• Aucun résultat trouvé

La couleur

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "La couleur"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

D

D

B

J K H

Z P

X

R Y

I

C

T

T

N O

O

L

V A F

W

W

G

P Z Y Z

A T

A

F

G

W G

E

X

C N C

O

E

J H

I

R K

I

N

L

V

E D B

J K H

Z P

X

R Y

I

C

T

T

N O

L

V

A

F F

W

W

G

G

P Z Z

Z

Y T

F A

G W

E

D B

J K

Z P

R Y

I

C

T

T

N O

L

V A

W

W

E G

D

JK

R

I

C T

N

O

L

V

A

W

E

D

B

D

JJ

D

K R

I

C

T

N

O

L

V W A

E

X

C C

C N

N

O

E

H

JK

K

X

R

I C

T

N

O O

L

V

F

W

P

Z Y

T

A F

W

G

E

C X

C

C

N C

O E

J H

I

R K

N L

V

E

Images en Dermatologie Vol. IX - n° 6 novembre-décembre 2016 174

Vocabulaire

Couleur

Par Jean-Joseph Julaud (Paris)

Professeur de français, auteur de romans, nouvelles, livres pratiques et essais

“La mer est en bleu entre deux rochers bruns Je l’aurais aimée en orange

Ou même en arc-en-ciel comme les embruns Étrange”

1973. Georges Pompidou, président de la République, maintient ferme la barre du vaisseau France qu’il gouverne, une France bousculée, chahutée par le premier choc pétrolier, point encore consciente que les trente années qu’elle vient de vivre seront appelées “glorieuses” par l’économiste Jean Fourastié, et que les trente années qui suivent seront baptisées “piteuses” par l’énarque et normalien Nicolas Baverez, expert en sciences sociales – et en épithètes. Autour de Pompidou, passionné d’art, esthète aux goûts sûrs, gravitent toutes sortes de créa- teurs, parmi lesquels un poète et chanteur : Guy Béart. C’est lui qui, en cette année 1973, formule en chanson ce vœu et ce refrain que reprend la France entière, pendant des semaines, des mois : “Je voudrais changer les couleurs du temps. La mer est en bleu…”, avec des couplets qui ensoleillent chaque instant :

“J’ai brossé les rues et les bancs Paré les villes de rubans Peint la Tour Eiffel rose chair Marié le métro à la mer”

“Couleurs, vous êtes des larmes. Couleurs, vous êtes des pleurs”, nous avait-il fredonné, grave, prophétique, cinq ans plus tôt. Il auscultait le cœur du mot. Peut-être savait-il qu’on y trouve la très ancienne racine indo-européenne “kel”, et que ce “kel” signifi e “couvrir”, “cacher”. “Kel” a donné “cellule”, la “cellula”, la chambre en latin, devenue, vers 400, la loge où l’on met à l’ombre, où l’on cache le prisonnier.

“Kel” a produit aussi le mot “celle”, qui désigne une chapelle, un petit monastère où l’on se met à l’écart du monde. Ainsi sont

nés ces noms de villages ou de villes portant, sans le savoir aujourd’hui, la marque du spirituel : La Celle-Saint-Cloud, Selles-sur-Cher…

Le plus étonnant est à venir : la racine “kel” est au cœur du mot “couleur”. Pourquoi ? Parce que la couleur recouvre, cache l’objet, la chose, mobile ou immobile dans la lumière du jour – la nuit, on le sait et on le dit, tous les chats sont gris ; et par nuit noire, bien malin qui pourrait affi rmer que telle fl eur, telle étoffe, telle chevelure deviendra au matin “brune, blonde ou rousse” comme dans un tercet de Verlaine.

Le plus inattendu, le voici : en ces jours où l’affl ux de personnes déracinées, malmenées, menacées dans leur chair par la guerre affl uent vers des pays d’accueil, on parle de réfugiés, mais aussi de clandestins. Ce mot “clandestin” porte en son début et sous forme abrégée la racine “kel”. Le “ kelandestin”, c’est celui qui se cache, celui que l’on cache comme se cachaient les résistants, les clandestins de la Seconde Guerre mondiale.

“Couleur”, “clandestin”, étrange parenté, étonnant cousi- nage de deux termes qui sillonnent l’actualité, dont on espère qu’elle ne s’infl échira pas vers le descendant grec de “kel” : l’apocalypse – de “apo”, préfi xe négatif, et “kaluptein”, cacher, envelopper –, l’apocalypse dévoilant la fi n des Temps dans le Nouveau Testament, mais ayant acquis aujourd’hui le sens de catastrophe comparable à la fi n du monde.

Guy Béart s’en est allé en septembre 2015. Dans certaines mémoires, sa chanson valse encore, mais s’achemine douce- ment vers le statut de clandestine. Ses couleurs s’effacent, se cachent dans l’amnésie collective, à moins que… À moins que, par la magie des technologies du jour, on remette dans les têtes qui s’attristent de tout la mélodie que fredonnait même Pompidou (lala lalala lalala lala…), couleur de grand soir, de jours meilleurs, apocalypse du bonheur :

“Je voudrais changer les couleurs du temps Changer les couleurs du monde

Les mots que j’entends seront éclatants Et nous danserons une ronde

Une ronde brune, rouge et safran Et blonde”.

0174_IDE 174 21/11/2016 16:40:13

Références

Documents relatifs

GeoGebra permet de modifier globalement la couleur d'un objet texte (couleur d'avant et d'arrière-plan) mais ne permet pas facilement de changer la couleur d'une partie seulement

En parallèle, le classificateur agréé de chaque abattoir, considéré expert dans l’évaluation de la couleur, a noté les carcasses in situ selon une grille (grille utilisée

• Le cheveu ne contient pas réellement de bleu jaune et rouge mais ce sont les pigments qui lui donnent sa couleur naturelle. • Un mélange de pigments petits de clairs

Les enfants recouvrent en- suite en respectant les formes ini- tiales, les couleurs par de nouvelles couleurs, au pastel gras.. Minutie et

Depuis cette séparation, il ne sait plus vraiment qui il est, quelle est sa couleur : noir, blanc, café au lait, chocolat.... Alors il demande à ses

Veuillez consulter l'usine pour une liste des couleurs et finitions K7 disponibles, ainsi que pour un agencement à des chartes de couleurs alternatives. La correspondance de

Pour terminer, nous remarquons que nous avons tracé le plus petit carré circonscrit dans le cercle et que nous employons la facilité du « clipping » de PostScript.. Le tracé de

Dans le mode par transfert thermique, la feuille d'impression est coincée entre le film spécial d'une couleur (un film pour chaque couleur de base) et une tête d'impression..