A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
G. D ARMOIS
Sur les courbes algébriques à torsion constante
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 11 (1919), p. 67-189
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1919_3_11__67_0>
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SUR LES COURBES ALGÉBRIQUES A TORSION CONSTANTE
PAR M. G. DARMOIS
INTRODUCTION
HISTORIQUE
,[1]
Dans lapremière
édition desleçons
sur laThéoriè générale
dessurfaces (r88?),
M.Darboux, après
avoir donné leséquations générales
des courbes à torsion constante, et déterminé commeapplication
la courbe transcendante dont l’indica- trice des binormales est uneconique sphérique, ajoutait
laphrase suivante :
« Ilserait intéressant d’examiner si toutes les courbes à torsion constante sont nécessai- rement transcendantes ou
bien,
s’il y en ad’algébriques,
de déterminer lesplus simples. )) (Tome I,
p.46.)
--
Cette invitation suscita
rapidement
un certain nombre detravaux,
étudiés par M. Darboux au tomeIV,
p.42g
de son ouvrage(1896).
[2]
Noussignalons
seulement l’intéressant mémoire de M.Koenigs (’),
dontl’objet
est assez différent dunôtre,
et nous arrivons à la thèse de M.Lyon {00FF).
Le but de son travail est la recherche
spéciale
des courbes unicursales à torsion constante. Ramenée à la résolutionde systèmes d’équations
dont le maniement estassez
difficile,
cette recherche donne comme résultats effectifs lacubique gauche
àtorsion constante
coupée
par leplan
de l’infini en troispoints confondus,
et d’unefaçon plus générale
les courbes dedegré
M à torsion constantecoupées
par leplan
de l’infini en M
points
confondus. Ceproblème particulier équivaut
à la résolutionde
l’équation :
où
A, B,
C sont troispolynômes
entiers d’une même variable. En d’autres termes,,
c’est
la recherche des courbessphériques n’ayant qu’un point
à l’infini.l’) Annales
de la Fac. des Sciences de Toulouse, tome 1,1 88j .
’
(£)
I. Lyon, Sur les courbes à torsion constante, Paris,juillet I890 ,
_68
La
généralité
de cessolutions,
le moyen de les obteniraisément,
sont des ques- tionsqui
ne sont pas entièrement traitées.Citons
encore un résultat intéressant(p. 11) qui
donne sous forme finie deux coordonnées d’unpoint
de la courbecherchée,
la troisième coordonnée seulement contenant unequadrature.
[3]
Le travail de NI. Fouché(’)
ramène à une formesimple
ouplutôt
condenséele
problème général
des courbesalgébriques
à torsion constante. Ilsuffit,
pour le résoudreentièrement,
de déterminerdeux
fonctionsalgébriques
y et z d’une même variable x satisfaisant àl’équation
Cette méthode fournit sans effort un nombre illirnité de courbes unicursales.
D’autre
part/la
réduction duproblème
àl’équation (i) paraît
très satisfaisante. Elle donne lieupourtant aux
remarques suivantes : Enfait,
la résolutiongénérale
del’équation (i)
étantimpossible,
comme nous le verronsplus loin,
on est forcé de seborner à la recherche de classes déterminées de
solutions,
parexemple
cellesqui correspondent
aux courbes unicursales. Mais et yayant
lasignification suivante,
oû x
et ~
sont lesparamètres
desgénératrices rectilignes
de lasphère,
y est engénéral
une fonctioncompliquée
de x. y n’est fonction rationnelle de x que pour les indicatricesunicursales coupées
en un seulpoint
par lesgénératrices rectilignes
x = const. Il
parait
assez difficile d’utiliserl’équation (i)
pour des recherchesgéné-
rales.
Une remarque presque évidente, mais très
intéressante,
est celle-ci :L’équa-
tion
(i) exprime
la condition nécessaire et suffisante pourqu’on puisse exprimer
enfonction de x, de y, z et de leurs dérivées les coordonnées d’un
point
d’une courbe à torsion constante, sans aucunsigne
dequadrature.
