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Explication du passage à l'action entrepreneuriale : une étude longitudinale

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Academic year: 2021

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(1)

ESSAI DE 3E CYCLE PRÉSENTÉ À

L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RlVIÈRES

COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE

(PROFIL INTERVENTION)

PAR PAUL SIMARD

EXPLICATION DU PASSAGE À L'ACTION ENTREPRENEURIALE: UNE ÉTUDE LONGITUDINALE

(2)

Université du Québec à Trois-Rivières

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autorisation.

(3)

Cet essai de 3

e

cycle a été dirigé par:

Étienne St-Jean, Ph.D., directeur de recherche Université du Québec à Trois-Rivières

Jury d'évaluation de l'essai:

Étienne St-Jean, Ph.D. Université du Québec à Trois-Rivières

Cécile Fonrouge, Ph.D. Université du Québec à Trois-Rivières

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Sommaire

La présente étude explique le passage à l'action entrepreneuriale par l'entremise d'une modélisation critique des facteurs psychosociaux de la théorie du comportement planifié, en plus de proposer une double mesure de l'intention d'entreprendre, selon que cette notion soit examinée sous un angle cognitif ou un angle comportemental. Les résultats obtenus affirment que l'intention cognitive d'entreprendre explique négativement le passage à l'action entrepreneuriale lorsqu'elle est en interaction de faibles normes subjectives. Également, l'intention comportementale d'entreprendre s'avère être le seul facteur qui explique significativement le passage à l'action entrepreneuriale. Ces résultats ont été obtenus au cours d'une enquête longitudinale, sur un suivi de deux ans, auprès de 313 participants, dont 90 se sont engagés dans un passage à l'action entrepreneuriale.

(5)

Table des matières ... iiv

Liste des tableaux .................... vii

Liste des figures .............................. vii

Remerciements ................................. viii

Introduction .................. .... 1

Contexte théorique ...... 6

Explications généralistes du comportement.. ... 7

Explications du comportement entrepreneurial ... Il Objectifs et hypothèses ... 18

Méthode ... 23

Échantillon ....... 24

Mesures ...... 25

L'attitude face à l'entrepreneuriale ... 25

Les normes subjectives entrepreneuriales ... 26

L'auto-efficacité entrepreneuriale ... 27

L'intention cognitive d'entreprendre ...... 29

L'intention comportementale d'entreprendre ....... 30

L'action entrepreneuriale ... 31

Les mesures de contrôle ... 32

(6)

v

Analyses ayant recours à l'intention cognitive d'entreprendre ...... 37

Analyses ayant recours à l'intention comportementale d'entreprendre ...... .41

Discussion ...... 45

Conclusion ................................. 49

(7)

1 Statistiques descriptives ... 35 2 Corrélations entre les variables indépendantes ... 36 3 Régression logistique binaire du passage à l'action entrepreneuriale sous le

prisme de l'intention cognitive d'entreprendre ... 39 4 Régression logistique binaire du passage à l'action entrepreneuriale sous le

(8)

Liste des figures Figure

Modélisation de la TAR et de la TCP tiré de Vallerand (2006, p. 287) ... 10

2 La TCP selon l'ajustement d'Ajzen (2002) ... 11

3 Le MEE de Shapero et Sokol (1982) ... 13

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de l'Université du Québec à Trois-Rivières, d'avoir adopté une grande ouverture d'esprit en ce qui concerne la collaboration de nos départements respectifs. Je tiens également à remercier Monsieur René Marineau, Ph.D., professeur à la retraite de l'Université du Québec à Trois-Rivières, d'avoir largement contribué à mon enrichissement personnel et clinique.

Cet essai est dédié à la mémoire de Janie Hébert, une amie et une collègue doctorante en psychologique.

(10)
(11)

industrialisés (Acs & Varga, 2005; Wennekers, Van Wennekers, Thurik, & Reynolds, 2005). Or, le Québec a présenté le taux de création d'entreprises le plus faible au Canada au cours de la période 2002-2012 (Marchand, Chirita, Ibanescu, Dejardin, & Luc, 2015).

Le rapport 2014 du Global Entrepreneurship Monitor sur la situation du Québec

présente que l'intention d'entreprendre de la cohorte québécoise des 18-35 ans présentait un taux significativement supérieur à celle des 45-64 ans (28,5 % contre l3,8 %)

(St-Jean & Duhamel, 2015). Également en 2014, une proportion quasi identique est obtenue

(36,6 % contre 18,8 %) auprès de la cohorte québécoise des 18-34 ans, comparativement

à celle des 35-64 ans (Marchand et al., 2015). Dans la même étude, ces cohortes ont

démontré un taux inférieur d'activités entrepreneuriales chez les plus jeunes comparé à

celui des plus vieux (5,8 % contre II,1%) (Marchand et al., 2015). Comme la

population universitaire du Québec est composée majoritairement d'individus dans la

jeune vingtaine (Dale, 2010), il s'agit donc d'une population qui correspond aux cohortes

avec une intention d'entreprendre élevée, combinée à un taux d'expériences

entrepreneuriales faibles. Depuis 2010, la Chaire de recherche UQTR sur la carrière

(12)

3

Le choix d'étudier le passage à l'action entrepreneuriale auprès d'une population universitaire rejoint l'objectif de Tremblay et Gasse (2016) lorsqu'ils affirment que: « Il importe de développer une meilleure connaissance des nouvelles générations d'entrepreneurs ( ... ) >> (p. 2), car

«

( ..

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)

les résultats portant sur le profil des entrepreneurs font ressortir des différences quant à la préparation et la formation de ces derniers.

»

(p. 18). Il semble que ce soit également le cas pour les comportements nécessaires et préparatoires à la création d'entreprise, car, comme l'affirme Fonrouge (2016) : « La possibilité pour la foule de financer des projets via Internet entraine, d'une part, des modifications de pratiques chez les autres acteurs qui travaillent sur les transferts de fonds ( ... ) » (p. 212). En ce sens, notre démarche d'étude auprès de la jeune population universitaire vise une meilleure compréhension des facteurs psychosociaux qui prédisposent actuellement à l'apparition d'une première activité entrepreneuriale.

Si de nombreuses études ont été menées afin d'expliquer l'intention d'entreprendre (Schlaegel & Koenig, 2014), quasiment aucune n'a focalisé sur le passage de l'intention à l'action. Pourtant, l'une des théories largement mobilisées est la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991), qui postule que l'intention d'agir mène à l'action. Bien que cette théorie ait été mise à l'épreuve dans d'autres contextes que l'entrepreneuriat (Armitage & Conner, 2001), elle demeure peu validée dans ce contexte. D'ailleurs, une relecture de l'ensemble de l'évolution de ce champ d'études, par l'un de ces pionniers, souligne prestement l'importance de cibler l'explication de l'action entrepreneuriale (Bird, 2015). En effet, seuls Kolvereid et Isaksen (2006) ainsi que

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Kautonen, Gelderen et Fink: (2015) ont examiné de manière longitudinale les comportements entrepreneuriaux sous le prisme de la TCP. Aussi, la présente recherche se situe dans cette trajectoire de recherche en plus d'être la première du genre auprès d'une population universitaire et s'étoffer sur une période de deux ans. Incidemment, l'étude de l'intention d'entreprendre n'est pertinente que si elle permet d'expliquer l'action effective ultérieure. D'autant plus que cette mise en action constitue la première étape du processus entrepreneurial (Davidsson, 2006) et revêt un caractère indispensable pour le développement de la connaissance en entrepreneuriat (Bird, 2015).

