. Ongaro

11 h 15­ Devons­nous­changer­notre­

manière­de­manger­pour­bien­vieillir­?­

V. Giusti

11 h 45­ La­nutrigénomique,­une­

science­jeune­ou­mature­?­G. Vergères 12 h 15­ La­médecine­anti­âge­peut­

elle­être­introduite­dans­l’enseignement­

de­la­médecine­?­J.-M. Gaspoz 12 h 45­ Table­ronde

13 h 15­ Conclusion,­N. von der Weid Renseignements :

Société­Coopérative­Médicale­­

de­Beaulieu

1206­Genève info­smb@beaulieu.ch www.smb­cgb.ch

La santé mentale au féminin

Symposium du service de psy- chiatrie générale

Mercredi 12 octobre 2011 de 14 h 00 à 18 h 00

Genève,­HUG,­Auditoire­Marcel­Jenny 14 h 00­ Introduction,­M. Merlo 14 h 10­ La­périnatalité­et­les­troubles­

de­l’humeur,­N. Nanzer et J.-M. Aubry 14 h 45­ Approche­psycho­sexuelle­

de­l’interruption­volontaire­de­gros­

sesse,­F. Bianchi-Demicheli 15 h 05­ Le­cerveau­au­féminin,­

F. Magara

16 h 15­ Menopause­and­mental­dis­or­

ders­(en­anglais)­A. Riecher Rössler 17 h 00­ Femme­et­addiction,­

M. Bertolini

17 h 20­ La­vulnérabilité­féminine­face­

à­la­dépression­:­mythe­ou­réalité­?­­

P. Giannakopoulos

17 h 40­ Conclusion­–­Discussion,­

M.­Merlo

Renseignements :

Secrétariat­SPGFMC­(symposium) 1225­Chêne­Bourg

spg.fmc@hcuge.ch sandra.terpelle@hcuge.ch

46_47.indd 2 03.10.11 12:26

Références

Documents relatifs

LE SALAIRE MOYEN PEUT GRIMPER ALORS MÊME QU’AUCUN SALARIÉ N’A ÉTÉ AUGMENTÉ... SI ON SUPPRIME DES EMPLOIS MOINS RÉMUNÉRÉS. Et le pouvoir d’achat irait augmentant comme

ﺭﺜﻜﺃ ﻥﻭﻜﻴ ﻥﺃ ﺩﻴﺭﻴ ﻪﻨﻷ ﺓﺭﻬﺸﻟﺍﻭ ﺩﺠﻤﻟﺎﺒ ﺏﺘﺎﻜﻟﺍ ﺍ.

[r]

[r]

The study focuses on phonological, orthographical, lexical, syntactical, semantic, pragmatic and tex- tual aspects and reveals the overwhelming influence of French, English and

On utilise l’interpolation lin´ eaire afin d’ˆ etre plus pr´ ecis... D´ eterminons l’effectif th´ eorique des exploitations ayant une superficie en hectares comprise entre 40

Un accroissement de fécondité diminue la charge des personnes âgées, résul- tat que l'on connaissait déjà, mais la formule obtenue nous donne un rensei- gnement

[r]