[4]
Un travail de M.Fabry C) [1892] apporte
à cette théorie uneimportante
contribution. Par une méthode
particulière, Fabry
a pu déterminer une infinité de courbesalgébriques
réelles à torsion constante. Elles sont toutes unicursales dedegré pair
M = 2p. Ellescoupent
leplan
de l’infini en deuxpoints imaginaires
’
conjugués, comptant
chacun pour p, et situés sur le cercle de l’infini.(’)
M. Fouché. Sur les courbesalgébriques
à torsion constante(Annales
de l’E. N. S., 3~ série, tome VII, p. 335, novembre(~-’) E. Fabry, C. R., janvier
18g2 (Annales
de S.. 3e série, tome IX, p. 177,1892).
Les indicatrices
sphériques
des binormales de ces courbespeuvent
être d’undegré pair quelconque.
On trouve en outre, dans le mémoire de M.Fabry,
leséqua-
tions d’une
famille
d’indicatrices dudixième degré
nedépendant
d’aucunparamètre,
du huitième
degré
à deuxparamètres,
et enfin du sixièmedegré
à unparamètre,
ces dernières solutions ne rentrant pas dans la solution
générale.
’Le
degré
des courbes obtenues par cetteméthode,
pour une indicatrice dedegré
q + 2p, est M = 2p + 2q
(notations
de M.Fabry,
p.189).
Il résulte desproposi-
tions
générales
démontrées auchapitre
I~I duprésent
travail que lespoints
à l’infinides courbes de M.
Fabry
sontsinguliers d’ordre p.
Ces
ingénieuses
recherches ont donné lepremier exemple,
assezgénéral
commeon le
voit,
de courbesalgébriques
réelles à torsion constante.[5]
Une noteélégante
de M. E.Cosserat, publiée
en1895 (’),
vint établir d’inté-ressantes relations entre cette théorie et celle des surfaces minima. Prenons-les sous la forme où elles se trouvent énoncées par G~ Darboux
0.
.« Toute courbe à torsion
constante 1 peut
êtreprise
pourligne asymptotique
d’une surface minima
qui
se détermine sans aucuneintégration
si la courbe est connue, etqui
estalgébrique
si la courbe estalgébrique. »
La surface minima
adjointe
est inscrite à lasphère
de rayon r suivant unecourbe
qui peut
servird’indicafrice sphérique
des binormales pour la courbe à tor- sion constante.Les
réciproques
sont vraies. Il en résulte enparticulier
que la détermination des surfaces minimaalgébriques
inscrites dans unesphère
et celle des courbesalgébri-
ques à torsion constante sont deux
problèmes équivalents.
’
Ces
propriétés,
dont on verra dans les pages citées l’extension aux courbes de ’Bertrand,
montrent tout l’intérêt queprésente
une étudeapprofondie
etgénérale
des courbes à torsion constante.
[6]
Mais ces recherches ont deplus
un lien étroit avec la déformation du para- . boloïde de révolution. G. Darboux(~)
a mis sous la forme suivante laproposition
définitive
qui
résume la solution duproblème :
Pour déterminer toutes les’ surfaces ’applicables
sur leparaboloïde
de révolution deparamètre
2r, c’est-à-dired’équation
(’)
E. Cosserat, Sur les courbesalgébriques
« torsion constante, etc.(~a.
R., tome CXX,p. 1252, 1895).
.
(Q)
G. I)arboux, T. S., 2e édition, tome I, p. 485. ,(3)
T. S., §§769
et 770, tome II, oupage-429,
tome IV.on construit deux courbes
ayant
des torsions constanteségales
et designes
contrai-res
2014, , i.
Le .milieu de la cordejoignant
unpoint
de lapremière
courbe r à unpoint
de la deuxième courbeI11
décrit une surface Soengendrée
soit par la transla- tion de I"homothétique
àI~,
soit deh1’ homothétique
àI’~ .
Lesplans
osculateurs à I"I’~’
secoupent
suivant une droited", laquelle engendre
une congruence de nor-males dont les surfaces focales sont les surfaces cherchées. Pour avoir des nappes
réelles, on prendra
les deux courbesF, h, imaginaires conjuguées.
Il résulte de là
qu’il y a le plus grand
intérêt à faire l’étudegénérale
des courbes à torsion constante, enparticulier
de cellesqui
sont entièrementimaginaires.