Alors que la problématique a été posée, il convient d'en préciser la démarche de résolution subséquente. Ainsi, la première section présente une revue de la documentation scientifique reliée à l'évolution du champ d'études entrepreneuriales au sein des sciences de la gestion. Seront mis en évidence les choix, parfois arbitraires, qui ont conduit ce champ d'études à écarter la notion comportementale de l'entrepreneuriat au profit d'une survalorisation de la notion d'intention entrepreneuriale (Bird, 2015), elle-même devant être redéfinit selon qu'elle est observée sous un angle cognitif ou comportemental. Ainsi, nous présenterons un modèle inspiré de la documentation scientifique sur lequel reposeront nos hypothèses de recherche. La seconde section, pour sa part, traite de la méthodologie utilisée au sein de notre enquête longitudinale. La troisième section aborde nos résultats de recherche, qui sont ensuite discutés dans la quatrième section afin d'en exposer la contribution. C'est à ce moment que nous proposerons des recommandations pour accroitre la compréhension des facteurs

(14)

5

prédisposant au passage à l'action entrepreneuriale. Pour finir, la conclusion fera état de diverses réflexions résultant de notre démarche de recherche.

(15)
(16)

La présente section aborde l'évolution de la recherche en psychologie vers l'observation des facteurs psychosociaux qUi expliquent le passage à l'action entrepreneuriale. Pour ce faire, un survol historique des théories expliquant le comportement sera présenté avant d'aborder la manière dont ces théories ont été appliquées en science de la gestion entrepreneuriale. Ces éléments permettront d'asseoir notre modélisation des variables à l'étude.

Explications généralistes du comportement

En 1913, Watson a souhaité faire de la psychologie une science aussi robuste que la chimie ou la physique. Pour ce faire, il prit le comportement comme unité de mesure objective. Plus en détail, le behaviorisme émergea de l'étude sur l'apprentissage des réflexes chez l'animal (Pavlov, 1927), de l'implantation d'un apprentissage involontaire et émotionnel chez l'humain (Watson, 1930) puis sur l'apprentissage des conséquences sur des comportements spécifiques (Skinner, 1950). Les tentatives d'application de la théorie béhavioriste de Skinner sur l'apprentissage du langage ont été vivement critiquées de la part des linguistes (Chomsky, 1962), ce qui ouvrira la porte au cognitivisme.

(17)

Le cognitivisme prend pour objet d'étude le traitement cognitif de l'information perçue (Andler, 2004). En ce sens, Gordon Allport introduit la notion d'attitude au cours des années 1930 :

Une attitude représente un état mental et neuropsychologique de préparation à répondre, organisée à la suite de l'expérience et qui exerce une influence directe ou dynamique sur la réponse de l'individu à tous les objets et à toutes les situations qui s'y rapportent (Allport, 1935 cité dans Vallerand, 2006, p. 237).

Également, Doob (1947) présente l'attitude comme une réponse implicite anticipée. Par "implicite", il faut comprendre que l'attitude passe inaperçue aux observations comportementales traditionnelles associées au courant béhavioriste. Aussi, Fishbein (1963) affirme que les croyances d'un individu génèrent une foule d'attitudes envers un objet cible. Dans la même lignée, Beck (1967) a élaboré une théorie psychothérapeutique de restructuration des cognitions dépressives. Ce dernier mit alors en évidence que l'apprentissage des cognitions est grandement facilité par la qualité de la relation entre le thérapeute et l'aidé. Ces cognitions sociales constituent également la pierre d'assise des travaux de Bandura sur l'apprentissage de l'agressivité (Bandura, Ross, & Ross, 1961; Bandura & Walters, 1959, 1963). En effet, Bandura constata que la simple observation passive (vicariante) d'un modèle était suffisante pour apprendre des comportements complexes (Bandura, 1977). Poursuivant ses réflexions sur l'apprentissage, Bandura (1982) présenta la notion d'auto-efficacité, qui reflète la croyance qu'entretient un individu sur sa capacité à réussir un comportement spécifique (Grégoire, Bouffard, & Cardinal, 2000). Ces croyances, sur soi (Bandura, 1982; Beck, 1967) et sur le monde (Beck, 1967; Fishbein, 1963), seraient autant d'évaluations

(18)

9

(favorables ou défavorables) cognitives en vue de forger une attitude globale, qui devrait théoriquement expliquer l'apparition des comportements. Toutefois, le pouvoir prédictif de l'attitude sur le comportement ne semble pas dépasser plus de 10 % (Deutscher, 1966; Wicker, 1969, cité dans Vallerand & Lafrenaye, 2006). Cette lacune explicative de l'attitude sur le comportement conduisit à la création des modèles sur l'intention comportementale.

Les modèles mobilisant l'intention d'agir un comportement suivent une séquence causale de facteurs (Pearl, 2009). Ceux-ci débutent, à la base, avec quatre sources d'influence : la situation contextuelle, les variables exogènes (environnementales), les traits de personnalité de l'individu et les caractéristiques sociodémographiques de l'individu (Vallerand, 2006). La théorie de l'action raisonnée (T AR) de Fishbein et Ajzen (1975) présente les croyances comportementales ainsi que l'évaluation des conséquences en déterminant de l'attitude comportementale. Aussi, la TAR présente les croyances normatives et la motivation à se soumettre aux pressions sociales en déterminant des normes subjectives (i.e. croyance personnelle face aux comportements attendus par les autres). Ensemble, les attitudes comportementales et les normes subjectives généreraient une intention volitive, qui expliquerait l'apparition du comportement (Fishbein & Ajzen, 1975). Quelque année plus tard, Ajzen (1991) reprend la TARet y ajoute deux facteurs: la perception de contrôle et le contrôle comportemental. Alors que la perception de contrôle rejoint les facteurs de croyances et d'évaluation des conséquences, le contrôle comportemental rejoint les attitudes

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comportementales et les normes subjectives dans l'explication de l'intention (Vallerand,

2006). De plus, Ajzen (1991) mentionne que la perception de contrôle est un modulateur de contraintes des facteurs endogènes (i.e. les cognitions et le niveau d'activation physiologique), alors que le contrôle comportemental est un modulateur de contraintes des facteurs exogènes (i.e. la prestation effective du comportement). Cela expliquerait,

selon lui, que le contrôle comportemental n'affecte pas seulement l'intention, mais également le comportement plus directement. La Figure 1, voir ci-dessous, présente l'ensemble des facteurs impliqués dans la TARet la TCP .

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Figure J. Modélisation de la TAR et de la TCP tiré de Vallerand (2006, p. 287).

Alors que les concepts de perception de contrôle et de contrôle comportementale semblaient confondre les lecteurs, Ajzen (2002) procéda à quelques modifications

(20)

11

conceptuelles de sa Tep. Ainsi, il remplaça la notion de perception de contrôle par celle d'auto-efficacité (une croyance de contrôle) de Bandura (1989), qui prit place aux côtés de l'attitude et des nonnes subjectives dans la fonnation de l'intention. Également, Ajzen remplaça la notion de contrôle comportemental par celle de contrôlabilité, qui connote davantage la capacité effective de procéder à un comportement. La figure 2, voir ci-dessous, présente les ajustements de la Tep d'Ajzen (2002) .

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Figure 2. La Tep selon l'ajustement d'Ajzen (2002).

