S TEIN
Correspondance. Lettre sur divers sujets traités dans les Annales
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 16 (1825-1826), p. 257-262
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THEORIE DES
PARALLELES. 257
au jour
les n valeurs de la formuleX+X’-I;
mais la trans-formation
qui
réduitl’expression
à ne contenir que l’une ou l’alt-tre des deux fonctions X et X’ entrait bien aussi un peu dans la
question,
etpourtant
aucun d’eux ne s’en estoccupé.
Onpeut
êtresurpris qu’elle
soitéchappée,
enparticulier
à M.Ci elle
,qui
atraité ce
sujet
avec leplus
deprofondeur
et dedéveloppement,
etqui paraissait
destiner cequ’il
avait écrit sur cesujet
à servir decommentaire à une traduction allemande du Calcul
des fonctions qu’il préparait.
Ceci
explique, entr’autres, pourquoi l’équation
différentielle deLagrange
admet les deux solutionsqui
étaient pour M. Lacroixune source
d’embarras (
Traité de calculdifférentiel
et de calculintégral,
tom.III,
pag. 6I6).
Du reste cette relation entre X et XI se trouve aux
notations près,
dans le
mémoire
deM. Poiusot ;
mais la manière dont elles’y
trouve amenée et les nombreux détails au
milieu desquels
ellese trouve absorbée
permettent
àpeine de l’apercevoir.
CORRESPONDANCE.
Lettre
surdivers sujets traités dans les Annales ;
Par M. STEIN, professeur de mathématiques
auGymnase
de Trèves, ancien élève de l’Ecole polytechnique.
MONSIEUR,
LEs
observations quej’ai
l’honneur de vous adresserarrivent
unpeu tard. La raison en est que mon libraire a
négligé
de renouvelerTom. XVI
34
258 THEORIE
mon abonnement en temps
opportun ;
de sorte quej’ai
reçu à lafois ,
etdepuis quelques jours seulement ,
lesquatre premiers
nu-méros du tome XVI.
J’espère cependant
que vous voudrez bien ac-corder
à ma lettre uneplace
dans vos Annales.Je
répondrai
d’abord àl’objection
que vousfaites , Monsieur
à la page
47 ,
contre le raisonnement quej’emploie
pour démon-trer
qu’une
bandeindéfinie ,
entreparallèles peut égaler
ou mêmesurpasser une surface
angulaire
indéfinie.Cette objection
meparaît
bien propre àjeter
dujour
sur le vraisens de mon
raisonnement qui
ne s’en trouve queplus rigoureu-
sement confirmé. - En
effet,
en faisant simultanémentpartir
deuxmobiles d’un même
point ,
vous mettez endépendance
mutuelleles
temps pendant lesquels
le mouvement alieu , c’est-à-dire ,
quevous ne pouvez donner un temps déterminé à l’un des
mobiles,
sans l’accorder
également
à l’autre. Or on voit à l’instant que le rayon du secteur et lahauteur
de la bande ne sont, dans monraisonllemellt ,
que ce que sont lestemps
dans le vôtre. Lagrande
différence consiste en ce que ces
lignes
sont absolumentindépen- dantes,
bienqu’on
les suppose toutes deuxinfinies,
tandisqu’un
temps infini,
donné au mobilequi
se. meut d’un monvement uni-forme ,
entraîne untemps
infiniégal
pour le mobile dont le mou-vement est uniformément accéléré. - Si vous faisiez mouvoir les deux mobiles
indépendamment
l’un del’autre,
vouspourriez
cer-tainement obtenir un espace
infini
, parcouru uniformémentégal
on
plus grand qu’un
espace infini parcouru d’un mouvement ac-céléré, puisqu’il
suffirait pour cela de supposer que les temps fus-sent dans un
rapport
croissant à l’infini avec le tempsmême;
et, dans ce cas, mon raisonnements’applique
sans conduire à aucuneconséquence fausse ; tandis qu’il
nes’applique
pasplus
au cas desdeux mouvemens dont vous
parlez qu’à
celui où l’onsnpposerait
un
rapport
constant entre la hauteur de la bande et le rayon dusecteur. - Il résulte donc de tout cela que la vérité ou la faits-
259
DES PARALLELES.seté- des
propositions
sur les bandes et les surfacesangulaires
dé-pendent
essentiellement durapport ,
tout-à-faitarbitraire, que
l’on voudra établir entre les dimensions de cesfigures.