[7]
Enfin G. Darboux asignalé
ce faitC)
que leproblème
descourbes
à torsionconstante est un de ceux que
Monge
aposés
engénéral
etqui
s’énoncent ainsi :« Des fonctions y, z, ..., de la variable x doivent vérifier une ou
plusieurs équations
différentielleÇ de la forme : -
où
figurent
les fonctions et leurs dérivéesjusqu’à
un certain ordre. Est-ilpossible
de résoudre ces
équations,
c’est-à-dired’exprimer
x,y, z’
en fonction d’unpararnè-
tre, de fonctions arbitraires de ce
paramètre,
et des dérivées de ces fonctions arbi- traires a oOn obtient bien des
problèmes
de cet ordre en cherchant les courbes pour les-quelles
une relation est donnée entre la courbure et la torsion.Pour les courbes à torsion constante
l’équation (1)
de M. Fouché est l’une desformes les
plus simples
duproblème.
C’est bien uneéquation
deMonge.
Est-il donc
possible
de déterminer en fonction d’unparamètre
d’une fonctionarbitraire de ce
paramètre
et des dérivées de cette fonction les troisquantités
x, y, z aCette
question
domine évidemment toutes les autres, car si elle était résolue la théorie sedévelopperait,
comme celle des surfaces minima parexemple,
oùl’équa-
tion de
Monge
équation résoluble,
donne la solutioncomplète
duproblème.
Le
problème
deMonge
a suscité de nombreuses recherches :je
ne citerai pourl’objet
que nouspoursuivons
que deux mémoires de Beudon1’)
et de M. Cartan(~).
(~)
T. S., tome IV, p. 432.(2)
Beudon, B. S. M. F., tome XXMII, p. Sur leschangements
de variables.(3)
E. Cartan, B. S. M. F., tome XXIX, p. n8, Surquelques (luadralures
dont l’élémentdifférentiel
contient desfonctions
arbitraires. ’Les résultats de ces mémoires
simplifient grandement
notreproblème
enn’y
lais- -sant subsister
qu’une quadrature
aulieu
de trois.Ce résultat
équivaut
à celui que nous avonssignalé
dans la thèse de M.Lyon ;
nous verrons dans le
chapitre
1 les formesprécises
despropositions
obtenues.[8]
Toutesles
recherches tentées pour obtenir en termes finis les coordonnées d’unpoint
de la courbe laplus générale
à torsion constanteayant échoué,
il était .naturel
d’opérer
autrement et de délimiter les classes de courbes donton
voulait étudier l’existence et lespropriétés.
’
C’est dans cet état du
problème
que l’Académie des Sciences mit au concours lesujet
suivant1’) :
« Réaliser un
progrès
notable dans la recherche des courbes à torsion constante;déterminer,
s’il estpossible,
celles de ces courbesqui
sontalgébriques,
tout aumoins celles
qui
sont unicursales. » ’Le
présent travail, qui
est un essai sur cette difficilequestion,
a étécomposé
dejanvier 1913
àjuillet I9I4.
Un extrait despremiers
résultats a paru auxComptes
rendus
(2)
enI9I3. In terrompu
par la guerre, il a étérédigé
hâtivement t enI9I5
pour être soumis au
jugement
de l’Académie.Celle-ci, parmi
les mémoiresenvoyés
aux concours, a bien voulu
récompenser également
le travail deM.
Bertrand Gam- bier et le mien(3).
Avec des différences de détails dans la rédaction et des
développements
depoints
dont
j’avais
seulementindiqué
lesrésultats,.c’est
ce mémoire queje publie aujour-
d’hui.
(’)
C. R., séance du 16 décembre’
’
( t) C. R.,
1913,
tome Il, p.I 3 i ~.
,Oi)
C. R., séance du 18 décembre1916.
..
~
’
Différents
systèmes
de formules déter minant les courbes à torsion constanie. 2014 (.a réduc- tion des trois quadratures â une seule, -lmpossibilité
d’»ne réduction pluscomplète.
- - Nécessité de recherches directes. - Leur orientation.