Explications du comportement entrepreneurial

À la fin des années 1980, la popularité du modèle d'intention comportementale de Fishbein et Ajzen (1975) est en plein essor et des chercheurs en entrepreneuriat commencent a suggérer que l'intention d'entreprendre serait l'un des principaux facteurs individuels qui expliquent l'apparition des comportements entrepreneuriaux et de la

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création d'entreprises (Bird, 1988; Katz & Gartner, 1988). Dans cette foulée, le modèle

de la TCP d'Ajzen (1991) gagne également en popularité, sans cesser de croitre (Lortie

& Castogiovanni, 2015). Ainsi, Krueger suggéra qu'Ajzen (1991) avait suffisamment

démontré le lien fort avec l'intention du comportement, et qu'il valait donc mieux

orienter la recherche entrepreneuriale vers une meilleure explication de l'intention

d'entreprendre chez l'individu (Krueger, 1993). Pour ce faire, Krueger (1993) présenta

un modèle de l'intention d'entreprendre (MIE) constitué de références partielles à la TCP

(Ajzen, 1991), dont il exclut toutes mentions de comportement, combiné avec une

interprétation erronée du modèle de l'événement entrepreneurial (MEE) (Shapero et Sokol, 1982).

Plus précisément, le MEE (Shapero & Sokol, 1982) propose une explication de

l'apparition d'événements entrepreneuriaux, alors que Krueger (1993) en parle comme

d'un modèle explicatif de l'intention d'entreprendre. En effet, le MEE suggère qu'un

événement entrepreneurial résulte des faits sociaux valorisant l'entrepreneuriat (i.e. la

possibilité d'obtenir un soutien financier, la promotion de l'entrepreneuriat, etc.), qui font

ensuite l'objet d'une évaluation de leurs crédibilités par l'individu. Suivant les

dispositions psychologiques de l'individu face au passage à l'action, telles que la

propension à agir, la tolérance à l'incertitude et l'ouverture aux risques (Katz, 1992),

l'individu mobiliserait alors un comportement, par nature inertielle selon Shapero et Sokol (1982). L'évaluation de la crédibilité d'un fait social impliquerait deux facteurs: la

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13

désirabilité exprime la croyance de l'individu quant à la valeur du fait social relativement au coût d'initiation d'un comportement. D'autre part, la perception de faisabilité exprime de l'individu sa capacité à opérationnaliser adéquatement cet événement entrepreneurial. La Figure 3, voir ci-dessous, présente le MEE de Shapero et Sokol.

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Figure 3. Le MEE de Shapero et Sokol (1982).

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\ 'If Événement entrepr,eneurial

La méta-analyse la plus avancée dans le domaine de l'intention d'entreprendre (Schlaegel & Kœnig, 2014) porte avec elle divers éléments de confusion issus des intuitions théoriques de Krueger (1993). Par exemple, celle-ci conçoit l'erreur de nomenclature populaire du MIE sous le nom MEE, qui décrit en fait les conceptions de Shapero et Sokol (1982). Également, Bird (2015) souligne que le travail de Schlaegel et

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Kœnig (2014) reprend la fausse conception de Krueger selon laquelle le MEE (Shapero

& Sokol, 1982) serait un cadre conceptuel explicatif de l'intention. Une confusion qui se

retrouve également dans le travail de Fayolle et Lifian (2014). Pour finir, Schlaegel et

Kœnig (2014) considèrent l'évolution de la pensée d'Ajzen (2002), mais ils superposent

les concepts de perception de contrôle et d'auto-efficacité entrepreneuriale, qu'ils

présentent comme deux éléments distincts. Rappelons qu'Ajzen (2002) supplée la notion

d'auto-efficacité à celle de perception de contrôle.

L'intention d'entreprendre s'avère donc être un champ d'étude dont les précurseurs reposent sur des intuitions conceptuelles plutôt que sur une connaissance approfondie

des théories psychologiques validées (Bird, 2015). Rappelons que la notion d'intention

abordée jusqu'à maintenant émerge du cadre de la TCP, elle-même construite sur les

préceptes béhavioristes, dans l'explication d'un comportement simple et observable

(Watson, 1913). En ce sens, Fayolle et Lifian (2014) reprennent les propos de Bird (1992) selon lesquels l'entrepreneuriat est une activité complexe d'organisation qui émerge de divers événements et processus après une période de gestation relative.

Incidemment, la notion d'intention d'entreprendre nécessite une redéfinition respectant

les paradigmes complexes de l'action entrepreneuriale.

En ce sens, Thompson (2009) se propose d'établir une définition, ainsi qu'une

mesure, robuste de la notion d'intention entrepreneuriale. Celui-ci affirme que l'intention

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15

est, à la base, une notion qui diffère de celle à laquelle se réfère un entrepreneur aguerri. Aussi, la mesure d'intention entrepreneuriale créée par Thompson repose sur des référents comportementaux (préalables et nécessaires à l'action entrepreneuriale). Ces référents comportementaux (la recherche d'opportunités d'affaires, l'épargne financière pour démarrer une entreprise, la lecture sur l'entrepreneuriat, la composition d'un plan d'affaires et l'apprentissage des préparatifs de démarrage d'entreprise) sont toutefois à distinguer de ce en quoi consiste une intention, c'est-à-dire un .processus cognitif intrapsychique (Fishbein & Ajzen, 1975).

Incidemment, la proposition de Thompson (2009) permet de critiquer l'utilisation de la TCP (Ajzen, 1991, 2002) en entrepreneuriat et réaffirme la nécessité de développer un modèle plus adéquat pour expliquer le passage à l'action entrepreneuriale. Plus précisément, l'explication d'une séquence d'actions (préalables) qui expliquent une autre action (terminale) se retrouve au cœur de la théorie de l'activité (Vygotsky, 1978). L'une des bases de cette théorie est de proposer une structure de déploiement, du plus simple comportement au plus complexe, dans la médiation de l'individu vers l'atteinte de son objectif. Ainsi, trois niveaux comportementaux sont définis: l'opération (i.e. l'unité comportementale simple), l'action (i.e. groupe de comportements intentionnés) et l'activité (i.e. un événement complexe aux déterminants multiples). Accolée aux réflexions de Thompson, l'intention entrepreneuriale (un phénomène cognitif) serait donc à distinguer des actions entrepreneuriales préalables (un phénomène comportemental) au passage à l'action entrepreneuriale. Par ailleurs, l'idée d'opérations

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spécialisées en sciences de la gestion n'est pas nouvelle. En effet, les travaux

managériaux de Taylor soulignent déjà en 1911, l'importance d'identifier les opérations

simples d'une activité complexe (Taylor, 2004). Bien que Holt (2008) ait appliqué une

analyse descriptive de la théorie de l'activité socialement déterminée d'Engestr6m (2001) sur l'action entrepreneuriale de saisie d'une opportunité d'affaires, une analyse plus exhaustive reste à établir en ce sens au sein de la documentation scientifique.

Plus avant sur la notion d'activité entrepreneuriale, Bird (2015) suggère que ce

facteur soit davantage pris comme variable dépendante et que l'intention d'entreprendre tienne plutôt lieu de variable indépendante. Une telle démarche est d'ailleurs soutenue

par plusieurs auteurs (Fayolle & Lifian, 2014; Kautonen, Gelderen et al., 2015;

Kautonen, Hatak, Kibler, & Wainwright, 2015; Lortie & Castogiovanni, 2015; Van

Gelderen, Kautonen, & Fink, 2015), lesquels mettent en exergue le manque criant de

travaux expliquant le passage à l'action suite à l'intention d'entreprendre.

