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JACQUES ROZNER. royez-vous aux miracles? - Le fait de poser la question en est un!»

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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PROPOS EN ZIGZAG

royez-vous aux miracles ?

- Le fait de poser la question en est un ! »

Gare à la culture ! En être imprégné, déborder des connaissances du passé, dans toutes les disciplines, peut enfer- mer l'esprit dans une prison capitonnée et le rendre inapte à aborder l'inédit. L'inédit exige la plus grande disponibilité intellectuelle pour une approche exhaustive du « jamais vu » qui est la marque de notre temps.

L'Imagination contre la Culture, quel thème de réflexion !

« En ce début de 1988, êtes-vous optimiste ?

- Optimisme et pessimisme, voilà des mots que j'ignore et qui ne veulent rien dire. L'observation des faits et les

conclusions qu'on en peut dégager sont la seule démarche valable de l'esprit. Que l'un s'en réjouisse, que l'autre s'en désole, cela ne concerne que l'un ou l'autre, sans incidence sur la vérité des analyses qui sont ce qu'elles sont et ne sont que cela. »

En politique comme en économie, la recherche de la plus grande dimension motive aujourd'hui les Etats comme les sociétés industrielles ou commerciales. C'est ce qui fait que

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la France est confrontée à une exigence contraire à son tempérament national.

Elle a toujours exprimé le sens du « petit ». Elle s'en glorifiait même il n'y a pas si longtemps : les commerces s'appelaient le Petit Laboureur, Au gagne-petit, la presse, c'était le Petit Journal, le Petit Parisien, les restaurants à la mode se

nommaient le Petit Riche, le Petit Marguery, etc.

Aujourd'hui, on a banni le terme « petit » mais point l'esprit. Et le mot « grand » n'apparaît nulle part.

La petite dimension, c'est l'échelle humaine. Cela fait le charme de la vie française. Charme désuet... mais pour combien de temps encore ?

Notre corps, cette extraordinaire usine, fonctionne en démocratie. Chaque organe a sa fonction propre liée aux spécificités des autres organes. Mais aucun n'exerce un commandement absolu sur l'ensemble. A u contraire, chacun d'entre eux se contente de faire connaître ses besoins à l'ordinateur central - le cerveau - , qui les traduit explicitement, selon sa vocation communicative.

Si l'estomac lance un appel codé au cerveau, celui-là traduit en clair : « J'ai faim. » Il en est ainsi pour tous les éléments constitutifs de notre corps-usine. Nul ne s'impose aux autres. Chacun exprime ses besoins propres à ceux qui sont en mesure d'y répondre.

La démocratie, en politique, c'est aussi cela : de la base vers le sommet. Et, au sommet, il y a l'Etat-cerveau qui n'a pas vocation à dicter leur comportement aux citoyens-organes, qui sont allergiques à la contrainte, mais seulement de traduire leurs besoins et d'articuler leurs possibilités. L a dictature apparaît partout contraire à la nature des choses, du corps humain comme du corps social.

L'Amérique a absorbé dans le secteur tertiaire la quasi-totalité des travailleurs évincés du secondaire par la robotisation. C'est un remarquable résultat dû à l'expansion économique et à la relativement faible insertion des technolo- gies nouvelles dans le secteur des services.

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Mais que se ralentisse l'expansion économique aux Etats-Unis - ce qui n'est pas à exclure - et que s'adaptent et se développent les technologies dans le secteur tertiaire - ce qui est en cours - et nous assisterons à un boom du chômage américain.

La situation est, à cet égard, partout des plus précaires.

Aucune société développée n'échappera aux conséquences sociales de l'automation : le plein emploi sera réservé aux technologies et non plus aux hommes.

Bach, c'est le génie qui pénètre les abstractions mathé- matiques. Mozart, c'est le génie à l'état pur. Beethoven, c'est le génie qui transcende les passions. Wagner, c'est le génie qui sublime les conflits humains.

Le langage musical, à ce niveau, s'est conclu par l'impressionnisme, c'est-à-dire avec Debussy. Depuis ce génie moderne, depuis soixante-dix ans, rien de neuf à signaler. Le xxc siècle n'aura pas été novateur en ce domaine : aucun style musical débouchant sur des créations originales qualifia- blés d'immortelles n'est apparu ! Tout aurait-il été exprimé symphoniquement ?

Parmi les effets nocifs de la télévision, et aussi de la radio, je citerais, en premier lieu, la mise en condition du public pour l'amener à applaudir systématiquement tout, c'est-à-dire rien.

Prenons une quelconque émission, où l'on interroge des gens issus du public sur des sujets variés. Sur une question élémentaire, un garçon ou une fille reste muet ou fait une réponse erronée. Le meneur de jeu se tourne vers le public :

« Mauvaise réponse. On l'applaudit très fort. » Et le public d'obéir...