[1]
Soit une courbe:1,
lieu dupoint
M(X,
Y,I), I
satorsion ,
x,03B2,
,, les para- mètres directeurs de la binormale x, c,c’,
c" ses cosinus dICPCtetars. On a les for- mulessuivantes,
valables pour une courbecltlelconclue
Si A est à
torsion
constante, on aura donc :Et inversement si les variables x,
I~,
ysont
liées par une relationquelconque
’
les
équations (2)
fourniront une courbe à torsion constante(r)
dont la binormale àla direction a,
f3,
y.On
peut
donc se donner arbitrairement le cône r des binormales. Il lui corres-pond
à une translationprès,
une courbe bien déterminée à torsion constante r,soit A-..
[2]
Il est évidentgéométriquement qu’une
transformationqui
conserve lesgéné-
ratrices du cône r,
accompagnée
d’une rotationquelconque
autour du sommet ducône,
ne fait quedéplacer
la courbe A en la laissantégale
à elle-même.Analytiquement,
il est évident que la substitutionlaisse invariables les trois
intégrales (2). _
Proposons-nous
de voiranalytiquement
l’effet dudéplacement,
ouplus généra-
lement de la substitution linéaire : ’
on suppose naturellement :
Appelons 03A6(03B1, 6, y)
la forme 03B12+ 03B22
+y"2, après
la substitution elle devientNous poserons
La substitution des valeurs
(3)
dans leséquations (2)
nous donne alorsce
qui
M’est autre que le résultatclassique
relatif à la transformation des coordonnées de droites dans une transformationhomographique.
Nous voyons immédiatementsur ces formules
qu’un déplacement
effectuésur
le cône amène la courbeAi
à coïn-cider avec la courbe li. Mais ce
résultat,
d’ailleurs peuintéressant,
segénéralise.
Considérons
tin cônequelconque 1.’,,
lieu dupoint
x,, Lesintégrales (4)
attachées à ce
cône,
définissent une courbegauche
A. Cette courbe est la transformée d’une certaine courbe à torsion constante, dans unehomographie
conservant leplan
d.e l’infini. Les formules définissant la transformation ont la forme
(5);
pour les obtenir ilsuffit,
par les formules(3),
de transformer la formequadratique 03A61
Pn x’J +
8" + y2. On peut
dire que cette transformation est définie à undéplacement près,
car dèsqu’on possède
une solutionparticulière
x’;~’ ,,’,~
on doit résoudrel’équation :
.
qui
donne une rotationquelconque (avec
ou sanssymétrie
parrapport
al’origine,
cette
dernière
transformation étant sanseffet).
[3]
Laproposition
que nous venons de démontrer a deux sortesd’applications :
I° Pour un cône des binormales
donné,
onpeut toujours,
par une transformationhomographique appropriée,
réduirel’équation
de ce cône a sa forme laplus simple..
On obtient ainsi une certaine
forme quadratique
et desintégrales
de la forme(4)
. à calculer. - :
2° On
peut
aussi, et ceci estplus important,
choisir des formessimples
pour~~~ .
Utilisant la
propriété
du début duparagraphe (2),
onpeut
faire), = I ce qui
’1 revient au fond à
remplacer
y par l, nous avons :Ces formules sont données par M.
Lyon (Thèse,
p.Si nous posons
maintenant,
dans les formulesgénérales :
nous aurons :
Par
application
dupremier principe,
nous pouvons dans ces formules(7)
fairepar
exemple
Yt == 1, cequi
nous donne, enchangeant
un peu les notations :Ce sont les formules obtenues par M.
Lyon (Thèse,
p.20).
Si nous effectuons enfin dans les formules
(7)
les substitutions suivantes :nous obtiendrons le
système
de formules(9),
bien connu dans cette théorie et dontl’importance
est considérable(Lyon, Thèse,
p.7).
Nous nous servirons à peu
près uniquement
de ce dérniersystème
de formules.Si nous avons démontré les autres, c’est
qu’il
nous a paru assez intéressant de les - rattacher à une idéeunique,
et de les déduire par une méthode uniforme dusystème
primitif.
_[4] Quelle
est dans cesystème (g)
lasignification
desvariables x, y ~ -
On voitque nous avons
posé
’
x et y sont les
paramètres
desplans tangents
au côneisotrope
menés par la droitea, ~,
y. Autrementdit,
si l’on calcule les cosinus directeurs de la binormale ,ïr
x et y sont les
paramètres
desgénératrices rectilignes
de lasphère
de rayon i surlaquelle
on fait lareprésentation sphérique.