Précurseur dans ce champ d'étude, Kolvereid et Isaksen (2006) ont testé l'entièreté

du modèle d'Ajzen (1991) appliqué en entrepreneuriat. L'étude valide la modélisation

des facteurs de la TAR (Fishbein & Ajzen, 1975) mais elle ne valide pas le facteur de

perception de contrôle, apporté par la modélisation d'Ajzen (1991). Bien que cette étude

affirme expliquer 39,7 % de la variance du comportement entrepreneurial, elle n'est pas

sans défauts méthodologiques. En effet, l'étude longitudinale repose sur un bassin de

(26)

17

Conséquemment, leur explication du comportement d'entrer en auto-emploi semble

fondamentalement biaisé à la hausse. En effet, Kolvereid et Isaksen ne discriminent pas,

à la phase 1 de leur étude longitudinale, les participants qui disposent ou non

d'expérience en entrepreneuriat. Également, en s'y attardant de plus près, on remarque

que l'échantillon des participants de cette étude provient de membres inscrits au registre

des entreprises en Norvège. Dans leur étude, l'intention est mesurée comme étant

l'intention de travailler à temps plein dans l'entreprise qui vient d'être enregistrée par le

répondant. Malgré le fait que l'enregistrement d'une entreprise est une étape importante,

voire déterminante, de la création d'une entreprise (Reynolds, 2010; Robb & Reynolds, 2009) cela reflète la composition d'un échantillon déjà bien engagé dans l'action

entrepreneuriale. Qui plus est, leur mesure d'action concerne le fait de travailler à temps

plein dans l'entreprise un an après l'évaluation initiale auprès des répondants. Cela

s'apparente davantage à une mesure de niveau d'engagement dans le projet (i.e. être à

temps plein pourrait correspondre à un engagement plus grand dans le projet que d'y

être à temps partiel), et non pas de comportement entrepreneurial puisque

l'enregistrement d'une entreprise constitue un comportement évident orienté vers

l'action entrepreneuriale qui était nécessaire pour participer à la recherche.

Dans une revue de la documentation scientifique combinant la TCP appliquée en

entrepreneuriat, Lortie et Castogiovanni (2015) identifient 42 publications, dont celle de

Kolvereid et Isaksen (2006) qui s'avère être la seule à mobiliser l'entièreté du modèle

(27)

Castogiovanni comprenaient une utilisation partielle de celui-ci ou encore des altérations conceptuelles, notamment en faisant abstraction de la mise en action entrepreneuriale, tel qu'instiguée par les travaux de Krueger (1993). L'intérêt du travail de Lortie et Castogiovanni semble principalement de développer une meilleure compréhension théorique des facteurs psychosociaux pouvant expliquer l'apparition de l'action entrepreneuriale. La même année, Kautonen, Gelderen et al. (2015) présentent des résultats qui valident l'entièreté de la modélisation de la TCP d'Ajzen (1991) face à l'explication du comportement de démarrage d'entreprise, avec 30 % d'explication de la variance. Leur étude longitudinale tient compte, à la phase 2, des participants ne disposant qu'aucune expérience comportementale passée en action entrepreneuriale au cours de la phase 1. En ce sens, Kautonen, Gelderen et al. offrent une avenue méthodologique plus robuste que celle de Kolvereid et Isaksen.

La prochaine section s'appuie sur les précisions conceptuelles abordées jusqu'à maintenant et tente de les bonifier par l'entremise d'une nouvelle modélisation.

Objectifs et hypothèses

Suivant notre objectif d'explication des facteurs psychosociaux (variables indépendantes) qui conduisent au passage à l'action entrepreneuriale (variable dépendante), nous ne testerons pas l'entièreté de la modélisation d'Ajzen (2002). Plus en détail, notre modélisation reprend tous les facteurs de la TCP d'Ajzen (2002) et cherche à mesurer l'impact de chacun des facteurs sur le comportement cible (i.e. l'initiation

(28)

19

d'une première activité entrepreneuriale en deux ans). Ainsi, nous ne chercherons pas à

valider l'apport des trois facteurs antécédents de l'intention (l'attitude comportementale,

les normes subjectives et l'auto-efficacité) sur l'intention. Autre précision, nous

aborderons la notion d'intention d'entreprendre suivant les réflexions émises face aux

travaux de Thompson (2009) et de la théorie de l'activité (Vygotsky, 1978). Plus

précisément, l'intention d'entreprendre sera examinée de deux manières distinctes; d'une

part, via l'intention cognitive d'entreprendre (basé sur l'aspect volitif) et, d'autre part, via

l'intention comportementale d'entreprendre (basé sur les actions préalables à la création

d'entreprise). Également, nous étudierons l'effet d'interaction des deux mesures

d'intention d'entreprendre avec les trois facteurs antécédents de l'intention dans

l'explication du passage à l'action entrepreneuriale. La Figure 4, voir ci-dessous, présente

notre modèle bi-intentionné du passage à l'action entrepreneuriale tout en spécifiant chacun des facteurs en contexte entrepreneurial.

(29)

Attitude faceâ IJ entre p rene uriat

Normes subj,ectives

,entrepreneuriales A uto-effi cacité entrepreneuriale Intention cognitive d'entreprendre Intention comportementale

d'e ntrep rend ~e

Figure 4. Modèle bi-intentionné du passage à l'action entrepreneuriale.

Les trois premières hypothèses (HI, H2 et H3) que nous formulons touchent chacun des trois facteurs explicatifs de l'intention dans la théorie d'Ajzen (2002). Toutefois, notre objectif de recherche nous conduit à examiner la valeur explicative de ces trois facteurs sur le passage à l'action entrepreneuriale,

Hl: Les attitudes face à l'entrepreneuriat permettent de prédire le passage à l'action entrepreneuriale.

H2 : Les normes subjectives permettent de prédire le passage à l'action entrepreneuriale.

H3: L'auto-efficacité entrepreneuriale permet de prédire le passage à l'action entrepreneuriale.

(30)

21

Également, nous exammerons la valeur explicative des deux mesures d'intention

d'entreprendre sur le passage à l'action entrepreneuriale.

H4: L'intention cognitive d'entreprendre permet de prédire le passage à l'action

entrepreneuriale.

H5 : L'intention comportementale d'entreprendre permet de prédire le passage à

l'action entrepreneuriale.

Nous formulons également des hypothèses quant à l'effet d'interaction des deux mesures de l'intention d'entreprendre avec les trois facteurs précurseurs de l'intention

dans l'explication du passage à l'action entrepreneuriale.

H6 : L'intention cognitive d'entreprendre va modérer positivement la relation

entre l'attitude face à l'entrepreneuriat et le passage à l'action, dans le sens où

une faible intention cognitive d'entreprendre réduira l'effet entre les

variables, alors qu'une forte intention cognitive d'entreprendre l'augmentera.

H7 : L'intention cognitive d'entreprendre va modérer positivement la relation

entre les normes subjecJives entrepreneuriales et le passage à l'action, dans

le sens où une faible intention cognitive d'entreprendre réduira l'effet entre

les variables, alors qu'une forte intention cognitive d'entreprendre

(31)

H8: L'intention cognitive d'entreprendre va modérer positivement la relation entre l'auto-efficacité entrepreneuriale et le passage à l'action, dans le sens où une faible intention cognitive d'entreprendre réduira l'effet entre les variables, alors qu'une forte intention cognitive d'entreprendre l'augmentera.

H9 : L'intention comportementale d'entreprendre va modérer positivement la

relation entre l'attitude face à l'entrepreneuriat et le passage à l'action, dans

le sens où une faible intention comportementale d'entreprendre réduira

l'effet entre les variables, alors qu'une forte intention comportementale d'entreprendre l'augmentera.

HIO: L'intention comportementale d'entreprendre va modérer positivement la

relation entre les normes subjectives entrepreneuriales et le passage à

l'action, dans le sens où une faible intention comportementale

d'entreprendre réduira l'effet entre les variables, alors qu'une forte intention

comportementale d'entreprendre l'augmentera.