Je vais
maintenant , Monsieur,
et suivant le v0153u que vous avezparu
manifester ,
exposer monopinion
sur la démonstration de M.Legendre,
fondée surl’algorithme
desfonctions ;
enobservant,
toute-fois,
queje
ne connais pas encore cequi
a été dit sur le mêmesujet
à la page 16 du X.e volume des Annales. -D’abord , je
ne
sais ,
envérité, quelle
estcette
loi deshomogènes
citée par M.Legendre qui
du moins en aurait dudonner ,
avant tout , et l’énoncé et la démonstration(*).
Enattendant,
voici commej’en-
tends la démonstration
qui
se trouve au commencement de la noteIl de ses élémens. - D’abord
j’observe qu’il
ne suffit pas de pren- dre une unitéangulaire
pour construire la formuleC=~(A,B,c),
mais
qu’il
fautadopter également
une unitélinéaire ,
pourrepré-
senter en nombre la
longueur c ;
car ce ne sont que des nombres que l’onpeut
soumettre au calcul(
comme M.Legendre le dit lui-même,
liv.III, définitions,
N.B. ) (**).
Celaposé,
c est un(*)
Peut-être l’article de la page 366 du tome VIII des Annales et l’ar- ticledéjà
cité du tome Xpourront-ils,
sur cepoint, suppléer
au silencede M.
Legendre.
J. D. G.
(**) Nous ne serions pas tout-à-fait de cet avis, ou pour mieux dire,
nous ne voyons pas trop
quel
avantage onpourrait
trouver à restreindre ainsi lasignification
du mot calcul. Le serrurierqui
soude bout à bout deux barres de fer nousparaît
faire une addition ; et il fait unemultipli-
cation s’il en soude
plusieurs
de mêmelongueur.
Il fait une soustraction s’il raccourcit un de ces barreaux , et une division , s’il le coupe enplusieurs fragmens
d’une mêmelongueur,
ou même s’il yapplique
le mètre pour lemesurer. En
géométrie
onajoute ,
on retranche, onmultiplie
et on divisegraphiquement
leslongueurs
et les surfaces ; et lalogique
même n’était pasdistinguée
ducalcul,
dansl’esprit
de Hobbes. Lesprocédés
d’exécution260 - THEORIE
nombre
dépendant
de l’unitélinéaire,
etA,B,C
sont des nombresdépendant
de l’unitéangulaire. Or ,
si l’on avaitC=~(A,B,c),
onen tirerait
c=f(A,B,C); donc,
en conservantl’angle
droit cornmeunité
angulaire,
on auraitf(A,B,C),
nombredéterminé,
constantet
indépendant
de l’unitélinéaire, égal
à unnombre c,
varia-ble en même
temps
que cetteunité ;
cequi
ne saurait avoirlieu ;
de sortequ’on
doit avoirsimplement C=~(A,B).
La
démonstration ainsi présentée, parah
à l’abri de toute ob-jection; cependant,
on en découvre assez facilement le cotéfaible.