Cette technique de l'applaudissement provoqué ne vous rappelle rien ? Elle découle, en ligne directe, de celles que Staline, Hitler ou Mussolini avaient appliqué à leurs foules en état d'hypnose. Aujourd'hui, la méthode sert à amuser un public déjà conditionné pour applaudir sur ordre n'importe qui, n'importe quoi.

Mais demain... au cas où... ?

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L'homme surchargé de tâches est celui qui a le temps de tout faire dès lors qu'il sait distinguer l'essentiel pour le privilégier sans pour autant ignorer l'accessoire.

Le socialisme français a-t-il encore un avenir ? Comme l'insecte qui meurt après avoir accompli l'acte d'amour, le socialisme dépérit pour s'être réalisé, en 1936, avec les lois sociales du Front populaire, puis avec celles d'après-guerre. Sa tâche semble accomplie.

Le socialisme étant l'insertion de la plus forte dose sociale dans un régime fondé sur la loi du profit, on peut considérer qu'en économie ouverte le rapport innovation- qualité-prix implique, au niveau concurrentiel, que soit assigné un plafond à l'alourdissement des coûts de production.

Sinon, un repli autarcique en résulte sous l'aspect d'une dictature obligée.

Aujourd'hui, on observe un symptôme significatif d'achèvement du socialisme dans les revendications sociales qui sont de moins en moins « contre » un système, de plus en plus pour y « participer ». D'où le dépérissement parallèle du syndicalisme, qui a de moins en moins prise sur cette évolution des esprits que renforcent les impératifs de la technologie.

Un programme pour les jeunes : « Apprendre à apprendre (1). »

Un plan pour les adultes : « Vieillir jeune et mourir en bonne santé. »

Les amateurs d'opéra sont légion à notre époque. Les œuvres des Bellini, Mozart, Gluck, Wagner, Puccini comblent les salles. Si notre siècle n'est pas productif d'œuvres lyriques, celles du passé ne cessent d'enthousiasmer un nombre croissant de nos contemporains.

C'est peut-être à partir de ce constat que l'opéra de la Bastille trouve sa meilleure justification en proposant plus de places aux amateurs que n'en comporte l'opéra Garnier. Mais

(I) La formule est de Louis Armand.

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est-on sûr que le cadre intimiste, pompeux et solennel de ce dernier ne convienne pas mieux aux œuvres des siècles anté- rieurs que celui, vaste et sévère, du futur opéra ?

Démocratiser l'opéra est une excellente et opportune motivation. Mais ne risque-t-on pas d'estomper, sinon de dissoudre les œuvres du répertoire dans un cadre dimensionnel trop vaste ?

Quoi qu'il en advienne, i l ne faudrait pas passer à côté de la meilleure technique de démocratisation : le cinéma, celui de demain, qui incorporera relief visuel et relief sonore.

Déjà, le film la Traviata, avec le seul relief sonore, a permis une ouverture sur de nouvelles perspectives... Rappelez- vous le début musical de l'œuvre et l'évocation projetée visuellement ! Ce fut une novation annonçant pour le futur de l'opéra des émotions inédites.

A u surplus, leplay-back et les premiers plans de visages feront des chanteurs également des acteurs au sens plein du terme. Les spectateurs se trouveront mêlés plus intimement à l'événement théâtral et aux sentiments éprouvés par les person- nages. L'émotion sera intensifiée, dès lors que les acteurs vous livreront complètement les héros des œuvres par des premiers plans expressifs adaptés à l'écriture musicale et à des scènes culminantes.

U n dialogue possible :

« Vous m'aviez donné votre parole. Vous ne l'avez pas tenue.

- Comment voulez-vous que je tienne ce que j ' a i donné. »

Ce grand « M » (comme Mystère) qui a créé les univers - celui que nous connaissons (ou croyons connaître) et ceux que nous ne sommes même pas capables d'imaginer - et qui a fait surgir sur notre infiniment petite planète la Vie, sous ses multiples aspects, a commis une erreur fondamentale : la mise en place d'un processus qui, pour tout ce qui est, va de la jeunesse à la vieillesse, du naître jeune au mourir vieux.

Erreur, parce que tout irait tellement mieux si la vie démarrait avec la vieillesse et s'achevait en se résorbant dans

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l'ultime enfance... Naître vieux et mourir jeune, quelles perspec- tives s'ouvriraient ! L'expérience et les connaissances acquises en venant au monde s'oubliant ensuite progressivement, quel changement dans l'approche de tous les problèmes !

Par exemple, naître en possédant le secret de la fusion thermonucléaire pour achever sa vie en l'ignorant et en suçant son pouce serait une fin plus voluptueuse que de se concentrer sur le vieillissement douloureux de son corps et de son esprit.

A u surplus, quelle marque d'humilité authentique à l'égard du grand « M » constituerait cette résorption en lui, comme le font ces nuages brusquement apparus dans leur forme accomplie avant de s'évanouir dans l'azur du ciel...

Il y a certes, déjà, autour de nous, des jeunes qui naissent vieux et des vieux qui meurent jeunes... Mais là n'est pas le problème. C'en est un autre.

J A C Q U E S R O Z N E R

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