HII : L'intention comportementale d'entreprendre va modérer positivement la

relation entre l'auto-efficacité entrepreneuriale et le passage à l'action, dans

le sens où une faible intention comportementale d'entreprendre réduira

l'effet entre les variables, alors qu'une forte intention comportementale d'entreprendre l'augmentera.

(32)
(33)

Échantillon

La méthodologie utilisée pour la présente recherche emprunte une avenue

déductive, qui repose sur l'engagement de l'enquête longitudinale sur la carrière

entrepreneuriale des étudiants universitaires issue de la Chaire de recherche UQTR sur la carrière entrepreneuriale. Les participants ciblés lors de l'étude sont les étudiants

affiliés à 10 universités québécoises différentes: UQTR, UQO, UQAT, UQAR,

Université de Sherbrooke, Université Laval, TÉLUQ, HEC, ETS et Polytechnique.

Les données de recherche utilisées proviennent de participants qui ont été sollicités,

par courriel ou via des intranets d'étudiants, des babillards électroniques ou des journaux

institutionnels, pour répondre à un questionnaire Internet (via le site

www.surveymonkey.com). Cette sollicitation a été effectuée en 2010 (phase 1), puis six

mois plus tard (phase 2), ensuite en 201 1 (phase 3) et enfin en 2012 (phase 4). À la

phase l, notre échantillon de convenance non probabiliste contenait 1145 répondants

provenant des universités québécoises participantes. Deux ans plus tard, il restait

(34)

25

Mesures

Les mesures utilisées dans notre recherche proviennent d'outils préalablement

validés dans la documentation scientifique, en plus de présenter un bon indice de fidélité

pour le type de mesures utilisées. Seule la mesure de l'intérêt entrepreneurial a été élaborée par nos soins.

L'attitude face à l'entrepreneuriat

La mesure d'attitude face à l'entrepreneuriat a été élaborée par les chercheurs de la

chaire de recherche sur la carrière entrepreneuriale et s'appuie sur le précepte qu'un intérêt envers l'entrepreneuriat témoigne de l'attitude envers cette carrière. Notre mesure

s'inspire de la démarche initiée par McGee, Peterson, Mueller et Sequeira (2009) lors de

la création d'une mesure pour l'auto-efficacité entrepreneuriale (voir plus bas dans le

texte). Plus précisément, les répondants étant invités à préciser leur niveau d'intérêt

envers cinq tâches typiquement associées à l'entrepreneuriat, via la question suivante :

Dans quelle mesure possédez-vous des intérêts à l'égard des activités suivantes:

1. Identifier des nouveaux produits/services pour répondre à un besoin;

2. Planifier le développement et la mise en marché de nouveaux produits/services;

3. Expliquer et convaincre les autres de sa vision ou de son projet d'affaires;

4. Recruter, former, gérer et diriger des employés;

(35)

Les répondants étaient invités à exprimer leur degré d'adhésion avec chacun des

cinq énoncés sur une échelle de Likert, en 5 points; de Pas du tout (1) à Énormément (5).

L'alpha de Cronbach est de 0,815 et l'analyse factorielle exploratoire révèle une seule

dimension regroupant tous les items.

Les normes subjectives entrepreneuriales

Le score des normes subjectives face au passage à l'action entrepreneuriale est basé

sur l'impression du participant quant à l'opinion de ses proches (parents,

époux/partenaire de vie, fratrie, famille, amis proches, gens en général) face au choix de

carrière entrepreneuriale. Cette mesure provient du travail de Kolvereid et Isaksen (2006).

Dans un premier temps, les répondants étaient invités à exprimer leur degré

d'adhésion à chacun des énoncés, sur une échelle de Likert en 7 points; de Extrêmement

négative (1) à Extrêmement positive (7). La réponse 8, considérée comme une donnée

manquante, permet d'exprimer le fait que l'item ne s'applique pas ou que le participant

ne sait pas. Dans un second temps, les répondants étaient invités à exprimer l'importance

qu'ils accordent à l'opinion de ces personnes proches, sur une échelle de Likert en

7 points; de Pas du tout important (1) à Extrêmement important (7). La réponse 8,

considérée comme une donnée manquante, permet d'exprimer le fait que l'item ne

s'applique pas ou que le participant ne sait pas. L'importance accordée aux opinions des

(36)

27

carrière entrepreneuriale, pour une mesure variant de -21 à +21 pour chacune des

catégories de personnes de l'entourage. Le score moyen a été calculé pour ces six items

transformés. L'alpha de Cronbach est de 0,804 et l'analyse factorielle exploratoire

indique une seule dimension regroupant tous les items.

L'a u to-efficacité en trep reneu ria le

Le score d'auto-efficacité entrepreneuriale repose sur la croyance de maitrise des cinq compétences associées à l'entrepreneuriat par McGee et al. (2009) : reconnaissance

d'opportunité, planification, définition de la finalité de l'entreprise, compétences

humaines et conceptuelles, ainsi que la compétence financière. Ces cinq facteurs sont

mesurés par 20 items que voici :

Items pour fa reconnaissance d'opportunité

1. Trouver une nouvelle idée de produit ou de service par vous-même;

2. Faire un remue-méninge avec d'autres pour trouver une nouvelle idée de

produit ou service;

3. Identifier le besoin pour un nouveau produit ou service;

4. Concevoir un produit ou service qui satisfera les besoins et désirs des clients.

Items pour fa planification

1. Estimer la demande des clients pour un nouveau produit ou service;

(37)

3. Estimer le montant de fonds de démarrage et de fonds de roulement nécessaire

pour démarrer une nouvelle entreprise;

4. Concevoir une campagne de marketing/publicité efficace pour un nouveau

produit ou service.

Items pour la définition de la finalité de l'entreprise

1. Amener les autres à s'identifier et à croire en ma vision et en mes plans pour

une nouvelle entreprise;

2. Réseauter (c.-à-d. acquérir des contacts et échanger de l'information avec

d'autres);

3. Expliquer clairement et de manière concise, verbalement/à l'écrit, mes idées de

nouvelle entreprise dans des termes de tous les jours.

Items pour la compétence humaine et conceptuelle

1. Superviser des employés;

2. Recruter et embaucher des employés;

3. Déléguer des tâches et des responsabilités aux employés dans mon entreprise;

4. Gérer de manière efficace les problèmes et les crises de tous les jours;

5. Inspirer, encourager et motiver mes employés;

(38)

29

Items pour la compétence financière

1. Organiser et maintenir les livres comptables de mon entreprise; 2. Gérer les actifs financiers de mon entreprise;

3. Lire et interpréter les états financiers.

Les répondants étaient invités à expnmer leur niveau de confiance (croyance d'efficacité) envers leur compétence pour chaque item sur une échelle graduée en décades de pourcentages. La réponse zéro ne procure aucun point, une réponse entre 0 et 10 % donne 1 point, une réponse entre 10 et 20 % donne 2 points, etc., jusqu'à une réponse entre 90 et 100 % qui donne 10 points. L'ensemble des items ont été mis ensembles pour chacune des dimensions de l'auto-efficacité entrepreneuriale, avant d'être combinés dans une mesure globale de l'auto-efficacité entrepreneuriale. L'alpha de Cronbach est de 0,798 et l'analyse factorielle exploratoire indique une seule dimension.