,
[5]
A unpoint
de vuepurernent analytique,
onpeut
se demander ce que devien- nent les considérationsprécédentes quand
la formequadratique (p(z, 6,
,~)qui,
pour les courbes à torsion constante, est formée de troiscarrés,
se réduit à deux carrés’
ou à un seul. Dans le
premier
cas onpeut toujours,
par une transformationlinéaire,
’
supposer :
on se bornera donc à considérer les
intégrales
Ici Z =
Li.
Deplus,
onpeut
obtenir X Pt i sanssigne
dequadrature.
f~
En effrt : .
Il faut donc et il suffit que l’on
ait,
euposant
u =0:6,
ou bien :
Or cette dernière
équation
est d’une formeclassique :
qu’on
sait résoudre de la manière laplus générale.
On aurait doncX~, Y!, Zt
on
Yt, il
en fonction d’une variable, d’une fonction arbitraire de cette variable et des dérivéespremière
et seconde de cette fonction. On tirera ensuitedes.équa-
‘
tions
(Jo)
les valeurs de x,03B2,
et l’on aura ainsiexprimé X, Y,
Z sanssigne
dequa-
d rature.
Signalons
ici une différence considérable entre ceproblème
et celui des courbes à torsion constante. Il existe des solutionsalgébriques
dudeuxième ;
pour lepremier
au contraire
X, Y,
Z ne sauraient être toutes les troisalgébriques puisque
Z ==Li.
B
Étudions maintenant le cas où~, y)
se réduit à un seul carré.On peut
. poser : ’
et se borner à considérer les
intégrales
Il
suffit,
pour obtenir Y sansquadrature,
de lier«a
par la relation :[6]
Revenons au casgénéral.
Comme nous l’avons dit dansl’introduction,
laquestion préalable qui
domine cette recherche est la suivante :Est-il
possible
d’obtenirX, Y,
Z sanssigne
dequadrature ?
On trouve dans la thèse de M.
Lyon
uneexpression
des deux coordonnéesX+ iY,
Z débarrassées dequadratures.
’
..
Dans le mémoire de
Beudon,
on trouve lesexpressions
deX - iY,
X + iY sous forme finie. M.Çartan
arepris
cettequestion
à la fin de son mémoire et donné desexpressions équivalentes
à celles deBeudon,
et d’une forme trèsélégante.
Remarquons qu’on peut
obtenir immédiatement ce résultat par une méthode’
analogue
à celle duparagraphe
5en
posant :
on est ramené à résoudre
Or cette
équation
est résolue. Il est inutile de faire les calculs. On voit assezclairement
qu’on peut
fairedisparaître
deuxquadratures.
Est-ilpossible
de fairedisparaître
la dernière.? Tous les efforts avaientéchoué ;
mais il n’était pas démontré que leproblème
fûtimpossible.
C’est seulement dans le courant del’année I9I4 qu’une réponse complète
a étéapportée
par un travail de M. Cartan(’).
’
Une méthode
régulière permet
de reconnaître si uneéquation
deMonge
est réso-luble,
et, si elle ne l’est pascomplètement, jusqu’à quel point
onpeut
en pousser lasolution.
Nous renverrons, pour l’énoncé du théorèmegénéral,
au travail de . M.Cartan,
nous contentant de dire quel’application
de ces méthodes à notre pro- blème fournit la conclusion suivante :. Il est
impossible
d’obtenir sous formefinie,
en fonction d’unparamètre,
d’unefonction arbitraire de ce
paramètre
et desdérivées
de cettefonction, l’expression
descoordonnées d’un
point
de la courbe à torsion constante laplus générale.
~
~’7]
Dans cesconditions,
ilparaît
nécessaire de poser autrement leproblème
etde chercher à déterminer et à étudier par des moyens directs des classes
précisées
àl’avance de courbes à torsion constante. -
Les courbes
algébriques
sont évidemment lesplus importantes,
et,parmi elles,
les courbes unicursales sont les
plus
faciles à déterminer. Nous sommes donc ame- nés par cepremier
examen àattaquer
laquestion
tellequ’elle
estposée
dans lesujet
même du concours.