On
voit,
eneffet,
que, si la forme de la fonctionf,
ou , cequi
revient au
même,
la forme de.l’équation C=~(A,B,c) pouvait changer,
avec l’unitélinéaire,
la relationc=f(A,B,C)
n’offriraitplus
aucune
absurdité;
et comment prouver que la forme del’équation C=~(A,B,c)
nedépend
pas de l’unité linéaire ?La
difficultéacquiert
une nouvelle force par la considération suivante :On a certainement
C=03C8(a,b,c);
or, enprenant
et conservant une unité linéairedéterminée,
la fonction03C8(a,b,c)
sera un nom-bre
déterminé,
constant etindépendant
de l’unitéangulaire,
d’oùil suit que la forme de la
fonction f
doit varier avec l’unitéan- gulaire,
sansquoi équation C=03C8(a,b,c)
seraitabsurde,
aussi bienque
c=f(A,B,C)(*).
Or,
si la forme de la relation entre les cotés et lesangles
d’untnaugie dépend,
eneffet,
de l’unitéangulaire,
comment osera-t-peuvent varier avec la nature des
objets
surlesquels
onopère;
mais le Lut demeuretoujours
le même.J. D. G.
(*) Cette di{1iculté a été, sinon
complètement
résolue, du moinssingu-
lierement éclaircie, dans le mémoire
déjà
cité du tome X.eJ. D. G.
DES PARALLELES.
26Ion
affirmer,
àl’apance, qu’elle
nedépend point
de l’unité li- néaire(*) ?
Voilà, Monsieur,
ce quej’avais
à dire sur ladémonstration
de M.Legendre,
en l’entendaut toutefois commeje
l’aiexpliqué
ci-dessus.
Mais,
dequelque
manière d’ailleursqu’on
veuille la dé-velopper,
on seratoujours
conduit à raisonner sur laforme
del’équation qui
subsiste entre les côtés et lesangles
d’untriangle ;
et on ne voit
guère
comment on pourra, àpriori ,
avancerquel-
que chose de certain sur la forme d’une relation dont la
trigono-
métrie
(
fondée elle-même sur la similitude destriangles ) donne
la
première
idée.. Je
terminerai, Monsieur ,
enessayant
de mettre 6n à la dis-cussion
qui
s’est élevée entre M. Vincent etmoi,
relativementaux exposans fractionnaires. Elle se réduit finalement à la seule
question: peut-on
réduire unexposant fractionnaire à
saplus simple expression ,
de même que toute autrefraction quelcon- que?
Eneffet,
si l’onrépond affirmativement,
M. Vincent acomplètement
raison : dans le cascontraire,
mes ralsonnemens con- servent toute leur force.Or,
cetteréponse, quelle quelle soit
ne
dépend
que de la définition que l’on voudra donner de l’ex-pression am n. Posera-t-on am n=(a)m,
ou bienam n=am?
Si l’onadmet la
première définition,
iln’y
a aucun doute sur l’identitéentre am n et
amp np,
ce que l’on prouve,facilement ,
sans recourir àla formule
(*) Il nous
paraît
que , si -lesscrupules
de M. Stein étaient fondés , ildeviendrait
superflu
de calculer des formulesgénérales,
attendu que ces for-mules ne
pourraient jamais
êtreemployées
enpleine
sécurité. Nous doutonsque M. Stein lui-même soit fort
disposé
à accepter une conséquence aussifâcheuse et incommode.
J. D. G.
262 THEORIE DES PARALLELES.
qui
elle-même n’est exactequ’en supposant
am n=(a)m.
Mais,
si l’on admet l’autredéfinition,
la formule()
n’estplu s
exacte ;
puisqu’en
nommant AI la valeurarithmétique
deam,
on devra écrire
m mp
Alors ,
d’une part , lesexpressions an,
anp ne serontplus
identi-ques, et d’une autre, le raisonnement de la page
93,
fondé sur laformule
(1),
ne pourraplus
êtreemployé.
Voilà donc un choix àfaire entre les définitions
Le mien sera bientôt
fait ; je
me conformerai àl’usage général,
en
écrivant am n=am. M. Vincent préférera peut-être
l’autre dé-
finition f
surtout parce qu’elle
l’a conduit à des résultats tout nou-
veaux.
Quant
àmoi,
ces résultats même meparaissent
un argu-ment