L'intention cognitive d'entreprendre

Le score d'intention cognitive d'entreprendre a été élaboré par les chercheurs de la chaire de recherche sur la carrière entrepreneuriale afin de refléter l'intention comme un concept purement volitif et ainsi le distinguer de l'intention comportementale d'entreprendre (voir plus bas dans le texte). Les répondants étaient invités à répondre à la question suivante : «Avez-vous l'intention de démarrer (ou créer?) une nouvelle

(39)

(5). Tout les participants ayant répondu autre chose que «Pas du tout », c'est-à-dire Un peu (2), Modérément (3), Beaucoup (4) et Énormément (5), étaient ensuite questionnés sur le délai prévu de création d'entreprise. Selon une logique binaire, ceux ayant répondu qu'ils avaient l'intention de créer une entreprise d'ici 24 mois ou moins formaient alors le groupe A, alors que le groupe B fut composé des répondants n'ayant pas du tout l'intention d'entreprendre adjointe de ceux présentant une intention d'entreprendre dans un délai supérieur à 24 mois.

L'intention comportementale d'entreprendre

Le score d'intention comportementale d'entreprendre provient des travaux de Thompson (2009) sur l'intention d'entreprendre. Les répondants étaient invités à exprimer leur degré d'adhésion avec chacun des sept énoncés sur une échelle de Likert, en 7 points; de Très en désaccord (1) à Très en accord (7). Il est à noter que la création du score d'intention de créer une entreprise implique un codage négatif des questions l, 3 et 4 puisque les libellés sont formulés négativement.

Items sur ['intention de démarrer une entreprise de Thompson (2009)

1. Je ne cherche jamais d'opportunités de démarrage d'entreprise (négatif); 2. J'économise de l'argent pour démarrer une nouvelle entreprise;

3. Je ne lis pas de documents pertinents sur la façon de mettre en place une nouvelle entreprise (négatif);

(40)

31

5. Je passe du temps à étudier le démarrage d'une nouvelle entreprise.

L'alpha de Cronbach est de 0,842 et l'analyse factorielle exploratoire indique la

présence d'un seul facteur regroupant tous les items. Le score moyen des items est donc

utilisé subséquemment.

L'action entrepreneuriale

Notre mesure de l'action entrepreneuriale s'effectue sur une période de deux ans et

est en mode binaire: présence d'activité entrepreneuriale (1) ou absence d'activité

entrepreneuriale (0). Dans un premier temps, à la phase de collecte initiale (phase 1),

nous avons retenu les personnes qui actuellement, et simultanément:

1. N'avaient jamais été propriétaire d'une entreprise, incluant le travail autonome

ou la vente de produits/services à d'autres;

2. Ne possédaient pas, seul ou en équipe, une entreprise actuellement en

opération, incluant le travail autonome ou la vente de produits/services à

d'autres;

3. N'étaient pas, seul ou en équipe, en processus de démarrage d'entreprise,

incluant le travail autonome ou la vente de produits/services à d'autres.

Nous avons utilisé les données de la phase 2 (six mois), de la phase 3 (un an) et de

(41)

l. Avait démarré ou amorcé le démarrage d'une entreprise depuis la dernière

période sollicitée;

2. Possédait, seul ou en équipe, une entreprise actuellement en opération, incluant

le travail autonome ou la vente de produits/services à d'autres;

3. Était, seul ou en équipe, en processus de démarrage d'entreprise, incluant le

travail autonome ou la vente de produits/services à d'autres.

Si le répondant figurait dans l'un de ces cas de figure à l'une des phases

subséquentes à la phase l, soit sur une période de deux ans suivant la collecte initiale, il

était considéré comme ayant passé à l'action et obtenait le score de 1 (plutôt que 0).

Au total, l'échantillon retenu est de 385 répondants, dont 78 qui sont passés à

l'action pendant la période de deux ans (20,3 %).

Les mesures de contrôle

Certaines variables sont réputées être en relation avec la mise en action

entrepreneuriale et, en conséquence, leur effet a été contrôlé: le sexe (Shinnar,

Giacomin, & Janssen, 2012), l'âge (Saeed, Yousafzai, Yani-De-Soriano, & Muffatto,

2015), le fait de provenir d'une famille en affaires (Zellweger, Sieger, & Halter, 2011),

le fait d'avoir suivi un cours à l'université en entrepreneuriat pendant la période couverte

(42)
(43)

qui ont été effectuées sur cette variable dépendante ont mobilisé comme variables

indépendantes des variables de contrôle suivi des variables suivantes: l'attitude face à

l'entrepreneuriat, les normes subjectives entrepreneuriales, l'auto-efficacité

entrepreneuriale, l'intention cognitive d'entreprendre et l'intention comportementale

d'entreprendre. Également, nous avons examiné l'effet d'interaction entre l'intention

d'entreprendre et ses trois variables précurseurs (l'attitude face à l'entrepreneuriat, les

normes subjectives entrepreneuriales et l'auto-efficacité entrepreneuriale) pour chacune

des deux mesures d'intention. Ainsi, les analyses de modèles sont effectuées de deux

manières. D'abord avec la variable d'intention cognitive d'entreprendre. Ensuite avec la

variable d'intention comportementale d'entreprendre.

Le Tableau 1 ci-après présente les statistiques descriptives des diverses variables utilisées.

(44)

35 Tableau 1 Statistiques descriptives Variable M

ÉT

Genre 0,60 0,491 (n = 828) Âge 24,52 5,166 (n = 650)

Parents propriétaires d'entreprise 0,42 0,495

(n = 688)

Cours universitaires en entrepreneuriat 0,074 0,261

(n = 828)

Niveau d'étude actuelle 1,41 0,621

(n = 658)

Attitude entrepreneuriale 2,954 0,95

(n = 699)

Normes subjectives entrepreneuriales 7,03 5,033

(n = 672)

Auto-efficacité entrepreneuriale 6,103 1,688

(n = 704)

Intention cognitive d'entreprendre 0,623 0,485

(n = 559)

Intention comportementale d'entreprendre 3,296 1,475

(n = 797)

Le Tableau 2 suivant présente la matrice des corrélations entre les diverses variables

(45)

Variable 2 3 4 5 6 7 8 9 10 l. Genre 0,17 -0,008 -0,078* -0,001 -0,186** 0,008 -0,182** -0,184 -0,246** 2. Âge 0,035 -0,001 0,300** 0,091 * 0,033 0,800* -0,007 0,103** 3. Parents propriétaires 0,011 -0,096* 0,141** 0,247** 0,136** 0,510 0,146** d'entreprise 4. Cours universitaires en 0,001 0,169** 0,025 0,175** 0,163** 0,218** entrepreneuriat

5. Niveau d'étude actuelle -0,067 -0,022 -0,061 -0,078 -0,023

6. Attitude entrepreneuriale 0,336** 0,668** 0,486** 0,591** 7. Normes subjectives 0,287** 0,264** 0,225** entrepreneuriales 8. Auto-efficacité 0,405** 0,503** entrepreneuriale 9. Intention cognitive 0,439** d'entreprendre 10. Intention comportementale d'entreprendre

*

p S 0,05

* *

p S 0,01

(46)

37

Analyses ayant recours à l'intention cognitive d'entreprendre

L'analyse de la classification, en fonction de l'intention cognitive d'entreprendre, des

cas révèle 235 cas qui ne sont pas passés à l'action entrepreneuriale après deux ans,

conformément aux prédictions. Toutefois, un cas n'est pas passé à l'action

entrepreneuriale après deux ans alors que le modèle prévoyait qu'il le ferait. Aussi,

l'analyse révèle 54 cas qui sont passés à l'action entrepreneuriale après deux ans, alors

que le modèle prévoyait qu'ils ne le feraient pas. Lorsqu'on applique les variables de

contrôle, 81 % des cas sont classés correctement par le modèle.