(’)
C : R.,premier
semestre p. 326.CHAPITRE Il
Propriétés générales
des courbes à torsion constanteanalytiques
en un point à l’infini, -Les
points
à l’infini d’une telle courbe sont les mêmes que les points à l’infini de l’in-. dicatrice. - Les entiers
caractéristiques
p,A.
- Détermination dudegré
du cône des binormales. - Le genre du cône des binormales. - Le genre de l’indicatrice. - Les deux classes d’indicatrices.[1]
Nous allons continuer l’étude despoints à
l’infini d’une courbe à torsion constante, dansl’hypothèse
où lesquatre
coordonnéeshomogènes
d’unpoint
decette courbe restent des fonctions
analytiques
d’unparamètre.
Une courbealgébri-
que en
particulier présente
ce caractère en tous sespoints à
distance finie ou a l’in-fini, qu’ils
soient ordinaires ousinguliers. Reprenons
lesformules :
Si
lepoint à
l’infini est obtenu pour la valeur t ~ o duparamètre dontX,
Y,Z,
Tsont des fonctions
holomorphes,
on pourra écrire :Ces
développements
conviennent t soit pour unpoint
i àl’infini,
p=}=
o, soit pourun
point
a distancefinie,
p = o. ..Si le
point
considère estsingulier,
ilpeut
êtrenécessaire, pour représenter
lesdiverses branches de la courbe
qui passent
en cepoint,
d’utiliserplusieurs systèmes
de
développements
de la forme(2).
Nous considérerons comme autant de
points différents
lespoints géométrique-
ment confondus
qui
sont lesorigines
de cesdéveloppements.
Envisageons
isolément l’un de cesdévelppements,
soit M lepoint
obtenu pour. ~ Nous supposerons que la
représentation
obtenue est propre, c’est-à-direqu’il
estimpossible
de substituer à la variable t une variable 0, donnée par 0 et fournis- sant pourX,
Y, Z desdéveloppements
suivant lespuissances
entières de 0..Si cette condition estremplie
et que les coefficients ~ ne soientpas
nuls tous les ’trois,
lepoint
11~comptera
pour p dans l’intersection de la courbe considérée et duplan
de l’infini.[2]
Lesparamétrer
directeurs de la binormale auront pourvaleurs,
dans le domainedu point àl,
auvoisinage
de l = o,’
À
quelles conditions l’intégration
desexpressions (t)
fournira-t-elle desdévelop- pements (2)?
Nous étudierons les cas oup est
différent de zéro ouégal
à zéro.r°h ~ o.
Il faut dans le cas leplus général
réunir trois conditions :1)0~-}- j~-p ~
doit contenir en
facteur 2)
les troisquantités
doivent contenir enfacteur ; 3) enfin
les résidus de-2014, 2014, 2014
doivent être nuls.Le cône des binormales doit donc
avoir, pour
= o, unegénératrice isotrope,
comptant
pour p + i +Ii,
dans l’in tersection de I~ et du côneisotrope
L de mêmesommet.
L’ordre de
multiplicité
estbien p +
( +h.,
car lareprésentation (3)
du cône desbinormales est propre. Si elle était
impropre
en effet, il résulterait del’intégration de(i)
que lareprésentation (ti)
seraitégalement impropre,
contrairement àl’hypo-
thèse. On
peut
dire encore que l’indicatricesphérique
des binorrnales a unpoint
à l’infini en même
temps
que la courbe à torsion constance. C’est sous cette forme que nous allons étudieranalytiqnernent
leproblème
en réservant pour lechapitre
IIIl’étude
complète
de la condition relative aux résidus.[3]
Nousemploierons
pour cela des coordonnéessymétriques x
et y, enposant :
Si l’on pose
on a :
Nous supposerons que la
génératrice isotrope
considérée soit :Nous
adopterons
alors pour x et y les valeursOn voit que x et y s’annuleront
pour ~
= o,(x
-y)"
contiendra en facteur les numérateurs de2014 2014
contenanttk.
En
changeant
deparamètre 1,
onpeut
supposer en outreNous aurons deux cas à
distinguer
suivant que p + 1 + If estpair
ouimpair.
Cela revient à dire que
l’expression
dep est holomorphe
parrapport
à t. Onaura pour x, y deux
systèmes
de valeurs se déduisant l’un de l’autre enchangeant ?
en - p, c’est-à-dire en
échangeant
x et y. Le cône des binormales coupe lasphère
t
suivant deux branches de courbes
symétriques
parrapport
au centre etreprésen-
tables par des
développement~
suivant lespuissances
de t. Enadoptant
la solution: ,on aura
pour l’une des
branches,
l’autre s’obtiendra enéchangeant
x et y. Chacune desbranches
coupe leplan
dé l’infini en npoints,
l’ensemble coupe donc en p + 1+ k points.
Dans ce
cas,
si la variable tparcourt
le domaine de convergence desdéveloppe-
ments
utilisés,
lepoint
x, y décrit l’une des branches de l’indicatrice sansjamais
passer sur la branche
symétrique.
Si t décrit un contourfermé,
lepoint
de la courbeà torsion constante revient à sa
position initiale,
la binormalepositive
revenantéga-
lement à sa
position
initiale. Dans leplan
x, y, l’indicatrice sedécompose
en deuxcourbes
symétriques
parrapport
à lapremière
bissectrice. Parexemple
si le cône des binormales est un cône du seconddegré bitangent
au côneisotrope,
c’est-à-dire derévolution,
il coupe lasphère
suivant deux cercles. Un de ces cerclespeut
servir’d’indicatrice complète,
et onpeut
fixer sur la courbe un sens aux binormales. Lacourbe sera
dirigée..
,,
’
Les cônes I’ et 1 ont une
génératrice
commune d’ordreimpair,
la valeurde p
estholomorphe
en t2. On pourrabien,
si l’on veut,représenter
les deux branchessymétriques
de l’indicatrice par deséquations :
’Mais la deuxième branche ne se
distingue
pas de lapremière
dont elle se déduiten
changeant {i
en =-t2,
de sorte que si la variable t décrit un contourfermé,
lepoint
x, yparti
de saposition
initiale se retrouvera soit à laposition symétrique
suivant
que t
aura tourné autour del’origine
un nombrepair
ouimpair
de fois. Lepoint
de la courbe à torsion constante revient enplace,
mais dans lepremier
cas labinormale
positive,
suivie parcontinuité,
estégalement
enplace;
dans le deuxièmecas, elle a
repris
laposition opposée.
,.
Quand
on décrit toutel’indicatrice,
la variable t décrit deux fois sondomaine,
c’est-à-direqu’on obtient
deux fois la courbe à torsion constante, lapremière
foisavec un certain sens pour
les binormales,
une deuxième fois avec le sensopposé.
L’indicatrice
estindécomposable
dans le domaine dupoint t
= o ; elle coupe leplan
de l’infinipoints.
Elle est
représentée
dans leplan
des x, y par une courbeayant
un rebroussenient àl’origine, symétrique
parrapport
à latangente
en cepoint qui
est lapremière
bissectrice,
image
duplan
de l’infini...[4] Examinons,avec plus
de détails l’ensemble des deuxpremières
conditions.Nous traiterons successivement les cas où
p +
1 + Ii estpair
ouimpair.
On doit
avoir tk
en facteur.dans lesexpressions :
i° Si k + J n, il suffira que le
développement de x,
y commence par un termeavec la condition
4=
o. On a alors :Si les résidus de
~~ 2014, ~~
sont nuls, on aura,après intégration,
S~ les resldus de
T~t
~ ~t ’ ~tQue
sepasse-t-il si a(A’
+i) ==p ~
Ce cas ne saurait se
présenter,
car le résidu de X + iY serait différent dezéro,
’
’
2" k + i > n , il faut d’abord que dans x + y
disparaisse
le terme enfB
d’oùmais alors le résidu de est
égal
à et ne saurait être nul.3" A- -p i = rt, ce
qui équivaut
+ I = p. -.. ’ Il faut ici que le résidu de
d03B6 dl
soitnul,
ce qui donne :Nous
prendrons
parexemple
o :en
intégrant,
on obtient pour les coordonnéeshomogènes
de la courbe à torsion constante :En
résumé,
l’entier k est inférieur ouégal
à n - 1 oumieux, quand
p estdonné,
àP_ 1.