L'analyse de régression logistique binaire, voir le Tableau 3 ci-dessous, présente les

coefficients P (Beta) non standardisés ainsi que les coefficients d'élasticité Exp (P). Le

modèle 1 révèle que les variables de contrôle n'indiquent aucune variable significative

pour expliquer le passage à l'action (R2 Nagelkerke = 0,029). Le modèle 2 ajoute les

trois facteurs de TCP précurseurs de l'intention et contrairement aux attentes, aucune

variable ne permet d'expliquer le passage à l'action (R2 Nagelkerke = 0,073). Les

hypothèses Hl, H2 et H3 doivent donc être rejetées. Le modèle 3, qui prend en

considérant l'intention cognitive d'entreprendre ne présente pas une valeur prédictive

significative (R2 Nagelkerke

=

0,073). L'hypothèse H4 doit donc être rejetée. Également,

le modèle 4 ajoute les interactions entre les trois facteurs énoncés comme composante de

l'intention dans la TCP avec l'intention cognitive d'entreprendre. Après analyse, la taille

de l'effet du modèle entre l'intention cognitive d'entreprendre et les normes subjectives

(47)

négatif

(P

= -0,156) d'interaction significatif (0,046). Les hypothèses H6 et H8 doivent donc être rejetées, alors que l'hypothèse H7 s'avère inversement significative.

(48)

Tableau 3

Régression logistique binaire du passage à l'action entrepreneuriale

sous le prisme de l'intention cognitive d'entreprendre

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4

Variable Std

B

Exp(B) Std

B

Exp(B) Std

B

Exp(B) Std

B

Exp(B) Genre 0,373 1,452 0,225 1,252 0,223 1,250 0,253 1,288 Âge 0,031 1,031 0,029 1,029 0,029 1,029 0,028 1,029 Parents propriétaires -0,023 0,977 0,207 1,230 0,206 1,228 0,164 1,178 d'entreprise Cours universitaires en -0,512 0,599 -0,400 0,067 -0,388 0,678 -0,388 0,678 entrepreneuriat Étudiants universitaires

Étudiants aux 2e cycle -0,396 0,673 -0,539 0,583 -0,547 0,579 -0,525 0,592 universitaire

Étudiants aux 3e cycle -0,111 0,895 -0,219 0,803 -0,222 0,801 -0,273 0,761 universitaire

Attitude entrepreneuriale 0,364 1,439 0,345 1,412 0,314 0,915

Nonnes subjectives 0,500 1,051 0,050 1,051 0,155* 1,369·

(49)

sous le prisme de l'intention cognitive d'entreprendre (suite)

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4

Variable Std P Exp(B) Std P Exp(B) Std P Exp(B) StdP Exp(B)

Auto-efficacité entrepreneuriale -0,006 0,994 -0,008 0,992 -0,088 1,168

Intention cognitive d'entreprendre 0,110 0,770 0,656 0,915

Interaction de l'intention cognitive

. d'entreprendre sur l'attitude 0,072 1,075

entrepreneuriale

Interaction de l'intention cognitive

0,856

d'entreprendre sur les normes subjectives 0,156*

Interaction de l'intention cognitive

0,076 1,078 d'entreprendre sur l'auto-efficacité

R -deux de N agelkerke 0,029 0,073 0,073 0,096

~ sig 0,518 0,146 0,199 0,167

N 290 290 290 290

(50)

41

Analyses ayant recours à l'intention comportementale d'entreprendre

L'analyse de la classification, en fonction de l'intention comportementale

d'entreprendre, des cas révèle 304 cas qui ne sont pas passés à l'action entrepreneuriale après deux ans, conformément aux prédictions. Toutefois, trois cas ne sont pas passés à l'action entrepreneuriale après deux ans alors que le modèle prévoyait qu'ils le feraient. Aussi, l'analyse révèle 75 cas qui sont passés à l'action entrepreneuriale après deux ans malgré le fait que le modèle disait qu'ils ne le feraient pas. Également, trois cas sont passés à l'action entrepreneuriale après deux ans, tel que prédit par le modèle. Lorsqu'on applique les variables de contrôle, 79,7 % des cas sont classés correctement par le modèle.

L'analyse de régression logistique binaire, voir le Tableau 4 ci-dessous, présente les

coefficients ~ (Beta) non standardisés et les coefficients d'élasticité Exp (~). Le modèle

1 révèle que les variables de contrôle n'indiquent aucune variable significative pour

expliquer le passage à l'action (R2 Nagelkerke = 0,031). Le modèle 2 ajoute les trois facteurs de TCP précurseurs de l'intention et contrairement aux attentes, aucune variable

ne permet d'expliquer le passage à l'action (R2 Nagelkerke = 0,047). Les hypothèses Hl,

H2 et H3 doivent donc être rejetées. Le modèle 3 prend en considérant l'intention comportementale d'entreprendre et cette fois-ci, le modèle devient significatif à 0,001

(R2 Nagelkerke = 0,116). Cela confim1e l'hypothèse H5. Également, le modèle 4 ajoute les interactions entre les trois facteurs énoncés comme composante de l'intention dans la

(51)

Tep et l'intention comportementale d'entreprendre, mais aucune ne s'avère significative

(52)

Tableau 4

Régression logistique binaire du passage à l'action entrepreneuriale sous le prisme de l'intention comportementale d'entreprendre

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4

Variable Std ~ Exp(B) Std ~ Exp(B) Std ~ Exp(B) Std ~ Exp(B)

Genre 0,118 1,126 0,096 1,101 -0,111 1,073 -0,108 0,898 Âge 0,027 1,027 0,028 1,028 0,028 1,022 0,029 1,029 Parents propriétaires 0,096 1,101 0,176 1,192 0,308 1,183 0,376 1,457 d'entreprise Cours universitaires en -0,347 0,707 -0,337 0,714 -0,048 0,670 -0,120 0,887 entrepreneuriat Étudiants universitaires

Étudiants aux 2e cycle -0,419 0,658 -0,433 0,649 -0,373 0,689 -0,192 0,825

universitaire

Étudiants aux 3e cycle -0,220 0,803 -0,213 0,808 -0,219 0,803 -0,014 0,986

universitaire

Attitude entrepreneuriale 0,131 1,140 -0,193 1,169 -0,038 0,962

Normes subjectives 0,023 1,024 0,015 1,019 -0,028 0,972

(53)

sous le prisme de l'intention comportementale d'entreprendre (suite) Variable Auto-efficacité entrepreneuriale Intention comportementale d'entreprendre Interaction de l'intention

comportementale d'entreprendre sur

l'attitude entrepreneuriale Interaction de l'intention

comportementale d'entreprendre sur les normes subjectives

Interaction de l'intention

comportementale d'entreprendre sur

l'auto-efficacité

R -deux de N agelkerke

~ sig

N

*

p :S 0,05

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3

Std

P

Exp(B) Std

P

Exp(B) Std

P

Exp(B)

0,017 0,875 290 -0,001 0,999 0,023 0,951 290 -0,094 0,989 0,632* 1,906 0,160 0,011 290 Modèle 4 Std

P

Exp(B) 0,455 1,577 1,549* 4,707 -0,038 0,962 0,012* 1,012 -0,131 290 0,171 0,024 0,877

(54)
(55)

l'intention cognitive et comportementale d'entreprendre dans la prédiction d'un premier passage à l'action entrepreneuriale, en deux ans de suivi, auprès de la population universitaire québécoise.