..Au
point
de vuegéométrique,
ilressort
desexpressions
descoordonnées q
que.le
point
à l’infini obtenu est lepoint :
’c’est le
point
àl’infini
del’indicatrice,
il est situé sur le cercle de l’infini.Pour
l’indicatrice,
cepoint
estl’origine
d’uncycle
d’ordre li + r, de classe n -- k -- t, sauf pour n = k + 1, où la classedevient
i, l’ordre restant k + 1. Pour la courbe à torsion constante cepoint
estsingulier
d’ordre k +plan
osculateur à la courbeen ce
point
et leplan isotrope
.ou le
plan
del’infini,
suivantque 2 (k
+i)
~ p.[5]
p + i+ k
estimpair.
On est sûr d’avance
que k
+ 1 nepeut
êtreégal
à p. Onpeut prendre
pour x, yoù l’on a
posé t
=9~,
on trouveaisément
parintégration
pourX, Y, Z,
T des fonc-tions
de 9~ dont lespremiers
termes sontidentiques
à ceux trouvés dans le paragra-phe précédent :
’
o:,
j3, Y
sont des séries entières en t, commençant par un terme constant. Les conclusions sont donc les mêmes : la seule différence est quel’hypothèse
k = p - 1 ° est devenue inadmissible.Nous avons démontré en
passant
que si unpoint
del’indicatrice
est àl’infini,
il ne saurait lui
correspondre
depoint
à distance finie pour la courbe à torsion cons- tante.Si,
eneffet,
le nombre n estdonné,
lf est inférieur à n - i, donc les expres- sions ded03BE dt, d~ dt, d03B6 dt
onttoujours
unpôle 1
= o. Nous pouvons maintenant résu-mer les résultats
acquis :
Si une courbe à torsion constante A a un
point
M àl’infini,
cepoint
M est unpoint
àl’infini
de l’indicatrice a des binormales etréciproquement.
Tous les
points
à l’infini d’une courbe à torsion constante sont donc sur le cercle de l’infini.Si le
point
NIcompte
pour p dans l’intersection de la courbe A et duplan
del’infini,
etpour k
+ r dans l’intersection de A avec unplan quelconque,
’ilcompte
pour p + i + k dans l’intersection de a et duplan
del’infini,
etpour li +
i dansl’intersection de a et d’un
plan quelconque.
~
’
[6] Malgré
leur caractèreélémentaire,
lespropositions
démontréespermettent
,déjà
d’obtenir des résultats dans la détermination du cône des binormales. Soit eneffet à
déterminer
une courbe à torsion constante dedegré
M. Elle coupe leplan
del’infini en un nombre 0 de
points
distinctscomptant
chacun pour p~, p_, ... ps.A chacun de ces
points
vacorrespondre
unpoint
à l’infini del’indicatrice,
ouune
génératrice isotrope
du cône des binormales. L’ordre demultiplicité
de cettegénératrice
est Pi + 1~ ~.’~,
et nous savonsqu’on
les obtiendra toutes.Si ,
est ledegré
du cône desbinormales, rn
ledegré
de l’indicatricecomplète,
intersection de r et de lasphère,
on aura : > .Les entiers If sont
autorisés
àprendre
une série de valeurs allant de o à p - 1.On voit
qu’il
existe un nombre fini de solutions duproblème.
Supposons
enparticulier qu’on
cherche les courbesayant
Mpoints
distincts àl’infini. Il faut que chacun d’eux soit un
point
ordinaire. l’ous leski
sontnuls,
et l’on a :. Le cône des binormales a donc même
degré
que la courbe.’
Pour traiter un autre cas
général,
cherchons les courbesn’ayant qu’un point
àl’infini et supposons de
plus
que cepoint
soit nonsingulier,
on voitqu’il
faut que M soitimpair :
IL est alors le
degré
du cône des binormales.~
°
RECHERCHE DE TOUTES LES CUBIQUES GAUCHES A TORSION CONSTANTE
10 ô - r,
p==3,
lépeut prendre
les valeurs o ou 2, la valeur 2 fournit pour lacubique
unpoint singulier
d’ordre3,
cequi
estimpossible ;
on a donc p = 2.Le cône des binormales est du second
degré.
Il est surosculateur au côneisotrope
et coupe la
sphère
suivant deuxconiques, qui
sont ici desparaboles sphériques,
c’est-à-dire des sections de la
sphère
par unplan isotrope.
L’une de ces courbes