Parmi les Il hypothèses avancées, seulement deux s'avèrent significatives dans l'explication du passage à l'action: (1) l'intention comportementale d'entreprendre, ainsi que, (2) l'interaction négative entre les normes subjectives et l'intention cognitive d'entreprendre. Constater que l'intention cognitive d'entreprendre ne permet pas d'expliquer le passage à l'action, alors que c'est le cas pour l'intention comportementale d'entreprendre, représente l'une des contributions majeures de la présente étude. L'action entrepreneuriale s'avère donc être davantage prédisposée par des gestes concrets reliés à l'entrepreneuriat (11,6 % de la variance) que par un indice volitif pur qui, pour sa part,

gagne en valeur prédictive (4,6 % de la variance) lorsque l'individu dispose d'un faible niveau de croyance envers les prescriptions socialement attendu d'entreprendre. Incidemment, il convient de se questionner sur l'impact de l'engagement de l'individu envers l'entreprenariat. Il en va de même pour l'impact de l'engagement des membres de la famille sur le futur entrepreneur (Fonrouge, 2006).

(56)

47

Le rejet des hypothèses quant à la valeur explicative de l'attitude, des normes

subjectives et de l'auto-efficacité sur le passage à l'action semble s'accorder avec la

modélisation d'Ajzen (2002), qui présente ces facteurs en déterminant de l'intention et

non de l'action. Autre possibilité, le rejet de ces hypothèses permet de questionner la

pertinence des facteurs et de la modélisation de la Tep face à l'explication d'une action

aussi complexe que celle de l'initiation d'une première démarche de création ou de

possession d'entreprise.

Il est intéressant de constater que les résultats d'analyse des effets d'interaction ne valident que celle entre l'intention cognitive d'entreprendre et les normes subjectives entrepreneuriales. En effet, le rejet de l'interaction entre l'intention cognitive et l'attitude, tout comme le rejet de l'interaction entre l'intention cognitive et l'auto-efficacité, suggère une plus grande influence d'un déterminant environnemental (i.e. le facteur social des normes subjectives) comparativement aux déterminants individuels (i.e. les facteurs

d'attitude et de croyance d'efficacité). Aussi, il semble possible que le rejet des trois

hypothèses d'interaction avec l'intention comportementale puisse témoigner d'une franche distinction entre ces deux niveaux de variables explicatives. Autrement formulé, il semble que la valeur explicative des facteurs cognitifs se distingue de celle des facteurs comportementaux. Hypothétiquement, cela constitue peut-être l'une des raisons

de l'écart entre les scores d'intention d'entreprendre et son passage à l'action effectif

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Nos résultats se distinguent de ceux obtenus par l'étude longitudinale la plus similaire (Kautonen, Gelderen et al, 2015). En effet, nos résultats expliquent au mieux II,6 % du passage à l'action entrepreneuriale, alors que Kautonen, Gelderen et al. (2015) affmnent expliquer 31 % du comportement de démarrer une entreprise, en plus de soutenir complètement le modèle de la TPC d'Ajzen (1991). Précisons toutefois que les résultats obtenus par Kautonen, Gelderen et al. reposent sur un suivi longitudinal après un an, alors que notre contribution s'appuie sur un suivi en deux ans. Conséquemment,

notre étude longitudinale est sans doute la plus robuste à ce jour dans ce champ d'étude.

La présente recherche contient également d'importantes limites. En effet, l'intérêt des participants envers la question entrepreneuriale est suffisant pour avoir généré un fort biais d'attribution. Ainsi, il est possible que nos résultats soient artificiellement accrus par les conditions de l'étude. Autre limitation, l'échantillon formé est non représentatif de la population, notamment parce qu'il se limite à des étudiants universitaires québécois. Aussi, le délai d'analyse longitudinale sur un délai de deux ans est basé sur un choix arbitraire, quoique plus robuste que toute autre étude dans le domaine. Qui plus est, il est possible que les étudiants initialement intéressés par l'entrepreneuriat soient toujours aux études deux ans plus tard, ce qui expliquerait un retard dans la mise en œuvre de leur intention d'entreprendre. Il semble donc intéressant de poursuivre l'étude longitudinale auprès de ces étudiants afin d'en contrôler l'impact pré- et post- diplomation sur l'explication du passage à l'action.

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Toutefois, nos résultats ont permis d'éclairer une importante nuance quant à la forme (cognitive versus comportementale) et l'impact de cette intention d'entreprendre. Comme la TCP (Ajzen, 1991, 2002) a été construite en appuis sur les préceptes béhavioristes d'un comportement observable (Watson, 19l3), il ne s'agit probablement pas d'un cadre théorique adapté pour rendre compte d'un phénomène aussi complexe que le passage à l'action entrepreneuriale. Ainsi, Paturel (2007) soutient l'idée selon laquelle l'entrepreneuriat est un concept complexe dont les composantes et les comportements affiliés ne font pas consensus au sein de la documentation scientifique. Les futures recherches sur l'explication du passage à l'action entrepreneuriale pourront gagner à explorer diverses avenues.

L'une de ces avenues pourrait être une analyse descriptive exhaustive de l'activité . entrepreneuriale, à la lumière de la théorie de l'activité, tel qu'amorcée par Holt (2008). En effet, ce dernier se limite à la description de l'activité de saisie d'une opportunité d'affaires et, comme nous l'avons présenté, Thompson (2009) aborde bien plus que cette action en tant que déterminant de l'activité d'entreprendre. Autre avenue, la complexité du phénomène entrepreneurial permet de remettre en question l'utilisation du seul paradigme psychosocial pour l'étudier (Paturel, 2007). À ce propos, l'adoption des

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paradigmes de la psychologie environnementale pourrait constituer une avenue de recherche intéressante. En effet, la psychologie environnementale explique un phénomène à la fois par des mesures chez l'individu (ses cognitions et ses conditions biophysiologiques) en plus d'y adjoindre des mesures au sein de l'environnement (les dispositions sociologiques effectives et les disponibilités des ressources matérielles) (Moser, 2009). Une telle démarche intègre le déterminisme réciproque énoncé par Bandura (1986) et rejoint les réflexions de Shapero et Sokol (1982) sur la nature événementielle (et non comportementale) de l'entrepreneuriat. Pour comprendre les déclencheurs de l'entrepreneuriat, les futures recherches gagneraient également à s'inspirer d'une démarche praxéologique qui unit savoir et action (Lhotellier & St-Arnaud, 1994). Plus concrètement, cette démarche pourrait utiliser des mises en situation, effectuées en laboratoire, sous diverses conditions expérimentales reliées à

l'émergence de l'action entrepreneuriale. Rappelons que c'est à travers des méthodes de recherche-action qu'a émergé d'importants savoirs comme l'apprentissage vicariant de l'agressivité (Bandura & Walters, 1959), la modification des comportements moralement attendus en fonction des rôles endossés (Haney, Banks, & Zimbardo, 1973) ainsi que la soumission à l'autorité (Milgram & Van Gasteren, 1974). Ces pistes constituent quelques-unes des avenues pour poursuivre l'investigation du passage à l'action chez les personnes souhaitant devenir entrepreneurs dans le futur.

La nouvelle génération d'entrepreneurs semble se distinguer de celle d'avant (Tremblay & Gasse, 2016). L'apparition du sociofmancement participatif via Internet

Figure

Fig ure  J.  Modélisation de  la TAR et de  la TCP tiré de  Vallerand (2006, p.  287)
Figure 2.  La Tep selon  l' ajustement d'Ajzen (2002).
Figure 3.  Le MEE de Shapero et Sokol (1982).
Figure 4.  Modèle bi-intentionné du passage  à  l'action entrepreneuriale.

Références

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